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CONSIDÉRATIONS SUR LE BUT QU^ON S'EST PROPOSÉ DANS CETTE HISTOIRE. 1^ B s ar listes en géfiéral font peu de cas de la partie historique de la peinture/ et les écrÎYains qui traitent des beaux-arts» dont souvent ils ne possèdent pas bien la pratique, attachent au contraire beaucoup d'impor* tance à cette partie. Il n'y aurait qu'un seul sentiment à ce sujet, si l'histoire de l'art était exposée de manière à favoriser autant l'instruetion des artistes que l'instruc- tion des personnes qui recherchent les belles connais- sances comme un ornement nécessaire de l'esprit. On a eu raison de penser que si l'historique de la peinture était réduit à une sèche chronologie, à une vaine nomenclature ou à une froide série de faits ne jetant aucun jour sur la théorie pi sur les secrets de l'art, il n'y aurait que peu de fruits à retirer de cette TOME n. 1 Digitized by Google 2 • niSTOIBB DE LA PEINTURB. étade» une histoire ainsi conçue ne pouvant servir qu'aux discuisions des archéologues ou des biognqphes érudits.. Mais^ si l^histoire de la peinture était considérée et étu- diée sous le rapport de Tart exclusivement, c'est^-dire sous le rapport de sa définition, de sa destination et de toute sa théorie, elle produirait alors des rapprochemens instructifs, de nouvelles vues pour connaître l'art tout entier et sous toutes ses faces, en sorte que Tétudc des faits historiques de la peinture deviendrait pour tous les lecteurs Tétude des véritables principes de cet art. Or, c'est de cette manière que nous désirons traiter cette première partie de notre ouvrage. Nous ferons donc voir comment à telle ou telle époque certaines conditions de Fart ont été ajoutées à d'autres conditions déjà acquises, comment ensuite elles ont été abandonnées, reprises ou perdues; enfin nous voudrions que cette histoire de la peinture fftt plutôt l'histoire de la théorie que l'histoire des artistes et des événemens; nous vou- drions qu'un élève éclairé par un tel écrit et parvenu à bien sentir le caractère d'un maître ancien , à bien s'identifier avec les qualités qui lui sont propres, vit à la fin plutôt la peinture que le peintre, plutôt ce qu'il doit iaire lui-même que ce que les autres ont fait avant lui. Loin de nous cependant l'idée que les lumières de l'érudition et les recherches de l'archéologie soient de trop dans le savoir d'un artiste; les services rendus aux beaux-^rts par les antiquaires sont trop évidens pour qu'on en dédaigne la source. Ailleurs nous prescrirons même cette étude comme devant compléter l'instruction du peintre, et à ce sujet on peut ici éveiller l'attention sur l'obligation dans laquelle est un artiste de faire preuve Digitized by Google SA NA.I89ANCB. S «lans le monde d'une certaine instruction que chacun na* lureUement lui suppose» de faire voir qu*il possède les no- lions et les lumières inséparables d'une belle éducation» et qu'enfin il va de pair en ce point avec les curieux, les savans» les connaisseurs et les gens du monde qui sont dans le cas d'employer son talent. 4insi l'histoire de la peinture doit être considérée comme partie essentielle d'un traité complet de cet art. CHAPITRE 2. NAISSANCE DE LA PEINTURE. i^UELQUss écrivains ont fait d'assez longues recherches surTorigine de la peinture; mais toutes ces recherches, quoique curieuses, sont peu utiles aux peintres pour les- quels un petit làombre d'aperçus généraux sur cette question doivent suffire. La naissance des arts remonte à la naissance de la civilisation. On conçoit que l'aptitude de l'homme pour toute espèce d'imitation, ainsi que le plaisir de repré- senter ce qu'il voit, ce qu'il a vu et surtout ce qui Finté- resse» a dû lui &ire entreprendre des essais dans tous les figes et dans tous les pays : et comme nous savona d'ailleurs que les peuples sauvages s'exercent naturelle- ment à des peintures, grossières à la vérité, nous pouvons avancer que l'art de la peinture est aussi ancien que le genre humain. Ce n'est pas ici qu'il convient d'examiner à fond si les beounes aimeni certains arts d'imitation plutôt à cause Digitized by Google 4 niSTOIRB tlE LÀ PEINTURE. du plaisir de comparer les copies au modèle qu'à cause du plaisir que procurent les idées et les objets exposés dans l'imitation; cette question appartient à la définition de la peinture, et nous la traiterons en son lieu. Cependant, quels sont les peuples qui les premiers ont pratiqué cet art avec une certaine intelligence et un certain succès ? c'est ce qu'il nous importe déjà de Re- chercher, puisque cette étude peut servir à nous faire reconnaître l'ordre naturel des parties de l'art et doit contribuer à déterminer déjà dans notre esprit les prin- cipales et les moindres conditions qui constituent la peinture. Ainsi, pour ne point nous taire absolument sur ce qu'on appelle la naissance de cet art« après que tant d'auteurs en ont parlé, nous allons rassembler ici quelques recherches sur son ancienneté, renvoyant d'ail- leurs les personnes curieuses de ces sortes de questions aux écrivains qui ont disserté expressément sur ce point. Voici ce qu'on lit dans l'Encyclopédie méthodique (article de M. Levesque) : « On ne peut douter, dit-il, que la peinture ne (&t n connue au moins dans quelques endroits de la Grèce, » du tems d'^Homère, qui vivait g47 ans avant notre ère, » et l'on peut même croire avec beaucoup de vraisem- » blance, qu'elle était déjà parvenue à un commence- » v^ent de perfection dès le tems du siège de Troie, dont » la chronique place le commencement 1270 ans avant » l'ère vulgaire. » Quand Homère nous laisserait ignorer qu'il y avait » des figures sculptées à Troie et chez Antinous, fl nous » suffirait de nous souvenir du fameux Palladium des » Troyens. Le bouclier d'Achille et les ornemens de Digitized by Google SA NAISSANCE. 5 plusieurs armes de son tems prouvent que l'on con- naissait les bas-reliefs et les ciselures, genre de sculp- ture qui se rapproche de la peinture. > Hélène travaillait à une tapisserie sur laquelle elle représentait les nombreux oombats dont ,elle avait été la cause. Voilà donc dès le tems du siège de Troie, ou au moins dès le tesis d'Homère» de la peinture d'his- toire. On a lieu de penser que les couleurs en étaient variées; mais» quand ces tapisseries eussent été en camayeu» c'était toujours de la peinturé, 9 Cette peinture n'était» il est vrai» qu'en couleurs sèches. Mais Hélène ne faisait pas de la tapisserie» sans que le dessin en fût tracé sur le canevas : voilà donc la peinture telle qu'elle Q!kt» au moins dans spn origine» c'est-à-dire simplement linéaire. Mais» si aa tapisserie devait être' variée de couleur» elle avait appa^ rcmment sous les yeux un dessin colorié qui lui servait de modèle», ^oit qu'elle l'eût fait elle-même» soit qu'il lui eût été fourni par quelqu^artiste : ainsi voilà la peinture ayant déjà fait quelques progrès» la voilà employant différentes couleurs au pinceau» et telle à peu près qu'elle est encore aujourd'hui dans l'Orient. 9 Dans l'Iliade» lorsqu'Andromaque apprend la mort de son époux, elle est occupée à représenter» en tapis-* série» des fleurs de diverses couleurs ; Il devient donc certain que du tems d'Homère» la peinture n'était plus réduite au simple trait» ni même au camayeu ; mais qu'elle employait des couleurs différentes» et il nous est permis de croire que l'ouvrage d'Hélène était un » tableau d'histoire en tapisserie dont les couleurs étaient » variées. » Digitized by Google 6 HlfTOnS DB LA PBIRTir&E. L'histoire grecque nous apprend, selon Pausanias, que le Bacchus trouvé dans le coffre qui échut en partage à Eurypile après la prise de Troie, passait pour avoir été iait par Vulcain, et donné par Jupiter à Dardanus. « Ceux qui le conservent à Patra» dit cet écrivain, l'ont » surnommé Esymnète, ce qui signifie jeune homme » robuste, parce qu'apparemment sa statue le représentait > ainsi. » (Pausanias. liv* 7. ch. so.) L'expression de ce caractère ne suppose-t-il pas un certain avancement dans l'art ? En Orient, aucun écrit, aucun acte n'était tenu pour légitime ni pour authentique, qu'autant qu'il était revêtu du sceau de la personne qui l'avait dicté ; c'est ce qui est dit positivement dans I# livre d'Esther, chap. 5. Aussi les auteurs ont-ils décrit l'anneau de Gygès, celui de Darius, etc. Enfin qu^on ouvre Daniel, chap. 6; que l'on consulte Hérodote, liv. i", on verra qu'à Babylone, les grands ârvaient chacun leur cachet particulier. Les Assyriens et les Caldéens pratiquaient la sculp^ ture, puisque Laban avait des idoles que Rachel, sa fiHe, lui enleva : ces dieux Pénates ou Séraphins, suivant Samuel, avaient la ferme humaine, ou du moins la tête de l'homme. Il partit 4onc certain que la sculpture a été connue dans la Mésopotamie au tems où l'on n'en trouve pas encore Isi moindre trace dans la Grèce. Le veau d^or» le serpent d'airain du peuple juif, en est une nouvelle preuve, et l'immense bassin d'airain que Salomon fit placer dans une cour du temple, où il était soutenu par douce bœufs du même métal, nous prouve la connais- sance que les Juifs avaient de la sculpture. On doit re- marquer ici combien l'idée de ces douze bœufs soutenant Digitized by Google 8A. NAISSANCE* 7 ce bassin, oit se lavaient les prêtres, était favorabb aux beaux effets de cet art. Les cbandeliers à plusieurs bran- ches devaient être également d'un bon goût : la forme de celui qui était à sept branches nous est conservée sur un grand bas-relief de l'arc de Titus, qui» comme on le sait, en fit un de ses trophées lors de sa conquête de Jérusalem. Au surph», nous apprenons par les livres saints que Dieu avait fait part de son intelligence à oeux qui de- vaient embellir le temple de Salomon. Pour terminer et en revenir particulièremezit k la peinture, ctions qui ter- minent les formes particulièreai du corps : cette tentative a dû être faite presqu'aussitôt qu'il a existé des hommes* C'est cette marche toute naturelle qui a donné nais- sance à l'histoire de Dibutade, histoire qui est racontée tontes les Ibis qu'il est. question de l'origine de la pein- ture : il s'agit d'une jeune fille qui, apercevant sur un mur l'ombre de son amant, en retînt la ciroonscription au moyen d'unp délinéation. Mais il y a eu sûrement dea Dîbutades avant celle dont on a répété l'histoire, et si o'estJà l'origine qu'il eue la peinture, on doit dire que Digitized by Google ft HISTOIRfi DE LA PEINTCEE. cet art est aussi ancien que l'ombre. Il n'est pas impro- bable que cette fable de Dibutade, ou du berger qui suivit le contour, d'une ombre projetée au soleil, signifie allégoriquement que l'origine du dessin, ainsi que sa base première, fut et doit être l'orthographie, c'est-à-dire le géométral, et non le perspectif. Cette question qui est de la plus grande importance a été traitée aux chapitres 855, 236, 863, etc.^ On y trouvera plusieurs pratiques simples et toutes nouvelles, dont l'influence peut étrx> très^rande sur les résultats des peintres. On peut consulter sur l'origine de la peinture un Mémoire de P. Ch» Lévéque, inséré dans le tome i^^ des Mémoires de l'Institiit, pour l'an lY. — Le chap. 5y d'Anacharsis de Barthélémy. — D. Webbs, pag. ^4 et suivantes de la traduction française* — Lemonnier. — Millin. Dictionnaire des Beaux- Arts, article j)einture. — Pernetty. Dictionnaire de Peinture, Sculpt. et Archil. — Franciscus Junius. De Pictura Yeterum, etc.,. etc. Passons à quelques conjectures sur la marche qu'a dit- suivre primitivement l'art de la peinture chez les anciens. Quand on cherche à connaître la msirche . primitive des arts, on est porté naturellement à rapporter cette marche et ces progrès des plus anciens artistes à celle que suivrait aujourd'hui un homme qui, frappé des beau- tés de la nature, et surtout de celle de la figure humaine, n'ayant d'antre but que celui de la retracer dans, ses imagea» procéderait par les moyens les plus naturels et les plus conformes à ses sensations et à son bon sens, sans être aidé par aucun maître et par aucune théorie. Comment procéderait cet homme, soit que l'amour du beau lui fût tout naturel, soit que ses idées acquises on Digitized by Google SA NAI6SA1VC£. 9 eussent vmfié chez lui le seniimeut? n'opéreraii-il pas comme les plus anciens artistes? Les premiers caractères, les premiers traits remarqués par lUi sur la nature, et retracés dans sa représentation, seraient les grandes par- lies, les grandes masses, les grandes lignes, les grands contours, dont Fimitation, incorrecte sans doute et très> imparfaite, produirait dès l'ébauche quelque chose de grand, et donnerait l'idée d'une belle figure. Il ne verra, à la vérité, dans un beau nez, qu'un nez droit et carré; dans un œil bien enchâssé, qu'un œil grand, enfoncé, et d'un contour symétrique ; l'obscurité du sourcil unie à l'ombre de l'enchâssement de l'œil, il la représentera, en sculpture, par une profondeur dont le bord ou la crête sera anguleuse, surtout si la figure doit être vue de loin ; les lèvres seront grandement festonnées, et le menton qui termine le visage, sera fortement caractérisé pour qu'il puisse mieux appartenir à l'unité de la tête N'est-ce pas là la marche des statuaires dans leurs premiers ou- vrages, ou dans ceux qui ont été faits par des artistes qui ne savaient qu'ébaucher ? Mais tout ce travail est fait sans dextérité; de grossières erreurs et de grandes négligences le déparent; et, malgré cela, tous ces signes ne tendent qu'à un but qui est l'expression des idées dominantes dont est occupé l'esprit de l'auteur de ces premières ten- tatives. Cependant, après ces tems d'essais viennent d'autres artistes plus délicats. Aidés par les commencemens de l'art, ils sont plus attentifs, plus soigneux, plus fidèles imitateurs. Aussi les très-anciens peintres reconnurent que ces ébauches, quoique conformes aux premières in- tentions de la nature, n'étaient que des indications gi*os- Digitized by Google lO BISTOIRB DB Ul PEIKTUBE. sières, «ans précision» sans finesse; ils y ajoutèrent donc la yariété du mourement et la vie, à Paide des connais- sances de Tanatomie et par un emploi mieux entendu de la géométrie. C'est ainsi qu'ilis parvinrent il oae plus grande vérité, tout en conservant l'idée de la beauté. Vint enfin l'époque où les législateurs s'emparèrent des arts» et où la philosophie réduisit en principes certains les observations &ites sur les meilleurs ouvrages, sur le but et l'essence de la peinture et des autres arts. Voilà, je pense, la marche primitive qu'il est raisonnable de sup- poser, et ce que ne peuvent démentir les hypothèses des plus ingénieux érudits. On a répété néanmoins tout le contraire* On a dit que les très-andena artistes cherchaient avant tout la plus grande vérité d'imitation, et que ce ne fut que long-tems mpthè qu'on imagina les belles images. Mats le but de celui qui ébauche une idée par le dessin, est de eonunu- niquer cette idée : or, pourquoi supposer que ces premiers artistes manquarâiit d'idées, et qu'ils étaient peu sensibles à la beauté. Nous voyons tous les jouf» les enfiins façon- ner et dessiner des figures ; s'ils ne manquent pas de les décorer selon leur gteie, faisant un homme, grand, ar- mé, paré, chargé de tout ce qui caractérise le rang et le luxe...., pourquoi les anciens qui avaient constamment le nu sous les yeux, soit dans les palestres, soit dans les temples, où ils ne voyaient que les plus belles figures et les plus beaux vètemens, pourquoi, dis-je, n'eussent-ib pas préféré de représenter ces beautés? et bien qu'ils ne pussent le &ire qu'avec peine et grossièrement, pourquoi ne se fussent-ils pas arrêtés à ce choix des plus beaux objets ? Digitized by Google SA IVAlftSANCX. 11 Je viens die dire que les l^lateurs s'emparèrent des ]>eaux-4irts : cela nous donne la raison pour laquelle les Grecs portèrent la peinture et tous les autres arts à un si haut degré de perfection» tandis que les Egyptiens res* tèrent stagnans dans le même point auquel ib parvinrent dès le commencement. En eSet, les prêtres ou les l^is- lateurs de la Grèce rendirent les beaux-arts utiles» en les &isant agir sur l'imagination des peuples» dans un sens fayorable à la beauté et à la grfice des images* Les prêtres égyptiens» au contraire» rendirent utiles à leurs Yues les arts» en leur permettant seulement de créer les images mystérieuses et les signes symboliques d'une langue sacrée» les circonscrirant dans cette simplicité grare et imposante d'oti la peintuie et la sculpture chez eux ne deraieni jamais sortir. Nous pouTons donc conclure de ces obserrations sur la naissance de la peinture» que cet art est aussi ancien que le monde s que tous les hommes l'ont considéré comme un moyen de conserver» de fixer et d'avoir plus souvent devant lès yeux les beautés de la nature, et que» ce qu'il nous importe le plus de connattre» c'est la marche qu'ont suivie» non les premiers inventeurs» mais les Grecs» à l'époque où ils ont commencé à cultiver cet art selon ses véritdkles principes. Mais» pour eatrepiendre cette étude de l'historique de la théorie ]^oreaqiie des Grecs, il est nécessaire qu'on ait des idées générales sur les monumens antiques qui nous s tant sont dispa- rates les productions de la peinture moderne» produc- tions dont le nombre est infini, et qui sont vues si fré- quemment par les élèves» que de leur aspect seul peut résulter dans leur esprit un cahos duquel ils ne sauront se débarrasser sans le secours d'une étude particulière très-méthodique et dirigée en tout par la saine raison. Or, cette étude toute simple, toute naturdile, comment l'entreprendre, si l'on ne remonte pas d'abord à la vraie source dé l'art et à l'école mère et classique? car, quoi- qu'on disent les partisans des académies et des routines, ce n'est pas une peinture nouvelle et hors des règles que lea modernes ont à chercher et à perpétuer. L'art est un pour tous les tems, et bien que le choix des sujets soit peut-être subordonné aux mœurs et aux circonstances, les lois de la peinture d^aujourd'hui sont et doivent être les mêmes que les lois de la peinture chez les Grecs, ceux-ci ayant porté cet art à la perfection. On doit même dire que hors de ces règles antiques, tout est ex- travagance plus ou moins barbare et que le but de l'art est manqué. Les principes puisés dans l'antiquité sont donc ceux que nous devons suivre les premiers et dans toutes nos écoles; et les peintres, ainsi que les protecteurs de la peinture, n'ont rien de mieux à faire pour perfectionner les beaux-arts, que d'adopter, que de recommander ces principes et de s'y conformer avec confiance et respect. Ainsi, passons à la définition et à l'examen de ce qu'on appelle V antique. Digitized by Google DE l'ântiqub. i5 CHAPITRE 3. DE L'ANTIQUE. VjB qu'on appelle Vantique comprend toutes les produc- lions de Fart des anciens en sculpture, peinture, gravure, architecture, etc. , etc. L'époque de l'origine de l'antique est indéfinie : quant à sa jîn^ c'est-à-dire, au tems où il convient de fixer la démarcation qui sépare Fart antique de l'art moderne, on ne l'a pas unanimement déterminée. L'activité nou- velle de la peinture et de la sculpture au tems où les cul- tivaient nos habiles artistes du seizième siècle, fut telle qu'on crut devoir appeler cette époque la renaùsanee de tart, et la considérer comme séparant naturellement le caractère antique du caractère moderne. Cependant , comme il est évident que l'art antique ne s'est pas pro- longé immédiatement jusqu'au quinzième siècle, on a été forcé de reconnaître et de distinguer un intervalle qu'on a appelé intervalle du moyen âge : mais celte démarca- tion est encore restée incomplète, parce que les produc- tions du moyen âge vers sa fin prirent un caractère par- ticulier et nouveau qui devenait différent du caractère antique, et qui n'était pas néanmoins celui qui s'intro- duisit plus tard. Il fiiut donc distinguer dans l'art du moyen âge sa fin, pour désigner le tems où l'art participe encore évidemment du goût et du stylé antique, et le tems moins éloigné où il participe beaucoup plus du goût et du style des écoles modernes. Or, c'est ce dernier tems qui est celui de Vécole primitive moderne. Digitized by Google l4 BISTOUB ra LA PBINTUAE. Enfin^ pour mieux s'entendre sur ce poini» on doit, je pense, assigner la fin de tout Fart antique à l'époque de Cimabue, vers Tan i a5o, et fixer le commencement de la période du moyen ige à l'époque de Constantin, dans le quatrième siècle, tems où se multipliaient déjà les monu- mens chrétiens. En eflfet, josque dans le onxtème, le dou- zième, et même le treisième siècle, on trouve des pro- ductions dont le caractère est toujours celui de l'anti- quité , malgré la fiôblesse et la pauvreté de l'exécution, et malgré l'abandon des études relatives à la correction et à la vie des figures : tandis que vers le quinsième siè^ de, c'est-è-dire, vers l'époque de la civilisation et de la renaissance des lettres en Italie, on aperçoit déjà dans l'art une marche indépendante des doctrines antiques, un certain goût tantôt monastique, tantôt florentin, tan- tôt ultoa-montain, plus ou moins barbare ; enfin un aban- don du costume et du caractère antique, et un style dont l'époque aurait été mieux nommée peut-être la naissance de la dégradation. Vinrent, en efTet, les Guirlandaio, les Verrochio, les Perugino, les Bellini, qui surpassèrent, il est vrai, leurs devanciers en exécution, en imitation et en combinaisons, mais qui faiblirent déjà sur le style, et qui, au lieu de ressaisir celui de la belle antiquité, mirent en vogue une certaine manière sauvage qae le mérite de l'exécution ne fit qu'accrédita de plus en plus, et qui, passant ensuite par des mains ignorantes dans des pays du nord, produisit plus tard le style qu'on a appelé go^ thùfiies bien qu'il n'eût aucun rapport avec les Geths sur le compte desquels il ne convient point de reporter ce mauvais goût d'alors* Ce que j'avance ici sera peu goûté des personnes qui Digitized by Google DE L^AITTIQUB. l5 trouvent eommode de regarder comme parfaite la peîn* ture des Michel-ADge, des Gorregio, des Raphaël; mais l'admiraticm que font naître Ie« ouvrages de ces fameux peintres ne provieiit certainement pas de rexcellence du style de leurs peintures, et Poussin, qui sur cette question peut fiiire .autorité, pensait ainsi, lorsqu'il disait que Ba- phaâ était un ange si on le comparait aux modernes» mais qu'il n'était qu'un âne si on le comparait aux anciens. Ailleurs je dois examiner cette question. Tels senties premieca aperçus qu'il convient» je crois, d'exposer sur la démarcation qui sépare de l'art moderne l'art antique. D'autres écrivains, au Jlieu de &ire remonter l'antique à une époque indéterminée, en ont fixé le commencement seulemofit au tems d'Alexandre, parce qu'alors l'art avait acquis eflectivement son plus grand perfectionnement et son complément. Mais, quoique cette époque soit la plus mémorable sons le rapport historique de l'art, il n'en faut pas moins rejeter cette démarcation, non -seulement parce que sous Périclès on voit les Phidias, les Alcamènes et les Polygnotes, mais encore parce que l'art des Egyp- tiens et des Etrusques avait depuis long-tems produit des ouvrages dignes aujourd'hui même de notre admiration. Je dirai plus : en considérant ici l'instructicm que peut nous donner l'antique, nous remarquerons que ce sont peut-^tre les ouvrages du siècle de Périclès qui sont pro^ près à purifier notre art et nos études, plutôt que les chefs-d'œuvres si parfaits du tems d'Alexandre. Mais quand je parlerai des styles de l'antiquité, je ne man- querai pas de m'expliquer sur cette question. Quelques autres ont fait finir l'existence de l'antique Digitized by Google l6 HISTOIBE BB LA PEIKTVBE. an tems de Théodose le jeune, en disant que la colonne Théodosienne qu'il fit faire à Constantinople et qbi était chargée des victoires du grand Théodose, son aïeul, est le derniei; ouvrage qui porte le sceau de l'antiquité; mais cette assertion est sans fondement, car depuis on a fait beaucoup d'ouvrages dans le même style et du même goût» De Piles fait aussi cesser l'art antique au tems de l'em- pereur Phocas. Winckelmann a relevé cette méprise. Dans l'Encyclopédie au mot gothique, on assigne la fin de l'art antique à une époque beaucoup trop reculée, et sans y dis- tinguer la période du moyen âge. Tâchons donc de nous en tenir à la division la plus naturelle. Après cette espèce d'exposé chronologique, passons aux autre? questions relatives à l'examen de l'antique. Mats avant tout, disons que les monumens antiques qui nous sont parvenus sont de plusieurs espèces, et que l'on pos- sède des statues et des bas-reliefs en diiTéreotes matières, telles que le marbre, le bronze, la terre cuite, etc. ; que l'on possède des camées, des pierres gravées; qu'on a retrouvé des ornemens, des meubles, des ustensiles, des animaux de tout genre. On a encore des peintures, des monochromes, de simples contours ciselés sur diverses matières, des mosaïques, etc., etc. ; des vases, des chapi- teaux, etc., etc. Maintenant, voyons comment ces restes de l'antiquité sont parvenus jusqu'à nous. Digitized by Google CHAPITRE 4. DE QUELLE MANIÈRE ET EN QUEL ÉTAT LES BIONUBIENS ANTIQUES NOUS SONT PARVENUS. JuBS moniunens antiques, qui, après avoir résisté & IVSbrt des siècles, sont restés debout au milieu des rui- nes de tant d'empires anéantis, brillent encore aujour- d'hui d*un vif éclat ; la sculpture et quelquefois même k peinture en font Tomement. Dans l'Inde, dans TEgypte, an Grèce, en Italie, en deçà des Alpes même, on trouve de majestueux débris dont la contemplation élève puis- samment les esprits. L'art antique était un colosse ad- Hiîrable, dont les fragiàens épars ne cessent de produire Fétonnement et la vénération. Tous les jours les artistes philosoplies cherchent à monter leur imagination à l'u- ùsson de ce diapason consacré, et à s'identifier avec les tjpes illustres qui attestent la gloire des plus célèbres nations. Les temples de l'Egypte sont encore tout émaillés des vives couleurs de la peinture; leurs sculptures presqu'im- périssables offrent aujourd'hui la même richesse qu'aux tems si reculés où ces immenses édifices furent admirés pour la première fois. Dans l'Indostan, dans la Perse, des monumens imposans arrêtent le voyageur, le surpren- nent par leur conservation. Mais c'est sur le sol de l'an- tique Grèce que l'architecture et la sculpture étalent toute leur jeunesse et leur beauté. Aussi les moindres débris de l'art attique sont-ils recueillis comme de véritables trésors, et de même que le plus petit astre du firmamept TOVB II. s Digitized by Google l8 HISTOIHB BB LA PEINTURE. ne parrieni à noire vue qu*en raflSBCtànt d'un vif éclat, de même les moindres vestiges de l'art grec ne s'ofirent jamais à nos regards sans exciter en nous le plus vif des plaisirs; en sorte que cet art grec peut se comparer en- core à un parfum divisible à Tinfini, dont l'odeur déli- cieuse se propage dans les moindres parties, malgré leur extrême ténuité. Mais » demandera-t-on , que .sont devenus les fameux ouvrages des Praxitèle, des Lysippe» des Phidias, etc. ? que sont devenues les célèbres peintures des Apelle et des Euphranor ? Est-ce que ces statues fameuses restent encore enfouies dans le sein de la terre, et doit-on espé- rer de jouir plus tard de quelques*uns de ces cbefr- d'œuvre ? Ces questions nécessiteraient des réponses éten- dues qui sont du ressort de l'archéologie; je ne suis tenu ici qu'à donner en peu de mots aux artistes quelques idées suffisamment nettes sur ce point. Des chefs-d'œuvre inimitables embellissaient la Grèce de toutes parts, quand la puissance romaine vint lui dic- ter des lois, l'asservir et la dépouiller sans pitié. Les mer- veilles de la peinture et de la sculpture devinrent des trophées dont Rome guerrière, mais barbare, voulut décorer ses triomphes. Athènes, Corinthe, Sycione et toutes les autres villes fameuses par leurs tableaux et leurs statues, se virent enlever ces objets de leur affection, ces monumens de leur gloire. Le luxe de Rome conquérante ne pouvait, il est vrai, épuiser tant de trésors; mais ce qui après trois siècles d'enlèvement put échapper à la cupidité des spoliateurs et au faste insatiable de cette nouvelle maltresse du monde, périt à la fin par les guerres et par tous les désastres des cités. Cependant la terre re- Digitized by Google DE L ANTIQUE. I9 cueillit plusieurs restes précieux, et quelques monumeos restés debout firent admirer pendant long-tems l'art de la Grèce; mais les artistes s'exilèrent à la un, et portèrent à Rome des talens inutiles à leur patrie. Rome' derint donc une autre Athènes, c'était donc à Rome qu'il fallait aller pour étudier les Phidias et les Polyclète; c'était à Rome qu'Apelle et Zeuxis recevaient un nouvel encens» et dans cette ville enfin que le ciseau des statuaires et le pin- ceau des peintres trouvaient surtout à s'exercer. Les Grecs captifs, pour ainri dire, à Rome, y fondèrent une école, et y apportèrent leur philosophie, leur science profonde, leurs documens précieux; mais les artistes n'y recevaient plus ces couronnes immortelles d'OIympie, ce n'était plus l'air natal de l'attique, ce n'était plus la gloire nationab qui inspirait leur génie. Ils y produisirent toutefois quelques nouveaux chefs-d'œuvre, et tous les ouvrages sortis alors de leurs mains ne furent jamais indignes de leur antique célébrité. Néanmoins les Romains, qui goûtaient de plus en plus les doux fruits de tous les arts, ne surent jamais honorer les hommes habiles qui les exerçaient, et, si la religion n'eût pas opposé un frein au goût fastueux et nouveau de ces conquérans, si leurs idées de noblesse et de somptuosité ne les eussent pas ramenés, malgré eux, aux modèles simples et majestueux des Grecs, les arts chez les Romains fussent tombés dans une complète dégra- dation. Toutefois, malgré cette influence des modèles grecs, malgré les lumières empruntées à l'attique, la pein- ture et la sculpture souffrirent dans ce sol étranger et trop grossièrement cultivé, et ces monumens innombra- bles {HTodigués dans tout l'empire romain par les Césars qui rivaUsèrent successivement de magnificence, tout en Digitized by Google ^O HISTOIRE DE LA PEINTURE. «flranl de grandes béantes, firent toujours regretter, même sous le règne de Trajan et d'Adrien, le siècle à jamais fameux de Péridès et d'Ateiiandre. Voyons maintenant ce que devinrent ces • milliers de statues et de tableaux que les flots ne cessaient de trans- porter de la Grèce vers l'Italie» L'an 3oo environ de l'ère chrétienne, les Romains vi- rent leur empereur Constantin changer le siège de son empire et le transporter à Bysance, ville à laquelle il donna son nom. Constantinopolis , séjour du prince et de la cour, devint une nouvelle Rome, décorée aux dé- pens de l'ancienne. Ces mêmes chefs-d'œuvre, ravis jadis aux contrées d'outre-mer, furent embarqués de nouveau. Non --seulement cette capitale causa la spoliation de Rome, mais ce qui avait échappé dans la Grèce à l'insa- tiable avidité de ses maîtres, fut recherché avec plus d'ar- deur encore et enlevé pour embellir la nouvelle résidence de Constantin. On y admira donc les tableaux et les statues des grands artistes de la Grèce, en sorte que cette ville devint le dernier dépôt des beaux-arts, dont malheu- reusement elle devint aussi le tombeau. Constantin et plusieurs de ses successeurs, loin de né- gliger les arts, surent les apprécier et les employer tous avec magnificence. Mais un fléau destructeur porta, en difiiérens tems, des coups terribles à toutes les produc- tions de la sculpture et de la peinture. Le zèle des pre- miers chrétiens proscrivait les idoles, et comm« ils ne sa- vaient point concilier le respect dû aux beaux-arts, avec l'aversion qu'ils ne devaient manifester que pour le paga- nisme, il arriva que la destruction des faux dieux et des idoles devint l'objet d'une sainte émulation. A différentes Digitized by Google M LAIVTIQVB«- ^> époquear» dès princes iconoclastes (ou briseurs d'images) en les prohibant excitèrent partout ce mépris dévastateuB qui nous a privés des plus précieux modèles. Enfin arriva la catastrophe finale qui devait anéantir toutes ces mer- veilles antiques encore en grand nombre : Mahomet s*em^ para de Gonstantinople, l'an i4â3 de J. C.^ et en un ins^ tant il ne resta aucun vestige de tant de belles choses. La destraction fiit telle, qu'aujourd'hui même l'ancien sol de cette ville n'offre presque rien aux curieux avides de ces sortes de découvertes. Ainsi périrent des milliers de statues toutes surprenantes par leur vie et leur beauté ; ainsi furent brisées, ou devinrent la proie des flammes, tant de peintures exquises et toutes divines ! Plus de Vé- nus de 1a main de j^raxitèle, plus de Jupiter Olympien, plus d'Hélène, plus de Venus animées par les inunortels pinceaux d'Apelle et de Zeuxis, plus de cheÊ-d'œuvre de Protogène et de Polyclète Heureux Raphaël I que d'anciens miracles de l'art eussent diminué ta gloire, ai on les eût comparés à tes œuvres I Mais non; en les voyant, en les méditant, tu les aurais égalés, tes peintures nous en auraient dévoilé les secrets, et tu eusses empêché bien des erreurs. Cependant Rome conservait un nombre immense d'ou- vrages du second ordre ; on n'en avait enlevé que les objets les plus yrécieux, et l'on ne pensa jamais à reporter à Gonstantinople tout ce qu'on avait tiré de la Grèce. Mais ce reste encore si nombreux d'ouvrages exécutés par les maîtres grecs ou romains qui se succédèrent pendant une si longue période de conquêtes et de pros- pérités, tous ces trésors, dis-je, essuyèrent «eux-mêmes toutes espèces de ravages. D'abord les peintures et Iqs Digitized by Google fS H18T0IKB DE tA FBIRTVRE. sculptures éprourèrent» oemme dam l'Orient, la fureur des Iconoclastes , fureur ipii se renouyda fréquemment. Ensuite Rome elle-même fut saccagée» brûlée» ruinée plusieurs fois aux époques où les Barbares du nord inon- dèrent ritalie» ne laissant après eux que des ruines. Telle est Thistoire abrégée des monumens classiques de Tantiquité : tel fut le sort de toutes ces merveilles» fruit de Tétude des plus grands génies du monde. Mais noua^ voici amenés à des idées plus agréables : entretenons- nous des monumens heureusement échappés à cette des- truction» et parvenus jusqu'à nous. Cette même Rome» malgré la foreur des guerres», malgré les flammes dévorantes des inc^idies» malgré les Aranlemens causés par les volcans» aous a conservé des restes pleins de grandeur et de charmes. Un nombre infini de bas-reliefs» représentant des figures nobles et animées» décorent les arcs triomphaux» ornent encore les frises des temples et les tombeaux» serpentent comme le lierre antique autour des colonnes honorifiques. Les grottes» les bains étalent encore la riche parure de la ^aculpture et même de la peinture. Des colosses inattéra-' blés par leur masse» après être restés plusieurs éiètles gissans sur la terre, ont été relevés avec honneur par les modernes ; d'antres statues, couvertes à peine sous llte ruines» furent btentèl rendues à la lumière et embellirent les palais et les portiques de la Rome nouvelle. Le plus graiid nombre de ces statues» de ces tombeaux» de tous oes ouvrages d'art a donc langui au sein de la terre» au centre des décombres amoncelés. L'ancien sel se trouve au)ottl^ d'hui exhaussé par les débris des édifices abattus et par les couches terreuses de tant de végétations successives; Digitized by Google PB l'antiqub* tS enfin un sol nouveau a recouyert toutes ces richesses, qui ne paraissent au grand jour qu'après avoir été ex- traites souvent avec peine des entrailles de la terre; do même les riches diamans du Pérou sortant d'obscurs sou- terrains, vont briller sur de nobles diadèmes. Toutes ce» statues élégantes et gracieuses qui s'élèvent aujourd'hui sur des socles précieux, dans nos galeries^ dans nos musées, ont donc été fLétrieS' souvent pendant des siècles par les. matières qui les enveloppaient. Altérées par les chocs les plus destructeurs, mutilées par la fureur stupide des vainqueurs toujours avides de ravages, souillées souvent par des filtratioas immondes, ces figures admirables fu- rent, au sortir de leurs tombeaux, confiées à de nouveaux statuaires chaînés de les purifier, de les réparer et de les rendre dignes de leur moderne destination. Mais combien de liûs l'ignorance et la témérité, le mauvais goftt et la mal-adresse n'ont-ils pas défiguré et même complètement dégradé ces ouvrages précieux? Home est donc la terre classique qui produira long-tems Je flu» grand nombre de firagmens antiques. Pline dit que de son tems il y avait dans cette ville plus de statues que d'babitans* et je ne doute nullement de la vérité de cette assertion. D'autres preuves ne manquent pas d'ailleurs pour nous y fiû» oroire. « Mummius^ dit le même au* » tecur, par sa conquête de l'Acbaîe en couvrit la ville de » Rome, et quoique nous paraissions en avoir épuisé l'uni- » vers, nous savons par le témoignage de Mucianus, qui a > été trois fois consul, qu'on en compteencore trois mille > dans Rhodes, autant à Athènes, à Olympie et à Delphes. » Enfin, sans parler du pillage de Gorinthe qui fit dispa- raître aussi les che^-d'œuvre de Sycione, d'Ambracie, Digitized by Google a4 HI8T0IBB DE LA PSIHTURB. etc.» ne Mtii-on pas qu^ Scylla enleTu d^Alhènes ks sta- tues qu'elle renfermait, que Verres dépouilla la Sicile, que César orna ses divers triomphes des tableaux et des statues de la Grèce? Caligula^ qui ne put emporter le Jupiter olympien, fit eolêyer un très^and nombre de statues^ et Néron s'est fhit remarquer comme un insa- , tiable spoliateur de la Grèce. Sa maison dorée était en- combrée d'ouvrages d'art ravis ^ tous les pays r enfin il emmena du temple d'ApoDon de Delphes cinq oents statues de bronze, tant d'hommes illustres que de dieux.. Paus. fiv. lo. c. 7. On sait aussi que ce qui porta les Romains à s'emparer de Yolsinium, ville des Yolsques, fut principalement le désir de s'approprier deux mille statues qu'elle possé- dait. Il suffît au surplus de lire le voyage de Pausanias pour se fiiire une idée du nombre indicible de statues qui décoraient la Grèce '. Mais outre ce nombre surprenant de statues prove- nant des enlèvèmens, Rome en érigeait tous les jours. Marcus Scaurus, si r6n en croit Pline, tiv. 35. c» 7, pro- duisit sur la scène trois mille statues, et cela pour l'orne» ment d'un théâtre momentané. C'est le même Scaurîit qui erna l'atrium de sa maison de trois cent soixante co- lonne» de beau marbre noir, appelé marbre de LucuUus, lesquelles avaient trente-huit pieds de hauteur^ Agrippa construisit en un an plusieurs grands aqueducs ornés de trois cents statues de bronze et de mwrbre et de quatre- cents colonnes. En cela les Romains semblent par leur * Qaelqacs écrivains modernes ont publie des recherches sur le dépouillement d^ objets d^arts fait en Grèce put les Romaios. MM. YœU kel et Sickler ont traité spéd^ttemeot ce sujeb Digitized by Google DE l'aK^IQUE. t5 magnîfieenee l'aToir emporté sur les Grées; et cependant ces Athéniens, dans le plus beau tems de Fart, élevèrent à Démétrius de Phalère trois cent soixante statues qu'ils renversèrent peu après. Ce goût des anciens pour les statues est inimagina- ble; chez certains particuliers il devenait une véritable passion, aussi est-ce ainsi que l'appelle Gicéron lors- qu'il dépeint avec tant d'éloquence les larcins de Verres. Le commencement de sa fameuse oraison peut encore éclairer sur ce sujet. c Je viens maintenant, dit-il, à ce que Verres appelle » lui-même sa grande passion, que ses amis appellent » sa maladie et sa folie, et les Siciliens ses rapines. Pour » moi, je ne sais quel nom lui donner. Je vous exposerai » le lait, et vous le pèserez, non pas au poids» de sa déno- » mination, mais de ce qu'il est en soi. Gommencez, » messieurs, par en connaître la nature, -ensuite vous ne » chercherez pas long-tems quel nom vous croirez lui de- » voir donner. Je soutiens donc que dans toute la Sicile, » cette ancienne province enrichie par tant de villes et de > ftimilles opulentes, il n'y a point eu de vases d'argent, 9 soit de Corinthe ou de Délos, point de pierres pré- > cieuses ou de perles, point d'ouvrages d'or ou d'ivoire, » point de statues en airain ou en marbre, point de pein- > tures ou en tableaux ou en tapisserie, rien, en un mot, » qu'il n'ait soigneusement cherché, qu'il n'ait observé > et qu'il n'ait enlevé pour peu que l'objet lui plût. » Il parait que j'en dis beaucoup; et remarquez comme t je le dis. Je ne rassemble pas tant de choses pour exa- » gérer le discours et l'accusation. Quand j'avance que » Verres n'a rien laissé de tout cela dans la province, je Digitized by Google 36 HISTOIBB DE LA PBINTUBE. » parle simplement et non en style d'accusateur. Expri- » mons-nous encore autrement : n! dans aucune maison» f ni dans aucune ville, ni dans les places, ni dans les » temples, ni chez le SicOien, ni chez le Romain, ni aux » particuliers, ni au public, ni de sacré, ni de profane; » enfin Verres n'a rien laissé dans toute la Sicile qui pût » exciter de curieux désirs. » Et qu'on ne croie pas que ces monumens aient dû périr à Rome par l'effet de la négligence ; Pausanias nou» avertit du soin qu'on en avait, même de son tems. c A 9 Ghorée, dit -il, on fait aujourd'hui un onguent avec » des roses, et on s'en sert pour garantir des vers ou de » la pourriture le bois des statues. » Quant aux mavbres, ils étaient préservés par une espèce d'encaustique oir^ eunUinitto. ( Voy. le ch. 6oi.) On plaçait même quelque- fois sur la tête des statues un disque en bronze qu'on appelait ménisque. On remarque «ur quelques statues le trou qui servait à fixer la branche de fer qui le supportait, et l'on croit que l'auréole ou nimbe qu'on voit au-dessus de la tète des Saints dans les anciennes peintures pro- vient de cet usage du ménisque. « A Olympie, dit encore Pausanias, pour garantir » de l'humidité l'ivoire de la statue de Jupiter, on arrosait » d'huile le parvis du temple; et à Épidauro, dit-il ail- » leurs, pour garantir l'ivoire de la statue d'Escidape de la 9 sécheresse, on fabriqua un puits sous le trône sur le- 9 quel était assise la divinité. » Ainsi donc, tien n'est plus commun aujourd'hui, lors- qu'on fouille la terre à Rome ou dans les environs, soit pour h cultiver, soit pour construire, que de découvrir des marbres pkis ou moins mutilés. Ici c'est la tète d'un Digitized by Google BB L*ANTfQUE. 97 Dieu; là c'est la jambe d'une statue héroïque; tantôt c'est une portion de yôtement admirablement sculpté el; travaillé dans la matière la plus dure, telle que le porphire, le granit ou le basalte; tantôt c'est un animal plein d'ac- tion et de vérité^ un ornement simple et d'un goàt excel- lent, etc. On Toit les habitans des campagnes portant à la ville les pièces que le hasard leur a fait découvrir. Des curieux, des princes, de riches amateurs en décorent leurs cabinets et leurs musées ; les statuaires en fournissent leurs ateliers de restauration; des spéculateurs enfin en tiennent des dépôts et des magasins. Quel aliment pour le véritable artiste ! Quels trésors lui sont offerts dans ces belles galeries de Rome, dans ces salles magnifiques qui ornent les palais et les vUla déli- cieuses 1 Combien' de statues sous ces voûtes de laurier, sous ces bosquets de chêne toujours vert qui parent toute l'année la terre de leur feuillage I et ces urnes décorées de sculptures, et ces vases, et ces frises, et ces fragmens dispersés dans les jardins, dans les cours des palais, chez les artistes t.. . 0 pays de délices! ô ville classique et abondante ! que de plaisirs exquis tu réserves à l'artiste philosophe qui vient cultiver les arts dans ton sein ! Oui, vous m'êtes toujours présens à la pensée, fragmens pré- cieux qui fiâtes la parure des beaux casins de Rome. Monu- mens pleins de jeunesse et de charmes, vous semblez encore plus enchanteurs sons le beau ciel qui vous éclaire; car on ne vous goûte plus autant, on ne vous reooimatt plus aous les rudes dînuits du nord, où vous semblez en exil. Retraites silencievtses, ateliers sacrés où des antiques de tout genre, ok des «tatues vivantes et gracieuses atten- dent le hxx& des piédestaux et l'admiration des cités; Digitized by Google 28 HISTOIEX DE LA PBtNTVBE. asiles de la paix et de la méditation» que de joie éprouve l'artiste, jqae de projets il forme dans votre seia! On croit les avoir découverts seul, ces beaux restes des an- ciens; on croit en sentir, en apprécier seul les beautés, la valeur. Quel est, se dit-on, l'heureux statuaire qui a su faire passer sur ce simple décris tant de savoir, tant d'ame, tant de délicatesse ? Que de poésie, que de vie et de grâce dans le reste de ce beau corps mutilé, sur cette tête divine et touchante, «ur cette main, sur celte poitrine pleine d'existence et de beauté, sur ce groupe enfin si heureux, si animé ! Modèles admirables que nous, ne sau- rons jamais surpasser, les charmes simples des sujets que vous exprimez, la disposition naïve et savante des objets que vous représentez, cet aspect calme et bienfaisant qui remplit l'ame entière d'une jouissance si pure et si du- rable, ne sortiront jamais de mon esprit. Tel se conserve le souvenir des fleurs embaumées découvertes sous la verdure» ainsi se prolongent toute la vie ces émotions délicieuses qui ont une fois enchanté nos cœurs. CHAPITRE 5. DU MÉRITE RESPECTIF DES MONUMENS ANTIQUES. Xl s'éleva à la fin du 18* siècle une contestation qui réveilla beaucoup d'idées. Il s'agissait de déterminer la véritable antiquité de l'ÂpoUon du Belvédère^ Ce fut Mengs qui publia, je crois, le premier, ses conjectures à ce sujet. II disait que cette statue tant vantée et tant admirée parmi nous, n'était point un ouvrage grec; et Digitized by Google DU MÉRITB BBSPECTIF DES HONVHElfS ANTIQUES. 19 qu'elle ne pouvait avoir été exécutée ayant Trajan^ puis- qu'elle était en marbre de Carrare» carrière près de Gènes, qui n'avait pas été exploitée avant le tems de cet empereur, et il ajoutait plusieurs autres preuves de son assertion. Ce fut dans ce même tems que parut l'histoire de Fart de Winckelmann, histoire qui échaujDTa encore les esprits sur ces questions, en sorte que mille conjectures nouvelles se sont succédées depuis ces critiques, au sujet du style et de l'antiquité de plusieurs monumens célèbres. Ces questions sont d'un grand intérêt; nous nous en occuperons bientôt, lorsque nous parlerons des styles de l'art antique et de leurs époques : ici quelques idées générales doivent suffire. il est à croire que le plus grand nombre des ouvrages antiques, restés jadis à Rome après les spoliations, étaient des ouvrages romains, ou, si l'on veut, des ouvrages grecs faits à Rome, par des maîtres peu célèbres; car le mérite supérieur des anciens Crrecs, ayant été toujours reconnu k Rome malgré la vanité nationale, il est dou- teux que l'on fit exporter pour Constantinople des ou- vrages romains d'un ordre inférieur, lorsqu'on voulut décorer cette ville. On y transporta peut4tre quelques ouvrages médiocre relatifs à la politique et au culte religieux; il est probable aussi qu'on n'osa enlever de certains temples de Rome les statues qu'affectionnait et que vénérait particulièrement le peuple. C'est ainsi que L Mummius, qui enleva de Thespie tout ce qu'il y avait de curieux dans le'temple de la Félicité, ne toucha point au Cupidon de Praxitèle, parce que cette statue était consacrée. Mais rien ne nous prouve qu'on ait apporté sou- Digitized by Google 3o HISTOIRE DE LA PEINTUBE. Tent de pareils ménagemens; et si les colleclions de quel- ques particuliers échappèrent à ces eolèyemens, on peut conjecturer qu'en général ce qu'on laissa à Rome fut peu regretté. De plus, il est à supposer que ceux qui présidaient à ces enlèTemenSy pouvant recueillir dans toute la Grèce des objets précieux, plus facilement et plus promptement transportables dans la nouyelle capitale de l'Orient, ont dû être plus difficiles sur le choix qu'on avait à faire à Rome. Au reste. Constant, empereur d'Orient, qui, près de trois cent cinquante ans après Constantin, vint spolier Rome, semble avoir été réduit à n'emporter que du bronze; il enleva sans pitié celui du Panthéon. Il est donc vraisemblable que les antiques retrouvées dans les fouilles de Rome sont en général des ouvrages d'un ordre infi&rieur ; mais il ne me parait pas raisonnable d'affirmer qu'aucun ouvrage vraiment classique n'y a été et n'y sera jamais découvert. En effet, ne peut-il pas être arrivé que le hasard en ait soustrait quelques-uns à tous ces enlèvemens et à tous ces ravages ? Pourquoi ne pas imaginer encore que le' volume colossal de quelques statues ait pu les en préserver? Les colosses de Monte- Cavallo, d'autres fragmens de colosses que l'on voit à Rome, la Flore ou Therpsicore, l'Hercule, le groupe du taureau Famèse, les groupes de Ménélas, de Niobé mère, la Pallas Velletri, et tant d'autres n'ont peut-être dû leur conservation % Rome qu'à leur très -grande dimension. Je sais qu'il peut se fiiire que, parmi les figures colossales, quelques-unes n'ayant pas été jugées dignes de préférence, on ks ait délaissées. Mais enfin, quand on ne citerait que les colosses de Monte-Cavalio, Digitized by Google su MiniTB BBSPBGTIF PES MONVKBNS AlITIQtBS. 5l on rendrait la première conjectare plausible; car ces morceaux grecs étaient dignes certainement d'embellir à Bysance le noureau palais de Constantin , puisque cet empereur les avait fiiit venir exprès de la Grèce à Rome pour orner les thermes magnifiques qu'il y avait fiiit construire. D'ailleurs, les commissaires chargés de ces enlèvemens ne se sont-ils jamais déterminés par des rai- sons étrangères à l'art et n'oni-ils pu se tromper quel- quefois dans leurs choix? Deux autres considérations laissent à penser que cer- tains ouvrages excellens ont dû être préservés à Rome : la première» c'est que les fouillea bites à Herculanum, qui ne fut jamais spc^iée, ne nous ont point encore fourni d'antiques aupérieures à celles que l'on trouve ordinai- rement dans la capitale ; la seconde, c'est la similitude qu'on a renlarquée entre certains ouvrages enlevés au Parthénon d'Athènes, ouvrages sans contredit faits ou par Phidias, ou sous son inspection, et certains morceaux grecs qu'on rencontre dans les musées de l'Europe et qui proviennent de fouilles faites en Italie. Cette simili- tude nous prouve, en passant, que ces morceaux, quoique moins vantés que l' Apollon, la Vénus Médicis, etc. , ne sont pas d'un ordre si inférieur qu'on pourrait le conjec^ turer. Sans doute que les plus belles figures du fronton du Parthénon , ei^cutées probablement par Alcamène ou par les autres élèves de Phidias, sous la direction de cet illustre statuaire, ont un accent, une expression, une vie et une noble simplicité qui surpasse ce que nous avons de plus beau en antiques; car le Laocoon et le torse du Belvédère, bien qu'appartenant à une période où l'art Digitized by Google 3s HISTOlftE BB LA PEINTVE£. de ia sculpture était amyé, et cela depuis loDg^-tems, à son complément et à sa perfection, sont d'im style bien moins énei^que» oflBrent moins de laconisme et d'arts moins de vraie grandeur et de naïveté. Mais on trouve dans les musées quelques figures de ce haut style ^ et sans parler du Discobole et des Niobés» le groupe de Ménélas et Patrocle peut certainement noua donner une idée des belles sculptures de la grande école grecque» Ce groupe a bien sûrement été «admiré dans l'antiquité* Ici il convient de &ire remarquer que c'est le peu de fixité des idées des modernes sur la perfection de l'art qui leur a laissé placer au premier rang certaines statues» telles que l'Apollon du Belvédère, le Laocoon, l'Antinous, la Vénus Médicis, puisqu'9 emte des antiques qui eus- sent été aux yeux des connaisseurs grecs bien préféra- bles. Au reste, comment le public acquerrail^il une idée juste du 'mérite respectif des plus belles antiques, lorsque le but qu'on se propose, en formant des collections dans les musées et les galeries où tout est mélangé, est de décorer, d'étaler, de symétriser, et nullement de classer, de confronter et de faire voir, copnaltre et étudier aux modernes l'art des anciens? A Paris même, les élèves et les savans sont privés aujourd'hui de l'avantage d'une collection classique d'empreintes, avantage qu'aiTectent de nier certaines gens si intéressés à dénigrer l'antique. Si donc il ne nous est pas réservé de posséder jamais des ouvrages avérés de la main de Polyclète, de Lysippe, de Praxitèle, de Scopas ou de Myron, nous avons néan- moins des ouvrages dans ces styles, et même de très- bonnes copies antiques de ces mêmes originaux. Qu'il est fâcheux que le bronze, qui fut si souvent animé par Digitized by Google DES BAS-RBLIEFS ANTIQUES. "SS les Lysippe et les Phidias» soit un métal propre à tenter la cupidité ! sans cela peut-être quelques statues fameuses eussent passé tout entières jusqu'à nous; et peut-étra posséderions-nous y ou quelque Vénus de Scopas, ou au moins quelques animaux de la main de Myron. Mais trouvons nous heureux d'avoir à étudier tant de belles leçons» et surtout les sculptures vraiment classiques que vient de nous procurer la dépouille du Parthénon. Ne désespérons donc pas d'obtenir quelque autre découverte qui nous fasse encore tressaillir. Ici je ne puis me défendre de manifester un vœu : c'est qu'on découvre un jour quelqu'admirable peinture qui réhabilite dans notre esprit les Protogène, les Thimante, etc. » comme les Praxitèle et les Phidias sont tous les jours réhabilités par les précieuses copies qui nous aident à connaître le grand savoir de ces statuaires. Disons un mot des bas-reliefs» des camées» des pierres gravées et des médailles; des portraits, des ornemens» des vases» etc. ; des peintures et des restaurations d'an- tiques. CHAPITRE G. DES BAS-RELIEFS. JLiES bas-reliefs ont été très-multipliés chez tous les peuples de l'antiquité qui ont cultivé la sculpture. Les Egyptiens en surchai^eaient souvent leurs monumens, parce qu'ils les employaient comme un langage propre à éterniser de grands feits historiques, des maximes reîi- TOME II. 3 Digitized by Google 04 HISTOIBE DE LA PEINTUBE. gieuses et politiques» et même certains axiomes physiques et astronomiques, ainsi qu'on est parvenu à s'en conyaincre par l'étude assez difficile des hiéroglyphes. Les Indiens , les Persans, les Etrusques et beaucoup d'autres peuples employèrent aussi les signes de la sculpture en bas-relief comme des signes sacrés et comme un langage mysté- rieux ; a uêsi leurs temples se trouvaient-ils décorés de toutes sortes de symboles exprimés par des sculptures de toute espèce. La prévoyance des Egyptiens pour la conservation de ces signes estibrt remarquable; car, lors même qu'ils faisaient servir à leurs bas-reliefs les matières les plus dures, telles que le granit et le basalte, ils ne formaient le relief que dans des incrustations, en sorte qu'aucune partie de la sculpture n'était réellement saillante en de- hors, mais saillante seulement dans la profondeur de cette incrustation. Quant aux Grecs, il parait qu'ils employèrent plus particulièrement les bas-reliefs pour les Mis mytholo- giques et héroïques ; car le plus grand nombre des figures qu'ils représentent offrent, ainsi que les peintures sur vases, des personnages de leur histoire ou de leur religion* Si l'on compare le mérite des bas-reliefs grecs avec celui des bas-reliefs romains et des autres peuples, on est forcé de reconnaître la supériorité des Grecs en cette partie. Outre la beauté et la grande simplicité du style, ils conservèrent constamment dans leur dessin cette vie, cette science, cette naïveté énergique dans les plans et dans les mouvemens; qualités sans lesquelles la sculpture comme la peinture ne produiraient que de vains orne- mens. Les bas-reliefs grecs sont fort rares. en Europe. Les Romains représentaient de même des faits mytho- Digitized by Google DSS BAS-REUBP8 ANTIQUES. 35 logiques, héroïques et historiques sur des bas-reliefs, et comme ils ajoutèrent volontiers leur propre histoire à celle de Tantiquité, ils multiplièrent beaucoup ce genre de sculpture. Mais la principale cause du nombre près- qu'incroyable de bas-reliefs dont ils avaient décoré pour ainsi dire tous les lieux de leur empire , c'est Tusage des tombeaux. Aussi rien n'est plus commun à Rome que les sarcophages ornés de bas-reliefs; les antiquaires ont prétendu qu'il s^en fabriquait jusques en Grèce , pour être exportés à Rome et dans l'Italie comme objets de commerce y tant Femploi en était devenu général. Néanmoins, on en trouve rarement qui puissent être assimilés aux bons ouvrages grecs pour l'excellence du style et du dessin, les artistes qui résidaient en ces tems postérieurs dans les villes grecques, étant fort dégé^ nérés. U faut bien se garder cependant de conclure do cette observation que les bas-reliefs romains qui ornent les sarcophages soient de peu de mérite, ou qu'ils soient indignes de notre admiration et de nos études : ce sont au contraire des modèles précieux bien dignes d'être consultés. Il ne faut pas non plus s'imaginer qu'ils eussent été plus souvent interrogés par les modernes, si l'art y eût été plus parfait; mais on doit dire que les modernes ne les ont pas plus souvent étudiés> parée que, dans les emprunts qu'ils y voulurent faire, ils se trouvèrent conune dépaysés par la trop grande différence de leur style avec le style des écoles et des académies, et qu'ils les consi- dérèrent comme des études toutes particulières et à la portée seulement de quelques génies privilégiés. Raphaël et Poussin, qui en firent le plus libre et le plus bel usage, confirmèrent dans cette idée. Cependant, l'heu- Digitized by Google 56 HISTOIRE DE LA PEINTi'HE. rcuse révolution qui s'est opérée dans les arts a détruil un préjugé aussi fîinestc, et les meilleurs artistes de TEu- rope révèlent aujourd'hui le mérite de ces beaux modèles, en cherchant à s'en rapprocher. Il n'est donc pas hors de propos de recommander ici ces mêmes ouvrages romains aux personnes dont la prédilection pour les Grecs a rendu le goût diflicile ou trop exclusif; car, malgré la finesse et la supériorité des bas-reliefs grecs, on rencontre tous les jours des fragmens romains dans lesquels l'art est mer-* Ycilleux. Et pour désigner ici en passant ce qui caracté- rise cette excellence des bas-reliefs romains, je dirai quB c'est là clarté et la force dans la composition, la bonne disposition, l'énergie des expressions et des pantomimes, le beau style des yêtemens, la résolution du dessin, des mouvemens et des plans, et la grande et belle facilité de l'exécution. Il n'entre pas dans mon plan de traiter des conditions relatives à l'art du bas-relief; je crois devoir néanmoins faire connaître une des doctrines antiques qu'A importe de remarquer, si l'on veut bien comprendre Tesprit de ces monumens. Un principe donc qui était général et bien établi chez tous les anciens artistes, c'est que l'illusion n'est point le but de l'art des bas-reliefs. En conséquence, ils ne cherchaient point les prodiges de la perspective, ou pour mieux dire de la scénographie, ni cette dégradation étran- gère h l'art de la sculpture; dégradation dont les mo- dernes du dernier siècle ont fait une parade si ridicule. Partant de ce principe, on doit considérer leurs bas-reliefs plutôt comme des indications produisant des idées sa- vantes, que comme des imitations tendant à tromper la Digitized by Google DS8 BA8-BEUEF8 ANTIQUES. dj vue : en sorte que nous ne devons point être surpris de trouver dans ces ouvrages certaines saillies convention* Belles, certains plans exigés par Fart de la sculpture et par la nature de la matière, plans et saillies qui choquent quelquefois le dessinateur prévenu par les idées qu'il s'est faites sur Tillusion et sur l'imitation. C'est donc à tort qu'on a répété qu'il était absurde de représenter, comme Font fait les anciens,, des maisons et des temples • aussi petits que les personnages ; des bateaux, des ponts, des rivières, des arbres, d'une dimension disproportionnée et souvent étrange. Toutes ces critiques s'évanouissent devant le principe que je viens de signaler; mais convenons d'une chose, c'est que, si le marbre n'était pas soumis chez les anciens à des lois qui ne sont propres qu'aux coloris, ils en tirè- rent tout le parti possible quant à l'art des formes, quant au style, au langage et à la manière grande et sûre d'in- diquer les caractères. Cette manière lacom'que qu'il importe de rappeler, nous explique aussi la différence qui distingue le fini des mo- dernes du fini des anciens. Si l'illusion n'est pas le but de l'art du bas-relief, il s'ensuit que les signes indicatifs peuvent être réduits à leur plus simple expression; or c'est cet ordre et cette harmonie dans l'art d'indiquer que les anciens ont possédés au suprême degré : ils se seraient bien gardés de terminer des accessoires avec plus de soin que les choses principales ; c'est ce qui fait que l'on rencontre souvent des parties qui semblent n'être qu'ébauchées. Cependant, quelque peu fini qu'ait été le signe, il exprime toujours le caractère principal de l'objet indiqué. On ne peut pas en dire autant des bas-reliefs Digitized by Google 58 HISTOIRE DE l,X PEINTURE. modernes, dans lesquels le poli» le recherché sur tous les points, est si souvent donné pour de l'étude et du vrai fini. Algardi, sî vanté par l'abbé Dubos, fait voir dans son bas-relief d'Attila, à S'-Pierre de Rome, et les abus, et les limites de la sculpture; il voulut faire un tableau d'illusion de ce bas-relief, et rien n'est plus embrouillé, rien n'est plus cidioté que cette sculpture. Celui qu'on voit au maitre-autel de S*'-Agnès de la place Navone, à Rome, est encore fort étrange sous ce rapport. Il suffît au reste, pour apprécier cette méthode, de réfléchir à l'effet des ombres portées par les corps aaillans ; ombres qui dans une scène réelle se dirigeraient tout autrement , TU l'écartement respectif des objets. Enfin, les modernes ont voulu se louer aux dépens des anciens, en répétant que ceux-ci se contentaient de couper des figures de ronde bosse par le milieu ou par le tiers de leur épaisseur, et de tes plaquer, pour ainsi dire, sur le fond. Mais un coup- d'œil jeté sur les bas-reliefs de l'arc de Titus, fait recon- naître la fausseté de cette, critique. Les anciens firent donc bien en ne visant point à l'illusion dans les bas- reliefs, et en ne prétendant point imiter les vagues de la mer, les nuages légers ou la fraîcheur des verdures S" mais ils s'attachèrent à composer simplement et claire- ment, à disposer d'une manière agréable à la Tue, et pardessus tout à caractériser les objets et les figures de la façon la plus expressive et la plus naturelle en même tems. Au surplus, si les artistes modernes avaient été mieux instruits dans la géométrie de la sculpture, ils auraient au ^ Yoyez les préceptes erronnéi da père Doiitm, dont je citerai alUtvr» 4]ue1qQes vers. Digitized by Google liBS GAiliBS ANTIQUES. 59 contraire reconnu que les anciens ont proportionné leurs saillies sçlon les Téritables règles de Toptique, et qu'ils nous ofTreot les modèles les plus sûrs en cette partie de l'art. Ils auraient enfin aperçu cette r^le infaillible, qu'il ne doit rien y avoir de perspectif dans les bas-reliefs» les camées, les pierres grayées, et que tout doit y être orthographique. (Voy. les chap. s35 et 263.) CHAPITRE 7. DES CAMÉES. JLiBS cainées sont des bas-reliefs d'une petite dimension», exécutés sur des pierres fines de différentes couches co- lorées» telles que les sardonix, les agathes onît, etc.; ainsi l'épaisseur de la couche blanche de l'onix, par exemple» est employée quelquefois pour former la figure» et la couche brune deTagathe est ménagée pour le fond. Quelquefois aussi on profite des accidens colorés de la pierre» et ces accidens forment tantôt les cheyeux ou la barbe brune» ou quelque draperie» ou d'autres objets qu'on croit de- voir ainsi différencier du nu« Nous répéterons» au sujet des camées» ce que nous ayons dit au sujet des bas-relie& ; c'est que les Grecs fu- rent dans ce genre» comme dans tous les autres» supérieurs aux Romains. Ce qu'on admire le plus» outre la délicatesse et l'exceUente intelligence du travail des camées grecs» c'est le style» la simplicité» la naïve finesse des mouve- mens» la grâce et le caractère; tout est donc exquis dans les beaux camées grecs; tout y respire la beauté et le Digitized by Google 40 niSTOIBE BB LA PEINTCBS. nalurel, tout y est charmant, et Ton y retrouve sans cesse cet inimitable abandon et cette expressive concision que les modernes ne sauront peut-être jamais répéter. Les Romains produisirent beaucoup de camées ; et bien que les pierres gravées en creux et les médailles soient plus communes dans nos cabinets, on peut dire que nous pos- sédons un assez grand nombre de camées antiques de toute espèce. Gomme les camées antiques ont toujours été comptés parmi les objets précieux, il est arrivé que les camées modernes faits à l'imitation des antiques sont devenus un objet de luxe et de spéculation. Dans les parures on considère les camées modernes plutôt comme des orne- mens de matière rare que comme des objets d'art, en sorte qu'il s'est introduit un préjugé en faveur de la ma- tière et aux dépens du travail. Souvent donc on parle avec plus d'égard d'une pièce remarquable par son éten- due, sa teinte, le caractère coloré de ses couches variées, sa transparence, sa dureté, etc. , que d'un camée dont le travail est plus savant que la matière n'est belle. Il est vrai que la beauté de la pierre est une assez bonne induc- tion pour en faire croire le travail précieux, puisqu'il est vraisemblable qu'on ne confiait les matières les plus rares qu'aux plus habiles artistes; mais bien que cet indice paisse aider quelquefois les personnes qui, se connaissant en pierres fines, connaissent peu les beautés de l'art, il est un moyen bien douteux de s'assurer de l'excellence d'un camée. Au reste les considérations relatives à la matière, ainsi qu'à la nature du sujet représenté, bien qu'étant d'un grand poids dans l'estimation de ces sortes de raretés, sont presque nulles ici» où nous n'envisa- Digitized by Google DES PIEBRBS GRAVÉES, MtoAlLLBS, ETC«, ANTIQUES. 4^ geons que le profit de Fart et rinstructian des artistes. Finissons par dire que Fart grec dans les camées triom* phe encore» comme dans le marbre et le bronze, et qu'un camée grec du beau tems de l'art a un accent qui le fera toujours distinguer par les vrais connaisseurs. Ainsi, mal- gré les soins des graveurs modernes, malgré leur patience et leur grande dextérité dans le métier, jamais un camée moderne ne l'a emporté jusqu'ici sur un camée antique. Les Jean Pichler, les Laurent Natter, etc., sont loin d'avoir, comme les anciens, surmonté les hautes diffi- cultés de l'art, et leur travail moderne se reconnaîtra au prime abord par tout observateur bien instruit. CHAPITRE 8. DES PIERRES GRAVEES, DES MEDAILLES ET DES MONNAIES. \liTE puis-je dire des pierres gravées, des médailles, etc. , s'il s'agit encore de comparer les Grecs aux Romains? N'est-ce pas le même avantage, quant au goût, quant à l'invention et à tout l'art enfin ? Rien n'était si commun à Rome que les pierres gravées. Elles servaient de cachet, de bagues et de parure. Ce fut sous Auguste, dit-on, que l'art de la glyptique fut porté à sa perfection. Mais cette perfection, c'était aux Grecs que les Romains en étaient redevables. Les curieux les plus distingués de l'antiquité faisaient leurs délices des pierres gravées et des camées. L'his- Digitized by Google 42 HISTOIRE DE LA PBIRTVIUB. toiro nous apprend que Scaurus» beau-fils de Sylla, fut le premier qui, h Rome, en forma un cabinet. Pompée- ie-Grand, entr'autres riches présens, consacra au capi- tôle le baguier de Mitridate, et, selon Varron et d'autres auteurs, il était plus beau encore que celui de Scaurus. César, doTenu dictateur, consacra dans le temple de Yénus-Génitrix six armoires remplies de bagues. Enfin Marcellus, fils d'Octavie, en plaça une précieuse collection dans le temple d'Apollon. Quant à Héiiogabale, on sait qu'il les aimait au point d'en orner même ses chaussures. Les modernes ne sont point parvenus au style et à la vivacité naïve du dessin qu'on admire sur les pierres gravées antiques. Outre le manque de goût et de cor- rection qui décèle la main moderne, il y a dans les imi- tations un certain apprêt et une certaine recherche minutieuse et mal-entendue qui, dès l'abord, trahissent l'imitateur. Cependant certains graveurs modernes, nous dit-on, ont trompé souvent les connaisseurs les plus exercés, et leurs pierres gravées ont semblé égaler en beauté les pierres aqtiques. Sans attaquer ici la célé- brité de ces habiles artistes, il fiiut convenir que l'erreur de ceux qui ont pris leurs ouvrages pour antiques tenait au mauvais goût qui avait régné jusqu'alors. Comme on était accoutumé aux styles maniérés, Ifiches et incor^ rects des écoles, tout ouvrage simple et de quelque pureté passait aussitôt pour un ouvrage grec; et pour peu que le costume et l'érudition n'en fussent pas désapprouvés par les savans, l'ouvrage était vanté souvent au-dessus même des véritables antiques, et cela surtout si on y trouvait cette propreté d'exécution qui cependant con- tribuait elle-même à signaler l'imitation. Digitized by Google BBS PIEBRES frEAVisS» UiDAliJLtS, ETC^ ANTIQUES*. 4^ Mais, les artistes d'aujourd'hui ayant fait une étude plus séyère de la science et du goût des Grecs, il est possible qu'il paraisse à la fin quelque grayeur qui riydise vraiment avec les anciens; du» ce cas, il faut supposer qu'il ne cessera de cultiver le dessin comme le cultivaient les graveurs «grecs, et qull sera toute sa vie de bonne ibi dans son affection pour ces merveilleux modèles \ Les médailles et les monnaies antiques, comparées à celles des modernes, donnent aussi les mêmes différences. L'art numismatique étant chez nous soumis à des censeurs et à des savans qui considèrent souvent le but historique comme le seul in^rtant et négligent trop Texamen du véritable style, il en résulte que l'artiste se trouve plus retenu, plus captif, lorsqu'il est forcé d'obéir aux inven- tions de ces censeurs, que lorsque seul il compose de génie un sujet quelconque, dans lequel les rechercher de l'esprit et l'allégorie conventionnelle seraient évidem- ment inutiles et de mauvais goût, ce sujet pouvant être traité absolument dans le beau style de l'antiquité. Aussi nos médailles et nos monnaies sont-elles encore plus dif^ fôrentes de celles des anciens, que nos camées et nos pierres gravées ne le sont des pierres et des camées an- tiques. Les gravures de l'antiquité offrent de si belles et de si instructives leçons que les peintres ne sauraient en rassembler trop d'empreintes. Ces empreintes étant peu coûteuses, on peut en faire de nombreuses collections. Au chap. 6so, Pratique de la Plastique, nous indiquerons les ' Depuis quelques années on a institua i Paris un concours pour U gravure en pierres fines. Celui qui obtient le prii est envoyé pension- naire ^ Rome aux frais de l*élat. Digitized by Google 44 HISTOIRE DE LA PEINTURE. moyens d'exécuter ces moules et ces empreintes, nais trésors qu'on ne saurait trop apprécier. Il semble inu- tile de rappeler ici aux élèves qu'ils doivent être en garde contre les copies et les imitations qu'on ne cesse de faire de ces pierres gravées ; le vice d'exécution et de style est, il est vrai, si sensible qu'il est & croire qu'ils ne seront pas dupes de ces supercheries : mais, comme c'est pour se former le goût et pour s'instruire dans l'art qu'ils se procurent ces empreintes, ils doivent avant d'y chercher des leçons s'assurer de leur antiquité. Quant aux observations particulièrement relatives à l'art et quo l'on trouve dans les écrits faits sur les pierres gravées, sur les camées, les médailles, etc., les artistes n'y re- connaîtront que trop souvent l'incertitude des écrivains^ et ils se garderont de prendre pour des principes assurés toutes ces assertions dictées par la démangeaison de parler de l'art et du goût à propos d'antiques, lorsque ceux qui en traitent ne possèdent que de l'érudition^ Ainsi, sans m'expliquer davantage sur cette question délicate, vu les égards qu'on doit aux habiles archéolo- gues, je citerai le passage de De Murr, qui décrit la pierre gravée, connue sous le nom de CcLchet de Michel-Ange. Il dit donc, après avoir avancé sans preuves que cette pierre est le plus beau morceau du cabinet royal et peut- être du monde, que le graveur a tenu les figures un peu alongées dans cette cornaline, parce qu'on ne peut pas s'écarter de cette proportion sans tomber dans le pesant. Or je demande quel service il a prétendu rendre aux artistes, en leur communiquant une pareille remarque, qui n'est basée ni sur la science des proportions ni sur celle de la géométrie de la glyptique, ni sur rien de Digitized by Google DBS POBTRAITS ANTIQtBS, 4^ fixe et de déterminé. Les artistes exercés étalent seuls capables de traiter cette <{uestion d'art, et De Murr» ainsi que beaucoup d'autre^ aurait dû garder le silence sur plusieurs points (pi'il était incapable d'éclaircir. Enfin, n*est-ce pas en respectant l'art de la glyptique des Grecs et des Romains, que nos graveurs se sont rap- prochés du bon goût et de la perfection? En eJDTet, si Ton compare l'art numismatique sous Louis XIV, en France et dans toute l'Europe à cette époque, à ce même art au- joàrd'hui; si l'on compare même les monnaies, les jetons du règne de Louis XVI, aux monnaies, aux médailles de ces années dernières, et que l'on mette enfin en confron- tation toutes les monnaies d'or et d'argent du 18' siècle avec celles du 19*, on ne doutera plus de l'influence per- nicieuse des écoles passées, et de l'heureuse réforme qu'a opérée sur l'art moderne le respect' rendu à l'art des anciens. Puissions-nous toujours suivre un si précieux guide, afin de n'être pas exposés à la honte de rétro- grader de nouveau ! CHAPITRE 9. DES PORTRAITS ANTIQUES. Ljbs anciens ont exécuté beaucoup de portraits, et, dans ce genre de productions que l'on a grand tort d'appeler subalterne, ik ont fait ressortir toute la phi- losophie, toute la beauté dont il est susceptible. Si les Romains ont été admirables dans la composition Digitized by Google 46 mSTOIRE DE LA PEIlfTURB. ^t la TessemUance de leurs portraits, ef surtout dans l'ex- pression de Tie dont ib les ont animés, nous devons re- connaître néanmoins la sup^iorité des Grecs quant à la «implicite du style et à cette grandeur de langage qui *dans tous leurs ouvrages a quelque chose de magique et exposé au jour, et ota le porta dans le jardin du cardinal • Aldobnindini à Monte-Magnapoli. Cette peinture s'était > parfaitement conserrée sous les ruines. Gomme je fus » par hasard un des premiers qui la virent, je la nétoyai et » la lavai de ma propre main ' : j'eus le plus grand plaisir > de la voir aussi fraîche que si elleVenait d'être peinte, » et je fus cause qu'on lui fit voir le jour fe fui causa da » firla portare alla lace). Un fragment de cette fresque, > représentant un feston de vigne qui serpentait autour > du suj«ty fut recueilli par une personne de l'art comme » ane relique des bons tems; et il le plaça dans son 1 jardin , ajoutant dessous quelques vers qu'il composa » poar servir d'inscription. » On sait que les vases grecs, appelés improprement vaaes étrusques, sont fort recherchés aujourd'hui par les savans et les artistes; tant à cause des sujets qu'ils replié- sentent qu'à cause de k beauté du style et du dessin des iBgures qui les décorent. Cette dénomination de vases étrusques provient de l'opinion erronnée des premiers auteurs qui ont écrit sur ces vases, et entr'antres de Montfaucon, Dempster, Gori, Buonarotti, Passeri, Gaylus et d'Hancarville,.qui les avaient regardés comme des mo- numens de l'art étrusque. Gori et Buonarotti surtout, qui étaient Toscans, s'étaient plu à les considérer comme des ouvrages toscans pour servir l'honneur de leur pays. Cependant, quoiqu'il se trouve de ces vases en Etrurie, * n nVût pas pu la laver sans l'altcrer, si elle eût éle' peinte ï fresque. Digitized by Google 5e HISTOIRE DE LA P£1>TURE. le plus grand nombre provient yIcs tombeaux de Noia, de Gapoile» de Santa-Agatha, de Trebîa, de la Pouîile, enfin des différentes villes de la grande Grèce. On en a trouvé aussi dans les tombeaux d'Athènes ; en sorte que Ton est d'accord aujourd'hui pour les appeler vases grecs ou vases antiques peints. Mais c'est sur ceux de la grande Grèce et de la Sicile que les peintures les plus belles ont été remarquées. Je ne crois point utile ici d'examiner ce que des ob- servateurs étrangers à l'arl ont cru devoir répéter d'après Winkelman, au sujet de l'extrême sûreté et prestesse de main nécessaires» disent-ils, pour exécuter ces sortes de peintures. Mais aux chapitres 285 et i84» sect. 2» on trouvera des conjectures assez nouvelles sur un procédé particulier qu'auront sans doute employé les dessinateurs grecs pour composer ces pantomimes et ces mouvemens de leurs figures dans les sujets représentés sur les vases. Tout le monde a vu des mosaïques antiques. On sait que cette espèce de peinture s'exécute avec de petits cubes colorés, incrustés dans un mastic mou et qui durcit avec le tems. Le style des mosaïques antiques n'a rien de par- ticulier. Les pavés de mosaïque Lithostrotan, opus Tes- selatum, ayant été fort communs chez les Grecs et les Romains, les fouilles nous en ont fait découvrir un grand nombre. On verra au chapitre 6o4» où il est question de cette espèce de peinture, que nous ne cédons en rien aux an- ciens sur ce point ; à moins qu'on ne prouve que les ma- tières artificielles que nous employons', telles que nos verres colorés, sont moins solides et moins propres à un durable poli que les pierres naturelles et artificielles usi- Digitized by Google DES BESTAURATIOXS d'aNTIOUKS. L7) lée* chez les Romains. Au reste celte peinture d'ornement est dispendieuse et rare aujoard^hui. CHAPITRE 12. DES RESTAURATIONS DANS LES jMOJSUMENS DE LA SCULPTURE ANTIQUE. Xjes documens les plus nécessaires sont encore à publier sur l'art de restaurer les antiques; mais cette question appartient à la sculpture» art sur lequel il n'existe aucun traité un peu important. Vers Fan 1797, le sculpteur Gayacîeppi publia à Rome, en tête de sa collection d'antiques gravées» une espèce d'abrégé de l'art de la restauration ; rien n'est plus limité que les aperçus contenus dans cet écrit. Il ne recomman- de que trois choses : premièrement, d'employer du marbre pareil à la figure fragmentée; secondement» de bien con- naître lé sujet que la figure représente; troisièmement» de ne pas scier les cassures» mais de bien conserver leur forme. On n'y trouve d'ailleurs aucune observation sa- vante sur les caractères du nu, rien sur l'harmonie des formes» sur la disposition» et rien même d'essentiel sur le technique de cette opération. On est dans la nécessité de confier aux statuaires la restauration des antiques presque toujours fragmentés et salis; mais quel talent ne leur faut-il pas pour s'identifier avec les idées» le caractère et le goût de ces originaux? quel scrupule ne doit pas les retenir, lorsqu'il s'agit de ménager les parties antiques, en y adaptant celles qu'on Digitized by LjOOQ IC / 54 IIISTOIRB I>E LA PBINTUBE. a été obligé de refaire en entier ? Aussi ce qui choque et répugne fréquemment dai^ la contemplation des statues antiques restaurées» ce sont les restaurations qu'on prend fort souvent par mégarde pour le travail antique. Les têtes mal réparées afiectent surtout la vue et l'esprit d'une manière très-désagréable, et aussi la teinte du nouveau marbre et les scissures. Il faut donc savoir lire l'antique malgré ces raccommodages et ces dissemblances; mais il ne faut pas être indifférent à la vue des vicieuses res- taurations, ni partager l'insouciance de- certains anti- quaires qui ne voient dans une statue qu'un objet d'éru- dition, qu'une matière archéologique, et qui, à f(UH)e de ne contempler les monumens que sous le rapport de leur chère science historique, ne sont nullement impor- tunés, nullement courroucés, lorsqu'ils rencontrent des monumens décomposés, dégradés, abtmés, pour ainsi dire^ par les fausses additions et les hideux raccoutre- meos. Cependant la discordance d'une mauvaise restau- ration doit être aussi pénible qu'une dissonance en mu- sique. Aussi les préventions du public pour les statues antiques proviennent-elles fort souvent de ces faux rac- cordemeus qui repoussent l'attention qu'on eût portée sur des monumens précieux. Il est donc arrivé cent fois qu'un ciseau téméri^ire |i formé de nouveaux plans* creusé de nouveaux sillons, poli et effacé de vivantes finesses. Cent fois on a travesti ces modèles admirables en restaurations accommodées et soumises au goût, au ton des nouvelles écoles et des manières à la mode. Oui, de beaux corps tout entiers ont été dénaturés sous la râpe et par des frottemens destruc- teurs; des membres superbes ont élé amaigris, effilés et Digitized by Google DES RESTAUBATIONS d'anTIQVES. &â rongés pour être unis h de ikmitmux membres discor- dans, laids et sans vérité. Enfin, il fiint oser le dire et personne ne peut raisonnablement le contester» en ne tronre pas un seul net qui ait été par les modernes réta- bli dans l'e^it de Toriginal. Un botït de nez seidement à restaurer parfaitement sur une bonne statue antique» est une tâche que l'art moderne n'a pas Picore su remplir. (J'espère démontrer au chapitre des proportions que la métliode antique d'opter en embellissant proportionnel^ lement» est la seule qu'on puisse employer pour restaurer use figure avec vérité.) Au reate» re d'une autre figure à la figure mutilée» on restaurait enfin par rap^ saudies^.. mais ces questions deviennent étrangères à mon sujet. La plus évidente et la plus choquante de toutes les resitauratioiis vicieuses est celle qui tient à k disposition des parties. Rien de plus gauche» de plus fantastique que les additions modernes de ces statuaires des anciennes académies qui multipliaient sans méfiance leurs correc- tions sur tant de belles statues»* et non-seulement ils blessaient à chaque restitution prétendre ou la mytfao- logie» ou le» mœurs antiques» et l'esprit de l'art i mais ils blessaient les yeux et le goC^t par des lignes disparates. Digitized by Google 56 IllâTOlBE DB LA PEIKTUBE» par des membres disposés avec laideur, par des acoes^^ soires ridicules et souvent horribles, enfin par. des dra- peries factices et du plus mauvais goftU Tantôt ce sont les bras de la Vénus Médicis que l'on place avec la ma- nière et l'élégance de nos figurantes coquettes; tantôt c'est la poitrine de l'Hercule Famèse qu'on sillonne, qu'on pelotte; et le mal n'a lieu que pardevant, le dos du colosse, étant •préservé par la nicbe dans laquelle il se trouvait placé. Ici c'est l'HermaphrodUe qu'on remet sur un matelas bien piqué, bien cardé, tel qu'on en voit dans nos alcôves; là c'est une muse dont on, fait une figure ^symbolique : on lui refait des bras portant quelques attri- buts fantastiques, on lui met ou un miroir en main, pour en faire la Prudence, ou une tour énorme et mal ajustée sur k tête, pour en faire la mère des dieux; tantôt on lui fait tenir une fleur ou une couronne, et cela par pur caprice, par gentillesse. Enfin viennent les rafinemens, l'esprit et les sottes pointes ; et quand ces statues origi- nairement sévères, gracieuses, belles et si simples, sont transportées dans nos musées, elles sont bien regratées, poncées et accoutrées à la moderne et selon le go&t du tems. Mais pour parler aussi des peintures, je ne puis m'em- pêcher de citer, par exemple, la restauration que Carie Maratti a osé &ire de la peinturé antique du palais Bar- berini, représentant une femme ou Vénus nue; restau- ration qui est le comble du mauvais goût. Il s'est permis d'ajouter, eutr'autres objets, un gros vilain vase à la mode des académies de son tems, plus un gros vilain enfant, et cette licence sans égale occupe presque le quart du tableau. C'est ce même peintre au reste qui a retou- Digitized by Google DBS ABSTAUftATIONS b'anTIQVES. 5; cbé fort maladroitement le ciel de la peinture aldobran- dine dont heureusement il a respecté les figures. Je viens de dire que la statue d'Hercule Farnèse avait été retouchée et altérée pardevaiit; je tiens cette parti- cularité d'un sculpteur de Rome» dont le bisaïeul fut Fauteur de cette restauratioii exécutée au palais Farnèse, On remarque donc que le dos de ce célèbre Hercule est bien plus vrai que le devant. Le dos est traité dans le caractère des beaux fleuves antiques du Vatican, et dans la manière grande» suave et vigoureuse de Lysippe. Mais le devant est altéré dans la manière de Michel-Ange, et tout aussi chargé» quoique cependant moins souple. Aussi cette partie antérieure de l'Hercule Farnèse a-t-ellc en- couru les critiques méritées de plusieurs sages admira- teurs de cet ouvrage. On pourrait réunir ici une foule d'observations sur les restaurations qu'on a fait subir à un grand nombre d'an- tiques très-connues; mais cette critique entraînerait trop loin. Cependant je me permettrai un mot sur celle de l'Apollon du Belvéder. On reproche à l'auteur de cette statue d'avoir placé la tète trop à droite, mais ce reproche n'est pas fondé. La tête est bien placée : c'est le col qui» ne se trouvant plus aujourd'hui placé autant à droite qu'iU'était» produit cette illusion. Cette statue, renversée par accident sur le côté droit» fut brisée en haut du bras. On a diminué d'épaisseur cette partie lors de la restau- ration qu'on on a faite et pour déguiser quelques cas- sures» ce qui a déplacé la base du coi. L'ancien tenon soutenant le bras droit est devenu inutile aujourd'hui» parce que le restaurateur a voulu placer la main plus bas et sur le tronc de l'arbre. L'avanl-bras droit restauré Digitized by Google 58 IU6T01IIB BE LA PB1I«TUR£. s'emmanche mol ayec le bras, faute qui se juge mieux lorsqu'on voit tout œ bras par derrière. Le poignet est d'ailleurs trop renversé. Lorsqu'on examine ces restau- rations au flambeau, on ne découvre ni formes ni mus- cles, on ne voit que du poli; tandis qu'on aperçoit au flambeau sur le torse de cette superbe statue les dentelés, les cotes et tous les musdes. Cette antique serait beau- coup plus goûtée si elle était réparée conformément à l'original prototype ; car il est vraisemblable qu'elle n'est qu'une copie très-habilement traitée, sous Adrien, d'après quelque bronze célèbre. Au reste ne plait-elle pas assez déjà telle qu'elle est avec ces restaurations ? je m'expli- que, je veux dire que sa célébrité extraordinaire faisant penser à tous ceux qui la contemplent qu'elle est le mo- dèle par excellence, le modèle des mod^es, et lenecplug ultra de l'art, cette prévention n'est pas sans inconvénient pour les progrès de la critique. En eflet, on n'ose trouver le moindre défaut dans un ouvrage duquel on a dit: « Ce chef-d'œuvre de l'art est au-dessus de toutes les » louanges comme de toutes les descriptions. Cette figure » étonnante a toujours été regardée comme la règle des » belles proportions, et comme le point le plus haut où » le génie ait porté l'expression de la beauté idéale ? m (Yasi. Itinéraire de Rome*) Voyez au reste ce qui est dit sur cette statue au chap. 55. Mais tout nous fait espérer que ce mauvais teras de l'art moderne ne revi^adra plus, et que les artistes char- gés de restaurer des antiques y mettront la réserve et le savoir que leurs vues nouvelles doivent fortifier tous les jours. Les sages et heureuses restaurations des antiques du musée de Paris justifient cette espérance, et tous les Digitized by Google UTILITi DE L'i^TUDS DJB l'aNTIQUE. Sq sculpteurs de l'Europe se faisant gloire aujourd'hui de se rendre élèves des maîtres de l'antiquité ^ on ne saurait douter des beaux progrès et des grands résultats qui doi- rent honorer de nouveau la sculpture et la statuaire. Terminons par citer ce que dit Millin dans son Dic- tionnaire de« Beaux- Arts : « L'artiste qui se charge de l'art des restaurations des > monumem antiques ne doit se les permettre qu'à l'ap- » pui d'autorités non suspectes. II est plus difficile qu'on >. ne le pense de découvrir ces autorités» d'en devinor 1 l'analogie, d'en respecter la force, et de résister aux 9 séductions de l'imagination. Il faut, pour les distinguer, 9 une parfaite connaissance des monumens de l'antiquité, » beaucoup de patience dans l'examen qu'on en fait, 9 une pénétration peu commune, une grande justesse » d'esprit, et surtout un vif amour de la.-V^ité; ainsi » rien de pkis rare que de bonnes restaurations. » Que de choses ne pourrait-on pas ajouter à ces judicieuses réflexions ? CHAPITRE 13 CONSIDERATIONS SUR L'UTILITE DE L'ETUDE DE L'ANTIQUE. J^'adhibation universelle que causent tous les jours les che&hd'œuvre des anciens blesse souvent la vanité de quelques esprit* importuâés de tant de louanges ; aussi répètent -îk que les hommes d'autrefois n'ayant pas été plus par&its que ne le sont ceux d'aujourd'hui, c'est Digitized byGoqgle 6o UISTOIRB DE LA PJilNTLRlî. par un préjugé condamnable que Ton préfère lès pro- ductions antiques à celles. qui sortent aujourd'hui de nos mains» Quelques écrivains ont même poussé Tenvie jus- qu'à combattre de toutes leurs forces le mérite des plus illustres génies de l'antiquité» en sorte qu'Homère a trouvé des détracteurs et Virgile des parodistes. Les statuaires et les peintres grecs eurent aussi les leurs, et bien qu'il n'existe qu'un petit nombre de ces critiques dédaigneuses» le peu qu'on en connaît n'est que trop funeste à l'art. Commençons par citer quelques propositions de ces en*- nemis des anciens. Charles Perrault, de l'académie française, écrivait en 1688 que la grande admiration qu'on avait pour les grecs, ne provenait que d'un préjugé : que nos statues, et par- ticulièrement celles de Girardon, n'auraient besoin pour être autant estimées que les statues antiques que de deux mille ans de vétusté et d'une teinte enfumée. Il cite à l'appui de son paradoxe, l'histoire ou plutôt la fable du Cupidon sculpté par Michel-Ânge, statue qui fut prise, dit-on, pour une antique, parce que celui-ci s'était diverti à l'enfouir sous terre pour donner le change; et il pré- tend que beaucoup de statues modernes boivent ainsi du jus de fumier pour cire plus tard produites au grand jour comme de précieuses reliques de l'art grec. « C'est par » un vain luxe, dît-il ailleurs, qu'on fit mouler h Rome les » bas-reliefs de la colonne trajane, et ce ne fut que pour * étaler un échafaudage extraordinaire sur une colonne » de six vingts pieds de haut. » Il assaisonne ces téméraires déclamations des préceptes les plus absurdes, et va jusqu'à dire que les beautés de l'architecture sont arbitraires, ne passant pour beautés que par l'usage et l'accoutumance. Digitized by Google UTILITÉ ©E l'AtXWHÏ DE l'aNTIQUE. 6l Mais aujourd'hui encore, si tous les détracteurs de l^antique osaient publier leurs haineuses critiques, nous serions fort étonnés de voir raversioa qu'entretiennent pour les chefs-d'œuvre anciens, non-seulement des gens du monde, mais même des artistes de grand renom, et nous serions convaincus en même tems que cette aversion ne provient réellement (amour-propre et calculs de ja- lousie à part) que de l'ignorance qui laisse un si vaste champ à l'aveugle vanité. Cette aversion fut pendant un tems à la mode, et on l'a portée quelquefois si loin, qu'on jetait du ridicule sur les monumens les plus admirés. Dans les ateliers de Bouchardon, par exemple, n'a-t-on pas entendu dire par ce professeur que les formes de l'Apollon du Belvédère ressemblaient à celles d'un navet ratissé, et qu'il fallait dans les dessins qu'on faisait de. cette statue, donner .un peu plus de souplesse, quelque peu de molesse^ un je ne sais quoi enfin propre à détruire la roideur de la pierre *. Dandré Bardon publiait dans son Traité de Peinture et * L*ainour en marbre, de Bouchardon, statue qui fit tant de bruit dans le tems, est exposée depuis peu daos une des salles du LouTrc. En la considérant, un conçoit fort bien que son auteur ne trouvait pas l'an- tique de son goût. Pourquoi donc tant d* éloges, tant de fracas dans le tems où parut cette figure ? c'est qu'elle offre ce qu*on appelait un trait d'esprit : L'Amour taillant son arc dans la massue d'Hercule. Mais qu'on ôte cette massue, plus d'admirateurs, plus de connaisseurs en sculpture. Monsieur, me dit un jour an de ces amateurs qui prétendent s'at- tacher aux finesses de l'art, savez- vous quel est le plus beau des deux chevaux qu'on voit aux Tuileries h la gfille du pont tournant? Non, monsieur, je l'ignore. Eh bien ! monsieur, c'est celui qui est représenté sanf bride ; car une bride n'est assurément pas le symbole de la célérité. Je ne vis rien à répliquer. Digitized by Google Ga HISTOIRE DE hk PEINTt&E. de Sculpture, que» pour contre-poison des pratiques vi- cieuses que peut faire contracter l*étude de l'antique, il fallait associer à' la noblesse des formes grecques et rcH- maines» ces délicates^s mbëlleuses, ce dégagement ani- mé, etc. , etc. 11 n'osait pas dire ces grâces et ces manières françaises qui font que les tableaux sont rantés, achetés, et bien payés en France, lorsqu'ils offrent franchement le goût de Paris et le style du jour. Méfiez -TOUS de l'antique, méfiez -vous du marbre, criait-on à David, lorsqu'il partait pour Rome; et cepen- dant ce fut à l'étude de l'antique qu'il dut tout son savoir; et ce fut à la fréquentation des amis savans de Tantiquité qu'il dut ces idées fermes et ces doctrines certaines qui le rendirent si habile dans la* science du nu et des ca- ractères. Voici ce qu'on lit dans le Dictionnaire de Pemety: « Il ne faut pas que la peinture tienne trop de l'antique, > parce que les figures ressentiraient le marbre et la 1 statue Le trop grand calme des figures grecques » rendrait la peinture froide, inaniiAée, et peu énei^ique. » Rubens, dans' son manuscrit cité par de Piles, semble ins- pirer la même méfiance au sujet des marbres antiques. Et remarquez bien qu'on inspirait cette méfiance même aux sculpteurs. C'est une chose assez singulière qu'au lieu de dire : Ne copiez pas pour vos études les antiques qui peuvent être froides et inanimées, on ait dit : Ne copiez paa exac- tement les belles antiques, parce que les figures de vos tableaux sentiraient le marbre et la statue; comme si une statue animée et vivante, parce qu'elle est exécutée en bronze, en bazalte ou en porphire, ne saurait avoir Digitized by Google UTILITÉ DB l/i!sTUBB DE l'aNTIQVE. 65 en miîtatian le degré de molesse et de souplesse qui lui Gonvieut. Ne voli-on pas dans les ateliers de sculpteurs, des figures en terre encore molle, mais qu'il serait fort dangereux d'imiter, à cause de leur roideur et de leur dureté; des marbra trop iJious par leurs formes et qu'il ne faudrait pas étudier? tels sont sonveut ceux de Bernini et d'autres statuaires de son école. On s'est récrié aussi contre l'étude des empreintes en plâtre, étude, a-t-on dit, qui accoutume à faire blanc et dur; mais ces craintes sont chimériques, si le peintre a étudié d'ailleurs le coloris : ou bien il faudrait aussi qu'il s'abstint d'observer les linges et les étoffes blanches et irès-claires; ce qui serait une retenue ridicule, puisqu'on remarque tous les jours un coloris trop rose, des formes trop amollies sur des tableaux dirigés par l'étude des statues. Au reste, plusieurs de ceux qui ont signalé l'étude de l'antique comme pernicieuse si on n'apporte pas toutes les précautions qu'ils indiquent, ont répété ces conseils d'après d'autres et sans avoir acquis une idée juste de cette étude et de ces modèles. On croirait, d'après leurs craintes, que l'art antique n'offre partout qu'un idéal iàntastique, qii'une beauté inaccessible et mystérieuse, comme s'il ne s'agissait dans tous les ouvrages des an- ciens que des symboles imposans de leur première théo- gonie. Mais outre ce nombre infini de divinités char- mantes de vérité sorties de leur ciseau, combien ne peut- on pas admirer d'images naïves de la simple nature? quelle quantité de figures humaines et non divinisées ! quelle quantité d'animaux de toute espèce I combien d'i- mitations pwes et frappantes par la ressemblance ! Ce Digitized by Google 64 HISTOIRE DB LA PEINTVBE. n'est pas seulement pour avoir représenté la ma)esté de Jupiter et l'héroïsme des guerriers qu'on admire le savoir des anciens ; c'est pour avoir en tout saisi l'esprit et les intentions de la nature» dans la forme, par exemple» d'Hercule déifié, ou de Vénus parée de sa pudeur, comme dans la forme du cep de vigne qui serpente autour du laurier d'Apollon; dans le mouvement d'unécuyer com- battant, comme dans le repos d'une draperie ou d'un léger ornement. « Comment voulez-vous» disent les critiques, qu'un » peintre imite, dans la représentation de sa figure, la 1 manière idéale de l'antique qui sacrifie toutes les pe- » tites formes constituant la vérité de la nature? Qu'offre » en effet l'antique aux yeux du peintre? des jambes et 9 des membres si différons de la nature individuelle, » qu'ils paraissent comme des colonnes étudiées au com> » pas; une chair si différente de la chair ordinaire, qu'on » n'y voit ni plis ni souplesse d'épiderme; les parties dé- » licates et suhliles des muscles, les veines mêmes y sont » retranchées, etc.. »; mais c'est le cas de répéter que ces ennemis de l'antique le redoutent sans le connaître. Os n'ont donc ni examiné ni raisonné les productions vraiment classiques des anciens; ik n'ont jamais su dis- tinguer cette maxime : que les dieux dans les images an- tiques n'étaient pas des héros, ni les héros des hoinmes ordinaires, et que dans ces différons caractères, l'art des Grecs offre des modèles parfaits. Ces critiques vous disent que les anciens] n'exprimaient dans leurs figures ni les veines ni les plis de la peau; et ils vous signalent quelque 8tatue médiocre d'Apollon ou de Jupiter, faite dans le bas -empire, voi^s rappelant les figures toutes de chair Digitized by Google vriLiri DE L*iTUDB ])£ l'antique. 65 de Bemini , les muscles nombreux de Michel- Ange , les Teines et Tépiderme des figures de Puget : ils ont lu dans Winckelmann, que les dieux nourris d*amI)roisie n'étaient jamais représentés avec des veines» puisqu'elles ne con- tenaient point un sang grossier; mais en supposant qu'il ftkt vrai qu'une considération de cette nature ait jadis retenu quelques artistes, un Coup-d'œil jeté sur les plus beaux ouvrages grecs suffirait pour rendre plus circons- pects ces critiques. Ne peuvent^ils donc pas compter tous les mouvemens des muscles, des tendons et de la peau sur les deux figures appelées gladiateurs? qu'ils suivent toutes les ramifications des veines sur les tempes et les pieds du Lapcoon; qu'ils voient le portrait parfait d'un individu dans le torse du faune Barbérini ; ou s'ils veulent du décrépit, s'ils se plaisent dans l'imitation des peaux ridées et pendantes, qu'ils examinent sans sortir du musée du capitole tant de bustes de vieillesse : une Hécube, une 'Ménade, une vieille femme assise tenant une outre, et tant d'autres qu'il serait superflu de rappeler. Un mot de Pline à ce sujet aurait dû cependant désa- buser ces critiques. « Les jeunes garçons de Céphisso- 9 dore, dit-il, qui, dans leurs jeux se tenaient les bras » enlacés, semblaient imprimer leurs doigts délicats plu- . » tôt dans la chair que dans le marbre. * (Liv. xxxvi. ) Au reste, la belle Vénus qu'on vient de découvrira Milo, et qu'on possède à Paris, en dira plus sur ce point que tous nos raisonnemens. Il faudrait d'ailleurs renvoyer ces critiques à l'étude des questions physiologiques relatives aux formes de la santé et de la beauté, etc., pour leur persuader que les Grecs savaient très-bien distinguer la souplesse saine et l'exagération flasque de la chair. TOME II. S Digitized by Google 66 1II8T01RB DK LA PBINTUBB. « On ne peut se dissimuler , dit Reynolds » que le ca- • ractère de tant de milliers de statues antiques qui nous » sont parrenues, n'approche beaucoup d'une tranquîl- » lité roide et inanimée. » Je conviens avec Reynolds qu'un grand nombre de statues n'offrent pas des modèles d'action tels qu'on en désire souvent pour certains ta- bleauXy et tels que les anciens en ont produit dans leurs nombreux bas-reliefs. Mais des statues sont des statues ; et pour des figures isolées » et pour le caractère qu'on a voulu leur donner, elles sont ce qu'elles doivent être, et peuvent presque toujours servir de modèles pour des tableaux n'offrant aussi qu'une seule figure. Les anciens n'ont-ils donc pas animé à un haut degré leurs statues, et n'ont-ils pas exprimé de vifs mouvemens, lorsque cela convenait ? de même ^ quand la nature du sujet leur commandait la réserve, la retenue et l'économie dans les gestes et les mouvemens, ont-ils jamais manqué de les caractériser? mais qui oserait avancer que dans ce calme même ils n'ont pas su exprimer la vivante sou- plesse du corps ni faire disparaître la roideur de la ma- tière ? et qui pourrait contester le grand mérite des an- ciens en ceci, je veux dire en cet art d'exprimer l'actioa et l'existence lorsqu'ils représentaient le calme, et d'ex- primer la plus noble décence lorsqu'ils représentaient la véhémence et la vivacité ? C'est ainsi que Praxitèle avait su rendre à la fois dans ^a fameuse Yénus admirée à Gnide et la vie de la Volupté et la chaste réserve de l'Amour : la grâce de Yénus et la dignité d'une déesse. Si l'on critique aussi la ressemblance qui parait exister entre plusieurs têtes antiques, je ferai observer que cette ressemblance ne se trouve qu'entre celles qui représentent Digitized by Google UTILITi DB L'iTVBR DE l'aNTIQUE. 67 la même diTinité. Car chaque divinité avail chez les an- ciens un caractère convenu» consacré même» et qui pro- bablement provenait, ainsi que l'a conjecturé M. Heync» de celui qui avait été prescrit par quelque artiste célèbre. Ainsi la tête de telle ou telle statue fameuse de^ieu ou de déesse était devenue prototype de toutes les têtes de cotte divinité. Au surplus (et ceci, qui n*a encore été dit nulle part, sera expliqué au diap, sa S et suiv.) cette ressem- blance, quant au caractère général, n'est que fort rare** ment une ressemblanoe dans les traits et dans ce qu^on appelle la physionomie,^, physionomie que les artistes an- ciens savaient emprunter aux divers individus servant de modèle, mais dont souvent ils embellissaient les traits pro- portionnellement d'après le ataum, convenu et consacré pour chaque divinité. Voilà pourquoi on voit tant de têtes de Minerve, qui bien que frappantes au prime abord par ce caractère de Minerve, sont cependant si dissemblables quant aux traits, et ont toutes, malgré Tembellissement, une physionomie individuelle et un accent naturel et varié. Et ici est à remarquer cette liberté admirable que laissait à chaque artiste l'excellente théorie des beaux tems de la Grèce. Lorsque Tiziano alla àRome (selon Felibien, Conlérences de rAcadémie), il fit une raillerie contre les imitateurs du groupe de Laocoon, les représentant sous la figure d'un fiinge avec ses petits, pour critiquer les peintres qui, comme des singes, au lieu de produire quelque chose d'eux-mêmes, ne faisaient qu'imiter ce que d'autres avaient fait avant eux. Mais Tiziano ne critiquait que les copistes, et peut-être les parodistes de ce morceau anti- que; il ne Toulait sans doute pas en critiquer l'étude. Digitized by Google 68 HISTOIBE DE i.A PEINTURE. car on voit qu'il avait lui-même dessiné la tête de Lao- coon pour celle du Christ couronné d'épines , fameux tableau du musée de Paris, et peut-être aussi pour son tableau de Saint-Pierre Dominicain. Quant à la critique qu'on a tenté de faire des draperies antiques, composées, a-t-on dit, de longs tuyaux roides et parallèles, c'est ou un malentendu ou une prévention. Non-seulement on admire dans l'antique une foule de draperies libres, agitées, légères, souples et variées de mille manières , mais dans les draperies nobles et tran- quilles on trouve le moelleux des étoffes et le jeu de la nature. Pour ce qui est de la convenance du caractère dans les draperies antiques, qualité que nous ne savons apprécier que bien rarement et qui semble même nous être étrangère, il faut dire que jusqu'à la fin de l'art romain et jusque dans ses plus médiocres productions cette convenance et cette propriété de caractère se trou- vent portées à une telle perfection que cela seul suflirait pour rendre les artistes anciens étonnans et admirables. Cesdraperies sont d'ailleurs si heureusement imaginées, qu'on peut hardiment défier nos artistes d'en jamais com- poser de plus belles, de plus aisées et de plus gracieuses. Ne nous occupons pas davantage de ces préventions modernes répétées dans des livres où tant d'écrivains trouvent commode de se copier les uns les autres. Passons aux éloges que tant de maîtres autrefois et depuis peu ont sincèrement accordés aux travaux des anciens. D'abord il ne nous sied guère d'être plus difficiles que ces Romains qui allaient sans cesse étudier à l'école de la Grèce. Horace, qui en fut un illustre disciple, nous prescrit leurs leçons le jour et la nuit. Gicéron ne cher- Digitized by Google VT1LIT& DE l'étude DE l'a?ITJQU£. 6g chait-il pas à ravir à Démosthènes ses secrets? Virgile n'étudiait -il pas Homère; Quintilien, Aristote? et les mêmes modèles archétypes n'ont-ils pas toujours guidé et rallié les plus- beaux génies modernes ? Mais revenons h la pdnture et à la sculpture. Ovide, pour donner une haute idée de la beauté du centaure Cyllare, disait : < La forme de ses épaules, ses 9 mains, sa poitrine, tout ce qu'il a enfin de la figure > humaine, est d'une beauté comparable aux chefs- 9 d'œuvre de l'art les plus admirés, i» (Métam. xii.) Écoutons Plante : < Rien de plus séduisant, dit -il, » depuis les pieds jusqu'à la tête, que cette belle captive. » Si vous en doutez, examinez-la ; vous croirez voir une 9 peinture d'une exécution parfaite. » Nous disons aujourd'hui : cette personne^ est belle à peindre; mais les anciens disaient : cette personne est belle comme une peinture^ « Ne vous imaginez pas, dit Maxime de Tyr, pouvoir » trouver une beauté naturelle qui le dispute aux statues. » Philostrate, en parlant d'Euphorbe, dit qu'il était si près de la beauté d'une statue, qu'on l'aurait pris pour Apollon. Au sujet de Néoptolème , il s'exprime ainsi : c Achille, son père, le surpassait en beauté, comme les 9 statues surpassent les hommes. » Enfin, on trouve de toutes parts, chez les écrivains anciens, des éloges non équivoques qui attestent leur grande estime pour ces chefsir d'œuvre qu'on peut dans certains tems méconnaître et dépriser, mais qui toujours serviront de modèles. Yenons-eA à quelques citations d'écrivains modernes : « Ne cherchez point, dit Winckelmann, h découvrir des V défauts dans les ouvrages de l'art antique, avant que Digitized by Google } HISTOIRE D£ LA PBINTUBE. VOUS ayez appris à en saisir les beautés. Cette maxime est fondée sur Texpérience journalière. La plupart de ceux qui peuvent voir les productions de Tart par eux* mémeSy et qui sont obligés d'apprendre des autres à les juger, échouent dans la connaissance du beau, parce qu'ils veulent être censeurs avant d'avoir été disciples ; ils font comme des écoliers qui ont assez de fmesse pour voir le côté faible de leur mattre. Notre vanité ne se contente pas d'une contemplation oisive, et notre amour-propre veut être flatté : pour satisfaire l'une et l'autre, nous voulons juger; mais comme il est plus aisé de trouver une proposition négative qu'une proposition, aflirmative, de même il est plus facile de découvrir les défauts d'un ouvrage que d'en sentir les beautés. Il coûte moins de peine de juger» que d'en- seigner. Les soi-disans connaisseurs s'approchent d'une belle statue, exaltent sa beauté en termes généraux; c^a ne coûte rien ; et quand ils ont promené long- tems des regards incertains sur l'ouvrage, sans avoir saisi ce qu'il y a de bon dans ses parties, et sans en avoir pénétré le principe de la perfection, ils les fixent sur les défauts : dans l'Apollon, ils remarqueront le genou en dedans, ce qui est plus du restaurateur que du mattre : dans le prétendu Antinous du Belvéder,. ils critiqueront les jambes jetées en dehors : dans l'Hercule Pamèse, ils se 'rappelèrent avoir lu quelque part que la tête n'est pas proportionnée au corps, et ils diront qu'elle est Un peu petite. Ceux qui se piquent d'une érudition plus profonde, vous raconteront à cette occasion, que la tête de cet Hercule a été trouvée dans un puits, à une lieue de la statue, et que les jambes ont Digitized by Google VTILIT& DE l'ÉTUDB DE lIA5TIQUE. 7I été découTertes à dix lieues loin du tronc; -conte rap- porté gravement dans plus d'un livre : de là vient que Ton ne remarque dans la statue que les additions mo- dernes. C'est de cette nature que sont les remarques que les guides aveugles font faire è ceux qui voyagent à Rome. D'autres se trompent par trop de circonspec- tion; sous prétexte de se dépouiller de toute prévention en faveur des monumens antiques, ils paraissent avoir pris la ferme résolution de ne rien admirer : froids à la vue d'une belle antique, ils n'ont garde de s'en laisser affecter, parce qu'ils croiraient déceler l'ignorance, en se livrant à un transport d'admiration. Cependant Platon prétend que l'admiration est le sentiment d'une ame philosophique et le commencement de la sagesse. Voulez-vous être initié dans les mystères de l'art ? faites autrement : approches-vous d'un esprit prévenu en faveur de l'antique : persuadé que vous serez d'y trouver du beau, vous le chercherez, .et à force de le chercher, il se dévoilera à vos yeux. Retournez jusqu'à ce que vous l'ayez trouvé, car il existe. > 9% Évitez de répéter les décisions des gens du métier; ils préfèrent presque toujours le difficile au beau. Cet avertissement n'est pas moins utile que le précédent, parce que telle est, en général, la routine des artistes ordinaires qui n'estiment que le travail, sans faire cas du savoir; ils croient souvent montrer plus de talent quand ils produisent sur le marbre un rézeau travaillé à jour, que quand ils en tirent une figure d'un dessin précieux. » 3^ Faites, à l'imitation des anciens, une différence > entre l'essentiel du dessin et les accessoires, soit pour Digitized by Google 7S niSTOIBE DB LA PEINTURE. » que votre jugement ne tombe pas à fieiux en reloTant » des choses qui ne méritent aucun examen» soit aussi » pour que votre attention puisse se diriger et se fixer » sur le véritable but. » Associons à ces réflexions de Winckelmann, celtes de son digne ami» Raphaël Mengs : c Quant k la préoccupation pour les Grecs, dit ce 9 dernier, cette passion même sera favorable, puisque les 9 restaurateurs modernes des arts doivent tout ce qu'ils » ont de bon à cette même préoccupation, laquelle tant » qu'elle a régné en Italie y a soutenu les arts avec » honneur. En France, les arts sont tombés en déca- » dence à mesure que cette prévention s'y est perdue ; • et dans les pays où cette espèce d'enthousiasme n'a 9 jamais été connu, on n'est jamais parvenu non plus à 9 un certain degré de perfection, » Le mépris que l'on a porté aux ouvrages de Tanti- 9 quité, a fait tomber la sculpture moderne dans l'état 9 déplorable où nous la voyons aujourd'hui.... ' Je crois » que, sans se tromper, on peut dire que le goût des 9 anciens était celui de la beauté et de la perfection. » Écoutons maintenant J. Reynolds, cet écrivain si judi- cieux. Voici comment il s'exprime à ce sujet : « C'est par les débris des ouvrages de l'antiquité que 9 les arts reprirent naissance chez les modernes, et c'est * Les écrits de K. Mengs et de Winckelmann n*oiit pas peq contriboé k faire ressauir les préceptes des anciens et ^ opérer la belle révolution qn*ont éprouvée les beaux-arts. Ils porteraient donc aujourd'hui un autre jogemenc sur notre sculpture et sur les tableaux de la fin du dernier siècle et du commencement de celui-ci. Mais ils poursuivraient proba- blement leurs critiques et leurs regrets sor la marche (|ne tend à reprendre depuis peu en France la peinture. Digitized by Google UTILITÉ Ds l'Étude de l'antique. * 75 » par leur moyen qu'il faut chercher à les &!re revivre » une seconde fois parmi nous. Quelque mortifiante que » soit cette idée» nous devons cependant convenir que > les anciens sont nos maîtres, et l'on peut hardiment » prédire que du moment où nous négligerons de les » étudier, les arts cesseront de fleurir, et que nous re- 9 tomberons aussitôt dans la barbarie. • Plus loin il ajoute : c On doit donc chercher avec empressement et étu- » dier avec soin toutes les inventions et toutes les idées » des anciens sous quelques formes qu'elles se présentent, » soit statues et bas-reliefs, soit pierres gravées, camées > ou médailles : le génie qui plane sur ces respectables » monumens peut être regardé comme le père de Fart ». chez les modernes. » c Les choses antiques, dit Dolce, contiennent toute la » perfection de l'art, et peuvent servir en tout de mo- » dèles. » e L'antique est une admirable traduction à l'aide de » laquelle on parvient à reconnaître les beautés de l'ori- 9 ginal.... Plus vous aurez étudié l'antique, plus la nature » vous paraîtra grande, variée, admirable. > (Emmebic David. Recherches wr l'art statuaire.) t Les artistes modernes se sont révoltés contre l'étude » de l'antique, parce qu'elle leur a été préchée par des » amateurs ; et les littérateurs modernes ont été les dé- » fenseurs de l'étude de l'antique, parce qu'elle a été > attaquée par des philosophes. » £t plus loin le même auteur ajoute : c II me semble qu'il faudrait étudier » l'antique, pour apprendre à voir la nature. » (Diderot. Critique du Salon.) Et en ce point il se rencontre avec Buffon. Digitized by Google 74 UISTOIAE DE LA PEIJNTVBE. Yisconti a dit depuis : « Celui qui calque ses ouvrages 9 sur la nature ne saurait être fort éloigné des originaux » de l'antiquité. » Le Batteux écrivait : « L'antique fut pour nous ce que » la nature avait été pour les anciens. » « L'étude de l'antique peut seule conduire à la connais- » sance des beautés de la nature : c'est ainsi qu'Eupompe, » après avoir étudié les ouvrages de Polyclète, se proposa 9 la nature pour modèle. » (Hagedorn.) Rubens» dans son manuscrit traduit par de Piles» dit que nous ne pouvons rien produire de semblable aux ouvrages des Grecs, et que l'esprit des anciens était vrai- ment héroïque. « Comment nous dédommager, disait Florent le Comte, > de la perte des beaux tableaux de l'antiquité, si ce n'est » en retrouvant le chemin qui a conduit leurs illustres au- » teurs à cette perfection dont nous avons à peine l'idée ? > « Parmi les chefs-d'œuvre d'artistes (dit Lavater, que » je cite ici, quoique ses recherches se dirigeassent peu » vers la beauté), le premier raug a toujours été assigné » aux statues grecques des beaux tems de l'antiquité : » l'art n'a jamais rien produit de plus sublime ni de plus » parfait; c'est une vérité généralement reconnue. » < Quand les modernes surpasseront les anciens, les 9 ouvrages de la Grèce cesseront d'être classiques. » (Armand. Béfiêx.) On lit ce passage dans l'Encyclopédie : « L'antique et » les grands maîtres dans l'art du dessin doivent être 9 copiés avec la plus grande précision, la plus grande 9 fidélité; j'oserais même dire avec une soumission ser^ » vile, ear il n'y a pas de honte à être esclaves de tels » maitres. » Digitized by Google VTihiri DE l'étude de l'antique. 75 Ne pourrais-je pas citer aussi ce que Bitaubé dit au sujet des traductions (page 4& de TIHiade. Paris. i8o4) : « Les traductions des anciens les font connaître et en 1 répandent le goût dans une nation : elles accélèrent ses » progrès et peuvent aussi retarder son déclin vers la 9 barbarie, en lui montrant au moins des copies des » modèles que l'on commence à négliger; copies qui » peuvent l'engager à remonter aux belles sources; copies » qui, toutes faibles qu'elles sont, peuvent être une con- » damnation tacite des monstres qu'enfante la dégradation » des talens. » Enfin voici deux réflexions d'auteurs tout modernes : « Ceux qui ont pris les Grecs pour modèles, depuis » le renouvellement des arts et des sciences, sont encore » ceux qui se sont acquis le plus de gloire, non-seulement 9 en peinture et en sculpture, mais dans tous les arts et » toutes les sciences. L'étude de la littérature grecque » nous a donné les Tasse, les Racine, les Pope, les Boi- B leau, les Poussin, etc., etc. Contre les faits, il n'y a » pas à réclamer. > (Lbns. Du ban goût en peinture.) t C'est le flambeau des Grecs qui a dissipé les ténèbres » qui couvraient nos froides régions de la Gaule : ce n'est » qu'en renouvelant notre commerce avec ce peuple dé- » licat et poli, que nous pourrons écarter la barbarie qui » nous menace au milieu même de nos cfaefs*Ki'œuvre. » (Geoffbot. Contment. sur Racine» P. 65 1. Tome 4- Paris. i8io.) Mais il fout que je finisse ces citations par le mot que David n'a cessé de répéter à ses élèves : c On ne fidt rien de beau» soit en peinture, soit en » poésie, sans le secours des anciens, t Digitized by Google 76 HISTOIBE DB LA KBINTURE- Quoiqu'il y ail eu des critiques prévenus qui se sont attachés à rabaisser le mérite^ des anciens» on ne peui pas dire qu'il y ait eu des gens de bonne foi haïssant réel- lement Tantique. Mais souvent il arrive que, quand un artiste n'a pas su, ou n'a pas eu le loisir de consulter les anciens/ soit quant au style et au goût, soit quant à la science ; et qu'après les avoir consultés, il n'a produit à la fin qu'un ouvrage faible et tout empreint du goûfc moderne, il cherche alors à dénigrer l'antique. Il répète que le goût des anciens était bon pour leurs tems, et que le nôtre, bien que dijDTérent, n'en est pas moins excellent; il établit des dissemblances forcées entre la sculpture et la peinture; et ne veu^t point reconnaître les peintures antiques existantes comme pouvant servir de modèles en la moindre chose, parce que, dit -il, ce ne sont que des décorations, des frises, des jeux de pinceau sans e^et. La simplicité antique, il l'ap- pelle froideur, monotonie; il met en avant la néces- sité de piquer et d'émouvoir le public dans ce siècle 011 tous les moyens, assure-t-il, sont usés et où il faut fas^ ciner par un certain éclat et par un ressort absolument neuf et inattendu ; souvent il couvre, comme il peut, la pauvreté de son ouvrage, et feint d'attribuer à une réso- lution bien calculée ce qui n'est que l'effet d'une misérable habitude de singerie et d'une triviale téméi^ité; enfin il se prévaut de l'exemple des peintres modernes de grand renom, maîtres en vogue qu'on est toujours prêt à citer, et cela parce que, malgré leur goût malheureusement opposé à celui de l'antiquité, ils ont jeté par leur manière souvent barbare et parfois même grotesque, un assez grand éclat et qu'ils ont fait preuve d'un très-grand talents Digitized by Google tlflLlTÉ DB L*iTUDB DB l'ANTIQTO. 77 f>seral-je dire encore qu'on a refusé quelquefois de prendre l'antique pour modèle par cette seule raison qu'on croyait le surpasser en faisant différemment, et qu'ainsi on a prétendu le corriger et le perfectionner» comme si l'on pouvait ignorer que tout l'art antique est le résultat de plusieurs siècles de méditations et d'études suivies par un grand nombre d'hommes de génie? D'autres sont de meilleure foi : ils se vantent d'imiter et d'égaler l'antique; mais, aveuglés par la vanité, ils ne font que des espèces de charges du style antique, et n'obtiennent que des parodies que les ennemis de l'art grec ne manquent pas de signaler. Us croient apercevoir dans l'antique un art de routine et de lazzis, et s'ima- ginent qu'il ne faut que s'abandonner à cette même ma- nière, à ces mêmes lazzis, pour arriver au même but. Mais où ne les conduit pas leur vanité? ils sont roides, sans vie et sans naïveté dans leurs figures ; leurs compo- sitions sont symétriques et froides ; dans les draperies, ils restent lourds ou entortillés ; enfin, malgré leur espèce d'audace, ils s'éloignent d'autant plus de ce goût antique si facile à saisir, selon eux, qu'ils se vantent d'en appro- cher de plus près. D'autres enfin, et c'est le plus grand nombre, vou- draient bien penser, disposer et dessiner comme les anciens ; mais ils n'ont jamais vu dans l'antique le fond et le principe de l'art; ils n'en ont goûté que la superficie, et ce n'est qu'à l'aide d'une doctrine incertaine et toute subordonnée à un sentiment très-vague lui-même, qu'ils entreprennent de marcher sur les traces des artistes d'autrefois. Peu ingénieux dans les moyens, peu exercés dans les comparaisons, le goût des écoles modernes et Digitized by Google 78 ' HISTOIAB DB LA PBIlfTIJBB. iliabitude des ateliers les domineni et les violentent; une certaine méfiance les retient, et, tout en aimant les anciens, ils produisent des ouvrages qui ne sont au total qu'une répétition assez insipide de tout ce que l'art mo- derne offre de moins philosophique et de moins relevé. Mais ne dois-je pas encore ici mettre en opposition avec la gravité et la force qu'exige une pareille étude» la légèreté et la liberté un peu suffisante de ces élèves, qui vont esquissant, croquant çà et là les bas-relieb et les statues, sans autre préoccupation que celle de leur adresse et de leur vivacité de crayon; cherchant à sé^ duire par un faire qu'ils appellent spirituel et qui n'est qu'impertinent ; appelant études ce qui n'est que babil de la main, et propageant ainsi des copies sans caractère, sans vérité, sans ressemblance, de ce qui ne devrait être répété qu'avec prudence, qu'avec un religieux scrupule et un respectueux recueillement ? Souvent ces mêmes artistes, pour perpétuer leur talent facile et libertin,' confient à la gravure leur travail, et les portefeuilles se trouvent remplis de ces pauvres et chétives gravures où l'antique n'est plus reconnaissable, tant il est estropié, dégradé et misérablement travesti. II existe encore une autre espèce d'imitateurs de l'antique qui, faute de tems et d'étodet^ ont contribué, tout en le faisant respecter, à en donner une idée fausse et défavorable : je veux parler des décorateurs. Ces ar- tistes pressés dans leur travail, détournés de la médita- tion nécessaire à ces sortes d'études, ont produit souvent de souvenir des répétitions grossières de l'antique, et le public n'a pas toujours goûté ces imitations; cependant on ne doit point les r^arder comme dangereux, car Digitized by Google uTiLiri DB l'êtudb db l'antique. 79 dégagés des préjugés d'école» peu révérencieux envers les styles des Florentins» des Carraches et des académies, ils tâchent de s'élever de suite au grand style et à cette noblesse antique dont l'aspect est toujours fait pour entretenir de belles pensées. Leurs dispositions, leurs attitudes, leurs draperies, leurs coiffures sont belles, sont conformes au vrai goût, et malgré la rudesse et la roideur du travail, ils contribuent à propager l'esthne si utile que l'on doit aux anciens. Ici je m'explique : je ne parle que de ceux qui aiment et tâchent de suivre les modèles antiques mêmes, et non de ces décorateurs qui, pour être neufs, vont couvrant les panneaux, les plafonds et les papiers de tenture de figures baroques et déplaisantes, d'arabesques ridicules et sans intention, appelant du nom d'antique et quelque- fois d'étrusque leur pitoyable style. Que peut-on conclure de ces diverses observations? Premièrement que, s'il faut connaître les anciens pour les aimer sincèrement , il faut aussi hs aimer pour les connaître; de plus, que ce n'est qu'à force de les étudier, de les analyser, de comparer leurs intentions sages et élevées aux habitudes un peu capricieuses et un peu routinières et irréfléchies des modernes, que ce n'est qu'en pénétrant continuellement les cituses qui ont dé- terminé les anciens à saisir tels ou tek caractères de la nature, tels ou tels calculs de l'art, en un mot, que ce n'est qu'en les interrogeant et en les consultant sans cesse qu'on parviendra à s'idehtifier avec eux, à penser comme eux, et à conduire le grand art de la peinture à son but et par le véritable chenûn. Enfin ce n'est qu'au moyen d'un très-grand nombre Digitized by Google 8o RISTOIBB D£ LÀ ^BINTVAE. de modèles ou de monumens^ que l'artiste pourra se convaincre que toutes les parties de l'art sont observée» jusqu'à la perfection dans les plus beaux ouvrages de l'antiquité; que le peintre, comme le sculpteur, doit y aller puiser les exemples de la composition et de la vraie poésie graphique; que là seulement les mœurs antiques, héroïques et mythologiques, ou historiques, sont retra- cées et reproduites en images fidèles; que là se trouvent les plus ingénieuses et les plus sages études de la dispo-^ sition du tout et des parties; enfin que le dessin et toutes les qualités dépendantes de son immense domaine, y brillent de plus d'éclat que ne pourront jamais en pro- duire tous les ouvrages modernes réunis Vérité, beauté, charme, expression, vie, simplicité, pureté, phi- losophie, perfection de détails, excellence d'ensemble, grâce et finesse d'exécution, toutes ces conditions s'y re- trouvent et s'y font admirer. Le goût des draperies, des coifiures, des ajustemens, des accessoires et leur conve- nance, ne saurait jamais être porté à un plus éminent degré. Ces mêmes anciens n'ont-ils pas aussi laissé les règles les plus sûres de l'art des portraits ? enfin si les modèles de clair-obscur et de coloris sont rares dans le petit nombre de peintures antiques que le hasard a fait découvrir dans des lieux peu propres à recevoir des chefs- d'œuvre, ces mêmes fragmens ne peuvent-ils pas nous donner une idée très-nette des véritables principes de ces deux conditions importantes de l'art? Concluons en un mot que, pour faire servir à la peinture la contemplation et l'étude des antiques, il ne nous reste plus qu'à recher- cher ou à expliquer les élémens qui constituent tant de beaux ouvrages, afin de pouvoir ensuite en faire une heu- Digitized by Google UTiLiTi DE l'Étude de l'antique. 8i reiue application. Déjà d'habiles écrivains ont coopéré à ce précieux travail; déjà les arts en ont ressenti les effets bienfaisans : c'est donc le même but qui va me diriger» et ce sera l'analyse de l'art antique qui deviendra mon principal moyen dans les recherches théoriques qa« j'aurai à poursuivre dans tout le cours de ce traité. Cependant, dira-t-on, est-il bien vrai que nous n'avons pas d'autres leçons à recevoir et à suivre que celles des anciens, et est -il prouvé que, parmi les combinaisons imaginées par les modernes, il ne s'en trouve aucune qui ait ajouté à l'art de nouveaux charmes, ou de nou- velles perfections ? — Aucune. — Pourquoi donc, dira-t- on encore, s'est-il trouvé des écoles où les élèves goû- taient avec une ardeur et une sensibilité extrêmes le style que vous appelez vicieux, et la manière de leur tems et de leurs maîtres ? Ne serait-ce pas par certains préjugés que vous recommandez autant cette affection pour les statues et pour tous les ouvrages de l'antiquité ? — Non. — La jeunesse, avide d'apprendre, est portée à imiter; elle reçoit profondément les impressions, et n'aspire qu'à res- sembler aux hommes célèbres, pour lesquels elle a conçu de bonne heure de la considération. Dans les téms vicieux de l'art, le mauvais goût était transmis du maître à l'élève: les charmes de la sculpture grecque n'étaient point ex- posés à leurs yeux, ou ils étaient appelés mystérieux et trop étrangers aux mœurs d'alors; et si on louait l'anti- que, c'était sans le proposer pour' modèle. Enfin, ajoutera- t-on, vous ne persuaderez pas que certains modernes, en se livrant en toute liberté à leur propre goût et à leurs inspirations, n'aient pas laissé d'heureux exemples à suivre en certaines parties, fussent-elles accessoires; et l'antique TOME II. 6 Digitized by Google 8t HISTOIRE DE LA PEINTURE. eût acquis certainemeat quelques charmes de plus» si les artistes d'autrefois se fussent abandonnés de tems en tems h ces mêmes libertés, à ces mêmes inspirations* Ne trou- Yons-nous pas des preuves de ces perfectionnemens dans nos meilleurs statuaires modernes ? Enfin l'art ne gagne- rait-il pas, en adoptant, par exemple, la chaleur des mouvemens de Michel-Ange, le caractère de ses formes, la morbidesse des chairs, et Jia molesse gracieuse des marbres de certains statuaires de nos jours, leur fini précieux et leur ciseau recherché ? En un mol, pour parler de notre plus renommé statuaire, n'admirons- nous pas les cheveux si doux, les sourcils fondus et les pieds si ten4res de Ganova, comme des qualités ajoutées à l'art antique ? — Non, pas plus que les fossettes aux joues et au menton ; moyens faux de raffinement adoptés par quelques restaurateurs modernes. L'art des Grecs était pur et excellent; leur sensibilité était extrême; et ils ont dû repasser dans leur esprit toutes les combinaisons dont l'intelligence humaine est susceptible. Leur grand savoir, la finesse de leur tact et de leur jugement, leur a fait rejeter ou adopter précisé- ment ce qu'il convenait d'adopter ou de rejeter. Rien de nouveau ne peut être ajouté à l'art antique, que des dégra- dations et des flétrissures ; et si, après les périodes grecques où l'on a vu l'art atteindre à la perfection, des artistes pleins de talent n*ont pas ambitionné autre chose que de marcher sur les traces des Phidias, des Polyclète, des Praxitèle, des Lysippe, des Protogène et des Apelle, devons -nous rougir de nous aider des mêmes réserves et de suivre ces mêmes guides? Non, ce droit d'aspirer à des perfectionnemens de notre choix, ne nous sera ac- Digitized by Google UTILITi DB Ii'iTUDB DE l'anTIOVE. 83 cordé que lorsque ces anciens que nous voulons corriger auront été imités et égalés. Mais parlons de la distinction déjà indiquée au cha- pitre 5* Les grandes leçons qu'on peut puiser aujourd'hui dans les sculptures antiques exécutées à Rome, même dans les tems postérieurs de l'art, ont paru h certains artistes un ali- ment suffisant, et tous n'ont pas pensé à remonter jusqu'à la source pure de la Grèce. Le caractère de grandeur de la sculpture romaine, son aspect noble et pompeux a été plutôt senti et goûté que les finesses sévères et les naïvetés attiques. Raphaël, par exemple, n'a presque étudié que les bas-reliefs et les statues nemaines. Le prime abord dans les monumens romains est tou- jours imposant par la disposition, par l'ordre et la variété des grandes parties, par la netteté, la force, ainsi que par la richesse et la magnificence : ces qualités séduisent; souvent elles imposent à l'œil et à l'esprit, laissant tou- jours une grande idée de l'art. ^ Mais si les Grecs n'ont pas constamment manifesté d'aussi belles ordonnances, d'aussi grandes décorations, et cela par d'autres vues et pour se conformer à toutes les convenances, que de charmes dans leur simplicité ! Que de savoir et de senti- ment dans leurs images naïves et toujours gracieuses! Mais surtout quelle justesse, quelle vérité, quelle pro- priété dans les formes, dans l'anatomie, dans le méca- nisme humain, dans l'espèce et le caractère I Quel lan- gage, quel style simple, pur et enchanteur ! Nous blâmons les artistes qui, sous les Antonins, abandonnèrent cette sévérité éloquente de la sculpture grecque; pourrions- nous, sans rougir, n'y pas aspirer nous-mêmes? Digitized by Google 84 BISTOIRB DB LA PBINTLRE. Cependant cette préférence qu'on recommande pour les modèles grecs, ne devrait point exclure Tétuêle des monumens romains. U n'est pas rare de trouver des artistes trop exclusifs en ce point : souvent l'enthousiasme qu'inspire ce goût si pur et si touchant des ouvrages grecs, iait mépriser les productions mêmes du beau tems de Rome. Cet excès, qui est un préjugé blâmable» pourrait passer pour un symptôme d'ignorance ou de présomp- tion; car on supposerait par }à, ou qu'ils se croient déjà eux-mêmes au-dessus de ces beaux modèles romains, ou qu'ib n'ont pas l'esprit assez étendu pour en comprendre le mérite et savoir s'y attacher. Faisons encore une Jtéflexion qui se développera dans le cours de ce traité : c'est que» pour imiter la science et le style des anciens» il faut les imiter dans toutes les par- ties qui constituent l'art; ainsi» pour prendre quelques exemples» s'il s'agit de la pantomime, on peut dire que dans un tableau» sans la convenance ou le mode du g^te, il n'y a point de style ai^ique; sans unité dans le carac- tère des formes ou de l'espèce, il n'y a ni goût ni style antique; sans la disposition une, c'est-à-dire régulière, mais exempte de duplicité, il n'y a ni aspect ni physio- nomie qui rappelle l'art de l'antiquité. Toutes ces con- ditions et tant d'autres doivent donc être étudiées dans les anciens, soit remains» soit grecs» ou, pour mieux dire» dans des écoles complètes, dont toutes les leçons soient empruntées à l'antiquité. Il faut maintenant signaler de nouveau les méfiances que l'on ose quelquefois inspirer aux élèves pour ces sources inépuisables de bon goût et de perfection. Qui croirait que les erreurs des peintres qui oublient la na- Digitized by Google UTILITi DE L*irV'DE DE l'ÀNTIQVE. 8^ ture sont attribuées, même par des professeurs, à cette affection que nous récommandons ici pour les modèles grecs ? Mais quelle étrange fa^on de raisonner, ou quelle dissimulation dans le raisonnement ! Une parodie de Racine ou de Corneille rend-^lle donc blâmable Tétude tles qualités de ces poètes sublimes, et l'antique est -il dangereux parce que des artistes sans jugement et sans délicatesse nous donnent pour du goût grec leurs pitoya^ blés inventions ? Les regrets et les plaintes des critiques devraient être dirigés autrement et plus utilement. Ce ne sont pas les modèles grecs qu'il faut redouter et éviter, mais ce sont les prétendues copies qu'en font des ar^stes ridicules, qu'il faut signaler ' comme de criminelles im- postures ; ce ne sont pas les règles et les préceptes des anciens qui peuvent égarer, mais bien les manières et les gentillesses insidieuses de ces artistes dont les ouvrages libres et capricieux n'influent malheureusement que trop sur le goût national; Ae ces artistes, qui se vantent d'être- ftmiliers avec le goût pur de l'antique, lorsqu'ils n'en ont fait les profondes études que sur les écrans, les por-« celaines et les peintures des boudoirs. Enfin (car il faut* parfois répondre en passant aux principales objections de- ces détracteurs de l'antique qui se plaisent à attribuer les* écarts des artistes à l'imitation des monumèns et à l'aban- don des anciens goûts d'école), disons que lorsqu'on re- commande aux élèves l'étude des anciens, dans les bas- reliefe, les statues, les pierres gravées et les peintures, on ne veut pas leur insinuer le précepte bannal d'imiter ou de copier telle ou telle figure, telle ou telle composition; on veut leur faire sentir que les diverses qualités qui constituent l'essentiel de l'art, se trouvent rassemblées Digitized by Google 86 HISTOIRE DE LA PEINTURE^ dans ces beaux modèles conformes en tout à la belle nature, et que toutes les inspirations du génie naturel des artistes» ainsi que l'impulsion de leur goût individuel, ne peuvent jamais» sans le secours de ces mêmes règle a antiques, les élever aux grands résultats des arts. Vous souriez, lorsque des gens étrangers à la sculpture vous demandent ce qu'il peut y avoir de si beau dans us marbre grec mutilé et sali ; dans un bas-relief monotone et sans illusion; mais l'homme éclairé sourit de pitié» lors- qu'il voit que ces mêmes marbres, apportés à grands frais» d'Athènes et de Rome, que ces mêmes monumens, tant admirés par des artistes, influent si peu sur leurs ouvra- ges, et que tout leur enthousiasme se réduit à une con- templation stérile; enfin que cette grande sévérité de goût et de style qu'ils s'empressent et se vantent de re- marquer, ne produit que des paroles oiseuses et sans effet* Aussi David disait-il souvent : « J'entends louer l'antique » de tous côtés, et quand je cherche à voir si on en fiût » des applications, je découvre qu'il n'en est rien. 9 N'est -il pas affligeant pour le savant, nourri du style des écrivains de l'antiquité, familier, autant avec les con-^ ceptions et les images d'Homère, qu'avec les expression» figurées des artistes de la Grèce; n'est-il pas, dis-je, affli- geant pour lui de voir que les efforts des artistes tendent à plaire à ces brocanteurs qui trafiquent des œuvres de lazzis de tant de peintres des derniers siècles, ou à ces fastidieux prôneurs, qui répètent éternellement- les lieux communs empruntés au langage des catalogues, plutôt qu'aux hommes dont le goût est relevé et délicat, et qui ont tant à cœur l'honneur de l'art? D'où vient donc le peu d'influence des modèles éter- Digitized by Google DES COLLECTIONS d'aNTIQVES. 87 nellement admirés et respectés? Non-seùlement de Toubli de l'antique, mais il faut le dire, du mépris de l'antique. Vanité barbare, jadis tu infectas Rome, tu triomphas du boa goût, et tu soumis les génies les plus élevés ! Louan- geurs funestes, tous l'alimentez cette vanité ennemie de la perfection , cette vanité qui pfilit en voyant les résul- tats dé l'ordre, de la pureté et de la sagesse. Vos idées stagnantes et votre complaisance dans le cercle étroit de vos doctrines flétries, feront croître de nouveau ces pré- jugés que des hommes courageux ont taché de détruire, mais qui renaîtront bientôt, s'ils trouvent encore un sou- tien dans vos trompeuses théories. CHAPITRE 14 DES COLLECTIONS D'ANTIQUES. XJBs découvertes que l'on fait tous les jours multipliant de plus en plus les collections d'antiques, il serait fort difficile de foire connaître toutes celles qui existent en Europe. On peut bien indiquer les musées des souverains et les cabinets qui appartiennent à des familles riches ; mais les collections particulières changent de maîtres , changent de lieu, se dissolvent, tandis que d'autres se forment de nouveau. Tel cabinet ne renfermera qu'une ou deux pièces recommandables, et tel antre, quoique considérable, n'offrira au contraire que des morceaux de choix. D'ailleurs combien de médailles, de camées, de terres -cuites, de vases peints, qui, disséminés çà et là, ne peuvent être signalés dans un catalogue. 11 exîs- Digitized by Google / 88 HISTOIRE DE LA PBIi^'TURE. terait néanmoins un catalogue approximatif, si le zèle et l'amour pour l'antique étaient sincères. En e£fet, les propriétaires de ces raretés ne detraient-ils pas se hâter de les faire connaître par des empreintes» par des gra- vures, des lithographies» par des dessins et par des des- criptions ? Ces recueils gravés ne devraient-ik pas être par- tout annoncés aux artistes? Les peintres» les statuaires» ne devraient-ik pas se les procurer à l'envi pour en faire un objet de contemplation et d'étude» en enrichir leurs portefeuilles » et faire connaître même à ce sujet leurs critiques et leurs observations ? Cependant les choses ne se passent point ainsi. Des morceaux exquis sont relégués dans des lieux inconnus; personne ne les contemple» si ce n'est quelques froids érudits» en sorte qu'il peut arriver que les plus piquans» les plus instructifs sujets de discussion» restent pendant des siècles dans l'oublia Aussi notre projet d'une calcographie universelle d'aix- tiques a-t-il été imaginé pour empêcher ces fâcheux aban* dons. Les princes de Rome sont certainement les plus zélés» les plus généreux» et les plus sincères dans leur amour pour les monumens antiques recueillis dans leurs gale- ries. Leurs belles villa, leurs palais» sont ouverts à tout le monde; le moindre élève connaît mieux que le prince» tous les fragmens» tous les débris réunis en ces précieux dépôts. Aucun local de leurs vastes habitations n'est tenu secret; aussi les principales richesses de Rome sont-elles indiquées dans plusieurs catalogues. Il n'en est pas pré- cisément de même des cabinets d'amateurs ou d'anti- quaires si nombreux dans cette ville classique. Les spé- Digitized by Google DBS COLLECTIONS d'aNTIQUBS. 89 culations qu'on y fait sur ces sortes d'objets empêdient qu'on ne les mette en évidence. Néanmoins, c'est incontes- tablement à Rome que les facilités sont les plus fréquentes pour jouir de ces sortes de recherches » car les raretés en ce genre que renferme Paris et Londres surtout, sont bien moins accessibles. Ce serait donc provisoirement rendre un grand service à l'art, que d'indiquer les morceaux d'antiquité qui se voient dans les différens endroits du monde. Deux mots, sur le lieu où ils se trouvent et sur l'espèce et le carac- tère des monumens, coûteraient peil^au voyageur : de pareilles indications dirigeraient au moins l'amateur ou l'artiste, et faciliteraient le choix des morceaux qu'on Toudrait ou étudier ou perpétuer par la gravure; Rome seule fournirait les trois-quarts de cet utile catalogue. Il est assez étrange qu'on n'ait pas tenté de faire au moins celui de toutes les antiques renfermées dans cette capitale des arts. Les itinéraires de Florence, Venise, Naples, Gênes, etc., et celui de Rome par Yasi peuvent en partie y suppléer, Dellaways a écrit en 1816 sur les antiques conservées en Angleterre, etc. Ces ouvrages donnent quelques indications utiles ; mais le vrai moyen de par- venir à un catalogue universel et instructif est celui qu'au chap. 16 nous allons proposer. Digitized by Google 90 HlSTOIBfi Dii LA PBlIfTVBE. CHAPITRE 15. CATALOGUE DES ESTAMPES PUBLIÉES D'APRÈS TAN- TIQUE, COMPRENANT: i» LES MUSEUM LES PLUS CÉLÈBRES, LES VILLA, CABINETS, ETC.; a« LES STA- TUES ET BAS -RELIEFS; 3* LES PIERRES GRAVÉES, LES CAMEES, LES MEDAILLES; 4» LES PEINTURES ANTIQUES, LES VASES PEINTS, LES MOSAÏQUES; 5« LES ORNEMENS, LES VASES, LES CANDELABRES, LES LAMPES, ETC.; ET 6» LES ANTIQUITÉS EN GÉNÉRAL OFTOANT DES PRODUCTIONS D'ART. l^B catalogue a été reporté au volume i*'. CHAPITRE 16. PROJET D'UN MUSÉUM CALCO GRAPHIQUE UNIVERSEL D ANTIQUES, GRAVÉES SELON UN MODE UNIFORME, CONTENANT TOUTES LES PRODUCTIONS ANTIQUES QUI PEUVENT SERVIR AUX PROGRÈS DE LA PEINTURE, DE LA SCULPTURE ET DE L'ARCHÉOLOGIE. JLiB nombre des gravures publiées d'après les monumens antiques est immense; il augmente tous les jours, et le besoin des archéologues, autant que celui des artistes, fera poursuivre avec une activité toujours croissante les re- cherches qui, à l'aide de la gravure, pourront faire con- naître entièrement les anciens. A-t-on cependant atteint le but, en diversifiant et en rendant si peu uniformes tant Digitized by Google GALCOGBAPHIB UNIVBBSBLLE d'ARTIQUES. 9I de gravures destinées à iaire connaître les monumens? Et ne faut-il pas aujourd'hui s'entendre un peu mieux en Europe, sur la méthode la plus convenable et la plus utile de perpétuer par la gravure les beautés de l'art des an- ciens ? Depuis plus de deux siècles on a vu paraître, à Rome surtout, une fouie de gravures représeotant divers mo- numens ; mais ces gravures sont de toutes sortes de di- mensions et de toutes sortes de modes d'exécution, ce qui rend impossible le rassemblement qu'on voudrait en faire en un recueil unique et régulier. Tantôt aussi elles sont l'ouvrage d'un burin visant à l'effet et étranger à l'art antique, plutôt qu'elles ne sont de véritables produc- tions de l'art du dessin : souvent ces représentations sont d'une petite dimension et grossièrement indiquées. D'autres fois elles ont été exécutées avec une infidélité, une négligence et même une certaine manière plus propre à causer de la confusion dans les idées et des dommages à l'art, qu'à lui apporter quelque profit. Cependant il faui en excepter un assez grand nombre de bonnes gra- vures tant isolées qu'appartenant à des recueils ou à des musées, et dans lesquelles la simplicité et le beau carac- tère antique, qualités si difficiles à transmettre, sont asses bien conservés. Les productions en archéologie sont très-fréquentes» et presque toujours des gravures accompagnent les dis- sertations. Mais l'incertitude où sont les auteurs, ou les éditeurs de ces productions, sur la forme, la dimension et le caractère qu'ils doivent donner à ces gravures, ne provient -elle pas de ce qu'on n'a pas un type commun Qt universel auquel on devrait le plus souvent se confor- Digitized by Google g2 HISTOIEB I>B LA PEIHT1IR£. mer ?. Et s^il est vrai que le format des livres qu'on publie détermine ordinairement un certain choix dans Tespèce de planche qui orne ces livres, très-souvent aussi l'auteur on l'éditeur est le mattre d'adopter telle ou telle forme indifféremment» A Paris on a beaucoup gravé d'après l'antique, et c'est même le pays où l'on a le plus fréquemment imaginé de rendre utiles aux arts du dessin les collections que la gravure y multiplie tous les jours de mille façons ; mais sans parler des ouvrages qui, tels que celui de Mont- faucon, par exemple, sont lâches, peu corrects et sans caractère, ou qui, tels que plusieurs autres plus modernes, sont maigres, pauvres, quoique minutieux et recherchés, sans citer, dis-je, telle ou telle production gravée en France d'après l'antique, ne peut-K>n pas dire qu'on a manqué le but, parce que ces représentations sont exécutées arbi- trairement de toutes sortes de façons, souvent même d'après de mauvaises méthodes, et qu'elles sont tellement disparates, tellement incohérentes et si souvent éloignées d'ailleurs du langage propre à ces sortes de traductions, que de tous les efforts de leurs auteurs ne résulte point cet aliment substantiel qui seul peut dans tous les tems redonner à l'art moderne de la vie et du crédit ? * Ce- pendant chacun sait qu'on n'en doit point dire autant * « La plupart des gravures d'après les plus belles pierres gravëes me » dëplurenC, dit Camper, parce que je crus y apercevoir un goût go- » thique, comme on peut le voir par les représentations d'ailleurs bien » ezëcut^es des empereurs romains publiées par Hub. Goltius en i645. » Il en est de même de Tristan, Beger, Bonanus ; mais on est sur- » tout révolté du Numismata dans le Thésaurus Antiquus Grœcus » de Gronovius, et dans Gracvius et Burman, mime dans Picart el » Gaylos. » Digitized by Google CALCOGBAPHIE URirBBSBLLB d' ANTIQUES. 9? du précieux recueil du musée français publié par MM. Laurent, ni de quelques autres ouvrages dans lesquels les grands progrès de l'école moderne se font si bien re- marquer. En Angleterre, on a gravé aussi des monumens; mais, quoique Técole d'Angleterre soit éloignée du mesquin et du grossier, les gravures qu'elle produit d'après l'antique sont un peu dépourvues de caractère, et sont traitées d'ailleurs aussi dans toutes sortes de modes d'exécution et sans méthode déterminée. La critique que je me per- mets ici ne saurait atteindre le mérite des gravures exé- cutées d'après les fragmens grecs très-bien indiqués dans le Voyage de Stuart et dans d'autres ouvrages plus mo- dernes. L'Allemagne a fait paraître aussi plusieurs œuvres gravées d'après les monumens, et l'on en produit encore tous les jours dans ce pays où l'amour de l'antiquité fait de constans progrès; mais on doit lui appliquer le même reproche en ce point qu'aux autres nations, et les artistes qui se chargent ou que l'on charge de ces publications n'ont pas plus que les autres une idée nette du meilleur mode de dimension et d'exécution qu'il convient d'adopter. D'ailleurs ils sont eux-mêmes (aux exceptions près qu'il est juste de faire) dénués de ce nerf, de cette grâce, de cette correction , etc. , qui sont des qualités indispen- sables dans ce genre d'imitation, genre tout particulier et plus sévère, il iaut le dire ici, que celui qui a rapport aux productions de l'art moderne. Enfin toutes les gravures de l'Europe nous font désirer aujourd'hui l'emploi d'une méthode servant de type, qui, une fois adoptée dans une collection classique et univer- Digitized by Google 94 HISTOIRE DB LA PBINTVBB. selle; forcerait pour ainsi dire les dessinateurs à rester dans la vraie route aifectée à ce genre de traduction. Ils ne chercheraient à se distinguer dans cette calcographie unÎTerselle que par les premières qualités de Fart, sans vouloir déguiser leur ignorance des secrets de Tantique» sous les dehors de gravures ou de dessins dont la netteté passe aux yeux de beaucoup de inonde pour de la pureté, la sécheresse et l'aridité pour de la correction sévère, et l'étude afiectée des parties subalternes pour une rare austérité d'imitation. Quoique les avantagés que peut promettre le projet que l'on communique ici ne semblent pas relatifs au perfectionnement intrinsèque de l'art de dessiner les monumens, mais seulement à la commodité de ceux qui font des recherches studieuses dans ces sortes de recueils, il est évident que l'émulation qui résulterait d'un ouvrage général et collectif où les meilleurs artistes auraient fixé les vrais types serait très-propre à l'amélioration de l'on- vrage lui-même, en ce qu'aucun coopérateur ne voudrait rester en arrière dans cette espèce de concours européen. Cependant, il ne s'agit point précisément ici de donner des leçons aux artistes chargés de perpétuer par la graphie ces monumens, ni de signaler les qualités qui sont indis- pensables dans ces sortes d'ouvrages, quoiqu'on ait cru devoir placer quelques réflexions théoriques à la fin de ce projet; mais il s'agit de convenir universellement d'un moyen premier, indépendant pour ainsi dire du savoir des copistes, moyen qui doit nécessairement produire une amélioration dans tout ce qu'on publierait dorénavant sur les chefii-d'œuvre de l'antiquité. Ainsi, les bases de la méthode universelle qu'on devrait Digitized by Google 'CALC06RAPHTB VNITERSELLB d'anTIQUES. gS adopter en Europe, sont la dimension du format ou du volume; la dimension des planches» oelle des figures, des figurines et des autres objets; la classification des genres; la disposition des divers monnmens sur la même planche; le mode d'inscription et de signes de repère; la méthode d'exécution, quant au dessin et à l'art du graveur; enfin Fespèceet le caractère du texte qui pourrait accompagner ou ne pas accompagner l'estampe. Yoilà les bases dont on peut facilement convenir, et qui, étant adoptées même par approximation, offriraient un résultat infiniment important pour l'élude du dessin et de l'archéologie dans tout le monde artistique. Si nous cherchons h fixer notre choix sur celui des recueils de l'Europe qui pourrait être préféré comme modèle, nous serons un peu embarrassés. Les ouvrages de luxe et d'apparat sont exécutés en estampes de di- mensions dissemblables avec toutes sortes d'accessoires inutiles ou même hors du sujet; leur disposition n'est ni régulière, ni méthodique, ni appropriée aux genres qui. sont cumulés sans ordre dans ces livres; enfin l'éta- lage inutile du burin n'a souvent rien de caractéristique, et ne concourt point à l'expression juste des modèles. On connaît aussi des collections d'un petit format où les figures gravées ne sont point assez développées, où un trait souvent maigre et insuffisant, laisse à désirer le ca- ractère du monument et de la forme. Il y a de plus des recueils exécutés presqu'en miniature, et n'offrant rien de la grande manière et de la simplicité des originaux. En- fin, on ne voit guère de collection en ce genre qui puisse être adoptée pour modèle, et sur laquelle les éditeurs et les artistes puissent se baser dorénavant. Digitized by Google 96 HISTOIRE »B LA PBIIfTURE. Néanmoins» c'est peut-^tre malgré ses grossiers défauts VAdmiranda de-P, Santi Bartoli qui se rapproche le plus du type qu'il conviendrait d'adopter quant à la dis- position et à la dimension. Mais combien de planches détestables dans ce recueil, et combien de manières dans l'exécution de quelques-unes ! Il semble cependant que le but qu'on se proposait en formant cette collection ayant été d'être utile aux artistes, c'est, à cette seule idée pre- mière qu'on doive ce qu'elle peut avoir de classique. Mais aujourd'hui n'avons-nous pas les moyens de faire infiniment mieux, le goût des anciens étant beaucoup plus répandu et plus fixe en même tems parmi nous ? Il fau- drait donc tâcher de se rapprocher un peu de ce format, et même de prendre quelque chose de la méthode avec laquelle sont traitées, sous le rapport mécanique, quel- ques-unes des gravures qui le composent; mais aussi il faudrait y ajouter ce que l'on met si bien aujourd'hui dans d'autres ouvrages, où la vérité, la précision, la sim- plicité et la franchise se font surtout remarquer. Qui ne conçoit pas toute l'utilité et tout l'agrément résultant d'une collection uniforme qui s'augmenterait indéfiniment, et qui serait grossie tous les jours dans toute l'Europe par les diverses productions gravées d'a- près les monumens; toutes les feuilles de cette collection pouvant être classées dans un ordre quelconque par celui qui les rassemblerait ? La méthode d'exécution d'un tel muséum étant une fois déterminée, et tous les artistes rivalisant et faisant tous leurs efforts pour y concourir, on verrait les plus habiles dessinateurs s'exciter à l'envi par le désir de faire . remarquer l'excellence de leur savoir dans une collection Digitized by Google CALGOGBAPHIB VN|VE]|g£Il.Ë d'anTIQUR$. 97 OÙ chaque morceau pourrait toujours, et à quelqu'époque que ce soit, être ajouté dans le tout; ce concours étant d'ailleurs ouvert pour tous, et l'exécution étant à la portée de tous les dessinateurs. En eiTet le procédé de la gravure par Teau forte, retouchée au burin, serait préférable à tout autre. Ces mêmes tentatives en gravure sont au contraire perdues pour l'artiste peu intéressé à ces sortes d'essais, vu qu'ils ne peuvent se débiter ni se rapporter à aucun corps d'ouvrage connu et classique. Quant à l'avantage qu'on peut retirer aussi du procédé lithographique, il sera ap- précié par tout le monde. Quelle sûreté n'offre pas ce projet à tous les dessina- teurs d'après l'antique, graveurs ou éditeurs, dans toute l'Europe, puisque toutes leurs productions, même en feuilles isolées, seraient acquises certainement pour grossir la suite du muséum universel, et qu'ils n'auraient d'autre précaution à prendre que celle de reproduire des monumens qui n'auraient pas encore été gravés dans cette œuvre, reproduction qui, au surplus, n'aurait aucun inconvénient I II faut même dire que l'on comparerait avec plaisir les diverses traductions exécutées probable- ment d'après différons points de vue, en sorte que l'art et l'archéologie n'en retireraient que plus de profit. Quant à l'archéologie elle-même, on imagine aisément quel secours elle trouverait dans un tel ouvrage par son volume toujours croissant et indéfini, et par la feuille de texte interposé après chaque planche, texte que les anti- quaires discuteraient ensuite, corrigeraient et augmen- teraient à volonté dans des livres de même dimension. Ces livres indiqueraient aisément les planches du muséum auxquelles toutes ces dissertations se rapporteraient. TOVE II. 7 Digitized by Google 4)8 inSTOIRK DK LA PEINTURE. La plupart des monumens publiés sont accompagnés ^ dissertations volumineuses qui empêchent les artistes ^t même les curieux de faire l'acquisition de ces sortes de recueils dispendieux; mais ce muséum s'acquérant successiTement pièce à pièce» coûterait peu aux amis de Tart. Il est vraisemblable, par exemple» que la précieuse collection que lord Ëlgin a rapportée d'Athènes à Londres, et qui est achetée par le gouvernement anglais, sera gravée avec -luxe et h grands frais typographiques. La plupart des artistes seront donc privés de ces gravures; tandis- que, si l'on connaissait déjà le format et la mé- thode d'exécution d'un muséum universel et uniforme, peut-être la gravure répéterait-elle sans délai tous les morceaux de cette inappréciable collection* On peut penser de même au sujet des dix -sept statues expor- tées il y a peu d'années de l'ile d'Egyne à Rome, et que l'on y a restaurées pour le prince royal de Bavière. La même observation est à faire au sujet d'une infinité de monumens ou de séries de monumens qu'on ne cesse de découvrir. S'il importe peu qu'on grave dans toutes sortes de dimensions Raphaël, Michel -Ange ou Gorregio, parce qu'une collection uniforme en ce genre est impassible, la fonction du burin étant de nous faire connaître la diver- sité infinie des maîtres et une partie de leur coloris, il n'en est pas de même lorsqu'il s'agit d'une collection de monumens antiques sculptés, dont les gravures doivent touteflrse rapprocher, se classer et faire pour ainsi dire un cours complet de l'art tel qu'il fut chez les anciens. Quel moyen facile cette méthode univeradle n'o&e*- Digitized by Google GM.COGBAPHIB UniTEHSRLIiB D ANTIQUES. 99 t^eile pas à un ami de l'astique désirant servir à la fois et son goût et son art I il pourra enrichir le muséum d'un on de plusieurs morceaux qu'il aura iait exécuter, ou qu'il aura loi*méme exécutés avec la plus grande correction; le débit des exemplaires d'une ou de deux planches l'oc- cvpera peu» parce que les frais en seront à sa portée; et en mettant son nom comme éditeur ou comme dessina- teur à une gravure appartenant à ce muséum connu et classique» il sera sûr et de se faire honneur et de servir Fart dans lequel il aura d'ailleurs par ce travail parti- culier fiadt une étude très-profitable pour lui-même* Ce recueil une fins connu et une fois consacré» toutes les productions de l'art antique doivent en acquérir plus de considération et de prix : on imaginera de les publier toutes par ce moyen simple et généralement pratiqué en Europe» au lieu de les délaisser comme on le fait le plus souvent ; car» pour publier quelques fragmens an- tiques» il fiiut en quelque sorte un livre qui attire l'ache- teur» il £siut un texte recommandable ; tandis que le moindre texte suffirait dans ce cas» feute d'un autre plus complet. C'est ainsi» pour faire une comparaison» que quand on découvre un monument quelque part» et qu'on ne connaît point de musée central dans la province ou dans la ville où on l'a découvert» on l'abandonne presque toujours. De même donc» quand on ne connaît point de 4lépit calcographique et classique» on ne le &it pas graver. Cette grande collection uniforme n'empêcherait ni les publications de gravures particulières» ni tout autre ou* vrage collectif gravé d'après l'antique» de quelque genre que ftÉt cet ouvrage; et ce muséum ne pourrait préfu- Digitized by Google ÏOO HISTOIRE M LA l»EIKTURfc. Aicî€r aux excellent recueils qu'on voudrait d'aîlleuw publier par vue de spéculation, etc., etc. Enfin, entreprendre cette calcographie uniforme dea antiques, c'est ouvrir un champ plus vaste aux dessina- teurs, c'est faire naître une nouvelle émulation dans toute l'Europe artistique, c'est établir un concours et une lutte même avec les Grecs et les Romains, et c'est fixer, comme dans un code synoptique, les grands préceptes qui sou- tinrent si long-tems l'art glorieux de la Grèce. Mode d'cxéciUion, Le Muséum calcographique universel d'Antiques con- tenant les gravures de tout ce qu'on a découvert et de tout ce qu'on découvrira en antiques, tant en sculpture qu'en peinture, sera divisé en plusieurs genres, savoir: Les statues, les bustes, les bas -reliefs, les camées, les pierres gravées, les médailles et les monnaies, les va«es> ustensiles, fragmens de costume, omemens, etc., et les peintures. Il sera exécuté sur un format in-folio portssint dix-huit pouces (mesure de France). Le maximum de la hauteur de l'estampe sera de treize pouces; j'entends dire de la partie figurée , car la longueur de l'inscription inférîeui» déterminera la longueur du cuivre. Il n'y aura aucun encadrement ou filet étranger au monument, et la base de l'estampe ou de la gravure aura lieu à trois pouces six lignes au-dessus du bord inférieur du papier. Comme pour obtenir l'uniformité dans cette collection, un des moyens les plus efficaces est de prescrire la gran- deur de chaque figure gravée d'après les statues ou les Digitized by Google CiiLCO<»A»BlB VlfIV£ll»LLB b'ANTIQUES. lOl* kas-reliefs ou autres monumens quelconques (la mesure exacte- du monument originaLdevantétre rigoureusement inscrite au bas de la planche)» la. dimension de^ chaque statue, quelle que soit sa hauteur réelle, et en la suppo* sant développée et droite, sera. de dix pouces six lignes. Les statuettes ou figurines qu'on n'appelle pas géné- ralement des statues, seront exécutées par li^ gravure, dans une grandeur de cinq pouces. La dimension respective des statues de feumie^ d'ado-; lescens et d'enfiins, sera conservée à peu près dans les • rapports naturels de diminution, malgré le volume des originaux. Si cependant une statue^ d'enfant ou d'ado- lescent était gravée dans une dimension disproportionnée- avec les figures viriles, discordance qu'il conviendrait d'éviter, cette difiS&rence de rapport serait de peu d'in- convénient, le développement par la gravure dans les beautés de l'objet devant dans ce cas faire compensation. Le socle, ou la plinthe moderne ou antique,, ne sera point compris dans cette dimension des statues, et le piédestal, objet étranger à la statue, ne sera ja^iais re-^^ présenté. Les bustes de toute dimension ont le plus ordinaire^ ment pour mesure la hauteur de la tête. Cette hauteur de la tête, non compris l'épaisseur des cheveux et la longueur de la barbe, sera de deux pouces. H I conviendra de tenir les têtes de femmes et d'enfans proportionnellement plus petites. Le socle, s'il est antique, de^ra être représenté. Les figures des bas-reliefs antiques, quelle que soit leur dimension originale, seront toutes représentées dans una mesure de cinq pouces. Digitized by Google lOt niSTOIU DB LA FBiNTUBB* Lorsque la longueur du bas-roKef ne permettra pas de le iaire contenir en entier dans une seule planche» il &udra le dÎTiser en deux ou trois, de manière qu'en réunissant les fenîBes» on retrouye le tout ensemble de Toriginal. On gravera à cet effisl sur les deux planches les figures ou objets qui terminent la portion sectionnée, et cette répétition sera exprimée au trait seulement daaa une planche» et terminée dans l'autre; ce qui procurer» à volonté une superposition propre à fixer aisément le juste rapprochement. Si cependant la dimension de Toriginal était telle qu'oD cédant très-peu de la hauteur des figures» et en alongeani très-peu la planche, on pût obtenir le tout sur une seule feuille, il Taudrak mieux adopter cette différence près- qu'insensible, et qui ne devrait pas excéder six ou huit lignes. Le parti qu'on prendrait d'offrir deux eu trois planches séparées, au iieu d'une seule plus petite, ne pour* rait être considéré comsie ayant quelqu'incenvéniait que par rapport à la disposition générale de Torigind; disposi- tion qui, lorsqu'elle est exactement conservée dans un en- semble, peut devenir un objet d'instruction. Mais cet iwr- convénient est souvent inévitable, comme cela arrive dans la représentation par parties des frises et des omemens très-prolongés; et il faut observer que la quantité suffisante de bas-relieis représentés entiers et avec tous leurs rap- ports d^ensemble dans leur balle disposition, rend cette considération presque nulle. Si une ou deux figures d'un grand bas-relief étaient susceptibles d'offrir plus d'utîlîté à l'art étant^rqirésen- tées à part grandes comme les statues gravées, on adop- terait, dans ce cas, la dimension de ces dernières. Digitized by Google CALGOGftOHIB VRITERSBLLB D*ANTIQ1JE8. loS Les camées» ainsi que les médailles, médaillons, pierres gravées, monnaies, etc., bien qae de différentes dimen- sions, seront représentés, vu leur petitesse, dans la di- mension des originaux. L'avantage de pouvoir calquer et dessiner au compas les originaux engage à adopter cette mesure naturelle des montunens; cependant, d*un autre côté, Tirrégula- rite dans la dimension de tant de camées, de médailles, pierres gravées, etc., peut être évitée et modifiée jusqu'à mi certain point. Quant aux très-petites pierres gravées ou médailles, comme elles exigeraient souvent du gra-^ veur une peine et une ténuité inutiles pour le profit de Fart, le dessinateur pourra en grandir l'image, mais sans excéder la mesure de dix-huit lignes pour les figures. Au reste, il faut toujours observer que l'inscription indi- quera cette grandeur véritable de l'objet. Les ustensiles, (ragmens de costume, les omemens, etc. de grande dimension, seront représentés dans la mesure de neuf pouces environ. Les grands vases auront pour mesure, sur Testampe, boit pouces. Tous les autres vases auront pour mesure cinq pouces •u en hauteur ou en largeur. Les animaux seront toujours proportionnés aux me- sures indiquées ici pour les personnages. Les figures des peintures auront la même dimension que les figures des bas-reliefs, c'est-à-dire, cinq pouces pour les figures viriles, lorsqu'elles seront en certain nom^ bre dans le tableau ; mais si elles sont uniques, elles pourront avoir la hauteur des statues gravées (neuf pou- ces)» si l'aiiâste le juge à propos, et ce cas sera déter- Digitized by Google lo4 HiSTOnK DB LA FKfNTVU^ miiié par la natunk du travail pins ou moins précien de Foriginal, et par le ra|>port de ce trayail avec l'art du dessin. Quant aux figures peintes sur des yases, elles auronl toutes y quelle que soit la dimension du yase et de ces figures, la mesure employée à la représentation des bas-* reliefs, c'est-à-dire, cinq pouces pour les figures yiriles* Quoique l'on calque souvent les figures mêmes des vases, ce qui facilite la justesse de la copie, on peut réduire ensuite ces* calques à la mesure uniforme que nous avons cru devoir fixer ici, à moins que cette mesure des figures mêmes des vases ne diiTère peu de celle-ci^ On ne représentera jamais dans la même planche que des objets du même genre et, s'il se peut, de la même dimension dans ce genre. Lorsqu'un artiste, voulant enrichir le muséum calco-« graphique, n'aura à représenter qu'un seul objet qui ne remplirait pas suffisamment l'espace de la planche (in-- convénient qu'il pourra en tout tems éviter en admettant sur la même planche quelqu'autre objet antique que son zèle lui fera aisément découvrir), il lui sera iacile d'an* nexer à cette même planche, soit la forme du champ qui reçoit le travail sculpté ou peint, soit par exemple la forme de la patère, de la lampe, du sarcophage, du vase, etc. , dont on offre le sujet, soit un ou deux détails de ce même monument, mais exécutés avec plus de recherche que dans la planche d'ensemble. C'est ainsi qu'on re* trouverait avec plaisir une coiffure, un cothurne, une arme, ou même quelques jets de draperies exécutés s^^- rément. On ne serait pas fâché non plus de voir le mo- nument représenté au simple trait sous un autre point Digitized by Google CALCOGBAraiE VlflVBBSBLLB d'ANTIQUES. 1o5 de y«e, elc» etc. ; en un mot^ ce cas de dénûmeni d'ob- jets et de nudité de la planche ne doit point se suppo- ser» tant il est facile d'y remédier. Ce sera cependant augmenter l'utilité de cette collec- tion que de ne rassembler qu'un très-petit nofnbre de monnmens sur la même planche, parce que chacun dé- sirant les classer» il pourrait arriver que le peu de rap- port qu'auraient entr'eux les monumeùs rassemblés, em- pêchât la classification que chacun voudrait faire selon ses vues. Et comme l'étude de l'art doit être principa- lement le but de ce muséum calcographique, )e pense qu'il faudra s'attacher à ne réunir sur la même feuille qne les monumens analogues quant au style. Ainsi, on verrait avec peine une tête de Septime Sévère à côté d'une figure de Minerve grecque d'ancien style, ces réunions gênant trop pour la classification des monumens» Inscriptions. Il 7 aura trois inscriptions. La première sera placée en haut de l'estampe (voyez la fig. i**),* on y lira ces mots gravés en minuscules italiques : Muséum calcogra- fkique universel d* Antiques. La petitesse du caractère n'empêchera point qu'on ne puisse disposer de l'estampe pour toute autre destination que pour le recueil général. La seconde inscription sera placée immédiatement au bas de l'estampe, et contiendra les noms du graveur^ de l'éditeur et du dessinateur. Les lettres en seront de la même forme et dimension que celles de l'inscription su- périeure, c'est-à-dire, en minuscules italiques. On ' dis- tinguera ainsi les trois parties de cette inscription : pre- mièrement, et à gauche du spectateur. Gravé par ***, avec Digitized by Google 106 UlâTOiAB HB LA FfilNTUBE. sespràDoiiuet'6apatne»s'Hlejugeàpropo8; secondenent» et au milieu. Publié par ***; troisièmement, et à droite». Dessiné par ***. Si le demnateur est en même tems édi-^ teur» il fera écrire à droite, Publié et dessiné par *** ; et s'il est à la fois dessinateur, éditeur et graveur, il fenr écrire à droite. Publié^ gravé et dessiné par **^. Si la graveur est éditeur, il fera écrire à gauche. Gravé e$ publié par ***, Tous les mots de cette inscription seront» avons-nous dit, en minuscules italiques; quant au nom du dessinateur, il sera gravé en majuscules italiques» afin d'être plus apparent. Le dessinateur ajoutera à ses noms celui de sa patrie. Tannée de la publication du mo- nument gravé, le n*^ du morceau qu'il fournit pour ce muséum; ce qui composera toute l'inscription, par exem- ple» ainsi qu'il suit : Destiné à Borne, «n 1827, par Jean CHAVELLE9 de Paris, n^ 7. Le nom du dessinateur étant ainsi placé près de la marge, servira facilement d'indication et de repère alphabétique, lorsqu'on voudra trouver telle ou telle estampe du recueil. La troisième inscription est celle qui indiqu^a au* dessous de l'estampe le sujet EUe sera tracée en minm- cuies romaines ; mais le nom de ce sujet sera tracé seul au-dessus de cette inscription en grosses majuscules romaines, œil gros-romain, portant de haut quatre li- gnes* Ainsi on lira, par exemple, dans cette inscription : Hercule, diane, a/ax, faune, marsias, muse» ou tout autre mot indicatif. Si l'on ignore le sujet» on écrira: SUJET INCONNU* Si le sujet est complexe, on mettra suivant ce qu'il re- présente» ou MARS ET VÉNUS» ou AMOUR £T PSYCHÉ, COMBAT DES AMAZONES, etc.» etc. Digitized by Google GALCOGBàPHIB UKIYXBSBLLB d'aJTTIQUE^ lO? La mesure de quatre lignes pour ces grosses majuscules de gros-romain» servira de mesure proportionnelle pour les autres eapèces de caractères déterminés par les îas- criptioBS déjà indiquées. La suite de cette troisième et dernière inscription sera placée sous ce nom tracé en grosses majuscules «t dont nous venons de parler. Cette suite indiquera brièvement le genre de monument» sa matière, sa mesure, celle des %ures, le Ueu et Fann^ où il a été découvert» le lieu où il a été dessiné. Ainsi , par exemple » on mettra : Sarcophage en marbre pentéiique (ou de Paros), ou bien Peinture monochrome sur fond rouge ou jaune; haut ou long de sept pieds, figures de trois pieds. Trouvé à...... en 1739* Dessiné dans le muséum ou le cabinet de Par ces moyens fort simples et conventionnels» on pourra . a»ément indiquer une planche quelconque du muséum» quoiqu'elle soit sans numéro; c'est ainsi qu'on dirait» par exemple : voyez dans le Muséum calcographique universel d'Antiques» l'Hercule dessiné par Chavelle» n* 7; ou la Mort de Méléagre» bas-relief; ou bien Vénus et Anchise» camée ou peinture dessinée par Antoine» n" i«. Lel^ personnes qui acquerront successivement «me collection de ces estampes» pourront les classer ou par sujets» ou par ordre alphabétique de noms des dessina- teurs; elles pourront d'ailleurs composer aisément» au fur et à mesure» une table manuscrite pour leur usage particulier» à l'aide de laqudle elles trouveront telle planche qu'elles désireront : mais le nom seul du dessi- nateur et le n* de son œuvre suffiront pour tout le monde. Digitized by Google 108 HrSTOIBB BB LA VBIlITVBE. Feuille de Texte. La feuiUe de texte, de même folio que l'estampe, sera* imprimée en caractères dont la justification portera douze pouces sur huit. En haut et en titre, on écrira en lettres majuscules italiques : MUSÉUM CÀLCOGRAPHIQUE UNI- VERSEL D'ANTIQUES. On ajoutera dessous le nom du sujet, celui du dessinateur et le n*" de sa! pièce* Ces noms seront égaux et semblables à ceux qu'on lira au. bas de l'estampe. Exemple : MUSÉUM CALCOGRA- PHIQUE UNIVERSEL D'ANTIQUES. — HER~ CDLE. Dessiné par Pierre WILLIAM, n^ 4- Le texte, qu'on tâchera de renfermer dans un- seul, feuillet, sera destiné à désigner avec plus d'étendue ce qui n'aura été qu'indiqué dans l'inscription inférieure de l'estampe. Il offrira d'ailleurs de courtes observations» artistiques et archéologiques. Les savans qui s'occuperaient de dissertations sur les> monumens gravés dans le muséum universel, feront bien> d'adopter le même format et la même justification de la. feuille de texte. Le nom de l'imprimeur et du libraire devront toujours être exactement indiqués, ainsi que leurs adresses, en français, afin qu'on puisse se procurer aisément toutes les nouvelles feuilles du Muséum calcographique qui pa- raîtraient en Europe. On tirera à quinze cents exemplaires. Je vais signaler encore certaines conditions dont il est essentiel de convenir. Quelques-unes, à la vérité, dépen- dent du talent de l'artiste, et seront peut-être vainetnenL Digitized by Google CALGCMSBAVHIB VIHYERSELLS B ANTIQUES. I09 prescrites; mais d'autres dans tous les cas peuyent être remplies. Commençons par ces dernières. Les restaurations modernes des antiques n'étant pas toutes faciles à reconnattre, sont une source d'erreurs continuelles pour les antiquaires comme pour les artistes. Mais» s'il ne convient pas d'indiquer les restaurations sur les monumens eux-mêmes , il est facile de les signaler dans les gravures qui les représentent ; ainsi, en ne tra- çant que par des lignes ponctuées les parties rapportées, on fera connaître tout ce qui est moderne et de res- tauration, ce moyen étant préférable aux meilleures in- dications par écrit. Le dessinateur s'attachera à r^éter avec la plus scru- puleuse exactitude la disposition des parties dans le tout, c'est-à-dire, les écartemens et les distances respectives de tous les objets qui constituent et composent le monu- ment. A ce sujet, on ne saurait trop recommander l'usage des.instrumens qui peuvent faciliter cette justesse de re- présentation, tels que les châssis à carreaux, les panto- graphes, les papiers transparens propres à calquer même les médailles ou les pierres gravées, etc., enfin tous les moyens graphiques que nous indiquerons en traitant de la perspective, lesquels moyens supposent presque toujours ( il faut le rappeler) le choix de l'aspect ortho- graphique, choix si souvent préférable, comme nous le dirons aux chap. 235, 266, à celui de l'aspect perspectif.' Il est inutile de dire ici que les anciens attachaient la plus grande importance à la condition de la disposition, con- dition qui certainement constitue une des beautés et un des charmes de l'art. ■ La même exactitude aura lieu quant k l'ioiitation des Digitized by Google 110 BISTOIEE DB LA PEIdTUBB* aecesBoires, des coifforea, diaassures» draperie» el mires parties de costume. L'espèce de relief du monumeni sera toujours indiquée d'une manière conforme à Toriginid^ et les sculptures de haut-relief et de bas-relief seront distinctement différen- ciées par le clair-obscuri Le dessinateur se gardera bien de prétendre à des ef- fets étrangers k l'effet naïf de la lumière sur le monument matériel représenté» et il ne Tisera jamais aux effets qui sont propres aux figures des tableaux» U choisira un parti de lumière ou un clair-obscur» simple» large et débrouillé, en sorte que les masses principales d'ombres étant juste- ment indiquées» le travail détaillé dans les clairs ne de- yiendra pas aussi nécessaire ni aussi recherché. Enfin» le dessinateur afaisi que le graveur se gardera bien d'altérer en rien les attitudes» les caractères» les mouvemens et les lignes de l'original» sous le prétexte d'embellir son ouvrage ; et ce qui est traité par indica- tions dans le modèle» ainsi que ce qui est rendu avec dé- licatesse» o<»servera dans la copie les mêmes différences* Le travail du crayon ou du- burin sera toujours con- fonlie à l'expression toute naïve du monument représenté, et n'offrira jamais de ces manières générales» résultant d'un mécanisme toujours uniforme malgré la diversité des objets qu'on se pn^ose de répéter. On emploiera la gravure à l'eau forte retouchée au burin. Les qualités suivantes étant phis dépendantes que les précédentes du sentiment et du savoir de l'artiste» on les recommande plulôt ici qu'on ne les signale eomane des conditions très-faciles à remplir. La fineése des mouvenMns» leur justesse et leur con- Digitized by Google CALCOGBAPHIE UNIVBRSBLLE D ANTIQUES. 1 1 1 Tenanc^ sont des qualités dominantes dans fart grée. Tout dessinateur de monumens antiques doit s'attacher à cette partie plus qu'à toute autre. Le plus ou le moins en ceci rend l'imitation on froide ou forcée; et s'il faut prendre garde d'être au-dessous de l'expression et de la vie de l'original, il faut se méfier aussi de l'exa- gération, de la fausse chaleur et de la manière qui trop souvent résultent de l'envie de le surpasser. Combien de dessinateurs et de graveurs, qui, n'ayant ni senti ni ren- du la justesse des mouvemens et des lignes de la sculp- ture grecque, ont cru devoir donner en compensation un tour vigoureux et factice, et uner prétendue grâce toute moderne à leurs copies I Aussi au lieu de traduire litté- ralement et naïvement les anciens, il les ont travestis et rendus méconnaissables. Ce sont ces faussetés qui ont contribué à propager des erreurs au sujet des styles de l'art antique, parce que les caractères étant dénaturés dans les gravures, le» rapprochemens, les comparaisons et toutes les données enfin qui auraient dû être praticables à l'aide de l'étude de cee gravures sont devenus impos- sibles ou plus ou moins fiillacieux* t Celui donc qui se charge d» répéter les monumens de- vra Caire abnégation de ses goâts et de ses systèmes et devenir le servile imitateur des modèles qu'il espérerait en vain de copier s'il ne les sait, ne les comprend, ne les respecte et ne s'idenAifie de bonne foi avec eux. Tciut ce projet calcographique ne sera peut-être ja- mais réalisé malgré sa simplicité; les dessinateurs cepen- dant ne pourrottt pas se refiiser, je peose, à choisir do préférence dorénavant le format in-folio, ni au moins à faire inscrire, leur nom (ou bien tout autre nom imagi- Digitized by Google 118 HISTOIRE DB LA PEIIITUBE. naire, s'ils le préfèrent) au bas et tout près de là marge inférieure de Festampe» Car, par ces deux seuls moyens, 1^ runiformité du format , et s® riuscription placée au lieu conyenuy joint à cela le n^ de la pièce» leurs planches pourront concourir à un musée universel et être recher- chées par un plus grand nombre d'acheteurs. M'étant fait un devoir de soumettre à Yisconti ce pro- jet, il fut frappé de sa simplicité» l'améliora par quelques notes» et dit, en montrant sa nombreuse collection de livres sur les antiquités : « J'aurais épargné bien du teins » et du travail, si depuis un siècle les graveurs se fussent 9 ainsi entendus sur ce point. » lable des principales mesures adoptées pour U Muséum calcographique universel d' Antiques, Mesure du format in-folio de pouces i8 Mesure de l'estampe '^ i3 Grandeur des figures pour les statues . .... lo ; Grandeur des têtes sur buste ou sans buste . . 2 Grandeur des statuettes et des figures en bas-relief 5 Grandeur des figures, des camées, pierres gra- vées, médailles, monnaies, etc., lorsqu'on n'en répète pas la dimension réelle • • 4 . 1 ^ Grandeur des très-grands vases 8 Grandeur de tous les autres vases 5 Grandeur des firagmens de costume, ustensiles, etc. Maximum 9 Grandeur des figures des peintures antiques. . 5 Et pour ces mêmes %ure8 d'un beau travail . 9 Grandeur de toutes -les figures peintes sur les vases S Digitized by Google PEINTURE GHBZ LBS ÉGYPTIENS. Il3 CHAPITRE 17. DE LA PEINTURE CHEZ LES ÉGYPTIENS. JL BESQUE tous les écriTains qui dans le siècle dernier se sont pccupés de recherches sur le caractère de la peinture et de la sculpture che^ les Egyptiens, ont ré- pété que leurs artistes ne faisaient voir ni beauté ni vérité, ni même aucune délicatesse dans leurs images. Or il est à remarquer que ce n'était point Tétude des rapports aperçus entre l'art primitif grec et l'art égyp- tien qui occupait et guidait ces critiques, mais bien la comparaison qu'ils faisaient des peintures et des sculptures égyptiennes, aux tableaux, aux bas-reliefs et aux statues si Tanlées de nos académies. Ainsi ils ne surent voir dans les monumens de l'Egypte que des ouvrages ridicules, sur lesquels ils se plurent à discourir avec pitié. Il n'est point étonnant que les mêmes critiques, qui trouvaient bon de dénigrer les productions de l'art grec, aient dénigré et méprisé tout ce qui provenait de l'art égyptien. Mais à la fin les préjugés font place à la vérité. Aujourd'hui donc, tous ces tombeaux, tous ces temples de l'Egypte, tous ces vastes débris, décorés à présent même de tant de peintures et de tant de sculptures, sont vus d'un autre œil, sont mieux appréciés; et il n'est plus de saison d'en parler avec dédain. Ce qui a autorisé si long-tems ces préventions, c'est qu'on croyait généralement que tous les artistes égyptiens avaient été liés et contraints par des pratiques consacrées TOME II. 8 Digitized by Google I i4 HISTOIRE DR LA PEINTURE. et qui arrêtaient l*art lui-même. Cependant on a reconnu plus tard que tout n'est pas symbolique et hiéroglyphique dans Tart égyptien, et que» malgré Tobligation lyran- nique et si étrange en effet de calquer éternellement les mêmes formes, quelques artistes ont joui dans leurs in- ventions d'une assez grande liberté. On doit donc convenir qu^un grand nombre de figures indépendantes des types conventionnels, ont été imagi- nées et exécutées par des peintres et des sculpteurs jaloux d'exprimer avec énergie, amis du grand et du vrai, et recherchant même la beauté. Or c'étaient ces figures si variées, si naïves, et quelquefois si pittoresques, qu^il fallait savoir reconnaître et étudier pour juger de l'art de l'Egypte et de son influence. Au reste, il est certain que les Grecs ont su apprécier ces images; et il est à croire que ce qu'elles offrent de fier et de grave, que ce que leur dessin fait voir de correct et de laconique, a servi de premières leçons à cette ancienne école grecque^ dans laquelle, plus tard, les Protogène, les Phidias, etc. puisèrent les précieux rudimens qu'ils surent rendre si favorables à leur génie. On ignore d'où les Egyptiens tirèrent leurs arts utiles : rien ne prouve, dit-on, qu'ils les aient reçus des Indiens; cependant on sait qu'ils ont eu des communications com- merciales avec ce peuple par la Mer Rouge, et qu'ils en ont profité. Au surplus le peuple d'Egypte est si ancien lui-même qu'il faut penser que l'époque où la peinture y fut exercée pour la première fois, remonte à une antiquité qu'on ne saurait déterminer. Aussi Platon, qui vivait envi- ron quatre cents ans avant notre ère, assurait -il que la peinture était exercée en Egypte depuis mille ans; et il Digitized by Google PEINTURB CHEZ LES ÉGYPTIENS. 1 l5 ajoate qu'il restait encore des ouvrages de cette haute antiquité» lesquels n'étaient à aucun égard différons de ceux que les Egyptiens exécutaient de son tems. Exaininons les reproches qu'on trouve répétés toutes les fois qu'il s'agit de l'art des Egyptiens. Leurs figures peintes ou sculptées sont toujours, dit-on, dans une po- sition roide et forcée; les bras sont collés sur les flancs, et il semble qu'ils aient prb pour modèles leurs momies emmaillottées. Ik ignoraient l'anatomie, et l'usage des embaumemens ae la leur apprenait pas plus que l'art de vider des volailles ou du gibier ne l'apprend à nos cuisi- niers. Les Egyptiens, ajoute-i-on, étaient laids; les ar- tistes durent donc être affectés par ces laides proportions : le dessin de leurs figures décèle d'ailleurs leur ignorance dans l'art d'imiter. En Egypte, on prescrivait aux artistes (que nous devrions plutôt appeler ouvriers) les attitudes et les proportions : ils devaient s'y conformer avec scru- pule, sans jamais s'en écarter; enfin leur peinture n'était autre chose qu'une plate enluminure exécutée avec des couleurs entières, crues et sans aucune rupture; en sorte <{ue tout ce qu'on peut dire sur leur industrie ne prouve rien en &veur de leur talent en peinture. Sans tomber dans un autre excès en faisant trop de cas de l'art des Egyptiens, cherchons à combattre une prévention qui ne peut nous apporter ni honneur ni pro- fit. D'abord les voyageurs plus récens parlent déjà diffé- remment à ce sujet. Presque tous aujourd'hui vantent au coBtraire la clarté des pantomimes et la vérité des poses dans les ouvrages égyptiens. M. Hamilton, par exemple, en donnant d'assez longues descriptions des sujets repré- sentés sur différons monumens égyptiens, dit que les Digitized by Google Il6 HISTOIRE DE LA PEINTURE. actions lui en semblent fort expressives et fort animées. < Nous singeons tous les jours dans nos boudoirs, dit M. » Denon, les Egyptiens sans le savoir; car les thermes de » Titus, qui ont servi à Raphaël aux loges du Vatican, sont 9 des imitations de peintures que l'on voit en Egypte. » Voici ce que dit ailleurs le même observateur : c La pèr- 9 fection que les Egyptiens ont donnée à leurs animaux, 9 prouve assez qu'ils avaient l'idée du style dont ils ont 9 indiqué le caractère avec si peu de lignes dans un prin- 9 cipe si grand et un système qui tendait au grave et au 9 beau idéal. » Or c'est là ce qu'il fallait surtout faire remarquer; c'est en eflfet par ce caractère que l'art égyptien se lie à l'art grec, et qu'il en est comme la souche et le principe; enfin c'est ce que cet art égyptien offre de classique, et non son état de langueur et sa longue captivité, qu'il fal- lait signaler. Je crois devoir citer un autre passage qu'on lit dans un ouvrage récemment écrit sur l'art. « Les riches peintures des tombeaux des rois à Thèbes, 9 dont les dessins coloriés nous sont parvenus par les 9 artistes français de la dernière expédition d'Egypte, 9 annoncent de la perfection dans le dessin et une sorte 9 d'intelligence dans l'exécution. On remarque surtout 9 les belles têtes d'Isis et d'Osiris, ainsi que les figures 9 de deux génies, ou espèces de Nécores (prêtres des- » servant l'autel d'Isis et d'Osiris), vêtus de robes de Un, 9 et tirant des sons de deux harpes d'or, dont ils se ser- 9 vent comme nous. Cette peinture, dont j'ai vu un beau » dessin chez M. Dutertre, membre de la commission, 9 annonce un degré d'avancement dans l'art, qui détruit Digitized by Google PBIlfTURB CHEZ LES EGYPTIENS. Il 7 B tout ce qui a été dit de désavantageux jusqu'à présent » sur l'état de la peinture dans Tantique Egypte. » A.. Lenoir. Observations, etc. , On doit partager l'opinion de l'auteur, et je pense qu'on, peut dire de*ces deux fibres qu'elles sont d'un très-bon style et que la pose en est vraie et gracieuse. Beaucoup d'autres citations, à l'avantage des artistes égyptiens, pourraient être recueillies ici; mais je n'en ajouterai qu'une seule» Je l'emprunte à deux nouveaux voyageurs, MM. JoUois et Duviviers, qui décrivent avec éloge une statue égyptienne de vingt -deux pieds. « Le 1 buste, disent-ils, représente un homme jeune encore. 3 Sa poitrine est lai^e et bien proportionnée; la figure 9 a ce calme plein de grâce, cette physionomie heureuse > qui, plus que la beauté même, a le don de plaire. On n ne peut représenter la divinité sous des traits qui la n fassent mieux chérir et respecter. L'exécution en est n admirable, et l'on serait tenté de la croire sortie de la n main des Grecs dans le plus beau tems de Fart, etc. » Et ensuite au sujet des bas-reliefs du péristyle du temple de Memnon, ces mêmes voyageurs ajoutent : c Quoiqu'in- 1 corrects, ces bas-reliefs oiTrent une composition naïve, > pleine de chaleur, et l'action générale y est bien expri-v » mée. • Il parait que les papyrus de la collection Drovetty,. qui font partie du musée royal de Turin, offrent des preuves du talent varié de quelques artistes égyptiens, qui probablement étaient dégagés de l'assujétissement des peintres employés aux menumens publics : et ce qui le ferait croire, ce sont les sujets de caricatures et de scènes libres qui y sont représentés. Une lettre de M. Digitized by Google Il8 aiSTOIAB DB LA PEIRTUBB. Champollion le jeune, datée du mois d'a«tobre i8ft4> nous donne quelques notions sur ces particularités* Les critiques dédaigneux qui croient que tout a été dît au sujet de Tart égyptien, parce qu'on l'a tourné en ridicule, auraient dd savoir qu'il serait au contraire fort instructif d'établir des comparaisons et des rapports artis- tiques entre certaines productions égyptiennes et celles de l'art primitif grec ; entre le style égynétique et étrusque, et le style égyptien. Ils auraient dû saroir que des recher- ches sur quelques procédés de géométrie pratique usités par les artistes de l'EgypIe, seraient fort curieuses et très- profitables sous le rapport de la partie positive de la pein- ture. Le passage de Diodore de Sicile, au sujet des vingt- et-une divisions adoptées par les Egyptiens dans la mesure du corps humain, ce qu'il dit ailleurs de leur manière de travailler le compas à la main, et ^usieurs autres citations que pourraient recueHlir les érudits, ne seraient point des observations stériles, pas plus que ne le seraient de bonnes instructions sur le matériel de leur coloris, ainsi -que sur celui des Chinois, bien que la peinture de ces peuples soit pour nos artistes un sujet de risée. Si donc on a pu aisément remarquer que Tétat sta- tionnaire de l'art égyptien provenait du peu de liberté des artistes auxquels tous les modèles ou prototypes étaient prescrits et imposés, H fallait remarquer aussi ce qu'avaient de fondamental et d'essentiel pour l'art ces mêmes types. Chacun sait aujourd'hui que ce fiit cette méthode toute mécanique et qui ne prenait pas sa source dans la nature mais bien dans des calques ou patrons convenus, qui contribua à arrêter les progrès de l'art od Egypte. Bnfia tout le monde est persuadé que la néces^ Digitized by Google PEINTrAB CHEZ LEÈ ÉGYPTIENS. IKJ site OÙ les prêtres mettaient les artistes de répéter éter - nelleinent les mêmes signes consacrés» et cela pour res- treindre au culte seul les avantages de la peinture, fut ce qui les força à abandonner Tart, pour ne plus opérer qu'en praticiens et en ouyriers, et probablement pour opérer ytie. Recueillons ici un mot de Pétrone : < Le 1 sort de la peinture, dit-il, ne fut pas plus heureux en » Egypte, parce que Ton osa réduire cet art si grand en 9 pratique abrégée, picturœ quoque non alius exiius » fuit,poêtqiM7njEgyptiorumaud(wiatamrnagfiœartis » compendiariam inveniu » c Une figure, dit encore Vk, » Denon dans son Voyage en Egypte, n'exprimant rien par » le sentiment, elle devait avoir telle pose, pour signifier » telle chose. Le sculpteur avait le poncis, et ne devait se > permettre aucune altération qui aurait pu en changer le B vrai sens. » Il est assez vraisemblable aussi que les prêtres se réservaient presque toujours l'invention des figures, et que l'exécution seulement était confiée à des mains subal- ternes. Cependant on rencontre souvent sur les monufnens égyptiens des productions originales qui prouvent, comme nous l'avons dit, que rimagination des peintres et des sculpteurs ne fut pas toujours captive. Ainsi, ce que tout le monde n'a pas su recueillir, c'est le positif et le technique de l'art des Egyptiens, et non- seulement notre pénétration est en défaut à l'égard de leurs procédés en peinture et en sculpture, mais nous ne concevons pas même leurs moyens mécaniques de cons-^ truction dans les travaux immenses qui avaient pour ré- sultat des colosses. Les voyageurs les plus instruits se demandent dans leur étonnement, en présence de ces masses, comment elles ont pu être extraites, transport Digitized by Google ISO niSTOIRB »£ LA »£IKT1IA£. iées et élevées sur pied. Us se demandent, en examinant le soin et la finesse du travail de quelques-unes de ces sculptures» comment on a pu fabriquer un acier assez dur pour tailler des substances contre lesquelles se bri- sent aujourd'hui nos plus solides outils. Disons en passant que» s'il ne s'agissait que de démon- trer qu'ils employaient comme nous les carreaux linéaires pour répéter leurs modèles» nous en trouverions la preuve ostensible dans un fragment ainsi ébauché au treillis» et qu'on a publié dans le grand ouvrage français de la com^ mission d'Ej^pte. Quant à l'influence que peut avoir eue sur l'art la structure physique des Egyptiens» toutes les conjectures des écrivains paraissent sans fondement ; car les momies d'Egypte les plus anciennes offrent de très-belles Cormes de squelettes» et l'on peut remarquer dans les cabinets de belles mains et de très-belles têtes embaumées. Les Egyptiens d'aujourd'hui ont-ils cette même conforma- tion? les voyageurs semblent le confirmer \ Un voya- geur moderne» M. Cailleaud» vient de remarquer en Nubie» sur quelques monumens construits par les Pha- raons» des figures de reines dont les hanches sont d'une largeur démesurée ; mais on n'en doit rien conclure au sujet de la conformation qu'avaient les habitans chez lesquels furent exécutés ces temples et ces figures. Ces particularités dans les proportions tiennent à, des raisons ■ Le« Egyptiens ne pouvaient pas avoir été si diffërens des Ethiopiena qui descendirent des hautcars de Sienne et d^Eléphantine, et qui peu- plèrent PEgypte : les Ethiopiens, au rapport de Scylax, e'iaient les plus grands et les plus beaux hommes de la terre ; ils choisissaient pour chef celai qui était doué de la plus belle taille.... quelques-uns avaient jusqu'à cinq condëes. Digitized by Google PBINTtBB CHEZ L£S i«TPTIBir5. 191 que noQs ne pouvons pas expliquer, mais non à une con- formation étrange qu'il serait ridicule de supposer. Quant aux mœurs des Ëgyptiens, on ne saurait nier qu'elles aient été d'une grande influence sur leurs arts, c La division par castes, dit MilUn , et par professions» 1 était aussi une des principales causes du peu de progrès » des Egyptiens dans les arts. L'homme qui avait, par 1 exemple 9 les dispositions les plus décidées pour les » arts, ne pouvait s'y livrer, s'il n'était pas originaire de 1 la classe des artistes ; et de même le fils d'un artiste > était obligé de suivre la carrière de son père, quelque » peu de disposition qu'il pût montrer pour cet art. » Pareil usage subsiste encore aujourd'hui chez les Chinois. Enfin le peu d'estime dont jouissaient en Egypte les artistes, qui étaient comptés dans la dernière classe du peuple, dut contribuer aussi à empêcher les progrès de la peinture. Au surplus, mettons de côté ces milliers de figures répétées comme signes hiéroglyphiques, historiques ou symboliques ; choisissons dans les productions égyp- tiennes en peinture ou en sculpture celles qui se rap- prochent le plus des productions de l'art égynétique ou du très-ancien style grec ou toscan ; enfin ne voyons plus des Egyptiens dans toute cette question, mais bien, je le répète, les commencemens très-intéressans de l'art grec, les premiers rudimens de la sculpture et de la graphie, et enfin les notions primitives qu'il nous importe surtout de ressaisir. Rappelons une comparaison. Ceux qui ont vu les meilleurs ouvrages de Jean Belin et de Pérugin, sont moins surpris en admirant les ouvrages de leurs élèves. Digitized by Google ISd HISTOIRE DB LA PEINTURE. Tiziano et Raphaël : de rnéiùe le style grec de la haute et sévère antiquité ne nous semble plus un effort mer- veilleux et soudain des artistes d'Athènes, mais bien un perfectionnement de qualités acquises avant eux. Car enfin Minerve n'apporta pas les arts aux Grecs eomme un présent inconnu à l'humanité; et s'il est vrai qu'elle ne les fit pas nattre chez eux dans un état de perfection, et tels qu'elle naquit elle-même toute armée du cerveau de Jupiter, il n'en est pas moins reconnu qu'elle les initia dans les premiers mystères de leurs prédécesseurs et qu'elle leur montra d'une main bienfaisante les efforts et les secrets des peuples qui les avaient antérieurement cuhivés. Mais, pour bien juger l'art des Egyptiensyil faut avoir examiné, non un grand nombre de figures, mais les meilleures, non un grand nombre de signes, tout mys- tiques et insignifians pour l'art, mais les figures où l'art est le plus remarquable. Les qualités qu'on doit distinguer dans la peinture des Egyptiens, sont donc pardessus tout, une simplicité qui les a souvent élevés jusqu'à la grandeur œsthétique et pittoresque; une certaine clarté forte dans les panto- mimes ,^tlarté qui appartient autant à l'art qu'à la nature» qualité précieuse dont les Grecs semblent avoir reconnu tout le prix ; de plus un ordre optique dans la disposition, ordre qui chez eux tient trop, il est vrai, dé la symétrique régularité, mais que les Grecs surent varier plus tard dé- licatement, tout en le conservant. On doit remarquer aussi dans les meilleurs monumens égyptiens qu'ils étaient loin de négliger la pondération, sur laquelle ils avaient même des idées très-exactes, ainsi que sur tout ce qui tient à la géométrie et à la statique en général ; ils obser- Digitized by Google PEIRTVRK GHBK LES iCYPTIEHS. IsS aèrent donc scrupuleusement la correspondance des an- gles, et ik surent en mesurer rigoureusement les degrés. Cette qualité les conduisit à donner du mouyement à leurs figuresy et ils n'avaient plus qu'un pas à faire pour deyenir de bons dessinateurs; mais il parait qu'ils se contentèrent d'employer ce qu'il fallait seulement pour lé geste et la proportion de leurs personnages. Enfin, je pense que l'on parviendrait à réhabiliter le crédit de l'art égyptien , si l'on' rassemblait avec intelligence d'exacts dessins de tout ce qu'il a produit de plus recommandable. On y reconnattrait du génie et de la fécondité» un goût grand et sévère» des draperies fort pittoresques et très-variées» et pardessus tout une règle sacrée» bien méconnue aujour- d'hui» je veux dire celle qui commande d'employer peu de moyens pour exprimer beaucoup d'idées; méthode sage et vraiment noble» source du véritable goût dans les arts» méthode bien préférable à celle qui conduit d'abord aux finesses et aux recherches moelleuses de l'art» pour ne produire que des riens sans caractère. , On désirerait peut-être voir ajouter de plus ici quelques aperçus au sujet de leur coloris; mais» outre que tout le monde est d'accord sur la durée et l'éclat de leurs couleurs» nous croyons devoir ménager ce que nous avons à dire sur cette question pour le chapitre de l'encaustique. Faisons- observer seulement que» s'il est vrai qu'on prescrivait aux peintres l'emploi de couleurs vives et entières» nous ne devons pas en conclure qu'ils ne pratiquaient que l'enlu- minure et la peinture sans dégradation aérienne. Au reste cette conclusion tomberait d'elle-même devant une preuve irrécusable : c'est une vue perspective de l'intérieur d'un temple représenté par des teintes et des lignes très-justes DigJtized by VjOOQ IC 134 HlSTaiEE D£ LA. PEINTURE - et Irès-exactement d^radées. Cette peinture se voit dans le tombeau dont la copie en tout relief a été exposée à Londres et à Paris» en 1823 et i8;24. On sait que cette peinture, ainsi que toutes les autres figures sculptées ou peintes de ce tombeau, qu'on croit être celui de Psam- métichus, ont été répétées sur les lieux, ainsi que leurs dimensions, avec un soin et un scrupule remarquables sous la direction de M. Belloni. Les révolutions qu'a éprouvées l'Egypte ont produit dans le caractère du style de l'art certaines difTérence» sur lesquelles les antiquaires se sont exercés. Voici ce qu'il est essentiel d'abord de bien distinguer; c'est la différence du style égyptien proprement dit et du style d'imitation, et dç plus les diverses nuances de ce style égyptien proprement dit. Le style d'imitation est celui qui fut introduit dans l'art à Rome, probablement sous Adrien, lorsque le go&t des superstitions égyptiennes porta les Romains à imiter tout ce qui venait de ce pays, goût qui se propagea sous les successeurs d'Adrien, et selon M. Carlo-Féa, jusqu'au tems de Tbéodose-le-Grand. Le style d'imitation ne saurait être semblable au style égyp- tien pur, malgré le désir qu'avaient les artistes de Rome de le répéter; aussi le goût et le travail romain percent-ils dans ces copies. C'est donc faute d'avoir bien observé, qu'on s'y est mépris '. M. Carlo-Féa dit que le style d'imi- tation, depuis Théodose-le-Grand, a été pris souvent pour du style égyptien du deuxième style sous Sésostris. ' Toute personne un peu exercée dans Tétude âes styles de Târt antique, reconnattra de prime abord, en voyant le Zodiaque de Den* dërahf qoe le travail de ce monument n*est point égyptien, mais quSI est romain, et probablement du tems de Ncron. Digitized by Google PEINT VBB CHEZ LES ÉGYPTIENS. I2S Rome possédait donc beaucoup de monumens dits égyptiens , et qui n'étaient que d'imitation , entr'antres de nombreuses statues d'Antinous , fevori d'Adrien, et auquel ce prince fit rendre les honneurs divins en Egypte, ce qui nécessita la représentation de ce nouveau dieu, selon le mode et le type religieux de ce peuple. Le style égyptien, proprement dit, se divise lui-même en styles combinés ou mixtes, et les archéologues ont cherché à établir toutes ces divisions. Voici la plus récente, adoptée par M. Millin, dans son Dictionnaire des Beaux- Arts, article Egyptiens. Première période : Depuis les tems les plus reculés, jusqu'à Psammétichus, époque où les Grecs, accueillis avec faveur en Egypte par ce prince, durent influer sur les arts d'Egypte. Deuxième période : Depuis le règne de Psammétichus, jusqu'à l'invasion de Cambise; il y eut alors mélange du style persan avec le style égyptien. Troisième période : Sous les rois persans, depuis Cambise jusqu'à Alexandre, et sous les rois macé- dom'ens. Quatrième période : Sous les rois grecs; on a appelé le style de cette époque grœco-égyptien. Cin- quième période : Sous Adrien, époque du style d'imi- tation. Les sa vans ont peu différé d'opinion jusqu'à pré- sent sur ces classifications. Voyez, sur toutes ces questions, Winckelmann : Histoire de l'Art. Concluons que les Grecs durent beaucoup aux Egyp- tiens, qui furent les pères de l'art, et que tout ce que les Grecs ont raconté sur la naissance de la peinture en Grèce, est aussi peu vraisemblable que ce que nous écri- vait Vasari, signalant comme inventeurs florentins les Cimabue, les Giotto, etc. , lorsqu!il était reconnu que la peinture , bien que fort languissante partout, avait été Digitized by Google 196 HISTOIBJI DB LA PEI1IT1JRI(. cependant toujours cultivée sans interruption, soit en Grèce» soit en Sicile» h Rome et dans toute l'Italie, soit même dans le Nord» où les pratiques de cet art furent consenrées dans plusieurs asiles» et surtout dans un grand nombre de monastères. CHAPITRE 18. DE LA PEINTURE CHEZ LES PERSES. V oici ce qu'on lit sur la peinture persane» dans l'En- cyclopédie méthodique: < Les Perses étaient si loin d'exceller dans les arts, » qu'ils empruntèrent l'industrie des artistes ^yptiens 9 brsqu'ils eurent fait la conquête de l'Egypte. On con- » naît des médailles frappées en Perse» sous les rois suc- » cesseurs de Gyrus : elles ne peuTont même être com- K parées à nos ouvrages gothiques médiocres; elles res- » semblent aux dessins que font les en&ns qui n'ont point 9 appris à dessiner. » Les tapis de Perse étaient célèbres dans la Grèce» 9 même du tems d'Alexandre» et ces tapis étaient ornés 9 de personnages; mais cela ne signifie pas que ces per- • sonnages fussent bien représentés* On connaît les ca- » priées du luxe : on voit dans les pays od les arts sont 9 maintenant cultivés et même florissans» des riches 9 acheter chèrement des magots de lu Chine» tandis qu'ils 9 mépriseraient un modèle d'un habile sculnleur» dont 9 ils sont trop loin de sentir les beautés. C'était le » mélange industrieux de la soie» et non la vérité des Digitized by Google PEINTURE CHEZ LKS PEA8E6. I97 représentations de la nature qoe les Grecs admiraient dans les tapis de Perse. * Les Perses» ainsi que les Arabes, ont connu la mo- saïque : cette industrie est estimable quand eUe re- produit d'une manière indestructible les ouvrages des grands maîtres; mais si les Perses n'avaient pas de bons tableaux h traduire en posaïque, qu'importe qu'ils aient eu l'adresse de ranger d'une manière solide des cailloux les uns à côté des autres ? » On ne connaît le nom que d'un seul peintre persan; mais on Fa retenu, non parce qu'il était peintre, mais parce qu'il adapta au christianisme Tancienne doctrine des deux principes. D'ailleurs tout ce qu'on dit de lianes est fort incertain : il est même douteux qu'il ait été persan. On dit qu'il se nommait d'abord Curbicos, ce qui est un nom grec* Est-on plus certain qu'il était peintre? On loue le peintre Giotto en Italie, parce qu'il fit un cercle sans compas : on loue, dit-on, le peintre Manès en Asie, parce qu^il tirait des lignes droites sans r^e; mais cela prouve tout au plus que Manès avait de la fermeté dans la main, et l'adresse de Giotto ne prouverait rien de plus, si l'on ne savait d'ailleurs qu'il f&t le meilleur peintre de son tems, > Les Persans modernes n'ont iait aucuns progrès dans les arts : l'empereur Schah-Abbas eut le caprice de vouloir apprendre à destiner; il fut obligé d'avoir re- cours à un peintre hollandais qui se trouvait alors dans ses états» i Cette citation, qui nous apprend le mépris extrême que l'auteur faisait des artistes persans, ne nous instruit de rien autre chose. Je conviens qu'il n'est pas très-facile Digitized by Google 198 filSTOlRE DE LA. PEINTURE. de donner des notions intéressantes sur des questions de cette nature; mais un ouvrage tel qu'une encyclopédie laisse à croire qu'on y trouvera au moins quelques re- cherches -faites sans prévention ; car ce parti pris de dénigrer et Persans, et Egyptiens, et Chinois, ne nous éclairera jamais dans la pratique des arts. J'avoue que ce que je dis dans ce chapitre apprendra fort peu de chose au lecteur sur ces matières; mais ne pensant pas que par le dédain je puisse déguiser adroitement mon ignorance» je tâche plutôt d'exciter l'intérêt ou la curiosité sur ces points historiques de l'art, que de détourner le lecteur de ces comparaisons et de cette étude. Les Persans d'aujourd'hui peignent avec des couleurs très-vives, M. Olivier, qui a publié son Voyage dans la Perse, où il a habité huit ans, m'a dit y avoir peint lui- même à la manière des Persans, qui emploient la gomme dans leurs couleurs, et qui recouvrent ensuite tout le ta- bleau de plusieurs couches de naphte. (Voyez à ce sujet ce qui sera dit au chap. Sgi de la peinture encaustique.) On a reçu à Paris, en i8o4» un portrait du roi de Perse : ce portrait, exécuté en Perse ,« semblait avoir été peint par le procédé que je viens d'indiquer. La peinture n'était point soluble à l'eau, et les tons ne man- quaient pas d'intensité. Les omemens, les perles, les pierreries, les diamans, étaient tous comptés et exprimés avec plus de patience que d'art, mais le travail en était assez délicat '• Je suis tenté de croire qu'on a beaucoup exagéré l'ignorance des. Persans en peinture. J'ai vu des pein- l Cette peinlare a ëte' gravée sar un dessin fidèle, exécute' par M. Grégorhis.' ' Digitized by Google PEnrTQBS GSBZ LES PRBSU. 129 tores de ce pays où il se tronTait du naturel dans le dessin et dans l'expression; on remarquait du caractère dans le style, éans les ajustemens et dans les draperies, mais le clair-obscur y était fort négligé, surtout celui qui tîeni à Texpression des formes, le clair-obscur de com- binaison par masses étant quelquefois offert par le volume des draperies claires et obscures. Le besoin de n'apposer que des couleurs yives, dont l'éclat est si recherché par ces peuples, leur fiiit redouter les teintes ombrées et salies; ils ont cela de commun arec les anciens Egyptiens, les Chinois et les Indiens» Yoyee sur les peintures persanes qui ornent à Ispahan le palais du roi, ce qui est dit dans la Bibliothèque Bri- tannique. Mai i8i3. 18* année. Tome 53, page €6. Winckelmann attribue le peu de progrès des Perses dans le dessin du nu, à Taustèro bienséance qm', dans leurs mœurs, proscrivait les nudités. Les personnes trop étrangères à l'art ne savent jamais trouver dans l'art mémo les causes qu'ils n'aperçoivent souvent que trèsr vaguement ailleurs. Tout n'était pas voilé et couvert chex les Persans : pourquoi donc les têtes, les mains, les cols nesontJls pas mieux dessinés que le reste de leurs figures? D'ailleurs les Perses, toujours vêtus d'habillemens serrés, offrent aux dessinateurs des mouvemens et des attitudes; une figure peinte peut être noble, animée, d'un beau jet, quoique les formes particulières n'en soient ni correctes, ni arrêtées. Quant à cette austérité, dont Winckelmann trouve la preuve dans un passage d'Hérodote, sans vou- loir la contester ici, je ferai remarquer que cette assertion ne se rapporte qu'aux Perses de l'antiquité, que ceux d'aujourd'hui se plaisent dans les représentations de su- TOM n. 9 Digitized by Google l,3o 0ISTOIRB DE XJl PEllITURB. j par la divinité, mais toujours de manière qu'elle pré- > domine : est-ce un prêtre ou un rpi ? La composition » entière prouve que ce ne peut-être un simple prêtre. • Sur la façade des tombeaux, ce personnage tient un • arc à la main, et cet attribut seul décide déjà la ques- » ti6n. D'ailleurs, partout on voit sur sa tête le turban 1 tel que le porte la figure céleste^ et quelques autres • figures qui, sans contredit, représentent les principaux • parmi le peuple. II ne remplit aucune fonction sacer- > dotale, quoiqub devant lui soit l'autel, dont il est cepen- • dant éloigné ; an contraire, il remplit les devoirs de la s royauté : assis et tenant le long bâton royal, il rend » la justice à son peuple. Son siège est décoré d'orne- » mens royaux, et ceux qui sont debout devant lui se • tiennent à une distance respectueuse. Au surplus, • toute la troupe qui s'avance vers lui ne forme pas une > marche religieuse ; on n'y aperçoit aucun attribut de » sacrifice, mais on voit distinctement que c'est une file > de sujets et de serviteurs du roi, et qu'il y a des officiers • de tous les états et des peuples de toutes les provinces, > La figure du souverain est d'une noble simplicité : > il le distmgue par une taille majestueuse et par un air > vénérable. On n'y découvre aucune trace de ce luxe • efféminé des despotes postérieurs de la Perse *. > Sa tiare verticale et dorée ressemble h celles de ses * Ccst ce Inxe qui faisait que les Grecs appelaient persau tnut ce qui ^il magnifique. Digitized by Google iSt niSTOIBE PB LÀ PEIHTVIB. » principaux serviteurs» et les officiers supérieurs en » portent une où Ton remarque seulement des plis. Suh- n Tant Tusage. généralement conni&» on tient un rameau • au-dessus de sa tête, etc.. Si ces monumens avaient été > bien conservés, ils nous offriraient le plus ancien tableau » politique dq^nre humain qu'on puisse imaginerr*. etc. » Quand on réfléchit aux irrupti<»s que pendant des • milliers d'années les barbares habitans des montagnes 1 de l'Asie firent en Perse, et surtout quand* on se rap-* » pelle quelle horreur les Mahométans ont pour toute > figure sculptée, malgré toutes ces tristes mutilations, > on est centraini d'admirer la force étonnante avec > laquelle le plus ancien monument de l'art qui soit • connu, l)rave la fureur des hommes et les d^rada tiens » du tems* » Voyez d'ailleurs les Voyages en Perse de Chardin, de Bruyn ; les descriptions des antiquités de Persépolis, par Greave, etc., etc. CHAPITRE 19. DE LA PEINTURE CHEZ LES INDIENS. « JuBS Indiens (dit le même écrivain de l'Encyclopédie) » sont les rivaux des Persans dans l'art de peindre les • toiles; mais ces peintures sont purement capricieuses: » elles représentent des plantes, des fleurs qui n'ont au- 9 cune existence ; elles ne sont estimées que par l'éclat 9 et la solidité des couleurs. > D'ailleurs Pari des Indiens se réduit h présent, comme Digitized by Google PBINTVBB CHEZ LB8 INDIBl». l33 » dans la plus haute antiquité^ à' représenter dès figures • monstrueuses relaliyes à leurreUjgion : des animaux » qu'on ne trouye- point dans la nature; des idoles à: » plusieurs bras, à plusieurs têtes» qui n'ont ni vérité » dans les formes, ni fustesse dans les proportions. On » peut en- yoir quelques exemples dans l'ouyrage de M: » Holw^L » J'ai yu des peintures originales du Thibet : eltes » montrent beaucoup de patience, et sont remarquables^ » par la finesse du trait; mais je parle ici d'une fîhesse,- 9 ou plutôt d'une subtilité physique, et non de celle qui » est une qualité estimable de l'art. Les peintres Ihfte- B tains auraient pu le disputer à Apelle et à Protogène > pour l'extrême ténuité du pinceau; mais ce n'est que > dans cette partie qu'Us pourraient entrer en conenr- > rence ayec d'habiles artistes. On peut consulter TAl-^ » phabetum Thibetanum; on y trouvera la gravure de • quel(|ues ouvrages du Thibet. 9 On connaît aussi des idoles thibetahies en relief; ce » sont les productions d'un peuple qui est encore à l'en- > fimce de l'art, et comme ce peuple est laid, il n'expri- t mera jamais l'idée de la beauté, qui seule peut conduira > l'art è sa perfection. La- même cause condamne pour • toujours les Chinois^ les Càlmoucks et la nombreuse > famille des Mongols à la médiocrité, si pourtant on peut • espérer qu'ils fassent jamais assez de progrès pour y » parvenir. • Comment concilier cette assertion avec ce qu'on voti de peintures indiennes dans plusieurs cabinets? Gomment pourra-t-on croire, au sujet de h laideur des têtes, l'auteur que je viens de transcrire, en voyant entr'autres deux Digitized by Google l54 IU6T0IIUS DB LA PEIIfTCRB. grands dessins apportés de l'Indoslan» et que possède» h Paris» M. Cartier» musicien et curieux d'antiquités? Ces peintures offrent des têtes pleines de finesse et de beauté; il s'en trouve de si belles» qu'il n'y a pas de peintre qm, après les avoir vues» n'ait manifesté à cet amateur le désir d'en prendre des calques ou des croquis. Si la religion des Indiens leur fait perpétuer les images de pagodes épouvantables et ridicules à la fois» il n'est pas vrai pour cela qu'ils n'aient aucune idée de la beauté* Mais nous autres Européens» nous avons sur ce point des préventions qui souvent ne nous siéent guère» ^rtoul lorsque nous les écrivons du milieu de nos villes popu- leuses et souvent au sein de tout ce que la nature a produit de plus appauvri et de plus dégradé. La bibliothèque royale de Paris et M. de Tersan ont une belle suite de peintures indiennes. M. Millin dit en avoir vu une très-nombreuse au cbateau de Bierre» près Saumur. On voit des portraits indiens dans l'histoire de l'Indostan par M. Dow (Londres. 5 vol. in-'^'*), etc. Ces deux dessins que je viens de citer» rappellent beaucoup par la beauté des profils et la simplicité des poses» le beau tabli^u de Fra angeltcQ du musée de Paris» qui certes eût paru aux yeux des peintres acadé- miciens» contemporains de cet écrivain de l'Encyclo- pédie» le résultat d'unie gageure ou d'une mauvaise plai- santerie. Digitized byQoogle PEIRTURK CHXa^ UE» MBXICACNS. Id5 CHAPITRE 20 DE LA PEINTURE CHEZ LES MEXICAINS. A. L*iPùQVB de la déoouv€]^tede T Amérique; les Mexi- cains étaient déjà parvenus à uû certain degré de ciyili^ satîon, et ils se lÎTraient à certains arts, tds que celui du dessin, qui tenait lieu de Part d^écrire. Lorsque leà Espa^ gnols débarquèrent au Mexique, les habîtans des cfttes instruisirent leur roi 'Montéenma de ce qui venait de se passer, en lui envoyant une grande toile sur laquelle îk avaient dessiné et peint avec i soin tout ce qui venait d'avoir lieu sous leurs yeux; c'était de cette manière que ce peuple écrivait ses lois et son histoire. Robertson, dans son histoire d'Amérique, a fait graver plusieurs peintures mexicaines. M. dé Humboldt ^ rap- porté un certain nombre de ces peintures, et il a promis d'en ûfirir une à la bibliothèque royale. Le musée Boi^a en possède plnsieiïrs.. Il est à croire que toutes ces peinturés sont des espèces do teintures produites par des v^étaux, par des sacs résineux colorés, etc. Mais on n'y remarque aucun art; seulement on aperçoit qu'elles sont faites avec patience, et quelquefois avec dextérité. J'ai vu en Amérique des haches de Sauvages faites avec une espèce de pierre noire très-dtire, semblable au pa- rangon, et sur lesquelles les Sauvages avaient ciselé (pro> bablement par le moyen d'une autre pierre plus dure) des ornemens exécutés avec une délicatesse et une ténuité Digitized by Google l36 HISTOIBB DE LÀ FBINTiniB. de travail surprenantes. Ces omemens» il est ymi, n'of- fraient ni caractère, ni goût particulier» à moins cepen&ni qu'ils'n'exprimassent certaines convenances qu*il nous est impossible de discerner. Le capitaine P^ron, dans son Voyage qu'on vient de publier» dit avoir vu cbe^ ce»laines peuplades absolument sauvages» pratiquer la peinture et produire avec des couleur» vive» quelques représentations qui ne lui ont pas déplu. On sait aussi que les Mexicains font des espèeea de mosaïques avec des plumes de couleur. Ces peintures •ont très-durables» parce que l'air n'en détruit point les teintes» et j'ignore pourquoi on a négligé parmi nous ce moyen par lequel on pourrait obtenir de très -beaux et de très-solides résultats pour la décoration des temples et des palais. Mais pour emprunter à des peuples sauvages quelques pratiques utiles» il ne &nt pas commencer par mépriser tout ce qui sort de leur native industrie. Les voyageurs seraient m<»ns insoucians» lorsqu'ils prouvent de la surprise à la vue de certaines productions de ces peuples» et ils joindraient à cette surprise de la curiosité et prendraient des indications utiles pour nous; s'ils se dégageaient des prétentions suggérées par tant d'écrits dont la vanterie surtout fait le fond« J'ai parlé de rét tifié par tout ce que nous connaissons de ee peuple. » Les Chinois semblent ne pas même soupçonner la » perspective. Ils font des paysages, et n'ont aucune » idée des plans; aucune du feuille des arbres; aucune » du parti que Ton peut tirer des fabriques; aucune de » la fuite des lointains; aucune des formes variées que » prennent les nuages; aucune de la dégradation des > objets, en proportion de leur distance : c'est-à-dire » qu'ils ne foBt guère que des paysages» quoiqu'ils n'en » aient aucune idée. > Cliez eux la nature humaine n'est point belle : loin » de chercher à l'embellir» loin de chercher même à la s rendre telle qu'elle est» ils s'étudient à la rendre encore » plus difforme. Us ont une sorte de vénération pour les » gros ventres dans les représentations de leurs dieux. Une • figure cburte et ventrue est pour eux une figure du style » héroïque; un gros ventre est le caractère extérieur par Digitized by Google l58 HI8T0IB1S DE LA PEIUTtmB. ^ » lequel ils désignent: leurs grands hommes. Les figures B de femmes, au contraire, minces, allongées, ressem- » blent à des ombres, plutôt qu'à des êtres vivans. > Pour que les arts fleurissent, il faut qu'ils soient 9 considérés et récompensés. Les peintres sont les ou- 1 vrîers les plus mal payés de l'empire. . » Les ignorans admirent l'éclat et la propreté de leurs 9 couleurs; mais il faut bien qu'une enluminure laite 9 avec deis couleurs sans mélange, ait dli brillant et de > la propreté. La difiiculté de l'art est de -mélanger et de > fondre les couleurs sans les tourmenter et les salîr; » mais les Chinois ne peuvent succomber aux difiicultés » de l'art, puisqu'ils ne connaissent pas même l'art. » Il faut bien avouer que leurs couleurs naturelles » sont plus brillantes que les nôtres; si c'est un mérite» » c'est celui de leur cKmat et non de leur talent ^ » Un frère jésuite, qui dans son enfance avait été > broyeur de couleurs, fut élevé au rang de premier t peintre de la cour. Les Chinois admirèrent la supério- » rite de son talent : jamais Raphaël ne jouit de tant de » gloire; l'éclat que ses succès donnèrent à sa place, la » fit envier par les pères, qui depuis s'en sont toujours » conservé la possession. 9 On sait que les batailles envoyées de la Chine pour » être gravées à Paris étaient l'ouvrage des pères jésuites. » Il s'en fallait beaucoup qu'aucun Chinois fôt capable V de faire ces mauvais dessins, qui ont été corrigés par » un artiste célèbre, M. Cochin, avant que d'être distribués ^ Singulière décision!.... C*csi au moins celui du talent quSls ont pour choisir et rendre propres à la peinture les substances le) plus favo- rables au meilleur coloris. Digitized by Google raiHTUllB CHBZ LES CHIllOf^. iSg > aux graveurs. Je me souviens que nous admirions» en • examinant ces cbe&-d*œuvre, qu'aucun cheval ne tou* 9 chat la terre» qu'aucune figure ne portfit d'ombre. B En général, les Chinois» comme tous les Orientaux» 9 ne connaissent qu'un petit nombre de traits qu'Us ré- • pètent toujours : ils multiplient tant qu'on veut les » figures» mais toutes se ressemblent. 9 Dans les ouvrages de poterie» qu'on peut regarder 9 comme des dépendances de la sculpture» on ne re-^ 9 marque aucune science de fi>rnies» aucun sentiment 9 des muscles les plus sensibles» aucime idée de propor^ 9 tion : enfin ib ne sont pas aux premiers élémens de 9 l'Aude de la nature; loin de l'avoir observée» k peine 9 semblent-ils l'avoir regardée. On peut croire que per- 9 sonne ne se doute dans tout l'Orient» que l'anatomie 9 puisse avoir quelques rapports avec les arts qui appar- 9 tiennent au dessin. Quelques têtes» imitées en relief » par des Chinois» ont une sorte de vérité» mais d'un 9 choix bas et vicieux. L'ampleur des draperies cache 9 toutes les parties; et on sent qu'on n'a pas même pensé 9 qu'elles existaient sous les draperies : on ne voit que 9 les extrémités» et elles sont mal faites. II faut cepen- 9 dant avouer que si la sculpture est très-mauvaise à la 9 Chine» elle a du moins quelque supériorité sur la pein- 9 ture. 9 Je ne crois pas qu'on doive partager toutes les opinions de l'auteur : je sais» comme lui» que ces figures chinoises peintes» et surtout sculptées» et qu'on a appelées assez à ptopos du nom de magots» à cause de l'espèce d'immo- bilité et de la structure disproportionnée qui caracté- risent ce singe» sont des figures hétéroclites et d'un Digitized by Google l4o «I8T0IBB DB LA. PBIKTVBE. goûtaffireux; mais les Chinois D'ontsils donc jamais peint de figures de quelqu'élégance et de quelque naturel» et n'auraient-ils point eu un style de pagode qu'ils auraient appliqué mal à propos à d'autres représentations ? J'ai cru aperceroir que les figures fabriquées autrefois h Canton et dans les dehors commerçâns de la Chine» avaient quelque chose de plus barbare que les ouvrages exécutés dans le sein de ce vaste pays. Qui sait si le débit que firent à certaines époques en Europe les Chinois de leurs porcelaines, de leurs papiers peints et de leurs ma- gots» ne les a pas engagés à se fixer exclusivement» quant à ces peintures de commerce» à ce style ridicule» encou- ragé» pour ainsi dire» par les marchands étrangers» et qui semblait favoriser l'exportation de leurs fiibriques ? Il résulterait de cette conjecture» si elle était fondée» que les petites maîtresses de Londres et de Paris» qui ont tant goûté [adîs» par bon ton, ces magots chinois et ces paravents chamarrés» ont été un peu la cause du goût barbare de la peinture e^ Chine ; elles ne s'en doutaient certainement pas. Au reste» il n'est pas sûr que cette mode ne reviendra pas... Plus d'un magot fiiit encore peur aux petits enfans» sur lés cheminées et sur les encognures. Les peintures chinoises qu'on reçoit aujourd'hui de Canton» semblent réellement être d'un goût moins baroque et moins chargées que celles dont nos pères faisaient cadeau à leurs dames; et si les règles de l'art n'y sont pas mieux obser- vées qu'autrefois» les figures et tout le style semblent avoir quelque chose de plus simple et de plus naturel. Il y a peu d'efforts à faire pour ridiculiser les peintures chinoises et autres» surtout lorsqu'on les compare avec celles de nos peintres célèbres; mais il faut un certain Digitized by Google PEIltTURE GHB2 LES GHIIIOIS. l4l ■èb pour rechercher les qualités de naïveté, de sim^ citéy et même de style» qu'on peut rencontrer dans plu*- iieurs de ces ouvrages dont l'étude pe«i faire découvrir quelques pratiques importantes pour Fart. Enfin» la pré- vention contre ces peintures a été» je le répète» mal entendue» puisqu'elle nous a empêchés de nous instruire même des. procédés matériels qui sont la seule chose qu'elles aient de recommandable» à moins qu'on ne compte pour du mérite la propreté du pinceau» qualité qu^on ne saurait leur contester. On connaît» au reste» toute leur adresse dans certains arts mécaniques» et leur encre» leur papier» leurs pinceaux» leur terre pour les vases » leurs boites» etc. sont des objets dignes aujour- dliui même de notre surprise et de notre jrivalité. Je ne crains pas d'ajouter» pour justifier un peu les artistes de k Chine» qu'il ^ se rencontre des figures chinoises sculp- tées et émaillées» dans lesquelles on retrouve de la vie» de l'expression et de la délicatesse; et je parle de celles qui ne sont pas l'ouvrage des Européens fixés dans ce pays. Ce dont il nous faut convenir» malgré tout» c'est que nous n'avons pu imiter ce peuple industrieux» ni dans les peintures dites de vieux laque» ni mémo dans l'espèce de bois cartonné et si léger» qui lui sert de subjectile» ni dans la couleur de leurs vases en porcelaine» ni dans leurs vernis» etc. J'ai vu récemment un voyageur qui» arrivant de. la Chine» se trouvait invité à causer des arts de ce peuple lointain; et je fus fort surpris» après qu'il nous eut parlé des vives et très-belles couleurs qu'il avait, remarquées sur une roitnre peinte à Canton et destinée à un ambas-. sadeur d'Europe» de l'entendre demander comment les Digitized by Google l4t HISTOIBE DE hk MIRT1TRE* Chinois s'y prenaient pour obtenir des teinles aussi bril* lantes. Sa question me parut fort remarquable, et je me dis : Moquons-nous donc des Chinois 1 Au reste les mis- sionnaires qui résidèrent long-tems dans ce pays, ne nous en ont guère plus appris sur ce point que ce yoyageur. Mais je reviendrai sur cette question à son lieu, c'est-à- dire, quand je parlerai du matériel du coloris. CHAPITRE 22. DE LA PEINTURE^ CHEZ LES ETRUSQUES. jLr'ou les artistes étrusques on toscans avaient-ils em- prunté leur savoir? est-ce de TBgypte ou de la Phénicie? est-ce Dédale Tancien qui apporta Fart en Italie ? Assez de savans ont agité ces questions; Guamacci, Tiraboschi, Lastri, Lansi, Heyne, Becci, Crori, Passeri, Buonarotti et autres, pourront être consultés avec fruit sur ce point. Ce qui nous importerait ici, ce serait de spécifier le carac- tère de l'art étrusque, et de rechercher si Texaraen ou l'analyse qu'on en ferait, ajouterait quelque chose à notre instruction. Si nous interrogeons les anciens écrivains, nous ob- tiendrons certaines données sur ce caractère de l'art en Etrurie. Strabon nous dit que le style toscan est sem- blable au style égyptien ou au style grec très^ncien. Quintilien, en parlant de Scipion et de Caton, compare le style de ces écrivains à celui de deux statuaires grecs, Egésias et Calon, qui firent voir» dit-il, dansieurs ou- vrages beaucoiq» de la dureté et de la roideur du style Digitized by Google P£II«T1I1I£ GH£Z les: iTBUSQU£S. l43 toscan ; et dans ce passage il établit» eutre l'éloqueBce altique et l'éloquence asiatique, la même différence qu'en- tre la sculpture toscane et la sculpture grecque. Malgré la raideur du style étrusque» Ht parait que les artistes de cette écde ont su. produire de très--belles images. Pline» intéressé il est vrai à relever k gloire de l'Italie» fiiit un grand ébge de quelques peintures étrus- ques qu'on admirait encore de son tems. Mais quelque flattée que puisse être cette description» elle doit nous donner une haute idée des artistes de cette école. a Je n'ai pu contempler saas étonnement» dit-il» les » peintures qui «ont encore toutes fraîches et comme 9 toutes récentes» qu'on yoit à Lanuyium» dans un temple » ruiné ob elles subsistent au milieu de ces ruines sans V aucun donunage. Ces deux peintures sont de la mênoe Tt main, et représentent» l'une Atalante et l'autre Hélène;* t chacune est le pendant de l'autre. L'artiste a peint > Atalante nue» et ces deux figures sont d'une exquise » beauté;, mais Hélène est représentée avec toute l'inno- > cence virginale, c'est-à-dire» avant son enlèvement. » L'empereur Caligula essaya de faire enlever ces deux » peintures; la nature, de l'enduit de la muraille ne le > permît pas. » Pline finit par dire» en parlant des pein- tures encore plus anciennes de Géré : « Quiconque les » estimera selon leur mérite» conviendra que nul art n'est > parvenu en si peu de tems à sa perfection» car il n'est » fait nuUe mention de peintures à l'époque du siège de » Troie. » Pline vante encore ailleurs d'une manière bien posi- tive le talent des Etrusques, c L'Italie» ditril» liv. 34» » ch. 7» a &briqué aipssi des colosses: au moins voyons- Digitized by Google l44 BlftTOIU DB Li PBIJITVBk. • nous dans la bîbliollièque du temple d'Aaguste ua » Apollon brusque de cinquante pieds de haut, depois » l'extrémité du pouce du pied au sommet; ouvrage qui 9 laisse à douter lequel est le plus admiraUe ou la beauté • de la figure, ou l'art avec lequel elle fut exécutée ea » bronze. » Mais nous voudrions nous former une idée de l'art ou du style étrusque» d'après les monumensque nous possédons. Je pense néanmoins que cette connaissance apporterait peu de firuit à notre peinture et à notre sculpture; la nuance qui distingue l'wt étrusque du très- ancien style grec, et que nous connaissons, étant si délicate qu'elle ne peut influer que sur l'étude archéologique* Winckelmann cite des peintures étrusques découvertes en Toscane; mais il ne nous apprend rien sur le style qui les caractérise. c Les seules peintures qui nous restent des Etrusques, » dit-il, ont été trouvées dans les tombeaux de l'ancienne • Tarquinie; on y voit de longues frises peintes, et des* 9 pilastres ornés de grandes figures qui, occupent l'espacer 9 qui règne depuis là base jusqu'à la corniche : ces péib-» 9 tures sont exécutées sur un enduit épais' de mortier;- » plusieurs sont d'une bonne conservation;, d'autres ont » été presqu'entièrement dévorées par l'air qui a pénétré 9 dans ces souterrains. > U paraîtrait par la suite delà description que Winckelmann donne de ces peintures (découvertes par le père Paciaudi en 1760), que quel- ques-uns des sujets qu'elles représentent étaient exprimés avec beaucoup de clarté. On doit rappeler ici l'erreur qui a fait long-tems attri- buer à l'art étrusque les peintures qu'on admire sur tant Digitized by Google PBIMTUBB CHEZ LES GBfiCS. l4d de Taaeft grecs modelés en argile. La beauté des figures peintes sur- ces vases doit donc être, considérée comme appartenant non à Tart étrusque» mais à Tart grec. Voyez ce qui a été dit précédemment» page âi. Winckelmann et d'aulres sayans ont distingué dans Fart étrusque trois périodes : cette question nous importe peu; aussi ne m'y arréterai-je pas. Il serait de même assez inutile de recueillir ici ce que les antiquaires ont avancé au sujet de quelques particularités» soit dans le costume» soit dans les accessoires» pour prouver que certaines figures sont d'origine étrusque. La similitude qui » je le répète , existe entre le très-ancien style de Fart grec et le style de Fart étrusque» nous dispense de ces recherches. Au sur- plus ce que nous dirons au chapitre 5â jetera quelque lumière sur cette question. Ainsi passons à Thistoire de la peinture chez les Grecs. CHAPITRE 23. DE LA PEINTURE CHEZ LES GRECS. JLbs Grecs ont-ils été supérieurs aux modernes en pein. lare» et les tableaux de Zeuxis et d'Apelle étaient- ils plus beaux que ceux de Michel- Ange et de Raphaël? Telle est la question que Ton fait tous les jours» et à laquelle on répond rarement d'une manière satisfaisante. Les doutes qui se perpétuent sur ce point proviennent d'abord du peu de fixité de nos idées théoriques» et en» suite de ce que nous sommes, privés des chefs-d'œuvre qui ont immortalisé les Apelle » les Echion » les Proto- TOMB II. »o Digitized by Google l46 RISTOIRE DE LÀ PEINTmc. gène. De très -belles statues grecques subsistent, et nous accordons à leurs auteurs la supériorité sur nos statuaires; les tableaux grecs ont péri, et nous doutons si les peintres grecs surpassaient les nôtres. Quand ces contestations se termineront-elles? Peut-être ne sera-ce que quand des découvertes nouvelles nous auront enrichis de quelques peintures antiques évidemment supérieures à nos meilleurs tableaux, ou bien quand le goùt qui se répand de plus en plus pour les monumens des anciens aura à la fin réuni tous les modernes dans la voie de la vérité. Mais une idée qu'on peut avancer, c'est que plus on étudiera la théorie des anciens, en se familiarisant avec la philo* Sophie et le technique de leurs artistes, plus les induc- tions et les conjectures rapprocheront vers celte unité d'opinion en faveur de l'art grec, plus aussi on sera près de s'enlendre et de s'accorder dans une affection et une estime sincère pour cette peinture antique. Son éclat , il est vrai, n'est parvenu jusqu'à nous que par de bien faibles reflots ; mais il a attiré l'admiration de toute l'anti- ' quilé, parce qu'il était réel et merveilleux. Puissent donc les recherches que je vais poursuivre ici contribuer au moins à faire revivre cette même admiration ! Si je ne parviens pas II ce but, je n'en aurai pas moins attaqué " des préjugés assez fimestes; j'aurai éclairé sur des points importans de l'art et rattaché les esprits à certaines ques- tions intéressantes vers lesquelles ils n'avaient peut-être pas dirigé toute leur attention. Digitized by Google PfiINTlIB£ CHBZ LJ'.S GIIEC«. l/^-J CHAPITRE 24 OPmiONS DE QUELQUES AUTEURS SUR L'EXCELLENCE DE LA PEIÎ^TURE CHEZ LES GRECS. Jl LUSIBUR8 écriTains ont eu à prononcer sur le mérite des peintres de l'antiquité, et presque tous, ayant de s'en- gager dans cette question, ont jeté un regard sur les au- teurs modernes accrédités, qui ont eu occasion eux-mêmes de s'expliquer à ce sujet. Cette précaution n'a pas toujours été dans l'intérêt de la vérité; car pourquoi ne pas juger soi-même, et ne pas se méfier de l'influence des prévcn- tiens ? Aussi est-il arrivé que dans le monde, comme dans les livres , c'est le doute qui a prévalu. On voit même tous les jours des personnes se ranger du côté des dé- tracteurs de la peinture antique, et cela avec d'autant plus de sécurité qu'elles savent que des écrivains connus ont tranché sur ce point : ces écrivains ayant affirmé sans beaucoup de façon que les Grecs furent bien moins ha* biles que nous dans cet art et que les peintures trouvées à Herculanum, à Pompéi et à Rome, sont sans aucun mérite, si toutefois elles ne sont pas pitoyables. En eflet, telle est l'epinion de l'abbé Dubos, de Gochîn et de plu- sieurs autres qui ont donné le ton» bien qu'ils n'igno- rassent pas que Baphaèl, que Poussin ont pensé tout au- trement. Cependant il est à remarquer que ce goût de critique commence à vieillir, et que les gens instruits, qui sont au courant des connaissances nouvelles que l'on voit aujourd'hui briller déplus en plui^en Europe, ne partagent Digitized by Google l^S HISTOIRE DE LA PEINTtJBE, point cette préTentlon surannée. Si le dédain pour la pein- ture antique a été long-tems chez certains écrivains un parti pris et une obstination de calcul, aujourd'hui que le goût de la belle antiquité est beaucoup plus répandu, ce dédain n'est plus du bon ton, et le teins qui maîtrise ces préfé- rences de la vanité a fait à la fin justice d'un tel préjugé. De tous les observateurs attentifs et zélés sur cette question, aucun n'a encore fait voir la franchise et la pénétration de Webbs, qui écrivait vers la fin du 18* siècle. On doit le regarder comme le plus hardi défenseur de la peinture des anciens. Cet écrivain était jeune, lors- qu'il'fréquenta à Rome, Mengs,\Vinckelmann et quelques autres amis sincères des anciens. Il n'exerçait point l'art comme artiste, et son indépendance lui permit de mani- fester tout son enthousiasme pour le beau goût, pour la grâce et te génie des Grecs. Je vais citer les passages oii il s'explique le plus librement sur la supériorité de ces maitres de l'art. « Les fragmens des peintures antiques, dit^il» qui nous 9 restent des Romains, ou plutôt des artistes grecs, dès- 9 lors dégénérés, qui travaillaient pour les Romains leurs 9 vainqueurs, sont, pour la plupart, d'un choix si élégant, 9 si vrai, si grand, d'une justesse de trait si précieuse, 9 d'une telle fraîcheur de couleur, que nous n'avons rien » à leur opposer depuis la renaissance des arts en Europe. 9 Auprès d'eux le grand Michel-Ange et le fougueux Jules 9 sont farouches et strapassés. Raphaël lui-même, biea » qu'il semble avoir servilement suivi la marche des «r^ 9 tistes de l'antiquité, est lourd dans ses formes et dans le 9 choix de ses attitudes; dans ses ornemens en arabes- » ques, il est leur copiste exact, et, si les ouvrages de ces Digitized by Google PEINTUBB CBBZ LES GRECS. l49 ) fiuneux Italiens remportent sur les peintures antiques ■ qui nous sont connues, c'est par l'abondance dans la B composition et par la vigueur de couleur qu'ils ont i donnée à leurs tableaux peints à l'huile. » Opposer les peintures d'Herculanum aux ouvrages de Raphaël» c'était une hardiesse qui dut révolter bien du monde ; aussi» sans le secours des Winckelmann et des Mengs qui soutenaient quelques opinions à peu près sem- blables'y sans la disposition des esprits à l'enthousiasme pour l'art grec, enthousiasme qui commençait à être bien accueilli, l'auteur eut été déclaré fou. Le baron de Grimm, contemporain de Webbs, nous donne à entendre qu'on était loin de dédaigner la critique de ce jeune observa- teur anglais ; et d'Azara , en lui reprochant d'avoir été le plagiaire indiscret de Mengs, ne pense point à le com- battre. c On peut objecter, continue Webbs, que la prétendue > supériorité que j'attribue aux peintres de l'antiquité 9 sur les modernes, existe plutôt dans les descriptions B qu'on a faites de leurs ouvrages, que dans ces ouvrages > mêmes : mais nous ne devons reconnaître la force de 9 cette objection que quand on nous aura fait voir une B production moderne égale, pour le sublime, à l'Apol- 9 Ion; pour l'expression, au Laocoon ; pour la grâce et la B beauté, à la fille de Niobé, toutes qualités qui n'ap- B partiennent pas moins à la peinture qu'à la sculpture. B Pour ce qui est du coloris et du clair-obscur, indé- B pendamment des autres preuves, le génie supérieur des B anciens et leur application infatigable doivent suffire B pour faire présumer combien ils ont dû exceller dans » toutes ces parties. Digitized by Google lOO HISTOIRE D£ LAl PEINTUKE. » Plutarque compare aux poésies d'Homère les peîn- • tures de Nicomaqae pour leur tour heureux et leur » facilité.... Il dit encore que les poèmes d'Antimaque et » les portraits de Denys, avec tout le nerf et toute k 9 force qu'on y trouve» font sentir qu'ils ont été peines; » et qu'au contraire» les tableaux de Nicomaque et les » vers d'Homère, par toutes les perfections et les grâces • dont ils brillent» paraissent faits avec facilité. » Laissons-nous donc aller aux idées si naturelles que » fait naître cette agréable et constante uniformité entre » les conceptions des artistes grecs et celles des poètes^ • Le même style de grandeur, la même sensibilité, la » même délicatesse» la même élégance et la même sim- » plicité brillent partout et constituent également les ou* A yrages des uns et des autres. Est-ce que les poètes de » l'antiquité» s^ils n'eussent eu sous les yeux que des » peintures grossières, auraient pris plaisir h emprunter » de cet art leurs images et leurs métaphores? M'est- » ce p&s de lui aussi qu'ils ont appris à grouper et à dis- » poser leurs masses, à ombrer et à éclairer leurs figures, » à saisir les contours de la grâce et les teintes de la beau- . ». té, enfin tout ce coloris d'expression que l'on prendrait » pour les touches du pinceau ? » Pourquoi les portraits de Raphaël sont-ils extréme- » ment admirés ? c'est qu'il représentait l'ame, le carao- » tère, le tempéramment de ses personnages, qualité van- » tée d'Apelle, et non la forme et la coulc^ur seules de » leurs figures. » Une autre preuve de leur grand talent, c'est le choix • de leurs sujets. Faites peindre une figure seule à un » artiste moderne, et vous verrez que rarement elle aura Digitized by Google PEIRTUBB CHEZ LES GRECS. l5l « une grande force de caractère; aussi n'ea peint -od » guère ainsi, mais on en rassemble plusieurs. Si les • peintres anciens eassent été ignorans, ils auraient em- ■ ployé, comme nous, cette ressource. .. Enfin nous avons > eu de meilleurs ouvriers, jamais de si grands peintres. » Citons maintenant un passage qu'on trouve dans TEn- cyclopédie méthodique; il est de M. Lévesque. < Personne n'ose proposer le moindre doute, dit -il, sur la supériorité des anciens dans la sculpture : ce doute serait un blasphème; mais la vanité des modernes se console en refusant aux artistes de la Grèce la même supériorité dans la peinture. Le petit nombre de mo- numens qui nous restent de la peinture antique et les -conjectures vraisemblables que nous pouvons former sur ceux qui ont péri» semblent prouver que surtout dans la composition les peintres grecs ne suivaient pas les mêmes principes qui ont reçu force de loi dans nos écoles : d'où nous concluons que ces peintres étaient inférieurs aux nôtres; encore sommes-nous bien mo- dérés, quand nous ne prononçons pas qu'ils étaient des peintres méprisables. On peut, en faisant usage du même raisonnement, prouver qu'Homère ne savait pas {aire un poème épique ; que Sophocle, Euripide et en- core plus Eschyle, ne savaient pas faire de tragédies. Assurément les tragédies de Sophocle, le plus parfait des tragiques anciens, ne diffèrent pas moins des tra- gédies anglaises ou françaises, que les tableaux d'Âpelie et de Protogène pouvaient différer des* tableaux de nos écoles. » La principale cause de cette différence , c'est que > dans tous les genres nous ne cherchons pas moins la Digitized by Google l5« BISTOIBB D8 LA. PBllfTtJRB. » complication que dous décorons du nom de richasie, » que les anciens ne cherchaient la simplicité; c'est ce » que prouvent nos tragédies et nos tableaux, e c'est-4i-dire qu'ils ne sont ni chaires, ni durs, ni secs. > On est surpris, surtout de la grande intelligence du clair- » obscur qui y règne et de la nature de Tair ambiant, » lequel étant un corps d'une certaine densité, réfléchit la » lumière et la communique aux parties qui ne peuvent > pas la recevoir en ligne directe. Ayant remarqué com- > bien ces parties sont bien traitées même dans les plus » mauvais tableaux, quoique faits sans doute avec négli- » gence, ce n'est qu'avec étonnement que je pense à la » perfection que doivent avoir eue les ouvrages des célè- s bres artistes contemporains des sculpteurs qui ont fait » l'Apollon du Belvédère, la Vénus de Médicis, et les autres » ouvrages de celte beauté, qui ne sont cependant pas en- > core des productions des artistes du premier rang de > l'antiquité. 9 Je crois donc que le dessin des anciens surpassait de > beaucoup celui des modernes, car j'ai vu des tableaux » antiques aussi bien dessinés que ceux de Raphaël, Jes- 9 quels néanmoins ont été faits à Rome lorsque lelron. » goût grec ne subsistait plus, et qui sont tout au pins du > tems d'Auguste. » Le même auteur dit ailleurs que la grâce de l'Hélène de Zeuxis et de la Vénus d'Apelle, ne pouvait être que le résultat d'une très-grande excellence de contours. Enfin on lit encore dans Mengs le passage suivant : c Les peintures d'Herculanum sont admirables pour » les contrastes, la grâce des figures, les belles parties et > l'expression. On voit aussi qu'elles ont été exécutées » avec grande prestesse et franchise.... De sorte que si > Ton compare ces ouvrages avec les productions des Digitized by Google l54 DI5TOIRB DE L.i PBIIfTCRE. » modernes, et si Ton considère qu'ils ont été faits pour a des lieux si peu considérables, on comprendra aisément » combien la peinture des anciocs derait être supérieure » à celle de notre tems. 9 J'ai cru, ^oute Mengs, devoir faire cette petite di- » ^ssion pour lever le doute oii Ton est en général si B les anciens ont été plus habiles dans Tart de peindre » que les modernes, en se fondant sur la médiocrité des » peintures d*Herculanum et de quelques autres qui se » conservent à Rome, sans se rappeler l'état misérable N où les Romains avaient réduit la peinture. » Lettre $ur Vorigine, etc. pngc 1 1 6. L'opinion de Winckelmann sur l'excellence des pein* très grecs, était, comme on l'imagine, conforme à celle de Raphaël Mengs : je me dispenserai donc de la rap- porter ici. Je rappelerai cependant qu'il disait au sujet des danseuses d'iierculanum , peintures dont l'él^nce et la délicatesse sont avouées de tout le monde, « qu'elles » sont vives comme la pensée, b Josué Reynolds ne semble point établir de doute sur l'excellence des peintres de ces tems, et il appelle la peinture des noces aldobrandines, la plus belle relique de l'antiquité. « Si dai^ de petits bourgs, dit le comte Algarotti, l'on B trouve des morceaux de peinture sur des murs ob il » n*était pas possible de les garantir des incendies, et qui » datent du tems où Tart était dans sa décadence ; si l'on » remarque dé)à les mêmes beautés de dessin, de coloris » et de composition qui, abstraction faite de quelques B défauts, feraient croire à tout le monde que ces pein- > tures sont sorties de l'école de Raphaël, que ne doit-oii Digitized by Google PEIITTURB CHEZ LES GRECS. lS5 » pas présumer des plus anciennes qui avaient été faites » pour de grandes villes par les plus célèbres artistes ?.. » c Pline, dit un des auteurs de TEncycIopédie, nous » raconte tant de merveilles des peintures d*Apelle, de 9 NiciaSy de Zeuxis» de Prolcgène, de Pharrasius/etc.» » etc.» qu'en réduisant même à moitié les résultats de p ses brillantes descriptions» on doit présumer que les j» Grecs sont parvenus au degré le plus éminent auquel » Tesprit humain puisse atteindre. * L'éditeur ajoute en note : « Je pencherais plutôt à > croire que Pline ne nous a que faiblement exprimé le » vrai mérite des peintures grecques, parce qu'étant B étranger à l'art et ne connaissant pas d'ailleurs d'ou- » vrages d'autres nations, il n'a pas senti que le carac- t tère distinctif de l'art des Grecs était la beauté. 9 Je ne rassemblerai pas d'autres citations de ce genre, quoique les livres puissent en fournir un grand nombre; mais elles me semblent superflues ici, d'autant plus.jque }e ne parle pas encore des qualités particulières de la peinture des anciens, qualités désignées par plusieurs auteurs modernes. Il suflit d'ajouter que presque tous les écrivains vraiment éclairés paraissent n'avoir conçu aucun doute sur l'excellence des tableaux d'Apelle, de Timanïhe et des autres peintres célèbres de l'antiquité, quoique ces écrivains n'aient pas eu tous la connais- sance de l'art, à l'aide de laquelle ils eussent pu dé- montrer et rendre palpable leur conviction. Aussi est-ce UQ éloge bien solide que celui des savans qui peuvent signaler positivement les qualités qui distinguent ces restes de la peinture antique. Les rédacteurs des anti- 4iuMs d'Hercutanum, malgré toute leur réserve dans les Digitized by Google lS6 HISTOIRE DE LA PBinTUBE. éloges qu'ib font de ces peintures, s'expliquent sourent clairement sur quelques-unes de leurs perfections* M. Boèttiger, dans sa dissertation sur le tableau des noces aldobrandines, en fait sayamment un éloge comfJet. M. le comte de Glarac, qui a beaucoup examiné les peintures antiques du musée Portici, dit aussi : € On ne saurait 9 trop recommander aux artistes» et surtout aux peintres, » de consulter les peintures antiques; ils y trouveront 9 une foule de costumes et d'accessoires que n'offrent 9 ni les statues ni même les bas-reliefs» et qui sont plus 9 propres à la peinture que ne peuvent Tétre ceux que 9 nous a conservés la sculpture» dont la matière» les 9 procédés et le génie se refusent souvent à rendre ce 9 qui convient à la peinture et à la variété de ses 9 moyens. > Description des antiques du musée rojral. 1820. Page 78. On peut affirmer que l'estime pour la peinture des anciens augmentera de plus en plus tant que les savans dans l'art de l'antiquité poursuivront l'excellente route qui les guide aujourd'hui. En effet» ne pouvant se dé- fendre dans leurs recherches de rapprochemens et de comparaisons nécessaires h l'analyse des sculptures qu'ils soumettent à leurs doctes critiques» ces savans font sou- vent» sans le vouloir expressément» l'éloge de peintres dont jadis on admirait les chefs-d'œuvre : et pour ne citer qu'un exemple qui me tombe sous la main» écoutons ce que Yisconti écrivait relativement aux précieux ou- vrages de sculpture enlevés d'Athènes» et qui se voient aujourd'hui au musée britannique. < Micon avait peint des groupes et des combats de 9 Centaures dans l'intérieur du temple de Thésée» élevé Digitized by Google PSnVTVRB CHBZ LES 6RBCS. 167 » environ vingt ans avant celui de Minerve. L'art des V statuaires s'était empressé de suivre cet exemple; et » dans le même édifice, la frise qui règne sur les antes du » portique de derrière, nous montre encore aujourd'hui » en bas-reliefs, ces combats et ces groupes que la pein- > ture n'a pu laire parvenir jusqu'à nous. Il nj aurait » point d'anachronisme à supposer que Phidias étant » jeune avait travaillé à cette frise; mais il est plus pro- 9 bable qu'elle est l'ouvrage de Micon lui-même, qui était > à la fois peintre et sculpteur.... » Le mértfte de ces bas^relie&, sous le rapport de l'in- > vention et de la composition, est si frappant qu'il suffit » pour s'en convaincre de fixer seulement les yeux sur • les simples croquis des groupes admirables sculptés sur » chaque métope L'exécution de ces morceaux est t digne de l'école, de Phidias et de l'ensemble du Par- » thétton. > Au sujet des bas-reliefs du temple d'Aglaure, le même antiquaire ajoute : c La composition de ces bas-reliefs > est de la plus grande beauté. L'artiste qui les a exécutés > a probablement imité dans son ouvrage des groupes in- > ventés par Micon : cette conjecture est d'autant plus > probable que l'exécution de ces morceaux, sans être 9 lâche, est cependant au-dessous de la beauté de l'in- » vention. » Quoique les injures du tems aient dégradé jusqu'à » un certain point ces ouvrages, l'aspect en est agréable » et intéi^ssant, et si l'on suppléait à ce qui manque aux » reliefs, par des restaurations en stuc habilement exé- B cutées, je suis persuadé que l'ensemble de ces compo- » sitions admirablement variées dans le mouvement ei Digitized by Google l58. IIISTOIBB DE LA PBINTDRB. n dans les accidens des figures et des groupes, tant des » hommes que des chevaux, serait d*un effet imposant* » Tant de suffrages désintéressés ne doivent-ils pas suf- fire; et si nous avons à choisir entre l'-estime et le dédain > comment , après de tels témoignages , hésiter dans nos préférences ? Quant au petit nombre d'auteurs qui ont parlé avec mépris des merveilles sorties du pinceau des Grecs, il est fieicile de voir, à la stérilité de leur théorie, -i||ue c'est le manque d'élévation dans les idées et la servitude de hi routine qui les ont déterminés à rejeter ces comparaisons par lesquelles ils eussent é*é engagés dans des recherches trop nouvelles pour eux, et oii ils craignaient peut-être de perdre celle réputation d'enthousiastes et d'apprécia*^ teurs que leurs louanges excessives pour les écoles mo-> dernes avaient dû leur assurer. Ainsi leur critique dédai^ gueuse sert le plus souvent à relever l'éclat t de cette > antiquité grecque, la mère de tous les arts et la source > des plus vives lumières qui aient éclairé l'esprit hu- > main. » Yillbsiain. Di$c. àl'Acad, is octobre i8ss. CHAPITRE 25. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR L'EXCELLENCE DE LA PEINTURE CHEZ LES GRECS. JjiEH qu'une des plus persuasives inductions qui nous fessent croire à la perfection de la peintnne chez les an- ciens, soit la perfection de leur sculpture, nous devons nous édairar encore par tout ce que les écrivains de l'antiquité Digitized by Google PBINTUBB CHEZ LES 6EBCS. iSg ont dit en sa faveur. Il y a des expressions si positives dans Plutarque» dans Pline, dans Maxime de Tyr, dans Qutntilien, etc. sur la beauté des tableaux grecs, qu*on est forcé de partager leur admiration ; et Pausanias, qui ne met aucune partialité dans ses descriptions, suffit peut-être seul pour nous convaincre du mérite égal des tableaux et des statues des artistes de la Grèce. £ii effet la manière dont ce savant vopgenr est affecté, soit de Fexpression de vérité, soit de la beauté des uns et des autres, ne nous laisse aucun doute que ces deux arts n*aîent été autrefois également parfaits. Il paraîtrait même que, quand Pausanias décrit des peintures, il en conserve dans son souvenir des images encore plus vives que quand il décrit des sculptures. Mais jcc qui rend les ex- pressions des écrivains anciens si honorables selon moi pour les peintres grecs, c'est que ces expressions sont surtout appliquées aux caractères ou aux mœurs des figures représentées, à leur action, à leurs passions et à tout leur style. Or, comme on le sait, ce sont là les par- ties principales de Fart, ce sont là les conditions qu'il est le plus difficile de remplir dans toute la peinture. Et pourquoi donc serions-nous moins admirateurs des Grecs que ne Pont été les Romains, qui, bien qu'entourés de leurs propres chefs-d'œuvre, étudiaient sans cesse à ces mêmes écoles grecques conservées pures jusqu'à eux? pourquoi voudrions-nous paraître plus réservés dans notre estime et plus raffinés dans nos goûts que ces mêmes Ro- mains qui devaient, à l'aide des Grecs, s'être formé des idées sftres et positives sur le vrtfi beau, sur la véritable grâce; qui n'aimaient dans tous les arts que ce qu'ils ont de releiiré, de sublime, de délicat et d'utile, fisiçon de Digitized by Google l6o BISTOiaB DB LA PBINTVBJ!. voir et de sentir qu'ils entrelinrent consUmineiit Uni qu'ils eurent ces Grecs pour émules ? pourquoi enfin hésiterions-nous à nous prévenir pour la peinture grecque, tant applaudie, tant admirée par ces mêmes Romains, qui avaient en même tems pour exemples les plus beaux ar- chétypes de la sculpture, nous qui ne pouvons pas seu- lement nous vanter de posséder un ouvrage des premiers statuaires d'Athènes ou de Sycione, noi^ chez qui Tart ne produit quelques excellons résultats que par hasard» de loin en loin, et malgré les obstacles qu'apportent notre barbarie et nos préju^ ? . Mais remarquons au sujet de la comparaison de la sculpture et de la peinture antique, que de même qu'on admire plus sincèrement aujourd'hui et que l'on vante de meilleure foi la sculpture antique, parce qu'on com- mence à s'en rapprocher et à en rechercher le goût et les principes, de même on admirerait la peinture des anciens, si Ton cherchait également à en répéter la mé- thode, le style, et à en employer les secrets. Mais comme on ne s'est prescrit aujourd'hui pour types que des ou- vrages modernes, et que l'on ne possède que de très- faibles restes de la peinture romaine , restes qui sont li peine connus des élèves; comme d'ailleurs on n'a point de préceptes écrits par les anciens eux-mêmes sur la peinture, il résulte qu'en étudiant et en admirant les ta- bleaux modernes de nos maîtres , on ne s'occupe guère de ce que peuvent avoir été les tableaux de Zeuxis oa d'Apelle. Cependant décider d'après cet état de choses que ces peintures, si vantées par les anciens, ne devaient point être merveilleuses, et le décider aussi, par la raison qu'elles étaient nécessairement fort différentes de celles Digitized by Google PBIKTUAB CBBZ hU GBBCS. l6l de nos. miiséea et de nos cabinets, ne seFtît--ce pas por- ter un jugement aussi injuste que ridicule? Mais je dois mettre ici une restriction k ce que je viens d*a¥aDcer; car depuis l*heureuse réforme qu'a subie parmi nous la peinture» on a vu les meilleurs peintres de TEu- rope tâcher d'emprunter le goût, la simplicité et le lan* gage de Tart antique , et cela parce que ce langage est naturel et beau. Malgré tout, qu'est-ce qui arrête et qui rebute le plus grand nombre? C'est que n'ayant pas tou* jours compris la science et les secrets des anciens» et ne pouvant donner à leur«^ableaux qu'une espèce d'apparence et non le fond du caractère de l'art antique» ils ont souvent encouru des blâmes et des dédains qui les ont découragés ; en sorfe que» sans avoir vonlu en revenir précisément an style des Raphaël et des Carracci» qu'ils trouvent un peu suranné» ils ont tenté diverses combinaisons mixtes» qui ne leur ont pas mieux réussi parce qu'ils n'étaient pas sou- tenus d'ailleurs par les antiques principes du dessin* Notre admiration pour les meilleures sculptures anti- ques que nous possédons» est» pour ainsi dire» sans bor- nes ; en sorte que si nous retrouvions des peintures anti- ques du même d^ré de mérite» elles obtiendraient certai- nement de nous une admiration égale. Que serait-ce donc si nous retrouvions des ouvrages originaux d'Âpelle» de Parrhasius » de Protogène ? Quels éloges parviendrions- nous à leur donner» puisque nous ne saurions plus au- jourd'hui en quels termes vanter le Jupiter et la Minerve de Phidias» la Venus de Praxitèle» et toutes les figures de Polyclète.ou de Lysippe» si nous retrouvions ces statues^ celles du Laocoon» de l'Apollon» de la Vénus Médicis ayant épuisé toutes nos louanges? TOMB II. 11 Digitized by Google ]69 HI8TOIBE DE LA PEINTVBB. QueHe crainte nous retient donc duns notre affection comme dans nos regrets ? pourquoi ne pas conyenir «que les RapWël et les Michel-Ange qui s*éclairèrent» comme on le sait, par l'étude des sculptures antiques, se fussent formés tout-&-fait, si les chefs-d'œuyre de la peinture grecque fussent parvenus jusqu'à eux? pourquoi craindre aussi dUfiàiblir leur célébrité» par Téloge que Ton ferait de la peinture des anciens, lorsqu'on sait que cet éloge et cette estime qui sont propres à relever Tart» peuvent servir en mépie tems à justifier les modernes des erreurs qu'il ne faut attribuer qu'à ce dénuement où ils ont été d'exemples antiques excellons ? Oui, j'aime à le croire, et , .j'en suis persuadé, un tableau d'Apeile ou d'Aétion était une chose aussi admirable que touchante; aussi gracieuse et attrayante, que forte et noble par sa sim- plicité; et je ne pense point que les auteurs anciens aient exagéré les louanges qu'ils ont fréquemment prodiguées à d'aussi beaux ouvrages, ni qu'ils aient jamais feint d'en être enchantés. Quoi de plus naïf, pour àieit un seul exemple, que la description que nous a laissée Lucien du fameux ta- bleau dé Zeuxis représentant une Centaure allaitant ses petits? Ne voit -on pas le tableau lui-même dans cette copie écrite, et y a-t-il ta moindre exagération, la moin- dre flatterie dans le récit ? Lucien décrit ainsi cet ouvrage, d'après une très^bonne copie qu'il en avait vue à Athènes: c C'est sur un gazon verd et touffu, dit-il, tfae la Gen- • taurelle est représentée; sa partie inférieure, qui est 9 celle d'une cavale, est couchée sur le côté^ ses pieds 9 de derrière sont étendus; ceux de devant sontreployés; B l'une de ses jambes semble appuyée sur le genou» et Digitized by Google PBIMTIIBB CHBZ LES GEBCS. l65 • montre on se courbanl le dessous de la sole» tandis que » de Feutre, elle pince la terre, comme font les cheyaux » qui Teuient se ; relever. Sa partie supérieure est celle k d'une belle femme qui s*appuie sur le coude : elle tient » dans ses bras un de ses deux petits et lui présente la » mamelle : Tautre tête sa mère à la manière des pou- • lains. Vers le haut dn tableau est un Centaure (Tépoux ■ de celle qui allaite les deux petits). On ne lui voit que 9 la moitié du corps : il a Pair d'être aux aguets : penché » Ters ses enfans, il leur sourit, et de la main droite il » tient un lionceau qu'il lève au-dessus de sa tête, comme • pour s'amuser à les effrayer* > Toute la Grèce connaissait ce tableau; plusieurs au- teurs en ont parlé, et chacun le louait, selon l'impression qu'il en recevait* Pline, en pariant de cette peinture, s'at- tache k vanter la transition ingénieusement exprimée de la partie humaine et féminine de cette Gentaurelle, aux formes chevalines du reste du corps, signalant l'art avec lequel ce passage était rendu par le pinceau. Je crois voir réellement le tableau lui-même. Je vois la vie dans les mouvemens; le caractère de beauté agreste et juvénile dans la tête et le torse de la GentaUrelle : ses petits me semblent animés, sains, pleins d'incarnat et de charmes. L'aspect du tableau est vrai et tout naïf; une simplicité et un calme magique donnent à cet aspect une physionomie enchanteresse. L'effet n'a lieu que par des oppositions sans affectation, tant l'art a déguisé Fart. La temte est juste, belle, lumineuse et vraiment naturelle. Enfin on éprouve un certain enchantement à le contem- pler, et c'est en même tems faire une étude pleine d*aU traits que de l'analyser. On est ému, on se sent tressailKr Digitized by Google l64 BISTOIftE DB LA PEIlfTUBE. en radinirant; on sourit, en suiyant la correction de ces bouches enfantines; t>n est plein d'amour , en suivant .les contours corrects de ce beau sein que la santë et la beauté feraient croire lencore virginal; cette coiffure élégante contfasteavec ce corps et avec ces pieds» d'une 'nature si différente; et ce contraste piquant et ingénieux qui tient notre attention en éveil» met en mouvement mille idées sur le beau et sur la nature. Enfin tout est science et tout est sentiment dûs cette délicieuse peinture. 0 ZeuxisI tu disais avec raison que nul prix ne pouvait dignement payer tes ouvrages. C'est le fini joint à la facilité attique; c'est surtout le nerf joint à la grâce» la suavité unie à la précision ; c'est enfin cette perfection dont plusieurs an- tiques ique nous possédons peuvent nous donner quelque- fois l'idée; perfection qui est autant le résultat d'un sa- voir réel et certain» que d'une force de génie Tare et toute particulière. Je viens de rappeler un tableau qui offre peu d'inté- rêt dans nos mœurs. Que n'y a*^t-il pas à dire de tant d'autres peintures où les sujets les plus nobles et les plus pathétiques étaient conçus et traités à la manière des grands poètes d'autrefois? CHAPITaE 26. DES, DIVERSES CAUSES AUXQUELLES ON ATTRIBUE LEXGELLENCE DE LA PEINTURE CHEZ LES GRECS. JL LVSU1TRS écrivains modernes se sont efforcés de retrou- ver les causes de l'excellence de l'art des anciens^ mais Digitized by Google CAUSES PBÊTBMDOBS DB l'eXC. DB l'&BT* GH, LBS GBBGS. i65 tontes leurs recherclies n'ont été utiles que lorsqu'elles BOUS ont éclairés sur ^excellence de la théorie des écoles antiques. En effet, à quai peut nous senrir la preuTO de plusiours causes de cette excellence, si dles ne doivent- se renouveleiv qu'accidentellement et peut --être même jamais parmi nous?. Nous tâclierons, au surplus, de dé- montrer que ces causes ne sont le plus souvent que très- secondaires ou au moins très-*indirectes, et que la véri- table raison de la supériorité des Grecs en peinture, est la supériorité de leurs dootrines. Que parmi ces causes on en signale que les modernes pourraient fiiire renaître, j-'y consens, hkfB qu'il soit peu vraisemblable que nos moBors s'en accommodent; telles sont les palesti^s, les jeux olympiques, l'usage d'innombrables statues honori- fiques, etc. Mais, lorsqu'on nous signale pardessus tout et avant tout, comme sources de la perfection des artistes grecs, leur excellente organisation, leur goût naturel, leur délicatesse extrême, la beauté de leur climat, la beauté des habitans de là Grèce, enfin tant d'autres fiiveurs par- ticulières di| ciel, je dis que c'est plutôt inspirer k nos artistes la. défiance d'eux-mêmes, le d^oùt et le décou- ragement, que ce n'est exciter un enthousiasme utile et unesalutairo émulation. Les écrivains qui no pouvaient nous indiquer les secrets de la théorie antique nous ont donc exposé» chacunà leur manière et avec plus ou moins d'importance, leurs con- jectures sur des causes qui ne sont que secondaires : les . uns ont attribué la supériorité des Grecs dans les arts à leur amour constant et à leur enthousiasme pour la liber- té; d'autres, les trouvant plus près de la nature par leurs mœurs pastorales, ont cru y voir la source de cette in- Digitized by Google |66 BtSTOIAB DB LA PBIITTUES. géDuilé el de cette naîteté qai sédut dans leurs ou- Trages; ceux-là ont tu la caase de la beauté et de Tex-* cdlence de lean statœs dans le culte mythologique et dans le charme de leur religion; quelques-uns ont cm en trouver le principe dans rexcellence des modèles nus» comme s'il n'y avait de beau que le nu dans les ouvrage» de la sculpture grecque. Enfin, tant&t c'est la douceur et la pureté du climat, tantdt ce sont les mœurs ; ou bien ce fut une dbposition innée et toute particulière aux Grecs qui les a rendus si supérieurs à tous les autres peuples du monde* Pburquoi donc tant de gêne» tant de détours pour rencontrer une chose qui n'est point un mystère? Pour- quoi supposer tant de petites diflSirences en tout point, lofsqu'fl n'y en a qu'une grande en un seul )e veux dire la différence de la théorie? Ainsi, pour combattre ce que ces écrivains disent, par exemple, sur l'influence des moMirs, du patriotisme et de la religion, ne peut-on pas fiiire remarquer qu'il s'est trou^ vé de même parmi les sculpteurs et les peintres modernes de» hommes chex lesquels ces mêmes vertus étaieni do« minantes; des esprits élevés et purifiés par les bonnes mœurs, des âmes ardentes pour tout ce qu'a de beau, de grand et de sublime, la religion, l'amour de la patrie et du prince, la gloire nationale, etc., etc. ? Et certes ces ar«- tistes n'ont pas créé pour cela des chefs-d'œuvre égaux aux chefs-d'œuvre grecs. C'est donc fiiute de documens et de bonnes théories qu'ils n'ont pu les égaler^ Il ne suffit pas, lorsqu'on est en présence d'une ébauche en ai^e, ^ d'un tableau commencé, de s'inspirer de tous ces grands sentimens de patrie, de religion, d'héroïsme et de triomphes; il laut péUser à l'art lui-^éme, à ses Digitized by Google CAVSB8 PBiTBND»» NI L*EXC. DX l'ABT Ofi; LES GBBCS.^ 167 grands préceptes et à sas régies techniques. S'il s'agit» par exemple, du mouvement ou du jeu mécanique deriel os ou de tel muscle, il faut puiser dans la science ana€r>* mique et artistique. Socrate, Périclès, Pallas elle^-même* YÎendrait dans l'atelier du peintre^ qu'il n'en serait pa» plus aidé, si ces êtres fameux ne lui ouvraient le livre de la science. Il s'agît de formes, de contours, d'aplomb, d'ordre, de disposition, de perspective, 4'hannonie, d^u- nité, de convenances, de vérité de formes, de beauté, enfin il s'agit de toutes ces connaissances immenses, infi*- nies, profondes, cachées, et qu'il est si difficile de rassem- bler et de mettre en pratique. Le Bernin, lors de la force de son talent, aurait retrou- vé l'ancienne Athènes ou le beau ciel de l'Ionie, y serait aili exercer son art à sa façon, y serait dévora mytho- logue et républicain, qu'il n'en aurait pas moins exprimé sur le beau marbre de Paros des chaics flasques et des os douillets; et Michel- Ange, transporté au milieu de ces pays délicieux, en présence des plus élégantes courtit- •sannes de l'attique, n'en etJâ pas moins bosselé ses cent- tours et torturé ses déesses. L'école est tout. La théorie^ excellente ou vicieuse, produit L'excellent ou le 'vicieux. Le génie élève, il est vrai, l'artiste plus haut que les règles, et le fait planer au-dessus des simples documens; et en cela on peut le comparer à l'aigle qui élève jusque dans les nues son vol majestueux; mais de même que lair soutient les ailes immenses de l'oiseau de Jupiter, de même la science et la théorie servent toujours de moyens aux plus heureux génies. c L'infériorité des statuaires modernes, dit M. &ncric » David (Becherches, etc.), ne saurait être attribuée ni Digitized by Google 168 BltTOlBS m hJL PBINTVU* 9 k rimpuÎMaBce da climat, ni à la saintelé de la religion > chrétienne, ni aux formes constitutionnelles des gou- » veratmens, considérées du moins en elles-mdmes. Il w est donc, poursuit cet écrivain, d'autres causes dont » il &ut nécessairement reconnaître ici la puissance. » La cause que Tauteur considère comme dominante dé- pen dit -il ailleurs, sont semblables aux plantes fragiles 9 qui exigent une culture assidue et des soins raisonnes. » Ils résistent, aux orages, aux frimats, aux guerres, aux » révolutions : ils périssent par Findifférence ou les er- » reurs de la main qui doit les protéger. «.. De même que 9 Tabondance et la bcMité des fruits de la terre, sont la 9 récompense des travaux et de la sagesse du cultivateur; 9 de même les productions du génie dépendent des soins 9 des législateurs. > Bien de plus juste que cette comparaison; cependant il s*agit de désigner les moyens qui sont entre les mains des législateurs. L*auteur, dans tout le cours de son ouvrage, en indique plusieurs : il semble vouloir, dans le passage suivant, les signaler de nouveau. c Faire aimer Fart, dii-il, en le rendant utile aux nobles » passions dont les peuples peuvent être animés; éclairer » le goût général, en multipliant les moyens de compa- 9 raison; faire en sorte qu*il dirige l'opinion des hommes n ^ en place, et que les.préjugés des hommes en place n'aient » aucune influence sur le goût des artistes ni sur celui du 9 public; donner au génie l'assurance qu'il sera jugé avec i connaissance et avec sévérité; garantir les artistes de 9 la nécessité de se livrer à l'intrigue et de chercher des 9 protecteurs; rendre inutiles ces funestes ménagemens Digitized by Google GÂTOB8 PEiTIKBiTBS VB l'bXC. DB L*ABT OI. LBS QBBC8. 169 » qoi, enchaînant trop souTent la critique» kissent régner » les erreurs les plus dangereuses; décerner avec justice » et sans prodigalité les honneurs promis aux grands ta- 9 lens; en assurer Tordre et la dispensatton par des lois » immuables; les graduer de telle manière, que sans cesse » une palme conquise, en fasse rechercher une autre d*un » plus grand prix : tels sont en général les mpyens de faire 1 naître et de soutenir l'émulation, de maintenir la pureté » du goût , d*exoiter le génie à des recherches et à des 1 efforts dont la perfection de l'art puisse être l'effet. » Ailleurs l'auteur parait indiquer particulièrement trois moyens principaux, c Ce sont les honneurs qui font vivre » les arts, dit^il; mais les honneurs ne suffisent pas. Les • arts exigent encore des travaux capables d'inspirer de » nobles idées, et une saine théorie que le goût général » ait sanctionnée, que le goût général protège, que les » opinions particulières ne pmssent altérer. » Or c'est cette saine théorie qui, selon moi, fut la grande cause de l'excellence de l'art grec, et le grand moyen qui se trouve k la disposition des légblateurs de tous les pays, de tous les tems, et sous tous les climats; c'est cette saine théorie, protégée par le bon sens et la philosophie des Grecs, qui à surtout différencié les anciens des modernes; c'est par cette théorie enfin, dont nous ne devons cesser d'étudier, de respecter et de propager les lois dans des écoles autrement organisées que celles que nous avons aujourd'hui, que nous pourrons réellement devenir les rivaux des anciens. Au reste, tout ce secret des Grecs n'est-il pas très- simple? Ils voulaient exceller dans les arts, ils le voulaient tous : chacun apporta ses idées, ses maximes, et l'on fut Digitized by Google 170 HUTOIEB DB LA PBINTVlkB. toujours d*aecord sur le meilleur choix* Il eu résulta, une théorie fixe» uuiTerseUe» que rieu ne put corrcHupre ni ébranler. Les artistes n*eu dévièrent point» et n'eurent quà opérer; et comme cette volonté des Grecs d*ex.ceUer dans les arts, découlait d'une première volonté bien plus éniinente, celle d'exceller en tout sur les autres peuples de la terre (sentiment qui leur fit employer les beaux-arts comme moyen de maintenir leur religion» d'entreteniv leur patriotisme» d'élever leurs mœurs par l'idée et le goût du beau)» il se trouva des milliers de tableaux li peindre» des milliers de statues à sculpter. Ainsi l'igno- rance ou l'inaction des artistes de la Grèce eût été bien plus surprenante que ne le fut leur science immense» leur constante activité. CHAPITRE 27. DE L'INFLUENCE DE LA RELIGION DES GRECS SUR LEUR PEINTURE. VuoniBif de fois n'art-on pas dit que la sculpture grecque devait son excellence k une religion qui» fiivorisant le peiv fectionnement des sens» et ne combattant point les pen» chans de la nature» aiguisait la sensibilité et rendait en- core plus délkat et plus exquis» le sentiment de la grâce et de la beauté? Cette obligation» répète-t-on» où étaient les artistes anciens de reproduire constamment les charmes des dieux et des déesses» a dû influer sur la pwfisetion de leurs ouvrages. EstH^ donc raisonne^ avec circonspect lion que de &ire valoir autant l'influence de ces causes? Digitized by Google C4VSES PBiT£in>VS9 DE l'eI€. DB l'aBT CHé LES €BSdS. I7I n est Trai qae les peintres et les sculpteurd étaient tenus de représoiter la beauté et la perfection dans les îipages des dieux ; les prêtres et la religion le prescrivaient : mais aujourd'hui combien de Mécènes puissans» combien de souTerainSy combien de protecteurs qui ont exigé de nos artistes des conditions semblables au sujet de telle ou telle figure, de telle ou telle histoire, et même au sujet de saints personnages de notre religion ! et cependant qu'ont pro- duit ces Yolontés» comment les peintres ont-ils répondu à de tels ordres ? Ce n'est donc point parce qu'on comman- dait aux artistes grecs de peindre les dieux arec toute la perfection de Tart» mais bien parce que ces artistes sa- ▼aient exprimer les beaux caractères, savaient en étant Trais et en embellissant^ représenter les dieux, que leurs ouvrages se trouvent aujourd'hui si au-dessus de ceux des . modernes. Il me semble d'ailleurs qu'en raisonnant comme on le bit on établit mal la question ; car on devrait de- mander, non pas si la religion fut favorable à l'art, mais si la science des artistes fut favorable à la religion. Je conviens que les prêtres durent veiller avec un zèle scrupuleux à ce que les artistes ne sortissent jamais des types consacrés par leur mythologie, et que cette fixité de caractère a dû rendre cette religion conservatrice des arts dont la destination était aussi d'honorer les dieux; mais nos conciles, que n'ont-ils pas prescrit au sujet des images do notre religion ? Combien a été attentive leur surveillance en ce point? Cependant les beaux-arts n'ont point répondu à tant de sèle. Enfin d'oii vient cette difil^ renée entre les anciens et noua, si «ce n'est de ce que les prêtres chez les Grecs étaient initiés dans les mystères de la peinture» de k sculpture et de l'architecture; qu'ils en Digitized by Google IJ% HMTOIIB BB lA PBIlITraB. possédaient les doctrines; qu*ils avaient eux-mêmes ins- titué ces doctrines; tandis que les ministres du christia-* nbrae fiirent trop souvient étrangers aux moyens des beaux-arts? Aussi quelle n'a pas été parfois l'InOuenca des évèques, des. abbés instruits dans ces mêmes artsl Combien d'alises doivent k leur savoir ce qu'elles ont d'élégant» de grand et de magnifique ! Combien d'an- ciennes sculptures embellies par leur autorité et sous leur surveillance l . Mais quoi I nous attribuons au paganisme Pèxcdience des artistes payens» nous voulons que ces dieux, ces déesses aient inspiré les peintres» et que» s'offirant poor modèles à leur imagination» ils leur aient fait produira des cheb-d'œuvre; et nous semblons ne tenir aucun compte de la. beauté morale qui éclate dans les sublimes modèles que nos artistes chrétiens ont k représenter! Quand bien même il serait vvai qu& la grande chasteté de notre religion exclue les représentations du nu et les attraitS' attachés k la beauté des formes humaines» exclu- sion qui n'a point lieu» comme on le sait et comme le prouvent tant de tableaux admis dans nos temples ; quand même*» dis-je» cette espèce de beauté serait interdite k nos pinceaux modernes» les évêques» les pasteurs inter^ disent-ils la- beauté morale par laquelle les artistes peuvent &ire admirer leur talwt? N'excitent-ils pas au contraire les peintres k s'élever jusqu'k fa sublimité des saints» à représenter d'une manière ravissante le haut caractère des pères de l'église» la puiseté et la foi des martyrs» l'hé- roïsme des vierges» tous medèles de force et de simplicité» de sainte sagesse et de charité?. Or» si les vertus des dieux prétendus de la Grèce ont Digitized by Google CAV8S8 PBiTENDVBS DB l'bX€. DB l'aBT GH. LB8 6BBG8. 17? été si bien peintes dans les tableauz des Parrhasius , dea Enphranor» pourquoi les TerCus de nos héros chrétiens sont-eHes si faiblement retracées, si pauvrement écrites dans les milliers de peintures destinées à décorer nos ^lises? Qui oserait dire encore que c'est la différence de religion qui fitit la différence de succès et la différence de résultats ? Au resté» les modernes représentent aussi dans les galeries et les palais, des Jupiter, des Apollon, des Vénus; et ces figures sont cependant fort inférieures h celles des Grecs. C'est, dira-t^n, parce, que nos artistes ne sont point identifiés arec les mythes antiques ; mais on peut &ire remarquer encore que les héros grecs qui sortent tous les jours de leurs pinceaux, que leurs Thésée, leurs Achille, leurs Aristide, leurs Phocion, sont tellement Soignés du caractère offert sur de pareilles figures an-» tiques, qu'on les reconnaît pour modernes au prime abord. Or, rien n'empêcherait nos artistes de s'élever au moins à la mèa» philosophie, à la môme moralité d'images que les artistes grecs. Laissons donc là ces excuses et tons ces prétextes, et avouons que notre ignorance et notre rou- tine sont les vraies causes de notre infi&riorité. Cependant, poursuivra-t-on, une chose que l'on doit considérer comme ayant dft singulièrement influer sur la beauté de leurs figures de divinités et sur toutes les repré* sentations relatives au culte mythologique, c'est l'idée très-élevée qu'on était parvenu à leur inspira au sujet de cette même religion. On citera peut-être à ce sujet quelques exemples pour preuve de leur respect inviolable et de leur jaloux enthousiasme pour leurs dieux; et peut« être choisira-t-on le suivant. Dans une pièce d'Eschyle, il se trouva quelque chose qui sentait l'impiété r aussitôi Digitized by Google 1^4 HISTOIBB DE LA PElNTOJkE. tout Taùditoire prit feu» et »e levant tout^-coup» «'écria : Qu'on fasse périr le blasphémateur des dieux I Amynias, frère d'Eschyle, s'élança d'abord sur la scène» et fit voiv le reste du bras qu'il araît perdu à la bataille de Sala- mines; il représenta aussi le mérite de Gynégyrus son autre frère» qui dans le même tems s'était généreusement sacrifié pour la patrie. Le' peuple condamna Eschyle d'une voix unanime» et lui accorda la yie à la considé- ration de son frère Âmynias. Tels étaient» ajoutera-t-on^ ces Grecs» qui peu de tems après s'illustrèrent dans les arts» et qui portèrent la perfection de la sculpture et de la peinture à un ri haut degré. La crainte des dieux» dira-t-on enco^» suite de ces hantes idées de vénération» a Ad iafluer. aussi sur les images; la lecture d'Homère et d'Hésiode nous en peu- vent donner une idée« EnfiB honorer les dieux était pour les Grecs le premier des devoirs; et ces dieux» ils se les figuraient beaux» pleins de majesté et brillans d'une grfice infiâie. Mais» que prétend-on prouver avec cette comparaison? Notre respect pour le vrai Dieu est-il donc moins pro- fondàooent établi dans nos âmes? Nos mystères saints seraient-ils moins sacrés pour nous» moins honorés; et l'idée que nous nous faisons du Tout-Puissant n'est -elle donc pas au-dessus de la beauté des images les plus par- faites ? Ainsi»' il serait faux de dire que plus de vénération^ plus d'amour» plus de religion ajouterait quelque chose» sous le rapport de la majesté et de la sainteté» à nos peintures* Certes» ce n'est pas le caractère d'onction ou de piété qui manque» soit dans le célèbre tableau deia cémmumon Digitized by Google CAUSES PRiTENDDSS BB l'eXC. DE l'aRT CH. LES GRECS. 1 ji de Saint- Jérôme» peint par Dominichino, soit dans le tableau de Jésus pleuré par les saintes femmes an pied de la croix, peinture fameuse d'Annibal Carracci et qu'on admirait dans Fancienne collection d'Orléans, soit enfin dans toutes ces figures de Christ et dans ces sujets de TÂssomption, représentés habilement par nos premiers maîtres; non, mais c'çst par le style qu'ils pèchent, c'est par le manque de justesse et de beauté des person- nages; beauté qu'ils ne pouyaient égaler à celle des an* ciens, puisqu'ils ont ignoré jusqu'à présent l'aK des diverses proportions, et celui d'embellir proportionnel* lement les parties et l'ensemble de leurs modèles; jus* lesse qu'ils ne pouvaient porter aussi loin que les peintres grecs, puisque les pratiques modernes éloignent les ins* trumens propres à vérifier les mesures, et ne reposent guère que sur le sentiment. Le Brun, par exemple, a peint avec une expression vraiment religieuse le martyr de Saint-Etienne : on voit l'ame de cet illustre confesseur de Jésus-Christ en rap* port déjà avec la divinité. On voit sa sainte joie croître avec ses soufirances, elr, malgré ces bourreaux qui le la- pident, ce n'est pas la mort de Saint-Etienne que nous voyons dans ce tableau, c'est sa nouvelle vie dont le commencement fait tout l'objet de notre pieuse contem- plation. Et cependant, pourquoi ce tableau est-il d'ail- leurs assez faible ? Pourquoi ce peu de vie dans le corps du saint héros ? Pourquoi ces bourreaux faux d'action et d'un dessin si incertain P Pourquoi ces draperies et tout ce site offrant si peu d'accord et d'unité avec le sujet, si peu de poésie, bien que l'auteur de cette peinture fàt doué d'un grand et beau génie ? Point d'autres causes Digitized by Google 176 BUTOIBB DB LA ^ftlHTDBB. que les idées courantea de son tems, que' les conTentiE l'ART GH. LES GBECS. I77 rè^es, on n'a guère su et on ne sait même guère aujour- d'hui en quoi consiste la peinture et quels sont ses vrais paréceptes : voilà la cause des succès constans de l'élo- quence ; voilà la cause de tant de triomphes équivoques de la peinture. n ne peut y avoir de similitude, avouons^e donc, entre les résultats qu'obtenaient nos Bossuet, nos Massillop, nos Bourdaloue, par ces adn&irables discours qu'ils adres- saient aux fidèles et aux puissans de la terre, et ces peintures -que les Mignard, les S. Bourdon, les Jouvenet exposaient pour la même fin dans les palais et dans les On met encore en avant, pour attrihuer à la religion des Grecs une partie des succès de leur peinture, l'in- fluence que devait avoir sur les artistes le spectacle de ces fêtes, de ces cérémonies -qui étaient portées au der- nier degré de pompe, d'élégance, de goût et de simpli- cité. Je conviens de cet avantage, mais peut-être no fut-il pas l'effet direct de la religion; car on pourrait démontrer que c'est plutôt la peinture qui a prescrit les embellissemens du culte, que ce n'a été le culte qui a servi aux embellissemens de la peinture, en sorte qu'au*- )Ourd'hui il ne tiendrait qu'à nous d'obtenir les mêmes causes et les mêmes résultats. Fixons les règles des beaux- arts, obligeons dans nos écoles les élèves à s'y conformer, et alors la religion pourra recueillir avec profit les beaux fruits de la peinture. Enfin concluons que les célèbres artistes de la Grèce feraient encore d'inimitables chefs-d'œuvre*, s'ils reve- naient parmi nous pour Représenter et nos saints mys- tères, et nos saints personnages, et la majesté et la bonté TOME II. 13 Digitized by Google 1^8 HISTOIRB DK hk PBINTURB. de Dieu» la divine figure de Jésus^Cbrist ou 1* grâce si ehasie de la reine des anges. Us nous fieraient Toir ce que Francia, Léonard de Vinci» Raphaël, etc. ont yainement cherché, bien qu'ils aient rendu avec vérité, soit la can-^ deur et l'innocence d'une vierge, soit la gravité et la haute iéceace des figures de Dieu, bien qu'ils aient su offrir aussi d'faeurenscs idées. Mais les grands peintres du beaa siècle de la Grèce atteindraietit tout d'abord à la hauteur de nos saintes écritures, ainsi qu'ils atteignirent à celle d'Hésiode et d'Homère; ik produiraient des images ad- mirables «t instructives par la fiance de leur vérité et de leur convenance, par la perfection des caractères et par la beauté des formes; nous verrions cette perfection dans la figure du Christ, nous verrions la divinité dans Marie, une grâce céleste dans les anges; nos apôtres, nos saints martyrs offriraient des images toutes morales et firap- panies par les vertus diverses qui les ont illustrés; c'est alors que chacun pourrait dire : la beauté de la religion des chrétiens influe sur la beauté de leur peinture. (V. le chap. i5s.) CHAPITRE 28. DE L'INFLUENCE DES MŒURS DES GRECS SUR LEUR PEINTURE. Vji'bst surtout dans les mœurs des Grecs qu'on a cru voir les causes dominantes de la pwfection de leurs arts. Mais peut-être a-t-on confondu les institutions qui en effet sont le résultat des mœurs, avec les mœurs elles-mêmes , Digitized by Google CAUSES PaiTEKDOBS DB l'eXC DS L^AfiT CB« LES pour éckiircir celte question, il resterait à expliquer ce qu'étaient ces mœurs; je ne dois point entrer 4aas cette d%ression. Mon but est uniquement de fiiire reconnaitre que si les mœurs ont influé sur les beaux- arts de la- Grèce» cette influence a été comptée pour beaucoi]^ trop par certains écrivains. En efiet, étran||;ers à la théorie complète des arts et considérant Texcellence comme le résultat indubitable de certaines dispositions particulières des esprits, de certaines idées et in^îrations suscitées par des causes non communes à toutes les na- tions, ik ont cru qu'on ne formait pas des artistes arec des préceptes, avec des théories et des institutions, mais que les artistes, comme les arts, étaient l'ouvrage ou le produit des mœurs, des habitudes de voir et de sentir, Toûvrage enfin de la civilisation* Sons examiner ce qu'il peut j avoir d'irréfléchi eu de spécieux dans cette opinion, contentons -nous d^une réflexion. Qui affirmera que les statuaires et les peintres grecs qui portèrent leurs talons, leur génie et toutes leurs précieuses doctrines au milieu des Romains, aient été arrêtés ou détournés même par les mœurs difiërentes de ce peuple, si long-tems inculte et guerrier? Sous les Ptolémées, les Grecs avaient apporté leur science en Egypte, et ils y créèrent des chefs-d'œuvre. Les Grecs savans dans leur art l'eussent exercé partout, et même au milieu de nos mœurs, avec le même succès. On sait d'ailleurs que plusieurs artistes très-célèbres de l'antiquité n'étaient point Grecs, et que plusieurs artistes grecs n'exerçaient point leur art en Grèce; par exemple, Téléphanes de Phocée résidait en Perse où il travailla pour Xercès et Darius, et on assimilait ses ouvrages à ceux de Polyclète. Digitized by Google l8ô HISTOiaS DE LA PJSINTURfi. Je dis donc que'cette différence vient de la différence des doctrines /et que lesHomains qui traitèrent les artistes grecs en despotes , imposèrent de nouvelles lois plus ou moins funestes à Fart : ce qui était le résultat de leur ignorance et non de leurs mœurs. C'est ainsi que Pous- sin , se trouvant à Paris après un long séjour à Rome, recevait certains ordres tyranniques KiplaisMice pour, justifier les modernes, ne perd-elle pas tout son eff^ lorsqu'on lui op- pose les moyens d'émulation et d'encouragement prodigués constamment parmi nous dans la même fin d'obtenir des chefs-d'œuvre? Voyez, ditK>n,. ces concours à Olympie, ces couronnes, ces palmes honorifiques, ces statues mêmes élevées au génie! Entendez ces acclamations de toute la Grèce! Quel élan! Quelle ivresse! Quel paAriolis^me ! Digitized by Google 102 HISTOIRE DK LA PEIKTURE* Eh quoi! pouvons-nous répondre, n'avons-nouspas aossi nos concours périodiques et publics, n'avons - nous pa» nos couronnes, nos médailles d*or et d'argent ? Les vain- queurs ne sont-ils pas applaudis et fêtés dans les villes qui les ont vus nattre, et n'y répète-t-on pas leurs images? Nos papiers publics ne répandent-ils pas au loin leurs noms et leurs louanges? Enfin les souverains ne les honorent-ils pas des encouragemens les plus flatteurs ? A Rome, à Paris» à Londres et dans presque toutes les capitales de l'Europe» ces mêmes moyens d*émulation sont prodigués. Trop sou- vent, il est vrai, la faveur préside à ces concours» trop souvent l'ignorance a délaissé le vrai talent et couronné l'imposture; mais où trouver la cause de ces funestes pré* férences, sinon dans ce même état d'incertitude de nos théories, dans ces préjugés qui bornent et offusquent les connaissances des gens du monde, et dans la trop &ible ré- sistance qu'opposent ces connaissances imparfaites k l'in- trigue, aux partis voués de la mode et de la maligne mé- diocrité ? Or il est à croire que chez les Grecs les idées ac- quises sur les beaux-^rts étaient telles qu'ellea ne laissaient presqu'aucun accès aux préjugés, aux calculs de l'igno- rance et à tous ces misérables artifices, qu'aujourd'hui rinstruction seule des juges et du public pourrait anéan- tir. Les juges dans ces fameux concours étaient aussi éclairés que les artistes soumis à leurs suffrages; tandis que les juges aujourd'hui ne reçoivent leur instruction que des artistes trop souvent intéressés à la corrompre et à l'accommoder à leur talent. Je persiste à dire que s'il s'agit aujourd'hui de cou- ronner le meilleur écrit, il se trouvera tout un public de bons juges; mais que s'il s'agît d'un tableau, les uns por- Digitized by Google CAUSES PBiTBKDVBS DE L*EX€. DE l'aAT CH. LES GBBCS. 1*83 leront aux nues le mérite de Fartiste, les autres le rava- leront. Pendant un iems ce seca un chef-d'œuvre» plus tard on le dédaignera. En sorte qu^il est arriyé que cent tableaux honorés dans nos musées ont dû être exhumés des plus vils réduits, et que e^nt productions couronnées et causes de la Ibrtune de leurs auteurs sont maintenant rejetées dans Toubli. Or» je le répète» les juges et les spectateurs des jeux à Olympie ne se s comme aujourd'hui , se présenter l'argent à la main. Or il est reconnu que les sculpteurs excellaient autant dans l'art d'exprimer ces beautés que dans celui d'exprimer les perfections viriles.' Tout ce qu'on peut dire sur les danseuses publiques, sur les figurantes dans les mystères de fiacchus et de Cérès, ne prouverait presque rien. Venons à une antre raison et prenons -la dans l'étude que nécessite la représentation des enfans. En cela nous sommes aussi bien servis que les anciens; aucun pays dans nos mœurs n'a opposé ici de préjugé. On peut contempler autant d'enfans nus qu'on en a besoin, et cela sans alarmer la pudeur. N'oublions pas de rappeler encore l'excellence des anciens dans leurs figures d'animaux de toutes espèces. Dirons-nous, par exemple, que nos chevaux en sculpture sont moins beaux que les leurs, parce que les modèles nous pianquent ? Quanià ces belles draperies dont nous n'avons pu jusqu'ici égaler la perfection, le jet, la grfice et la grande vérité, est-ce donc à des modèles plus heureux que les nôtres que nous devons attribuer leur convenance, leur excellent mouvement et leur admirable exécution ? D'ailleurs les peintres et les sculpteurs de l'antiquité auraient-ils donc tous été dans une position si favorable? Toutes ces belles statues faites dans les Gaules, faites dans de très-petites villes des colonies romaines, faites aussitôt Digitized by Google l86 lUSTOIBE Dfi LA PBIIITOIUS. après quelques triomphes dans les pays barbares» toutes ce» statues »e sont-elles donc bellea» que parce que des cen- taines de modèles étaient là tout prêts à la disposition des statuaires qu'on appelait selon le besoin vers ces lieux de triomphe» et dans lesquels ik seraient arrivés munis de- leurs modèles amenés à grands frais pour leurs ouvrages? Us auraient donc amené dans ces villes étrangères leurs belles formes attiques» leurs Lays, leurs Phrynés ? non» pas plus que leur cUmat et leurs institutions olympiques*. Mais» comme Bias Je philosophe» ils portèrent tout avec eux : leur savoir et leur philosophie. Venons à l'autre objection» la beauté des modèles. On a dit : l'étude longue et difficile des beautés du corps hu- main semble impossible dans nos mœurs» qui ne nous per^ mettent de voir le nu que sur des mercenaires que Ton engage par argent à se dépouiller. Nos mœurs sont telle- ment sévères à cet égard» que ces mercenaires sont diffi- ciles à trouver. Gonmient donc l'artiste pourra-t-il com- parer entr*eux un assez grand nombre de beaux modèles nus» pour se former par la contemplation habituelle de leurs formes différentes et de leurs différentes défectuo- sités» l'idée d'une nature parfaite ? Les artistes» ajoute-t-on» qui» isolés dans les provinces, ont à exprimer les formes du corps humain dans leurs tableaux» sont réduits pour toute ressource à la contem* plation de quelque misérable individu» et n'ayant d'ailleurs sous les yeux qu'une ou deux empreintes d'après l'antique» ils se voient forcés de recourir à ces estampes maniérées» triviides et dégoûtantes qui infectent tous les portefeuilles de l'Europe» en sorte que ces artistes conservent pendant toute leur vie une maigreur» une sécheresse» une manière Digitized by Google CAUSES PB^TENDUBS DB l'eXC. DB l'âAT (JH. LES GRECS. 187 exagérée et un laaiiTais goût de formes, doDt poutrait les affranchir la contemplation fréquente de trës^beaux in- dividus. On a ajouté que les formes nationales de certains peu- ples, dans certaines provinces, sont pour les modernes un obstacle; et on a cité enlr*autres Rubens, comme n*élant tombé dans des formes flasques et grossières, que parce qu'il avait sous les yeux des modèles semblables à ses figures, compliment assez impertinent pour les Flamands des deux sexes parmi lesquels au contraire on ivmarque de très-beaux hommes et de très-belles femmes. Mais on n*a pas osé dire qqe Rubens était bien loin de la science des sculpteurs qui nous ont laissé les Niobés, les. Vénus, le Discobole et tant d'antres chefs-d'œuvre; on a trouvé plus commode de dire que les Flamandes avaient les ge^ noux boursouflés, que de s'aventtver à trouver laids dans le dessin Rubens ou Gaspard-Crayer qui boursouflaient un beau genou, et cela par routine, par manière et parce qu'on négligeait les études philosophiques du dessin, études dans lesquelles la pratique par proportions cons^ tamment mesurées eût à la vérité forcé Rubens et autres à ne produire que la moitié du nombre de leurs ta- bleaux. « Au reste, dit un de nos plus habiles écrivains, les • femmes d'Athènes ne furent jamais très-renommées pour 9 leur beauté; et la pretrve que leur empire n'avait pas » beaucoup de puissance, c'est que presque tous les hom- » mes célèbres d'Athènes furent attachés à des étrangères: » Périclès, Sophocle, Socrate, Aristote, et même le divin ■ Platon. • Voici un mot de Cicéron qui semble encore propre à nous préserver de regrets exagérés. « Quand Digitized by Google l88 HISTOIBB DE LA PEINTUBB. » j'étais à Athènes» dit-il (L s. c. 79 de- la nature des » dieux) 9 à peine voyait -on un ÎQdiyidu vraiment beau » parmi la foule de jeunes gens qui s'y trouvaient » Ce n'est donc pas dans la beauté des individus» mais c'est dans la beauté des modèles d'art et des théories qu'il faut trouver la cause de la supériorité des artistes de la Grèce. C'est la contemplation des chefs-d'œuvre de la sculpture et de la peinture qui formait le goût» fixait les idées et facilitait les moyens de l'artiste. En sorte que si les mêmes individus qui ont servi de modèles à Polyclète, à Protogène» etc. revenaient aujourd'hui à la disposition de nos statuaires» ceux-ci n'en feraient pas pour cela des figures supérieures à celles qu'ils font soi*tir ordinalrem^it de leur ciseau ; et de même» si un Grec revenait au milieu de nous et qu'il n'eût à sa disposition que nos modèles de Paris» nous le verrions produire des statues aussi parfigiites que s'il les eût exécutées en Grèce et avec ses pr<^res modèles. Les mêmes individus qui servaient à David pour produire ses plus belles figures étaient à la disposition d'une foule de peintres médiocres» qui» de son tems» igno- rant l'art de s'en servir» n'en obtenaient cependant rien de beau. D'ailleurs quel est le statuaire aujourd'hui qui ne s'alarmerait pas de cette conjecture» puisqu'elle fait supposer d'abord et sans qu'on regarde même son ou- vrage» que dans la statue qu'il produit II n'a pu atteindre - à la beauté ? Avouons donc que les anci^is ont obtenu la perfection par une vérité savante» par une Imitatiou des caractères principaux et qui échappent aux artistes mal instruits. Ceux-ci» étrangers à l'art positif des pro- portions» ne s'attachent le plus souvent qu'aux choses ou inutiles ou contraires à l'expression du beau> Digitized by Google CAUSES PEiTENDUBS DE L*EXC. DE l'aeT CH. LES GBECS. l8g Tout le monde peut faire la compkraison suivante. Que Ton confiroftite un beau torse antique ayec un torse vivant» de même caractère et posé dans le même mouvement que ce torse antique, le premier aura toujours une espèce d'avantage tant par la belle proportion et les grandes données, que par les vérités mêmes qui s'y trouveront plus sensibles, j'ose le dire, quç sur la nature à laquelle on Taura comparé. Sur la nature comparée k cette antique, la vie s'exhalera il est vrai par le mouvement réel et ini- mitable; mais les inflexions de la chair se manifesteront peut^tre par des effets incertains, étrangers ou acciden- tels, et seront même parfois ou fiiusses ou sans signifi- cation. Sur un excellent marbre grec, au contraire, toutes ces vérités seront comme rattachées à une cause fixe et fondamentale, à un caractère un, et à une action méca* nique et anatomique une et déterminée; on y verra enfin ce que la nature eût offert, si Tindividu eût été parfait. Ce sera la chair d'un adulte, d'un homme fait, d'un dieu, d'une nymphe dont le physique est positivement de telle ou telle espèce. Les divisions seront dans un ordre optique plus beau que sur l'individu, les proportions seront réta- blies dans les hauteurs et les épaisseurs; l'art enfin sera la cause de cette excellence, et non l'individu servant de modèle. Combien ces considérations ne nous font-elles pas regretter les préceptes écrits par les maîtres de l'an- tiquité, ainsi que tous les merveilleux documens consa- crés dans ces fameuses écoles ! On peut donc conclure encore que la supériorité des anciens provient de ce qu'ils savaient mieux que nous choisir^ proportionner, disposer et représenter, conditions que nos routines et le manque de bonnes écoles nous empêchent de remplir. Digitized by Google igO BI9TOIBB DB UL I^EIUTUBE. NoQ««eQleiiieiit oq a prétendu que les Grecs avaient sous les yeux de bien plus beaux modèles que les nôtres» une plus bdle nature qui donnait le ton à leur imagination et d'après laquelle ils produisaient leurs chefs*d'œuyre; on a ▼oulu qu'ils aient eu mieux que nous le don de se remplir d'idées sublimes et que leurs ouvrages aient été le fruit d'un génie poétique supérieur à celui des modernes. On doit répondre, ce me semble, que les modernes ont, autant que les anciens, fait preuve d'enthousiasme pour la haute beauté, pour la grandeur et la magnificence des formes : cette exaltation poétique fut assez remarquable sous le ciseau des Michel-Ange et des Puget, sous le pinceau des Primaticdo et des Carracci. Où cette exaltation a-t-elle conduit tous ces artistes, si ce n'est à des résultats imagi- naires, à des figures fimtastiques et de mauvais goût? Ce n'est donc pas faute d'idées grandes et élevées, c'est faute d'idées justes sur l'art que les modernes sont restés au- dessous des anciens. Quoique Michel-Ange ait fait passer l'art du mesquin au grandiose, de l'état froid et inanimé où était avant lui le dessin de la figure humaine à un état de convulsion et de fureur nerveuse; de ce qu'il est en effet grandiose, fier et terrible, devons-nous conclure inconsidérément qu'il a atteint le but? Le Jupiter olympien, au dire de toute l'an- tiquité, exprimait la majesté et la grandeur du dieu; mais les colosses modernes en sculpture, les vastes peintures, soit de Dominichino, soit de Rubens, soit de Raphaël, soit de tant d'autres maîtres qui ont aspiré à la sublimité poé- tique et fait preuve d'un génie très-élevé, ont-elles jamais rien offert d'analogue aux images vraiment homériques, vraiment divines de la statuaire antique ? non. Cependant Digitized by Google C4CSB5 PEÉTENBVBS DE l'eXC. DE L*ART CH. LES GBEC9. I91 CM mêmes grandes productions des modernes provint é?ideiiuiient qu'ils ont su» comme les anciens» se remplir d'idées sublimes et du feu tout divin de la poésie de leur art Qui les retenait» qui empêchait leurs efforts ? Ne vou- lant rien attribuer à notre ignorance» nous attribuons h des causes qui sont hors de l'art notre inlëriorité; non» nous plaignons de nos modèles» de notre climat et de notre organisation. Au surplus» ces modèles impar&its» selon nous» savons-nous les imiter» les copier au moins dans leur faible beauté ? En tirons^nous au moins tout ce que leur médiocrité nous présente? Faisons- nous voir enfin 4ans nos ouvrages plutôt le terme de perfection de nos modèles» que le terme de notre savoir? Les modernes n'égaleront les anciens que lorsque leurs institutions classiques les -auront enrichis des véritables règles de leur art» et qu'ils changeront en plaisir et en sécurité leur incertitude et leurs procédés sans principes, procédés qui peuvent les fiûre comparer avec assez de justesse aux Danaîdes condamnées k ne jamais parvenir k leur but tout en s'accablant de fittigues. Poursuivons. Quand il arrive que le nu consulté par nos artistes n'est pas aussi beau qu'il le faudrait pour la perfection de leurs figures» cela vient surtout du mau- vais choix qu'ils font des individus servant de modèles. Etudiez pendant quelques jours seulement» mais avec constance» les ouvrages antiques dans les musées duVatî* can» de Paris» etc. ; étudiez -y l'art sous tous les points : disposition» mouvement» convenance, justesse de repré- sentation» exécution ; puis jetez un regard sur les pro- ductions de l'art moderne; cell|BS-ci vous choqueront Digitized by Google igs ' HI8TOIEB DB LA PEIKTIIBB. iaimédiatement, elles tous répugneront par le désordre, la barbarie, rinconyenance, la manière, la prétention et le peu de naîyeté. Prenez aussi le modèle vivant après TOUS être pénétré de l'antique, et vous Terrez ce modèle tout autrement, tous le sentirez tout diflféremment, tous y retrouTorez le goût et les beautés de l'antique, de même qu'auparaTant tous croyiez y apercoToir l'accent et la manière modernes. Vous ne regretterez plus les beaux individus grecs modèles, mais les leçons des écoles grecques. Phidias , en présence d'un torse , Toyait tout autre chose que n'eût tu Le Brun, Michel Ange ou Van- denrerff, sur ce même torse. Enfin un beau site repré- senté par un paysagiste ignorant, ne doTiendra pas ui> beau paysage sous son pinceau. Je ne doute pas que l'érudition ne pût retrouTer beau* coup de passages des écriTains anciens cherchant à dé- montrer que les artistes Toyaient mieux la figure humaine que le commun des obserrateurs et qu'ils apercoTaient des choses qui échappent aux yeux du Tulgaire. Cicéron l'a dit positivement au sujet du clair-obscur et du coloris. «( Les peintres, dit-il, voient dans les ombres et dans les » clairs des choses que nous autres n'apercevons pas. » € Oh I que je vois le modèle bien autrement que vous, > répétait David à un élève peu instruit ! Les plus belles » indications vous échappent, parce que vous ne savez » voir qu'en laid. Étudiez l'antique, il vous apprendra à » voir la nature, i D'ailleurs ce beau modèle, remarquons bien ceci, 3 faut le mettre en action selon l'art, tout en restant dans le naturel et le sujet; il faut savoir choisir l'action qui lui convient le mieux. II faut l'animer par une beauté Digitized by Google GATJ9SS ntTElOiVES DB l'bXG* DB L*ABT GH. LB8 6BBC8. ig3 que ii*o£Gre souvent pas sa simple structure géométrique dénuée d'un beau mouvement. Enfin 0 ne s'agît pas de présenter au spectateur l'image d'un bel individu tel qu'il est» vaille que vaille; car le spectateur veut autre chose qu'un calque et qu'une empreinte insipide sans but ou sans Unité d'intérêts Un coup-d'ceil jeté sur la Vénus de Gnide dont nous possédons une copie antique (voy. ch. 54) suiBt pour faire comprendre que le même modèle, animé par l'art de Praxitèle, pourrait ne produire qu'une statue ordinaire sous le ciseau d'un sculpteur inhabile dans le choix des mouvemens favorables à son art ou à la beauté. VoOà donc deux conditions bien plus rares que les beaux modèles vivans : le choix d'action ou de mouvement et l'art de voir en beau les formes particulières. Maïs tran- chons la question. Un bel individu étant trouvé, étant même exactement répété et dans un bon choix d'action, il reste un secret antique à connaître et à pratiquer^ c'est Fart des mesures et des embellissemens proportionnels, , c'est l'art de remplir toutes les conditions que je tenterai d'expliquer en parlant de l'archétype, du canon et de l'individu» (Y. les ch. i84 et suivans» relatifs à ces ques* tiens toutes nouvelles pour nous et bien familières aux Grecs de tous les tems.) Or, c'est ici assurément que la science semble être seule la grande, la première cause de la perfection et dé l'excellence des figures. C'est ici que l'obligation de corriger habilement et naturellement l'in* dividuel est reconnue pour une des premières obligations de l'^rt, sous tous les climats, dans tous les tems et dans tous les pays. TOME II. i5 Digitized by Google ig4 HI8T0IRB DJt LA PBIHTUBB. CHAPITRE 31. DE UAMOUR CONSTANT DES GRECS PODR lA BEAUTÉ. Jr BAPPis de la me beauté qui semble jaillir de tous les ouvrages des Grecs» nous nous disons : les Grecs étaient idolâtres de la beauté. Puis cherchant à découvrir les secrets précieux qui ont produit cette parfaite harmonie, ce charme universel, ce beau enfin qui saisit et enchante dès le premier regard, et qui touche même aussi long- tems qu'on observe et qu'on examine, nous disons encore: c'est à leur grand amour pour la beauté que les Grecs sont redevables de leurs chefs-d'œuvre; nous ajoutons: aimons le beau comme les Grecs, exaltons comme eux avec ar- deur un enthousiasme constant pour la beauté, et nous les égalerons dans nos ouvrages. Mais, hélas ! faibles moyens ! Efforts incomplets I Oui, vous les égalerez si de cet amour du beau vous passez à la science et au sentiment du beau; vous les égalerez si, cet amour étant devenu pour vous un besoin, cette science et ce sentiment en deviennent un eux-mêmes. Eh quoi I le beau est-îl autre chose que la perfection, que l'œuvre une et complète de la nature ? Suffit-il donc d'aimer, de désirer, de goûter cette perfection, cette unité et cette vertus ne faut-il pas aussi les étudier, les analyser et les comprendre? Dire que l'amour constant^ des Grecs pour la beauté a produit leurs chefs-^l'œuvre, c'est donner à entendre que nous ne les égalerons jamais, parce que ce goût passionné n'est plus à notre portée, et que jamais il Digitized by Google CAUSBS PBiTENDUES DE I.*£XC. D£ l'aBT GH. LES GBECS. ig5 ne se renouyelera an môme degré au milieu de nos mœurs. Non, ne nous faisons point une si triste injure; nous aimons tons la beauté» car aimer la beauté, c'est aimer la yertu. L*homme la chérit, mais l'homme se la déguise à lui- même; l'homme dé%ure ce qu'il admire; il voile lui- même ce qu'il recherche. Le public veut le beau, mais des instituteurs tyranniques prescrivent des conventions et des manières* L'homme chérit le beau, et mille erreurs l'en détournent : il le cherche là oii il ne saurait être. L*a-t^il aperçu enfin, oh douleur! il ne peut le saisir; son admiration l'embarrasse et le centriste. Que fera-*t-Il de sa grande afiectlon pour la simplicité, pour le noble et le nalfp Quels approbateurs trouvera-t-Il de son goût, de son ardent enthousiasme? Il le sent brûler en son cœur, cet amour du beau; mais II Ignore les secrets de le re- produire, il en ignore le principe et la cause; et moins il le saisit ou l'exprime, plus ce secret amoup le tour- mente. Je dis donc que ce n'e^t point par le goût ou par l'amour pour le beau, mais par la connaissance du beau que nous différons des linciens. Que n'a-t-on peint répété, afin 4e prouver combien cette vive passion pour le beau enflammait tous les Grecs? C'était^ dit-on, dans des jeux solennels, dans des concours même qu'éclatait publiquement leur estime pour la beauté. Ils y couronnaient les plus beaux individus.- On proclamait et illustrait le nom des vainqueurs; on leur érigeait des statues, des temples mêmes, et les poètes consacraient leurs chants à ces triomphes. C'est ainsi, conclue-t-ons que l'amour de la beauté passa des mœurs dans les arts^ et fit nattre des merveilles. Mais comme on l'a très-bien remarqué, des jugemens supposent des Digitized by Google ig6 HISTOIRE DE LA PEINTVBE. principes certains , -et ces principes appliqués depuis long-fems aux alts étaient à la portée de tout le monde et connus mêtne de chacun. En effet» si ces principes da beau n'eussent pas été comius, déterminés et consacrés» que n'eCit pas eu de ridicule, par exemple» cette loi très- remarquable des Thébains qui» au dire d'^lien» -obligeait chaque artisieà faire beau? Selon ce mot d'iËIien» ch. 4» Hf. 4» tous les artistes/ peintres» sculpteurs» etc« étaient condamnés chez les Thébains à une très-forte amende, lorsque dans leurs figures ils s'écartaient de la juste et belliD conformation. Enfih on veut absolument» parce que les ouvrages des Grecs difi%rent des nôtres » que les hommes^ de ces tems différassent eux-mêmes au moral et au physique de ceux d'aujourd'hui. «11 semble» dit M"'' de Staël (dans Corinne)» » qu'il y avait une union pliïs intime entre les qualités » physiques et morales chez les anciens qui vivaient sani » cesse -au milieu de la guerre et d'une guerre presque Y d'homme à homme. La force du corps» et la générosité 9 de l'ame»* la dignité des traits» et la fierté du caractère; » la hauteur de la stature» et l'autorité du commandement» » étaient des idées inséparables. » Mais réfléchissons ua moment. De quoi se constitue cette beauté? Que v^ut-oft signaler en la proclamant dans une statue» par exemple» ou sur une figure seulement ? Faisons-y bien attention-» je le répète; n'entend-on vanter que les formes corporelles» sans distinguer le jeu varié de tant de mouvemeas qui semblent les embellir ? Entend-on parler de la perfection particulière de chaque chose» sans faire mention» soit de la disposition générale des parties» soit de l'heureuse combinaison des lignes» soit de l'harmonie des grandes Digitized by Google CAUSES PsiTENDtES DE l'eXG. DE l'aET Ctf. LES GEECS» I97 . masses ? Tient-on compte de Teffet agréable des acces- soires» de Jeur- convenance» de la convenance du mode» enfin de Punité de tout l'ouvrage ? Car je ne pense pa^ que par ce- sentiment des Grecs sur le beau» nous ne devions entendre que le sentiment «t Je goût des formes arrondies» pleines» adoucies et d'une juste proportion. Mais à propos de belles proportions» oserait-^oà dire aussi que !es Grecs les affectionnaient plus que nous ? Qui les a jamais mé'» prisées ches les modernes» si ce n'est quelques artistes ignorans ou de mauvaise- foi? Enfin notre sentiment des belles formes est juste» mais trop souvent c'est l'idée que nous en avons qui est fausse. Nous voici» je crois» conduits petit à petit à faire^ moins valoir- cette cause pré- tendue de l'excellence des Grecs et k rentrer dans le po- sitif de l'art; de sorte que si nous approfondissons ce su- jet» le savoir nous apparaîtra de nouveau comme la grande cause dominante» comme l'influence magique qui jadis fit autant de merveilles des tableaux» des statues et de tous les monumens des anciens. CHAPITRE 32. DE LlNFtUENCE DE LA LIBERTÉ SUR L'ART GREC, v/n entend dire tous les jours : si les Grecs ont excellé dans les arts» c'est Qu'ils étaient libres ; les beaux génies ne créent les chefs-d'œuvre que sous l'empire de la liberté. Cependant mille exemples attestent le contraire» et l'on ne peut avec ce mot liberté trancher le nœud gordien, t 11 est possible^ dit Mv Heyne (^es Epoques de l'art Digitized by Google ig8 BUTOlfiB 0B LA. >EINTUBJS. » chez les anciens indiquées par Pline)» que la liberté » elle-même soit un état de paresse, d'apathie et d'abrur 1 tissement; et cet éta4 peut être accompagné de tant » d'inquiétudes, de tant de désagrémens et de tant de » besoins physiques et moraux, que les arts et les sciences » pourront difficilement être cultivés. D'ailleurs la liberté » des Grecs fut si peu stable et si peu certaine suivant lea » tems et les différentes contrées de la Grèce, que tout » ce que l'on voudrait établir sur une base aussi mobile » ne saurait avoir de la consistance. » Une autre question se présente. Les artistes ont -ils créé des cl^ie£Ml'o&uvre sous des gouvernemens qui n'ont point favorisé la liberté ? On ne saurait te nier. On sait que sous Aristrate et Cypsélus ^ $icyone, sous Hippias à Athènes» à Samos sous PolycratCi^ ^ Syracuse sous^Denya et Gelcm, les arts ont également prospéré. liOS règnes d'Alexan^, de Louis XIV furent féconds en bdles pro- ductions, et ne sont point appelés des règnes de liberté. Enfin il serait peut-être moins aisé de prouver que ce fut dans les tems de liberté qu'on yit naître les plus belles productions, que de prouver au contraire que sous la do- mination des tyrans l'art enfanta ses prodiges. Personne ne contestera que l'esclavage soit le fléau des arts; mais de quel esclavage veut-on parler? De quel esclavage voulut s'affranchir Poussin, si ce n'est de celui des académies et des coteries de Paris ? Quelle liberté allait-il chercher à Rome où l'entraînaient ses préférences, si ce n'est la liberté de traiter son art selon les véritables règles de la philosophie, la liberté de penser et d'agir en homme, loin des persécutions de l'envie, loin de la gêne des Aristar- ques en crédit, loin enfin de la manière et du despotisme Digitized by Google CAUSES PBÉTBRDUB8 DB L^EXC, BB L^ART CH«.LJ58 6RBCS. 19g des beaux-esprits ? Si c'est de cet asserrissement, de cet esclayage qu'on veut parier, je me range de l'avis de ceux qui y votent une cause principale de la dégradation des arts. Si c'est cette liberté laissée au génie et cette protection si naturelle et si juste, qu'ils réclament, tout le monde sera de leur avis; mais la liberté accordée à l'intrigue, la protection refusée «u génie, ne sont-ils pas de ces maux qui affligent les arts sous quelques gouver- nemens qtie ce soit et lorsqu'ils sont corrompus ? Il est donc évident que c'est seulement de certains gouverne- mens appelés libres et de certains . gouvernemens appelés despotiques, qu'on a voulu parier : or c'eét à cette seule objection que nous avons prétendu répondre. - « L'indépendance» fruit d'une liberté portée à l'excès, dit le père Brumoy (Théâtre des Grecs), et je ne sais quoi d'impérieux dans l'air et dans les manières, que donne ordinairement à ses moindres citoyens la supé- riorité d'une ville souveraine et si souvent triomphante, tout cela formait d'Athènes une assemblée de gens qui se regardaient comme autant au-dessus des autres hommes, que l'homme est an-dessus de la béte... Cette vanité allait jusqu'à traiter de barbares,»non-seulement les étrangers, mais les Grecs mêmes qui n'étai^t pas de l'attique. — Ces Grecs, dit Bonstetten (Recherches sur l'Imagination), à qui le genre humain est redevable de tout ce qui fait le charme de l'existence, vivaient isolés et libres, chacim sous sa forme native. Ces hommes n'étaient pas comme les Persans leurs voisins, taillés sur un même modèle, à la manière de ces arbres con- damnés autrefois à faire l'ornement 'de nos tristes jar^ dios; le grec du bel âge de Thisloire, était ce cliéni) Digitized by Google SOO BIftTOI&B D8 UL MtRTVm. • mafestueux qui; libre dans ses dévdoppemens el riche 3 de tous les dons de la nature, étale à la fois sa superbe » individualité* » Ces réflexions, ainsi que beaucoup d'autres semblables, sont justes peut^re, mab elles n'in- diquent qu'un rapport fort indirect entre la liberté et le succès des arts. Une influaice plus directe, plus remarquable, serait celle qui provenait en Grèce de la forme du gouvemie- ment laissant k chaque homme son caractère propre et individuel avec le droit de le montrer dans toute soa étendue; car il en résultait qu'il suffisait, pour ainsi dire» aux artistes de se laisser diriger dans leurs imitations par l'impression des modèles qu'ils avaient devant les yeux. Cependant n'est-ce pas faire arriver les causes d'un peu loin, et ne confondrait-on pas ici Fexpression des por- traits qui certainement doivent représenter les mœurs particulières et diverses de chaque nation, avec l'expres- sion des figures des tableaux en général ? Car dans ceux- ci le peintre est tenu de ne choisir qu'avec discernement les iudividus lui servant de modèles , afin de &ire voir aa moins dans certains sujets des hommes empreints du caractère de la liberté, des hommes naturels et sans asser- vissement. Or, les peintres de génie sauront toujours et partout discerner et employer de pareib modèles. Enfin» s'il est vrai qu'on doive compter pour quelque chose, à propos debeaux-rarts, l'influence des libertés publiques, H est bien ^plus. nécessaire encore d'expliquer de qudle espèce de liberté on veut parler, et de regretta surtout celle que ravit au génie l'ignorance, l'insouciance des juges et des protecteurs, l'envie des détracteurs à la mode, et l'autorité tyrannique des gens de parti. Digitized by Google CAVSBS FliTBKBUSS DB l'eXC. DB l'ABT CH. LES GBBCS. 901 CHAPITRE 33, DE nifFLUENGE DE LA PAIX SUR LA PEINTURE EN GRÈGE. YV iHCKBLif ANN Toulant Signaler les causes de la per- frotion de Part grec, 8*est plu à les reconnaître dans la paix dont a joui la Grèce à diverses époques. M. Heyne rtfute enoore ici Fillustre auteur de Thistoire de l'art diei les anciens. Voici ce qu'il dit : t Groira-t-on qu'après > les horreurs de la guerre et les longues déyastations qui > en sont les suites» la première année de paix puisse pro- » dnire et mettre en activité une foule d'artistes dont le » génie serait resté assoupi jusqu'alors? Gomment un cer- > tain nombre d'artistes peuvent-Os paraître à la fois après » des intervalles plus ou moins grands et pour ainsi dire par » Bonds, tandis que Ton voit toujours le disciple snccédîer > au maitre et former à son tour de nouveaux élèves ? > Comment concevoir cette reproduction subite par la-^ > quelle on aurait des enfi^ns sans pères et des élèves sans > maîtres? » c La paix 1 dit M' E. David; eh ! quelle est l'époque à > laquelle les Grecs en aient savouré le bonheur ? la 9 paix, firuit délicieux, ne rafraîchit pour ainsi dire jamais t leurs lèvres ardentes. Ne les voit- on pas tourmentés 1 sans relâche, et jamais rassasiés de guerres et de révo- t lutions? le siècle le plus brillant de l'histoire fut le » siècle des désordres et des calamités. » Les guerres longues qui tarissent le luxe, qui écrasent les fortunes Digitized by Google 90d HI8T0IBB DB Lk PBÎNTOBB. des particuliers peuvent être funestes aux artistes, mais ne sont pas toujours funestes aux arts. Ne peut-on pas ^ dire que si Archimède périt de la main d'un soldat» Pro- togène fut garanti par Démétrius. Je sais» lui disait ce peintre, que c'est aux Rhodiens que tous faites la guerre et non aux beaux-^rts. Très-souvent même les artistes furent non-seulement respectés et épargnés, mais honorés et encouragés dans les catastrophes militaires. Enfin, si dans les tems de guerre un moindre nombre de peintres sont employés, voit-on pour cela moins de chefs-d'oeuvre» et sont-ce toujours d'ailleurs les plus habiles qui suc* combent ? La détresse peut être générale; mais des cala- mités ne sont point des asservissemens. Qui sait si pour attirer les égards et fixer l'attention au milieu des terribles événemens de la guerre, les artistes ne redoublent pas d'ef- forts,ne recherchent pas même avec plus de volonté les pen- sées fortes, les combinaisons puissantes, les sujets essen- tiellement moraux et la magie de la beauté ? Au surplus, cette paix que l'on dit si favorable aux arts, parce qu'elle est favorable aux artistes, qn'a-t-elle produit en Europe pendant tout le 18* siècle? On y a vu des peintres mé- diocres et d'un goiit corrompu parvenir à la fortune, être caressés par la cour et la ville, être chantés par les poètes» Qu'ont-ils laissé à la postérité, rien que le ridicule de tant de louanges ? C'est au contraire dans le tems des combats que l'école moderne est sortie de sa longue léthargie, et si des guerres cruelles ont désolé l'Europe» ces tems fa- meux par les batailles furent constamment ceux des triom- phes et des progrès de l'art. Digitized by Google CA1781S8 PEiTBNBVBS DB l'bXC. BB l'âBT CH. LB8 GBBCS. 903 CHAPITRE 34. DE L'INFLUENCE DES RICHESSES DE LA GKÈÇE SUR LES BEAUX-ARTS. JuB vuIgaitQ croit volontiers qu'un Pérlclès, un Alexan- 4re, UQ Léon X ou un Louis XIY» ont fait paraître de grands artistes en disposant de grandes sommes ; en sorte que, selon les personnes qui pensent ainsi , Targent serait la cause dominante dô l'éclat des arts. Certainement on ttimpUfierait beaucoup la question» si on pouvait réduire ainsi toutes lès causes de cet éclat à Tétat de pauvreté on de richesse des gouvernemens, et il serait fort avantageux à la fortune des artistes que de pareilles idées entrassent dans la tête des souverains opulens. Mais il a été reconnu trop souvent que les prodigalités mal appliquées étaient peu profitables à l'art. On a reconnu que si Tétat doit &ire en faveur des beaux-arts une part honorable dans les largesses du trésor^ ce n'est cet>endant point avec de l'or seulement qu'on se procure de grands artistes et des chefs- d'oBuvre. Les richesses des Grecs n'enfantèrent point de meryeilles; ce furent plutôt leurs belles statues et leurs admirables tableaux qui produisirent leurs richesses : et si quelques villes, telles que Gorinthe, jouirent de l'opu- lence à certaines époques, presque toujours elles furent pauvres : telles furent Argos, Sycione, iËgine, et même Athènes, qui cependant peupla pour ainsi dire toute la Grèce des images merveilleuses de ses héros et de ses dieux. Digitized by Google d04 HI8TOIBB tS LA »BINTU1B. Que les nations soient riches en institutions; que l'état sache dépenser pour augmenter et perfectionner Tins- truction, pour encourager le vrai savoir, pour paralyser l'intrigue ; que la moitié seulement des sommes aban- données à l'adroite cupidité des solliciteurs soit confiée à des mains sûres et habiles» cette moitié suffira : bientôt, au lieu d'être réduit à faire parade d'une vaine quantité de tableaux et de statues médiocres, on aura à se glorifier d'avoir fiiit nattre de véritables talens et de posséder un petit nombre d'ouvrages excellens. Enfin peut-on deman- der ici quelle influence exerça, soit la richesse, soit la pauvreté des Rhodiens sur Protogëne, qui se voua pen- dant sept ans à la plus stricte sobriété pour produire son fiimeux Jalysus , et qu'importait cette opulence ou cette pauvreté du pays à Zeuxis, qui ne se faisait plus payer de ses ouvrages, mais qui ea fabait don aux rois et à sa patrie? D'ailleurs vit-on dans les tems modernes que Correggio, Claude-Lorrain, Poussin, Rhimbrandt, Gé^ard-Dow, etc. durent leur génie, leur savoir et leurs succès à l'opulence de leurs souverains ? S'il en était aias^> le secret serait Sicile; qu'on paye doublement, on aura des chefs- d'œuvre. Certes, il est nécessaire de doter noblement le génie; mais si lés nations pauvres savent bien enseigner les arts, elles sauront bientôt devenir riches en artistes et en tableaux de prix. Nous savons au reste que beau- coup d'écrivains sortis des bonnes écoles de pays assez pauvres ont honoré les lettres et illustré leur patrie. Digitized by Google CAUSES PRÉTENBUB8 DE L*£XC. DE l'abT Cfl. LES GBÈCS. to5 CHAPITRE 35. DE L*mFLU£NC£ DES AUTRES ARTS StJR LA PEINTURE 1>ES GRECS. \Jjt comprend assez qu'Ici je veux parler de rinflueoce exercée par 1 excellence des autres arts» et non par lea autres arts bien ou mai cultirés; car dans ce dernier cas les modernes comparés aux abciens n'ont point de dé- savantage. C'est ainsi que je suppose en même tems l'in- fluence funeste que la corruption des autres arts doit avoir et qu'elle a en ^et sur la peinture. Je dis donc que^si l'on convient que la musique, la danse» la poésie» rarchitec- ture et la sculpture ont été portées au plus haut degré chez les Grecs, il faut reconnaître aussi que la peinture a né- cessairement retiré de ces mêmes arts de très -grands avantages. De plus> il est à remarquer que les artistes grecs exerçaient plus d'un art à la fois. Presque tous les peintres étaient sculpteurs "ou plasticiens; ils étaient aussi architectes, poètes, etc., ce qui devait les affermir dans leur excellent goût. Et pour rappeler l'observation pré- cédente, je dirai que, si Poussin eût pratiqué l'architec- ture et la sculpture, on pourrait même ajouter la poésie, en se conformant au goût qui dominait ces différons arts au tems ofa il vivait, nous eussions eu de moins belles .peintures de ce maître. Les vers de Salvator-Rosa, ceux de Michel-Ange, sont tout-à-fait dans le goût de leur tems, et leur peinture s'en est fort ressentie. On se figure aisé- ment ce qu'on avait à attendre du pinceau d'un danseur Digitized by Google S06 HISTOIBB DB lA PBINTimB. de rOpéra sous Louis XV^^ou du ciseau d'un architecle décorateur à la même époque. Pausanias nous apprend que Gitiadas» sculpteur de Sparte, qui y construisit un temple tout d'airain et une statue de Minerve du même métal, avait fait plusieurs cantiques, et entr'autres une hymne pour cette déesse» sur des airs Dorions. Pausanias appelle aussi Bupalus ' grand architecte et grand sculpteur. Scopas construisit à Tegée le temple de Minerva Aléa; Phidias était peintre, Euphranor était statuaire, etc. Il faudrait se figurer la beauté ravissante de la danse antique, l'élégance et la majesté de tous ces temples dé- corés de statues d'or et d'ivoire , la grfice et la richesse des costumes dans les pompes ou les spectacles de la Grèce; il faudrait avoir Xine idée vraie de cette musique employée par les philosophes à embellir les mœurs et à honorer les dieux : alors on conjecturerait quels tableaux devait produire le génie des peintres de ces tems fameux. Rappelerons-nous aussi la magnificence et la décoration de ces cités de l'Attique, remplies des merveilles de l'ar- cl^tecture? Un seul mot de Pausanias semble nous en donner une idée complète. « Pànopée , dit-il , est une » ville de la Phocide : si pourtant on peut appeler viUe » une bicoque oà il n'y a ni sénat, ni lieu d'exercice, ni » théâtre, ni place publique, ni fontaine. » Cet écrivain se dispense d'indiquer tous les autres caractères et tous les autres omemens qui constituaient une ville grecque, tels que les poitiques, les arènes, les divers temples, les tombeaux, etc. « L'emploi des monumens publics, dît Mîllîn, est'peut- » être ce qui distingue le plus les mœurs de nos tems de Digitized by Google CàVSES PBiTENBUBfl DB L*BXC« ra L*/.RT GH. LES GRBCS. 5IO7 » celles des anciens Grecs. A peine un Grec pouvait-il 1 dans sa patrie, soit dans les villes» soit sur les grands 1 chemins, Êiire mille pas, sans trouver quelque monu- > ment imposant. Les monumens sépulcraux n'étaient pas » placés comme ceux des modernes, dans des endroits où 1 personne n'aime à s'arrêter, mais le long des chemins 1 où ils ne pouvaient pas rester sans être remarqués* 1 Dans les villes, toutes les places publiques, toutes les B promenades, et diflTérens édifices construits pour ce > même usage, étaient remplis de monumens publics ; de 1 sorte qu'on ne pouvait aller nulle part, sans trouver de I fréquentes occasions de fiiire des réflexions sérieuses, B propres à élever l'ame et à former le goût. » Que ne pourrait-on pas dire encore sur la magnificence et l'éclat de leur théâtre, sur l'élégance déployée dans les gymnases, dans tous les exercices publics et les diverses solennités si multipliée chez les Grecs ? On ne saurait disconvenir de la grande influence de toutes ces causes sur la peinture et la sculpture. Enfin il est permis de penser qu'un peintre grec, qui sans être prémuni revien- drait parmi nous, serait non-seulement importuné et ty- rannisé par les doctrines et les recettes de nos écoles, mais qu'il serait encore persécuté, rebuté, assourdi et paralysé par le de^otisme de nos poètes, de nos danseurs, de nos comédiens, de nos ébénistes, de nos t#pissiers et de nos marchandes de modes. Digitized by Google soft HISTOIHB D£ Lk PBIHTVBE. CHAPITRE 36. DU CLIMAT CONSIDÉRÉ COMME CAUSE DE LÀ PEà-^ PECnON DE LA PEINTURE CHEZ LES GRECS. Xjn a compta pour beaucoup le climat panni le» cause» favorables à Fart {prec. Përsoone ne conteste Tinfluence ^'il a en général sur rimàginatton; mais a-t-on eu raison de supposer que le climat de la Grèce (ikt partout aussi délicieux qu'on s'est plu à le répéter? Une objection assez fi>rte contre cette opinion sur la pr^ndue influence du climat, c'est que chez les modernes elle ne leur a été d'aucun secours. A Naples» n'a-t-on pas vu leà Jordans^ les Solimène et liBS Seb. Conca; à Malte» le chevalier Calabrëse; et l'Espagne absi que le Midi de la France ont-ils produit de plus habiles artistes» quant au goût et au sentiment du beau, que les contrées du Nord? Car la vive imagination deYelasquez> de Spagnoletto, de Morilles, n'a pu les faire atteindre, malgré l'heureux climat oh ils ont vécu, à la beauté et à la perfection des ouvrages grecs. D'ailleurs en admettant cette cause, il fiiut admettre des nuances, des gradations; il faudrait que les nuances ou les degrés du génie concordassent avec les degrés de dou- ceur ou d'excellence du climat : ces suppositions répu- gnent. On serait donc embarrassé de prouver que ce sont les habitans des plus doux climats qui ont été supérieurs aux autres dans les arts. Mais je dois traiter cette ques- tion au ch. 4 13; il suffit ici de rappeler que, sous le rap- port du climat, les Grecs ne furent point les seuls privi*' Digitized by Google CAUSBS PKiTSNDOBS PB L^BXC. BB l'abT €H. LES GBBC8. SOg CHAPITRE 37- DE 1*INFLUEKC£ QUE L'ORGANISATION PtTÎSIQUE ET rORGANISATION MORALE DES GRECS ONT PU AVOIR SUR LEUR PEINTURE. il. BBTEHBBB Certains critiqués» tous les Grecs naissaient fins et délicats; ils étaient doués par la seule nature d'un goût exquis et tout particulier; leurs organes étaient plus par£iits que ceux d'aucun autre peuple, et leur imagi- nation, ainsi que leur intelligence, surpassait celles des autres hommes*. o.» Mais quelle préyention! Quelle ex- cuse pour le mauvais goût à venir 1 Combien serait dé* courageante cette comparaison , si le résultat n'en était pas démenti par les iaits et par le bon sens ! Autapt vaudrait dire .que leurs qualités étaient toutes acquises, et que tout un peuple peut nattre statuaire, peintre ou poète. Comment expliquerions -nous, après cela, les progrès des arts , leur état d'enfance et de grossièreté , s'il fallait reconnaître et admettre un talent inné indé- pendant des efforts de l'étude et de l'éducation ? Qu'on mette en avant et que l'on fasse valoir dans cette question leur excellente organisation et leur fécond génie, en les comparant à une terre fertile et favorable aux semences précieuses qu'on lui confie; qu'on assure qu'il ne manquait rien à ces heureux Grecs, sous le rapport des facultés : ces vérités expliqueraient une des causes de leur supériorité dans tous les arts. Mais attribuer à un privilège obtenu avec la vie ce qui n'a été chez eux que le fruit d'une culture TOBB II. ' i4 Digitized by Google 3 10 HI8T0IBB DE LA PBflfTOEE. parfaitement entendue et d'une volonté unanime dirigée rers le beau ou la perfection , c'est leur ôter tout leur mérite, c'est laisser soupçonner que le terrein fait tout et que le travail et la semence ne sont rien> c'est introduire la fatalité dans les beaux-arts et préparer une excuse com- mode à l'insouciance et à la paresse. Un mot d'un écrivain partban des Grecs et déjà cité ne sera pas de trop ici. < Un esprit actif, curieux, jnais » capable de tous les excès; un caractère mobile, turbu- » lent, passionné, également disposé à l'amour, à l'or- » gueil, à la superstition : voilà ce que les Grecs avaient » reçu de la nature. » (Em. David. Recherches, P. g.) CHAPITRE 38. DE L'INFLUENCE QU'ONT DU EXERCER SUR LK PEIN- TURE DES GRECS LES DOCTRINES ET LA PHILOSOPHIE DES ARTISTES. Ja considère donc la perfection de l'art grec comme ayant sa source presqu'exclusivement dans l'excellence des maximes et dans la constance avec laquelle les ar- tistes surent s'y Conformer. C'est à la dilTérence qui existe entre les méthodes qu'ont suivies les artistes anciens et celles qu'ont suivies les modernes, qu'il faut attribuer, selon moi, la différence remarquée dans les productions des uns et des autres. Ce n'est point ici qu'il convient de rechercher en quoi consistent ces méthodes des anciens ; dans tout le cours de cet ouvrage je dirigerai mes efforts vers ce but. Ce Digitized by Google CAUSES PBÉTENDUES DE l'eXG. DE l'aRT CR, LES GRECS. 9 1 1 dont il s'agit seulement ici» c'est de démontrer l'influence que les doctrines des Grecs exercèrent sur leur peinture, c'est de prouver que leurs maximes étaient unes, qu'elles n'ont pas plus yarié que la saine raison, enfin qu'elles ont été respectées pendant plus de deux mille ans. Mais comme ces diverses questions reviendront naturellement dans plusieurs parties de ce traité, je me restreindrai dans ce chapitre à un petit nombre d aperçus^ Cette unité et cette persévérance dans les doctrines ont été senties par tous ceux qui ont beaucoup étudié les monumeds des anciens. Chacun s'est dit : si les an- ciens eussent travaillé au hasard, comment serait-il pos- sible que dans cette multitude infinie de formes qu'ils nous ont laissées, on vit un ordre de choses et un point de ralliement qui indiquent qu'on s'est conduit par les mêmes maximes, en quelques tems et par quelques mains qu'elles aient été mises en pratique. M« D'Hancarville applique même cette observation aux vases, dont les formes sont si diversifiées. « Les anciens, dit-il, ont varié 9 les formes de leurs vases presqu'à l'infini, et tandis que it ceUes que nous avons inventées, se réduisent à une » trentaine, ils nous en font connaître presqu'autant ■ qu'ils ont de vases différens. » C'est cette grande va- riété dans les productions des anciens qui sert à faire remarquer l'unité et l'immutabilité de leurs principes; car dans toutes leurs productions, cette variété ne sort jamais de l'unité des maximes, et elle prouve en même tems leur excellence, puisqu'au lieu de restreindre le génie dans ses inventions et dans ses conceptions, ces maximes lui permettent le plus grand développement et la plus grande diversité. Digitized by Google fi13 . HISTOIRE DE LA. PEIIITVEE. On sait que depuis Phidias jusqu'à la conquête de la Grèce, il ne s'écoula à peu près que trois cents ans, et cependant quelle quantité de statuaires et de peintres admirés dans cet intervalle ! La nature fut-elle alors plus prodigue? Non; mais la théorie était meilleure, tout aussi sévère, plus complète et toujours respectée. « L'artiste, pour se faire une science à lui, dit encore . » l'auteur des Recherches Mir l'art statuaire, n'était pas • obligé d'oublier, après de longues études, des leçons > disparates et quelquefois yicieuses. Des principes simples > et très-unis 'entr'eux s'épuraient en passant d'un maître 9 À l'autre, de mêipe que la sève des beaux fruits- s'élabore 9 par l'effet des greffes successives. L'art ne rétrogradait t jamais. » Yoilà la cause ^e4eur excellence; car ayec ces doctrines, ayec ces .méthodes parfaites, ils purent atteindre à cette perfection qu'ils se proposèrent constam- ment pour but. Peu^on en dire autant des peintres mo- dernes qui ont aspiré aussi à la perfection, «t ne se «ont- ils pas fait souvent des idées et des maximes qui y étaient absolument contraires ? Euripide, qui avait employé trois jours -de fatigue à faire trois vers seulement, en fit l'aveu à un dutre poète, c J'en 9 aurais fait cent pendant ce tems, dit celui-ci. — Oui, 9 répondit Euripide, mais qui n'auraient duré que trois 9 jours. 9 J. Jordaëns, Rubens, Piétro di Cortona, etc. firent des tableaux par centaines. A quoi leur eût servi la méthode la plus parfaite? On voit donc qu'il faut non-seu- lement une méthode ou des règles excellentes, mais qu'il faut que cette méthode ait été instituée dans des écoles, et rendue familière et sacrée lors des premières études. Or, tel fut l'avantage particulier dont ont joui les Grecs. Digitized by Google CAUSES PRiTBIlDUBS DE bEXC. DE l'ABT CB* LES GRECS. 2 l3 ÂYOuons-le donc, ces vraies doctrines*, les modernes les ont ignorées : et trop souvent les ayant aperçues, ils les ont fuies et redoutées. Cependant la nature n'a rien'refiisé aux modernes en fait de moyens, et d'heureuses^ disposi- tions. Michel- Ange est peut^tre-tiussi extraordinaire que Phidias, Rubens aussi étonnant qu'Apelle: mais plusieurs ouvrages de MkbeUAnge sont ridicules et barbares; beaucoup de tableaux de Rubens- sont laids et repoussans, tandis que-tous les ouvrages de Phidias et d'Apelle étaient nobles, naturels et gracieux. Ainsi, le» Grecs n'ont pas eu plus de talent dans la bonno route, que les modernes dans la mauvaise. Suivons donc le même chemin ^quo les anciens en nous dirigeant au même but; car si nous dévions, com- ment pourrons-nous les atteindre? S'il nous plalt d'aban- donner ce vrai chemin,' quel droit aurons^ofis d'exhaler nos regrets et dé nous plaindre quand nous serons égarés ? Puissent les doctrines et les méthodes proposées dans ce traité nous rallier sur cette route; puissent les moyens qu'on y enseigne aidev les artistes et les faire parvenir enfin jusqu'à ce but, jusqu'à cette perfection ! CHAPITRE 39. DES AYAUrrAGES QUE LES PEINTRES GRECS ONT DU RETIRER, SOIT DES MOYENS POSITIFS DE LA GÉO- MÉTRIE, SOIT DU MATERIEL DE LEUR COLORIS. l^u AND nous pensons aux grands progrès que nous faisons tous les jours dans les sciences mathématiques et dans la chimie, nous sommes disposés à croire que les artistes Digitized by Google ai4 HUTOlBfi OB Lk PBIMTDBE. grecs ne purent jouir des avantages obtenus depuis peu de ces sciences que nous supposons a^oir été moins bien cultivées parmi eux que parmi nous. Plusieurs critiques prévenus décident donc que les Grecs étaient incapables de parvenir aux résultats que nous obtenons» soit dans la perspective théâtrale» soit dans le dessin des raccourcis sur la figure humaine. Us décident aussi que les anciens ne pouvaient produire comme nous de briUans efiets de colo« ris» vu l'éclat des matières que nous procure le nouveau monde que nous avons découvert» et de plus notre industrie chimique qui sait aujourd'hui préparer si ingénieusement les couleurs. Ce qui sera dit dans plusieurs chapitres de ce traité» éclaircira suffisamment ce doute; néanmoins il faut signaler ici une prévention assez commune et qui doit être attaquée dès à présent. Pour la coieoybattre» il n'est pas nécessaire d'avancer que les anciens étaient aussi habiles que nous en mathématiques et en chimie ; cette assertion, très'inconvenante aujourd'hui» serait fort mal accueillie; mais on doit dire que ce que nous savons de mathématiques et de chimie n'a point été assez heureusement appliqué à la peinture. Ainsi» premièrement nous ne dessinons point la figure humaine par procédés mathématiques ou géo- métriques» et nous nous contentons presque toujours du sentiment. Il est vrai que ce sentiment optique est plus ou moins soutenu par nos connaissances en perspective; mais ces connaissances» comme chacun le sait» n'ont point encore été ingénieusement appliquées à l'art de dessiner la figure humaine en mouvement. Les Grecs» au contraire» dessinaient le compas à la main et à coi^ sûr; ce qui ne refroidissait en rien leur sentiment» Cette assertion ne rencontrera de contradicteurs que parmi les artistes; car Digitized by Google CAUSES PBÉTBIfDVES BE L*BXC. DE 1*ART €H. LES GBBCS. dl5 chacun d'ailleurs la trouvera très-croyable, et beaucoup de lecteurs ne penseront même pas qu'elle puisse êtr» nouyelle. Quant à l'industrie, avec laquelle nous tirons, ditH>n, un grand avantage de la chimie en faveur de notre pein- ture, il est à remarquer aussi que l'antique encaustique si solide, si éclatante, si long-tems pratiquée par les Grecs et les Romains, est encore à retrouver et à pratiquer parmi nous; et ce retard ne provient pas de ce qu'aujourd'hui on serait fort satisfait des qualités de la peinture à huile, mais de ce que si nous savons mieux la chimie que les Grecs, les Grecs fort souvent savaient mieux s'en servir que nous. Pour ce qui est des matières colorantes que nous tirons depuis peu de l'Amérique, s'il faut convenir qu'elles ont perfectionné notre art de teinture, on doit convenir aussi €[u'eUes ne servent point aux peintres de tableaux. La cochenille seule est quelquefois employée avec l'huile comme carmin, et elle est plus funeste qu'utile; en sorte que l'Amérique n'enrichit nullement la palette de nos peintres. Nos chimistes viennent à la vérité de composer de très-belles et de très-solides couleurs ; cependant ce n'étaient pas tant les belles couleurs qui nous manquaient, que le liquideon le gluten propre à les fixer et à les con- server. Or, ce gluten que possédaient les anciens est en- core à trouver. Les longues recherches que j'ai faites Sur ce point, et que je publierai dans le dernier volume de ce traité, m'ont fait, je croisf, approcher assez près du but. Digitized by Google 3l6 HISTOIBE W LA'PEINTUEB. CHAPITRE 40. OBSERVATIONS SUR LA MANIÈRE DONT LES PEINTRES GRECS TRAITAIENT LES PRINCIPALES PARTIES DE L'ART. InLPBks avoir considéré les causes prétendues de rexcel- lehce des Grecs dans Tart de la peinture» il s'agit de re- chercher jusqu'à quel degré les peintres grecs ont pu porter les différentes parties de leur art : il s'agit d'observer si les anciens ont rempli toutes les conditions de la peinture, et pratiqué par exemple toutes les règles de la compo- sition» dé la disposition, du dessin» de la perspective» du clair-obscur» du coloris, de la touche» etc. Remarquons d'abord avec Webbs, qu'en comparant la situation des peintres grecs à celle de Raphaël» le plus grand avantage était pour les premiers, c Les grands » peintres de l'antiquité» dit^^il» vinrent dans des circon»- » tances plus heureuses* Apelle trouva tous les secours » qui manquaient k Raphaël : au lieu d'un Perrugin pour B maître» il eut un Pamphile» et des modèles excellens 9 dans toutes les parties de l'art. Dans le dessin» Phidias » et Polyclète»' dans le coloris et le clairH>bscur» Zeuxis 9 et Parrhasius; dans la composition» les savantes dispo- » sitions de ce même Parrhasius» et sels idées heureuses, » jointes à l'esprit de Tîmahthe ; ajoutes h cela la cou- ■ currence de Protogène» les exemples et les conseils de » Praxitèle et de Lysippe» eto. » En effet» chez les anciens» comme nous le démontre* Digitized by Google JiBê PARTIES PB L^ABT 1>kn$ LES TABLEAUX GBBCS.x SI7 ren» par la suite en examinamt les caractères successifs de leurs styles, on rit Fart se compléter graduellement, et ses différons moyens être ajoutés peu à peu. En sorte que, vers le tems d'Alexandre, Tart se trouya parfait. Plus tard il se soutint excellent, puis il languit et dépérit à la fin. Chez les modernes, la marche de l'art fut tout à fidt différente : abandonné toujours à lui-même, il fut, à presque toutes les époques, incomplet. Tantôt on le vit composé du coloris seulement, tantôt du, dessin sans coloris, tantôt de la belle ou £icOe exécution, mais dénué des qualités premières de la composition. A cer- taines époques, il fut élevé et poétique ; dans d'autres tems et chez certaines nations, triyial et mesquin. Ainsi, peu^-étre que les critiques des tems à Tenir, passant en rerue les périodes de l'art moderne, éprouyeront une surprise de pitié en remarquant sa continuelle claudi- cation. L'art antique, au contraire, semblable d'abord à un en- fimt sain et vigoureux, puis à un bel adolescent, et com- parable plus tard à un homme parfait, fut constamment admirable, parce qu'il fîit tel que naturellement il devait être h ses diverses époques. Cette régularité danç la marche de l'art antique, prouve déjà, ce me semble, qu'aucune de ses grandes parties n'a pu être délaissée tant que dura son éclat. U parait certain, d'après plusieurs passages des écri- vains, que les peintres de l'antiquité ont connu toutes les parties constituantes ou tous les moyens de Tairt, en sorte que, quand même nous n'aurions aucun fragment de leur peinture, ce que nous lisons dans quelques auteurs, suffirait pour nous lo persuader. Lucien, par exemple. Digitized by Google Sl8 HISTOIBB DB tA »BIIftUB£. lorsqu'il décrit ce tableau déjà cité de la Centaurelie, s'exprime ainsi : < C'est aux peintres k vanter dans ce » tableau la correction du dessin, la yérité du coloris, » l'effet des saillies et des ombres, l'exactitude des pro- ■ portions, et l'harmonie générale. » Voilà bien toutes les parties principales de la peinture reconnues et distinctes. Zeuxis, quand il eut exposé ce fameux tableau, fut très- fâché de voir que l'admiration retombait sur la singula- rité du sujet, et non sur la science de l'artiste. « Al- » Ions, Miccion, dit-il à son élève, couvrez ce tableau, » et qu'on le reporte chez moi ; ces gens-là ne louent pas > ce qui en fait le mérite, ils remarquent plus la nou- » veauté du sujet que l'habileté de l'exécution. » C'est Lucien qui nous a encore conservé ce iait. Des peintres qui pensaient ainsi, ne devaient pas confondre les par- ties de l'art, et s'ils en discernaient si bien la valeur, c'est qu'ils les connaissaient toutes et savaient les prati- quer. Je ne considérerai pas ici la différence des genres de tableaux, ainsi qu'ont pu les distinguer les Grecs, tels sont par exemple les paysages, les portraits, les animaux, les décorations, les vues, les caricatures, les sujets tirés de la vie commune, etc. Au chap. 536, .relatif aux diffé^ rens genres, je tâcherai de prouver que chez les anciens il n'y avait pas différons genres de peinture, mais seu- lement différentes espèces de sujets ou de tableaux, et que nous devrions adopter cette division. Digitized by Google DB LA COHPOSITIOH DAHS LES TABLBA17X DBS aBEGS. jiig CHAPITRE 41. DE LA GOSEPOSmON DAÎÏS LES TABLEAUX DES GBEGS. v/n discute fréquemment sur le mérite des peintres an- ciens en fiût de composition ; mais si nous les critiquons en cela, c'est parce que nous partons des habitudes de nos écoles imparfaites et des données fournies par nos tableaux modernes. Nous ne critiquerions donc point les Grecs en cette partie» si nous savions reconnaître que ce n'était ni par ignorance ni par routine qu'ils se condui- saient dans la composition de leurs tableaux» mais bien pajLDure raison et par principes consacrés. Au reste, ce ne%t point leur principe de composition que l'on attaqua comme vicieux; ce furent les peintures antiques qu'on voulut blâmer» parce qu'elles ne ressemblaient point à nos tableaux. J'aurai si souvent occasion de parler de la composition des anciens » que je ne m'étendrai point sur leur excellence en cette partie. Je recueillerai seulement ici quelques idées qui serviront à prouver que les deux principales critiques que l'on a faites» l'une de leur dispo^ sition» et l'autre du peu de chaleur de leur composition» soft des critiques très-mal fondées. Ce que nous possédons de peintures antiques est loin d'être suffisant pour nous faire connaître entièrement l'excellence de la composition dans les tableaux des an- ciens» e.t nous aurions tort même de vouloir en prendre une idée juste d'après ces fragmens. En effet» ce sont» pour la plupart» plutôt des figurines arrangées pour Digitized by Google 2Ï0 HISTOIBB DB. LA PBINTVRB* romement des lieux qu'elles décoraient, que ce ne sont des tableaux rigoureusement conçus et uns dans leur tout et leur circonscription. D'ailleurs» l'inhabileté des artistes ultérieurs qui répétèrent dans leurs médiocres copies les ouvrages archétypes» a dû en corrompre beaucoup la disposition et même la composition. Nous n'ayons donc pas retrouvé précisément des tableaiuc composés rigou- reusement» mats des fragmens de tableaux dont la dispo- sition est souvent dérangée. Quelquefois même ce sont des copies de bas^reliefs remis en tableaux» d'autrefois ce sont des portions défrises empruntées sans art par les peintres» etc. Ainsi le plus grand nombre de ces pein- tures ont été exécutées par des mains rarement capables de reproduire cet ordre et cette eurythmie grecque qui devaient constituer une partie de la beauté des modèles: et quoiqu'il y ait des excq>tions à faire dans cette olKr^ vation générale» elle n'en parait pas moins fondée. Si nous examinons une de ces frises peintes que l'on trouve gravées dans le recueil des peintures d'Uercula- num» les figures en paraîtront isolées et disséminées sans liaison» parce que nous n'en considérons que trois ou quatre seulement. Mais ces mêmes figures successivement disposées sur la frise forment une longue suite indéfinie» et dans ce cas» la disposition en est bonne et remplit l'intention qui était de produire un ornement léger» per- pétué sans terminaison bien arrêtée ou limitée dans un cadre déterminé. Do même» les vases peints ne peuvent guère nous donner une idée juste de la composition d'un tableau grec» ou d'un tout disposé et conçu dans son unité et sa régularité»* car les peintures des vases sont arrangées pour la forme ronde du vase» et souvent Digitized by Google D£ LA COMPOSITION ]>AHS LES . T ABtBAVX DES GEEGS. 921 la liaison des. objets. est» comme }e viens de le dire» suc- cessive et sans fin déterminée. Malgré ces exceptions, noos deyons, reconnaître que les anciens avaient des prin- cipes très -fixes, sur la disposition; plusieurs morceaux encadrés par des bordures» plusieurs bas -reliefs d*un ensemble arrêté» plusieurs camées en sont la preuve. Au chap. i59 et suiv.» où je traite de la disposition des lignes» je m'appuierai sur quelques exemples empruntés àj'antiquité. Ici» je dois citer en passant la belle dispo- sition d'une peinture antique queSanti-BarthoU a substi* tuée à une autre qui se trouvait presque détruite dans le tombeau des.Nasons; elle représente une chasse au san- glier» et fut trouvée ^ule sur le Mont Cœlius» près du Colysée : je la signale» parce qu'elle offre plusieurs per- sonnages réunis» formant un tout parfaitement composé. Consultons encore les écrivains sur ce point» pous trouve- rons des passages positifs. Pline nous assure qu' Apelle» en fiùt d'ordonnance» s'avouait inférieur à Amphion : Cède- batAmphioni de dUpositiane^ < C'était donc» ditWebbs^ • un objet digne d'attention; c'était donc alors une partie > essentielle» même d'après les idées des anciens ; car 9 l'historien cite. cela comme un trait extraordinaire de • candeur de la part du peintre» » Plutarque fde glor. Athen.) nous dit qu'Buphranor peignit le choc de la ca- valerie à la bataille de Mantinée» comme s'il eût été ins- piré, c Ce singulier éloge» dit aussi Webbs» suppose que » le peintre avait représenté son sujet de la manière la » plus ressemblante à la vérité» ce qui ne pouvait s'opérer > sans un soin particulier dans la disposition, t Le même Plutarque le fait entendre clairement dans un autre pas- sage {in Arau), lorsque parlant de la bataille livrée aux Digitized by Google SS9 HI8T0IBB D£ LA PBIIITVBB. EtoIieBS par Aralm» il ajoute que cette action fut traitée par le peintre Timanthe de manière à la rendre présente aux yeux des spectateurs par la vérité de la disposition* « Il est bien évident» remarque toujours Webbs, que » l'inspiration d'Euphranor et Itt vérité de Titnantbe n'é-» • taient autre chose que l'effet de la même habileté dan» » l'expression et le pittoresque de la disposition. » Quant k l'unité dans la composition, nous avons plu- sieurs indices de fautes commises par les Grecs contre cette règle» qu'ils n'ont cependant point ignorée dt que les Egyptiens paraissent avoir connue et' observée. C'est ainsi que» par la description que fait M. Hamilton des bàs-relie& du temple de Jupiter à Carnack» nous connais- sons que tout dans ce bel ouvrage était lié et rentrait dans l'unité. Les poésies d'Homère et de quelques autres poètes anciens» avaient laissé des données suffisantes sur ce point de doctrine : cependant on doit croire que cer- taines peintures de Polygnote» de Bularchus» etc. avec les inscriptions et les noms au-dessus des personnages» pourraient bien avoir produit un assemblage sans unité de figures bolées et placées même les unes au-dessus des autres comme on en voit sur les vases. Mais outre que ce défaut n'a existé que sur des peintures des pre- miers tems de l'art» il nous faudrait savoir si l'usage d'é- crire ainsi les noms des personnages et de les faire figurer dans plusieurs scènes sur le même tableau» ne leur était pas prescrit par une obligation de laquelle ils ne pouvaient alors s'affranchir. Il est à observer au reste que ce même défaut est reproché parmi les modernes à André del Sarte» à Bassan» etc. qui florissaient en Italie lors des belles épo- ques de l'art. Digitized by Google DE LA COMPOSITION DANS LBS TABLEAUX DES GRECS. S 23 Passons au reproche qu'on a &it aux peintres anciens, sar le peu de chaleur de leurs compositions. Nous ne possédons point de tableaux &meuxde Fantiquité, et nous Toulons reprocher aux Grecs la froideur ^ quelques compositions antiques^ parrenues jusqu'à nous; ne serait* ce point parce que nous avons une idée étrange de la vraie chaleur pittoresque? En effet» ce qui réchaufiait ces compositions originales qu'on nous a quelquefois transmises toutes glacées» c'était TexceUenoe des figures» c'était la vie» l'expression des caractères ; mais croire qu'elles auraient dû» pour être chaleureuses». être tour- mentées comme les jDÔtres» être tumultueuses» contras^ tées» et d'un aspect embarrassé» c'est une erreur. Les bas-reliefs antiques sont pleins de chaleur et d'énergie; pourquoi les peintures n'eussent-elles pas offert la même qualité? Nous en possédons» au surplus» quelques-unes '^qui font voir cette belle chaleur de composition qui ce* pendant ne produit point de désordre insignifiant : cette vraie chaleur qui permet la force lucide de représentation» l'unité du sujet enfin» et non celte fausse chaleur qui offre plus de fumée que de lumière» plus de confusion que de vie» de mouvement et de caractère. Homère» Phidias^ Eschyle» qui fut peintre» Polygnote» Parrhasius^ etc. n'é- taient point froids dans leurs genres respectif» et je doute que nous ayons jamais plus de feu que tous ces hommes célèbres» malgré notre haute prétention h cette qualité. Les fragmens sculptés du Parthénon prouvent seuls ce que j'avance ; car bien que naïfs et déguisant l'art» ils sont réellement plus animés» plus chauds» que toutes les compositions arrangées et combinées par les modernes les plus renommés. Cette chaleur sans parade, cette vie Digitized by Google Sft4 HISTOIRE D£ LA PEINTURE. et ce mouvement magique, parce qu'il semble intérieur et sans effort, est le vrai cachet de l'antiquité. A ce sujet, je ne craindrai point d'avancer la compas- raison suivante : tout le monde connaît les gravures exé- cutées d'après le Massacre des Innocens par Raphaël, le plus expressif des peintres modernes ; qui pourrait nier que les pantomimes si fortes de signification, si animées, si terribles, si dramatiques enfin,qu*on admire sur chaque groupe et sur chaque figure de ces deux tableaux dont on expose tous les ans à Rome les copies exécutées en tapisseries , n'aient quelque choSe de trop arrangé , de trop recherché, bien qu'elles excitent vivement les idées de férocité, de pitié, de désolation et d'angoises ? Ra- phaël semble ici vouloir nous apprendre ce qu'il ressent, et non pas nous surprendre par un calque naïf de la nature prise sur le fait. Enfin, en présence de ces di- verses figures pleines d'action et de véhémence pittores- que, on admire plutôt Raphaël qu'on ne reconnatt la nature; on est surpris de la force de l'art et de son lan- gage, cependant on est moins touché qu'en ^présence d'une imitation plus naïve ; on retrouve l'école des bas-reliefs antiques faits à Rome lors du déclin de l'art, et non l'é- cole pure, vive et touchante de Phidias ou de Lysippe, mais dont Raphaël n'avait point vu de modèles. Si après avoir attentivement considéré cette production de Ra- phaël, noqs jetons immédiatement un coup-d'œil sur les métopes du Partbénon, sur les combats des Âmaxones qu'offrent certains bas-reliefs et certains camées grecs des beaux tems de l'art , quel mélange heureux d'énergie et de naturel, de pathétique et de vraisemblable à la fois ! L'art a disparu ; le choix de nature est la seule chose Digitized by Google DESSIN ET PERSPECTIVE DANS LES TABLEAUX DES GBECS. 2^5 qui reste, la seule chose qui surprenne» nous attache et se perpétue dans notre souvenir. CHAPITRE /.2. DU DESSIN £T DE LÀ PERSPECTIVE CHEZ LES GRECS. X EBSONNB n'ayant contesté le mérite des anciens dans le dessin, il n'est pas nécessaire de rassembler ici des preuves de leur étonnante supériorité en cette partie. U est bon seulement de rappeler que tous les peintres étaient anthropographes, c'est-à-dire qu'ils appliquaient la peinture à la représentation de l'homme. Néanmoins, comme certains critiques ont élevé un doute presque ridi* cule sur le degré de savoir des anciens en fait de pers- pective, quelques réflexions semblent nécessaires ici. Dire que les anciens ne connaissaient pas la perspective par théorie et par pratique, est aussi absurde que d'avan- cer que les écrivains anciens ignoraient la grammaire ou la syntaxe. Le dessin a pour base, pour règle et pour moyen la perspective : or, puisque les -Grecs ont excellé dans le dessin, ils ont dû exceller dans la perspective; car ce n'est jamais par hasard qu'on réussit dans ce qu'on appelle l'art du dessin. Les écrivains qui ont cherché à prouver que les anciens connaissaient la perspective, semblent avoir quelquefois, et c'est à tort, distingué du dessin la perspective. On peut bien mettre en question si tel ou tel peintre a exécuté avec justesse et d'une ma- nière ingénieuse les opérations qui dépendent de la pers- pective; mais on ne peut pas demander si les peintres TOME II. i5 Digitized by Google 226 1115T01RK DE LA PfiINTURK. savent la perspective , puisque sans elle ils ne seraient pas peintres. En effet» sans cette science point de repré- sentation par de justes délinéations, point de coloris» point de clair-obscur, point de touche exacte et significative. Ce que nous dirons sur cette partie si essentielle de Fart, prouvera évidemment que les anciens ont connu et prati- qué la perspective, et de plus qu'ils employaient un moyen beaucoup plus simple et plus universel que nous pour s'y conformer. Entr'autres auteurs modernes qui ont cherché à dé- fendre les anciens sur ce point , on peut citer Caylus ( tom. 20 des Mémoires de rAcadémie), Sallier (Mémoires des Inscriptions, tom. 8), Passeri (Vases Etrusques), etc. On veut absolument prouver, à force d'érudition, pour ou contre les connaissances des peintres anciens dans la perspective; cependant un coup-d'œil jeté sur quelques peintures antiques que nous possédons serait suflisant pour dissiper tous les doutes; au reste, quelques citations peu- vent nous convaincre. Quelle était l'idée de Parrhasius, par exemple, quand il disait qu'on ne pouvait être bon peintre sans savoir la géométrie (Pline. Liv. 35. Ch. lo), et celle de Pamphile, mailre d'Apelle et chef d'école, qui, selon le même Pline, disait positivement que la peinture ne pouvait exister sans le secours de la pei*spective? On sait d'ailleurs que les anciens peignaient des vues perspeo tives sur les murs, comme cela se pratique aujourd'hui (ViTiirvE. Lib. 7. Cap. 5). Quand même Pline exagérerait, lorsqu'il nous dit {Lib, 35. Cap.l^) que dans le théâtre de Claudius-Pulcher, on voyait des perspectives si bien pein- tes, que les corneilles, oiseaux'fins et rusés, venaient pour se reposer sur les tuiles des balimens qui y étaient rcpré- Digitized by Google DESSIN ET PERSPECTIVE DANS LES TABLEAUX DES GRECS. 927 sentes, il s'en est pas moins contraire an sens commun de demander si les auteurs de ces peintures connaissaient la perspective. On apprend encore que Deuton avait peint des escaliers avec tant de vérité, dans une pers^ctiv^» qu*un chien voulant les monter en courant» se cassa la tête contre le mur, en sorte que sa mort fit Téloge de cet ouvrage sur- prenant. Cela rappelle la frayeur que prête Pétrone à un de ses personnages qui faillit, ditril, tomber à la renverse à la vue d'un chien peint tout près d'une porte au-dessus de la- quelle on avait écrit cave canent, méfiez-vous du chien. La perspective, dit Yitruve, fut réduite en règles et en principes par Ânaxagore et Démocrite qui en firent une science, t « Ce passage seul, dit Webbs, justifierait les anciens. • Il parait, par ce qu'il contient, non-seulement que les • peintres grecs connaissaient les règles de la perspective » et en avaient étudié les effets, mais que leurs philoso- » phes et leurs mathématiciens les plus distingués avaient » regardé comme un point digne de leur attention de » réduire ces effets à des principes sûrs et déterminés. » Âgatharque fut le premier & Athènes qui décora de » peintures le théâtre. Ce fut dans le tems qu'Esdiyle y > créa l'art de la tragédie. Cet Agatharque avait laissé » un traité sur ce sujet; et c'est d'après ses leçons que • Démocrite et Anaxagore écrivirent aussi leur doctrine, t Enfin une observation reste à faire, c'est que les pein- tures antiques*les plus estimables, les plus goûtées, sont évidemment celles aussi qui sont le mieux traitées sous le rapport de la perspective ; ce qui prouve que cette science était toujours observée par les peintres les plus habiles, bien que des copistes médiocres aient pu en Digitized by Google 228 HISTOIBE DE Là PEINTURE. blesser quelquefois les règles. Le tableau si connu des noces aldobrandilaesy fait par une main fort exercée» est d'une perspective si bien observée, tant sous le rapport des lignes que sous celui. des tons, des teintes et de la touche, qu'il offre en ces parties d'excellentes leçons. Voyez ce que j'ai dit, pag. is3, d'une perspective peinte arec justesse, quoique d'un travail un peu grossier, dans une des chambres du tombeau de Psammétichus. CHAPITRE 43. DU GLAIR-OBSCUK DANS LES TABLËAUlC DES 6KECS. 1^1 l'on admet que les anciens ont connu l'optique et les principes de cette science qui sont applicables à la pein- ture (ce que Yitruve appelait logos opiicoi), pn ne peut supposer qu'ils aient ignoré le clair-obscur. Je sais qu'on leur accorde la connaissance du clair -obscur vrai qui arrondit et fait fuir les objets : mais on leur refuse le clair-obscur beau de combinaisons et qui est propre aux effets agréables à laTue et convenables au sujet; je vais tâcher de prouver que les anciens ont connu et pratiqué l'un et l'autre. Pline, en parlant du peintre Euphranor, dit : c Atqtxe » ut eminerent è tabuits picturœ maxime ctiravit, et il » apporta tous ses soins à ce que ses peintures fussent » saillantes et proéminentes sur le tableau. — Nicias d'A- » tfaènes, dit encore Pline, observa la distribution des » ombres et des jours,et s'attacha surtout à faire sortir du » tableau les figures. ^11 semble, ajoute-t-il ailleurs, en Digitized by Google CLAIR-OBSCUB DANS LB8 TABLEAUX DES GRBCS. SSJ » parlant de l'image d'Alexandre, peinte par Apelle, il » semble que les doigts soient saillans et que le foudre soit » hors du tableau. • Quapt aux découvertes qu'ApoUo* dore avait faites sur le clair-obscur, et dont Parrhasius profita, elles prouvent l'importance que les anciens atta- chaient à cette partie de l'art. Philostrate {Icon. Lib. i. PUcatorea) s'explique aussi très-clairement sur la dégradation des tons dans l'imi- latîon des objets vus à travers l'eau. Voici comment il s'exprime au sujet d'un tableau dont il donne la descrip- tion : « Le poisson le plus près de la surfisice paraissait • noir, le sm'vant l'était un peu moins , celui qui était 1 plus enfoncé commençait à échapper à la vue : ceux-ci » étaient dans l'ombre, ceux-là avaient la couleur de » l'eau ; d'autres n'avaient plus qu'une couleur vague et » indéterminée 9 car à mesure que l'oeil pénètre dans » l'eau, la vue devient trouble et confuse. » C'est encore è cette propriété du clair-obscur que Philostrate fait allu- sion (m EœoiL Icon. Lib. i), lorsqu'après avoir proposé aux peintres comme sujets* d'imitation les montagnes, les. forêts, les rivières, il ajoute : t Et l'air qui les environne. » En décrivant un tableau de Vénus {in vita ApolUmii, Lib. 2), il dit aussi que la déesse n'a pas l'aie d'être peinte, mais qu'elle sort du tableau, comme.si elle. vou- lait être poursuivie. Le même auteur nous apprend que Zeuxis, PolygQote et Euphranor s'attachèrent principa^ iement à ombrer heureusement et à faire vivre leurs fi- 'gures« Par^là il semble insinuer que l'ame de la peinture dépend de la distribution exacte des jours. et des ombres , et voilà pourquoi, sans doute, on disait des tableaux de Parrhasius; qu'ils étaient des réalités. C'est dans ce sens Digitized byGqogle S50 HISTOIRE DS LA PEINT VBB. qu'un ancien écriyain ( Theages Pyihagorieus ) disait : « Dans un tableau» le contour de la partie éclairée doit • se perdre, pour ainsi dire» dans Tombre ; car c'est de 9 cet artifice, joint à l'ayantage du coloris, que dépendent » la vie et la vérité des objets. » Remarquons en passant que Toilà le clair-obscur bien distingué ici du coloris. Pétrone, en parlant des tableaux d'Âpelle, dit que la manière délicate dont étaient traités les contours, donnait aux figures un air de vérité tel, qu'on croyait voir aussi leurs âmes respirer sur la toile : Tantâ enirn^ subtilitate extremitateê itnaginum erant ad similitudinem prccisœ^ ut credereê etiam animarum esse picturoê. « Peindre les corps et les milieux des objets, dit Pline, » c'est sans doute beaucoup; cependant plusieurs peintres w y ont réussi : mais bien rendre ce qui termine les corps, » ce qui approche des contours, ce qui enveloppe les » formes, c'est un succès bien rare ; car les parties voi- 1 sines des contours doivent s*envelopper elles-mêmes, » finir en promettant cependant quelque chose encore > après elles, et indiquer même ce qu'elles cachent. • « Un peintre, dit Quintilien (liv. 9,chap. 17), qui dis- » pose tellement ses objets, que les uns semblent sortir 4 • du tableau et s'avancer, les autres s'éloigner, ignore4- » il qu'ils sont tous sur la même surface plane?.... » Et plus loin : t Nous voyons aussi que la peinture n'a de » relief qu'autant que les ombres et les clairs sont bien » distribués. » Quant à moi, je pense que les bouches gracieuses de Pftrrhasius devaient une partie de leur charme à cet art d'exprimer les fuyans et les contours, et à cette savante fusion de couleur ou de clair-obscur dé- signée par les écrivains dans les moUCommiwira cotorum. Digitized by Google CLAlR-OBSGt^ll DA>'S LES TABLEAUX DES GBBCS. QOX On sait que les anciens ont traite des sujets qui sup- posaient de grands effets de clair-obscur^ tel était celui qui représentait un enfant soufflant le feu» dont sa bouche et tout l'appartement étaient éclairés. Mengs accorde aux peintures dllerculanum la qualité du clair-obscur relatif à la perspective aérienne. « Cette » partie» dit-il , fut parfaitement entendue par les ancious, > comme on peut T observer dans les peintures d'Hcr- ■ culanum, même les plus communes : ce qui nous fait 9 assez connaître que cette qualité était démontrée dans » les écoles, i Il semble aussi que la pratique de la plastique si usitée parmi les peintres anciens» devait les rendre aum^s^ssi habiles que les nôtres en fait dé clair-i»lyyur»<^ffl|nme presque tous étaient» ainsi que nous Tavone dit^^^^pteurs ou plasticiens» ils en retiraient deux avantages l h piieipier était rhabitude de rendre sensibles les formes» de les ca- ractériser sans équivoque» enfin de les rendre presque palpables; le second était d'obtenir de petits modèles ou figurines de terre ou de cire» servant à répéter faci- lement l'effet général de clair-obscur» produit par les objets réunis dans toute la composition de leurs tableaux. Nous savons que Zeuxis faisait des modèles en argile »* on transporta à Rome ceux qui représentaient les Muses. De même» Correggio» qui est cité comme le premier dans l'art du clair -obscur» ne manquait pas de modeler de petites figures préparatoires. On conserve à Parme les marquettes qu'il fit pour sa fameuse peinture de la cou- pole do la cathédrale de cette ville. Peut-on se taire une idée des figures admirables que concevaient» dans le même esprit que Phidias et Praxil^Jo, Digitized by Google S3t HISTOIEB DB LA. PBIIITUBE. les peintres contemporains de ces grands statuaires» sans se représenter l'art étonnant avec lequel leur pin- ceau faisait nattre le relief, et rendait en cela la peinture semblable à la réalité ? Ce n'étaient donc pas seulement des masses principales bien disposées, des caractères, des expressions indiquées avec sentiment ; c'étaient les. beautés d'une figure dans tous ses^létails, exprimées par le clair-obscur arec la même délicatesse et le même rendu que leur donnait le ciseau du sculpteur; c'étaient toutes les finesses des passions de l'ame manifestées par les tra- vau3^ les plus ingénieux du pinceau, comme sur le marbre le plus fini. Ils ne pouvaient satisfaire leurs organes exi- geans et perfectionnés, ces grands peintres dont la répu- tation a balancé celle des illustres sculpteurs, que quand ils obtenaient l'apparence vraie du relief des corps, l'ex- pression des plans les plus délicats, l'exacte représentation de leurs plus subtiles beautés. Qui pourrait donc s'ima- giner que le clair-obscur ait été à leurs yeux une partie subalterne de l'art ? Qui pourrait croire même qu'il n'y aurait rien pour nous à apprendre dans ces beaux mo- dèles, si nous avions le bonheur de les posséder et d'en faire l'objet de nos études? Citons encore Webbs. « Pline et les autres écrivains » de l'antiquité disent au sujet des combinaisons agréa- » blés du clair et de l'obscur, des choses si positives, » leurs récits sont si bien circonstanciés et si vraisem- » bbbles, qu'on ne saurait disconvenir que les anciens » n'égalassent, du moins dans celte partie, les plus grands » peintres modernes. C'est du clair-obscur idéal, si je ne » me trompe, dont Pline veut parler, lorsqu'il dit : On » ajouta à la peinture un éclat autre, que celui de la lu- Digitized by Google CLAIB-OBSCVR DANS LBS TABLBÂVX DES GBBGS. sSS » mière, et on l'appela tarij parce qu'il résulte de la corn- > binaison des ombres et des clairs. Adjectus eêi spten-- 9 doTs alius hic quàm tumen^ quem^ quia inter hoc et » umbram erat^ appeUaverunt tonon. • (Lt6. 55. C. 5.) Plutarque» en parlant des tableaux de Denys» emploie les mots de force et de ton^ comme synonymes. On sait aussi que Gicéron, ce critique si judicieux» a parlé plu- sieurs fois des jours et des ombres de Téloquence» et a proposé aux orateurs Tartifice des peintres dans la dis- pensation du elair^bscur» comme un modèlie à imiter. Le passage suivant mérite donc une attention particu- lière, c Sed habeat tamen illa in dicendo admiratîo ae » 9umma laus umbram aliquam et recessum quo magis » id quod^erit iUum^inatum extare atque eminere video- » tur. » (Db Obat. Lib» ii.) Ainsi» il n'est point aussi difBcUe qu'on pourrait le penser» de démontrer que les anciens ont connu et ob- tenu la beauté du clair-obscur» et que les mêmes calculs si yantés et pratiqués par les Vénitiens et les Flamands leur ont été familiers; mais ces calculs échappent aux yeux des critiques superficiels» parce que les peintres anciens observaient une bien plus grande simplicité que les Vénitiens» et qu'ils ne connaissaient point cette sur- abondance et cette profusion modernes appelées trop souvent du nom de richesse. D'ailleurs, comme ils n'of- fraient que peu de parties» pour mieux conserver et con- centrer» pour ainsi dire» l'unité» et aussi pour mieux déguiser l'art» il nous faut aujourd'hui un œil délicat et exempt de vicieuses habitudes» pour discerner dans cer- taihes peintures antiques que nous possédons» l'intelli- gence et les calculs bien ménagés qui s'y trouvent^ Digitized by Google 934 mSTOIBE Dr LA PBIRTUBE. Comment croire qu'ils ignoraient aussi Fart des op^ positions dans le clair-obscur, puisque la moindre pra- tique de la peinture y conduit naturellement? Enfin, avancer que les Grecs ne connaissaient pas l'art du choix et de la beauté dans le clair-obscur, c'est presque dire qu'ils ne recherchaient ni l'ordre ni l'unité dans leurs ouvrages» reproche qu'il est impossible de leur faire. Quant à la convenance ou au poétique' dans le clair- obscur, il faut, je crois, admettre encore que les anciens la pratiquaient par l'effet de la grande philosophie des célèbres maîtres qui fixèrent les archétypes de l'art. Les peintures antiques que nous possédons n'offrent jamais de contre-sens à ce sujet. Les scènes riantes sont animées par un clair-obscur analogue au sujet, et des effets plus austères se remarquent lorsqu'il s'agit de sujets graves et sévères. Au reste, il n'est guète à présuma que les co- pistes qui nous ont conservé dans ces peintures l'indi- cation des modèles célèbres des beaux tems de l'art, aient eu assez de savoir pour répéter l'original, auquel ils n'em- pruntaient souvent, comme nous l'avons dit, que quelques parties, pour en faire des décorations, et qu'ils en aient eu même l'intention. Je dois ajoute^ que ce qui a fait croire que les anciens ignoraient l'art d'embellir le clair- obscur, c'est la vue des bas-reliefs antiques dans lesquels ils n'ont point, comme les modernes, cherché à faire tableau; en sorte que les effets pittoresques, si vantés dans les bas-reliefs modernes, ont servi et à &ire critiquer les bas -reliefs antiques dans lesquels, disait -on, ou ne retrouvait rien de cet heureux clair-obscur pittoresque des modernes, et à critiquer par cela mémo les peintures antiques où les beautés du clair-obscur sont déguisées Digitized by Google GOLOEIS BANS LBS TABLEAUX DBS GRECS. 955 SOUS un artifice fin et délicat et sous le voile de la nàï^ ▼été. Au surplus y j'indiquerai ici, outre les peintures -de Porticiy parmi lesquelles il se trouve des paysages, celles qui, remarquables par leur clair-obscur évidemment com- i posé et combiné, furent trouvées du tems de Mengs k la villa Negroni dans le tombeau des Nasons à Rome, et dont Mengs exécuta les dessins qu'on a gravés depuis. Le clair-obscur en est non-seulement vrai, mais il est encore d'un très-bon choix. La théorie développée dans le cha- pitre 387, où il est question des diflérens modes de clair- obscur, et dans les chap. SgS et suiv. qui traitent des lois du beau appliqué à cette partie, fera mieux comprendre ce que je viens d'avancer au sujet de ces peintures. CHAPITRE 44. DU COLORIS DANS LES TABLEAUX DES GRECS. V^'est une chose assez remarquable que eette unanimité de prévention contre le coloris des anciens, dans les personnes qui cependant n'ont jamais vu de peintures antiques. Elles se persuadent sans preuves que les pein- tres de l'antiquité ignoraient les artifices et les charmes du coloris, et qu'ils ne parvinrent jamais à porter cette partie de l'art au degré de perfection où l'ont portée de- puis 1^ Tiziano, les Rubens, les Teniers. Et d'où vient cette prévention ? Serait-ce de quelques nouvelles et sa^^ vantes découvertes en fait de coloris? Non, assurément; cette prévention provient du mépris assez commun dans Digitized by Google 336 BISTOIAE DE LA PEIlfTUBE. les hommes pour ce qui les a précédés de très-loin. Ce mépris pour le coloris des anciens a la même source que celui qu'on porte à leur musique; et jusqu'à ce que des preuves sensibles Tiennent forcer les aveux et confondre les détracteurs, ils seront toujours les plus forts dans une pareille dispute. Je sais qu'on peut leur opposer lecoloris ' de certaines peintures antiques; mais ce coloris a été si souvent altéré par les restaurations et les vernis moder- neSy ou même par les injures des siècles, que tant qu'on n'offrira pas à ces critiques prévenus des morceaux d'une grande énei^ie et d'une grande vivacité de couleurs, ils ne se laisseront vaincre ni par les indices de l'harmonie, ni par le reste des délicatesses apparentes dans ces pein- tures. Accoutumés que nous sommes à goûter les effets de la peinture telle qu'on la pratique de nos jours, persuadés que l'usage de l'huile dans les couleurs nous a enrichis de mille beautés dont les anciens n'ont jamais eu l'idée , persuadés aussi, comme je l'ai déjà dit, que la découverte du Nouveau-Monde nous a fourni des couleurs inconnues aux peintres d'autrefois, le diapazon de la palette mo- derne a trompé beaucoup de critiques irréfléchis. Ce qui les a trompés encore, c'est qu'ils ont jugé le coloris antique d'après des copies ou peintes à huile, ou enluminées, o^ gravées en couleur; or ces copies ne répètent ni la rup- ture des teintes ni l'harmonie antique. Une autre cause de malentendus dans ces critiques, c'est l'habitude de confondre le clair-obscur avec le colo- ris, deux parties cependant bien distinctes; en sorte que, comme le plus grand nombre des fragmens antiques ne représentent guère que des figures d'ornement, souvent Digitized by Google GOLOBIS DANS LBS TABLEAUX DBS 6BECS. 267 Isolées et peu liées par les combinaisons du clair- obscur nécessaire dans un tout un et circonscrit, on en a conclu, puisqu'il y ayait absence de clair -obscur, combiné et choisi» qu'il y avait absence de coloris. Mais les teintes peuvent être très-justes, très-vraies, très-harmonieuses, très -magiques, sans que les calculs du beau dans les clairs et les bruns soient très-remarquables. Cependant les ob- servateurs et les artistes d'un vrai mérite, discernent tou- jours la vérité; et, malgré quelques préjugés ou quelques goûts exclusifs, ils lui rendent toujours hommage. Voyons, par exemple, ce que pensait à ce «ujet Josué Reynolds. € Nous trouverions, dit-il, dans les tableaux des anciens » maîtres, les figures aussi correctement dessinées que » Test le Laocoon, et peut-être d'un aussi beau coloris 1 que celui de Titien. » Ailleurs, il regarde la peinture des noces aldobrandines, comme un des plus précieux restes de l'antiquité. Mengs, qui a vu et copié beaucoup de peintures anti- ques, nous dit positivement qu'il s'imagine que 2ieuxis et Âpelle furent non-seulement vrais, mais encore très-beaux dans cette partie. Il ajoute qu'ils doivent avoir eu une idée exacte du coloris» t Le choix des couleurs locales de leurs » draperies, dit-il, a été très-bon, et la Rama du palais » Barbérini est d'un très-bon ton de couleur. 9 Selon l'c^inion des éditeurs des peintures antiques d'Herculanum , de Pompéi , etc. , elles réunissent aux autres qualités, celle d'un très-bon coloris. Le tems peut au surplus jeter par hasard un jour subit sur cette ques- tion, et un seul morceau, d'un excellent coloris, suffirait pour réunir toutes les opinions en dissipant tous les doutes. Digitized by Google ^38 HISTOIBB DB LA ^EINTUBE. Le père Zarillo, directeur des fouilles d'Herculanum, écrivait en i8o4 ' « •••• Outre le Faune et la Nymphe qui » sont d'un cKcellent coloris» spécialement pour le nu qui » peut le disputer en ce genre au Titien.... on a décou- 9 vert un tableau de Diane et Endymion. La déesse est w d'un bon dessin et d'un excellent coloris. ... » {Arckiv. UiUr. t^* année* Tom. 6. Pag. 278.) En iSoSy pareilles expressions forent employées dans les journaux, lorsqu'on découvrit à Pompéi une peinture représentant Diane surprise par Actéon. « Le coloris de » Diane égale (Journal des Débats, sg germinal an i3) n tout ce que le Titien a jamais produit de plus beau dans » ce genre. Actéon, déjà assailli par des chiens, fait des V contorsions par douleur, et cherche èi se défendre avec 1 un bâton. Le coloris d' Actéon forme un contraste heu- • reux avec la délicatesse de celui de Diane. Les acces- 1 soires de ce tableau,^ sont d'une beauté au-dessus de 1 toute expression, et le paysage surprendrait même » Claude. En général, cette peinture dispute le^rang au » Thésée, au ChiroQ, et à tout ce qu'on a vu jusqu'ici » de plus parfait dans nos musées. • Nous lisons dans le Moniteur du s8 avril 18s 5, ce qui suit : « On vient de découvrir à Pompéi deux nouvelles 9 fresques très-remarquables par la parfaite correction du 9' dessin et l'excellence du coloris. Elles représentent ' » Briséis enlevée à Achille et les Noces de Thétts et de • PéUe. Ces deux tableaux, encore sur place, sont con- » sidérés comme les plus beaux de tous ceux qui nous 9 soient parvenus de l'antiquité. 9 M' A. Lens, peintre, dit avoir vu à Rome un tableau antique de Jupiter et Ganimède, dont les figures sont Digitized by Google COLOBIS DANS LES TABLEAUX BBS GBECS. sSg représentées de grandeur naturelle; il parle de cet ou-, vrage comme étant d'un coloris admirable^ mais il n'in- dique rien sur Fendroit d*où provenait et où Ton peut Toir cette peinture. Fr. Junius, Turnbull, Durand» et beaucoup d'autres» ont recueilli dans les anciens auteurs un assez grand nombre de citations à ce sujet; mais Webbs est celui qui (ait valoir avec le plus de zèle ces autorités. Il brûle du désir de rétablir le lustre du coloris antique» et son estime pour ces tableaux va jusqu'à l'enthousiasme. € Quand je vois» dit-il» l'unanimité des auteurs anciens • dans les témoignages qu'ils donnent de leur sentiment > au sujet du coloris antique» je suis tout porté à croire 1 que les anciens ont égalé» s'ils n'ont pas surpassé les 9 modernes dans tous les points capitaux.... Quand je » vois analyser des effets qui ne peuvent résulter que de » la plus haute perfection» je ne puis résister plus long- » tems à la conviction. Voici deux exemples de cette » espèce qui me paraissent décisifs. » Parrhasius et Euphranor avaient peint chacun un I Thésée. Euphranor disait que le Thésée de Parrhasius I avait l'air d'un homme nourri de roses» et que le sien • ressemblait à un homme nourri de chair. (Plut abc. > Bello anPa4^.),..» Que pourrait-on dire de plus juste • du Titien et du Carrache ? Il faut cependant observer > que ce style délicat et fleuri n'était pas la manière > constante de Parrhasius. Pline dit aussi qu'il peignit un > héros nu» et que» dans ce morceau» il semblait avoir > défié la nature elle-même. » Mais l'éloge que Properce fait d'Âpelle» me parait > le plus délicat dé tous» et le plus propre h nous donner Digitized by Google a4o HI8T0IBB.DE LA PBINTVBB* une idée juste du mérite de ce peintre dans le colom. Ce poète donc, voulant dissuader sa miiitresse de se farder, lui vante la lieauté vraie et naturelle de son teint, et le compare à la couleur des tableaux d'Apelle» comme si tout ce que la nature pouvait faire de plus était de mériter la concurrence avec Tart de ce peintre. » Si les poètes ont regardé la' couleur comme une des plus grandes beautés qui soient dans la nature, il n*est point étonnant que les peintres, dont l'art est l'imitation de la nature, en aient fait le principal objet de leur étude. Aussi Parrhasius, Zeuxis et Apelle, qui sont les plus célèbres peintres de l'antiquité, étaient-ils en même tems les plus grands coloristes. Ces louanges, qu'ils ont reçues de leurs contemporains, tombaient principale- ment sur ce genre de vérité et de beauté qui est produit par le choix de la couleur. C'était dans cette partie sur- tout qu'excellait Apelle. Son chef-d'œuvre, et par consé- quent le chef-d'œuvre de l'art, était sa Vénus Anadyo- mène. Yoici comment Cioéron {De Natur. Deo. Lib. i) s'explique sur la perfection de ce morceau : Dans la Vénus de Cos, ce que nous voyons n'est point un corps, mais quelque chose qui y ressemble, et ce vermillon, mêlé et nuancé de blanc qui en couvre la peau, n'est point du sang, mais quelque chose que l'on prend pour du sang..... C'est au même tableau qu'Ovide fait allusion dans ces vers: (Lib. ii. TrUu) SicMadidos...* C'est ainsi que Vénus, sortant de la mer, presse de ses mains son humide chevelure; on voit encore couler sur ses membres parfaits l'onde qui vient de lui donner l'être... » Et Ausonne, dans Tépigramme suivante, ne dit-il pas? Voyez sous le pinceau d' Apelle, Vénus h peine sortie Digitized by Google COLOaia BANS LBS TABL£AUX DES GBEGS. 34 ^ » da sein de Tonde qui vient de la former. Avec quelle » grâce, pressant de ses deux mains son humide cheve- » lure, elle en &it tomber l'écume salée qui la couvrait ! » Ne semble-t-il pas entendre et Junon et la chaste Pallas > lui dire en ce moment : tu l'emportes, ô Vénus I et • nous t'abandonnons le' prix de la beauté?.... On sait » qu'aucun peintre n'osa achever une seconde Venus » qu'Apelle avait commencée et que la mort l'empêcha > de finir* » On pourrait dire que le dessin ne donne que l'idée » générale des objets et que c'est la couleur qui leur » donne leur existence particulière. C'est là sans doute f ce qui a &it dire à Plutarque ( DePoet. Aud.), que dans » la peinture nous sommes plus frappés des couleurs que f du dessin, parce que ce sont elles qui produisent le 1 complément de l'illusion. » Dn autre auteur observe de même, que le peintre » peut bien tracer les contours et les proportions d'un » homme , mais que ce n'est qu'avec le secours de la » couleur qu'il parvient à en faire un Socrate ou un i Platon. {Ammonius. In lo. Categ. Ariêtot.) • Les anciens non-seulement attribuaient à la couleur » le pouvoir de réaliser les objets, ils la regardaient 9 même comme l'ame de la beauté. Ecoutons encore » Cicéron : Il y a dans le corps humain, dit-il, une cer- • taine harmonie de proportions qui, jointe au charme » du coloris, forme ce qu'on appelle la beauté Un 1 autre écrivain, non moins imposant, dit {De Caustê » Corrupt. EloquenU C. s i .) qu'on peut regarder comme 9 vraiment beau, un corps dont un sang pur et tempéré » arrose toutes les parties, enfle les veines, teint les mus- TOVB u. i6 Digitized by Google 343 HI6TOIRB DB LA PEINTURE. 1 des mêmes d'un vif incarnat et y fait briller l'éclat de la 9 santé. ... » Au reste» qui donc est insensible aux charmes de la 9 couleur?...* Ecoutons TibuUe : Sa blancheur res- » semblait au doux éclat de l'astre des nuits ; une légère 9 teinte pourprée colorait une peau qui le disputait à la 9 neige; les joues les plus fraîches étaient animées par 9 ce yif incarnat que donne la pudeur à une jeune épouse 9 au moment où elle est conduite dans les bras de son 9 jeune époux. Vous lui compareriez aussi ces guirlandes 9 que les jeunes filles forment en mariant les lys avec 9 l'amaranthe ou bien encore le vermillon dont une pomme 9 blanche se pare à l'entrée de l'automne. ( Lib. 3. EUg. 4- ) 9 Stace {Theb. Lib. 6.) dit, en parlant d'un jeune 9 homme qui entre dans la lice : Il parait et se dépouille 9 de ses vêtemens où l'on voyait briller l'or, on est frappé 9 de l'éclat de son corps; l'excellence des proportions se 9 faisait sentir dans tous ses mouvemens. On admirait la 9 forme de ses épaules , sa poitrine, dont les teintes le 9 disputent à celles des joues ; enfin, parmi tant de beau- 9 tés, la beauté du visage se confond. ••• 9 La grappe était si vermeille, dit un poète, l'illusion 9 si parfaite I Ma main s'y porta avec avidité, et ce ne 9 fut qu'alors que je reconnus l'imposture.... 9 La lecture des écrivains de l'antiquité pourrait seule 9 faire porter le coloris jusqu'à sa plus grande perfection. 9 Un jeune peintre coloriait fort mal un portrait de femme, 9 le ton en était fade et sans vie. Un spectateur, qui le 9 voyait finir ce portrait, aperçut sur sa table un Ovide; il 9 l'ouvre et lui cite ce passage des Métamorphoses (liv. 8.) , 9 où le poète compare la blancheur animée du corps d'Â- Digitized by Google COLO&IS DANS LES TABLEAUX DES GBEGS. 243 talante au reflet qu'un rideau de pourpre forme sur une muraille blanche et à la teinte transparente et légère que cette muraille réfléchit sur le même rideau. L'ana- logie de cette comparaison frappa vivement le jeune pein- tre» et on s'aperçut dans la suite qu'il en avait profité. » Parrhasius avait peint deux guerriers J' un marchant an combat (on voyait la sueur sur son corps) » l'autre venant de quitter son armure (il paraissait tout hale- tant). Quelle chaleur I Quelle finesse de pinceau I Qui croirait que la peinture peut exprimer cette moiteur, ces émai^ations imperceptibles qui proviennent d'une transpiration violente? Les teintes les plus moelleuses de Pécole vénitienne, ont -elles jamais su rendre de semblables idées ? Les notions que nous avons de la perfection sont trop limitées par notre propre expé- rience. Si nous n'avions jamais vu de tableaux mieux coloriés que la Galathée de Raphaël, une description de la Yénus du Titien passerait pour une exagération extravagante. Pourquoi l'école grecque n'aurait-elle pas été aussi supérieure k. l'école de Venise, que celle-ci l'est à l'école romaine ? t Polygnote avait peint Gassandre à l'instant où elle ve- nait d'être violée par Ajax : on voyait la rougeur sur le front de cette princesse à travers le voile dont elle cachait son visage. Celte figure célèbre était encore admirée du tems de Lucien. Est-ce que la fameuse Hélène de Zeuxis aurait été regardée comme le plus parfait modèle de la beauté fé- minine, si elle n'eût été imitée avec tous les charmes du coloris ? Plusieurs écrivains de l'antiquité se sont exprimés po- Digitized by Google 344 HISTOIRE DB LA PEINTURE. sitiTement sur la rupture des couleurs. « Dans un tableau, 9 dit Maxime de Tyr (Diss. 5. parag. 5.), les couleurs » les plus éclatantes sont celles qui plaisent le plus à la » vue; mais si on ne les tempère point par des ombres , » on en détruit l'agrément » Et ailleurs (Diss. i5. parag. 4*) * ' ^ toutes choses où il existe de l'ordre et » de l'harmonie^ il faut des intermédiaires Il en faut » dans les couleurs, dans la musique, dans les discours... » On sait d'ailleurs que les Grecs ont traité certains genre* qui n'empruntent guère qu'à la seule partie du coloria leurs moyens de plaire, et c'est une assez forte présomp- tion en faveur de leur savoir en cette partie. Ne leur a-t- on pas même reproché d'avoir, à certaines époques, sacrifié les plus austères points de l'art, aux charmes du coloris? Pline, Denysd'Halycarnasse,et plusieurs autres, ont répété ces reproches. Nous savons de plus qu'ils avaient divers coloris, selon les divers modes; et comme ils chantaient dans tous les tons, ils durent appliquer les lois rigoureuses de l'harmonie ou de l'unité et de la convenance, au coloris ainsi qu'aux autres parties de l'art. Ils avaient des coloris légers et austères, gracieux et terribles, durs et suaves. Un passage de Cicéron semble nous l'expliquer clairement. « In picturiê alios harridas inculta, abdita, etopaca; 9 contra alios nitida, lœta, collustrata, délectant. » (Ora.t. A'am. ii.) Enfin les auteurs nous font connaître les progrès et la marche du coloris parmi las peintres de la Grèce, et sans rassembler ici leurs diverses expressions à ce sujet, citons Plutarque, qui nous dit positivement qu'Apollodore in- venta la fonte des couleurs et le véritable caractère des ombres. J'ai déjà fait mention de ce peintre à propos de Digitized by Google C0L0BI3 BANS LES TaBL£AUX'D£9 GRECS. S^^ clalr^bscur; mais il parait que les artifices de son pin- ceau étaient tout aussi surprenans en fait de teinte et d'harmonie colorée, car on écrivit au bas de ses ouvrages : on l'enviera plus tôt qu'an ne l'imitera. On doit même conjecturer, d'après ce que les anciens ont écrit de relatif au coloris, qu'ils devaient en avoir une idée tout à fait exacte et complète. Au reste, il est bien naturel de penser que ces Grecs, si délicats dans l'art des formes, devaient être sensibles à la justesse ou à la discordance d'une couleur, comme à celle d'un ton faux dans la musique ou d'un mouvement contre nature dans la statuaire. Quant à l'objection presque, ridicule des quatre cou- leurs auxquelles, dit-on, ils étaient réduits, elle n'est, à mon avis, d'aucun secours aux critiques, c Ce qui me fait » juger favorablement du coloris des anciens, disait Rey- » nélds, c'est qu'ils ne se servaient quo de quatre cou- 1 leurs... » Mais il serait absurde de penser qu'ils n'em^ ployaient que quatre couleurs uniquement, lorsque nos yeux nous persuadent tout le contraire en présence de leurs peintures. On doit même être convaincu qu'iU avaient plus de couleurs que nous ne pourrions jamais en obtenir par notre peinture à huile \ Au surplus, les couleurs dont les peintres anciens faisaient usage, pro- duisaient, par leurs différentes combinaisons, huit cent dix - neuf changemens; c'est M. Mayer, professeur de ^ Je n*aî jamais pn répéter certaînes coulean qui se trouvent dans les firagmcns antiques de peintitre. On y remarque des teintes vertes et des jaunes dor^s qu*il semble que nous ne connaissons pas; mais il faut convenir que l'efTet de la ciré, de la transparence des dessous et de cer- tains procede's, a pu donner aux matières une sorte de caractère que ne sauraient acquérir nos peintures à huile, qui sont sourdes et monotones, nos lavis si crus et si froids, et notre de'trcmpe qui est pâle et aride. Digitized by Google S46 HISTOIAB DE LA PEIlfTVBB. Croëtiingue» qui en a fait le calcul. Ainsi, pour affirmer ou nier qu'Apelle et Protogène aient été de grands colo- ristes, Tai^ument qu'on tirerait du petit nombre de cou-, leurs matérielles qu'ils avaient à leur disposition, ne pourrait fournir aucune preuve. D'ailleurs il est démon- tré que les trois couleurs élémentaires, jaune, rouge et bleu sont suffisantes. En sorte que, si leur noir, qui était le résultat de ces trois couleurs (yoy. le chap. de Tacro- matisme), était très-intense, tel que le bitume de Judée, par exemple, et si les dessous ménagés servaient de blanc, ils ont pu avec ces seuls moyens produire des chels- d'œuvre. Jean-Baptiste Santerre, de l'école française, mort en 1717, et dont on voit au musée de Paris une Suzanne d'une fort bonne carnation, a peint d'une couleur fratche et vraie, en n'employant que cinq couleurs. Ces couleurs étaient l'outremer, le massicot, l'ocre rouge, le blanc de plomb et le noir de Cologne. Laissons donc là rbbt plusieurs indices, mais surtout par la manière dont tout » l'ouvrage est façonné, et encore plus par les Heures et » les Grâces de marbre blanc qui étaient exposées à l'air » peu avant que j'arrivasse à Erythrée.... A Tritia il y • a une statue de Minerve d'un goût moderne • (Liv. 7. ch. 2s). Il en dit autant d'une statue de Diane à Ëgyre (Liv. 7. ch. a6),et peu après il continue en disant: « Près » de là est une statue d'un goût fort ancien.. •• Sur le » mont Lytée,il y a deux aigles dorés d'un goût fort an- • cien.... » (Liv. 8. ch. 38). Au surplus il se sert fré- quemment de cette indication. En citant la statue d'un pancratiaste, qui était repré- senté à l'instar des figures égyptiennes, les bras pendans et collés et les jambes droites, il dit qu'il la regarde avec raison comme fort ancienne (Liv. 8. ch. 4o). Pausanias, dans le passage suivant, distingue encore l'école d'Egypte de l'école d'Égyne. « Près de là, dit-il (Liv. 1. ch. 42)> îl 7 &^&it autrefois » un vieux temple. Gomme il tombait de vétusté, l'empe^ » reur Adrien le fit rebâtir de marbre blanc. On y voit » deux statues, l'une d'Apollon Pithius, l'autre d'Apollon » Décatiphore, toutes deux semblables à ces statues égyp- » tiennes qui sont en bois; pour l'Apollon dit Archigitis, » il est tout d'^bène et dans le goût de l'école d'Égyne. é Digitized by Google »i6o HISTOIBB ])£ LA PEINTURE* * It est è croinD que Pau«anias n'a pas pu prendre le change» et qu'il avait sous les yeux les véritables orîgir- naux; car Adrien ne fit probablement pas exécuter de» statues en imitation des anciennes. Pausanias l'eût aisé^ ment remarqué. Enfin, il dit encore ( liv . 8. ch. 53) : « La statue de Diane » Limnatis est de bois d'ébène et dans le goût de celles que » losf^ Grecs appellent égynètes. » Je m'en tiens à ces cita- tions* Nous Terrons dans le chap. ââ, quels sont Jes carac- tères de l'ancien «tyle en général» et ce qu'on peut sup- poser relativement aux* nuances qui distinguent le style égynétiqne, le très-ancien style grec» et le style chora- gique» styles qui tous précèdent celui de Phidias» CHAPITRE 47. DES ÉCOLES ANTIQUES. Une grande incertitude s'est perpétuée jusqu'ici parmi les^avans sur les véritables caractères des écoles antiques et sur leur difierence respective. Les écrivains de l'anti* quiténe s'attachent point à cettequestion, et ce qu'ils disent en passai*! à ce sujet est loin d'être suffisant. Pausanias distingue» il est vrai» les écoles très-anciennes» l'ancienne école grecque» l'école d'Athènes ; il parle aussi de l'école de Sicyone (ondée par Dédale» de l'école. d'Égyne et de l'école d'Egypte : mais ces indications sont peu satisfai- santes. Noos savons bien par d'autres auteurs» que l'on avait compté quatre écoles célèbres de peinture: celle d'Athènes» Digitized by Google MS ÉCOLES ANTIQUES. . %6K' cefle de Scyone» celle de Rhodes et celle de Corinthe, auxquelles il faut peut- être ajouter celles d'Ëgjrne» do Sparte, d'Éphèse et d'autres encore.. Pline nous dit, il est Trai, que le talent particulier du peintre Eupompe fut do faut de considération qu'il divisa en trois écoles la pein- ture qui avant lui n'en reconnaissait que deux , savoir : rhelladique ou attique et l'asiatique ; et que, comme il était de Sicyone, le style asiatique fut divisé en sicycNiique et en ionique, ce qui distingua les écoles d'Athènes^ de Si- cyone et d'Ionie. Nous n'avons d'ailleurs point dé détails * positifs sur le style d'Eupompe, qui devint style sicyonique, non plus que sur les autres écoles. Pline au surplus ne cite d'Eupompe qu'un seul tableau; il représentait un vain- queur aux |ei]x gymniques tenant la palme. Le même Eupompe, qui indiquait à Lysippe la nature pour modèle, fiit peut-être le premier peintre qui se rattacha à la na- ture, tellement qu'on distingua pour cela son style ou son^ école, et on l'appela sicyonique, parce que Sicyone était sa patrie. Pausanias semble parfois avoir adopté la classi- fication par éc lans et grands, contours qu'on aperçoit dans le fameux » torse du Belvédère* On oppose le style qu'on remarque » dam» cette figure, à la manière forte et ressentie des Digitized by Google s6i^ HISTOIHB DB tA PBINTUSE. 9 Athéniens» à la manière faible et effi&minée des Corin* » thiens, et à la manière moelleuse et gracieuse des Rho- » diens« • Cette division ainsi énoncée» Hi^dom cherche à foire des^applications : il rappelle qu'Apollonius, auteur du torse, était de Técole d'Athènes; il compare certaines productions des écoles antiques arec cdles de Michel-Ange, de Raphaël» etc. ; toutes ces applications» ainsi que toutes ces définitions » semblent être plutôt un jeu de l'auteur qu'un travail sérieux. On lit aussi dans Testelin un parallèle des écoles mo- dernes avec les écoles grecques» mais ces deux écrivains se sont copiés; l'école de Sicyone y est comparée à l'école lombarde» l'école d'jLthènes à l'école romaine» etc. Voici les caractères des écoles antiques, ainsi que nous les à donnés Florent le Comte» autre copiste : c École de » Sicyone, douée et correcte; école de Rhodes» tendre et 9 gracieuse; école d'Athènes» forte et ressentie; école de s Corinthe» faible et efféminée. » Au sujet de l'école tendre et gracieuse de Rhodes» U ajoute : c Qualités qu'avaient surtout recherchées Phidias » et Praxitèle. • On voit comme Phidias est placé ici à l'a- venture, c Quanta l'école de Sicyone» elle était distinguée» 9 dit-il» par des contours grands» naturels et faciles; • eependant il ne cite point d'auteur ancien à l'appui de cette assertion. Plus loin» il dit : c L'artiste qui vise au sublime 9 ne saurait trop exalter son imagination» lorsqu'il médite 9 son idéal. Dans les momens de son enthousiasme» nous 9 lui accorderons de ne reconnaître pour grfice» que ce 9 qui pourra remplir la plus haute idéeque nous en ayons» 9 que ce qui pourra le transporter» pour ainsi dire» au mi- 9 lieu des artistes de l'école de Sicyone. 9 Ici il se m^rend Digitized by Google 1>ES &COLBS AKTIQVSi. «65^ \ doute et veut parler de Técole de Rhodes ou d* Atluèaies. ÏM même confusion se &it remarquer dans les compa-* raisons qu'a cherché à établir Gérard-Lairesse, qui d\ s'accorde pas avec Florent le Comte dans le passage sui- vanty puisqu'il y regrette dans Phidias le manque des qua- lités de tendre et de gracieux, c II parait certain, dit -il > (tom. 8. p. 449)» que si Phidias et Praxitèle eussent été » doués du talent du Bemin dans la partie de l'exécution » et de l'élégance» ou que celui-ci eût possédé le sarroir.et 1 le génie des deux artistes grecs» ils auraient été tous les » trois beaucoup plus admirables encore dans leur art. • Or on sait que l'exécution de Bernmi était tendre , pour ne pas dire molle et douillette» et que celle de Praxitèle était merTeilleusement imitatrice du caractère des chairs. J'ai cité des écrivains qui» )e le sais» sont beaucoup plus en arrière sur ces questions que certains observateurs d'au • }ourd'hui; néanmoins on peut dire qu'on ne découvre rien de positif et de satisfaisant dans les auteurs qui ont eu ré- cemment occasion de parler de ces fameuses écoles an- tiques. Ces recherches seront probablement faites un jour avec plus de succès par quelqu'artiste savant : elles peuvent éclairer beaucoup non -seulement sur. l'étude des styles» mais même sur celle des caractères de l'art ou sur la théorie. Au surplus» les divers goûts des écoles antiques ne de- vaient point être des goûts de caprice» des goûts accidentels et étrangers aux caractères essentiels de l'art. Il n'en ré- sultait point des manières fantasques» bizarres» et comme disent les modernes» originales; ces goûts étaient seule- soent le résultat d'une application particulière et plus ou moins exclusive à certaines parties de l'art ou h certaines beautés de la nature» ce qui est la même chose. Les écoles Digitized by Google 964 1R8T01EB DB LA PBIirTVIUB. de Gorintlie» de Sicyooe et d'Athènes étaient peut-être distinctes à certaines époques par les préférences des gêna de l'art et des connaisseurs; mais tous ces^ goûts d*éc Il faut croire ^*on fat forcé à Paris de laisser échapper roccasîoa Ta plus rare et la plus favorable de se procorer une riche collection d'em- preintes. Le mos^e de Paris, avant de restituer Tes antiques dont il s*était enrichi «a dépens de cens de fltalie, de rAllemagne, de la Pmsse, etc., ne put pas apparemment s*assarer au moins lc« moules des plus instructifs de ces monumens, ainsi qu*on le fit k Rome au Vatican et an capitole, lorsqu'on y fut forcé de céder TApollon, le Laocoon, etc. dont les moules précieux forent soigneusement exécutés et déposés ensuite au château Saint-Ange. Je me permets cette observation, bien qoVUe semble super- flue ; mais elle est faite dans le but d*é veiller Tattention des personnes chargées de Taugmentation de ces sortes de dépôts et de les. faire tourner au profit des élèves et des beaux-arts. Au chap. 116, je parlerai expres- sément d'un projet de galerie d'empreintes. Digitized by Google GLASSIFICATION DBS STYLES ANTIQ* PAB PiBIOD£S. S69 de ces peintures avoir été rapportées de la Grèce en' Italie comme tant d'autres monumens précieux* Par exemple, peut -on placer daAS telle ou telle période déterminée la peinture du Thésée vainqueur du Mino* taure? La noce aldobrandine est^Ue fiiite incontestable- ment par une main contemporaine de l'empereur Titus» ou serait-elle une peinture grecque apportée à Rome, ou bien une copie d'après un original célèbre des beaux tems de l'art ? N'y a-t-il pas enfin des rapprochemens analy- tiques à iaire entre tous les meilleurs fraginens de peinture que nous possédons? La fioma ou Pallas et la Yénus du palais Barbérini ont l'air» quant au style et à l'exécution» d'avoir été séparées par des siècles, et cependant on les croit peintes toutes les deux dans le même tems» parce qu'elles ont été trouvées dans le même lieu et dans la même fouille. L'âge de certaines peintures des catacombes» quoi- que moins importantes» est de même indéterminé» ainsi que celui de beaucoup d'autres ouvrages de ce genre* Il serait donc à désirer qu'on pût» à l'aide de nouvelles études» faire cesser ces principaux doutes» afin que ceux qui exercMt l'art sussent à quoi s'en tenir eux-mêmes sur ces questions, et pussent instruire suffisamment les élèves .sur un point qui, presque toujours» excite vivement leur curiosité. Or» ce ne sera qu'à l'aide d'une analyse de l'art antique» ou de l'art tel qu'il a dû être dans tous les tems» que l'on pourra éclaircir ces difficultés* Convenons de bonne foi qu'on a délaissé ces questions dans la crainte de se compromettre» soit en donnant aux peintures des louanges que plus tard des critiques auraient pu appeler des exagérations ridicules» soit en en fiiisant trop peu de cas> ce qui aurait pu être relevé par des amis Digitized by Google 970 HISTOtU M LA PBUITVBS. de l'aHtiqoilé ; en sorte qu'on en est resté à ce point. Voyes comme les auteurs du texte du musée d'Hercu- lanum cherchent à éluder cette diOicuité; Ibez seulement ce qu'ils ont écrit au sujet de cette peinture du Thésée Tainqueur du Minotaure. H. Gochin, et après lui Tabbé Dnbos, ne traftche-t-il pas hardiment sur cette question? Et cela, pour ne pas se mettre à dos les peintres et les ar- tistes académiciens dont les tableaux étaient quant au style sidifférens des tableaux antiques» de manière qu'on trouve encore aujourd'hui des amateurs» des marchands de ta- bleaux et des professeurs qui sont révoltés, quand on leur cite des peintures antiques comme modèles de bon goftt. A l'égard de l'étude des styles d'après les pierres gra- vées, les camées» les médailles» etc.» ne peuton pas dire aussi qu'on est encore aujourd'hui dans des doutes que cependant les moyens de la théorie pourraient de plus en plus éclaircir» si on les employait plus souvent et avec plus d'assiduité? Les contradictions d'un grand nombre d'ar- chéologues» et entr'autres les conjectures souvent dérai- sonnables de Stosck» de Bracci» etc. sur le caractère ar- tistique de plusieurs pierres antiques» n'auraient peut-être pas eu lieu si l'on se fôt étudié à bien analyser les signes qui appartiennent réellement à l'art et qui peuvent servir à faire reconnaître ses périodes» ses dilFérens progrès et ses nuances caractéristiques. Je vais finir par une dernière observation. Winckel- mann r^rde comme une copie des astragalizontes ou joueurs* d'osselets de Polyclète» un groupe mutilé du palais Barbérini» dont une des deux figures qui est ren- versée met le pied sur ta bouche de son adversaire qui est debout. Comme je ne connais ce groupe que par une Digitized by Google CLASSIFICATIOH DBS 8TT1BS ANTIQ. PAB PÉBIODBS. S7 1 fort médiocre gravure exécutée, ainsi que tant d'autres» plutôt dans le goût des Carracci que dans le goût grec, je ne ferai point une critique raisonnée de cette opinion de Winckelmann; je demanderai seulement de nouveau si dans leurs conjectures les écrivains ne tiennent pas trop peu compte du style et du caractère sculptural des mo^ numens. Polyclète a composé ce sujet» il est vrai ; mais on aurait voulu savoir à quels signes d'aiUeurs on peut reconnaître dans ce marbre de Barlérini, Polyclète; ce itatuaire sévère» fin et si habile dans l'art de caractérise^ les plans» vif et naïf dans les formes» excellent enfin dans la science des proportions ainsi que dans la justesse des plus subtils mouvemens. Winckelmann aurait pu au moins associer ces divers rapports ou d'autres à sa conjecture. Biais» parce que deux adolescens nus semblent lutter après une dispute au jeu» et qu'on voit un osselet dans une de leurs mains» conclure que ce sont les astragalizontes de Polyclète qui sont répétés sur ce marbre» sans signaler autrement le maître» c'est conclure trop arbitrairement. Bientôt j'avancerai à l'article de Polyclète» que la figure re^ présentant une jeune fille jouant aux osselets» figure très- souvent répétée par les anciens»est peut-être une imitation de l'original de ce statuaire ou de Polignote; c'est parce que j*y trouve» surtout dans ia figure qu'on a vue à Paris sous le n* 272» une finesse dans les mouvemens et une sévérité d'imitation qui était» comme j'en ai prévenu auparavant» le caractère distincttf de ce maître. La partie du dos et des hanches» si remarquables dans cette jolie statue» peu- Tent donc aussi devoir leur perfection à l'original de Po- lignote qui avait sans doute représenté vue de dos une de ces figures » l'autre étant vue pardevant. Ma conjecture Digitized by Google 972 HISTOIBE SB LA PlIRTURB. peut être contestée, il est vrai; mais ce n*est pas avec les seules armes de Térudition» c'est par des discussions sur l'existence ou sur l'absence des caractères que je prétends y retrouTer» et l'art ne pourra que gagner à de pareilles controverses. Au surplus» il convient au sujet de cette question en particulier de rappeler le texte de Pline 9 qui dit : Fecit nadum talo tncessentem^ dwMque pueros item talis nudas ludentes, qui vocantwr astr^igor^ lizantes. Ce nudum tato ùteesêentem ne fixe pas l'idée d'un groupe semblable à celui que cite Winckelmann, et s'il voit dans ce groupe les astragalizontes de Pline, il ne faut pas oublier que Pline les appelle pueras des enians. Or, le mo- nument cité offre deux adolescens bien formés; cependant peu importerait ce dé&ut de rigueur, si l'exemple cité par Winckelmann donnait une idée juste du style qu'on désire connaître au sujet de Polyclète, et si des indications suf- fisantes nous traçaient la marche de cet ancien statuaire. Ce serait peut-être ici le cas de demander aussi à quel célèbre maître Winckelmann était tenté d'attribuer cette figure de génie ailé de la villa Borghèse, figure qu'il trouve toute céleste, et» pour ainsi dire, d'une beauté au-dessus de toute expression, quoique les statuaires et les peintres n'y. voient qu'une statue pesante et sans finesse (musée de Paris, n^ 417)* je suis loin de prétendre blâmer in- directement un savant aussi justement illustre que Winc- kelmann , je désire seulement faire sentir de nouveau la nécessité de connaître l'art par sa théorie, lorsqu'il s'agit de signaler les monumens. On Ut le nom de Polyciète sur une pierre gravée re- présentant Diomède enlevant le Palladium. Cette inscrip- tion, qui est suspecte, a fiiit avancer à un autre auteur Digitized by Google GULSaiFKATIOlf DE« STYLES AITTIQ. PAR PiBlODBS. ^73 tt&e assertion qui doit être releyée ici. Il prétend qu*un ouvrage du tems de Polyclète devait» malgré la beauté du trayail, avoir un style sec et forcé, tel que doit être celui d^un artiste de l'école d'Agéladas antérieur k Praxitèle. Cependant le même auteur avait dit un peu auparavant, d'après Pline» que Polyclète» élève d*Agéladas» avait porté Tart à son plus haut degré de perfection» contradiction qui prouve de nouveau le peu d'importance qu'on met en général à l'étude des styles» étude qui doit avoir pour basé la théorie de l'art. Il parait donc que cW une opbion reçue dans les livres, qui répètent presque tous avec exagération ce que Winckelnuinn a avancé avec trop peu de circonspection, que toute sculpture antérieure à Praxitèle est dure» sèchc^ et (wcée ; ce n'est guère rendre justice aux prédécesseurs de ce maître» à Phidias» à Alcamène» aux Parrhasius» aux Polignote» aux Polyclète et aux autres statuaires qui» dans le beau siècle de Périclès» étonnèrent les Grecs par la grande vérité de leurs images. Cette prévention un peu vulgaire contre tous les ou- vrage» antérieurs au siècle d'Alexandre» est adoptée vo- lontiers» parce qu'on trouve quelque chose de honteux à applaudir à des productions qu'on suppose avoir été en-, tachées d'un caractère de barbarie et de grossièreté» d'un caractère étranger à la grfice et à la délicatesse. Cependant qui ne sait que la primitive naïveté apportait presque tou- jours dans les images une force et une finesse précieuses» que l'art souvent ne peut retrouver» lorsqu'il tend à de plus hautes perfections ? TOHB II. i8 Digitized by Google 9^ HISTOIRE fis LA PKINTTJilK. CHAPITRE 49. DES SEPT PÉRIODES QU'IL PARAIT lïECESSAIRE DE DISTINGUEIi POUR LA CLASSIFICATION DES STYLES DE L*ARt CHEZ LES ANCIENS. V oiGf leê divisions qui dans Tbistoire de Vati antique semblent s'offrir d'elles-mêmes et être assez frajif^antet pour devoir être adoptées. i'* période : Depuis Dédale (i4oo ans efiTiron arant notre ère) jusqu'à Bularque, peintre (700 ans environ avant notre ère). -^Intervalle de 700 ans environ. 2* période : Depuis Bularque jusqu'à Dipœnus et ScjUis, sculpteurs et chefs d'école (5do ans avant n6tre ère). — Intervalle dé 120 ans. S^ période : Depuis Dipdsnus et Scyllis jusqu'à Pbidias (43o ans environ avant notre ère) . -^ Intervalle de 1 5o ans. 4* période : Depuis Phidias jusqu'à Praxitèle (336 ans ènvif^on avant notre ère).— Intervalle de 100 ani environ. 5* période : Depuis Praxitèle jusqu'au pillage de Co- rinthe par les Ronàains (vers Fan 146 avant notre ère). — Intervalle Aé âoo ans environ. 6* période : Depuis le pillage de Gorintbe jusqu'au commencement de notre ère, époque où l'influence du goàt romain sur le style grec est le plus remarquable. — Intervalle de i5o ans environ. 7* période : Peinture chez les Romains depuis le com- mencement de notre ère jusqu'au moyen âge ou au tems de Constantin. — Intervalle de 3oo ans environ. Digitized by Google STTLB DB L*AAT B2I CBàCE. — 1** piniODE. syS CHAPITRE 50. Itc PÉRIODE: INTEaVALLE DE SEPT CENTS ANS ENTIRON. ~ CARACTERE DU STYLE DE L*ART EN GRÈGE DEPUIS DÉDALE UANGIEN, QUI FLORISSAIT QUATORZE CENTS ANS ENVIRON AVANT I^OTRE ÈRE, JUSQU'A BULARQUE, PEINtRE (SEPT CENTS ANS ENVIRON AYANT NOTRE ÈRE). JLb8 écrivains grecs vouiaieiit citer on grec intenteur de la sculptare» et ik nommerait Dédale athénien. Celui de la plastique fut trouvé aussi; ce fut» selon eux» Dibntade de Sicyone. Quant à la peinture^ non-seulement ib attri- buèrent à la fille de ce même Dibutade Finvention du dessin» mais ils citent plusieurs inventeurs grecs et font hi part de chacun d'eux dans les découvertes relatives à cet art. Cette vanité» utile peut^tre sous le rapport de Tému- lation» est de tous les tems et de tous les pays. Cimabue» ches les modernes» ne fut^^il pas proclamé k Florence comme le premier inventeur de la peinture? Vasari recon* nalt-il d'autres créateurs de Tart que les Toscans? On ne comprend pas que les écrivains aient pu risquer ces petites supercheries dont tôt ou tard le tems fait justice. Comment les auteurs grecs ont*ils osé avancer» par exem- ple» qu'Ardices de Corinthe était l'inventeur des figures de profit catagtapka, lorsque tous les Grecs qui allaient en Egypte voyaient de ces profils peints par centaines sur tous les temples» profils dont l'antiquité remontait à plu- sieurs siècles peut-être au -delà de la guerre de Troie? Digitized by Google tj6 HISTOIRE DE LA PBinTVRE. L'Inde même dut leur oQVir de fort antiques preuyes d'une peinture existante long-tems avant qu'on pensât à la prati- quer à Athènes y à Égyne et à Sicyone. Et en supposant que ces preuves ne fussent pas alors fournies par la peinture» il est certain que les travaux en sculpture, et probablement en sculpture .colorée, en ciselure ou damasquinure, travaux qui étaient vus par tant de voyageurs, ne pouvaient être considérés nulle part comme des résultats de nouvelle créa- tion et postérieurs aux débuts dé l'art dans la Grèce. L'affectation des écrivains ^cs dans leur scrupule his- torique est fort k remarquer. Ils nomment l'auteur de la plus ancienne statue de bronze connue : cet inventeur est Gléarque ou Léarque. de Rhégium. Rhaecus de Samoa inventa ensuite l'art de fondre le bronze. Théodore celui de fondre.le fer : il inventa même le tour. Enfin ceRhscus imagina le niveau, l'équerre, etc., de même que Dédale avait imaginé, disent-ils, la scie et les voiles. Quant à Glaucus de Ghio qui vint après Rhœcus, il fut l'auteur de la damasquinure, etc., etc. Un passage de Pausanias n'est .pas de trop ici. Il rapporte, qu'à Argos on lui dit qu'une tête de Méduse, sculptée en marbre, était l'ouvrage des Cyclopes ; et cependant Pline désigne la 4s*' olympiade comme l'époque où l'on commença à employer le marbre dans la sculpture. Mais en voilà assez sur ce sujet. Nous devons supposer que le style des plus anciennes peintures en tout pays a ressemblé à celui des sculptures du même t^n», et par conséquent que les monochromes ou antiques peintures d'une seule couleur ne le cédaient en rien aux anciens bas-reliefs et aux ciselures. Les des- criptions que les écrivains ont faites des plus anciennes sculptures, nous donnent donc à croire par analogie que Digitized by Google STYLfi DE l'aBT EN GrIsCE. — l'* PÉRIODE. 'à'J'J les premières images en peinture oflQraient de la grandeur et une certaine expression de vie et de divinité. Cela nous rappelle que ce n'est pas le besoin d'imiter les choses tri- viales ou insignifiantes qui a donné naissance à la pein-* ture, mais que c'est plutôt le besoin de fixer les images Ae& choses beUes et intéressantes» en sorte que» bien que l'art fût en enfance, il aspirait déjà à son but qui est le noble et le beau. Ainsi, quoique les difficultés attachées au dessin et à l'art d'imiter soient toujours très-multipliées lors des premiers essais» l'idée de celui qui imitait domina cependant sur l'imperfection de l'image et sembla triom- pher des obstacles. Je pense donc que le plus ancien style de l'art de la peinture» tout inexact et tout aride qu'il (ïit, {communiquait déjà des idées élevées» indiquait de grandes beautés de la nature» de grandes allégories» et tendait à toucher l'ame par des images intéressantes et sublimes. Du tems ^e Pausanias on se rappelait encore plusieurs ouvrages de Dédale que le tems avait détruits. Ce Dédale parait avoir été chef d'une nombreuse école qu'il fonda à Cnosse» et dont tous les élèves ne nous sont pas connus. Il ne faut pas oublier que Pausanias dit que ses ouvrages» quoique grossiers et n'offrant rien de gracieux > la vue» avaient beaucoup de force et exprimaient bien la majesté des dieux. Ce caractère a dû influer sur tous les styles primitifs de l'art grec ou n'être même probablement que le caractère général et dominant de toutes ces anciennes écoles qui ne cultivaient guère la sculpture et la peintore que pour servir la religion et les mœurs : or ce Dédale était architecte et mécanicien. A Platée» à Olympie» à Pithye et ailleurs» on célébrait une fête en son honneur, parce qu'on le regardait conmie le père des arts et le bienfaiteur Digitized by Google S78 BI5TOIBB DB LA PBtKTUBE. du genre humaio {Ue^chiuê* EtnendmitêJoê^ Meur$io.)^ Atbéiugoras le place, et c*e3t à tort, après Cléanthès, Craton et Dibuta.de. ( Y07, sur D^le» Diodore de Sicile* L. 10. Ch. 40 Quelques archéologues oDt pensé avec raison que le nom de Dédale pourrait bien avoir été donné comme nom générique à tous ceux qui, lors de ees tems reculés, avaient exercé la sculpture, la plastique ou même rarchitectore et la mécanique. Voici le passage de Pausanias sur les Dédales (L 9* c. 3) : m. Les Platéens célèbrent une oer* • taine fête qu'ils appellent les Dédales, parce qu'ancien* B nemeat toutes les statues de bois étaient appelées des w. Dédales. Je crois même ce nom plus ancien que Dédale > Talhénien • fils de Palamon , et. je suis persuadé qu^ ^ Dédale fut .surnommé ainsi à cause des statues qu*il > latsait, mais que ce n'était pas son vrai nom. » Nous savons qu'on donna ensuito le. nom do Xoana à toutes les statues de bois d^une très^baute antiquité. On lit dans Pétrone que Trimalcion avait donné le nom illustre de Dédale à son cuisinier, parce qu'il avait le talent de te* présenter aveo oerlains mets les formes de divers animaux» Dédale fut l'auteur du fameux labyrinthe de l'ile de Crète. On en w>it Tindication sur les médailles de Cnosse^ viBe près de kquoUe il a été construit. Maigre sa gran«* deur et sa beauté, ce labyrinthe, que Dédale composa en imitation du labyrinthe. d'Egypte, n'en offrait que la cenlâè»e partie. Aussi Hérodote dit-il : « Tous Jes ou- • Frages, tons les ^fiices des Grecs ne peuvent être » comparés h ce labyrinthe égyptiep ni du coté du tra- « vail ni du côté de la dépense; il l'emportait même sur » les pyramides. » Douse cents cours couvertes, quinxa Digitized by Google STYLE DE L*ABT Slf 6BÈCB. — B* PERIODE. •79 cents appartemens sous terre, quinze cents aunlessos , une pyramide de 3oo pieds, plusieurs autres de quarante coudées, plusieurs escaliers de quatre-vingt-dix gradins» enfin Tjngt-«ept palais avec des colonnes de porphyre» des statues de rois, des effigies monstru^uses, et partout des bosHPeliels et des peintures : telles étaient les principales parties qui rendaient admirable le hbyrintlie d'Egypte. Aussi cet immense édifice fui mis au nombre de^ »ept merveilles du monde. Néanmoins celui de Dédale est cé- lèbre dans rhistoire de T^ntiquité, et aujourd'hui encore on dit 110 dédale pour dire un labyrinthe ou un lieu em- barrassé dans lequel on a peine à trouvj^r une issue* Cette indication dispose beanç^^up à se méfier de$ prétentions des Grecs comme inventeur^ de h plastique» de la para- pective, de la peinture, ete*» et à croire que si ce IMdale f^tiot tant de lo«ianges, ce fiit parce qu'il était albénien. CHAPITRE 51. il* JHËKIODE : lilTB&yALLE DE ££NT VINGT ANS EMYiaON. ^ CARACTÈRE DU STTU5 DE L'AUT J£N GRÈCE, DEPUIS BULARQUE, PEINTRE, QUI FLORIS5AIT SEPT CENTS ANS ENVIRON AVANT NOTRE JlRE, JUSQU'A DIPŒNUS ET SCYLLIS^ STATUAIRES ET CHEFS D'ÉCOLE (CINQ CENT QUATRE-VINGTS ANS AVANT NOTRE ÈRE). Jl LiffK nous apprend que le peintre Bularque représenta le coml>at des Magnètes, et que ce tableau lui fut payé au poids de Vor par Gandaule, roi de Lydie. Cette peinture fut faite avant la i8« olympiade ou 700 ans environ avant noire ère, époque à laquelle Gandaule mourut. Digitized by Google sSo mSTOXlB M UL »]ttHTUmB. Rien «e nous instroit Ai degré de mérite de cetoa- Trage» et les écrivauis nous parlent aetdement du haut prix qu'y attacha Gandaule; cette preure eat bien iaible, puisque chjDZ les modernes la grande pompe avec laquelle on promena à Florence, vers Tan i5oo» un tableau de Giotto» et les honneurs que rendit à ce peintre Charles d'Anjou, n'empêchent pas que nous ne trouyions aujour* d'hui cette production fort médiocre. Cq>endant il n'est -pas à croire que Bularque fut un peintre sans mérite ni que ses tableaux furent aussi faibles que Ton est tenté de se le figurer. Les statuaires, ses contemporains, se fai- saient dé)à remarquer, et Pline, ainsi que Pausanias, nous entretient d'eux ayd^ asses» de détails; mais, il faut l'a- Youer, n^ayant point de tableaux de ces tems, nous- ne pouvons rien affirmer à ce sujet. • Ce que nous savons, c'est que Pausanias, en parlant des figures en bas-r^ef de Neptune et d'Amphitrite, exécu- tées par Gitiadas qui parut à Sparte dans ces tems re- culés, dit que cet ouvrage était d'une beauté merveilleuse. Nous avons déjà eu occasion de citer cet ancien artiste, poète, architecte et statuaire, qui construisît en airain le temple de Minerve Chalciœcos. Ne doit-il pas nous venir à la pensée que les figes que nous appelons âges dlgnorance, ont vu naître le divin Homère, et que, de même que ce génie créateur se servît, pour perfectionner la poésie, dos progrès que cet art avait faits jusqu'à lui, de même les peintres devaient non-seu- lement soutenir l'état déjà recommandable de la peinture, mais encore lui faire faire des progrès constans \ * On lit dtof les M^mdirci de rAcadémie Roytle dt$ Sciences de Maaîch (ai décembre t9ii} un Mémoire bien intéressant da profcssear Digitized by Google 8TTLB DS l'aBT EN GBbCB. — S* PÊBIODE. ' ftSl Nons sarons aussi que» deux cents ans après Bularque» 3 existait une école de peinture à Rhodes : c'est Ana- créon qui nous a conseryé- ce fait. Ce poète» qui virait cinq cents ans avant notre ère» dit» pour exprimer l'habi- leté d'un peintre : « Souverain dans l'art que l'on cultive > à Rhodes. > Il convient encore de citer comme une indication de Fétat de Fart à cette époque» le monument le plus an* eien que l'on voyait en Grèce du tems et au dire de Pau- sanias; je veux parler du fameux coffre do Cypsélus. Cet écrivain nous en a laissé une ample description. Quoique ce coffre ne fut orné que de sculptures» c'est-à-dire de bas-relieis et probablement de ciselures ou d'incrusta- tions» peut-être colorées» il peut aujourd'hui nous faire connaître par induction le style animé et les heureuses inventions de la peinture de ces tems. On a cru que son antiquité remontait au-delà de 65o ans avant notre ère» mais d'autres lui assignent une époque beaucoup plus re- Tbterta, d«D« leqoel ce sarant expose qu'il ne pense pas qa'H^sîode «St éli ÎBÎUtear d'Homère» dî qu'Homère ait imlU Hésiode. Selou loi» les poèmes auribn^ à Hésiode sont les restes d*nne école poétique qui aurait existé dans TAttique» VAchaïte et la Béotîe, avant les guerres causées par la migration des Tribus Doriques» et TEpopée grecque aurait reçu sts formes rhytmiqaes et poétiques dans cette école» dont l'école ionienne aurait été un démembrement. On eipliquerait par cette hypo- tbèse comment les poètes de la Béotie et de riooie ont pu à une époque bien postérieure écrire des ouvrages dans le même genre» sans seulement avoir connaissance les ans ècM autres. Ce savant mémoire» qui indique un nouveau point de Tue pour le4 discussions sur l'origine des poésies d'Homère» semble faire naître des doutes analogues sur cette espèce ,de long sommeil qu'on se plait à rc- procbcr à la peinture pendant l'intervalle qui nous occupe et qui ne se trouve rempli par aucun nom de peintre fourni par les historiens. Digitized by Google 28s BISTOIRB DB LA PSIUTURB. culée. Les sujets représentés sur ce monument senrirent très-long-tems de modèles aux artistes* Un passage de Plfaie peut encore être donné pour preuve que Tart grec de ces tems dut s*aider et profiter beaucoup de quelques exemples étrangers. Cet écrivain nous dit donc (liv. 55. chap. 5.) que les peintures étrus- ques d*Ardée et de Céré, fort belles» selon lui»* passaient pour être plus anciennes que la fondation de Rome. Je ne crains pas de dire encore ici que les modernes mettent de la prévention dans lé jugement qu'ils portent •ur les peintres de ces anciennes époques. N'eût-on pas il y a cinquante ans, blâmé et même tourné en ridicule mi critique qui se serait permis de cît^. avec éiogds le nom de quelque peintre des écoles primitive^ d'Italie, «ans montrer de ses œuvres P Et cependant aujourd'hui on fait taire de semblables critiques en«xposant quelques- uns de ces mêmes tableaux primitifs , qui malgré leurs défauts et surtout leur roideur et leur sécheresse^ ofii^ent souvent de très-grandes beautés. De même, je suis per- suadé que nous trourerions dans' le tableau de Bularque une élévation, une simplicité et un certain ton poétique qui nous surprendrait » si nous pouvions contempler cet ouvrage. D'ailleurs quelques monumens et qudques bas- reliefs conservés jusqu'à nous ne peuvent -ils pas fixer si/ffisamment notre opinion sur le caractère de l'art en ces tems éloignés ? Ici il importe de remarquer que cette période fixe l'é- poque du trè»-ancien style grec, didtingué de l'ancien style proprement dit, qui précéda le tems où fleurit Phi- dias. On a donc cru apercevoip les caractères de ce très- ancien style primitif sur les figures de quelques vases Digitized by Google «TYLB DE L*AET M GBkCE. — S^PiRIODE. »83 peinte; mm uo discernement délical doit diriger le$ àd^ «inateurs dans ces con)ectures. Nous verrons que parmi les figurei roîdes» sèches et anguleuses qu'on remarque sur certains monun»ena» iL{>ent s'en trouver qui aient été faites fort tard et en style d'imitation. Au dire de M. Fierli et d'auti*es \.il n'est pasiàcile de décider si les plus an- ciens monumens de la sculpture sont grecs ou étrusques* Il en est même ^insi, a}oute-t-i|. du second style de Tari cbe9 l'une et l'autre nation, et ç.ette ressemblance est in- diquée par. Diédore de Sicile {Ub. i et /• 55) et par fitra* bon {lib. 17)» Caylus^Winckelmann^ Guaneiacci {Origini JkUielui)^ ont été conraincus que les Grecs n'avaient d'a- bord fait qu'imîtei^ le goût et le style des Étnisques» d'au- tres veulent que l'art ait été apporté de la Grèce en Ëtrurie par Içs premières colonies grecques. Cependant Pline» en citant Cléopbantes, peintre» qui vint en Italie avec Déma- rate, père de Tarquin l'ancien» et en citant Eugrammus et EucUr qui apportèrent en Italie» vers Tan 680» l'art de la plastique» semble vioulôîr assigner à cette époque l'ori- gine de Tart en Italie; bien que» selon lui» Ludius 4'Étolîe ait produit 4é)à de boites peintures à Ardée» etc»» etc. Uais laissons ces diflicultés qui sortent de notre sujet. Disons plutôt quelque chose touchant le caractère du style des sujets et des iigures que l'on voit sur certains vases peints qui semblent d'une haute antiquité» nous réservant de parler du style égynétique et du style cho* ragique au chapitre suivant» en signalant le style de l'art dans la période que nous avons cru devoirdiitinguer après « George Tîerll de Cortone. Du mërîte des statuaires étrusques com- paré k celui des Grecs. (Toyes les Mémoires de f Académie Etrusque dsGcrHmcTotteS.) Digitized by Google d84 nSTOIRB DB LA FIBlfTORB. celle «r ci. Les figures de ces rases font remarquer une grande viracité de mouvement, un jeu trèsJîfare des arti- culations et une Yerve particulière dans l'invention gêné* raie, ainsi que dans le jet des draperies et les ^accessoires. Ceé qualités caractéristiques établissent nécessairement une démarcation sensible entre le style ^yptien et étrus- que qui précéda celui-ci et qui était plus roide, moins animé et plus froid, et le style grec ancien proprement dit, mais postérieur, qui était plus réservé, plus châtié, plus gra- cieux, et qui s'acheminait déjà vers le grand perfec- tionnement qu'il reçut du tems de Périclès. Voici une conjecture nouvelle et toute technique au sujet de ee style. L'usage traditionnel des peintres égyptiens et étrus- ques de procéder le compas à la main et d'opérer trop par mesures convenues, et trop peu d'après le naturel» a dû leur faire imaginer divers moy^as d'obtenir la graphie de la figure humaine par construction, c'est-à-dire en faisant jouer à volonté les membres ou leurs parties aux véritables points naturels d'articulation. (Y. le chap. i84» sect. 9, où ce procédé se trouve expliqué.) Ils ont dû imaginer*' aussi un moyen pratique analogue, celui d'employer, des découpures mobiles, à l'aide desquelles ils purent com- poser des attitudes très^variées et très-vives sans s'écarter jamais de la bonne proportion et de k vraie structure humaine. J'ai été conduit à cette induction par les essais que j'ai faits moi-même à l'aide de figures découpées et mobiles : et l'analogie très -sensible que j'ai remarquée entre ce procédé graphique et les figures des vases peints, analogie que chacun reconnaîtra s'il veut étudier ce moyen, me fait regarder comme très - vraisemblable son emploi par les peintres de cette antique époque et probablement Digitized by Google STYLE DB L*AET BN CRIsGB. — 3* PifilOPJS. s85^ des époques suivantes, durant lesquelles ils ont dû le perpétuer et le perfectionner. Je ne puis pas entrer ici, à propos de l'historique de Fart, dans une digression re- lative aux procédés pratiques, mais j'engagerai les artistes studieux à faire des recherches particulières sur ce moyen, afin qu'ils prennent une idée de ces attitudes hardies et libres à la fois, et de ces pantomimes énergiques et sim- ples, si remarquables sur les vases grecs, et que ni les mo- dèles vivans, j'ose le dire, ni l'imagination ne sauraient procurer. Au reste, cette seconde période fut illustrée par le ta- lent de plusieurs statuaires parmi lesquels il convient de citer Euchir de Corinthe, Léarque de Rhégium,son élève, Aristodès et Glaucus de Chio. Ces ^artistes excellaient les uns dans la plastique, les autres dans l'art de fondre et de battre le fer; quelques-uns dans la damasquinure ou ciselure sur métaux, etc. (Voyez la liste chronologique à la fin de oe volume^) CHAPITRE 52. III« PERIODE : INTERVALLE DE CENT CWQUANTE ANS ENVIRON. - CARACTÈRE DU STYLE DE L*ART GREC , DEPUIS DIPŒNUS ET SCYLLIS, STATUAIRES ET CHEFS D*£COLE, CINQ CENT QUATRE-VINGTS ANS ENVIRON AVANT NOTRE ÈRE, JUSQU'A PHIDIAS, QUI FLORISSAIT QUATRE CENT TRENTE ANS AVANT NOTRE ÈRE. J^'iTUDB du style de l'art dans cette période, qui n'est caractérisée à la vérité que par un très-petit nombre de peintres remarquables, biei^ qu'elle ait dû en fournir plu- Digitized by Google a86 HI8TOI1B BB LA PBIlfTUBS. sieurs dont les noms no noos sont pas parvenus, est trte- importante, car on peut dire que pendant cet intervalle on vit Tart se préparer pour ces hommes à jamais célè- bres qui depuis illustrèrent la Grèce par des che£i-d'œu- vres. Ce fut effectivement alors que fut consacrée dans les écoles cette méthode sévère de représenter les plans, les mouvemens et les formes, et ce fut alors aussi que le style simple prit un caractère fixe, et pour ainsi dire re- ligieux, austérité qui procura à Tart entier une force et une puissance que plu» de vingt siècles ne parvinrent pas à lui enlever. Indépendamment de ces progrès, résultant du perfec- tionnement des doctrines, tout concourait k ftvoriser la marche générale de Fart, tout contribuait déjà à cette époque à Télerer, à l'épurer, à le faire chérir et appré- cier par les peuples, par les législateurs et par les che6 de Tétat. Dans tout le cours et ayant la fin de cette 3* période de l'art, les grandes leçons de Dipœnus et de Scyllis, illustres che& d'école, les travaux importans et nombreux d'Ânthermus et de Bupalus, sculpteurs dont s'enoi^ueil- lissait la yille de Chlo, ceux de Canachus, ceux de Dory- clidas et de Médon, qui avaient avec leurs maîtres Di- pœnus et Scyllis orné l'Héraéum ou temple de Junon, à Olympie, de vingt statues d'or et d'ivoire que Pausanias appelle ouvrages d'ancien style, etc. ; ces grandes leçons, dis-je, avaient déjà fait faire de grands pas à l'art, et avaient déjà attiré sur ces artistes l'admiration de toute la Grèce. Aussi sont-ils désignés comme de grands sta- tuaires, malgré le mérite postérieur des Phidias et des Praxitèle , par Pausanias qui devait être l'interprète des Digitized by Google STYLB DB l'ABT BIf CBkCB. — 5* PfallODB. tS^ admirateurs de leurs ouvrages et qui nous fait coanaStre tout le cas que l'on en faisait même de son tems. Pline en parle avec les mêmes égards. Au surplus nous savons que les Romains étaient loin de dédaigner les monumens de cet âge et qu'ils en transportèrent un grand nombre pour la décoration de leur capitale. Tectodos et Ângélion sont appelés par Pausanias sta- tuaires célèbres. Ménechmus et Soïdas sont aussi, selon cet écrivain, des artistes fameux. Ouatas d'Ëgyne était un statuaire excellent, dit encore Pausanias, et cet artiste n'est inférieur à aucun de ceux qui sont sortis de l'école d'Athènes depuis Dédale; il ajoute que Gallitèle et Ca- lyntbus furent associés k son mérite. On pourrait citer encore ici ce Pjthagore de Rhégium, dont les ouvrages furent si bien appréciés : son Enthyme, dit toujours Pau- sanias, est une statue admirable, son Philoctète est plein d'expression; enfin ce Pythagore, ajoute«t-il ailleurs, est un statuaire aussi excellent qu'il y en ait jamais eu. Gomment croire que ce voyageur si exact se fiit permis d'adresser de pareils éloges aux artistes antérieurs à Phidias, si ces éloges n'eussent pas été justes et approuvés de tout le monde? Canachus de Sicyone, que nous venons de citer comme étant un habile statuaire de cette époque, fit plusieurs statues de vainqueurs et de cavaliers. Cela ne paralt-il pas indiquer le talent vrai et la connaissance des carac- tères que ces artistes ont dâ manifester dans leurs ou- vrages ? Canachus représenta trois (bis Apollon : il fit une Ténus assise, une Diane très -célèbre II Sicyone, une Muse, un cerf pris dans des filets et cherchant à s'échap- per par tous les efforts imaginables, sujet conforme à son Digitized by Google S88 HI8T0IBB DB LA PBINTVBB. grand talent d'imitation. Pline, en citant cet ouvrage de bronze, semble vouloir en expliquer le mouvement et la pondération ; il avait peut-être alors sous les yeux quel- que passage technique qu'il ne comprit que confusément et qu'il ne put par conséquent expliquer. Voilà Canachus apprécié par des admirateurs : voyons-le soumis à la cri- tique de Cicéron et de Varron. c Quiê non inUlligiu dit Cicéron {DcdarU orato^ » ribiis. Cap. i8. §• 70.)» Canacki signa rigidiara e$sô 9 quàm ut imitentur verUaUm? Qui ne sent pas que là » roideur des figures de Canachus enq>6che qu'elles ne » s'approchent assex de la vérité? i Quant à Varron, il reprochait à ce statuaire que ses figures étaient travaillées trop carrément et se ressemblaient toutes. N'est-ce pas l'histoire de Mantégna et d'Albert-Durer qu'on blâmait beaucoup dans les écoles du siècle de Louis XIV ? On ne recherchait guère il y a cent ans leurs tableaux arides et trop durs, qui cependant ont été et seront toujours célè- bres , malgré les justes critiques et malgré l'incertitude des goûts. On ne peut s'empêcher en efiet d'admirer dans ces tableaux une certaine justesse graphique et quelque chose de pénétrant et de vif qui attache. Ces considéra- tions nous obligent à expliquer ce que peut avoir d'obscur l'histoire des styles de l'art de cette période, et par con- séquent à signaler les caractères qui devinrent comme les fondemens et les principes premiers de la peinture et de la sculpture, avant que ces deux arts ne fussent parvenus à d'autres perfections. Il parait que l'art se fit remarquer à cette époque par trois grandes qualités : i"" l'élévation et la simplicjtédu style» a* la distinction que l'on y établit entre les divers Digitized by Google STYLB DE L*ART EN GRkCE. 3* P&RIODE. 289 caracièreg des figareis ou des individus» et 3"^ la manière d'exprimer et de représenter les formes» condition qui distingue particulièrement la fin de cette 3* période. Con- sidérons séparément ces trois questions importantea. Elévation et simplicité du style. Il est hors de doute qu'à cette époque les artistes re- fondirent» pour ainsi dire, ce que les signes de la mytho- logie avaient eu auparavant de gigantesque » de rude et de terrible» et qu'ils déterminèrent le juste degré de poé- tique et de sublime qui convient à l'art» quoique ce ne fut qu'après Phidias» comme nous le dirons bientôt» que les modèles archétypes des grandes divinités furent con- sacrés. Des modèles antérieurs au tems de Phidias» avaient donc été non-seulement ébauchés» mais déjà même ap- préciés et adoptés. Phidias et ses successeui^s posèrent les bornes de l'art» il est vrai ; mais avant eux on avait imaginé et reconnu ce qui devait convenir et ce qu'il fal- lait préférer. Un nombre infini de statues de dieux et de héros étaient représentées pendant cette période dans un langage noble» sévère» imposant et plein de majesté» quoi- que rude et manquant de souplesse. Les vêtemens étaient ajustés avec grâce et dignité; les accessoires étaient dis- posés avec goût» économie et simplicité; les gestes étaient conformes aux mœurs des personnages; enfin ces Grecs» qui puisaient dès ce tems dans la nature» ne lui emprun- taient déjà que ses plus beaux modèles. Qu'est-ce qui retenait donc l'art? Quel obstacle l'empêchait de s'élever tout à coup» et pourquoi fallait-il un Polyclète et un Phi- dias pour lui faire enfanter des prodiges ? C'est que l'art, quand rien ne le force et ne le contraint» ne procède que TOME II. ^9 Digitized by Google «igo HISTOIBE DB LA. PEINTURE. peu à peu et méthodiquement» c'est qu*il ne s'élère que sur des degrés bien affermis, en sorte que si Phidias, pour atteindre à la perfection » eût délaissé et dédaigné lea bonnes maximes antérieures, pour s'élancer tout à coup, comme le firent quelques modernes, dans la région des fantômes et des extravagances pittoresques, il eût manqué son but. Il fallait donc se souvenir de ce qui avait été fait, et ajouter ce qui manquait encore; H fallait reconnaître ce qui appartenait aux bases fondamentales de Tart, et ce qui n'était que routine ou préjugé ; il fallait imaginer ce qui restait à trouver, tâcher de le créer et de l'ajouter, sans jamais perdre de vue la nature, mais il fallait aussi ne jamais perdre de vue l'esprit de l'art, son but et sa destination. Avant Phidias, l'art était donc déjà grand, poétique, plein de noblesse, tout près enfin de recevoir le complément de son caractère propre. Cependant des études particulières et difficiles étaient nécessaires. II restait à découvrir certains secrets plus internes de la nature et à perfectionner sur les figures les beautés extérieures par les beautés intérieures. Quels étaient ces secrets? C'était l'anatomie, la pondération, le mécanisme, la science des mouvemens, l'étude artistique des os, des muscles, des chairs , ce qui donne la vie , ce qui fait remuer, ce qui frappe enfin par la justesse et la convenance dans l'art comme dans la nature. Pour cela , il fallait que l'on ttkt affranchi de l'obligation de découvrir les règles relatives à la composition, au style et au poétique de l'art. Ainsi donc, la seule contemplation du petit nombre de monumens que nous possédons de cet ancien style, les passages des auteurs et le simple bon sens suffisent pour nous persuader que cette période, qui précède celle de Digitized by Google STYLE DE l'aBT EN GRÈCE. 3* PÉRIODE. «gi Phidias, vit nattre» même dans son commencement» des ouvrages très -relevés et d'un très-grand caractère. Ou* blions ces Hermès informes sans jambes et sans bras, ces irès-antiques pierres carrées, ces Xoana toutes brutes, ces monstres onfin qu'on adorait peut-être encore comme dieux et que les prêtres s'attachèrent long-tems à rendre vénérables : tous ces symboles barbares que les détrac- teurs de l'antique rappellent avec affectation n'empê- chèrent point les sculpteurs d'alors d'atteindre à la beauté dans leurs images des divinités. Minerve était déjà noble, chaste et gracieuse; Jupiter était grand de majesté; Mer- cure paraissait éclatant de jeunesse et de charmes; et Vénus n'attendait que la vie et un certain ordre plus dé- licat, plus harmonieux dans la disposition naïve de ses membres et dans le mouvement de toutes ses parties, pour enchanter les regards. Divin Praxitèle, tu dérobas au ciel cette grâce des formes, cette délicatesse animée et cette disposition enchanteresse qui attirait à Gnide tous les peuples vers ta Vénus immortelle ! Savant et gracieux Apelle, tu sus ajouter aussi cette grâce et cette disposition qui, comme un magique et invisible aimant, nous attache et s'empare de nous en la présence des merveilles de l'art ! Antérieurement à Phidias, on avait donc trouvé de grandes conditions primitives très-essentielles et qu'il est difficile d'obtenir; on avait déjà donné de la poésie et de la majesté au langage de l'art ; la grandeur, la dignité, la richesse et l'élégance des vêtemens, des accessoires et des objets symboliques rendaient les ouvrages attrayans. L'Ë- trurie, l'Inde et l'Egypte avaient enrichi l'art statuaire de certains arrangemens optiques qui brillaient avec éclat dans la forme de ces draperies, dans le style de ces or- Digitized by Google 29s HISTOIRE DE LA PEINTURE. nemens et dans la combinaisoD des matières précieuses dont étaient souvent composés ces monumens. Les coif- fures, les casques étaient d'un grand goût; les étoffes formaient des plis gracieux et légers, des chutes régulières et imposantes; les grandes masses étaient pittoresques: en un mot, on avait très-bien saisi ces caractères de Fop- tique qui procurent au langage des arts ce ton qui le fait sortir du langage ordinaire de la nature imitée sans choix. Au reste , pour être autorisé à douter que les artistes de cette époque aient connu, et pratiqué le grand style et le grand goût dans les a}astemens, il faudrait supposer que dans leurs cérémonies publiques et dans leurs mœurs p|*iyées même, ils aient aussi été dépourvus de ce goût, et qu'ils aient été étrangers «ux charmes du costume; or, cette supposition répugne : d'ailleurs les modèles de l'Egypte et de TËtrurie firent sûrement faire des pas à l'art grec, en multipliant les comparaisons. Presque tous, les accessoires et les costumes religieux , répétés par la sculpture, devaient être d'un effet pittoresque, et de même que le thyrse élégant de Baccbus provenait. du grand roseau qu'on avait donné en attribut à Osiris (Plutarque), de même certaines autres combinaisons, belles à l'oeil, devaient avoir été empruntées aux autres peuples. On trouve, par exemple, dans Pausanias (Liv. 8. ch. i5) que chez les Phénéates une statue de Vénus était appelée Cidaria, du nom d'une coiffure persane dont elle était décorée. D'un autre côté, Athénie dit positivement que les artistes, pour donner à leurs figures des poses agréa- bles, en prenaient les images dans les danses* Il est nécessaire ici que je m'explique sur la conséquence qu'on pourrait supposer que je tire de cette marche de Digitized by Google StYLE DB l'aUT EN GR^CE. — 3' PERIODE. SgO l'art. Je n'en conclue pas que les élèves doivent d'abord chercher le beau et le poétique pour passer plus tard à Fétudedu vrai et du naturel; je pense le contraire. Mais autre chose est la marche des arts chez les peuples qui les cultivent, autre chose est la marche des études chez un élève. Ailleurs je m'étendrai sur cette question. Si donc on a été autorisé à classer parmi les ouvrages de ce très-ancien style certaines statues» à cause du manque de vérité» à cause de la roideur et de la méthode ferme» angulaire » dure et presque systématique que l'on trouve dans l'exécution du nu et même des draperies» défauts signalés par Varron» par Cicéron et par Quintilien» ce n'a jamais été du moins à cause de la pauvi*eté des idées» à cause du mesquin de la composition et du manque de caractère. Au contraire» ces figures sont d'un grand jet» d'une con- ception très-poétique et d'un style général appartenant à la haute beauté. On doit donc placer ces monumens plutôt * avant Phidias qu'après» puisque ce grand statuaire sut ajou- ter à ces qualités la vérité et la correction» la beauté vraie et la convenance parfaite des formes. Ainsi» certaines Mi- nerves, certaines statues d'Apollon et beaucoup de figures qu'on appelle assez inconsidérément étrusques, sont peut- être des ouvrages grecs de cet âge et exécutés peu avant Phidias. La fameuse Cérès d'Onatas d'Ëgyne» que Pau- sanias voulut voir à Phigalic» devait donner un exemple de ce style mixte et moyen entre l'ancien style toscan ou égynétique et le style de Phidias : elle était imitée d'après un antique ouvrage détruit» et devait en répéter jusqu'à un certain point le style; mais elle devait être de beaucoup préférable à l'original» sans toutefois offrir encore les qualités dont plus tard Phidias sut vivifier et Digitized by Google 394 HISTOIRK DE Lk PEIRTUBfi. embellir les dîvinitéë qui sortaient de son ciseau. Coinuie on est assez géaéraletnent prévenu contre le style qui fut antérieur au beau siècle de PériclèSy une foule d'écrivains étrangers à ces questions n'ayant pas hésité à ne faire commencer le bel âge de Fart que depuis Alexandre, on est presque toujours tenté de n'attribuer qu'aux époques où l'art fut complet» certains beaux ouvrages, qui ont été exécutés néanmoins avant ce tems de Périclès. On devrait se décider avec plus de retenue. Pour offrir ici une comparaison à ce sujet» ne peut-on pas citer dans Tbistoire de la peinture moderne quelques tableaux de P. Perugino et de J. Bellini» qui par leur mérite sou- tiennent la comparaison av«c ceux de leurs célèbres élèves et rectifient l'idée des critiques qui pensaient qu'avant Raphaël et Tiziano on n'avait encore presque rien produit de remarquable ? Je crois pouvoir mentionner ici comme des monumens dont le style semble dater de cette époque, les fameux colosses que l'on voit à Rome sur la place de Monte- Cavallo : et bien que certaines personnes aient avancé assez légèrement» à la vérité» que ce sont 4es ouvrages ftiits à Rome» je puis assurer au moins que le style pri- mitif y est bien caractérisé et que ces deux sculptures si remarquables nous offrent un exemple très-frappant de la haute simplicité et de la grandeur de l'art avant le perfectionnement ajouté par les Polyclète et les Phidias. De toutes les figures nues que nous possédons de l'an- tiquité» il n'y en a guère qui offrent un style aussi élevée aussi simple et aussi héroïque que ces deux groupes. Us furent apportés de ia Grèce, selon Vas!» pour orner les thermes du grand Constantin» où ils ont été retrouvés. Digitized by Google STYLE DE l'art BN GliiGE. — 3* PiBIODB. SqS Sîxle--QuiDl les plaça sur ie Hont-Quirinal et en décora une placQ de Rome,, qui dq>iiis Ait appelée Honte-Cavallo, à cause du eheval qui accompagne chaque écuyer* Ces colosses représentent Castor et PoIIux» divinités si sou- vent figurées sur les monumens. La disposition que l'on a donnée à chaque cheraU par rapport à chaque écnyer, est une restauration vicieuse , et Ganova a très-judicieu- sement fait observer dans une petite dissertation à ce sujet, que ce n'était pas ainsi que ces figures étaient placées dans l'origine. Il veut» et cela avec raison» que le cheval et l'écuyer soient placés non parallèlement ou latérale- ment, mais presque de front et développés sur une même ligne» ce qui» en effet» produit unité de disposition. Il cite à l'appui de sa critique des médailles et des mo- numens sur lesquels des figures semblables» soit qu'elles représentent les Dioscures» soit qu'elles représentent de simples écuyers» sont placées ainsi qu'il Tindique à l'aide d'une gravure dans son projet de restauration. Pour peu qu'on ait consulté les monumens de l'art antique» on par- tage entièrement l'opinion de ce célèbre statuaire. Ces fameuses statues portent près de vingt pieds de hauteur. Autant l'inspection de l'ensemble de ce monument fait naître d'admiration» autant l'inspection de ces têtes et de ces jambes» considérées en particulier» inspire d'étonné^ ment et d'extase. La simplicité la plus sublime» la réso- lution la plus imposante» la grandeur la plus naïve» font le caractère de cet ouvrage classique. Comment croire qu'elles soient du nombre de ces statues exécutées en imitation par quelque ciseau ordinaire et dégénéré ? Ne sont-elles pas plutôt des originaux pleins de pureté» et travaillés par une main très-Qustère ? La manière dont Digitized by Google 296 IlISTOIRB D£ LA PEINTGAE* les épaules et les genoux sont traités» fera long-tenis lad- miration et peut-être, )'ose le dire, le désespoir des sta- tuaires; c'est le goût grec dans sa primitive chasteté» c'est le haut style dans son maximum de simplicité et de grandeur» c'est la poésie de l'art enfin dans toute sa jeunesse et sa naïveté. Que laisse donc à désirer ce mo- nument» sous lequel on n'a pas craint d'inscrire les noms illustres de^Phidias et de Praxitèle {Opus Phidias, opuê PrtixitelU), malgré les anachronismes de ces modernes inscriptions» ces deux groupes étant évidemment du même travail? Quelle est la partie faible de cet ouvrage que je viens d'appeler classique» et que cependant je crois» non postérieur à Phidias » mais exécuté au contraire quelque tems avant lui ? C'est l'imitation du niécanisme humain ; c'est l'imitation de son mouvement» dont les combinai- sous et les finesses ne sont ni senties ni rendues sur ces beaux ouvrages» comme elles le furent depuis sur les statues de Polyclète et de Phidias ; c'est l'anatomie sculp- turale» qui doit être comme fondue dans l'action et les formes et non écrite c palefrenier qui les tient par la bride. Denys d'Argos > a fondu Tun» et Simon d'Ëgyne a fondu l'autre» quoi- » que l'un d'eux ne f&t pas le plus beau cheval qu'il » y ait dans l'Altys. i Tous ces statuaires sont antérieurs à Phidias et à l'époque que je signale ici. D'ailleurs les tables que nous avons cru devoir aj«>uter à la fin de cette histoire de l'art antique faciliteront les rapprochemens et les inductions qui peuvent éclaircir ces questions. On composait donc» avant Phidias» des groupes tels que nos colosses de Monte -Cavallo» et il est même probable que les données de ces belles figures remontent à une plus haute antiquité. Ainsi» totites les fois que nous verrons quelque chose de calculé» de symétrique» de roide et d'un peu systéma- tique dans les plans du nu et des draperies» et que ces plans seront fermes et non amollis» comme en offrit plus lard l'école grecque à Rome» même lorsqu'elle voulut re- , produire des imitations des très-anciens monumens» nous serons autorisés» malgré la grande beauté de l'idée et de la Digitized by Google 298 filSTOlBB DB LA PBINTUBB. composition» malgré la noblesse du geste et le goût relevé des ajustemens et de tout le style» à décider que Fouvrage appartient à la période que nous étudions ici. Remarquons encore qu'il n'est pas étonnant qu'on se trompe souTent» au sujet du style des monumens» lorsque leur disposition rappelle une époque très-antique, quoique l'exécution en soit moins ancienne» ce qui donne le change. Ainsi, le groupe de Castor et PoUux qu'on voit à Saint- Ildefonse en Espagne, malgré son style qui rappelle même les poteaux sacrés devenus des images conventionnelles des Dioscures, ce groupe» db-je» malgré sa disposition peu pittoresque» indique par son travail les tems postérieurs à Praxitèle. Une copie moderne qu'on en voit aux Tuileries donne bien plus le change encore» vu l'exécution un peu lâche et pesante qui contraste davantage avec la très- antique disposition de l'ensemble. Quant au sujet de ce groupe» peu importe à notre question qu'il en représente un tout autre » tel qu'Oreste et Pylade » ou Mercure et Yulcain» Au surplus» les monumens de ce style sont rares» parce que les plus beaux ont dû aller périr à ' Constantinople» et les colosses de Monte-Gavallo doivent peut-être» comme je l'ai dit» à leur volume leur conser- vation. Je placerai dans cette même période la belle statue colossale de Cérès qui orne la grande rotonde du musée du Vatican. La Melpomène de la même rotonde» statue de douze pieds de haut» et qu'on voit aujourd'hui au musée de Paris » me parait être une copie» faite plus tard» d'un original de ce même style et de cette même période : quoiqu'elle fasse voir un ciseau et un procédé d'exécution plus sévère que celui des monumens romains» la vie» le nerf et Tauslérilé primitive n'ont point passé dans celte copie. Digitized by Google STYLE DB l'art Elf GRkCE. — 3' PiBIODB* SQQ Si l*époque que je viens d'assigner aax deux groupes de Monte-Cavallo , vu le caractère sculptural que je crois y reconnaître» n'est pas adoptée par certains observateurs qui placeraient plus volontiers ces monumens beaucoup après Pjuidias et même au tems où Rome produisait déjà un très-grand nombre de statues, je ne crois pas que ces observateurs aient à opposer à ma conjecture autre chose aussi que des conjectures. Néanmoins les carac- tères que j'indique sur ces figures ne peuvent guère être contestés, et je crois avoir, en cela, l'assentiment des statuaires qui en ont étudié particulièrement le travail. Si cependant ces monumens étaient en effet une copie faite plus tard, et même avec quelques modifications, soit, comme je l'ai dit, d'après l'original d'Égyas ou de Micon, soit d'après Dipœnus, Scyllis, Denys d'Ai^os ou Simon d'Égyne, soit enfin d'après tout autre statuaire très-ancien et appartenant à l'époque que nous étudions ici, cela ne détruirait point la justesse de ma remarque sur le carac- tère principal de ces monumens. Au surplus, le lecteur apercevra aisément que mon but, dans ce travail sur les styles de l'art grec, n'est point d'assigner très-précisément et par de téméraires assertions l'époque certaine et les écoles auxquelles appartiennent en effet tous les mo- numens importans que nous avons l'avantage de posséder, et que je me suis plutôt proposé d'éclaircir la théorie de la peinture par les monumens, que de jeter de la lumière sur .certaines obscurités de l'archéologie. Ainsi, je recon- naîtrai volontiers parfois avec quelques critiques, que tel ou tel monument est une copie plus ou moins ultérieure d'un original ancien, mais je persisterai à signaler et à analyser les monumens dans lesquels ces caractères domi- Digitized by Google 3oO HISTOIBE DE LA PEINTUBE. nans percent à travers la traduction » malgré Tiafluence des écoles plus ou moins postérieures dans lesquelles on repéta ces originaux '. Je dois ajouter encore une remarque» c'est que le plus grand nombre des monumens que nous possédons sont d'un caractère équiyoque» c'est-à-dire qu'ils ont été la plupart travaillés à Rome après l'époque éclatante de l'art. Ainsi les productions d'un statuaire qui» au lieu d'avoir pour but» lors de ces tems du déclin de l'art, de lutter dans son ouvrage avec Phidias» Polyclète ou Praxi tèle» au lieu de se proposer pour modèles les caractères si admirables et inaccessibles pour lui de ces maîtres» se * Les biographes qoi s'occuperont de la vie et des traTaox de Ganova» ne seront peut-être pas fichés de savoir que ce célèbre statuaire, à son arrivée à Rome, débuta par étudier avec un grand enthousiasme le mo- nument plus haut cité. Il se plaçait pour cela dans le bAtiment destiné k la cavalerie. Il modela et surtout dessina très-Ion g-tems ces deux figorei. Aussi on peut dire que, pendant toute sa vie, Pidée des formes simples, grandes et construites comme par arrangement, ne se désassocia jamais de ses inventions animées et de ses idées sur la pantomime et Pexpressîon des proportions. L'étude des sculptures du Parthénon eût été bien pins profitable à ce célèbre artiste ; car ce n'était ni le style égynéliqoe, ni celui de Géphissodote, statuaire si excellent dans l'imitation de la chair, qui eût le plus aidé le grand talent naturel de Ganova,mais c'était le style savant et ch&tié de Phidias ou de Polyclète. Ganova, reconnaissant donc la pauvreté et le mesquin de cette figure de vieillard qu'il venait de mo- deler à Venise avec tant de naïveté et de recherche, s'élança à -Rome jusqu'au style opposé et préféra les modèles dont nous parlons ici, mo- dèles bien propres en efTct à électriser un élève aussi distingué, aussi ardent que lui. Au reste, Ganova avait une tendance vers le style cho- ragiqne et vers celui des figures qu'on voit peintes sur les vases grecs ; mais il abandonna ce style à Flaxman , son contemporain , avec lequel il parait qu'il s'accorda peu. Aussi Ta-t-il représenté parmi les délateurs et détournant le rideau dans son bas-relief de Socrate en présence de ses juges. J'ignore si ces particularités ont été publiées^ Digitized by Google 8TYLB DE l'ART EN GR^CE. — 5' PÉRIODE. 3oi oonlentail de créer une image dans le goût mixte de son tems et dans le goût romain ( car \e puis employer cette expression, quoique certains antiquaires semblent se re- fuser, un peu, je crois, pour leur commodité, à ne re- connaître dans tout Tart antique qu'une ^ule et unique école), ces productions, dis-je, sont d'un caractère équi- voque, et ne peuvent guère servir de preuve claire et, pour ainsi dire, palpable de la marche de l'art lors des belles époques. Ces milliers de statues ne sont-elles pas, par rapport à celui qui veut étudier les styles de l'art de l'antiquité, comme ces milliers de tableaux sortis de l'école des Caracci et dans lesquels on a bien de la peine à reconnaître un peu Gorrégio, un peu Michel -Ange, un peu Raphaël, etc. De pareilles productions , intéres- santes sans doute pour les amateurs en général , le sont beaucoup moins pour ceux qui recherchent les modèles types et les ouvrages offrant à l'instruction un caractère déterminé. Je ne veux pas dire qu'il n'existe pas dans les musées et les cabinets un assez grand nombre d'exem- ples classiques dans lesquels on ne reconnaisse ostensi- blement la marche de l'art grec ; mais souvent de pareils monumens, signalés quelquefois par des artistes connais- seurs, sont restés néanmoins confondus avec les ouvrages dont l'aspect et le dehors déguisent, pour ainsi dire, le fond. Comme d'ailleurs les livres n'ont rien appris sur ces nuances de l'art, on aime à répéter que toutes les re- cherches sur les styles sont une affaire de goût, que l'art n'a point offert dans l'antiquité toutes ces nuances, et que l'excellence grecque rend, pour ainsi dire, semblables toutes les antiques. Quant h moi, qui aimerais à découvrir et à suivre, sans d'autre guide que des tableaux seulement. Digitized by Google 3o4 HISTOJRB DE LA PEINTUBE. Elle consiste en une résolution ferme» austère» concise dans l'expression des plans et des formes» en une indica- tion très-franche des mouyemens et de la pantomime» ma- nière éloquente et forte» basée sur le vraisemblable et sur le vrai langage de la sculpture et du dessin» style grare et énergique repoussant l'indécision» la mollesse et le vague doucereux qui tôt ou tard affadissent» appauvrissent et dénaturent l'art lui-même. Tout fait croire que la peinture de ces tems dut parti- ciper de cette méthode vive et ressentie» et il est même à présumer que le peu de perfectionnement qu'avait reçu le clair^bscur qui arrondit les objets» qui modèle et com- plète l'existence optique des formes» avait fait beaucoup plus apprécier dans ces mêmes tems la rigueur et l'austé- rité linéaire» et que les tableaux d'alors étaient plus rudes même que les statues. Je sais que le marbre» par sa na- ture» oblige à certaines manières d'exécution ou exagé- rations conventionnelles auxquelles n'est pas soumise la peinture que rien n'oblige à une fermeté particulière; cette considération est nulle ici» puisqu'il s'agit non de la force de l'outil» mais de la force dans l'indication et de la résolution qui convertit une plate peinture en une image forte» fière et imposante. Nous savons au reste que Yarron reprochait aux pein- tres Diorès» Ârimna et Micon certaines manières ou pra- tiques vicieu^es dont Protogène et Apelle avaient su» selon lui» s'affranchir* Ces reproches étaient sûrement fondés. Remarquons cependant que les défauts de ces peintres étaient analogues à celui du peintre Méchopane qui vint beaucoup plus tard» et qui réparait sa dureté de cou- leur par une exactitude que les artistes seuls» dit Pline, Digitized by Google STYLE DE JL*AIIT EH GftkCE. — 5* PiaiODE* 5oS étaient capables d'apprécier. U reste donc à saroir si Varron savait apprécier lui-même ces qualités d'exacti- tude et d'austérité dans les peintres dont il critiquait avec justesse la sécheresse et la roideur. Wicon, malgré ses délauts, fut jugé digne de concourir arec Polygnote aux peintuN^s du Pœcile. Son combat des Athéniens contre les Amazones, celui des Lapithes et des Centaures, dont nous ayons déjà parlé, le combat des Argonautes oh il s'était surtout appliqué» selon Pàusanias, à bien représenter Acaste et ses cheraux, cette autre pein- ture du Pœcile représentant la défaite des Perses par les Athéniens; enfin, ses ouvrages en sculpture ont dû &ire considérer ce peintre comme un dessinatenr très-habile* Je viens de dire que la peinture de ces tems était peut- être plus rude que la sculpture; les reproches de Varron à Micon sembleraient le prouver. Si quelques bas-relLefs du Parthénon représentant des centaures et autres sujets, sont effectivement de sa composition, les peintures de ce maître pourraient bien, sans avoir rien eu de très-choquant à cet égard, avoir été plus rudes encore que ces bas-reliefs, quoiqu'ils ofErent quelque chose de cette rudesse antique qui, il faut le redire, n'était jamais dénuée de la force et de la vivacité d'expression. Rappelons-nous toujours que Yarron, ainsi que beaucoup d'auteurs romains, écrivaient sous l'influence du goût de leur siècle et qu'il leur était difficile de se taire sur des défauts qui , contrastant avec les productions arrondies de leur tems et souvent dénuées d'éloquence, devaient choquer les partisans du style mo- derne d'alors. C'est ainsi que nos critiques, accoutumés à la lourde fusion du coloris, fusion prodiguée souvent sans que le sujet le commande, se déclarent ennemis de ccr- tOME u. 20 Digitized by Google 5o6 filêTOIBB DB hk PBIRTVB£. iains lableanx tfoi, sans flatter la vue» intéresflenlTirement «t pénètrent le cœur. Ces bas-reliefs, attribués k Micon, portent deux pieds six pouces six lignes de haut. Ik représMitent les combats des Centaures et des Lapithes» les exploits de Thésée et les combats des Athéniens contre les Amaxones. Or> comme Micon était sculpteur et peintre et qu'il représents en peinture ce damier sujet dans le temple de Thésée, on a lieu de croire que ces bas-reliefi pourraient bien aroir été travaillés de sa main. Ainsi donc, k cette époque, point de contours amollis, point de plans indécis : tout était franc, décidé, l^ardi- ment débrouillé, fortement taillé. Le sentiment du gra- cieux régnait néanmoins et traversait cette austérité; mais la rigueur de la méthode était consacrée et con- servait la chasteté de Tart, en le garantissant de la conta- gion et en le maintenant toujours grand et robuste. Ce que l'on serait tenté d'appeler manque de fiai dans cette 3* pé- riode, n'est qu'pne méthode fière et très-fine d'exécuter; c'est l'essentiel que les artistes d'alors voulaient trouver el signifier, et quoiqu'ils ne l'eussent pas encore entièrement obtenu, ils ne prétendaient point se dédommager par des caractères minutieux, languissans eu inutiles. Leurs vues étaient droites, leurs ouvrages étaient sains. Us étaient un peu sauvages, mais de cet aspect sauvage qui inspire le respect, et qui repousse la fadeur et la minauderie. Us étaient rudes, mais de cette rudesse calme et généreuse qui dédaigne le mensonge et les bassesses. Quelques ef- forts vers la pureté, la délicatesse et le soin les firent tomber parfois dans les défauts d'une exécution recher- chée et aride. Cette exécution venait aussi probablement Digitized by Google STTLB DB l'ait BN flllkOB. — 3^ ^JpUODB. S07 des exemples toscans, igyfûmê, égpA%o$, el peut-être de l'école de Sparte; mais quelle vivacité dans cette e»é*> eution» qoel éclat dans ces pcoeédés ! Il me semble important d'étendre davantage une des ranarques précédentes* On rencontre tous les jours dans les musées certains monumens qui, par leur style et leur ]dijsioiiomie géntoile, pourraient être inconsidérément attribués à ce tems des très-«otiqiies écoles, et qui cepenr dant ne sont que des ouvrages d'imitation exécutés beau- coup plus tard. Souvent le style en est regardé comme ancien, quoique l'exécotion en soit romaine, c'est-à-dire, airoadie, polie, quelquefois lourde, et pnesque toujours d^ourvue de ce nerf et de cette âpreté qui caractérise les originaux* des bas-relie&, ces statues sans austérité, bien qu'oflbsnt des poses anguleuses et roides, ont Ad être faites en Italie, et peut-être en Grèce, même sous les Antonins, par de médiocres artistes, seit pour servir la curiosité de quelque Mécène qui, comme cela a lien de nos jours, était sans doute dupe des supercheries pasti- cbes, soit pour retracer d'anciens modèles détruits et fort révérés parle jCttlte,soh pour être accordées étatises en pendant avec des monumens de tems fort anciens et plus on moins endommagés, soit enfin pour obéir aux inten-r tiens de quelques directeurs des arts qui, voulant redon- na de la force à la statuure, tficbsaent de rappeler k l'étude primitive les artistes de leur tems. Mais ceux-ci ne pouvaient plus comprendre ni ressaisir les antiques prin^ cipes et n'imitaient par conséquent que l'appavence gros- sière et les d^ors rudes et mal ordonnés de ce style* On voit de ces imitations du très-ancim style grec exécu- tées même dans le bas-'ompire. De même on voit aujour- Digitized by Google 3o8 HlëTÔIBE DE LA PEINTURE. d'hui des imitateurs OU plutôt des pârodistes du style dît étrusque, composer des figures bien roides, bien isolées» qui n*ofirent que des pantomimes burlesques et ne font voir ni jet naturel et convenabley ni intention raisonnée» ni rien enfin qui puisse attacher J'esprit et rappeler la dignité de l'art. > Citons un mon ulnent qui serve d'explication à ce que nous Tonôns de djre au sujet de ces imitations : il s'agit du bel autel triangulaire des douze dieux qui est exposé dans la i»alle des mbuutnens égyptiens au musée de Paris, n* 578. £et ouvrage passe pour être de l'ancienne école attiqiie t>u de Pécole égynétique, mais non de travail étrusque. Voilà trois rapports établis qui sont faits pour éveiller l'at- tention d)es curieux de ces sortes de questions; cependant je ne m'y arrêterai point. Je dis seulement que cette sculpture ne nous offre du très-ancien style que le fan- tôme, et de même que lès parties toutes modernes «t si mal "restaurées dans ce monument en font ressortir le ca- ractère, de' imême 'cette copie^ntique, -si elle était mise à côté'dù tk^s-ancien original d'après lequel elle a été exé- cutée, novUs paraîtrait molle, froide et sans aucun éclat. Au reste, si l'on veut s'en apercevoir aisément, que Ton en compare le travail avec celui, par exemple, de la Mi- nerve (même musée, n** 598) indubitablement de très- antique Stylé et provenfànt du palais ducal de Modène, ou avec des bas-reliéfs dits choragiques sur lesquels le cisean est si vif et si rapide, le dessin si franc et si dégagé; le travail de notre monument semblera plus fi*oid, trop adou- ci et incertain : et si on lui met en opposition celui des Panathénées, qui est de l'école dé Phidias, l'on demandera pourquoi celui-ci, qui fut exécuté beaucoup plus tard» Digitized by Google STYLE M l'aBT £N QKkCiB« — 3^ pAbIODE. §90 effre un travail plus franc ei flus efpifes^ que celui de cet autel, qui très-prebablem^t û'est- qu'une a^ie fiiitq 30US les empereurs d^iprès un très-ancien monument dé- truit. Je sais qu*uQ certain poli insignifiant se ftit voir sur quelques monumens égyptiens ; je sais aussi que s'il n'eût fallu» pour répéter ce tiès-ancien stjle, qu'amer l'outil, et le rendre hardi» léger, librq et tranchant, les Romains eussent singé avec succès les Toscans ou les Ëgynètes; mais c'est de toute la méthode en général, o^est de tout le caractère du dessin que f entends parler au sujat de ce style austère , quelquefois, trop âpre et trop cru» mais toujours fier, vigoureux, et éclatant. . ' Enfin pour tâcher encore de me faire- comprendrez je ferai une application de ce qui précède à une copie qu'on voit au jardin des Tuileries, près du grand bassin. Cette figure, qu'on appelle vulgairement une dame romaine, est de Legros, sculpteur français; et toute copie qu'elle est d'une antique de beau style, elle est exécutée dans la ma- nière lourde, amollie et arrangée des sculpteurs du siècle de Louis XIV, qui n'ont pas. manqué d'avancer qu'elle laisse loin derrière elle Toriginal. C'est amsi qu'en littéra- ire, au lieu de traduire par peu de mots bien précis un passage de quelqu'écrivain serré et concis, on arrange des phrases trop polies, trop lâches» et par cela même dénuées du eatoctère nerveux de* l'original. Une i)nportaote condition de Tari manque au style de cette antique époque, c'est le beau calcul dans la dispo- sition des lignes, du tout'Ot des parties. Ce n'est point dans jce chapitre qull convient d'exposer et d'expliqui^ ce q^u'on doit entendre par la beauté de disposition : un court exposé de h xnarche de l'art considéré sous ce point de vue Digitized by Google SlO HlèTOflB ta iA »Blltt9BB. pôum èilpiriéer id à cette ea^Itcatioli. Je dini donc que les frèMùfidénnes produôtiens démenlrent que la simpli- cité H la grâtité des Images ou symboliques ou mytholo- giqAes avaienf accoutumé à une certaine symétrie on ponté dans là répartition des objets. Les monnmens ^yptiena dans lesquels il semble que l'on n'a tenu aucun compte de rarrangement» font remarquer que« pour obtenir ce mode gfite et solennel on aTatI soumis la diversité des objeto k une certaine unifermité et régularité de disposi- tion. Ce principe» qui fat appliqué aussi aux objet» senls» produisit ces statues Aroties et d'ime composition syrné* trique et retarda l'emploi des mouvemens variés, nai& et animés» Pendant httg4eias donc cette parité fat le cachet d'un styte partknlier et pour ainsi dire mystique; mais trers la §n dé cette même période, c'est^i-dire atant PU* dias» VàH tendis k la dirersité. De savans imitateurs dé- laissèrent cette monotone réserre : les Myron^ les Calamis saisirent la vie àtm^ ses irréguliëres dispositions» et prirent sans calcul» trop seurent peut-être sans aucun arrange- ment» la nature sur le frit. Cependant Phidias parut» et entre qn^il sut exprimer loi ^ mémo si habilement cette nourelle vie» il restitua la majesté antique trc^ délaissée» et soutint ahisi par uni heureux mébinge le grand style de l'art jusqu'en tems db Praaâtëlei iidé des leçons de la peinture déjà parfaite alors» comprit et rendit leas les secrets les plus déHcsHa de PoptiqUe» ajoutant ainsi an per- fectionnement qn'H venait d'apporter dans la représen^ tation des èouplesses de la eludry les chamies de la plus parfirite disposition^ Pin» tard« les Remains perpétuëreni cette science de calcul optique, mais ils abandonnèrent peu à peu la viOi l'exaaitude et la primitive austérité de Digitized by Google •TTLB SB C*ABT EN GBMCB* — 3* P&BIODB. 8l 1 leurs andeaf maîtres. Alors VaH, devenu une afbire de combinaisons et d'arrangemens optiques sans naStfeié et sans énergie yraie, dépérit bientôt et fit regretter même les rudes leçons des ?ieux toreuticiens et le langage plein de verdeur des écoles de Sparte, d'Égjrne et d'Éphèse : telle est en deux mots, et soit dit en passant, l'histoire dès ricissitudes de l'art grec '. Ainsi, pour en rerenir k notre question particulière, le manque de bonne disposition, disons que dans Tart antique il y eut une époque oh il fut menacé d'un autre extréine, savoir, le désordre des lignes ou des masses, la répétition * Dam U dtacnfdon Au antîqiiet da wmi% rûj9Ï Àt Pam, M. lé cDBle d« Qarac nmu dépeint «Tee beancoop d« jmtetM 1^ ityle def monnmciit cho^g^^es. ( Voj. ce mot an dictionnaire.) « Ces bas-reliefs^ » dît-il, tiannent beaucoup de l'ancien ityle connu tous le nom dVcole » dPËfyna. Le costume en est remarquable et diffère ordinairement de » celui daa «tatuM. Les tnmqaes sont e» génénX très-larges par le baut et » asses serrées à la taille. Les ooTartores pour les bras sopt très-grandes. » Les étoffes, fines et è très-petits plis, paraissent gaufTrées. Les peplus ou » les manteaux sont moins amples qu*è des époques plus rapprochées; ils » forment des plis réguliers presque droits, et dont les bords en tombant » offrent nnc suite de triangles et se terminent par une ou deux pointes. » On peut observer aussi qu*en général les figures y ont peu de saillie,, » qu'elles offrent moins de nu, et que les coiffures, d*i9n caractère parti* » cnlier, sont divisées en grosses tresses , dont deux ou trois coniques » tombent sur les épaules. Le reste des cheveux se relève en arriére sur » le sommet de la tète. Les poses des figures sont ordinairement droites a» et simples; les tailles très-svelteS| et^ malgré me certaine rectitude de » lignes dans leur contour, elles ont beaucoup de gr&ce et de naïveté. » La plupart des têtes sont de profil. On croit reconnaître dans ces bas- » leKefii des imitations de la scnlpture en btfis. » Ailleurs, l'auteur fait rcman|aer les manteaux légers et plissés, ainsi que les étoffes è petits plis en travers et è larges bandes en longy les bracelets aux poignets et « ux bras, et les doigts qui, aux mains ouvertes, sont recourbés en arrière et vont se perdre dans l'épaisseur du marbre. Digitized by Google 3lS HISTOIBE DB LA PBIMTC&B* vicieuse des angles» rirrégularité de Tensemble offrant, par exeinple^nB cdté ehargé et l'autre nu. Ces dé&uts et d'au- tres étaient peut -être le résultat du dédain des artistes pour toute espèce d'arrangement et d'afifectation, affec- tation qu'ils blâmaient et qui leur r^Hignait dans guelques ouvrages symétriques antérieurs; mais cela ne les autorisait point à négliger ni à abandonner les lois indispensables delà belle disposition. Il paraît donc que lesCalamis^lesMyron^ qui Yis|iient à l'expression de la yie» ne recherchaient que cette expression seulement, sans penser à coordonner les lignes et les masses. Polyclète sembla pourtant par sa belle Junon et ses gracieuses Canéphores avoir adopté un peu de cette philosophie qui compte pour quelque chose le beau de disposition; toutefois ses ouvrages devaient être en cela fort au-dessous et fort différons de ceux de Praxitèle, qui excella complètement en cette partie. Cette négligence d'arrangement qui a fait appeler inconsidérément cette pé- riode l'enfance de l'art (il eût étéphis juste dé l'appeler son âge adulte), ce peu de liaison, dis-je, dans la composition des groupes et des parties des figures , ce q>ectacle peu agréable même de lignes sans ordre et sans eurythmie, semblent avoir été favorables à la recherche des principes profonds du dessin et de l'imitation; car les peintres, ainsi que les statuaires d'alors, étant exclusivement occupés des secrets et du sentiment qui sont propres à rendre, à caractériser les formes et à rivaliser par une très-rigou- reuse exactitude avec la nature, retirèrent un avantage infini de leurs études. J'espère que ce que l'on trouvera dans ce traité au sujet du beau de disposition et au cha- pitre 3o6 qui traite du sentiment des plans, suffira pour suppléer à tant d*exeniple$ antiques qui nous manquent et Digitized by Google STTLB DB l'aBT EN OE^CE. — 5* P&EIODB. 3l 5 pourra éclairer et guider dans les recherches dont nous ooQS oGcnpons ici et dont le but surtout est de fortifier notre théorier de la peinture. Poursuivons nos rapprochemens : Pierre Perrugino» Gentil-BelUni voulurent purifier et donner de la finesse à Fart que leurs devanciers traitaient trop symétriquement, trop conventionnellementy et ils tombèrent dans le mes^ qain« Raphaël et Tiziano agrandirent la manière de ces maîtres, et cherchèrent ( je ne dk pas qu*ib l'aient trouvé) ce médium alliant le vrai et le beau. Enfin Corroie sem- ble avoir voulu compléter l'art» et il Teût complété en effet A le dessin et la composition eussent été excellens à cette époque* Après ces maîtres modernes, la peinture, pour continuer la comparaison, resta quelque tems station-^ nalre jusqu'à l'époque où elle commença à s'altérer sous lesCarracci qui, en voulant fiHre plus que leurs devanciers, tombèrent malgré tous leurs talens dans l'enflure et la manière* Enfin, grâce à David et aux nouvelles idées qui germaimit dans toutes les têtes» à la fin du 18* siècle, l'art s'est élevé. Puisse-t-il s*élever encore I Puisse son nouvel éclat ne pas être semblable à la lueur vive d'un flambeau qui, après avoir brillé quelque tems, scintille, ébliNiit, puis s'éteint I Parions maintenant des principaux artistes qui illus- trèrent la fin de cette période. On serait tenté de distin- guer ici cette fin dans une subdivision particulière, puis- qu'on vit fleurir vers ce tems GalamJs, Myron, Polyclète, •rtistes si célèbres, et qui, par leur style, semblent n'ap- partenir qu'aux beaux t^ns de l'art; mais cette subdivi- sion embarrasserait le tableau général que nous voulons exposer des progrès de l'art dans l'antiquité. Faisons Digitized by Google 5l4 HISTOIBB DB LA VEINTIIBB* dono seulement remarquer en passant que ces fameux artbtes» prédécesseurs, quoique contemporains de Phi- dias» avaient conduit Tart entre les mains de ce grand statuaire. Ces Myron» ces Calamis excellaient par la pré- cision et la Tie des figures ; mais il leur manquait cette philosophie ou ce mélange puissant de grandeur et de )Bstesse, cette union si magique du beau et de l'indivi- duel , de Textrâme vérité et de la plus haute majesté , union dont le génie de Phidias sut enrichir Tart aprte eux. Calamis qui précéda Myron acquit une grande célébrhé par Fartifice avec lequel il imita la figure humaine ainsi que les chevaux. U fut très-remarque, parce qu*il fut un des premiers, et le premier peut-être qui changea sensi- blement la roideur primitive en souplesse vraie, et qui «'attacha aux moyens positifs servant à répéter la vie et l'agilité. Aussi Denys d'Halycarnasse dit-il de Calamis que son style avait de la grâce et de fa l^èreté comme celui de Callimaque, son contemponfln, qui n'était jamab satisfait de ses ouvrages* Il est k remarquer, au sujet de ce CaUimaque, que les recherches infinies qu'il avait faites pour atteindre k la correction, Téloignaient de la beauté. Aussi Pline dit de cet artiste : < Ses Lacédémo- » niens dansans sont un ouvrage sans dé&ut, mais d'où » une correction trop sévère a fait fuir toutes les grâces. V On le surnomma Cacizotechnos, qui signifie pte chef*- » d'œuvre. » (Punk. Liv. 34* C. 8.) Calamis représenta des écuyers de tous les âges. Il fit les statues de plusieurs jeunes garçons tendant les bras comme pour implorer le secours du ciel. Une belle figure en bronze, du musée de Berlin, et qui a été trouvée k Digitized by Google âTTU BB x'iJIT BN QBiCB.'^-^S* Pi&IODB. 3 1 5 BercokiiHin, est dam cette attitade : son style n*a rien qui indique Fépoqae et le trayaH de Galamis, et si Ton veut que ce soit une copie de ce statuaire, il faut convenir qu'elle est toul-à-fait traduite dans le style de Tayant- dernière période de l'art à Rome, sous les empereurs. Ne serait-ce pas ici Toccasion de reloTer encore certaines méprises et assertions inconsidérées des antiquaires qui» h propos d'analogie' de mots» semblent reconnaître de Fanalc^ie de style. En effet, outre que le statuaire Bédas, élève de Lysippe, et qui fleurit beaucoup plus tard, avait Mprésuiilé en bronze un vainqueur remerciant les dieux , en pourrait objecter que les jeunes garçons de Calamis ne devaient lever qu'un bras pour implorer le ciel , car c'est ainsi que nous voyons ce geste représenté sur plu- sieurs monumens. 11 est à remarquer que le bras droit de cette statue et une partie^ de la main sont modernes* On peut ajouter que la statue de bronze, dite le tireur d'épine, ouvrage précieux que l'on peut sans inconvénient attribuer k des artistes qui fleurirent peu après le tems de Calamis, n'offre certainement aucune similitude de style avec notre bronze de Berlin. Nous reparlerons du tireur d'épine h l'article d'Alype de Sicyone. Il paraîtrait que Calamis ne s'en tint pas k l'art de représenter; il sut aussi cboisir. Pline vante la noblesse de son Alcmène, et ajoute que l'on admire le sourire malicieux de sa statue de fiosandre, ainsi que son ajustement pittoresque. LucuUus transporta à Rome son Apollon colossal, et Germanicus iaisait le plus grand cas des coupes ciselées par cet artiste. Peu après Calamis, on vit paraître Myron qui ajouta encore aux qualités fondamentales que ce premier avait Digitized by Google 3lG HISTOIBE DB LA PEIRTtBE. découvertes et appliquées à son art. Yoici comment s'ex-. prime à ce sujet Quintilien : c Ci^Uon et Égésia^ travail- » laient durement et dans le goût toscan; Galamis vint et 9 corrigea cette roideur originaire; Myron donna ensuite 9 plus de souplesse et de naturel à ses productions» mais » ce fut surtout dans les ouvrages de Polyclète que Ton put 9 reconnaître la régularité et Tagrément* » ( L. i s. G. i o« ) Myron, qui recherchait, comme Galamis» la grande justesse et Taustérité d'imitation, passe pour avoir excella dans la représentation des athlètes. Le talent avec lequel il imitait les animaux prouve son grand savoir dans Tart d^ représenter : cette, lameuse génbse, ce chien célèbre, ce satyre considérant des flûtes, ces statues d'enfant et do vainqueurs aux jeux » ce Discobole enfin dont Quintilien (liv. 2. ch. i3«) nous donne, ainsi que d'autres auteurs, une espèce de description, tout nous prouve que ce sta- tuaire fut firappé surtout des mouvemens et du jeu méca- nique de l'homme et des animaux. Aussi ne se lassaitH>a point d'admirer ses imitations, tant elles étaient naïves et frappantes de vérité, Pline dit que Myron est le premier dont le talent fiÀt aussi varié> mais il lui reproche de nVvoir pas mieux traité les cheveux et la barbe que dans la grossière |inti- quité. Néanmoins le poil de sa &meuse génisse devait être vrai et bien exécuté, car elle fut comblée d'éloges. Qn voyait encore ce chef-d'œuvre dans le 6* siècle. Quant à la négligence qu'il apportait, selon Pline, dan^ l'exécuy tion des cheveux, elle parait être une conséquence djQ la direction qu'il donnait à ses idées. En effet, dans ces tems où Tart n'était point encore parfait, l'étude des qualités premières, et surtout de qualités nouvelles alors, devait Digitized by Google 8TTLE DB l'aET Blf GB^CE. — 5* FiaiODE. 3l7 absorber toutes les idées des artistes. Ainsi» Myron a pu exécuter les cheveux moins bien qu*Agoracrite et que Phidias y parce que dans Fart de la statuaire en marbre et surtout en bronze, il faut indépendamment du senti- ment d'imitation certains procédés presque mécaniques, sans lesquels des objets tels que les cheveux, par exem- ple» ne sauraient être excellemment exprimés par la ma- tière. Cependant, d'un autre coté, il chercha et trouva le mouvement, le jeu vrai des os, la science des plans ; il sut animer, faire respirer ses figures ; il les fit remuer, et attelait peut-être le premier à cette grande qualité qui mène à Texpression de la vie en action. Au surplus, et pour employer une -comparaison au sujet de cette cri- tique des cheveux exécutés par Myron, ne savons-nous pas que, parmi les peintres modernes, Holbein et Léonard de Vinci, ces grands dessinateurs, passent au dire des demi-conn^sseurs pour n'avoir pas su représenter les cheveux avec autant d'art et de facilité que le firent depuis, dit-on, Guido-Reni, les Carracci, Largillières et Rigarud, t{uoique pourtant Léonard surtout les imita avec une ^ande naïveté? Remarquons à ce sujet que les che- veux du tireur d'épine, bien que finement ondulés, sont traités dans cette manière sèche et très-antique que les statuaires du tems de Pline auraient blâmés par comparai- son avec les cheveux de l'Apollon du Belvédère et du Lao- coon^et que des critiques d'aujourd'hui blâment peut-être encore, en lui comparant la manière fondue de Canova. Lucien dit que Myron fut comblé des plus justes éloges, et qu'il fut du nombre de ces artistes qu'on adorait avec les dieux. Dans l'anthologie, on a recueilli jusqu'à quarante épigrammes sur la &meuse vache de Myron. En voici Digitized by Google 3l6 HKTQIÈB 9B LA PEUiTVtaL* quatre doot je ne doime que le «eus : c Bei^er» conduis » plus loin ton troupeau, car la vache deMyron pourrait » se mêler arec tes génisses. — La vache de Myron res- 9 pire; si vous ne l'entmidez pas mugir, c'est la faute de » Tairain* — Non, Myron ne Ta pas moulée : le tems Ta- > vait changée en métal, et Myron a fait croire qu'elle » était son ouvrage* ^^— Si ses mamelles ne contiennent 9 point de lait, c'est la &ute de l'airain; 6 Myron! ce 9 n'est point ta &ute« » On trouve dans Ausone jusqu'à sept éloges en vers sur ce morceau célèbre. Les modernes cherchant quelquefois à justifier les ar- tistes du a 5* siècle de ce qu'ils n'ont pas excellé dans la représentation de la figure humaine, prétendent que les mœurs d'alors et la rigueur du christianisme empê- chaient la contemplation du nu dont les anciens Grecs tiraient tant d'avantage. Mais ^m peut leur répondre que les Grecs atteignirent à cette perfection en Ifddant aussi des exercices faits sur des figures d'animaux, moyen qu'eussent pu employer les modernes. J'ose donc avancer que td peintre on tel sculpteur qui saura exprimer la vie, le mouvement et la beauté .sur une figure de cheval, de génisse, de -chien ou même d'ojseau, sera bien près d'être un habile peintre de héros et de dieux. Cette assertion ne paraîtra singulière qu'aux personnes étrangères à l'art, car elles croient que c'est par inspiration seulement qu'on parvient k faire des Achille, des YékHis, des Jupiter, tandis que le poMtif dans la technie de l'art £iit plus de la moitié de l'œuvre. Faisons donc remarquer combien d'artistes de cette époque s'attachèr^t à la représenta* tien des animaux. Pérille fit en airain ce terrible taureau commandé par Digitized by Google STYLE DE l'aBT fi5 GB^CB. — 5* PiBIODB. Sig le tyran ^haiaris. L'artiste périt lui-même dans les flalics de ce bronze sous lequel on allumait un brasier ardent» en sorte que les malheureux que le tyran y faisait enfermer jetaient des cris effroyables* €es cris et ces gémissemens imitaient par quelque moyen acoustique le mugissement des taureaux* Le statuaire Philiscus coula aussi en bronze avec Théoprobus» deux ^ches. Ménaëchmefit une génisse célèbre : elle était représentée tombant sur ses genoux» la tête renversée en arrière, Canachus» que nous avons cité» fit un cerf embarrassé dans des filets» et Iphicrate repré- senta une lionne. On vit aussi à cette époque des chevaux animés par le talent de Dipœnud et de Seyllis» de Denys d'Altos» d'Agéladas, d'Ëgésias» de Calamis» de Calynthns» de Simon d'Égyne. Le cheval représenté par ce dernier att^ rait les chevaux naturek. Micon avait peint des centaures et un cheval» et ce même Simon d'Ëgyne lui montra Ter^ reur qu'il avait commise en exprimant des cils k la paupière inférieure de ce cheval. Simon avait de plus sculpté un chieiu Enfin Myron fit» outre sa vache si admirée» un chien, un veau» des dgales et des sauterdles. Ajoutons que Naucydes d'Ai^os et Ouatas d'Ëgyne avaient &it chacun un bélier» Pithodore des syrènes, Théoclès un -serpent» et Polyclète l'hydre à sept têtes» assommée par Hercule. Ce que nous savons du Discobole de Myron sert beau- coup à caractériser la marche de l'art k cette époque» Il parait qu'ayant été fimppé de l'attitude d'un Discobole en action^ Myron le surprit sur le fiiit et l'imita sans s'embar-** rasser du bon où du mauvais effet opitîque que cette attitude devait reIndre permanent. Il pensa seulement à faire vivre la matière. Ai|ssi le résultat fut-il une figure animée» admi- rable pour le mouvement» mais désagréable k la vue. Digitized by Google 3so HisaroiBB bb la peintvbb. Quintilien éprouva cette sensation en voyant ce bronze: < Qu'y a-t-il de plus contrefait, dit-il {Inst. Orat. L. s. » C. i3)» et de plus peiné que ce joueur de palet de > Myron? Cependant, si on s'avisait de blâmer cette » posture comme peu naturelle, ne mcmtrerait-on pas > son ignorance en reprenant justement ce qui fait la sin- » gularité de l'ouvrage et tout son prix? > Yoid la description que Philostrate nous a laissée d'une figure d'Hyacinthe, peinte dans une attitude qui parait analogue à celle du Discobole de Myron, selon la remarque de M' Em. David, dont j'emprunte ici la traduction, c Le » jeune Hyacinthe allait lancer le disque dans le jeu fatal 9 oà il perdit la ^e. La cuisse droite, fortement inclinée, » portait le poids du corps. Le torse et la tète se pen- » chaienten avant. La jambe gauche, en l'air et en arrière, 9 suivait le mouvement du bras droit. Le visage se tournait 9 vers la hanche droite. Le corps, par l'action des reins ' 9 et du jarret, allait se relever, et, en sautant, ehasser le 9 disque de toute sa force. 9 (Rech. sur l'art stat) On possède quelques copies antiques de ce Discobole; celle du musée du Vatican fut trouvée à la fin du 1 8* siècle dans la villa Adriana à Tivoli. Parlons maintenant de Polyclète. Ce célèbre statuaire dut fiiire avancer l'art, en l'enrichissant de certains prin- cipes qui furent particuliers à son talent. En efl*et, ses ouvrages différaient de ceux de Myron, son émule, et no ressemblaient point h ceux que Lysippe fit plus tard, c'est- à-dire que^ sans produire les charmes de l'école des con- temporains d'Alexandre, il avait néanmoins ajouté è la sta- tuaire des qualités qui lui manquaient de son tems. Cicéron s'exprime ainsi {Lib. 5. DeOratore) : c Les manières de Digitized by Google STYLE D£ l'aBT EN €BiiC£. 5' P^EIODE. Sftl > Myi'on, de Polyclète et de Lysippe sont dilTérenles» et • pourtant personne ne se plaint de ces dlfiTércnces ; car > elles n'empêchent pas que l'art ne soit un. » Plutarque (Lib, 1 1. ProbL 5} parle des perfeclîonnemens apportés à Tart par Polyclcte, et des difficultés qu'il eut à yaincre. Yitruve {InPrasmio. Lib* 3) dit que Polyclète en portant l'art h son apogée, ainsi que Phidias» Lysippe et autres, s'est iait un nom qui ne périra jamais. L'opinion Tulgaire» dit encore Pline, attribuait à Polyclète le mérite d'ayoir conduit l'art à son plus haut degré de perfection. Néan- moins, quoique convaincus de l'excellence de Polyclète, nous ¥oudi*ions avoir une idée, de son style et de ses qua- lités. Voici ce que dit Quintllien {Lib. is. Cap» lo. Imt. Orat.) : c Polyclète, qui vint après Calamis et Myron, 9 ajouta la régularité et la grâce; la plupart lui donnent 9 le premier rang : cependant ils disent que ses statues^ 9 pour ne rien perdre de leur prix, auraient besoin d'un » peu plus de force. En effet, il a représenté les hommes » avec une grâce infinie et mieux qu'ils ne sont; mais il 9 n'a pas tout à fait atteint la majesté des dieux {Non 9 explevisse dearum autoritatem videtur). On dit même 9 que l'âge robuste étonnait ses savantes mains, c'est 9 pourquoi il n'a guère exprimé que la tendre jeunesse. 9 Mais ce qui manquait à Polyclète, Phidias et Âlcamène 9 l'ont eu en partage. Phidias pourtant passe pour avoir 9 moins bien représenté les hommes que les dieux. 9 Ce passage intéressant me semble très-propre à caractériser le style de Polyclète. Par le mot régularité , Quintilien entendait-sans doute la juste proportion et la précision extrême dans l'imitation de la statique et de la mécanique; par la grâce, il voulait sûrement dire que les figures de TOME II. 21 Digitized by Google 3<2!l HISTOIRR DR LA PEINTURE. Polyclète tendaient déjà à celte aisance agréable que ni Galamis, ni Myron n'avaient point encore assez cherchée. On peut donc croire que Polyclète s'attacha plus à la stricte vérité qu'à la grandeur et à la divinité, et quoique sa lameuse Junon de Mycènes, statue d'or et d'ivoire, passât pour égaler en mérite les grands ouvrages de Phidias, il n'en est pas moins évident qu'il rechercha plus la perfection des images que leur aspect imposant : son Apoxyomènos le prouve. Il voulut obtenir l'excellence par l'imitation^ la poésie, par les caractères; l'expression, par la vie au moyen de la géométrie, de l'anatomie et des proportions : précieuse résolution qui purifia et perfectionna l'art; idée forte et naïve à laquelle on dut plus tard les merveilles du pinceau de Protogène et celles du ciseau de Lysippe, le- quel avait tant étudié Polyclète et avait pris pour guide son célèbre Canon (Cic. Declar. oratoribtis). Enfin de là vint la correction constante qui concourut si long-tems à l'ex- cellence des chefsnd'oçuvre de l'école grecque. Polyclète fit donc une statue qu'on appela le Canon ou la Règle, tant eHe était correcte et sévère, tant les lois de la mécanique osseuse et musculaire et des proportions y étaient observées. «C'est vraisemblablement, dit un auteur » moderne, pour transmettre à la postérité la tradition des » règles de la sculpture que Polyclète avait fait une statue » qui les contenait toutes, et qu'il appelait à cause de cela )i la Règle ou le Canon. » Cette conjecture n'est point sa- tisfaisante; toutes les dissertations qu'on a faites sur cette statue ont été inutiles, et Pline nous a laissé à ce sujet dans une incertitude qui prouve qu'il n'avait point lui- même une idée nette du caractère de cet ouvrage. < Lés » artistes, dit-il, étudient le dessin de cette statue, et ils Digitized by Google STYLB DB l'art EU GRIîCB. — 3* PÉRIODE. 3s3 » en font pour l'art une espèce de loi ; Polyclète est enfin » le seul de tous les hommes qui ait créé l'art par une pro*- 9 duction de l'art ( Fecit et quem Canona artifices vacant V lineatnenta artis ex eo petenteSy velut à lege quâdam, » solusque haminum artem ipse fecisse artls opère judi- » catur. L. 34* ^« 8.) > Il est absurde de penser avec quelques écrivains étran- gers à la sculpture, que cette statue était le type de toutes les proportions» ou de la meilleure proportion, puisque la diversité des caractères nécessite la diversité des propor- tions. Il eut été plus naturel d'imaginer qu'on la considérait comme parfaite dans son genre, sous le rapport de la pro- priété dans la proportion, ainsi que sous le rapport de l'imitation et du mécanisme. Je crois avoir découvert ce qu'on pensait dans l'antiquité et quel usage on faisait de cette statue de Polyclète; je renvoie le lecteur à ce qui sera dit aux chapitres 226 et suivans sur les proportions. Je me contenterai d'avancer ici que cette statue repré- sentait seulement l'homme et qu'elle offrait le véritable point moyen entre les individus modèles, par conséquent plus ou moins imparfaits, et les figures embellies, héroïques ou divines. Elle n'avait donc d'autre caractère déterminé que celui de la perfection de l'homme en général, et tenait le milieu entre l'individu et l'archétype, en sorte qu'elle servait de canon ou de règle pour embellir l'un et éviter le fantastique dans l'autre. Gomme le procédé de tous les artistes les obligeait à faire usage d'un canon, ils désiraient beaucoup en avoir un qui fût excellent, et ils adoptèrent la figure que Polyclète avait exécutée. Cette figure repré- sentait simplement un homme debout, armé d'une lance. Il importe de rappeler ici la conjecture erronnée des Digitized by Google 324 HISTOIRE DE LA PEINTURE. écrivains qui ont supposé que Tari avait commencé par la plus rigide vérité, et qu'il ne s'était élevé qu'ensuite à la haute beauté; nous voyons au contraire que les artistes de cette époque avaient déjà délaissé par trop les antiques arrangemens que Phidias ne manqua pas de ressaisir et d'emprunter avec une juste convenance. Rassemblons ici les sujets que choisit Polyclète pour atteindre au but qu'il se proposait par l'extrême justesse d'imitation , c'est--à-dire à la pureté» à la naïveté et à la force. Il fitsonDiadnmènos» c'est-à-dire un jeune homme ceignant sa tête, statue que l'on acheta un très-grand prix; son Apoxyomènos ou athlète se frottant avec un strigile; son joueur d'osselets; ses Astragalizontes» ou deux jeunes garçons nus» jouant aux osselets ; son Périphorétos» qui représentait Ârtémon. Il fit la statue d'un brave prenant ses armes pour courir au combat; deux Canéphores ou jeunes filles portant des corbeilles; Alcibiade» statue dont les mains étaient mutilées du tems de Dlon-Chrysostôme (on sait avec quel art Polyclète représentait les mains) ; enfin» ce fameux Doryphore» c'est-à-dire un homme por- tant une lance» statue célèbre qui servit de canon à tous les artistes qui vinrent depuis. Cicéron {In Ferr.) nous a laissé une description des Canéphores de Polyclète. « C'était» dit-il» deux statues de » bronze» d'une dimension médiocre» mais de la grâce la » plus exquise; leurs vêtemens et leur maintien rendaient n témoignage à leur virginité : elles portaient sur la tête » les choses sacrées à la manière des vierges athéniennes h qu'on nommait Canéphores. Les personnes mêmes» j* Digitized by Google STYLE DE l'art EN GBkCE. — 3* Pàa|OD£. 320 On a cru que des copies de ces Ganéphores se voyaient à h villa Albani dans quatre statues servant à décorer deux espèces de grottes qui se trouvent à l'entrée du parterre; je doute fort que le rapprochement soit heureux. On croit» par exemple, avec assez de raison, que la pierre gravée, publiée par "Winckelmann sous le nom de Tydée, qui, dit-on, se retire un javelot du pied, n'est qu^ufie imitation de rApoxyomènos de Polyclète. Winc- kdmann regarde comme étrusque cette figure qui n'est pas d'une disposition gracieuse, et dont cependant l'ori- gtnal pouvait être un chef-d'œuvre à cause de sa vérité ; il en était de cette figure comme du discobole de Myron. C'est ce qui me fera dire au sujet de Praxitèle que sa Polyclète fit concourir le choix du mouvement à la vie, Praxitèle le fit concourir à la vie et à la beauté. Winckelmann trouve aussi une copie du fameux Diâ- dumènos dans une statue plus petite que nature, qui se voit à la villa Farnèse; il croit également en reconnaître une autre copie en bas-relief sur une urne funéraire de la villa Senibaldi. Ne connaissant ni l'une ni l'autre de ces figures, je suis dispensé d'émettre mon opinion sur cette comparaison. Quant à ces figures si souvent répétées, as- sises par terre une main appuyée sur le sol et jouant aux osselets, on peut penser qu'elles sont des imitations des Astragalizontes de Polyclète. Nous savons aussi par Pau- sanias que Polygnote avait peint à peu près le même sujet; c'était les deux filles de Pindare jouant aux osselets. Pline, en parlant de ces Astragalizontes, dit que ces figures qu'on voyait de son tems dans les appartemens du palais de l'em- fGtem Titus, passaient pour être l'ouvrage le plus parfait qu'on eût jamais vu. (V. ce qui a été dit au ch. 48. p* 27 1 • ) Digitized by Google 3â6 niSTOIBB DE LA PBINTH&B. Vasi dît que la Flore Farnèse (c'est une Therpsicore) est l'ouTrage de Polyclète» et que l'on croit que c'est une des statues de ce célèbre Sicyonien rassemblées par Titus dans le vestibule de son palais. Il est vrai que ce que Cicéron dit du vêtement des Canéphores justifierait assez cette conjecture; cependant aucun écrivain ancien ne fait mention de cette prétendue Flore, et ce n'est probable- ment que parce que Titus avait réuni des ouvrages de Po- lyclète, qu'on a attribué à cet artiste la statue dont il s'agit. Il ne&utpas cependant rejeter toutes les vieilles traditions conservées à Rome au sujet des auteurs des antiques. Leurs inscriptions perdues depuis leur découverte, certaines confrontations fiiites par des praticiens sur le matériel de l'art, certains manuscrits consultés peuvent nous avoir conservé la vérité des faits. Malgré tout, d'après sa belle disposition dans l'ensemble, je crois que cette élégante figure appartient à une époque non antérieure à Praxitèle. On lit dans Auct, Rhet. ad Herenium, Lib. 4* que Poly- clète excellait dans la représentation du torse de l'homme et de la poitrine. Enfin M. Heyne croit que Polyclète fixa le type de Mercure; c'était en efiet une statue dans son genre. M. Heyne a sans doute voulu indiquer le Mercure que, suivant Pline, on voyait à Lysimachie, Rappelons ici qu'à Naples on conserve un bronze de grandeur naturelle représentant une excellente figure d'un jeune Mercure assis. La vérité, la simplicité de la pose, la grande justesse de mouvement rappelle le style pur et châtié de Polyclète; on en possède un ectype à l'école de Paris. L'étude de cette figure peut donner une idée du style de l'art grec dans cette période : on y remarqi^e cette justesse ex- trême résultant de la pratique des proportions prises au Digitized by Google STYLE DE l'abT EN GRkCE. — 3* PiRIODE. dS^ compas avec un scrupule remarquable» méthode qui seule pourrait faire refleurir Tart chez les modernes, bien qu'il soit certain que le sentiment et le grand gotit doivent, ainsi que la philosophie, présider à tout ce que produisent les beaux-arts. Une mauvaise copie de la Flore Farnèse se voit aux Tuileries à l'entrée de la grande allée. Cette copie, dite sans exactitude et sans expression, nous fait bien voir où peuvent conduire le sentiment et la manière, lorsqu'ao- cnn procédé rigoureux, aaslère et précis ne sert de soutien à l'artiste. Quoique je ne doive considérer ici Polyclète que commç statuaire, je ne puis passer sous le silence un mot de Pau- sanias sur ce grand artiste. • Dans le temple même d'Es- ■ culape, dit-il (liv. s. c. 27.), les Ëpidauriens Tous ceux qui ont répété ce pas- sage, n'ont peut-être pas distingué l'heureux parti qu'en sut tirer leJ>eau génie de Phidias qui, à la vérité, a pu s'exalter par la lecture d'Homère, mais qui a su élever son Jupiter à la hauteur de ce poète par la sublimité du langage Digitized by Google STYLE DB Ii'aBT BR GRkCB. — 4* PiBIODE. 33 1 particulier à la stataailre et par des moyens d'art qu'il trouva le premier dans son propre talent. Pliidias eut donc la gloire de créer plusieurs archétypes qui servirent depuis à presque tous les statuaires pour re^ présenter les premières divinités. Ce que ses prédécesseurs avaient ébauché, il le finit; ce que les poètes avaient ima- giné» il le réalisa» pour ainsi dire, en sorte qu'on peut avancer qu'il ne fut surpassé ni dans le style, ni dans les caractères de certaines divinités. Ce fut donc ainsi que fut Cxé le.type de Jupiter, par celui qu'il exécuta à Olympie, lequel fut mis au nombre des sept merveilles du monde; amsi fut fixé le type de Minerve, par sa fameuse statue du Parthénon, et très -probablement celui de Vénus dont il développa les charmes dans plusieurs statues également renommées. Pausanias cite deux Vénus sorties du ciseau de Phidias , et Pline nous apprend qu'on en voyait une à Rome de la plus*grande beauté {Eximiœ pulchrittidinis. ZpJ^G. C. 5). Phidias mit, comme on le sait, la dernière main àuneVénusdeson élève Alcamène. Il parlait vraisemblable que la Vénus de Scopas était conforme au type de Phidias, ainsi que celle de Praxitèle, statue si supérieure à celle de Scopas. M. Heyne conjecture aussi que Phidias fixa le type de la Victoire, par celle qu'il plaça dans la main de son Ju^ piter, et qui était d'or; celui de Gybèle, par la statue de cette déesse qu'on érigea dans le Métroum d'Athènes ; enfin ceux des Amazones, des Fleuves et des Grâces : ces figures ornaient, comme on le sait, le trône du Jupiter olympien. Cependant Phidias en servant les temples, en donnant aux peuples religieux les plus belles images de leurs grandes divinités, voulut aussi servir les mœurs : il représenta les jeux solennels des Athéniens ; il peignit les mœurs dans Digitized by Google 33 d HISTOIBB DE LA PEINTURE. ces jeunes viei^es choisies pour embellir les cérémonies des temples ; il peignit les mœurs dans ces jeunes Grecs qu'il représenta pleins de courage et de sécurité» soit avant les combats dans le stade, soit après ou pendant leurs glorieux exercices. Le beau Pantarcès brilla de toute sa perfection dans une image de bronze à jamais célèbre, et un grand nombre d'autres figures non divinisées offrirent aux yeux des Grecs tout ce que peuvent avoir d'attrayant la décence, la grâce et la dignité. Néanmoins les successeurs de Phidias trouvèrent encore des conditions, des perfections à ajouter; les Praxitèle, les Euphranor enricllhirent l'art de nouvelles beautés et de secrets inconnus qui en furent le complément. Qu'en devons-nous conclure? C'est que l'art qui est immense va se perfectionnant peu à peu, et que ses graduations sont toujours très-sensibles et non interrompues, tant que les bases sur lesquelles il s'élève sont sûres et excellentes, car alors rien ne peut le faire rétrograder, ni arrêter le cours de ses progrès plus ou moins rapides. Rappelons-nous que ce n'était point une chose nouvelle, au tems où parut Phidias, que d'inventer des dispositions nobles, des costumes imposans, des attitudes grandes, et même qu'on possédait l'artifice de relever le tout ensemble, par un certain tour pittoresque qui donnait aux images quelque chose de mystique et de divin. Nous avons vu que les prêtres étrusques, qui étaient probablement poètes et artistes, n'étaient point indifférons sur les caractères des images, et qu'ils avaient conservé des Égyptiens l'art d'é- mouvoir par des spectacles extraordinaires, de toucher et de surprendre par des combinaisons qu'ils étaient en droit d'appeler magiques. On est même assuré par Tins- Digitized by Google STTLB DE l'art EN GRÈCE. — t^^ PàRIODE. 533 pectiondes monumens égyptiens» indiens» étrusques» égy- nétîques» etc.» que cette partie pittoresque de Fart était portée jusqu'aux fiintaisies les plus ingénieuses. Les plis et le jet symétrique des draperies» l'i^rrangement singulier des cheveux distribués par anneaux et par longues tresses en spirales régulières» Tordre des lignes dans toutes les masses» le grand choix dans le caractère de certains accessoirs ou ornemens servant à relever le costume» tout le langage enfin était calculé et poétiquement combiné. Par la même raison» les cérémonies religieuses qui ser- vaient si souvent de modèles aux artistes» devaient oiFrir à cette époque une pompe d'un très -grand aspect. Par rapport à nos mœurs et à nos cérémonies moins soumises aux lois du goût» elles nous sembleraient peut-être étranges» mais les Grecs y avaient bien certai- nement épuisé toutes les combinaisons du beau. Enfin cette marche de l'art est la marche naturelle que» dans tous les âges et chez tous les peuples; on cherche à suivre» et que le savoir seul des artistes peut diriger. Aujourd'hui ne voyons-nous pas dans nos églises des images décorées ou plutôt affublées d'une manière souvent piquante» quoi- que de mauvais goût? Cette propension des prêtres et des peuples vers ces décorations étranges va souvent parmi nous jusqu'à couvrir d'une couronne de clinquant la tête des Saints et de la Vierge peints sur les tableaux» et à relever ainsi ce que la plate peinture semble avoir souvent de froid et de peu éclatant. Qu'est-ce qui donnait donc un caractère de nouveauté si attrayant aux ouvrages de Phidias ? C'est qu'il rendit plus conformes h la nature et à l'art ses compositions participant du style de ses devanciers; c'est que les Digitized by Google 334 HISTOIBB DB LA PEINTURE. charmes et les artifices de son dessin donnèrent une antre TÎe, une autre existence à ces dieux, à ces déesses et à ces héros dont la dignité était auparavant comme ina- nimée, dont les formes étaient un peu conventionnelles n'étant pas saisies réellement sur la nature; c'est que ces expressions, ces gestes, ces jeux mécaniques du corps, ces physionomies, ces yeux et ces bouches, ces mouve- mens de draperies enfin, et toutes ces formes, tant dea figures que des accessoires, furent imitées selon Tesprit de la nature, conformément à ses caractères et avec une énergie et un sentiment de justesse extraordinaires. Phi- dias, en étodiant la beauté, étudia donc la nature; il Fob- serva en statuaire à Taide de la géométrie, à l'aide de Tana- tomie et à l'aide de la philosophie. Il l'avait même observée en peintre; car il était de ces artistes, dit Grégoire de Nazianze {Or€U. 34) , propres à produire des chefs-d'œuvre, soit avec le ciseau, soit avec le pinceau : on voyait à Athènes un portrait de sa main, c'était celui de Périclès. Phidias n'ignorait pas que le ciel Favait favorisé par un génie supérieur, une sensibilité exquise et une tendance naturelle vers le beau et le sublime; mais il reconnut que, pour servir sa patrie, des études nouvelles et des sacrifices nouveaux étaient nécessaires. Il travailla donc sans relâ- che et parvint définitivement à découvrir par 1«\ force de sa pénétration, activée païenne constante étude, les secrets les plus importans de son art, et les grandes lois fondamen- tales de la statuaire, de la plastique, de la peinture et de la toreutique {Pritnusque artem toreuticen apertiisse atquc demonêtrasêe mérita judicatur. Pline. Lf6.34« Cap.%.). Les connaissances qu'il acquit sur la mécanique des corps vivans et sur les proportions, devaient être immenses. Il Digitized by Google 8TTLB DB l'art EN GRkCp. — 4* ^^BIODE. ' 555 reconnut de suite» dit-on, à la seule inspection de la griffe d'un lion, qu'elles devaient être précisément la dimension et les proportions do tout l'animal. Il parait qu'il mit le premier en vigueur les grandes leçons de l'anatomie artis- tique, et qu'il se fit sur cette science des règles certaines qui le soutinrent dans tout le cours de ses travaux. Quant à l'optique de l'art, condition que Yitruve a distinguée particulièrement, il est évident que Phidias possédait sur ce point des données plus certaines que ces devanciers. Alcamène, son élève, fut chargé d'exécuter en concurrence avec lui une Minerve qui devait être placée sur une très-haute colonne» Mais quoiqu' Alcamène ait dft s'instruire dans les exemples de tous les statuaires qui araient déjà rempli la Grèce de grands monpmens, dans lesquels les règles de l'optique devaient avoir été con- sultées, Phidias l'emporta de beaucoup sur Alcamène. La statue de Phidias, quoique moins belle et moins agréa- ble de près , éclipsa au véritable point de vue celle de son concurrent et devint un chef-d'œuvre aussitôt qu'elle fut mise en place. C'est Tzetzès qui rapporte ce fait {Çhiliad. 8. HisUi^'S). Les grands fragmens de sculpture provenant du fronton du Parthénon sont remarquables par ces qualités optiques, et sans entrer ici dans des détails qui n'appartiendraient pas à mon plan, puisqu'ils concer-» neraient l'art de la sculpture, je dirai que l'on reconnaît les calculs que ce grand artiste avait suivis, en traitant soit le relief des Métopes éclairés du haut et en dehors, soit le relief des frises de l'intérieur éclairées par reflet. L'art du bas-relief est parfait dans ces modèles classiques que nous avons le bonheur de posséder, et les raisons de ces reliefs sont si savantes que, sans une haute instruction. Digitized by LjOOQ IC \ 336 BI8T0IBB DE LA PEIIITUBE. un élève ne pourrait pas en retirer tout le fruit qu'on en doit attendre. Je ne parlerai pas non plus de cet art qui tient aussi à Foptique, et par lequel Phidias rendait sen»- blés et savait toujours retrouver les points extrêmes pro- pres à déterminer et la grande silhouette de toute une figure et ses articulations principales, malgré et à travers les draperies et les accessoires. Enfin, ce furent de grandes découvertes sculpturales qui donnèrent tant de valeur à son école, ce furent ces axiomes techniques qui formè- rent les Agoracrite, les Alcamène, les Colotès, et tant d'autres artistes qui contribuèrent avec ce statuaire divin à illustrer le siècle de Périclès. Phidias changea donc entièrement la face de Fart, et, tout en conservant dans son école l'antique gravité et la haute décence des images, il les vivifia et obtint des figures plus animées, pour ainsi dire, sur le marbre et le bronze que sot la nature, et cela par une nouvelle force dans le langage plastique et par la puissance du sentiment des dessous , des plans et des formes. L'art acquit ainsi un perfectionnement qui excita l'admiration de toute la Grèce. Lors donc qu'on voulait caractériser un ouvrage d'un ordre supérieur, on l'appelait ouvrage à la Phidias {Si- gnum Phidiœ), et cette dénomination s'est conservée jusqu'à nous. Les Grecs ne trouvaient point de termes assez relevés pour exprimer leur admiration, quand ils parlaient du style de cet artiste célèbre ; ils lui comparaient celui de Thu- cydide, celui de Démosthène. La beauté mâle que repré- sentait Phidias était pleine de douceur, d'élégance et de grâce. Ingénieux et sublime, dit Pausanias, il imitait les grandes choses avec énergie, les petites avec naïveté. Son Digitized by Google STYLE DE l'art Blf GRiiGE. 4* PÉRIODE. SSy style, qa*il variait dans ses divers ouvrages» élalt, selon les anciens auteurs» magnifique et recherché tout à la fois. « Allons à Olympie» disait -on, voir l'ouvrage de > Phidias, puisque ('on compte au nombre des malheurs, » de mourir sans avoir vu les productions de ce grand » artiste {Aniani EpicU Lib. i. Cap, 6). — Le génie » du jeune Hortensius , selon Cicéron ( De claris Ora-- • toribus), ressemble à un ouvrage de Phidias, que l'on » admire aussitôt qu'on le voit. » Cet orateur dit encore (en Bruto) : « Je n'ai rien vu de plus parfait que les ou- » vrages de Phidias. — La beauté de son Jupiter olympien, » dit-il ailleurs, semble avoir ajouté quelque chose à la > religion des peuples, tant la majesté de l'ouvrage égale 9 celle du dieu. » Pline, en parlant de ce chef-d'œuvre, se sert de l'expression quem nemo œinulatur^ c'est-à- dire inimitable {Lib, 34* Cap. 8). Enfin, on osait avan- cer que Phidias avait eu Jupiter même pour approbateur. Suidas regardait Phidias et Zeuxis comme des artistes qui avaient travaillé d'inspiration. « Son amour pour la beauté » était porté au plus haut degré; il avait écrit ces mots sur » un doigt de son Jupiter : Pantarcès est beau {Arnob. » adv. genU). — Phidias, dit Quintilien (Liv. 12), réussit » mieux à représenter les dieux que les hommes. — C'est ■ surtout, scion Denys d'Halycarnasse {inlsocrate)^ dans > la gravité, dans la grandeur et la dignité que consistait » le mérite de l'art sous Phidias et sous Polyclète. > Dé- métrius dePhalère dit la même chose. N'en concluons pas que Phidias manqua d'exécution et d'adresse; nous avons déjà parlé de son, influence sur l'art de la toreutique. « Il • travaillait, dit Sénèque {EpistoL 8»5) , l'ivoire, le bronze, 1 le marbre et mcmc les matières înféricuri^s avec une TOME II. '^2 Digitized by Google 338 HISTOIBB DE tH PfiINTURB. » égale supériorité. > (Voyez aussi Philon Judœus de tèmulcntià, ete, etc.) L'école de-^hidias est donc l'école mère, l'école pure dans laquelle tous les artistes de la Grèce et de Rome allèrent puiser leurs leçons ; Phidias est le véritable fon- dateur de l'art. Quelle émulation dans ces tems heureux, quelle ardeur pour les savantes recherches, et combiea de secrets découverts ! Les lois de la statique et de la pou* dération, les calculs certains et vivifians de la géométrie furent discutés par des sculpteurs et des peintres phi* losophes, sous ces beaux portiques dont Périclcs venait d'embellir Athènes. On connut à la fin les véritables et les seuls moyens d'atteindre à l'expression, à la grâce et à la beauté. Tous les citoyens instruits apportaient leurs lumières à la masse qui devenait la propriété de tous. On interrogea les voyageurs et les savans qui avaient médité sur les arts lointains. On envoya de nouveaux voyageurs* On forma le serment de rendre l'art glorieux et durable autant que la patrie, et depuis le grand Périclès jusqu'au dernier citoyen, tous les Grecs renfermaient ce vœu sacré dans leur cœur. Et quand je dis les savans, je veux dire les géomètres, les mécaniciens, les anatomistes, les mé- decins, les opticiens qui s'associèrent aux moralistes et aux métaphiciens , en sorte qu'il résulta de leurs confé- rences et de leurs discussions un concours d'idées qui en élevant i'art le dirigeaient vers la perfection. Dans ces tems à jamais fameux, les statuaires et les pein* très furent unanimement assurés que de toutes les parties de l'art, celle qui tient le premier rang, celle qui sert de soutien à toutes le& autres et sans laquelle les autres ne sont rien, c'est la science du dessin. La partie mathéma- Digiti izedby Google STTL£ DB L*ABT EK GltkCB. — ^4* PÉBIODB. SSg tiquo du dessin a pu loog-tems être pratiquée seule et sans l'association de Tanatomie, tant qu'on n'en fit l'application qu'à l'architecture, par exemple» et aux productions qui ont pour premier principe la statique. Mais aussitôt que la représentation du corps humain devint l'objet des éludes d'artistes très-instruits, aussitôt que l'analomie fut consi- dérée éornm^ le second moyen du dessin, des hommes d'un génie supérieur posèrent les Téritables bases de la théorie de la statuaire et de la peinture, et sur ces bases élevèrent à l'envi des chefs-d'œruvre. Qui peut éluder ici une comparaison qui sourit à l'ima- gination excitée par ces belles questions, et qui n'est pas étonné à l'aspect de ce monument impérissable érigé par les Grecs à l'honneur de l'esprit humain ? Oui, je le vois, ce trône indestructible de l'art antique, du haut duquel la peinture dicte eiitore ses lois à l'univers Conibien de peuples concoururent à ses vastes fondcmeirs ! Il me semble voir l'Egypte prodiguer le basalte, le granit et le porphyre; l'Inde et la Perse apporter leurs pierres écla- tantes et leurs métaux précieux; l'Étrurie et la Campanie étaler ce que l'industrie peut imaginer et produire de plus ingénieux : mais, trop heureux Phidias, toi seul t'élevas sur ses bases inébranlables ce trône brillant que nous respectons encore ; ce fut toi qui gravas sur le marbre et le bronze le Code dacré qui, comme ta belle Minerve, devint le palladium de l'art. Non, tout l'or qui composait 1$ tunique divine de cette Minerve; tout l'or dont tn formas la Victoire qiie soutenait dans sa main le père des dieux assis dans son temple olympien ; l'ivoire éblouissant qui modelait les belles joues de la déesse, ne produisit jamais un aussi vif éclat Grand Phidias» ta Digitized by Google 54o illSTOIRR DB LA PEINTFRE. gloire n*a point péri , et même aujourd'hui nous t'offrons des couronnes Viens donc nous inspirer aussi, viens nous apprendre par quelle méthode» par quels secrets ton génie divin enfanta des merveilles. Cependant que nous est-il parvenu de tant d'ouvrages sortis du ciseau de cet artiste immortel ? L'enthousiasme des modernes pour l'art grec en a heureusement sauvé quelques débris» et les lumières des archéologues ont fait recueillir avec recherche jusqu'aux copies de ces che&- d'œuvre. Indiquons brièvement ici quelques-unes de ces richesses. On savait que le Parthénon» fameux temple de Minerve à Athènes , et qui subsiste encore aujourd'hui » avait été décoré de sculptures exécutées par les soins de Phidias» c'est4i-dire sous sa directioh. Déjà des voyageurs éclairés avaient rapporté en Europe et publié des dessins de ces célèbres monumens. Depuis l'an 1800» un amateur zélé avait même fait jouir les artistes de Paris de l'avantage inappréciable d'étudier» sur des empreintes moulées à Athènes» un certain nombre de bas-reliels provenant de ce temple. M. le comte de Ghoiseul-Gouflier avait de plus rapporté quelques fragmens originaux; entr 'autres un Métope et le bas-relief dit des Panathénées. Le musée de Paris les possède l'un et l'autre aujourd'hui. Mais de plus grandes leçons vinrent enfin éclairer les savans sur l'ex- cellence de l'art dirigé par Phidias. En 1816» lord Elgin, qui était parvenu à dépouiller le Parthénon de ses sculp- tures et à les conduire en Angleterre» les céda au gouver- nement britannique, qui les réunit dans le musée de Londres. J'ai indiqué dans le i"^ volume plusieurs écrits publiés à ce sujet. Qu'il me suffise de dire que cette im- Digitized by Google STYLC DE l'art KîI GRIsCE. — 4* PERIODE* 34t portante collection doit avoir de très -grandes consé- quences sons le rapport du bon goût et des véritables doctrines a^rtistiqnes dans toute l'Europe. Les eidpreintes des morceaux les plus importans sont déjà ^répandues dans diverses capitales. En France, l'art s'est ressenti pendant un certain tems de rheqreuse influence prove- nant de l'étude des bas -reliefs dont je viens de parler. Mais il faut le dire, cette influence fut blfimée depuis et semble redoutée aujourd'hui par des envieux qui, crai- gnant la comparaison de leur méchant goût et de leur pauvre dessin avec le goût si élevé, si beau, et le dessin si nerveux, si vrai de 1^ haute antiquité , dessin remar- quable dans ces empreintes où brille la fleur de l'art, ne cessent de répéter que de pareils modèles sont faits pour tarir le génie '. ' . Des caractères, nouveaux pour nous, sont à remarquer dans ces monumens dernièrement enlevés auParthénon et qui doivent être l'ouvrage de divers artistes, tous surveillés par Phidias. N'ayant pu examiner que quelques empreintes de cette précieuse collection, je ne communiquerai ici qu'un petit nombre d'observations. Je vais d'abord parler de la statue de Thésée (ou d'Hercule, comme l'appelle Yisconti). Elle est d'une grande dimension, les pieds et les avant-bras ont été perdus, et la tête est fort mutilée. Cette . statue est assise et appuyée sur le coude gauche. A la vue de ce chef-d'œuvre, on reconnaît aussitôt que Phidias avait réduit en une manière simple et généralisée ce que Myron et Galamis avaient recherché avec détails * Ces bas-reliefs, disposés à la saite les uns des autres, occupent une longueur de plus de deux cents pieds. Leur hauteur est de trois pieds trois pouces. Digitized by Google 34» HISTOIRE OB Lk PEINTURE. et sûrement avec quelque pdine. Combien est libre et fa-* cile sur cette statue le jeu de tous les membres I Comme les plans de ses formes sont accusés avec résolution ! Par quel savant artifice tout ce mouvement est* il si animé et si conforme à la structure naturelle ? Il est impossible do conduire Tart avec plus de savoir, plus d'énergie, plus d'enthousiasme et de retenue. Enfin l'art disparaît dans cet ouvrage; on oublie la matière, on ne voit que la nature et la vie. Aussi cette sculpture est -elle frappante au premier aspect et imposante à l'examen. C'est ce qu'en pensait Cicéron, lorsqu'il disait, en parlant d'un ouvrage quelconque de Phidias : « On l'applaudit aussitôt qu'on » le voit {Phidiœ ^iguum êimul adspectum etprobatum » est. Brut.. §• 64)* » Le torse du Belvédère, leLaocoon, comparé à celle figure, semble affecté et dénué de sim- plicité. Dans cette confrontation, le torse ressemble à un beau discours académique, et notre figure du Parthénon à une harangue de Démosthène. Je ne dois pas en dire davantage, car l'art n'est point encore complet dans cet ouvrage : la marche de l'artiste était sûre et rapide, mais il n'arriva pas jusqu'au but. Et ce qui me fait penser qu'en effet l'art en était resté du tems de Phidias à ce dernier degré qu'il fallait encore franchir, c'est que dans une autre admirable figure de ce même fronton, et que Visconti appelle le fleuve Uissus, l'artiste ayant cherché avec plus de soin l'expression des souplesses de la chair, n'a pu, malgré ses efforts et malgré ceux qu'il a fallu pour exécuter les figures d'enfans dont il me reste à parler, n'a pu, dis-je, parvenir à ce moelleux facile et vrai, à ces douces inflexions musculaires et si variées, à cette vie de l'épiderme et enfin à ce dessus corn* Digitized byGoOgfë STYLE DB L*ART EN GRkfiE. — 4* PERIODE. 543 plet dont nous ayons Tidée par les figures in style parfait de Praxitèle, de Lysippe et dos grands statuaices du beau siècle d'Alexandre. Que Michel-Ange fasse approcher de cette figure son Moïse prétendu terrible ou ses fortes statues de Florenee» il paraitra chai^ et sans ressort» il paraîtra lourd et bos^ selé. Aucune des statues même les plus vraies et les plus étudiées de cet illustre Florentin ne se soutiendra au- près de cette figure toute vivante. Il suffit même pour porter ce jugement de comparer quelques parties, telles que le col, par exemple, vu parderrière sur ce Moïse à $*-Pierre-ès-Iiens , et le derrière du col de notre figore qui tourne noblement la tête vers Tépaole. Je dis donc qoft cette sculpture impose tellement, qu^on ne pense plus en la voyant à rien demander è l'art. Cependant quel est Tartiste-un peu exercé qui n'exigerait pas que les deux pectoraux si excellemment placés et modelés selon leur mouvement, ofirissent là même excellence dans les dessus ? Le pectoral droit n'a point vers son renflement dans sa par- tie inférieure cette abondance charnue que (ait désirer^a plénitude de l'autre pectoral plus étendu. De même dans ce pectoral gauche alongé vers l'humérus qui le tire, on ne trouve point ce mouvement de la chair exprimé avec élasticité, avec vraisemblance , tel enfin qu'il est si bîén imité sur la belle figure du Nil exécutée cent ans plus tard dans l'école de Lysippe. , ' Uiie autre observation porte sur l'extrême vérité indi« viduelle qu'offrent une portion de dos, une main, un bras et d'autres fragmens de figures de jeunes garçons. On no peut pas, au sujet de ces morceaux, s'exprimer autrement qu'en disant que ces marbres semblent moulés et cstam-- Digitized by Google 544 niSTOIBE DE LA PEINTITRE. pés sur les individus pris pour modèles. Mais il faut dire plus : ils soni plus vrais que s'ils étaient ainsi moulés. Enfin, aucune figure antique que nous connaissions, soit le gla- diateur, soit la statue dite le Germanicus, soit la Vénus du capîtole, soit enfin le Mercure de Naples ou le tireur d'épine, n'approche de ce haut degré de vie et de naïveté. Quant à la plus belle tête de cheval de ce fronton, je dirai que celles des chevaux de Venise, comparées à celle- ci, paraissent engorgées, lourdes et sans feu. Sur le marbre grec, c'est l'espèce arabe qui respire et dont l'œil ét|ncelle. Si on lui compare encore immédiatement et sous le même jour la tête du cheval de Marc-Aurèle, on n'en croira à peine ses propres yeux. Cette tête, qui «ur la place du capitole, comme dans les ateliers même, fait admirer son exécution et son beau caractère, s'éteint aussitôt et de- vient sans vie dès qu'on l'approche à côté de ce marbre animé. Rien n'est instructif comme ces comparaisons, car ou il faut être sans chaleur, sans goût et sans amour pour l'art, ou il faut en présence de ces différences se rendre compte du pourquoi. La tête du capitole est donc froide et pesante. Dans celle du Parthénon au contraire on sent un air brûlant s'exhaler de ses naseaux, les oreilles sont vivement agitées, un sang exalté court en se ramifiant sous cette peau légère et tressaillante : l'agilité se fait sentir jusque sur son front. Enfin, on sent que l'animal jouit de l'instinct de sa force, de sa vélocité et de son fier courage. Mais quelles savantes recherches d'anatomie, de plastique et de pondération ! Quel artifice, qtiel génie dans la manière de rendre et d'exprimer ! Combien il est évident ici que c'est l'instruction qui a échaufl*é l'artiste ! Combien il est évident en voyant le bronze du capitole, que c'est le Digitized by Google STYLE DB l'art EN GnkCE. — 4* P&BIODE. 54^ manque de savoir qui a refroidi sou auteur ! Au reste, n'est- ce pas ce même savoir qui élevait Phidias lorsqu'il traitait les plus petits sujets. Martial admirait des poissons modelés par ce grand artiste. « Qu'on ajoute un peu d'eau» disait- > il, et ils nageront {Addcaquam, natabunt, Epigr. 55. Lib. 3.). 9 Enfin, pour bien sentir ces comparaisons, ces nuances de l'art, il fiiudrait d'abord opposer à ces fiimeux bas-reliefs les sculptures languissantes de l'arc de Septime-Sévère, puis les bas-reliefs de l'arc de Titus, et ceux de Marc- Aurèle placés aujourd'hui sur l'escalier du musée du Ca- pitole, il faudrait ensuite remonter par des confrontations successives jusqu'à l'époque que l'on veut étudier ici. Je ne dirai que peu de mots de . l'art surprenant avec lequel, sur ce fronton du Parthénon, certaines figures de femmes assises sont vêtues et drapées. Non-seulement lo savoir le plus profond et l'imagination la plus élevée ont composé et ajusté ces draperies, mais l'exécution en est d'une hardiesse, d'une liberté, d'une intrépidité et d'une dextérité vraiment étonnante ; ces draperies of&ent des modèles inconnus jusqu'ici dans ce genre. Il nous est facile maintenant de concevoir par induction le style et l'eiTet du Jupiter olympien. La composition nous en est à peu près conservée dans le Jupiter qui provient du palais Yérospi eX qu'on voit au Vatican, et aussi par quel- ques médailles. Ainsi, à cette noble composition que nous connaissons, nous devons ajouter la gravité, la magnifi- cence, le style élégant enfin, et l'espèce de symétrie de l'école anstère de Dipœnus et Scyllis; nous devons sup- poser une simplicité de formes et une grandeur de con- tours tout- à -fait appropriées au sujet, un mouvement Digitized by Google 346 BJLSTOIBB DE LA PEIKTURB. fin el noble à la fois, animé et d'une décence majestueuse; nous devons supposer les grâcea de la jeunesse dans les extrémitéflu sur les joues» les lè?res et sur toutes les autres parties» caractère de jeunesse que favorisait» non ce poli si souveot insignifiant du ciseau égyptien» mais la finesse des plans et l'austérité du ciseau vivifiant de Iblyclète. Enfin» nous devons supposer que ce chef-d'œuvre de Tari se faisait remarquer par un laconisme énergique qui de- vait saisir le spectateur» qui devait sembler agiter l'or et l'ivoire» et qui tenait en extase les peuples accourus k Olympie pour jouir de la présence du dieu '• La belle Minerve» dite la Pallas de Vel^étri (musée de Paris» n"" S lo)» est-elle copiée d'aprè& Phidias ? On peut le croire, bien qu'elle n'offre point précisément les caractères décrits par les auteurs qui ont cité les différentes Minerves produites par ce statuaire. Le buste colossal de la villa Albani semble en être une autre répétition. Le style de ces figures est admirable; mais elles ont été très-certaine- ' Eertyant plus poar riostmclion des artistes que pour les gens an monde, je prévois que ceux-ci seront fatigués de l'éloge fout tcchnîqoo que je fais de ces illustres raonumens. Plusieurs lecteurs Tondraient sana doute qu*un ne parlât de Phidias ou des grands artistes grecs que dans un tanga{>e exalté tout poétique, c*e&t-à-dire en fournissant des expressions qui •ont si fort de mode aujourd'hui : mais comme je ne m'attends pas 1^ ce qua mon ouvrage se trouve jamais dans les boudoirs ou entre lea maîns des aimables du jour, je ne courrai point après cette chaleur d'emprunt. D'ailleurs pourquoi tenterai.t-je une poésie dans le goût de ces exigeans ? Saves-vous quelle idée se font du Jupiter olympien ces beaux esprits à prétention» ces dédaigneux recherches, eesélégans qui se piquent d*un goét exquis ? Croyez- vous que réellement ils s'identifient avec les gracieuses et nobles pensées des Grecs ? Ils en sont bien loin, et vousseriex fort surpria de découvrir, si tous leur demandiez au sujet du Jupiter de Phidias leur réponse le crayon & la main, qu'ils ne se figurent rien de fort différent d'an grand tanboor- major po d'un lourd capucin. Digitized edby Google STTLB DB L*ART EN GBkCE. ^^ vkniODE. Hj ment copiées bien loDg-tems après cet illustre chef de l'école d'Athènes. La Pallas de Yellétri est un de ces mo- numens dont la grandeur et la majesté de style imposent tellement que, quand on le voit» la pensée se transporte aassitôt jusqu'au tems de Périclès. Faisons remarquer» au sujet des Minerves de Phidias» que celle de la citadelle dont on voyait l'aigrette, ainsi que la lance, du cap de Sunium» distant de cinq lieues d'A- thènes, était par conséquent différente de la nôtre, dont le casque est tout uni. Celle quii était placée dans une des cours du Parthénon et qui avait trente^sept pieds de haut, différait encore de la nôtre; car du milieu de son casque s'élevait un sphinx, et de chaque côté Phidias avait placé 'deux griffons (Paus. L. i. C. 24)- ^^ retrouve ce même casque sur une Minerve liygiéa, bas-relief admirable qui décore une des trois faces du piédestal d'un grand candé- labre au musée du Vatican. Je dis admirable, et j'ajoute qu'il le parait de plus en plus à mesure qu'on l'étudié. Une des preuves de la justesse de ce que j'avance ici, c'est la difficulté qu'éprouvent les artistes pour bien copier cette figure et pour lui conserver la même noblesse, la même grâce et cette finesse éloquente qui appartient si bien au style de Phidias. L'aigrette très -élevée dans la Minerve d'Aspasius, pierre gravée, nous fait encore voir ce même casque : je veux parler de celle figure gravée qu'on a faussement appelée Aspasie. Ces données sur le style de Phidias nous portent à croire que son style participait beaucoup du grand goût de décoration qui ennoblissait les très -anciennes statues de Minerve des Endœus, des Pipœnus et des Scyllis, statues conformes aux types consa* crés et desquels Phidias ne devait pas même oser s'éloigner. Digitized by Google 348 HISTOIBE DE LA PEIIVTURE. Cette conjecture serait fortifiée, si l'on admettait comme ouvrage incontestablement copié d'après lui la Minerve au colier (musée de Paris, n" 19s) , dont le travail et la disposition symétrique indiquent évidemment un style beaucoup plus antique que celui de notre belle Pallas do Vellétri. Cependant Phidias a dû varier ces Minerves non-sea- lement par fécondité de génie, mais aussi par le calcul que lui commandaient les caractères différens qu'il devait im- poser à ces diverses images. Notre Minerve représenterait donc la déesse des arts de paix. Son regard chaste et pé- nétrant, sa bouche où respire la sagesse, ses grandes joues calmes et qui indiquent la méditation, enfin cette magni- ficence et cette haute simplicité de costume n'expriment- elles pas à merveille toute cette pensée ? On attribuerait d'autant moins volontiers cet ouvrage au talent de Praxitèle ou de Lysippe, que ces artistes ne sont point cités pour avoir représenté cette déesse. Scopas seulement et Euphranor, parmi les très-habiles statuaires postérieurs à Phidias, en exécutèrent l'image. Mais Àlca- mène en fit deux, une à Thèbes, une autre à Athènes en concurrence avec Phidias par qui il fut vaincu. Agoracrile en exécuta aussi une en bronze à Coronée. Qu'importent au reste à nos études ces difficultés ? Oui, la Pallas de Vellétri est dans le style de Phidias. Un sta- tuaire très-habile fit cette belle copie; et telle qu'elle est, nous pouvons la considérer, sous le rapport de l'invention et de la donnée générale, comme un modèle de ce style qui sépare l'antique manière de celle du tems d'Alexandre. Mais si nous pouvions voir les Minerves mêmes de Phidias, combien celles-ci nous paraîtraient froides et travaillées Digitized by Google STTLB DE L*ABT EN GRkCB. — 4* P^BIODE. 349 de pratique» puisque les marbres du Parthénon nous met- tent sous les yeux la yrie, Tame et le mourement même de la nature ! ' Au reste, ces mêmes incertitudes feront long-tems le charme de cette étude des styles pour laquelle il suffit d'avoir de grandes données distinctes et bien établies. Combien de conjectures ne. peut-on pas former sur une foule de monumens dont le caractère ne semble pas ap* partenir à des styles d'école bien reconnus? N'est-il pas évident, par exemple, que les figures de la tour des vents, que certains bas-reliefs de Phigalie, etc. offrent un style d'une nuance fort particulière et dont il nous serait diffi- cile de classer, heureusement le caractère ? Mais parlons des deux principaux élèves de Phidias. Agoracrite était remarquable par sa beauté et par l'a- grément de sa personne, et il est à croire qu'on retrou- vait dans les productions de ce beau statuaire la noblesse et la grâce qu'il savait mettre dans ses manières. Phidias, qui le chérissait, fit passer plusieurs ouvrages de cet illus- tre élève pour les siens propres. Pline dit ( L. 36. C. S) , au sujet de k Vénus Némésis d' Agoracrite, que Marcus Yar- ron lui donnait la préférence sur toutes les autres statues {Omnibus signis prœtulit). Selon M. Heyne, il créa peut- être le type de Cibèle. * On a cro reconnaître que quelques parties de la Pallas de VelUtri avaient ëi^ colore'es en rouge ; mais on ne doit point regarder cette par« tîcularité comme an indice certain de haute antiquité. En effet, on a pu «mployer ce moyen- pour des copies exécutées très-long-tems après les an- ciens originaux qu'on a voulu remplacer et dont on aura cru devoir répéter aussi la couleur anciennement révérée. Il paraît au reste qu'on a aperçu des traces de couleur rouge sur des statues reprcsculant des personnages romains du tems même des Antonins. Digitized by Google 35o mrroiRB db la PEtNTimB. Quant & Alcamèoe, il semble queDenys d'HalyceRiiasse Tassimile en quelque âorte à Phidias. On trouve ce rap- prochement dans la comparaison que fait cet écrivain entre le style de Démosthène et les ouvrages de Phidias. La Vénus d'Alcamène, son Amour qu'on voyait à Tbes- pies, ses centaures» ses statues d'or et d'ivoire admirées à Athènes» son Yalcain» etc. étaient sans doute brillans de grâce et remarquables par leur caractère» II paraît qu'on regardait Alcamène comme un de^ plus grands sta- tuaires apr^s Phidias. Son Pentathle en bronze fut sur- nommé Encrinaménos 9 ce qui veut dire généralement approuvé. Suivant M. Heyne» Alcamène aurait eu la gloire de créer l'image archétype de Mars» ainsi que celle de Yul- cain dont il représenta la pose arec tant d'art et de finesse. Une réflexion de Pausanias terminera ce que je Tonlais dire sur Alcamène» c'est qu'à Athènes» où tant d'ouvrages admirables attiraient les regards» on ne se lassait jpoint de contempler la beauté de sa Venus qu'on appelait Vénus aux Jardins, à cause du (Cartier où elle se trouvait. On remarquait surtout la belle forme fl^ son sein et toute la partie antérieure du corps» ainsi que la grâce et les char- mes de la main dont les doigts se terminaient avec élé- gance (V. Lucien t dialogue des portraits). Aussi les en- vieux disaient-ils que Phidias avait retouché cette figure. (V. sur Alcamène j Cicéronet Valère^Maxime,) On cite encore comme élèves de Phidias» Golotès et Théocosme. Colotès travailla au Jupiter olympien. L'Es- culape d'ivoire qu'il avait fait pour les Éléens, était uù ou- vrage admirable» selon Strabon. Théocosme travailla aussi avec Phidias à un Jupiter qui resta imparfait à Mégare. Digitized by Google 8TTLE DE 4«*ART Elf GRàCE. — 4* P^BIODE. S5l Je crois que c'est dans ce même iems que fut exécuté l'original d'un groupe superbe dont nous avons retrouvé plusieurs copies, je veux parler du sujet représentant Ménélas emportant le corps de Patrocle. La beauté de ces copies atteste la célébrité du commun original dont néanmoins nous ne trouvons pas l'indication dans les écrivains. Il me semble que ce groupe a dû être l'ouvrage de quelque fameux statuaire venu immédiatement après Phidias. Le peu de calcul qui se trouve dans la disposition de cette sculpture parait le prouver. Quant à la manière large et moelleuse dont sont traitées quelques-unes de ces copies faites beaucoup plus tard, cela ne doit point nous iaire prendre le change, c'est-à*dlre qu'elles ne sont pas toutes exécutées dans la manière probablement très^ austère et très-vive de l'original. Une simplicité, une grandeur, une naïveté bien remar^ quable, et de plus une forte expression des caractères, tout cela rappelle dans ces morceaux trop peu connus de nos artistes Icstyle héroïque, et je pouricais dire homérique, des antiques écoles grecques, en sorte que la donnée de cet ouvrage presque colossal fait remonter l'imagination aux tems fameux oh la grandeur primitive s'alliait à la vérité et à la correction : union bien précieuse que ces maîtres grands et sévères, et Phidias surtout, surent (ef- fectuer dans leur art : époque mémorable où l'on vit la sculpture et k peinture s'agrandir et se fortifier mutuel- lement, et où apparurent de nobles images toutes vivantes et des statues rivales des héros. Le court examen que nous allons faire des répétitions antiq^ies de ce monument va prouver de nouveau que» si quelquefois l'étude des styles n'est fondée que sur des Digitized by Google 552 niSTOIRB DB LA PEINTURE. conjectures, il n'en est pas moins yrai que cette étude ouvre la porte de la théorie, fixe les idées sur des points artistiques très-importans et nous fait sortir de cette lan- gueur Tolontaire où une admiration peu raisonnée nous laisse en présence d'un nombre infini d'antiques , qui toutes, selon leurs différences, doivent cependant nous rapporter quelque fi'uit. II existe cinq à six répétitions ou fragmens de répéti- tions antiques du groupe de Ménélas ; peut-être en exlste- t*il un plus grand nombre encore çà et là , que l'on n'a pas signalés. Le plus beau de tous est le fragment qui est à Rome et qu'on désigne sous le nom de Pasquino '. Après celui-ci, on remarque à Florence deux groupes entiers et assez bien conservés : l'un se voit au palais Pitti, l'autre sur le Ponte -Vecchio. C'est, je crois, sur une troisième copie antique que M. Giraud a iait mouler la précieuse empreinte qu'il possède à Paris et à laquelle il a réuni des jambes moulées sur celles que l'on conserve au mu- sée du Vatican avec d'autres fragmens de ce même grou- pe, fragmens parmi lesquels se voient les épaules de Pa- trocle avec la blessure qu'Euphorbe lui avait faite : on y conserve aussi la tête de Ménélas. Ces fragmens furent trouvés de nos jours à la villa Adriana à Tivoli. M. Giraud possède en outre l'empreinte du bras droit de Ménélas, bras provenant d'une autre copie ; il conserve aussi un pied de Patrocle appartenant à une autre répétition an- tique. La réunion. et la comparaison de ces divers fragmens ' Ce Pasquino est iin torse fort mutile qu*on a placé au coin d*iine rae, et soas lequel on laisse ptacar<1er des sat jrcs ou des notes piquantes, qu*on appelle Pasquinate, Digitized by Google 6TYLB DE l'aBT Elf GrIsCE. — 4* PKBIODE. 353 seraient sans doute bien instructives ; mais dans cet écrit je ne puis qu'indiquer certains rapprochemens. Le groupe conserTé ches M.Giraud, groupe parfaitement 'moulé, mal- gré sa grande dimension» donne selon moi au premier abord l'idée qu'il a été exécuté par un copiste fort posté- rieur à l'époque ob fut produit l'originaL Cependant une certaine retenue ' arrête dans ces critiques : c'est ainsi qu'en présence de l'Apollon du Belvédère, on tremble de dire qu'il n'est qu'une copie, on pourrait même dire celle d'un statuaire dégénéré, et qu'il ne perpétue point la pureté et la naïveté attique du modèle archétype. En ef- fet, après quelque tems d'examen, ces copies deviennent moins imposantes, et tout en excitant notre admiration et nos regrets pour les vrais originaux perdus, elles nous laissent libres à la fin dans l'analyse qu'il nous importe d'en faire. Ce fut donc avec raison que je crus trouver dans l'exécution de l'admirable groupe en question une certaine facilité un peu insouciante et une certaine exa- gération froide qui n'a pas dû appartenir à la haute scien- ce que font supposer dans l'original la donnée et le mou- vement général du groupe et de ses grandes parties. Je pensai que ces plans, qui devaient avoir été si savans, si fidèlement et si laconiquement répétés d'après nature, avaient sûrement perdu dans cette copie beaucoup de leur chaleur et de leur expression animée. Enfin, je re- connus le très-habile praticien et le sage statuaire, mais non le rival hardi de la nature, qui semble souffler la vie sur ses images en usant habilement des secrets de la mé- canique et de l'anatomie, et en écrivant avec les termes les plus propres et les plus précis. Certains passages même me parurent factices et plus téméraires que vrais, piu9 TOME II. ^3 Digitized by Google S54 niSTOIHE DB LA PEINTUBB. hasardés que libres et ressentis. Cependant ces regrets me semblèrent un peu vagues» mes idées sur la perfection un peu exaltées, et il n'y avait que quelque répétition meil- leure du même groupe qui eût pu me satisfaire et justifier Tespèce de retenue que j imposais à mon admiration. Ce fut d*abord Tempreinte du bras moulé sur le Pasquino qui dissipa une partie de mes doutes; puis un pied de la figure de Patrocle Gxa mes préférences. Ce pied est plus ▼rai, plus savant, plus naïf et plus délicatement exprimé que tous les autres; et dans le Pasquino, le bras, le pecto- ral, la main et le pouce de la main, sont plus vrais» sont traités par plans plus sayans et plus animés que ces me* mes parties dans le groupe entier qui, selon moi, laissait beaucoup à désirer. Dans ces fragmens, point de vain luxe d'outil, point de ciseau routinier et conventionnel; c'est vraiment l'imitation de la jiature par des moyens simples et puissans. Cependant je suis convaincu que dans l'origi* nal même ces moyens étaient encore plus simples et en- core plus conformes à l'art : nous possédons quelques fragmens grecs qui, par leur caractère et leur travail an- tique, peuvent nous en donner la preuve. Maïs, me dira-t-on, c'est peut-être le contre -pied de TOtre opinion qu'il conviendrait d'adopter, et l'ouvrage original a peut-être été composé sous les Antonins par un statuaire qui aura voulu ressaisir l'ancien style; en sorte que celte particularité où toute autre aura |ait répéter firéquemment ce morceau célèbre. Que l'on sache bien, répondrai-je , qu'on peu renouveler en efiet l'aspect de l'ancien style, sa simplicité et même une certaine austé- rité qui rappelle les hautes écoles : c'est ainsi que peut* être on nous fera encore des pastiches de Léonard de Vinci Digitized by Google STTLR DE l'aBT EN GBkCE. — 4* PERIODE. 555 OU de Masaccio; cependant, oatre que Texécution moderne trahit presque toujours Touvrage, le sentiment vrai, éner- gique et naturel n'y domino jamais. Ces tours heureux sai- sis avec justesse; ces riens offerts par le modèle» et qui. sous une main peu habile» sont négligés et même aban- donnés, mais qui, «ous un ciseau savant, deviennent des expressions pleines de caractère et de propriété ; ce goût d'ajustement, de coiffure, de draperie, qu'on peut singer et non pas égaler, parce qu'il faut le trouver dans la nature, quoiqu'on prétende le répéter de souvenir; toutes ces choses, dis-je, font reconnaître aisément les procédés et les goûts d'imitation suivis à certaines époques chez le» Rojnains": goùts et travail qui percent, malgré les précau- tions et les efforts des artistes pour s'en affranchir. Ces artistes sont louables, il est vrai, de puiser ainsi aux sour- ces pures de l'antiquité;* mais, quel que soit leur mérite, on distingue toujours l'époque où ils ont voulu en vain lutter avec les modèles des, hauts tems de l'art. Pour en revenir à notre groupe, je répète qu'il est à regretter que les élèves le connaissent si peu. Quelle vé- rité, quelle robuste jeunesse dans ce beau corps de Pa- trocle que la mort vient de frapper ! Comme le roi de Sparte est noble dans cette attitude vigoureuse ! Son bras droit, qui soulève Patrocle, fait tressaillir le spectateur; sa tête est martiale. On entend sa voix sonore, et l'ardeur des combats anime tout ce sujet. Non, Homère lui-mémo n'a pas mieux peint les héros. Je ne puis taire ici l'opinion de Cochin au sujet de ce morceau fameux. Le même critique, qui trouva pitoya- bles les peintures d'Herculanum, a pensé et a dit que le groupe de Ménélas du Ponte-Vecchio de Florence est un Digitized by Google 556 HISTOIRE DE LÀ PEINTURE. oiiTrage moderne : et» comme on ne doit pas rester en si beau chemin lorsqu'on n'a à craindre que le blâme des savans à venir, il a ajouté arec la même impertinente sécurité que ce morceau est de la main de Jean de Bou- logne. Or» ce qu'il y a de restauration moderne dans ce groupe n'est même pas de ce sculpteur» mais bien de Lu- doTico Salvetti. Qu'on soit insensible aux beautés d'une sculpture grecque» cela peut se concevoir : mais qu'on ait l'impudeur de trancher sur des questions qui ne peu- vent être traitées qu'à l'aide d'un long et savant lexamen, et qui intéressent autant le goftt public» c'est ce qu'on ne peut que difficilement tolérer. Mais parlons de quelques peintres de cet âge. Panœnus était frère de Phidias qui faisait grand cas de ses conseils. Strabon (liv. 8) nous dit que Panœnus partagea les tra- vaux de Phidias dans la confection de son Jupiter» surtout quant à l'effet coloré des draperies. On assure même que Phidias ne fit cette fameuse, statue qu'après avoir con- sulté Panœnus sur la disposition qu'il devait lui donner. Voici la matière d'une digression particulière sur l'in- fluence qu'a pu avoir eue dès ce tems la peinture sur la sculpture. Phidias se serait-il servi de Panœnus» comme Praxitèle se servit plus tard de Nicias» pour colorer ou vernir ses statues? Ou bien les calculs d'optique que Pa- nœnus avait étudiés comme peintre,déterminèrent-ils cette déférence de Phidias pour les conseils de son frère ? On peut répondre qu'il est très- vraisemblable quef les conseils d'un peintre tel que Panœnus» furent d'un grand secours 2i Phidias» de même que ceux de Parrhasius le furent aux statuaires qui observèrent et étudièrent ses peintures. Cette donnée est un point d'appui qui dès à présent nous Digitized by Google STTLE DB L^BT BIV GBkCE. — 4* PÊBIODB. 357 sert pour asseoir notre opinion au sujet de l'influence qu'Apelle et quelques-uns de ses devanciers exercèrent sur la statuaire du tems d* Alexandre. On ne peut mettre en doute que le même style et la même science de dessin possédée par Phidias caractéri- sèrent les peintures de Panœnus, dont la réputation» quoique beaucoup inférieure à celle de son frère, était néanmoins fort considérable. Voici quelques sujets peints par Panœnus et qui semblent nous avoir été transmis par les ouvrages ultérieurs, de la sculpture : i^ Hercule sup-. portant le ciel et la terre. Si les atlas antiques que nous connaissons sont imités de cette peinture de Panœnus, nous devons croire qu'il possédait bien l'art des raccour- cis et de la perspective, car cette figure ne peut-être ren- due vraie en peinture sans ces moyens. 2^ Gassandre, après l'injure qu'elle reçoit d'Ajax. Plusieurs pierres antiques nous retracent cette composition. 3^ Penthésilée rendant le dernier soupir dans les bras d'Achille. Tout le monde connatt la fameuse pierre gravée qui semble représenter ce sujet et qui, en effet, parait avoir été fournie par une peinture, vu la ressource du peintre pour dissimuler par lo coloris et par l'effet des masses de draperies, certaines %nes croisées trop tranchantes et peu agréables dans ce groupe expressif. Winckelmann a publié le premier celte pierre et veut qu'elle représente Thésée après avoir tué Phœa ou Phaya. Dans tous les cas, et sans rechercher s'il est vraisemblable que cette antique soit une copie du sujet peint par Panœnus, je la considère comme très-propre à noas donner une idée du style de cet artiste. On voit la gravure d'une autre cornaline pareille dans la Description despierresdacabinetdeStoseb,p.339. 4^ EnfinJe combat Digitized by Google 558 niSTOIRB DE LA PEII^TtRE. des Athénîeni contre les Amazones. Si certaines compo- sitions que nous avons de ce sujet, soit sur des pierres gravées, soit sur des bas-reliefs, et entr'autres celle d'ua superbe sarcophage en marbre gris du musée de Vienne» sont des imitations de Panœnus, nous ne saurions douter de la beauté et de la force de ses conceptions pittoresques. Panœnus obtint un grand succès dans son tableau du Pœcile où il représenta la bataille de Marathon ; les Athé- niens y croyaient reconnaître le\iYs propres chefs et ceux des ennemis^: du côté des Grecs, Miitiade, Callimaque, Cynégire; et du côté des Perses, Datys et Artapherne. Si Ton objectait que le talent de saisir les ressemblances n'il- lustre pas toujours un artiste, il faudrait faire observer que c'étaient les mœurs de ces capitaines que Panoraus avait su rendre reconnaissables. Cependant, malgré tout son mérite, il fut vaincu aux jeux pythiens par Timagoras de Chalcis avec qui il concourut (Pline. L, 55. Ch. 9,). Il faut croire que ce Panœnus était fort instruit aussi sur le matériel de l'art : il fit en Élide, àh encore IHme (L. 36. Ch. 23.), un enduit ou tectorium, dans le temple de Minerve, et cet enduit était composé de lait et de safran; ce qui se reconnaît encore aujourd'hui, ajoute-t-il, car si l'on frotte cet enduit avec le pouce humecté de salive, on obtient bientôt le goût et l'odeur du safran. Il parait que c'est Polygnote qui fit réellement faire un grand pas à l'art de la peinture; il l'emportait évidemment sur Micon et sur Aglaophon. Quoique ^olygnote ne connût pas tous les artifices du coloris, quoiqu'il eût conservé la pratique antique d'inscrire le nom des personnages auprès des figures, quoique la composition de ses tableaux de Delphes où il avait épuisé tout son art, comme dit Syné- Digitized by Google STYLE DE l'aBT EN GR^CE. 4' PERIODE. Sdg sitts {Epist 35.)» et où il avait représenté la prise de Troie au moment du départ des Grées» ainsi que la descente d'Ulysse aux enfers» quoique ces compositions» dis-je» pa- raissent» d'après la longue description de Pausanias» avoir été disposées sans liaison et sans ensemble» ce qui a for- tement choqué certains écrivains modernes» dont la cri- tique à cet égard n'affaiblit cependant en rien le mérite de ces tableaux» malgré même le blâme do Quintillen que nous allons citer» on peut assurer que le talent de Pély- gnotc dans la partie du dessin et de l'expression des carac- tères ou des mœurs était très-grand et très-remarquable. Voici cette critique : « On tient» par exemple» que les premiers peintres ce- t lèbres qui aient été» et dont les ouvrages soient recom- > mandables . pour autre chose que pour leur antiquité» > sont Polygnote et Âglaophon» dont le coloris tout simple > et nullement varié plaît encore tellement à quelques-uns » que» charmés de ces ébauches imparfaites» pour no pas • dire grossières» et qui» à le bien prendre» sont les com- t mencemens d'un art naissant» ou» si l'on veut» des pré- » sages de sa grandeur future» ils les préfèrent aux ouvrages ji des plus grands maîtres» sans raison pourtant» selon moi» 9 et seulement pour faire croire qu'ils s'y connaissent... » (Instit. Orat. Lib. is. Cap. lo.) Rien en effet n'était plus propre à provoquer la critique que cette prétention des &ux connaisseurs de placer Apelle ou Protogène au-dessous de Polygnote; mais remarquons en même tems comment Quintilien s'explique : « Les pre* » miers peintres célèbres» dit-il, dont les ouvrages soient » recommandables pour autre chose que pour leur anti- » quité, sont Polyguole^ et Aglaophon. ...» Ils étaient donc Digitized by Google 56o HISTOIAE DE LA ]?£lKTi;n£. recommandables par de véritables qualités, et peut-être cpe si Quintilien eût aussi bien connu la théorie de la peinture que celle de l'art oratoire il eût» comme Aristote, recom- mandé aux jeunes artistes l'étude des peintures de Poly- gnote. « Il faut, dit ce fameux théoriste [Politic. L.8. C. 5), » que les jeunes gens qui se destinent soit à la sculpture, > soit à la peinture, étudient autant avec leurs yeux qu'avec » leur esprit les ouvrages de Pauson et de Polygnote. » Ailleurs il s'explique ainsi sur la qualité dominante de ce dernier : « Polygnote excelle dans la représentation des > mœurs. » Or, comment concevoir cette expression des mœurs, sans la qualité du dessin? Il faut.remarquer qiirA- ristote était plus voisin du tems de Polygnote que Quin- tilien, et qu'il habitait la ville même où étaient la plupart des ouvrages de ce peintre. Ces mots de Quintilien, qui écrivait dans le tems oii le goût romain dominait les arts, ne rappellent-ils pas les expressions des écrivains contem- porains de nos Guido-Reni et de nos Guercino? Ces ad- mirateurs exclusifs de la manière moderne des élèves des Carracci n'accordaient qu'avec peine quelque mérite aux vives peintures des écoles primitives de Perrugino, de Masaccîo et des peintres antérieurs. On appelait aussi alors les ouvrages de ces derniers des ébauches imparfaites et grossières, et cela parce qu'elles étaient dépourvues de ce moelleux, de cette douceur dont on a si souvent abusé, et dont on fit parade au préjudice de la sévérité, de la naïveté et de cette correction puissante qui, dans tous les tems, est vl'ame et la vie de l'art. Au reste Quintilien appelle ces an- ciennes peintures les présages de la gloire future de l'art ; un tel hommage n'a jamais été rendu par les critiques mo- dernes aux artistes primitifs du i&^ siècle. Digitized by Google STYLE DE l'art EN GBkCE. — 4* PERIODE. 36 1, Denys d'Halycarnasse {DeDetnosthenisacwninecicvù) range Polygnote au nombre des artistes les plus estimés. Voici comment il s'exprime ailleurs sur le mérite des an- ciennes productions de l'art, probablement de ce tems : I Je citerai quelques tableaux, dit-il (Art. 4- sur Isée) , pour » faire connaître d'une manière plus sensible la différence » qui se trouve entre ces artistes. Les anciens ouvrages de » ce genre, quoique d'une seule couleur, sont, cependant » bien dessinés et paraissent très-agréables. Les tableaux > qui ont été faits dans la suite, sont d'un dessin, moins » pur, mais on y remarque beaucoup plus d'art et d'effet » dans le jeu des lumières et des ombres ; c'est de là qu'ils 9 tirent leur mérite. Lysias, fameux rhéteur, ressemble à » un ancien tableau, par sa simplicité et les agrémens de » son style ; Isée, au contraire, peut être comparé à ces > tableaux qui sont plus travaillés , et où l'on voit plus > d'art. » La force et la puissance du dessin étaient donc senties, reconnues et appréciées par presque tous les hoinmes de génie de l'antiquité. Écoutons Cicéron ( De claris Oratoribus) : t Dans » Zeuxis , Polygnote, Timanthc, et dans les peintres qui » ne se servaient que de quatre couleurs, nous louons les » formes et le dessin, etc.. • » Philostrate, dont le jugement doit aussi faire loi, écrivait {De vità ApoUiniL Lib. ii. Cap. 9) : a Les tableaux de Zeuxis, de Polygnote et d'Eu- » phranor, sont remarquables par la vie, la consistance et 9 le relief qu'ils ont su donner à leurs peintures. » On sait que Polygnote était statuaire, et quand même Pline et l'Anthologie ne nous l'apprendraient pas, nous devrions le conjecturer. Pour peindre les mœurs , il faut être consommé dans le dessin* Ce n'est pas une expression Digitized by Google 368 . HlSTOinB DB LA PEIIITUBB. Tague» une certaine physionomie agitée dans les person- nages, ce ne sont pas des émotions incertaines et des gestes imaginaires, quoiqu'animés, qui peuvent servir à bien re- présenter les mœurs ; c'est dans la nature qu'il faut les trouver et les prendre, mais les prendre en entier, les ea<- lever, les transporter sur le tableau ; c'est la science des lignes, des plans, des formes ; c'est l'art du statuaire enfin qui devient, après la philosophie, le principal guide du peintre. Il faut prévenir ici l'objection que feront avec plaisir les personnes offensées des louanges qu'elles entendent donner aux anciens. L'expression dans les tableaux de Polygnote, diront-elles, était bien peu de chose, puisque Pline nous dit positivement que Parrhasius fut le premier qui mit de l'expression dans ses tableaux, et le premier qui rendit les finesses du visage. Mais ces ennemis des anciens n'ont pas compris qu'Âristote entendaij; par le mot éthos les mœurs; ce qui n'est point encore, il est vrai, l'expres- sion des mœurs mises en action, ou ce que les anciens appelaient perturbationes les passions. Or, pour bien rendre ces mœurs seulement, il faut avoir déjà acquis des qualités dont ne manquent que trop souvent les modernes qui prétendent à l'imitation des perturbations sans savoir exprimer même les mœurs ou les caractères. Polygnote .voulut représenter dans un de ses tableaux du Pœcile, Laodice, une des Troades, et il choisit pour modèle la sœur de Cimon ; on la nommait £lpinice. Il est à croire que Polygnote, le peintre des mœurs, ne fit pas ce choix sans un motif de convenance ; il fallait que cette Elpinice eût un caractère convenable à sou sujet. Or, comme on reconnaissait la ressemblance de la sœur Digitized by Google STYLE DB L*ABT EN GB^CB. — /^^ PihlODE. 565 de Cimon, sous les traits de Laodice, j'en conclue que Polygnote avait très-bien représenté les mœurs» car Plu- tarque ne nous- eût pas conservé ce fait {in Cinumis vità) uniquement pour nous dire que Polygnote avait fait ce modèle ressemblant; c'eût été un bien faible mérite : il fallait donc que ce f&t un éloge. Quintilien* dit du coloris de Polygnote , qu'il est tout simple, n'étant nullement varié. Je remarquerai d'abord que ce coloris tout simple devait ne point .repousser et qu'il n'offrait probablement point toutes ces teintes à pré- tention, si communes parmi les modernes et dont l'effet tend beaucoup moins à la naïveté d'aspect qu'au factice et à la recherche. Porygnote cependant par le moyen du coloris avait fortifié l'expression de l'infortunée Cas- sandre, qu'il avait représentée à l'instant où elle venait d'être outragée par Ajax. On voyait, disent les historiens» la rougeur sur le front de cette princesse, à travers le voile dont elle se cachait la tête, ce que nous avons déjà eu occasion de citer. Peindre avec succès cette rougeur pudibonde» n'est point un triomphe aussi vulgaire qu*on le pense, car le plus ou le moins produit aisément dans ce cas ou un contre-sens grossier ou un effet choquant. Or \e peintre des mœurs ne devait pas être si ignorant dans le coloris, puisqu^il atteignit le degré d'expression qu'il se proposait de rendre dans sa peinture. Âristote dit de Polygnote {Cap. 5. de PœticA) qu'il peignait les hommes mieux qu'ils ne sont. /Elien, dans un passage que nous allons citer à l'article de Denys de Colophon, semble faire un grand éloge de Polygnote. Ce passage, qui s'applique au talent de ce peintre, quant K l'expression des mœurs et des caractères, fortifie l'idée que Digitized by Google 364 BISTOIRE DE LA PEINTURE- nous en donne Aristote; 0 s'applique même à l'excellence de Polygnote dans Fart des draperies. Synésius nous ap* prend (£pt>^. i55) qu'un proconsul romain ne put résister à l'envie d'enlever de très-belles peintures de ce maître. Polygnote dessinait très-bien les animaux» et cela de- vait être le résultat de sa science dans l'art de rendre les lignes, les plans et les mouvemens de la nature. Il avait peint un âne et un lièvre qui devaient être d'une rare per- fection, puisque plusieurs auteurs en ont parlé avec éloges malgré le peu de beauté du sujet. On lui attribue aussi un cheval peint dans le Pœcile, et le chien de Marathon représenté à côté de son maître dans le tableau du com- bat de Marathon. iElien a dit cependant {deAnimalibus. L. 7. C. a8) que ce chien était peint par Micon. On sait que ce grand artiste refusa d'être payé de ses peintures du Pœclle. Les Amphictyons, qui étaient les états-généraux de la Grèce, ordonnèrent, pour répondre à sa générosité, qu'il aurait partout son logement gratuit. (Pline. Liv. 35. Ch. 9.) Pausanias, dans sa Description de la descente d'Ulysse aux enfers par Polygnote, nous dit : « Plus haut, on » voit Marsyas assis sur une pierre t un jeune enfant est » auprès qui apprend à jouer de la flùte : c'est Olym- » pus I Dans une peinture déterrée à Résina en 173g et gravée dans le tome 1*' des peintures d'Herculanum, planche 9 , on trouve Icu même sujet représenté ; on le trouve aussi dans une autre peinture déterrée à CivHa en 1 760 et gravée dans le 3* volume du même recueil. Je croirais plutôt que c'est cette dernière qui pourrait être la copie de l'ouvrage de Polygnote. L'action en est vrai^, et il y règne une ingénuité prise sur la nature. La disposition Digitized by Google 8TTLB DE l'aRT EN GRÈCE. — 4* PERIODE* 565 n'en est pas très-agréable, et ce caractère fortifierait ma conjecture» puisque la partie de la disposition qui tient aux calculs attrayans de l'optique, n'a été véritablement déterminée et généralement connue, dans la peinture sur* tout,qu'aprèsParrhasiusetZeuxisou vers le temsd'Apelle. Cette même considération m'a fait regarder le beau groupe de la galerie de Florence, représentant Pan et Olympe, comme étant d'une époque très-postérieure à Polygnote. J'en parlerai h l'article d'Héliodore. ' Dans ce même tems fleurit Apollodore d'Athènes. Ce peintre fit faire de grands progrès à Vkti. Il fut inventeur et éclaircit la théorie de l'optique pittoresque. De son vivant même des hommes habiles profitèrent de ses dé- couvertes et il en conçut un vif chagrin. Zeuxis surtout l'avait éclipsé. Apollodore exhala sa douleur par des vers dans lesquels il convient de la supériorité de son rival. « J'avais trouvé, dit-il, pour la distribution des ombres » des secrets inconnus jusqu'à moi; on me les a ravis I > L*art est entre les mains de Zeuxis. » Il avait en efiet écrit un traité sur les règles de son art et était parvenu à des découvertes dont Zeuxis sut aussitôt tirer avantage. Pline parle d' Apollodore avec enthousiasme, et ajoute même, peut-être au figuré, qu'on lisait sur ses ouvra- ges : Il sera plus facile de les critiquer que de les imiter. Ses plus fameux tableaux étaient un prêtre en prière de- vant une idole et un Ajax frappé de la foudre : ces ou* vrages étaient très -admirés. Plutarque dit que c'est ce peintre qui a inventé la fonte des couleurs et le véritable caractère des ombres. Suivant Pline, il montra plus d'art dans le maniement du pinceau que Polygnote. D'autres veulent qu'avant lui on n'eût point encore exécuté de Digitized by Google 566 niSTOIBB DE LA PBUfTUftC. ^ peinture au pinceau ; mais je pense qu'on ne doit rien affirmer sur un point qui parait si douteux* ÂpoIIodore était très-fier de ses succès et se regardait comme le prince des peintres. Il est évident que c'est ce qu'il ajouta au clair*obscur et peut-être au coloris qui le rendit aussi glorieux, car ce ne peut être par les carac* tères ni par le dessin qu'il se distingua de ses devanciers» puisqu'on ne le vante point sous ce rapport, mais'par le pittoresque des masses et par ce qu'on appelle l'effet et l'harmonie. Le grand enthousiasme de Pline pour ce peintre, prouve combien le charme du clair -obscur a d'empire sur tous les admirateurs des tableaux. Pline dit d'ApoUodore : itNeque anteeum tabula uUius ostenditur • qwBteneat oculos. Arant lui on n'avait encore vu aucun » tableau capable de retenir la vue (L. 35. G. 9.). » Cette expression de Pline n'a pas besoin de commentaire. Qu'on ne croie point Ici que ces peintres, après avoir découvert les principes du clair-obscur, aient abandonné pour cela le dessin, et que, comme tant d'élèves de Rubens, ils n'aient plus tu dans la peinture que des teintes et des effets de clair-obscur. On peut recueillir certains éloges servant à expliquer quelle fut en ce point, comme en tous les autres, la marche régulière de l'art antique. Enfm ne perdons jamais de vue l'influence que dut avoir la parfaite imitation des formes sculptées, sur Fart de les représenter avec le pinceau. A ce sujet, on peut citer Stratonicus, statuaire de cette époque. II avait représenté en bronze un satyre endormi. Cet ouvrage était si vrai qu'on le vantait de mille manières. « C'est le statuaire qui l'a en-^ » dormi, disait-on; pousse -le, tu l'éveilleras. {Anthot, » L. 4« C. 12.) — Ce satyre n'est pas l'ouvrage de Strate- Digitized by Google STYLE DB l'ABT- EN GRkCE. — 4* PÉRIOBE. SCy » nicus. L'attîste Ta pris tout endormi et Ta posé sur cette » pierre. (Pune. L. 53. G. 12.) — Il dort, parle tout bas » de peur que tu ne Témlles (Philost. Ican. L. 1. in Midâ.), » On voit à Rome, au palais Barbérini» une statue semblable ; elle est frappante de vérité, et n'est sans doute qu'une bonne copie d'après ce bronze célèbre. Mais reve- nons aux peintres. Après Polygnote, on remarque dans l'histoire des pein- tres, Aristophon, son frère, qui peignit comme lui des tableaux contenant un grand nombre de figures. Pline en cite un où l'on voyait Priam, Hélène, la Crédulité, Ulysse^ Déiphobe et Dolus. Il représenta aussi dans un autre ou- vrage Ancée, blessé par le sanglier de Calydon, avec Asty- palé, compagne de sa douleuf. Vient ensuite Pauson, qui excellait, comme nous l'avons dit, dans l'expression des mœurs et dont Arbtote recommandait l'étude aux jeunes peintres. Dans le même tems on remarqua Denys de Colophon, qui imitait la perfection de Polygnote. Il représentait moins en grand que lui; mais on voyait d'ailleurs dans ses ou* vrages, dit iËlien (Yar. Htst. Lit. ^. Cap. 5.j, la même excellence dans l'imitation, la même expression des af- fections de l'ameet des mœurs, la même exactitude quant aux habitudes du corps, le même art enfin et la même élégance dans les draperies. Si l'on en croit Plutarque, il y avait moins de faci- lité dans les tableaux de Denys. Cet écrivain dit ( in TimoleanU) que les poésies d'Autimaque et les tableaux de Denys, qui étaient tous deux de Ja ville de Colophon, ne manquaient point de vigueur et de force, mais qu'on y sentait trop la peine et le travail ; tandis que les peintures Digitized by Google 568 HI8T0IBB DB LA PBtlITURB. de Nicomaque, comme les vers d'Homère, avaient, indé- pendamment du nerf et de la grâce, le mérite d'être &- ciles et de couler pour ainsi dire de source. Enfin Aristote, dans sa poétique (chap. a) dit que Denys peignait les hommes tels qu'ils sont. « Parrhasius d'Éphèse, dit Quintillen, s'attacha parti- » eulièrement à la justesse des contours. Il était si correct » et si exact, qu'il est.regardé aujourd'hui comme le lé- 9 gislateur des peintres, parce que tous les tableaux qu'il » a laissés des héros et des dieux sont comme autant de » modèles que tous les peintres suivent comme si c'était » une nécessité indispensable. » Ici Quintilien, semble nous donner à entendre que cet assentiment des artistes se rapporte à l'excellence des divers canons (ou propor- tions) déterminés par ce peintre et adoptés ensuite par eux pour la représentation des dieux et des héros, de même qu'ils adoptèrent celui de Polyclète pour la figure de l'hom* me. Voyez, pour l'intelligence de cette question, ce qui est dit au chapitre s 25 et suiv. au sujet des proportions. Parrhasius semble en efiet avoir été le Polyclète de la peinture. Il écrivit sur les proportions et même sur le co- loris. On appelait ses peintures des réalités, et Grégoire de Nazianze dit qu'il ne produisait que des chefs-d'œuvre. Socrate était souvent chez Parrhasius, dont la maison, fréquentée par les citoyens de la première distinction, était quelquefois le théâtre des disputes, des conférences et des lectures de Socrate. L'art dut s'enrichir beaucoup alors des lumières de la philosophie. L'entretien de Par- rhasius avec Socrate, rapporté par Xénophon, nous laisse entrevoir l'importance des questions dont ils s'occupaient et la profondeur de leurs recherches sur l'essence de l'art. Digitized by Google STTLB DE L*ABT EN GB^CB. — 4* pAbIODE. Sâg Pairhasius fut donc un grand dessinateur ; aussi tous les peintres allèrent étudier après sa mort les dessins qu'il avait laissés. Ce fut lui qui fournit les sujets que Mys grava sur le bouclier de la grande Minerve en bronze de Phidias. Antigène et Xénocrate, qui avaient écrit sur la peln- ture, citent Parrhasius comme un modèle dans Fart de peindre les contours. Et non-seulement ils accordent à ce peintre cette qualité, mais ils la recommandent en la louant. Nous avons vu, p. s3o, comment Pline rapporte leur observation. Aucun écrivain ne pourrait aujourd'hui enchérir sur les expressions employées dans ce passage» même lorsqu'il voudrait signaler et vaqter les contours moelleux de Corrégio ou de Tiziano. Pline dit aussi que Parrhasius excella dans Fart de bien rendre la finesse du visage et les agrémens de. la bouche ; il vante encore l'élé- gance de ses chevelures.' « Enfin, ajoute cet écrivain, PiEir- > rhasius d'Ëphèse apporta beaucoup de grandes qualités » à son art {Ipse ip^tdta canstituit). • Il parait certain que Parrhasius recherchait l'expression des passions. Son Prométhée déchiré par le vautour, jses deux Hoplites, son Ulysse contrefiiisant l'insensé, son peuple d'Athènes, son Philoctète souffrant, et de plus la nature de ses entretiens avec Socrate, semblait le prouver assez. Au sujet de son Prométhée, on fit un conte qui est peut-être le résultat de la vive et déchirante expression qui saisissait à la vue de cette figure célébrée dans l'Antho- logie : on dit, et c'est Senèque le père qui l'a écrit, qu'il fit supplicier un esclave posé dans l'attitude de ce Promé- thée. Hais ce sont de ces histoires qur courent les livres et que les modernes mêmes ont répété au sujet d'une fi- gure de Michel-Ange. TOME iJ. ^4 Digitized by Google 370 HISTOIRE DB LA PBINTUBB. Quant k ses deux Hoplites» dont l'un paraissait courir au combat arec tant d'ardeur qu'on croyait le voir suer, et l'autre se dépouillait de son ^nnure et semblait tout essouflé, il faut convenir que jamais un artiste médiocre et faible sur le dessin n'eût osé choisir de pareils sujets, pour peu qu'il eût eu de prudence. Ce choix semble donc prouver que Parrhasius était sûr de triompher et de faire de ces deux tableaux deux chefs-d'œuvre. Aussi son grand savoir le servit-il parfaitement dans cet ouvrage. Je me figure que tous les caractères propres à l'action de chaque per- sonnage avaient été cumulés par cet artiste qui les avait puisés dans la nature. Il étudia un grand nombre d'indi* vidus dans une situation analogue è son sujet; il fit comme Zeuxis pour son tableau d'Hélène; il fit comme l'auteur du gladiateur et peut-être mieux que lui. Je ne ferai aucune recherche sur son tableau repré- sentant le peuple d'Athènes et dans lequel il était parvenu à exprimer, au moyen d'une seule figure, le caractère de ce peuple inconstant, colère, injuste, et en même tems inexorable, clément, compatissant, humain, glorieux, féroce et porté à prendre la fuite Ici Pline devient inintelligible et ne pouvait guère sans doute se comprendre lui-même. Ce passage prouverait dcmc seulement qu'on reconnaissait dans ce peintre un grand talent pour l'ex- pression des caractères. Euphranor, Lyson et Léocharès traitèrent ce même sujet. Ce célèbre peintre se délassait en faisant de petits ta- bleaux. Tibère en conservait quelques-uns dans sa cham- bre à coucher; l'un représentait Méléagre, un autre Ata- lante. Ce prince paya fort cher celui où l'on voyait Ar- chigallus : il goûtait beaucoup cet ouvrage. Digitized by Google STYLE DE L*ART EN GRisGE. — ^4' PiBIOOE. 57 1 Pàrrhasias était yain. II prit le surnom d*Abrodiœiuê, qoi signifie vivant dans Us délices. Mais des personnes piquées de sa yanité, changèrent par dérision ce nom en RhabdodiMus, qui signifie porte -baguette, h cause de l'usage où sont les peintres de soutenir, à Taide d'une baguette, la main qui conduit le pinceau. Théophraste» cité par iElien, dit que Parrbasius, qui était d'un carac- tère irritable, avait coutume de se délasser par le chant des fiitigues de son art. Il se prétendait issu d* Apollon, et il s'était même peint sous les traits de l'Hercule de l'Inde en repos et sous ceux de Mercure. Thémistius {Orat. i4) dit à ce sujet : t II a prêté sa propre ressemblance à Mer- » cure, non pour honorer le Dieu, mais pour être honoré • lui même à la faveur de ce simulacre. » Au surplus, tous les auteurs sont d'accord sur son grand talent, et Justinien même, dans ses Institut. ( lîy. 1 1 ) , parle paiement du mérite transcendant d'Apelle et de Parrha- sius. Il convient encore de remarquer que Pline vante la grande fécondité de cet artiste. Quant au coloris de son Thésée, coloris trop rose, au dire d'Euphranor qui avait peint le même sujet, cette cri- tique n'affaiblit en rien le crédit de Parrhasius. Euphanor qui vécut soixante ans plus tard florissait dans un tems où non-seulement on savait représenter des raisins et des ri- deaux avec la plus grande vérité, mais où l'on savait imiter les carnations avec la même exactitude. Or, si Parrhasius ne fut pas aussi heureux qu'Euphranor dans le coloris, et si, malgré son infériorité en cette partie, sa célébrité éga- la celle de ce peintre, il fallait donc qu'il possédât à un' très-haut degré certaines qualités qui sont essentiellement grandes et fondamentales. Cette critique ne prouve rien Digitized by Google 57s HISTOIRE BK LA PEINTURE. non plus contre le mérite des Hoplites de Parrhasius au moins aussi habile qu'Euphranor dans le dessin. Nous pouvons, je crois» placer ici une remarque sur la fijdté des couleurs dans les tableaux des Grecs, c'est que» si Euphranor critiquait les teintes trop rosées du Thésée de Parrhasius, sujet exécuté plus de soixante ans avant le sien, cela prouve que les teintes dans le tableau de Par* rbasius n'avaient point poussé à l'obscur ou au jaune. Or nous savons, et le peintre Prudhon vient de le prouver, que la peinture ^ huile est rarement trop rose au bout de dix ans, à moins qu'on ait calculé et exagéré à ces fins la couleur. Le Psyché de Prudhon et son Zéphyr étaient donc beai^coup trop roses en sortant de son atelier, et, si Euphranor revenait aujourd'hui, il lui ferait un reproche bien différent de celui qu'il adressa à Parrhasius, il repro- cherait à Prudhon d'avoir représenté plutôt la couleur de chamois que la couleur de chair. Cette observation peut s'appliquer à beaucoup d'autres tableaux récens que le public est surpris de retrouver si flétris, après un petit nombre d'années seulement. Zeuxis d'Héraclée, élève de Démophile ou de Niséas, a joui d'uçe très-grande célébrité; cependant Jes auteurs ne nous informent point du caractère de -son talent, ni des progrès qu'il fit faire à l'art. Il ne nous parait pas difficile néanmoins de le supposer : ÂpoUodore lui avait ouvert les secrets du clair-obscur et du coloris, et Zeuxis savait imi- ter. Ce qu'on raconte de son défi avec Parrhasius, prouve que ces deux peintres étaient devenus familiers avec l'art de représenter le relief et les teintes des objets : Zeuxis apporta desxaisins qu'il avait imités, et les oiseaux vinrent pour les becqueter; Parrhasius apporta la peinture d'an Digitized by Google 8TTLB DB L*ART EN GB^CB. — 4* pAHIODB. SyS rideau^ et Zeuxis alla pour le tirer, Zeuxk, dit^m» sWoua TaincUy parce qu'il n'avait pu tromper que des oiseaux» tandis que son rival Tavait trompé lui-même. Ce petit conte prouve combien le coloris avait fait de progrès. Mais non- seulement Zeuxis savait imiter» il aavait aussi choisir» et ses recherches sur la beauté» jointes à son talent excellent dans Timitation» firent regarder ses ouvrages comme au- tant de chefs-d'œuvre. Aristote» dans sa poétique (ch. 6)» dit que Zeuxis ne savait pas peindre les mœurs. Il est possible que les nou- velles perfections que ce peintre ajouta à l'art l'aient dis- trait des recherches qu'il devait faire sur les mœurs; il est possible aussi que le tour même de ses idées et son senti- ment naturel l'aient attaché plutôt à ta beauté extérieure et à la vie du dessin qu'à l'expression des mœurs* Cependant il dut être au moins au niveau de ses contemporains en cette partie» et l'on ne doit point supposer que, dans sa théorie» il confondit les qualités secondaires avec les qualités prin- cipales. Nous avons déjà fait remarquer (ch. 4o. pag. s 18) son mécontentement» lorsqu'ayant exposé son tableau de la Centaurelle» il s'aperçut que le public ne s'attachait point à ce qui faisait le principal mérite de cet ouvrage. Rappelons encore que l'éloge que Lucien fait de ce tableau porte sur le dessin» les proportions» le coloris et le clair- obscur. Zeuxis fit un tableau de Pénélope, où» selon Pline» les mœurs de cette princesse étaient parfaitement repré- sentées. Voilà Pline en contradiction avec Aristote. Nous avons vu que ce peintre célèbre faisait usage de petits mo- dèles en terre pour exécuter ses tableaux» et nous savons de plus que l'on conserva ces modèles après sa mort. Ce fait qui nous a été transmis par Pline» prouve que ces Digitized by Google 574 BI8T0IBB DB LA PBIIITVRE. figurines étaient plus que des marquettes faites uniquement pour indiquer l'enseinble des effets de la lumière» mais qu'elles offraient des études réelles de mouvement et de style. D'ailleurs la conduite que Zeuxis tint pour compo* ser la fameuse Hélène qu'il fit pour les Crotoniates, donne assez à supposer combien sa marche était rigoureuse et savante. Cinq belles filles > qu'il choisit lui-même parmi les vierges de Grotone, servirent aux études qu'il croyait né- cessaires pour atteindre à la beauté et à la chasteté d'Hé- lène. Cette Hélène était nue, mais sa pudeur lui servait de vêtement. Zeuxis avait la plus grande idée de son art, et c'est sûrement cette idée grande et sublime qui lui fit faire aux Grotoniates la demande de leurs plus belles filles, à l'occasion de l'ouvrage dont il s'agit ici. Pline fait la même remarque {Lib. 55. Cap. g) et cite ce fiiit comme une preuve du grand soin {diligentiœ) que Zeuxis appor- tait dans l'exercice de son art. On appela cette Hélène de Zeuxis la courtisane, parce que ce peintre fit voir cette peinture pour de l'argent. U parait qu'à Athènes et à Ro- me on copia fréquemment ce chef-d'œuvre. Je ne man- querai pas d'exposer mes conjectures sur la méthode qui dut guider Zeuxis dans l'emploi qu'il fit de ces cinq mo- dèles. (V. surtout le chap. 3a5.) Il fit au roi Archélaus un présent qu'il crut digne d'un souverain : c'était un tableau représentant le dieu Pan. Zeuxis, devenu très-riche, étalait un grand luxe dont il faisait honneur à son art. Il se montrait aux jeux olym- piques, vêtu d'un manteau oii son nom était brodé en lettres d'or. Il ne se faisait plus payer de ses ouvrages; il les donnait, croyant qu'on ne pouvait pas les acheter ce qu'ils valaient. Tant de grandeur dut passer dans ses pein- Digitized by Google STTLB DK L*ABT BN «R^CE. — ^4* vftRIOpB. 57$ tures; aussi son nom fut-il honoré de la postérité. Son Ménélas et son Cupidon couronné de roses faisaient Tome- ment d*Âthènes et étaient admirés de toute la Grèce. On raconte qu'il avait peint une rieille extrêmement comique» et qu*il fut lui-même très-sensible k Textrême vérité de cette peinture. On ajoute qu'un jour étant seul en pré- sence de ce portrait, il fut saisi par un rire inextinguible dont il mourut. Ce que nous apprend de vrai cette his- toire, c'est que Zeuxis savait parfaitement imiter. Possédons-nous quelques copies d'après les tableaux de Zeuxis ? C'est ce qu'on ne peut guère affirmer. Cependant la collection d'Herculanum nous fait voir une peinture qui retrace un des sujets qu'avait traités ce peintre: c'est Her- cule enfant qui étouffe des serpens en présence d'Amphy- trion, d'Alcmène et de Jupiter. L'Alcmène esi dans le style des Niobés, et les autres figures sont d'un excellent goût malgré quelques grossières erreurs du copiste (Y. la planche 7. du tom. i.); la disposition en est bonne, et tout le caractère du tableau est très-relevé et fort pit- toresque. Pline commence ainsi la description de cette peinture de Zeuxis : Magni ficus c$t Jupiter ejus in tknh no, adstantibus dits. Les dieux ne paraissent point dans< le tableau d'Herculanum, ce qui laisse quelqu'incertitude au sujet de cette question; cependant l'idée première est digne d'un très-habile artiste, et la manière dont le peintre a imaginé l'ensemble du sujet le rend susceptible d'ime grande perfection. Au reste il peut se faire que le copiste ait supprimé les figures qui, étant placées à côté de Jupi- ter, le disaient paraître sur l'original situé plus au milieu de la scène, « Zeuxis, dit Quintilien, inventa le mélange des lumiè- Digitized by Google 376 BISTOIBB ra LÀ »£INTU&B. > res et des ombres; il peignait les corps plas grands que 9 nature, croyant qu'il 7 ayait en cela plus de dignité el > plus de noblesse. Ses partisans le louent en ceci disant • qu*il suivit Homère qui se plaît à donner même aux > femmes la forme la plus robuste qu'elles puissent avoir. » Ce style de Zeuxis devait être d'autant plus remarqué, que Parrhasius, son émule, visait à la plus grande exactitude et à la plus sévère correction. Pline semble dire qu'on reprochait à Zeuxis d'avoir fait les têtes trop fortes, et Quintilien le blâme d'avoir généra- lement chargé les membres de ses figures. Ces reproches me semblent mal exprimés par ces critiques. Pline n'en- tendait sûrement pas l'auteur qu'il compilait sur ce sujet; peut-être même l'auteur-grec compilé avait-il mal répété cette critique que des artistes seuls pouvaient communi- quer. D'ailleurs Pline et Quintilien sont en contradiction ; ai les membres duxorps sont trop chargés, les têtes ne sont pas trop fortes, ou la figure serait tout-à-fait défisctueuse; il vaut mieux laisser ces mots qui auraient besoin d'inter- prètes. N'est-il pas évident qu'il ne s'agit ici que du plus ou du moins à un très-faible degré, degré qui $ert les in- tentions d'un artiste savant, déterminé par des raisons théoriques pour en agir ainsi ? Car dire que Zeuxis se trom- pait lourdement dans la proportion des têtes et des mem- bres, c'est avancer une chose insoutenable. En général il me parait absurde de supposer que les artistes de l'antiquité aient péché grossièrement contre les proportions qu'il est si aisé de conserver lorsqu'on pos- sède des tables ou canons dont les mesures sont consacrées dans les écoles. Tels étaient chez les Égyptiens, par exem- ple, leurs patrons ou modèles de proportions. Mais ces Digitized by Google 8TYLB DB l'aBT EN GB^CB. — ^4* PiRIODE. S77 écrivains ont voulu dire que le canon que Zeuxis, par exempte, avait établi pour tel ou tel caractère, laissait à désirer plus de petitesse et de légèreté dans les têtes et peut-être même dans toute la figure; car» h. cette époque, chaque artiste cherchait à composer des canons particu- liers pour les différons caractères. (Y. la remarque de la page 368.) Yisconti attribue à 2^uxis Foriginal d'après lequel on exécuta une statue antique de Marsyas» qu'on voit au musée de Paris et qu'on trouve souvent répétée dans d'au- tres cabinets. Mais sa remarque n'est-elle pas dépure éru- dition et sans critique fondée sur l'art ? Il ne suffit pas d'avoir aperçu dans Pline ou tout autre auteur l'indica- tion d'un sujet dont nous possédons la représentation an- tique, pour être autorisé à décider que cette antique est de la main même de l'artiste auquel Pline ou tout autre en ont attribué l'exécution dans leur indication.De même parce que Pline a dit que Zeuxis avilit peint Marsyas lié (religatua), cela ne suffit point pour nous faire croire que notre statue qui, en effet, est un Marsyas lié et de plus suspendu par les mains à un arbre, soit copié d'après le tableau de Zeuxis : et s'il ne s'agit que d'érudition, on peut remarquer que Pline eût pu ajouter suspendu {sfu- penstu), ce qui eût mieux exprimé l'attitude de notre Marsyas, dont les pieds ne touchent point la terre et qui est absolument pendu à l'arbre par les mains. Il en est de cette observation comme de celle que j'ai faite au sujet des astragalizontes de Polyclète. D'ailleurs, nous connaissons beaucoup d'autres Marsyas liés, mais les mains derrière le dos et non suspendus, ce qui offre une attitude plus susceptible de beauté en peinture que celle^ Digitized by Google 378 HISTOIRB DB LA PBINTURB. ci qu*on prétend être du choix de Zeuxis, peintre qui semble cependant avoir tenu grand compte de la beauté. Quant au travail de cette statue» qui est très-étudiée, il ne date certainement pas de la très -belle époque de rart. Si Ton en croit Marins- Victorinus» on voyait encore des ouvrages de Zeuxis dans le 4"" siècle, ce qui fait supposer une durée de sept siècles et demi. Les peintres savaient déjà exprimer la vie : Polygnote et Pauson savaient peindre les mœurs ou les caractères; Timanthe de Gythnos ajouta l'action des mœurs, c'est-à- dire les passions. Le choix des tableaux de ce dernier nous fait connaître qu'il visait au tragique et au pathétique. Le meurtre de Palamède, le sacrifice d'Iphigénie, la reprise de la ville de Pellène, etc. étaient de ces sujets qui com- portaient de grands mouvemens. Avant lui. Ouatas avait peint Euryganéas la tête baissée et attendant , accablée d'inquiétude, l'issue du tombât de ses fils. D'autres su- jets, favorables aux expressions fortes, avaient probable- ment été traités; mais il parait que c'est Timanthe qui, le premier, porta cette partie de l'art à un très-haut de- gré, et cela sans rien diminuer de la justesse des caractè- res. Il peignit, en concurrence avec Parrhasius, un Âjax disputant à Ulysse l'armure d'Achille; le peuple qui lui décerna le prix, dans le concours de Samos, s'y détermina sans doute à cause de l'expression des personnages. Il avait peint aussi un tableau qu'on regardait à Rome, où il fut transporté, comme un ouvrage achevé {Absoltaissind operis. Plinb. L. 55. C. 10) : il représentait un héros. Quant à son très-petit tableau où l'on voyait un Cyclope endormi et des Satyres qui mesuraient son pouce avec Digitized by Google STYLE D£ l'abT EN GB^CE. — ^4' PÂBIODE. 679 leurs thjrrses» pour donner au spectateur l'idée de sa grandeur gigantesque» cet ouvrage devait avoir été un délassement du peintre» plutôt qu'un tableau dans son véritable genre» et si les écrivains ont tant de fois cité cet ouvrage» c'est qu'ils confondaient les ressources les plus vulgaires de l'art de la peinture et de la perspective» avec les grands secrets de l'art libéral. Au surplus» il peut se faire que cette opposition fut alors une nouveauté en pein-- ture» sous le rapport de l'exacte perspective linéaire et de la dégradation des distances» dégradation qui rendait l'idée de Timanthe. Revenons à son tableau d'Iphigénie. On remarque deux idées dominantes chez les écrivains qui se sont occupés de ce tableau : la première est relative à la haute expression des personnages» la seconde est re- lative au pan de manteau jeté par le peintre sur la tête d'Agamemnon; mais» selon moi» ces deux idées n'en doi* vent faire qu'une. En effet» il était dans les mœurs de faire représenter voilée la tête d'Agamemnon » vu l'extrême af- fliction qui devait altérer ses traits» et il était judicieux de le faire» vu les efforts qui avaient épuisé les ressources de l'art quant à l'expression des autres personnages. Mais s'il n'eût pas été question d'un Agamemnon» c'est-à-dire d'une haute dignité de caractère» il n'eût pas été permis d'em- ployer cette ressource peu convenable sur un personnage plus subalterne : c'est ce que n'ont pas senti les écrivains qui ont tant vanté/ cette idée comme un expédient du génie de Timanthe. D'ailleurs l'idée du manteau cachant la tête d'Agamenmon» n'était rien moins que nouvelle du tems de Timanthe» soit dans le costume» soit dans les mœurs» soit même dans l'art. Euripide en avait donné l'exemple» et Homère avait eu à peu près la même^pensée. Digitized by Google 58o HISTOIBB DB LA PEINTUBE. Ainsi le mérite de ce tableau consistait^noo dans TinTen- tion de la draperie qui cachait le iront royal du malheu- reux père, mais dans la force et la convenance d'expres- sion de tous tes personnages. Indépendamment de son talent pour* rendre fes pas^ sions, il parait que Timanthe excellait à représenter les pei*sonnages héroïques. Pline dit aussi de ce grand peintre qu'il avait l'art dans tous ses ouvrages de laisser imaginer plus qu'il n'offrait réellement sur son tableau, en sorte que, quoique son art fût immense, son génie s'élevait encore par-delà. Revenons aux statuaires. Scopas fut un des plus grands statuaires, de la Grèce. Le doute oii étaient quelquefois les écrivains, si tel ou- vrage était de la main de Scopas ou de celle de Priaitèle, prouve que Scopas était rangé presque- sur la même ligne que ce dernier, quant au mérite; car, quant à lia célébrité, celle de Praxitèle fut encore plus éminente. Ce n'est pas ici le lieu de faire des réflexions sur les causes des célé- brités respectives en général, il suflit de faire remarquer que certaines statues de Scopas furent aussi estimées et aussi estimables que certaines statues de Praxitèle. Les antiquaires ne sont pas d'accord sur l'antériorité d'âge de l'un ou de l'autre statuaire. Peu nous importe un doute à ce sujet. Il parait évident au reste que tous deux ont travaillé au fameux tombeau de Mjausole; on peut donc les considérer comme contemporains. Pour ce qui est de leur style respectif, }e me rangerais volontiers du côté de Winckelmann , qui avait remarqué que le style de Scopas devait tenir à une école un peu plus antique que celui de Praxitèle. Leur contemporanéité n'empêche- rait point cette différence. Digitized by Google STTLB DE Jb'XRT EN GRfeCE. — ^4* PiRIODE. 38t Pline nous dit qu'on doutait de son tems si la Niobé mourant arec ses enfans, ouvrage qu'on admirait à Rome . dans le temple d'Apollon Sosien, était de la main de Scopas ou de celle de Praxitèle. On élevait le même doute» noug dit-il encore» sur un Janus apporté d'Egypte et consacré par Auguste, et sur un Gupidon tenant un foudre et placé dans les portiques d'Octavie. Il est à remarquer qu'une épigramme anonyme de l'Anthologie grecque et une autre d'Ausone, attribuent cependant à Praxitèle la Niobé tuée avec ses enfans, . Pline s'excuse d^une manière assez sinjgulière au sujet de son ignorance sur ce poiat. « A Rome, dit-il» on a trop » de distractions et trop d'-affaires pour examiner à loisir » et avec réflexion ces productions de l'art; aussi ignorons- » nous le nom des auteurs de plusieurs statues admîra- » blés. « Cependant il me semble que si Pline se (ai donné la peine d'interroger sur ce point un ou deux habiles sta- tuaireSy qui n'avaient qu'une affaire en tête» celle de leur art» ils lui eussent appris à distinguer ces deux sculpteurs célèbres qu'il est fort douteux» quoiqu'on dise Pline» qu'on ait confondus de son tems. On possède dans les cabinets plusieurs statues repré- sentant des filles de Niobé» ou d'autres figures que l'on croît appartenir à l'histoire tragique de cette malheureuse épouse d'Amphion. Ce sujet se trouve représenté sur quel- ques basHreliefs» et entre autres sur un sarcophage du musée du Vatican ; mais le musée de Florence offre une suite nombreuse de statues représentant ce sujet fameux. On les a rassemblées dans un seul local» et on en recon- naît comme avérées» c'est-à-dire comme appartenant à ce sujet,au moins treize» dont cinq filles etsixfils.Évely)i,qui Digitized by Google 38s . BISTOIBB SE lA PBINTVBB. visita Rome en 1 664» ^n & compté quinze. (Y. snr cette col- lection ^Winckelmann» Fabroni, Mengs, Yisconti» Millin, Goethe» etc. ; quant à ce que dit ce dernier» voyez le Ma- gasin Encyclopédique» tom. 3» 3^ et 6* années.) Plusieurs dé ces figures ont fourni des empreintes et sont connues des artistes. Ces statues furent déterrées à Rome en i5s5 sur le mont Esquilin. Achetées à un assez bas prix par le grand-duc de Florence» elles furent placées dans les jardins de sa villa Médicis à Rome ; il semble qu'on n'en faisait pas un grand cas d'abord» puisqu'on ne leur donna point place dans la galerie réservée pour les morceaux les plus estimés et qu'on les laissa exposées à l'air dans le jardin. En 1770» Léopold les fit passer à Florence. Personne n'a douté que le groupe presque colossal de la mère et de sa jeune fille ne soit au moins la copie de cette Niobé mourante que» selon Pline» on voyait à Rome dans le temple d'Apollon Sosien. Une foule de réflexions pour- raient être communiquées sur la conjecture qu'on a faite que ces figures décoraient un fronton au milieu duquel aurait été placée cette figure principale de la mère grou- pée avec sa plus jeune fille; mais j'éviterai cette digression, ainsi que toutes celles qui me semblent ne rien rapporter à l'art. J'arrive donc à des questions plus relatives à mon sujet. Nous connaissons par des copies le style de Praxitèle: offre-tnil une différence sensible avec le style des Niobés? Oui. Il me semble que la Vénus de Gnide» le Faune Péri- boétos» l'Apollon Sauroctonos et les Vénus Phryné nous donnent un^ idée assez déterminée du style de Praxitèle. Or ce groupe de Niobé mère et les autres meilleures figures de cette collection npianifestènt un style plus an- Digitized by Google 8TTLB DE L*ART EN GRkCB. — 4* PiRIODB. 583 tiqae, très-sévère et très-fin à la vérité, mais moios gouple» moins complet sous le rapport, soit de Fimitation, soit du charme, soit de la disposition, que celui que nous con- naissons de Praxitèle. Je sais que tous ces ouvrages étant des copies, nous devons beaucoup nous méfier des com- paraisons que Ton est tenté de faire pour arriver à un ju- gement assuré sur ces styles respectif, car tout Tordre respectif des qualités peut être dérangé dans ces copies. Un passage de Denys d'Halycarnasse ne sera peut-être pas de trop ici; au moins devons-nous en tenir compte. Voici à peu près ce qu*il dit : c Toujours une certaine grâce 9 naturelle et une certaine beauté distinguent les origi- » naux des copies, et quand même dans celles-ci on aurait » poussé jusqu'au dernier degré l'exactitude d'imitation, » on y retrouve quelque chose d'affecté et de peu naturel. » C'est ce qui sert de règle non-seulement aux rhéteurs » pour juger les rhéteurs, mais aussi aux peintres pour 9 juger, par exemple, les copies ou les originaux d'Apelle, jt aux statuaires pour distinguer les ouvrages sortis de la » main même de Polyclète, et aux sculpteurs quant aux » productions qui sont originales de Phidias ( Djû. HaL » in Dtnarcho). • Que le groupe de la Niobé mère et sa fille, ainsi que toutes les figures de la collection de Florence, soient des copies, c'est ce dont on ne saurait douter. Peut-être est- ce à la difl*érence de talent des copistes qu'il faut attribuer la différence de style et d'exécution qui se remarque entre le groupe principal ou la statue isolée de la plus jeune Niobé, et le jeune homme qui-, un genou à terre et la tête élevée, élance son regard vers le ciel, ou bien encore en- tre la plus jeune Niobé et l'autre jeune sœur qui, avec une Digitized by Google 584 mSTO^B DE LA PBINTUBE. attitude t^-vive aassi, offre pourtant des formes bien moins vraies, bien moins animées et bien plus indécisea. Comment trouver aussi que le groupe des lutteurs, qu'on regarde comme deux Niobides, soit du même style que la Niobé mère ? N'est-on pas tenté plutôt de le supposer de Céphissodo|e, élève de Praxitèle et déjà vanté pour avoir su exprimer avec le marbre la molesse de la chair? Quand on a beaucoup examiné le groupe de la Niobé mère et la copie de la Vénus de Gnide, on reconnaît que dans celle-ci le statuaire a répandu un certain charme pro- venant et du mouvement général et du n^ouvement par- ticulier des formes, et que dans la Niobé la finesse et la sévérité, bien qu'offrant une grâce très-pure, ne produi- sent point encore ce charme qui, chez Praxitèle, procura le complément de l'art. Lens, dans son livre sur le goût en peinture, dit qu'il a vu à Rome une tête de la mère des Niobés et le corps d'un de ses fils, bien plus beaux que le groupe de Florence. « Je ne connais, dit-il, rien de semblable pour la beauté t des caractères et pour la finesse de l'expression... b Où les a-t-il vus ? D'oii venaient ces fragmens ? D'autres que lui en ont-ils parlé? C'est ce qu'il nous laisse ignorer. Si ces fragmens, vus par Lens, sont réellement au-dessus des Niobés de Médicis, que penser de la perfection des vérita- bles originaux? Au surplus il n'est guère probable que l'on ait laissé à Rome les originaux de ce groupe cité par Pline. Les nombreuses répétitions des Niobés que l'on voit à Rome et ailleurs, en prouvant la célébrité des originaux, donnent donc à croire que le tems ne nous a laissé que des copies, les archétypes ayant été transportés à Cons- tantinople où ils auront péri. Digitized by Google STYLE DB L^ART BN GRiiCB. — 4^ P^BIOpE. 585- VoicI ce que dit Mengs sur ces statues : c II règne une » grande inégalité entre les figures qui composent le groupe » des Niobés; on peut même dana plusieurs remarquer »- des incorrections, et un grand nombire de statues anti- » ques leur sont bien supérieures en beauté. On voit au I Vatican une Vénus assez médiocre» et d'un style qui ap- 9 proche du lourd» mais dont la tête est fort belle et ne le » cède pas à celle de Niobé; cependant cette tête est bien 1 celle de cette statue de Vénus» et n'en a jamais été sépa- 1 rée; cette statue est certainement la copie d'une bien 1 meilleure '. Dans le palais du roi d'Espagne à Madrid» » oa conserve une tête pariaitem^t ressemblante à celle » de la VénUs du Vatican» mais infiniment plus belle; en w ste qu'il n'y a» pour ainsi dire » aucune comparaison » entre l'une et l'autre. Je pense qu'il en est de même du » groupe des Niobés dont les statues nous paraissent fort » belles» parce que nous n'avons pas celles d'après les- » quelles on les a copiées et qui étaient bien plus parfaites » encore. En efiet» je ne regarde pas ce groupe comme » la production de très -grands artistes» mais comme de » bonnes copies faites d'après de meilleurs originaux» par » différons artistes plus ou moins habiles» qui peut-être » même y ont ajouté les figures qui nous paraissent si » médiocres. On doit remarquer aussi qu'elles ont été en » partie restaurées dans le tems du bas-empire» et que > dans la suite les modernes les ont enfin dégradées tota- 9 lement en voulant les réparer par de maladroites re& » taurations. » ' Il s^agit probablement de la copie antique ^e la Ve'nus de Gnide par Praxitèle , copie d'après laquelle on coula ca hroniç celle qu*on voit aujourd'hui au jardin des Tuileries. TOME II. 25 Digitized by Google 586 HISTOIRE DE LA PEINTUBB. Outre qu'il est naturel de supposer qa*on n'eût pas laissé à Rome des marbres originaux aussi célèbres, il existe des preuves que dans ces monumens nous ne pos- sédons que des copies. L'examen attentif de quelques parties de la figure de Niobé mère fait découvrir qu'elle est sûrement une copie, les inexactitudes qu'on y remar- que étant des oublis dont les auteurs originaux eussent été incapables. Que l'on observe» pour ne citer qu'un exemple» l'insertion des deux muscles sterno-mastoîdiens sur la poitrine» et l'on verra que le tendon gauche devait se prolonger davantage sur le sternum» et cela» malgré les ménagemens prescrits par les lois de la beauté. Une pa- reille erreur ne peut être que celle d'un copiste. Il importe peu dans le fait que les très-belles statues des Niobés que nous possédons soient sorties du ciseau même de Praxitèle ou de celui de Scopas : le nom de l'artiste ne nous fait rien; il suffit de reconnaître ces figures ppur classiques après en avoir étudié les caractères relatifs. Il nous suffit aussi d'affirmer» pour compléter ici notre système sur les styles» et cela malgré le doute de Pline» que Scopas participait plus de l'école antique et austère de Polyclète que de l'école gracieuse de Praxitèle. Ces admirables morceaux sont de l'excellente école grecque» et la nuance qui peut les dijOTérencier des autres ouvrages de ces beaux tems tient peut-être plus au génie naturel du sculpteur qu'au crédit de certaines maximes. La beauté s'y trouve soutenue de toute la force résultant de l'exactitude et de la vérité» et ce qu'on appelle l'idéal y est en tout conforme aux caractères delà nature. La poésie n'y diminue point l'imitation; l'imitation exacte ne dimi- nue en rien l'éclat de la poésie. Ces inappréciables pro- Digitized by Google STYLE D£ l'abT EN GRIiGE. — 4* P^BIODB. SSj ductions ne repoussent point l'esprit yulgaire et peuvent remplir l'ame la plus élevée : elles émanent d'une source pure et vivifiante que nous ne pouvons assez apprécier. Enfin ne peut-on pas, au sujet de ce chef-d'œuvrey em- ployer la même expression dont se sert Pline, lorsqu'il parle du portrait d'ApoUodore fait par Silanion, et dire que cette jeune figure de Niobé représente moins une fille innocente que l'innocence elle-même^ et que la principale figure représente moins Niobé que la douleur et l'effroi d'une mère ? Je n'ajouterai rien à l'article de Scopas, sinon que, selon M. Heyne» ce statuaire semble avoir fixé l'archétype de Mars. Le Mars assis de la villa Ludovisi pourrait bien en être une copie. On voyait l'original au cirque flaminien : il était colossal. Le même savant croit aussi que Scopas fixa l'archétype de Diane dans celle qu'on appela Eucléa ou la glorieuse. Enfin» nous savons que Scopas fut l'au- teur d'une Bacchante furieuse : Gallistrate» l'Anthologie et Pausanias en font mention. Or plusieurs bas-reliefs que nous possédons, et entr'autres celui du musée de Paris, n*200,pourraientbien, ainsi que plusieurs pierres gravées; en offrir des copies. Cette figure y est représentée vue par- derrière, un genou plié et appuyé sur une base, le corps et la tête surtout fort renversés en arrière, les cheveux épars; enfin cette pose semble bien exprimer la fureur bacchique et rentre évidemment dans le mode phrygien. Il est à croire aussi que plusieurs bas-reliefs ou pierres gravées représentant des Néréides et autres figures marines assises sur des tritons et des chevaux marins, sont des répétitions de Scopas. (Y. Pline. L. 34- C. 5.) Ici je crois convenable de rappeler de nouveau une des Digitized by Google 588 niSTOIBE DE LA PEINTURE. causes qui contribuaient à la grande vérité» à la vie et à la ressemblance qu'on mettait alors dans les portraits » qualités qui caractérisent encore Fart de cette époque; j'entends parler de Tusage des images iconiques, et des statues ressemblantes des vainqueurs dans les jeux» genre de représentation qui» comme je l'ai dit» a dû perpétuer dans la statuaire l'antique exactitude dans l'imitation. Un peu avant Scopas» on admirait donc les ouvrages d'AIype de Sicyone, élève de Naucydès d'Argos. Il repré- senta entr'autres figures exécutées en bronze Néolaîdas» enfant vainqueur au pugilat» et Archidamas» enfant vain- queur à la lutte. Rien n'empêche de croire que le bronze que nous connaissons sous le nom de Tireur d'épine et que l'on voit au capitole dans le palais des Conservateurs» ne soit une copie d'après ce maître. La précision du mouvement» la naïveté de l'imitation» ainsi que le travail fin et précieux de la chevelure» atteste la sévérité de la haute école grecque dans laquelle florissait Alype de Si- cyone» dont Pausanias avait remarqué lesi ouvrages à Delphes et dans l'Altys. On voyait encore d'Alyve de Si- cyone» l'athlète Symmaque et l'athlète Euthymène» tous les deux en bronze» et de plus sept statues de chefs alliés. Le statuaire Tysaudre en avait fait onze autres. Lyson représenta les mêmes sujets. Amphion de Cnosse Ct à Delphes» en bronze probablement» Battus sur un char conduit par Gyrène» Lybie couronnant Battus. Calliclès de Mégare, très-vanté par Pausafnias» fit sortir de son ciseau, outre ses statues de philosophes en bronze» Dîagoras et Gnaton» tous les deux vainqueurs au combat du ceste. Sti- pax imita en bronze un jeune esclave soufflant le feu, pour faire rôtir des viandes. Philolimus fit pour l'Altys la statue Digitized by Google STYLE DE L^ÀHT £N GRIsCE. — 4* PÉRIODE. SSq équestre de Xénombrote. La prêtresse Lysimaque, Té- cuyer Sarmeaès» qui le premier écrivit sur l'équitalion» et Pélélchus d'Alopée seotiblaient vivre en bronze par Tart de Démétrius. Enfin Micon de Syracuse jetait aussi en bronze des figures d'athlètes, et il fit deux statues d'Hyéron» Tune à pied et Fautre à cheval. Jusqu'à l'époque de Zeuxis, on trouve aussi des peintres occupés dé pareils sujets. Simo- nide employait ses pinceaux à représenter des portraits, et dans le même tems Aristophon peignit» outre son fa- meux tableau d'Alcibinde avec Némée, beaucoup de ta- bleaux iconiques. On peut ajouter encore à ces contem- porains de ScopaSy Samolas qui fit Triphilus et Azan; Astérion qui représenta l'enfant Chéréas, vainqueur; Pison de Galaurie, chef d'école, dont on voyait à Delphes le devin Abas ; enfin Dédale de Sicyone, qui produisit aussi des portraits. On admirait de ce dernier dans l'AItys, Aris- todème, vainqueur à la lutte; Eupolème, vainqueur à la course; Naryadas, lutteur; Timon et son fils à cheval, vainqueurs des Lacédémoniens; Trophonius; deux statues d'Arcas, et deux en&ns de bronze se frottant avec le stri- gile. Mais ne dois-je pas ajouter la statue d'Yppon, enfant vainqueur au pugilat ? Ce fut l'ouvrage de Démocrite de Sicyone, qui fit en bronze des statues de philosophes. Enfin, toutes ces statues d'enfans vainqueurs, ouvrages en bronxe de Gléon de Sicyonc, et pour en finir, celle du jeune Gratinus, le plus beau et le meilleur athlète de son tems, sont aussi de cette, époque. Ge fut Gantharus de Sicyone qui exécuta cette dernière image ainsi que celle d'Alexinicus, lutteur et vainqueur au palestre entre les enians. Maintenant nous devons citer le peintre Eupompe qui Digitized by Google Sqo bistoire de la peinture. fut maître de Pamphile. Nous avons vu qu'il fit distin- guer dans l'école asiatique , l'école d'Ionie et l'école do Sicyone. A l'article de Lysippe, nous dirons que le même Eupompe conseillait de ne s'attacher à aucune manière des maîtres , mais d'imiter la nature. Il parait que son athlète vainqueur fut un tahleau très-célèbre. Il importe aussi, pour caractériser cette période de l'art, de ne pas oublier de citer Pamphile d'Amphipolis, maître d'Apelle. Ce Pamphile, qui cultivait toutes les parties des belles lettres, était profondément instruit dans les mathé- matiques et la géométrie, et il les regardait comme les fondemens de la peinture. Un professeur aussi savant dut avoir une grande influence sur son art. Il exigeait de ses élèves dix ans d'études chez lui, et un talent ou cinq mille quatre cents livres pour ces dix années. Nous savons qu'A- pelle et Mélanthius lui payèrent cette somme. Pamphile donna tant de lustre à la peinture, qu'elle fut mise au premier rang entre les autres arts libéraux. Il fut cause que les jeunes gens bien nés étudièrent l'art du dessin. Pline dit qu'on apprenait à tous les jeunes gens non pas >à peindre, niais l'art graphique, ce qu'on appelait ptctura in buxo, c'est-à-dire dessin sur buis ou sur des tablettes de buis, probablement enduites de cire noire, ce qui per- mettait d'effacer aisément les erreurs qu'on voulait recti- fier. Ce fut aussi Pamphile qui fit porter une loi qui ne permettait qu'aux personnes libres d'exercer la peinture, sage précaution à laquelle il est permis d'attribuer en par- tie la longue durée de cet art. Eupompe, maître de Pam- phile, a dû coopérer à ces innovations philosophiques, et Aristote, ce profond théoricien, n'était peut-être pas étranger aux fortes résolutions qui dominèrent dans l'art Digitized by Google ftTYLB DE l'art £11 GBÈCB. — 4* PERIODE. 39 1 SOUS Alexandre. Nous verrons que ce prince ne permit qu'à Apelle de peindre son portrait, à Lysippe de couler son imaga et à Pyrgotèle de la graver. Pamphile était d'ailleurs fort habile dans l'exécution; Quintilien dit posi- tivement qu'il se faisait admirer par une grande connais- sance du dessin et par la beauté de l'ordonnance. Aratus n'estimait rien tant que les tableaux de Pamphile et de Mélanthius. Il fit présent à un roi d'Egypte de quelques- uns des ouvrages de Pamphile» les accompagnant de ceux de Mélanthius» son élève (Plutarch. in Arato). On cite de Pamphile» le combat de Phliunte» la victoire des Athé- niens» un tableau que Pline nomme Cognatio et qui re- présentait peut-être un sujet de làmille» enfin le débar- quement d'Ulysse. Il convient» je crois» de rappeler ici que LucuUus» qui à la vérité devait payer très- cher de simples fantaisies» acheta* les Argonautes deCydias» peia- tre de cette époque» la somme de i4oooo sesterces» c'est- à-dire s8 1 lo francs. ^ Ëchion» peintre et sculpteur» fut considéré par Pline et par Cicéron comme un artiste excellent; Pline le cite parmi les peintres qui » avec quatre couleurs seulement » produisirent les plus beaux ouvrages» et il parle avec éloge de ses tableaux représentant la comédie et la tragé- die» Sémiramis» une vieille portant une lampe» et surtout de cette jeune mariée dont la pudeur était si remarqua- ble. L'expression que Cicéron emploie au sujet d'Échion est affirmative et décisive; après avoir parlé des qualités des plus grands peintres qui précédèrent celui-ci» il finit par dire : « Quant à Échion» tout est parfait dans ses ou- 9 vrages. » Quoique le nom de ce peintre soit peu répété par les écrivains» l'assertion remarquable de Cicéron et Digitized by Google 392 filSTOIRE DE LA VEIKTtAE. les éloges de Pline doivent nous le faire r^arder comme un artiste du premier ordre. Son talent en sculptnre» ou peut-être en plastique» doit augmenter cette préTentton. Hyppatodore fut aussi un artiste très-habile : sa belle Minerve à Aliphèze» Amphiaraiis sur son char» et des fi- gures iconiques attirèrent sur lui l'admiration dos Grecs* Enfin Léocharès» si toutefois il est plus jeune que Praxi- tèle» doit être cité ici à cause de la beauté d'un ouvrage d'or et d'ivoire représentant Philippe» Alexandre et Amyn- tas. On remarquait aussi comme autant de chefs-d'œuvre son Jupiter tonnant, transporté par les romains au Gapi- tok, son Apollon coiffé d'un diadème» et son enlèvement de Gamimède oii l'on distinguait la précaution avec la- quelle l'aigle approchait ses serres des vêtemens du bel adolescent : deux groupes semblables do marbre qui se voient dans le musée du Vatican représentent le même sujet. Martial a rendu la même idée dans ces deux vers : ÂEihertas aquilé puerum portante per auras ^ Illœsum timidis unguibus hœsit onus. Liv. 1. £pî^. 7. Un des derniers statuaires célèbres avant Praxitèle» est Briaxis. On voyait de lui à Daphné près d'Antioche» un Apollon »' c'était un ouvrage admirable et inimitable au dire de saint Clément d'Alexandrie» qui ne tarit point sur l'éloge qu'il fait de cette statue. Briaxis avait fiiit encore les statues de Jupiter et d'Apollon» et ceux qui voyaient ces ouvrages à Patarès doutaiept s'ils étaient de lui ou de Phidias. Ge doute suffit pour nous détourner de l'idée que l'Apollon du Belvédère est copié d'après ce statuaire» car les éloges de saint Clément d'Alexandrie sont bien moins une preuve ici que ne Test la différence extrême entre le Digitized by Google 8TTLB DE l'ART EN.GBIiGE. — 4* P^BIODE. SqS style de notre Apollon et celui de Phidias ou de Briaxis. Enfin Pline appelle ses statues qu*on voyait à Gnide, des che&^d'œuyre» et les Grecs le mirent au rang de leurs plus iSuneux statuaires. Il repré^nta deux fois Esculape. J'aimerais bien mieux entendre attribuer à Briaxis l'ori- ginal d'une excellente statue d'Esculape de la villa Albani» aujourd'hui au musée de Paris, n"* iga» que d'entendre lui attribuer l'Apollon du Belvédère. Cet Esculape est d'un style, il est vrai, tout-à-fait différent de celui de notre Apollon; cependant il offre une majesté, une grâce et une certaine finesse vraiment remarquables, bien qu'il tienne de la très-grande simplicité et du travail austère de l'antique école d'Athènes. Nous pourrions citer encore le statuaire Aristodème, contemporain du roi Seleucus : il travaillait en bronze. Comme Polyclète, il fit un Doriphore d'une grande beauté. Tatianus, en parlant de son portrait d'Ésope le fabuliste, dit quecette statue contribua à la célébrité de celui qu'elle représentait autant que ses fables mêmes; cet éloge n'est pas à délaisser. Pline nous dit qu' Aristodème fit des lut- teurs. Rien ne peut, ce me semble, empêcher d'attribuer à cet artiste célèbre le groupe des lutteurs de Florence; l'indication de Pline nous y engage. Cependant l'inspec- tion du style de ce monument nous inviterait aussi à l'at- tribuer, comme je l'ai dit, à Céphissodote, fils de Praxi- tèle, et qui, cinquante ans plus tard qu' Aristodème, ex- cellait, conmie son père, dans l'art d'exprimer la chair. Mais un autre beau monument qui peut, selon moi, être cité et classé ici sans inconvénient, c'est le groupe de Pan et Olympe. Nous ignorons le nom de l'auteur de cette excellente sculpture que conserve le musée de Florence. Digitized by Google 5g4 HISTOIRE D£ LA PEINTURE. Serait-ce Héliodore, cité^ par Plioe (1. 54* c. 8) comme ayant exécuté en bronze Pan et Olympe qui se disputent le prix de la flûte? Il dit que ce groupe passait pour le second en beauté parmi tous ceux qu'oa connaissait. L'autre» plus admiré encore, était celui de ce même Gé- phissodote dont nous venons de parler. Le groupe en marbre de la galerie de Florence semble avoir été exécuté d'après un bronze : il Ëiit voir une vive expression et ofire un excellent mode d'exécution qui rappelle la savante école de cette époque. Une aisance» un naturel» une va- riété piquante» une propriété de caractère remarquable et beaucoup de nerf dans l'exécution» font de cet ouvrage une des plus précieuses leçons de l'antiquité. Citons maintenant quelques peintres qui illustrèrent la fin de cette période. Pausias» chargé de réparer les peintures de Polygnote» voulut employer l'encaustique au pinceau ; mais» comme ce n'était point dans ce genre que les originaux avaient été exécutés» on remarqua le non- succès de Pausias. Pline nous a transmis ce fait qui» ea prouvant que Pausias était étranger à l'espèce d'encaus- tique employée par Polygnote» prouve aussi qu'il était digne de remplacer les parties effacées de cette peinture et d'associer ses travaux à ceux d'un des plus grands des- sinateurs. D'ailleurs le choix de ses propres tableaux et leur renommée servent à démontrer qu'il était lui-même» ainsi que son fils Aristolaiis» un peintre sévère. Il peignit Glycère assise; elle était représentée la tête ceinte d'une de ces couronnes de fleurs qu'elle savait faire avec tant d'adresse. Cet ouvrage était si admiré que LucuUus en paya une copie près de onze mille francs. Pline dit que Pausias avait aimé» étant plus jeune» cette Glycère qui Digitized by Google STYLE DE L*ÀRT Elf GBiCS. — 4* PERIODE. 3g5 était une célèbre bouquetière de Sicyone, et qu'en tou- laut rivaliser avec elle dans Fart de composer des cou- ronnes, il fit faire un pas à la peinture, en imitant la belle variété des fleurs {Lib. 35. Cap. 1 1) : Pline aurait pu ajouter et leur vive harmonie. Pt^isias avait peint un Amour prenant une lyre et laissant ses flèches; de plus, une femme personnifiant l'ivresse et dont on distinguait les traits à travers le flacon dans lequel elle buvait. Ce peintre, ajoute Pline, passa sa vie à Sicyone, ville qui fut long-tems la patrie de la peinture. Aristolaiis, fils et élève de Pausias, était aussi un peintre très-sévère, et ses tableaux furent iâmeux par l'excellence du dessin. Nous remarquerons qu'ils étaient pour la plupart d'une seule figure. Il fit plusieurs portraits de héros; Thé- sée, Ëpaminondas, Périclès, Médée, la Vertu, le peuple d'Athènes, retrouvèrent la vie sous son pinceau. Pausanias vante ces admirables ouvrages. Ce peintre avait exécuté aussi de vastes tableaux, et entr'autres un sacrifice de bœufs qui alla plus tard embellir à Rome le portique de Pompée; mais il préférait exécuter des tableaux de petite dimension. Il représenta souvent des enfans. Les grâces et la correction des ouvrages d' Aristolaiis ne l'empêchaient pas de travailler très-vite, et il fit un tableau qui fut ap- pelé Hémérésios ou l'ouvrage d'un jour : il représentait encore un enfant. Méchopane, autre élève de Pausias, était un peu dur de couleur , mais il réparait ce défaut, dit Pline, par une exactitude que les artistes seuls étaient capables d'apprécier. Ce peintre, ajoute Pline, était élé- gant et soigné dans son art, et peu de peintres peuvent lui être comparés quant à la beauté; il joignait à ces qua- lités une manière grande, grave et digne du cothurne. Digitized by Google 5g6 HISTOIRE DB LA PEINTUBE. Nous ne saurions douter qu'Euphranor n'ait été un pein- tre excellent, car tous les auteurs qui le citent sont d'ac- cord sur son grand mérite. Quintilien le met au premier rang; il le compare, dans son art, à Gicéron dans le sien, et il dit : « Qu'il l'emportait sur tous les autres peintres, 1 en ce qu'il possédait presque toutes leurs différentes » qualités dans un degré aussi éminent qu'eux. » Il excella aussi dans la sculpture, et travaillait en marbre et en ai- rain. Cet artiste studieux et savant avait écrit plusieurs livres sur les proportions. Il forma un élève bien remar- quable dans Gydias dont les ouvrages se payaient extrê- mement cher» car Hortensius lui compta 44 ooo sesterces pour son tableau des Aigonautes, et il fit faire une salle particulière pour placer cette peinture dans sa maison de Tusculum. Plus tard, ce tableau fut mis dans le portique de Pompée par Marcus- Agrippa, qui en fit l'acquisition. c Euphranor, dit Philostrate {Devitâ Apollonii. L.i\. » C. g.), faisait sentir la vie dans ses figures, et le relief de » ses peintures étonnait tous les yeux. » Il avait écrit aussi sur le coloris. Lorsque Paul Diacre voulut vanter le talent de l'empereur Adrien en peinture et en sculpture , il le compara expressément à Euphranor et à Polyclète. Dans cette citotion il ne s'agit pas de la flatterie de l'auteur, mais de la comparaison faite entre notre peintre et le grand statuaire de Sicyone. Pline dit qu'il était toujours égal à lui-même dans quelque genre qu'il travaillât, et que son talent très-docile était soutenu par la plus cons- tante application. Euphanor avait peint la bataille de Mantinée. Plutarque nous apprend que ce tableau était divinement exécuté. Pausanias a occasion de vanter aussi cet ouvrage en par- Digitized by Google STYLE DE l'art EN GRÈCÎE. — 4* PÉRIODE. ' Zgj tant des peintures du Céramique; Il parait que ce morceau était plein d'enthousiasme. Ce peintre y avait représenté aussi douze grands dieux» et on remarqua qu'il avait épuisé toute l'expression de la dignité et de la majesté dans la figure de Neptune, mais qu'il se trouva embarrassé pour exprimer convenablement celle de Jupiter. On voyait de lui un tableau représentant Ulysse qui contrefait l'insensé en attelant ensemble un bœuf et un cheval en présence de deux hommes en manteau qui le considéraient avec attention. Il peignit aussi un général remettant son épée dans le fourreau, un Apollon, le Peu- ple» la Démocratie, et d'autres tableaux dont l'indication ne nous est pas parvenue. Quant à ses statues, nous en connaissons par tradition une douzaine. Toutes étaient en bronze : Paris, Minerve, Latone, le bon Succès, la Vertu, la Grèce, une Adorante, Yulcain, Philippe, Alexandre, un héros armé d'une mas- sue, bronze qui, selon Pline, était d'une grande beauté. Enfin il fit plusieurs colosses, des quadriges et des vases. Il y a beaucoup de raisons pour considérer Euphranor comme le peintre qui compléta la peinture; de même que Praxitèle fut le sculpteur qui perfectionna et qui com- pléta la sculpture. Les statues du peintre Euphranor ont même dû être d'un grand secours à Praxitèle pour ajouter ce qui manquait encore à la statuaire, je veux dire la sou- plesse et la douceur des chairs, ainsi que la belle disposi- tion dans laquelle on doit comprendre la combinaison du clair-obscur en tant qu'il concerne l'art de la sculpture. Il serait fort inutile de tenir compte ici de la critique de Pline qui lui reproche les corps trop grêles, les têtes et les articulations trop fortes. Le rapprochement que nous Digitized èdby Google SgS ' HISTOIRB DE LA PEINTUIIB. venons de citer d'après Paul Diacre» entre ce poutre et Polyclèle» maître fameux dans les proportions, détruit cette imputation qui (je suis obligé de renouveler ici cette conjecture) ne se rapportait sûrement qu'à quelques pro- portions qu'Euphranor avait cru devoir adopter pour les canons particuliers à certams caractères déterminés. Quand même Quintilien ne nous aurait pas dit que la peinture était plus florissante encore que la sculpture vers le règne de Philippe, et jusqu'aux successeurs d'Alexandre, nous sommes portés naturellement à le supposer. Aussi nous allons remarquer des peintres qui, chacun selon son génie particulier et ses diverses préférences pour telle ou telle partie de l'art, prouvent incontestablement qu'il n'y avait plus rien à ajouter à l'art et qu'il avait à cette époque acquis toute son intégrité. Les peintres ne pou- vaient plus étonner par de nouvelles qualités inconnues jusqu'à eux, et cependant ils ne se livraient point à des fantaisies vicieuses qui pussent porter atteinte à la chas- teté de leur art. La peinture se maintenait toujours sévère, pure et élevée. Point de cette oi^ueilleuse insouciance qui fait négliger les études austères et difficiles; point de cette témérité pauvre et funeste qui, en étourdissant les gens étrangers à la définition de la peinture, en accélère la dé- cadence. Tous ces Grecs, si sensibles et si bien instruits, ne cessaient de se rendre encore plus sensibles , encore plus instruits, encore plus sages, plus délicats et plus énergiques. Antidote fut un peintre sévère qui travaillait beaucoup, mais qui produisit peu d'ouvrages. Son joueur de flûte, ta- bleau qu'on voyait à Athènes, était une peinture achevée. Qui nous empêcherait de supposer que les figures souvent Digitized by Google 8TTLE DE l'âBT EN GBfcCS. — 4* PERIODE. rtpétées de jeunes Pannes, jouant de la flûte et dont on en Tolt deux fort gracieuses au musée de Paris, n* ilfi, ne soient exécutées d'après cette peinture d* Antidote ? La disposition en est excellente et le travail rappelle Tépoque où nous les plaçons ici. Une copie plus sévère serait né- cessaire, il est vrai, pour fortifier cette conjecture. On a voulu aussi qu'elles soient copiées d'après rAnapauomé- nos de Protogène : il est certain qu'elles semblent repré- sentées dans le moment où elles prennent baleine, moment es^riAié par ce mot grec. Antidote et Protogène floris- saient à peu près dans le même tems. Athènes, patrie de Nicias, honora ce peintre de la sé^ pulture accordée aux grands hommes. Cet artiste méritait ce souvenir et par son talent et par sa générosité, car les offres considérables du roi Attale, pour un de ses tableaux, ne le détournèrent point de l'idée d'en iaire hommage à son pays. Nicias avait les sentlmens d'un véritable peintre. Ce n'était point dans le monde qu'il travaillait à ses succès, mais au sein de son atelier. Il portait l'assiduité à l'excès, car il fallait l'avertir quand il avait oublié de prendre ses repas. Ce peintre, malgré ses richesses, ne cessait de tra- vailler à acquérir de la gloire. On peut voir dan|Démétrius dePhalère quelle haute idée Nicias avait de son art. Aussi avait-il coutume de dire que le sujet n'est pas moins important dans le tableau que la fable dans un poème, c Les grandes actions, ajoutait-il, élèvent et agrandissent » le génie du peintre, comme les actions basses et com- 1 munes le rétrécissent et le rabaissent. » On cite, comme un de ses plus beaux ouvrages, son Evocation des Ombres. Ce tableau représentait Ulysse évoquant les ombres des morts, tel que le décrit Homère. Digitized by Google 4oO BISTOIBB DE LA PEIlfTUBB. Ce fat de ce chef-d'œuvre qu'il fit don àsfrpatrie» Un antre ouvrage de Nicîàs, presqii'aussi remarquable, était son Hyacinthe; la plus grande beauté juvénile brillait sur cette charmante figure» et rappelait tout Famour qu'A- pollon lui avait porté. Auguste fut séduit par ce tableau qui était à Alexandrie» et l'envoya à Rome; plus tard, Tibère le consacra dans le temple d'Auguste. Voici la description que Pausanias nous donne (L. 7, C. 22.) d'une des peintures de Nicias : t Avant d'entrer à > Tritia, ville d'Achale, on voit, dit-il, un magnifique tomr > beau de marbre blanc, plus précieux encore par les pein- 9 tures de Nicias, que par les ouvrages de sculpture dont il « est orné. Une jeune personne, d'une grande beauté, est » représentée assise dans une chaise d'ivoire; à côté d'elle » est une de ses femmes qui lui tient une espèce de parasol » sur la tête. De l'autre côté on voit un jeune garçon qui » n'a point encore de barbe : il est vêtu d'une tunique et » d'un manteau de pourpre ; près de lui est un esclave » qui , d'une main , tient des javelots , et de l'autre des > chiens de chasse en laisse. On ne put pas me dire les > noms de ces figures, mais je compris sans peine que c'é- » tait te tombeau d'un mari et d'une femme. > Un vase grec publié dans Passeri, et d'autres montimens, ne re- tracent-ils pas cette peinture ? Nicias excella dans ta représentation des femmes, ainsi que dans celle des animaux; sa Némée, assise sur un lion, fut apportée d'Asie à Rome. Il peignit lo; Calypso assise; Andromède; Diane; et un Alexandre d'une grande beauté. Outre ses qualités remarquables en fait de dessin, on admirait la justesse et la force de son relief, et ses ri- goureuses études sur le clair-obscur {Lumen et utnbras Digitized by Google STYLE DE l'art EN GBkCR. — 4** PERIODE. 4^1 custodivit, atqut ut eminerent è tabuliê picturœ maxime ûuravit. Pline. L. 35. C. ii). Ce n'est point ici le lieu de parler de son enduit encaustique (circwnlinitlo) dont Praxitèle faisait tant de cas» et il faut remarquer que Pline dit que peut-être ce fait doit être appliqué à un autre Ni- cias que celui-ci. Il nous faut citer ici Athénion que la mort enleva avant qu'il ait pu multiplier ses chefs-d'œuvre^et qui pro- mettait de surpasser tous les autres peintres. On mettait même ses ouvrages au-dessus de ceux de Nicias. Son co- lorisy dit-on» était austère, et ses tableaux n'en étafent pas moins agréables, car cette austérité faisait ressortir ses vives expressions. On admirait surtout son palefrenier avec un cheval; son Polygynaecon qui représentait une assemblée ou une procession de femmes; Ulysse décou- vrant Achille caché sous des habits de femme; et Phylar- que» tableau peint dans le temple de Gérés Éleusine. Nicomaque» que Gicéron range parmi les excellens pein- tres, fit remarquer, outre son grand savoir, une facilité étonnante. Gette facilité n'était point une pratique vaine et impertinente; c'était une belle qualité dont il était na- turellement doué. Plutarque fait à son sujet une compa- raison qui est bien honorable pour l'artiste; il dit : c Quo » sa manière facile de peindre était semblable à celle avec » laquelle Homère faisait ses vers.... » Gette facilité, jointe à un grand art, fut très-remarquée dans l'ouvrage qu'il fit pour Aristrate, tyran de Sicyone : c'étaient les peintures du tombeau du poète Téleste (Pline. Liv. 35. Gh. 1 1). Vitruve dit aussi de ce Nicomaque, habile élève du très- habile maître Aristodème de Garie, qu'il posséda un rare talent, mais qu'il eut à combattre la fortune et les con- TOME II. «6 Digitized by Google 402 niSTOIBE DE LA PEINTURE. trariétés de Fintrigue. II sentait rivement et pénétrait dans les secrètes beautés de Fart. Aussi n'osa-t-on pas entreprendre de mettre la main à une Yénus que la mort Favait empêché d'achever. Un i^orant ne trouvait rien de beau dans une Hélène de Zeuxis : t Prends mes yeux, 9 lui dit NIcomaque, elle te paraîtra une déesse. » On cite de Nicomaque, outre cette Vénus, Tenlèvement de Proserpine ; la Victoire s'élevant sur un quadrige; Apollon; Diane; la mère des dieux sur un lion; Ulysse, . quil imagina le premier de représenter coiffé; et enfin son tableau où Ton voyait des Bacchantes et des Satyres. Mélanthius, élève de Pamphile, imita son maître. Ce peintre donnait pour maxime dans ses écrits sur la pein- ture : < Qu'il faut savoir mettre de Taustérité et de l'as- » surance ( M. Heyne traduit une certaine hardiesse et du- » reté de pinceau ) dans ses ouvrages comme dans ses )> mœurs {LciêrU £>. 4- ^^ vitâPktlosopk. inPoUnume.). » Selon Quintilien, on remarquait que le caractère de ce peintre, comme celui de son maître, était la sagesse, et que, comme lui, il était admirable par une grande con* naissance du dessin et la beauté de Tordonnance. Pline, en citant Mélanthius avec d'autres artistes qui n'usaient que de quatre couleurs, dit : « Qu'il produisit des ouvra- » ges immortels, ne s'attachant pas seulement à des de- » hors spécieux (Liv. 35. Ch. 7.)». Ces indications sont importantes, surtout parce qu'il s'agit d'artistes qui étaient maîtres ou contemporains du grand Apelle, dont nous voudrions tant connaître le style. Plutarque {in Arato) nous apprend qu' Aratus , doué d'un goût éclairé pour la peinture, faiaait le phia grand cas des tableaux de ec peintre, et qu'il ne voulut pas dé- Digitized by Google STYLB DB l\bT EN GHkCE. — 4* PERIODE. 4^3 truire un portrait d'Aristrate que Mélanthios arait repré- èenté placé sur un char de triomphe arec la Victoire et enTÎtonùé de toute sa cour. Ce tableau, où Apelle avait mia la maiu, se trourait è Sicyone avec les antres por- traits des tyrans que détruisit Aratus, lorsqu'il affranchit cette ville. Le peintre Néalcès contribua aussi par ses instances auprès d'Aratua à ta conservation de cette peio- tiire< Il lui disait comme Protogène disait h Démétrhis ; t Tu viens faire k guerre aux tyrans, mais non pas h la » peinture. » Plutarque ajoute € que Técole de Sicyone » était alors dans toute sa splendeur et parée de toute sa » grâce. • Il est à remarquer aussi que c'est vers cette épocpie qu'on produisit les plus belles médailles. Protogène travaillait donc k une époqtie très-favorable à son talent naturel, vu la marche sévère que la peinture avait suivie jusqu'à lui, et il paraît que ce grand peintre sut très*-bien en profiter. Il aspirait h la plus haute per- fection. Non-seulement il voulait que ses tableaux rivali- sassent avec les plus belles statues; mais il voulait pro- duire par le pinceau quelque chose de plus surprenant et de plus vivant que les ouvrages lès plus beaux en marbre ou en airain. Savant "et correct, délicat et plein d*énergie, il voulait être excellent en tout point. Mais il ne put aller au-delà des bornes prescrites à l'humanité; il ne put outrepasser les forces naturelles de son talent ni les limites de son art. Anssi il semble qu'il les a plutôt mi- sés eu évidence qu'il d'à su les déguiser. En effet, à force de vouloir perfectionner; il oublia Taft de s'arrêter. Apelle s*en aperçut, et tout en admirant son grand talent, il l'avertit Ae cet excès qui, selon loi, privait dé grâces ses précieuses peitltures. Digitized by Google 4o4 HISTOIRE DE LA PEINTURE. On a supposé que Proiogène avait de la difficulté dans Texécution* Le tems fort long qu'il employait à terminer ses tableaux pourrait le feire croire; mais cette conjecture est peu solide, et c'est plutôt la sévérité de son esprit que l'inhabileté de sa main, qui lui aurait causé cette diffi- culté. Car de même que Léonard de Vinci ne regardait aucun de ses ouvrages comme finis et qu'il les reprennait sans cesse, de même Protogène trouvait toujours dans son génie de nouveaux perfectionnemens à exécuter sur ses tableaux. Quintilien dit : < Protogène était admirable » par le soin qu'il prenait, en ne laissant sortir de ses 9 mains aucun ouvrage qui ne fût achevé. » Le plus fameux tableau de Protogène représentait Ja- lysus, fils du Soleil et de la nymphe Rhodos. Un chien accompagnait ce personnage, ce qui le fit appeler un chas- seur.' L'application avec laquelle Protogène travailla à ce tableau fut fort remarquée. Il parait que cette peinture resta sept ans soumise aux rigoureuses corrections de son auteur, qui ne considérait comme terminée, au bout de ce tems, que la figure seule de Jalysus. On ajoute que, pendant qu'il y travaillait, il vivait avec une frugalité sans pareille. L'expression de Pline indique même un excès de sobriété que l'on peut regarder comme une précaution née de la tournure d'esprit de cet artiste. Mais Pline avait apparemment sous les yeux un historien fort exagéré et très-conteur, lorsqu'il s'occupait de l'article de Protogène. En effet, notre écrivain naturaliste, plus d'une fois ré- pète sans ménagement des assertions très-hasardées et quelquefois ridicules. Il ne donne donc pour tout aliment à Protogène, pendant les sept ans qu'il travailla à son Ja- lysus, que des lupins détrempés dans Teau : or, il fiiut Digitized by Google STTIB DE L*ART EN GHkCB. — 4' P^BIODE. 4^5 savoir que ces lupins sont des pois jaunes qui ne valent pas grand'chose, même en Grèce, pour ceux qui ont très- iàim. Pline ajoute, au sujet de ce peintre célèbre c que » son Jalysus fiit peint quatre fois successivement sur la » même superficie (ce qui eût fait quatre Jalysus les uns > sur les autres) et que ce procédé fut imaginé pour la • plus longue durée de Fouvrage... > Mais on voit que Pline, ou Fauteur qu'il compulsait, s*étant embrouillé dans une question d'encaustique, s'en tira par une historiette plus risible que vraisemblable. C'est sûrement le même conteur qui fit dire à Pline que Protogène, impatienté de tenter vainement l'imitation de la bave du chien, lança son éponge sur le tableau et fut servi à souhait par le ha- sard qui fit d'une tache d'épongé une excellente repré- sentation de cette bave. Un critique demande à ce sujet si Pjrotogène jeta aussi quatre fois l'éponge sur cet en- droit de son tableau. Pline dît ailleurs que Néalcès en fit autant pour exprimer l'écume d'un cheval retenu par son écuyer. Ces espèces de plaisanteries nous prouvent que chex les anciens il y avait des faiseurs d'histoires qui ca- chaient leur ignorance sous l'appafence du merveilleux, quelque trivial qu'il pût paraître aux yeux des gens ins- truits. N'oublions pas que Protogène était statuaire, de qui ex^ plique très-bien sa grande application au dessin, aux ibrmes et à la correction. Son nom est trop célèbre pour que nous puissions douter de son mérite, et sa première pauvreté f e laquelle il ne sortit que par la force de son talent, sert à confirmer cette opinion. On sait qu'Apelle, frappé du grand mérite de ce peintre que ses compatriotes récom- pensaient mal, lui ofirit généreusement cinquante talens Digitized by Google 4o6 mSTOI&S DE I.A PEl^TVBU* de éeê ouvrage», ^t fixa ainsi l'opiiiioii des curieux ibr la valeur da ses peintures. Son savoir lui attira ensuite lea égards deDémétriusdePhalère, lorsqu'il assiégeait la ville de Rhodes. Ce roi, qui connaissait son beau tableau de Jfalysus, épargna le quartier habité par ee peintre k^éen dehors de la ville, et il alla le voir souvent, lui laissant une garde qui fit respecter son repos, s Je sais, lui disait » Protogène, que vous êtes venu pour &ire la guerre aux » Rhodiens, mais non aux beaux-arts* •• » Il travaillait alor^ à la %ure qu'on appela AnapauonUnûs. Nous ve- nons d'en parler à l'article d'Antidote, pag. 399. Je ne dirai rien ici au sujet des lignes d'Apelle et de Protogène, et de l'espèce de oopibat qui donna lieu.ii ces délinéations» conservées sur im panneau qu'on voyait à Ronie. J'eii parlerai ailleurs. Le tableau le plus fangeux de Protogène, après le Jalysus, fut celui de Nausicaa. Il prit ce sujet dans l'Odyssée* et représenta cette jeune princesse conduisant une voiture tirée par des mulets. Il fit aus^i, d'après les conseils d'A- ristote, le grand Alexandre et plipsieur» sujets tirés de la vie de cq prince. Il peignit la mère d'Aristote, ainsi que le poète Philiseus occupé k composer une tragédie. Pro- togène représenta le roi Antigène, Paralus, Cydippe, Tiéopoléme, le dieu Pan, un athlète, et fit encore d'au- tres tableaux dont l'indication ne nous est pas parvenue. Pline, qui dit qu'on avait de lui de% statues de bronze, n'en cite aucune en particuU^ PausaQiAs p^rle aussi de$ travaux de ce peintre et des portraits d'hommes illustre* qu.'on voyait de lui à Athènes. Aucun écrivain ancien ne lui reproche de d^uts; je ne sais doac pourquoi l'auteur, chargé de $oh article dans Digitized by Google STYLE 0B l'aBT EN GR^CE. — 4* ^tuOHE. ^OJ rfincyclopédle méthodique, s'exprime ainsi : t Ce qu'on » peut croire» c'est que Protogène était un peintre très- » pur, mais un peu froid, un peu timide, on peu peiné, » et qu'il devait pécher dans la manœuvre, parce qu'il » avait été obligé de chercher, en tâtonnant, les procédés » du métier. » Oii cet écrivain a-t-il puisé ces indi- cations? Nous l'ignorons; mais ce qui est évident, c'est que ni Pausanias, ni Pline, ni Quintilien, ni Gicéron, en parlant de ce peintre classique, ne disent de cela un seul mot. Quintilien cependant, qui sait lien nous dire que le peintre Antiphile était admiré par la légèreté de son pineeao, aurait pu remarquer l'embarras et la peine dans ceioi de Protogène. Quant à Pétrone il me sentie faire l'éloge le plus complet de ce peintre» lorsqu'il dit : • Et » PraiogenU ruditnenta eum ^mus naturœ veritatc etr.- B tanlia, non sine guodam horrare ttaotavu Je vis des » tableaux de Protogène qui, par leur vérité, luttaient » avec la nature, et )e ne pus mettre le doigt sur ces fi- > guros sans éprouver un certain frémissement. » On dit que Protogène avait travaîHé jusqu'à l'âge de cinquante ans aux peintures des navires. Mais il ne faut pas ici comparer ces peintures à celles de nos frégates d'aujourd'hui, ni même à celles de nos gros vaisseaux du 17* siècle, tels que ceux que le statuaire Puget décorait à Marseîtte avant de se livrer à la sculpture en marbre. Les vaisseaux d'alors étaient déG(»rés magni.fiquemeat • Celui de Ptolémée-Philadelphe était orné de statues d'ivoire et de superbes peintures. Au reste, un artiste aussi châtié, aussi profond que Protegèna doit acquérir et se perfec-* tionner fosqu'è l'âge de vieillesse» et il était peut^tre très- vieux, lorsque Démétrius lui témoignait tant d'égards. Digitized by Google 4o8 UISTOIRB DE LA PfilKTURR. CHAPITRE 54. V« PÉRIODE : INTERVALLE DE DEUX CENTS ANS ENVI- RON.- CARACTÈRE DU STYLE DE L'ART GREC, DEPUIS PRAXITÈLE, TROIS CENT TRENTE -SIX ANS AVANT NOTRE ÈRE, JUSQU'AU PILLAGE DE CORINTHE PAR LES ROMAINS, CENT CINQUANTE ANS ENVIRON AVANT NOTRE ÈRE. Jl BAxiTÈLE, au dire des anciens, a fixé la perfection de l'art. C'est au tems de Praxitèle, disent-ils, et les modernes ont répété cette assertion , que l'art a acquis son maximum d'excellence. Si l'on juge les ouvrages de Praxitèle d'après leur résultat général, cette assertion est vraie ; mais si Ton veut distinguer dans l'art l'importance de ses parties respectives, ou, pour m'expliquer, si l'on distingue les par^ ties qu'il est le plus essentiel de conserver, de perpétuer pures et sans affaiblissement, celles enfin qui sont les plus propres à soutenir pendant plusieurs siècles l'éclat de l'art, on remarquera que Praxitèle ne saurait dans ce cas être placé avant Phidias, malgré le résultat et le complément de ses œuvres admirables et malgré le manque de quelques conditions dans lès statues de l'auteur du Jupiter olym- pien. Il devait donc arriver que les spectateurs qui ne veulent qu'un résultat, qu'un tout excellent, préférassent Praxitèle à Phidias, et peut-élre que beaucoup d'observa- teurs anciens se sont violentés pour placer au premier rang le grand statuaire athénien, qu'ils trouvaient surpassé par l'auteur de la Vénus de Gnide et du Gupidon de Tbespies. Digitized by Google STYLE DB l'art EN GR^CE. — 5* PifilODE. . 409 Ainsi il y a deui façons de considérer Fart, abstraction faite du mérite et de la valeur du maître. Or, s'il est vrai que Praxitèle ait réuni à la science et à la pureté de l'an- cienne école grecque» les charmes provenant de l'étude de l'optique qui produit la suavité ainsi que la grâce de l'en- semble, et qui contribue même à cette imitation -si at- irayante de la douce élasticité de la chair» si enfin le spec- tacle qu'ofiraient ses ouvrages avait quelque chose de dé- licieux et de ravissant par la réunion de toutes les quali tés constituantes de la statuaire» gardons-nous bien nous autres qui voulons étudier l'art en l'analysant; de penser que ce résultat si puissant des œuvres de Praxitèle et des maîtres subséquens» provint d'une force plus grande dans tous les moyens alors employés» mais sachons que c'est du complément de l'art ou de la réunion de toutes ses parties» tandis que la puissance résultant des œuvres de Phidias et de Polyclète» provenait de l'excellence des principales parties seulement Je suis loin de conclure que ce n'est pas à ce com- plément qu'il faille aspirer dans tous les tems» puisqu'il constitue véritablement le chef-d'œuvre; mais je veux faire remarquer la priorité que savent toujours disputer les artistes qui se rattachent constamment et de préfé- rence aux grands principes fondamentaux considérés et observés dans toute leur force et leur intégrité : car» par cette seule doctrine» ces artistes se soutiennent au pre- mier rang. Envisageons l'art de ces tems d'un point de vue un peu plus reculé et embrassons-en l'ensemble. Les statuaires et les peintres étaient devenus familiers dans l'art des caractères» dans l'art de représenter la na- Digitized by Google 4lO BISTOIBB DB LA PEINTUAB. ture avec puissance et vivacité. Les archétypcflr des divi- nités étaient déterminés. Les différens modes par les ajus- temens , par le style ou par le langage optique, étaient presque tous fixés. La hauteur de l'art statuaire une ibis aperçue et reconnue par tous les artistes, les merveilles dont cet art était susceptible pouvaient être préjugées dans le génie des statuaires et des peintres de ce tems. Il ne s'agissait donc plus alors que de cumuler tous ces moyens» que de conserver tout ce qui était acquis et d'a- jouter qudques combinaisons de plus, mais faciles pour des esprits vastes, ingénieux et délicats* Praxitèle obtint ce triomphe» il toucha réellement le but el il embrassa le maximum ou la perfection de l'art» puisqu'il la force d'imitation ce grand statuaire sut ajouter tous les agré- înens et tous les charmes. Et ce qui prouve qu'à cette époque l'art était arrivé à son point de perfection» c'est qu'il ne s'éleva jamais plus haut» qu'il se soutint seule- ment sous Alexandre par les travaux des Lysippe et des Apelle» et qu'après cet éclat plus ou moins prolongé» il coDunença èLs'éteindre et à décliner jusqu'à sa chute en* tière sous les derniers empereurs romains. Ainsi» dans les ouvrages de Praxitèle» on devait trouver» non cette seule austérité imposante et qui est isolée des autres conditions de l'art» austérité qui donnait tant de valeur aux ouvrages des Ménœchme» des Onatas d'Égyne» etc. » etc. » mais on y devait trouver aussi la force» la pré* cision et l'expression animée des excellons ouvrages de l'école de^olydète et de Phidias. La matière devait sem- bler remuante» par l'art avec lequel Praxitèle avait saisi h choix dos mouvemens et des poses les plus propres à ré- péter la vie et tout le natureL La plus grande vérité devait Digitized by Google STTLB DB L*4BT BN GBkCE. — 5* F^BIODS. ^lï régner dans leur ensemble» ainsi que la plus grande eon* yenance dans le caractère de ces mouyemens. Praxitèle 9 k ce que l'on peut croire» perfectionna et CfMnpléta l'art par trois qualités distinctes et remarquables : 1"^ le choix sayant et tout artistique des mouyemens, a"" le sentiment artistique ayec lequel il exprima les chairs» et 3^ le pittoresque ou» pour mieux dire» la beauté dans la dis- position» peut-être fiiudrait*il dire l'eurythmie. On ne yoit pas que les artistes antérieurs à Praxitèle aient su» aussi bien que lui» imaginer des monyemens fiiyorables à l'ex- pression de la yie et à cette magie qui semble commu- niquer quelque chose de remuant à la matière. Il ne suffi- sait pas d'imiter ayec énergie et naîyeté» il ne suffisait pas de choisir d'excellentes pantomimes» il fallait faire dbpa- raltre l'immobilité de la matière et imaginer certains conr trastes» certains j^ix des parties qui pussent favoriser cet aspect animé et cette idée de yie si propre h rendre la sculpture et la peinture attrayantes et à faire naître la sur- prise. Quand on oppose à cette d^cate doctrine de Pra- xitèle^ lea recettes grossières de l'école de Michel-Ange» consignées dans Paul Lomazxo et autres écrivains qui prescrivent le mouyêment flamboyant et la continuelle contraposition des parties» on n'est plus surpris de la grande différence qui distingue les anciens des modernes. La seconde qualité apportée évidemment dans l'art par Praxitèle» est k souplesse et le moelleux élastique de la chair. Depuis qu'il étonna les statuaires paille perfection- nement qu'il donna à cette condition» on vit tous les ar^ tistes la rechercher ayec ardeur» et elle se perpétua jns- ' que sous Trajan et Adrien. Au reste» si l'on ne veut pas s'en rapporter à ce que nous indiquent sur ce point cerr Digitized by Google 4lS HISTOIEB DE UL FBIRTUAB. tains moDumens que nous arons sous les yeux, qu'on ou- vre Pline et. qu'on observe ce qu'il dit de G^>hissodote, fils de Praxitèle et digne héritier» selon cet écrivain, du talent de son père. II. nous apprend qu'à Pergame on voyait de' ce statuaire un groiq>e distingué par le senti- ment delà chair. Les doigts des figures, dit-il, y paraissent imprimés plutôt dans un vrai corps que dans le marbie : c'était un des plus beaux groupes connus. Un autre ou-* vrage de Céphissodote, la statue d'Ënyus, passait, au dire de Pline, pour être de la main de Praxitèle» Et icv je ferai observer aux personnes qui croient avoir trouvé dans les sculptures du Parthénon cette même qualité, qu'il est né- cessaire de confronter immédiatement les divers monu- mens, pour bien les juger respectiveiàent sous quelque point que ce soit, et que d'ailleurs j'entends ici cette sou- plesse qu'on obtient, non par la seule imitation de la sou- plesse générale individuelle, mais par le choix du vraisem- blable et des effets exclusivement favorables à l'expression si attrayante de ce caractère.. Enfin la troisième qualité, très-remarquable en ce qu'elle complète le caractère total de l'art, c'est l'exceilente dis- position optique du tout ou des parties, disposition qui, dans tout l'ensemble, attire et enchante la vue, et qui, dans les parties seulement, produit des transitions plus ou moins agréables et combinées, comme les sons dans un concert, de manière à flatter l'organe en complétant ta beauté. Au rçste ces conditions doivent être considérées dans leur perfection, je veux dire associées toujours à la convenance et au mode prescrit par le sujet.. Praxitèle sut donc jeter sur ses ouvrages un charme inexprimable provenant non-rseulement du sentiment ex- Digitized by Google STTLB DB L*AaT BN GRkCB. — 5' fAbIODE. ^li quîs idont il était naturellement doué, mais des secrets que ▼enait de découvrir son heureux génie. Il sut être noble et plein de convenance» fort et tout naïf à la fois, précis, vrai et sévk^e, mais plein de suavité, de charmes et de grâces. Quel résultat ! Quelle sculpture ! Quels talismans que.de pareilles images I Aussi les peuples accouraient-ils à Guide et à Thespies, pour admirer sa Vénus et son Gu- pidon ; aussi la belle Phryné, incertaine sur le choix de tant d'ouvrages qui causaient tous Tivresse, eut-elle re- cours à la ruse pour obtenir de l'artiste le vrai chef-' d'oeuvre que lui seul pouvait distinguer parmi ses autres chefs-d'ceuvre ' ; aussi les historiens ont-ils répété que le nom de Praxitèle était répandu sur toute la terre '• Les gens opulens, après avoir goûté ses belles productions pendant leur vie, exprimaient, en mourant, le vœu que ce filit Praxitèle qui exécutât les images qu'ils voulaient perpétuer K Enfin toute l'antiquité plaça Praxitèle à côté de Phidias et sur la même ligne que lui. Son satyre fut connu sous le nom du Fameux ou Périboètos, et quand on disait la Vénus de Guide, de même que quand on di- sait le Jupiter olympien, toute la Grèce s'entendait sur cette expression. Si Phidias rendit très-perceptible la majesté et la haute beauté, en y ajoutant une vérité inconnue dans l'art jus- qu'à lui, Praxitèle rendit plus sensible la vérité en l'em- bellissant des charmes de l'art, charmes trop négligés * Qu'on saave mon satire, qn*on saaTc mon Gapîdon, sVcrîa-t-îl, lorsqu'elle Tint lui annoncer que le feu était k son atelier. ■ Yarron. JUb. i. Rentm. A //ma/t. — Aulug. Noct. Aitic, Lib. i3. Cap, 16. * Laërt, JUb. 5. m Theophrasto. Digitized by Google 4l4 HISTOIRE DÉ LA PBINTUBB. aupafttTaDt. Quiiitilien n'hésite donc pas à dire que Praxi- tèle et Lysippe avalent le mieux approché de la Térité; mais il né distinguait peut-être pas que cette rérité n'é- tait pénétrante» que parce qu'elle était devenue très- aimable et vraiment enchanteresse, tandis que la vérité de Polyclète était peut-être tout aussi plire et tout aussi admiràbfe, quoique moins parée Ae» charmes d'un ingé- nieux calcul. On doit déjà conclure de ces aperçus, non que Praxitèle ' porta encore plus haut les qualités dominantes de Phidias et de Polyclète, mais qu'il ajouta quelque chose de plus è ces qualités, et que probablemeiit même ce fut aux dépens et de l'austère pureté et de cette^ force virginale apparte- nant exchtsivement à ces maîtres antérieurs, que Praxitèle dbtint cet équilibre complémentaire des parties, qui fit de ses ouvrages comme autant d'enchantemens et dont le résultat fut d'un effet si puissant sur les spectateurs de tous les âges. Quand je dis que Praxitèle ajouta ce com- plément de l'art aux dépens peut-être de cette force et de cette austérité antique, je veux plutôt dire son école que lui-même; car comment croire, en jetant les yeux sur les Niobés ou sur la tête de la Vénus de Guide ou sur le jeune Apollon Sauroctonos, comment croire, dis- je, que la sévérité de Timitation et l'austérité du dessin aient été déprisées et dékissées par un si grand artiste? D'autres peut-être iront plm loin que moi dans l'opinion opposée; ils penseront que l'art a été affaibli aussitôt qu'on s'occupa de le décorer par ces nouveaux attraits, et ils compareront volontiers son antique chasteté à celle d'une jeune vierge qui semble moins pure, moins innocente, dès qu'à ses charmes naïfs elle veut ajouter la paruhe. Digitized by Google STYLE DB l'IaT £If GRkCE. 5* PERIODE. 4l5 Uœ des remarques qull importe le plus de faire sur Praxitèle et sur ses illustres successeurs, c'est que ces maîtres purent davantage, puisque toute la sdeuce était acquise, s'abandonner au sentiment. Plus d'incertitude à cette époque sur les moyens ou sur le but; point de né-< ^igeuce dans l'éducaticm artistique des statuaires et des peintres. Us connaissaient familièrement toutes les res- sources et toutes les parties de leur art : Us durent donc se &ire une véritable joie de la sculpture et de la peinture; ils durent convertir en une jouissance de sentiment ce qui, pour leurs devanciers, avait été un exercice d'une phis ou d'une moins grande contention, et je ne doute pas que cette aisance dans la pratique et cette sécurité dans la concep- tion de l'art entier ne leur aient été extrêmement iavo^ râbles, en ce qu'ils pouvaient choisir, pour ainsi dire, selon leur goût, chanter dans toutes sortes de tons, et être maîtres de la nature comme de l'art lui-même. Praxitèle voulut représenter la déesse des Amours et rendre visibles tous ses charmes; il n'eut qu'à fair&sa Vénus de Gnide. Il voulut donner aux hommes une image touchante de la joie calme et de la santé champêtre des premiers âges ;. et il fit son jeune Périboètos. C'était un faune plein de vie et de félicité; le sourire naïf du bonheur des campagnes embellissait ses joues et ses lèvres pudiques, la fraîcheur de l'adolescence était répandue sur ses membres pleins et embellis de santé, son attitude était agreste, quoique fort gracieuse, et tout l'ensemble du spectacle avait quelque chose de neuf et de naturel, de puissant et de très--simple à. la fois. Voulut -il représenter les grâces tendres d'un plus jeune âge ; il les exprima sur son Cupi- don si enchanteur et si admiré. Un autre Gupidon, plus Digitized by Google 4l6 HISTOIBR DE LA PBINTURfi. adulte» avait l'attitude et le mourement si délicat que nous admirons dans l'ApoIlino, statue de l'école de Praxi- tèle, si toutefois elle n'est pas elle-même une répétition variée de ce Gupidon. Nous connaissons, par des copies aussi, son Apollon Sauroctonos ou qui guette un lézard : c'est encore une image de l'adolescence naïve. Nous en parlerons tout-à-riieure. Il répéta plusieurs fois les char- mes de la belle Phryné, et il représenta des nymphes qu'on ne se lassait pas d'admirer. Une matrone qui pleure atti- rait tous les regards, ainsi qu'une femme qui portait des couronnes. Praxitèle variait ses sujets et choisissait à vo- lonté : tel un habile musicien joue à loisir de l'instrument qui cède à son génie, enivrant de plabir et d'extase celui qui écoute ses délicieux concerts; de même Praxitèle pas- sait d'un sujet à un autre et excitait mille idées attrayan- tes, mille sentimens délicieux et bienfaisans chez les ad- mirateurs de ses chefe-d'œuvre. Mais pour revenir à cette espace de volition toute puissante, qui probablement était le partage des maîtres célèbres de cette époque si abondante en statues merveil- leuses, il est à remarquer, je croîs, que cette force créa- trice, provenant de la liberté de la pensée, ne semblait plus être dépendante et provenir de l'art ni des règles. C'est donc alors que la science disparaissant, le sentiment semblait seul dominer. Pour employer une comparaison, je dirai que le sourire gracieux des figures de Léonard de Yinci, sont le résultat àe son sentiment, il est vrai, mais que s'il n'eût pas eu à sa disposition toutes les ressources de la perspective et du dessin, s'il n'eût pas été maître de ees ressources, nous n'eussions peut-être jamais admiré cette excellence dans ses peintures. Ainsi, lorsque l'art Digitized by Google STTLE DB l'art EN GIlkCE. — 5* PàniODE. ^IJ fat par&ity les artistes purent décorer, pour ainsi dire» leurs ottTrages du voile attrayant du sentiment, et quoi- qu'ils ne sentissent pas. plus vivement que leurs devanr cîers, ils communiquaient dans leurs productions plus vi- vement et plus nettement leurs idées et leurs sentimens, ils excitaient plus fortement l'intérêt et Tadmiration dans les observateurs de leurs ouvrages. Ici je dois ajouter, pour compléter l'idée que je viens d'émettre, que les ar- tistes qui, après ces grecs savans, voulurent s'abandonner à leur sentiment, sans posséder cette même science et sans être maîtres, comme eux, des moyens de l'art, furent loin de soutenir la sculpture ou la peinture, et la firent au con- traire rétrograder. C'est par ce fatal abandon des règles que se sont perdus de nos jours une foule d'artistes qui, voulant se persuader que l'art de Raphaël et de Michel- Ange n'est qu'un art d'inspiration, et qu'il suffit que l'on sente ou que l'on soit électrisé, pour produire des chefs- d'œuvre, ne mettent au jour que des ouvrages faibles, exal* tés parfois, mais trop souvent sans vie et sans substance* ' Ce fut donc vers cette époque que le charme des com- binaisons optiques, soit des lignes, soit des masses du clair- obscur ou du coloris, fut obtenu par des moyens certains. Les efforts d'Euphranor, d^A^ielle et de leurs cti' ques qui n'avaient point encore été conçues dans les ou- vrages antérieurs à Zeuxis. Et comme le principe du beau, appliqué à la disposition, est le même pour les peintres que pour les sculpteurs (cela doit être ainsi, puisqu'il est puisé dans la nature,) ce fut à la peinture que la sculpture fut redevable de ce principe heureux qui en détermina le complément. TOME II. 27 Digitized by Google ^ig mSTOlBE VB LA PEINTURE. Ainsi, à l'antique parité on répartîUan symétrique pro- venant des écoles étrusques et égynétiques succéda an ordre conforme à Tharmonie ou à la beauté optique, et cette théorie, une fois découverte, parut si féconde en combinaisons, fut trouvée si commode et si nécessaire, que Tart s'en empara pour toujours. On peut dire en général que lors de cette beurense épo- que de l'art et à ce terme de sa maturité et de son exceU lence, tous les secrets furent débrouillés, toutes les lois furent consacrées, toutes les finesses et toutes les règles les pins abstraites furent réduites en axiâmes clairs, posi- tifs et complets. Il faut bien se rappeler que dans les pé^ riodes subséquentes les conditions qui n'exigeaient que de la méthode et du calcul furent toujours conservées et servirent à soutenir l'art jusqu'à sa fin, mais que les autres conditions qui se lient à la chasteté des idées, à la rigueur 4les mesures et des études naturelles, et qui d'ailleurs dé- pendent d'un sentiment naïf et d'une résohitioa d'esprit sans laquelle on ne saurait lutter avec la nature, furent insensiblement négligées. Les Romains dégénérés n'au- raient jamais pu ressaisir le style des Niobés, la vie et la vivacité duI>iscobole,Ia force et l'élasticité du Gladiateur: mab il leur restait l'aspect plus ou moins agréable et tou* jours imposant, aspect heureux qui résultait des combi- naisons de la disposition ; il lenr restait la convenance dans les conceptions générales, et une certaine justesse dans l'idée et le jet des images. Toutes les statues d'Antinous, les bas-relie& des colonnes trajane et antonine, ceux de l'arc de Titus en sont la preuve. Quant à cette vie animée, résultat de l'austère et rigoureuse exactitude dans l'imi- tation, quant à ce» sel attique, qui vivifiait le marbre et Digitized by Google 8TYLB DE L^AUT filV GnkC£«-^5* PÉRIODE. 4^9 rairain éoiis les niidiàd, les Polyclète et les Mjfùn, les Romains en étaient dépourvus» et pins d'une fins leurs spectacles offrifent des fantômes et de grandes impostures an lien d'images pures» exactes et touchantes parla yé* rite. Enfin» si atant Praxitèle il était impossible» plusieurs secrets essentiels n'étant point encore découverts, que les meillenres productions fussent parfaites» elles le furent depuis ce grand statuaire» et cette perfection dbra tant c(ue les peintres et les sculpteurs se firent un devoir de convertir en un miel excellent les fleurs précieuses qne lenr avaient préparées avec tant de pénibles soins^ tears tllnstres devanciers. Il arriva donc qnlavec de la méthode seulement et du sentiment ils devaient tous exceller dans lenr art» et» comme ils étaient d'ailleurs secondés par des circonstances presqti'aussi favorable» que celtes qui ac* compagnèrent le siècle dePériélès» leurs tableaux et leurs statues devaient être autant de merveilles. Lorsque nons jetons les yeux sur les copies mêmes des monnmens de ce tems» nous sommes frappés def étendue des moyens devenus fiimiliers à tous les artistes d'alors» nous sommes étonnés de ta sécurité de leur marche» dé la rectitude de leurs vues» de Texcellente direction de tous lenrs efforts et de la plénitude de leur savoir. Ouvrons senlement les livres théoriques d'Arbtote; nons y voyons que cet instituteur d^Alexandre avait une idée nette» très- profonde et complète des grandes doctrines des écoles et des ateSers. Soit qu'il parle de poésie» de rhétorique ou de peinture» il^est aussi sûr de ses principes dans une de ces questions que dans l'autre ; on voit qu'il n'est préoccupé que de la manière de les communiquer. Cette manière n'a pas- toujours contenté les modernes» parce Digitized by Google ^20 HISTOIBE DE LA YB1NT1ÏBB. qu'Âristote s'adressait à des Grecs et qu'il ne pensait pas auxtems lointains où les hommes ne recevraient les gran- des Térités de sa doctrine qa'au travers de pr^ugés fidla- cîeux et très-învétérés. Enfin, pour caractériser cet état de perfection de l'art, ne peut-on pas emprunter à ce même Aristote l'expression qu'il emploie au sujet de la tragédie et de la comédie, et qu'il appliquait peut-être aussi à la peinture et à la sculpture, lorsqu'il dit : « Ces B deux arts se reposèrent, quand ils eurent tout ce qui » leur était propre. » . Je rappellerai ici le passage déjà cité de Pline, relatif à l'enduit, conservateur dont Praxitèle. faisait recouvrir ses statues par le peintre Nicias. Cet écrivain dit que Praxi- tèle ne croyait ses statues terminées que lorsque Nicias les avait enduites d'un vernis précieux. Peut-être Praxi- tèle voulait-il dire que ce moyen, en les conservant plus long-tems pures et intactes, les lui rendait plus chères, et qu'il les croyait dignes de ce sojn recherché. Peut-être aussi Nicias avait-il porté fort loin l'art de colorer et de vernir les marbres à l'aide de procédés encaustiques par- ticuliers qu'il avait su découvrir. Au reste, et Pline, même le suppose, il s'agit peut-être d'un Praxitèle autre que le célèbre statuaire athénien. Je laisse:donc ce passage, et renvoie le lecteur à ce qui sera dit à la fin du chap. Sgi. . Parlons de quelques copies que nous possédons d'après Praxitèle, et commençons parla fameuse Vénus de Gpide. n parait que nous avons retrouvé, sinon une très-bonne copie, au moins une copie avérée de la célèbre Vénus de Gnide, scjulptée en marbre par Praxitèle. Cette copie se roit h Rome au Vatican, et il est très-vraisemblable que d'autres copies antiques du même (Nriginal existent dans Digitized by Google STYLE DE l'art EN GfikCE. — 5* PÉRIODE. 421 quelques cabinets. N'est-ce pas ici le lieu de rappeler combien serait utQe, pour faire'cesser l'ignorance où l'on est à cet égard, l'exécution de notre projet de calcograpbie nnirerselle d^ntiques ? A l'aidiB de cette calcograpbie on aurait sans beaucoup de peine des indications importantes pour l'étude qui nous 6ccupe ici. Indépendamment de cette copie/ nous possédons des médailles de Gnide sur lesquelles on voit cette même Vénus. Philostrate, dans son Dialogue des Amours, nous en donne uHe espèce de description. Biaise déVigenère, traducteur de Philostrate, dit au sujet de cette Yénus : « Selon le bruit commui^, » l'original est tout entier de marbre à Rome dans le jm> il din du Belvédère, et de bronze en ceux de Fontain»- ï bleau, jeté en moule sur l'antique, par le grand roi Fran- 1 çois I'' de ce nom, père et restaurateur des bonnes let> Y très. 9 Ce bronze se voit maintenant dans le jardin des Tuileries, sur la terrasse du midi; c'est sur cette copie que je vais faire quelques observations. M. Heyne s'exprime ainsi au sujet de cette statue : < La Vénus sortant du bain Y et qu'on voit au Belvédère, est celle qui approche le plus » de la Vénus gnidienne par l'attitude. Elle couvfe avec la » main droite les parties du sexe, et lève avec la gauche » sa draperie posée sur un vase. » M. Heyne cite dans, une note les ouvrages suivans, où l'on trouve gravée cette Vénus^ de Gnide : Perrier, 83; Raccolta, t.4; Bishof,46; Aldo- vrande, p. 120; Lalande, t, 3, p. 233; Lippert, t. 1, 81. M. Heyne croit la retrouver encore dans une Vénus très- muliléédeFloi'ence (Mus. Flor. t. 55). Comme lesqualités qui sont h remarquer dans celte copie ne sont point de* qualités vulgaires, et qu'il faut, pour les comprendre, être, je ne dirai pas initié dans les mystères de Tanlique, car Digitized by Google /^2S H16TOIBB hE LA PBINTUBE*' celte expression plairait aux détracteunderartdes Grecs, mais être familier avec le» secrets du dessiu^il arrive quel- quefoift que les observateurs superficiels sont peu favora- blement prévenus à Taspect de cette copie de la Vénus de Praxitèle. Ce n'est qu'aux vrais amis de l'art que j'en recommande l'examen. L'attitude de cette Vénus est tout à dit convenable et dans les mœurs ; son geste est pudique, sans affectation, chaste et innocent, sans trc^ d'abandon. Quoique le bras gauche, ou plutôt la main, ait éprouvé des altérations sensibles, ainsi que la situation de la jambe d'aplomb, on peut dire que les lignes principales des grandes parties sont conservées dans le tout, à quelques finesses près qu'on n'exige guère dans de pareilles copies. La tête de la déesse se tourne légèrement et par un mouvement délicat sur le côté gauche. Avec quel art ces contrastes dans la tête, le '''^ col, et surtout dans le tcurse dont la partie supérieure se meut insensiblement sur les hanches, avec quel art, dis-je, ces mouvemens et ces lignes devaient être exprimés sur l'original I Cette figure semblait sûrement r^nuante, quoi- que pleine de réserve et de pudeur. A la souplesse elle alliait une chasteté calme, à la variété un aspect extrê- mement simple. Comme les épaules Jouent savamment avec les hanches 1 Comme les hanches elles-mêmes se meuvent d'une manière fine et gracieuse sur les cuisses I Quel artifice I Quelle donnée ingénieuse et favorable à l'expression de la vie 1 Tout est art et tout parait sans art. La copte en semble peut-être insipide aux yeux du vul^ gaire, parce qu'elle est dépouillée de ces délicatesses vraies que Praxit^e était seul d^aUe de rendre; ci^endant cette copie, toute grossière qu'elle paraîtra sans doute, renferme Digitized by Google 8TYLB IkB l'abT E9 CB^CB. — 5' P^BIODE. 493 un principe merveilleux et sacré. Le jeu ^u squelette seul» 60U8 cette envetoppe nn peu commune, en est vraimenl admirable. Dans ce bronze altéré, le sein est d'une grande beauté; le ventre et les banches sont vrais et d'un noble contour, la tète est d'un caractère divin. Cette tête rap* pelle, plus directement qu'aucune autre, comme je l'ai dit au sujet de Soopas, les traits des plus belles Niobés et le baut style de formes du plus bel fige de l'art. Quand on a bien compris cette statue classique, combien d'autres pa- raissent froides et sans art I Elle n'appelle point le spec^ tateur, mais elle le retient ; elle le captive et l'attache, non tout d'un coup, mais peu à peu. Enfin, si la déesse des Amours passionnait les amans à Cythère, k déesse de Pra- xitèle devait passionner à Guide les amis de la statuaire et de la beauté. Il parait qu'aucune. des autres statues de Yénus, qui la représentaient sous les traits de Phryné, ne manifes- iait à un si haut degré que celle-ci le caractère de divi- nité. Aussi l'auteur d'une jolie épigramme de l'Antho- logie fait -il dire à Vénus : « Je me suis fait voir nue à > Paris, à Anchise et à Adonis; mais Praxitèle où m'a-t-il » vue ? 9 (Antipater de Sidon. Anthol. L.4» Edit. franco f.) L'original de Praxitèle devait donc être un ouvrage parfait, renfermant toutes les conditions de l'art, «a- voir : convenance dans le choix et la donnée première, mouvement exquis et le plus expressif qu'on puisse ren- contrer dans la nature, beauté de formes, disposition ex- cellente et complètement belle, effet heureux sous tous les aq>ects, enfin charme inexprimable dans la tête et les ex- trémités ; car Praxitèle excellait dans la représentation des visages et des bras, et Pétrone,, pour signifier une bouche Digitized by Google 4^4 fllSTOIRS IMS LA PEINTVBB. par&ite» la compare à celle que Praxitèle aratt supposée à Diane. Aiusi aucun ouvrage ne dorait réunir autant de perfections, et il n'est point étonnant que Ton soit accou- ru de toutes parts pour jouir d'un spectacle aussi enchan* teur. Nous ne percevons par la médiocre copie que nous en voyons, qu'un faible reflet de ce grand éclat, et cepen- dant nous reconnaissons, en l'étudiant, que sous Praxitèle l'art avait atteint h la perfeclion '• Praxitèle fit plusieurs statues de la belle Phryné, dont une fut exécutée en société avec Hérodote d'Olinthe. Nous en serait-il parvenu quelques copies, et la meilleure que nous possédons est-elle digne de l'original? Tout le monde connaît la statue dite la Vénus du Gapî- tole. Cette statue ressemble beaucoup à un portrait, et représente aussi bien et plutôt une belle femme entrant dans le bain, qu'une Vénus. Certains caractères dans les formes de cette statue appartiennent indubitablement à un portrait individuel; mais la tête surtout offre évidem- ment l'imitation d'un individu modèle vu en beau, et non l'imitation de Vénus rendue vraie par le moyen de oe modèle. Le menton, les yeux et la bouche sont surtout remarquables en ce que ces parties seront du grand ca- ractère de beauté que l'on trouve toujours, même dans les répétitions médiocres faites d'après des statues de déesses. Je n'en excepte pas les cheveux qui, comme ceux de la Vé- nus Médicis, semblent appart^iiir à un portrait de blonde* ' Mengs dit avoir va en Espagne une tète de cette mémeY^nns infi- miment snpérienre k celie da Belve'dère. Le masëe de Farii ofire auuî^ $Qva le n» 59, une tétc en marbre delà Y^nus gnidienne ; mais, ^aoii]ue d'un très-beau style et d'une baute beautë, elle n'est point supérieure à celle du Belvédère ^ et me semble exécutée par un ciseau moins auatère et plus amolli. Digitized by Google 8TTLB OS L*ART BN <3BkCB. — 5* PÉRIODE. ^25 La Véoas de Gnide du Vatican est bien plus diTÎne, bien plus noble dans soq principe que celle du Gapitole. Il n'est point hors de propos de faire remarquer ici que le motif de toutes ces figures si souvent répétées est l'ex- pression de la pudeur naïve au moment où tous les char^ mes du corps viennent d'être découverts. Ovide rend cette passée : « Ip^a Venus pubem, quoiieè velamina ponit, > protegitur Uzvà semireducta manu, i Ainsi, ce n'est point lorsqu'elle sort du bain» mais bien lorsqu'elle va y entrer» ou simplement lorsqu'elle vient de déposer ses légers vétemens, soit sur un vase» soit à terre» que les artistes anciens ont voulu la représenter sur tant de sta- tues» de médailles» de pierres fines et de peintures. Les figures de cette déesse offrent d'autres poses lorsqu'elles signifient Yénus en présence de Paris et déesse de la beauté. Peut-être est-ce Pbryné elle-même qui a offert cette pose simple et charmante» et n'a-t-elle été consa- crée que depuis Praxitèle. Arnobe l'ancien nous assure que toutes les figures de Yénus connues dans la Grèce avaient été faites d'après cette illustre beauté. (Vôy. plus bas ce qui est At sur la Vénus d'Apelle.) Notre Venus du Gapitole pourrait donc bien être la co^ pie du portrait d\me femme célèbre par sa beauté» copie exécutée par un artbte du troisième ordre. Or on sait que Praxitèle» qui aimait Pbryné» la représenta souvent. Outre cette statue du Gapitole» on voit ailleurs beau- coup d'autres répétitions de la même figure» et on con- naît aussi plusieurs têtes toutes semblables et qui par conséquent oflrent les mêmes traits individuels que cette antique célèbre. Le musée de Paris en possède une très- remarquable» n"^ 210; elle provient de la villa Borghèse. Digitized by Google 496 HI6T0IBE DE LA P£INTDBE«. Pourquoi aurait-on si fréquemment, pour représenter la déesse Vénus» répété les traits d'une image indiriduelle, si cette image n'eût intéressé par quelque cause particu* lière ? On peut supposer que la célébrité du modèle a été la cause de ces nombreuses répétitions^ et il est à croire que nous possédons dans cette antique une bonne copie de la plus belle statue de marbnd qu'on Toyait à Thespies ■• Si h ces considérations tfous ajoutons les in- dices que fournit le style de cet ouvrage» nous fortifierons ' notre conjecture. Or il est évident que cette statue» dont la conservation est bien remarquable» puisqu'il n'y man- que que deux doigts et l'extrémité du nez» est une image fort vraie de la chair et de la santé.*Ses formes pleines et coulantes appartiennent h un tempéramment distinct et facile à reconnaître. Indépendamment de cette excellente imitation de la chair» qualité que laisse très-bien juger la pureté diaphane du nuirbre de Paros» cette statue rap- pelle aussi un excellent principe de mouvement et de «our plesse. On peut penser que les finesses de Toriginul en cette partie ont été fort altérées dans notre copie» mais on y découvre que ce mouvement est convenable et très-bien senti. Une certaine retenue empêche la trop grande liberté du squelette» que semble déguiser la douce fermeté de la chair. Un ^iderme frais et un peu tendu» tel qu'on supposa ' 11 etl assez vraisemblable que, pour perpe'loer par des représentations la beautë de rillostre Phryn^, oo procéda comme on aTait coatome de le dire à l'égard de toui les personoages cétèbru, c'est-à-dire ^c l'on €om<* scrva leurs mesures et toutes leurs proporlîoiu dans dea desiUu géamé* traux très - fidèles, sans expression d'action ou de mouvement. Par ce moyen on pnt multiplier bien après cette célèbre courtisane» ses images, parce que tous les statuaires et tous les peintres en possédaient le canon particnlicr. ( V. let chap. aaS cl suit.) Digitized by Google STTLÈ DB l'aBT EN CRkCE. — 5* pfiBIOBE. 4^7 edai d'une blondo et même d'une carnation rosée, se bit sentir avec beaucoup d'art et de vérité. Enfin nous trou- reoê indiquées dans cette précieuse copie la science, la correction et la très-grande simplicité des hautes écoles, et de plus le moelleux et l'eurythmie de celle de Praxitèle. Tout est agréable, suave et grand à la fois dans cette copie fupérieure'à toutes ceUes que nous connaissons, et tout y est très-nasf et conforme à la nature* Nous verrons ^ne le mérite de la Vénus Médicis est d'un tout autre carac- ttee. Exiger maintenant que je dise quel est le degré d'ex- cdlence de cette copie par rapport à l'original de Praxi- tèle» ou an moins en quoi elle doit en di£férer, ce serait beaucoup trop demander ? Au surplus une comparaison doit nous suffire, c'est celle que nous fournissent les plus belles statues des NIobés et la savante copie de la Yénus de Gnîde* Par ces comparaisons nous pourrons nous per* suader que Praxit^e,en ajoutant la grâce de la disposition et la vraie souplesse des formes, n'a jamais abandonné l'antique sévérité, ni donné de la rondeur pour de la sua- vité, de la molesse pour de l'élasticité. Enfin, en attendant qu'on découvre une autre copie plus fine et plus savante de la Phryné, on peut jeter un coup-d'œil sur plusieurs autres répétitions par lesquelles on reconnaîtra que cette morbidesse des chairs n'a pas été la seule qualité domi- nante de l'original. Je conclue donc que notre Vénus du Capitole a été exécutée long-tems après Praxitèle, et qu'elle est pour ainsi dire une traduction à la romaine d'un chef-d'œuvre de l'école grecque. Je crois pouvoir ajouter même que très-probablement les statuaires posté- rieurs, en répétant l'excellente donnée et la pose trouvée Digitized by Google 4ââ HISTOIRB DE LA PBIKTOBE. par Praxitèle, imitèrent dans leurs copies (le canon pris diaprés Phrynése troayant perdu) le caractère individudi des modèles virans qa*ils se mirent sous 'les yeux pour exécuter leur ouTrage, méthode excellente que j'aurai oc- casion de signaler ailleurs et qui fut très-propro à per- pétuer dans Tart et la vérité et la beauté. C'est ici qu'il convient de parlerd'uneantique infinimeiit précieuse et tout récemment trouvée à Milo; die fait an- jourd'hui un des plus beaux omemens du musée de Paris. C'est une figure de grande dimension représentant une femme demi-nue et autant dans l'attitude d'une Muse que d'une Vénus. Sur ce point il s'est déjà établi bien des conjectures. Elle est exécutée en marbre de Paros petit grain, et a été restaurée probablement à plusieurs époques de l'antiquité. Les qualités remarquables de cette statue classique, sont l'heureuse imitation de la chair et l'en- thousiasme dans la manière grande, facile et vraie avec laquelle est exprimé sur ce beau corps le caractère de formes souples, soutenues, délicates et divines à la fois. Comparée à cette statue, la Yénus Médicis parait plutôt soignée que belle et expressive; elle semble plus pénible- ment perfectionnée que librement animée. A côté de cette antique de Milo, la Vénus du Capitole semble commmie et trop individuelle; elle parait dénuée de cette élégance divine et de ce grand caractère qui attache et qui impose dans l'autre. Le sein, le nombril, le plis du bras droit là où il refoule la poitrine, sont des parties incomparables, pour l'élasticité, la variété et la souplesse des formes. Cet ouvrage nous fait sentir très-bien ce que l^line dît de Ce- phissodote> fils et élève de I¥axitèle, et qui fit ce groupe si admirable que nous avons déjà cité. Au reste cette fi- Digitized by Google 8TYLB DS l'aBT £N GBkCB. — 5* PERIODE. 42g gure appartient probablement à un groupe. Serait -elle yéntis accompagnée de Mars ? On ne saurait l'aiBrmer, malgré Fanalogie qu'offre cette pose et plusieurs groupes antiques représentant ce sujet? Est-ce plutôt la courti- sane Glycëre d'Argos» joueuse d'instrumens, statue exé-r cutée par cet Hérodote d'Olynthe» qui travailla en société avec Praxitèle à la statue de Phryné? Ne suppose-t-on pas naturellement la lyre qu'elle tenait de la main gauche et que l'autre main était prête à &ire résonner? Qui osera décider. ces questions? Ce qu'on serait tenté néanmoins â*ailirmer, c'est que cette statue n'est point une copie, et cette supposition sera probablement faite par les curieux capables d'apprécier dans cet ouvrage la beauté du ci- seau et la rare qualité qui ne &it trouver en effet dans l'Apollon du Belvédère qu'une exécution froide et roide» et dans celle de tant de Vénus en marbre nulle souplesse, nulle naïveté et nuk charmes divins. Cependant, pourquoi fdErmerait-on que notre Vénus est un original, lor^sque nous y découvrons des imperfections qui semblent déceler le copiste ? L'auteur de cette admirable production me sem- ble donc s'être trahi par le peu d'expression de la tête, par le dessin de la hanche gauche dont le muscla oblique semble, trop court par rapport à l'autre, et cela, malgré l'effet de l'action, enfin par l'exécution peu délicate des pieds, et surtout par une certaine incertitude dans le jet de l'ensemble et le mouvement géaoAtùlf grandes conditions que les plus habiles statuaires de l'école de Praxitèle ont dû toujours sentir et faire admirer. Au reste, ce n'est pas la première fois que nous rencontrons de très-bonnes co-^ pies qu'on est tenté de considérer comme des oriiginaux; mais ici, malgré l'excellente répétition des caractères de la Digitized by Google 430 HMTOIRB DB UL PBINTVRE. cbair, je doute qu'Hérodote d'OIynthe» ou tout autre au- teur de l'origioal» n'eût pas renié cet ouvrage» malgré tout son mérite. Le musée britanni modèle; c'est la nature que tu dois suivre. » Il parait que ce mot n'a été recueilli que parce qu'en effet Lysippe, tout en conservant les nouvelles qualités ajoutées par > Je ne paît m'feinpéclier de transcrire ce qu'on lit en sujet de cette statue dans la description dea antiques du nns^e rojal de Paris» année 1820. Je choisis cette citation, afin de faire remarquer qa*aajourd*hui c'est avec un sentiment juste de Pantiquité que nos archëulo^es parlent de certains monuotens dont on n'avait jusqu'ici publie les indications que dans des nomenclatures plus ou moins barbares. « Le fils de Semblé, » debout et absolument nu,s*appuie du bras gauche sur un tronc d'orme » auquel se marie un cep de vigne. Sa tète, parfaitement conserva, est >» couronne'e de feuilles de lierre et ceinte du bandeau bachique ou cré- » demnon ; ses cheveux descendent en longs anneaux sur sa poitrine ; » la douceur de son regard, la grâce de sea tnûls, ses formes dëlicatcs et » arrondies, tout dans cette figore concourt à exprimer cette langueur » voluptueuse dont les anciens avaient fait le caractère distioctifde Bac- » chus. Cette statue est l'une des plus belles que nous ayons de cette di- y» vinité. » Digitized by Google 436 H18T0IR£ DE LA PEIRTURE. Praxitèle» iariU sévèremeAt aussi la nature. Peat-on com- muniquer une doctrine plus efficace» lorsqu'elle est expo- sée à Tesprit d'un artiste qui oonnalt d'ailleurs toutes les ressources de son art ? Homère» le savant Homère, en re- venait toujours lui-même à ce principe. Ajoutons d'autres traits propres à la ressemblance de notre portrait. Lysippe disait que ses prédécesseurs avaient fait les hommes tels qu'ils étaient, et lui tels qu'ils parabsaient être. Ce mot, que nous tâcherons d'expliquer, ne peut partir que d'un artiste consommé» jouant avec les artifices les plus difficiles de la statuaire, et sûr de les faire servir à son génie. IHine, bien qu'embarrassé dans sa traduction des auteurs grecs qu'il compilait, auteurs qui peut-être n'étaient pas tous connaisseurs ou théoriciens, rapporte encore que Lysippe ajouta beaucoup à la statuaire en faisant les têtes de ses figures plus petites que les anciens, et les corps plus sveltes et moins charnus. Puis il finit en disant : « On remarque particulièrement dans ses ouvra- » ges une finesse et une délicatesse qui lui étaient propres » et qu'il a observées jusque dans les moindres parties. > Tout artiste sentira combien ce passage de Pline est rendu incertain, parce qu'il ne comprenait pas l'auteur qu'il avait sous les yeux, quoiqu'il entreprit de le traduire ou plutôt d!en indiquer la pensée, voulant par là donner quelque substance à ses notices sur les artistes. Lysippe ne devait point trouver qire ses prédécesseurs fissent les têtes trop grosses et les corps trop charnus, puisqu'il avouait lui-même que le Doryphore ou le canon de Poly- clète avait été son maître. Mais ce que Pline ne sut pas et ne put pas nous dire, c'est que Lysippe avait, en artiste persévérant, reconnu dans tel ou tel ouvrage de ses devan- Digitized by Google STTLB DB l'art EN i^B^GB. — 5* P^BIODE. ^0J ciers, qu'il existait desRioyens et des artifices particaliers pour fiiire mieux ressortir les caractères de sTeltesse, d'é- légance, de force» etc., et que ces artifices dépendent non des proportions telles qu'on tes conçoit vulgairement* mais de certaines oppositions qui faiblement rndiquées dans la nature peuvent cependant être prononcées dan» Part avec succès; et c'est ce qu'il entendait par faire les hommes tels qu'ils paraissent étre^ Pline, je le répète, cherchait probablement à rendre en cet endroit quelque passage technique et abstrait qu'il avait sous les yeux ; car, après avoir dit carpora graeUiora, êiccioraque, il ajoute : Perquœ pr&ceritas signorum ma- gis videretur, qu'on pourrait traduire ainsi : Et par cet artifice, ce que les signes peuvent avoir de grand apparaît plus grand encore. On voit qu'il s'agit ici de la grandeur esthétique. Vient ensuite le mot difficile de symeiria (vov. le dictionnaire), ce qui me confirme dans l'opinion que le passage tout technique que compulsait Pline, était appli- qué justement à Lyslppe-, statuaire si habile dan^ cette- condition symetria, et qui fleurit à une époque eu tous les moyens de l'art étaient généralementen vigueur. C'est ainsi au reste que notre David ftiit comprendre par quel- ques traits l'inftuenee d'une ligne plus on moins rentrante, plus ou moins raccourcie ou alongée : il nous fait voir qu'un col peut sembler augmenter de longueur sans qu'on l'allonge réellement; qu'un genou engorgé empê- che la jambe d'un Hercule de paraître puissante et res- sentie, etc. , etc. , et mille autres démonstrations d'optique, de proportion et de géométrie qu'il serait hors de propos d'indiquer ici. De même Lysippe produisait à. son gré des caractères naturels, mais très-gracieux et très-convenables. Digitized by Google 438 U16T0IRB DB LA PEINTURE. par certains calcuk savaiM qu'il avait aperçus dans les ou- vrages de ses prédécesseurs» et dent il usa çn homme sOf de son fait et maître de son art : et yoUà peut-être ce qui fit croire qu'il en était l'inventeur. Une preuve de la finesse de sa doctrine sur ce point, c'est la remarque qui nous est conservée par Plutarque, ( lorsqu'il parle de la fortune d'Alexandre, l'^'partie) , sorte de remarque que des artistes seuls savent recueillir avec fruit. « Tous ceux» dit-il» qui, après Lysippe, voulurent e^^ 9 primer le léger pencbement de tête d'Alexandre, pen- 0 chement que ce maître avait su rendre gracieux, noble B et si naïf à la fois, firent de ce caractère un mouvement » désagréable et sans finesse. » C'est qu'ils ne connais- saient pas aussi bieil que Lysippe l'artifice des lignes. Fart des contractes dans les lignes, l'art des diminutions relati- . ves et dea séductions de la vue, l'art de £iire qu'une tête semble pencher sans qu'elle penche géométriquement et en effet % l'art enfin de faire les hommes tels qu'ils parais- sent, c'est-à-dire selon leur caractère et non tels qu'ils sont, avec leurs défauts calqués géométriquiement et laids sans signification. Il paraît donc que les perfectionnemens dont Pline sem- ble vouloir attribuer l'invention à Lysippe, l'aidaient à mieux laiaislr la vérité et à répéter la nature qu'Eupompe lui désignait avec raison comme le seul modèle dans tous les tems. Aussi Quiotilien accorde à Lysippe et à Praxitèle, ' G^esl aincîy la perte de ce miracle de l'art, il avait été statué par » une ordonnance publique que les gardiens en répon- Digitized by Google 442 BISTOIBB DE LA PEINTURE. » (Iraient sur leur tête (Pline. L. 35. G. 7.). » Cet écri- vain nous donne un second exemple néanmoins du prix qu'on attachait aux ouvrages de Lysippe^et il le rapporte au sujet de son fameux Apoxioménps. Nous citerons ce passage en parlant du goût des Romains pour les produc- tions d'art. Si» par un retour qu'il est bien naturel de faire, noua portons un moment nos regards sur les statuaires du siècle de Louis XrV» et que nous les comparions à ceux du siècle d'Alexandre, nous verrons dans toutes ces statues de bron^ et de marbre, si nombreuses à Versailles, la preuve de l'in- flœncc des doctrines sur les résultats, et le peu de puis- sance de l'or tant que ces doctrines sont fausses ou relâ- chées. Quel luixe dans cette scène dos n^u& so&urs et d'Apollon, exécutée en beau marbre par Girardon l Quels frais n'ont pas nécessités ces colosses, en bronze, ces dieux marins lançant des gerbes d'eau, ces groupes d'enfans décorant de grands bassins, ces rangées de figures allégo- riques, de thermes et de bustes , ces portraits de souverains, ces mausolés funèbres dans tant d'églises et dans les pa- lais ! Et cependant où est la seule empreinte moulée sur ces figures qui seit et c^i mérite d'être aujourd'hui entre les noains des élèves? II n'y a pas unQ de ces figures qui ne soit ou nulle pour l'instruction ou pernicieuse par le faux goût et la science factice. En Italie Bernini, Algardi, et* tant d'autres épuisèrent les marbrières de Carrare, nuis Us n'épuisèrent pas, comme }es Grecs, les ressour- ces de leur art. Ferons-nous intervenir maintenant Rubeus à propos de peinture, et, puisque nous allons parier des deux beau^ fleuves antiques du musée Vatican, citeroj^- nous, pur Digitized by Google STYLE DE l'art EN ORkCB. — 5^ PÉRIODE. 44^ exemple» la iigurede rArno^queRubens a peinte dans son tableau de la naissance de Marie de Médicis? Y a-t-il un contraste plus frappant entre l'antique et le moderne ? Si Rubens traitait ainsi ses figures, répondra-t^op, c'est parce qu'il faisait trop de tableaux et qu'il y Introduisait trop de personnages» ce qui ne lui laissait pas le loisir de porter ces figures k la perfection. D'ailleurs» ajoutera- t-on» Rubens ne voulait pas faire mieux» conceyant tout autrement son art que le concevaient les Grecs» et ob- tmant nonobstant un résultat merveilleux et des titres 1]tti n'appartiennent jamais qu'à un très-rare talent. Telle est la réponse détournée que font des raisonneurs impa- tientés quand on leur vante l'antique » en sorte qu'ils concluent de ce que les modernes ont lait voir de l'ima- gination» de la fécondité» de l'enthousiasme et du génie» que leurs ouvrages sont admirables. Hais» puisque j'en suis par hasard sur le compte de Rubens» que j'admire souvent» qui m'étonne» qui me parait un des plus grands génies qu'aient enflammés les arts» je ne le quitterai pas sans lui faire certains reproches. J'aurai occasion de critiquer son Apollon dans son tableau du gouvernement de la reine» et j'oserai dire qu'il a pré- tendu animer la pantomime de cette figure plus qu'elle ne l'est dans l'antique statue» qu'on admire au Belvédè- re» et qu'en voulant chanter plus fort il a chanté faux. Depuis cette critique» j'ai aperçu encore d'autres pré- tentions tout près de celle4è» et qui me paraissent tout ausaî choquantes. On reconna&t donc à côté d'Apollon» la figure du groupe Ludovisi, appelé Aria et PcBtus. Mais qudie pesanteur ! Quelle négligence I Une femme à ge- noux rappelle la Vénus accroupie. Quelles formes lâches ! Digitized by Google 444 mSTOIRE DE LA PEINT10RE. Quel mouvement dénué de Térité et de grfice 1 Je ne Fen tiens pas encore quitte ; car quatre figures sont là comme réunies et d'intelligence pour faire nargue aux sculpteurs grecs. On reconnaît donc l'emprunt du Gladiateur, bien qu'on ait cru l'animer plus que le marbre antique» dans une figure vue de dos et qui fuit. Je sais que Rubena tui a fait lever la jambe en arrière» lui a écarté les bras, a ajouté des grifles pour exprimer la fureur, et que ce n*est plus précisément la figure du gladiateur qu'on voit sur le tableau ; mais pourquoi à cet ingénieux clair-obscur qui enfonce dans l'ombre k partie supérieure de cette fi- gure, à ce coloris qui en fait saillir admirablement bien l'autre extrétaiité, n'avoir pas associé plus de correction, ou pour m'exprimer sans choquer certains louangeurs, ne l'avoir pas mieux disposée et esquissée au moins d'en- semble? Car les allégoristes, tes coloristes et les- amateurs, tout émus, lorsqu'ils se mettent à vanter la fougue, l'en- thousiasme pétulant, les éclats magnifiques de Rubens, ne manquent pas d'objecter que dans ce tableau» dans cette machine pittoresque, il ne s'agit ni de pureté, ni de pénible et glaciale correction, et que cette peinture est une grande page toute poétique, une riche et admirable conception. Mais qu'ils conviennent au moins qu'une courte explication ne serait pas de trop pour nous annon- cer, par exemple, que cette femme si burlesquement penchée, et dont la jambe est retroussée près d'un guer- rier, est la déesse des Amours; que celle qui est derrière elle, et qui est en tout si commune, est Cérès; enfin que c'est Junon que nous devons reconnaître dans cette femme vilainement ajustée, auprès du grand Jupiter ren- versé au moins d'un bon pied trop en arrière, bien que Digitized by Google STYLE DB l'art EN GR^CB. — 5** PERIODE. 44^ son trône soit un tabouret» et par conséquent sans dossier. Si Rubens ici a raison» Phidias et.Apelle étaient de grands ignorans. Soyons donc justes : rendons à Rubens c^ui est à Rubens, et aux Grecs ce qui est aux Grecs. Mais ne cessons d'encourager les élèves qui, toujours sévères ob- servateurs du bon goût et des lois de la nature» toujours studieux en fait de pondération, d'^natomie et de conve- nance, redoutent le £iux éclat de Tart» et qui» modestes et sages dans leur enthousiasme» savent en se respectant res- pecter le public» n'on abusant jamais par une vaine parade et une barbare facilité. Passons en revue les ouvrages les plus remarquables de Lysippe» et commençons par les dieux. Il fit un Jupiter colossal» de quarante coudées» pour les Tarentins. L'effort de la main suflisait pour le fiiire tourner» et il résistait à la violence des plus fortes tempêtes. Il fit un autre Jupiter à Némée. On voyait à Athènes, et à Corinthe deux autres Jupiter de sa main. Il fit plusieurs Hercules» ainsi que Neptune» Junon» les Muses» et le Cupidon fameux qui se voyait avec celui de Praxitèle à Thespies. Mais le nombre de ses figures non mythologiques est bien plus considé- rable. Plusieurs vainqueurs aux jeux furent illustrés de sa main. Il jeta en bronze son fiimeux Apoxioménos ou ath- lète se frottant» dont nous avons parlé» et fit plusieurs ad- . mirables statues d'Alexandre qui représentaient ce prince à tous les âges. Il exécuta aussi des quadriges de di- verses espèces» et un» entr'autres» qui était monté par le soleil. Une tète antique» dite l'Alexandre du Capitole» niais appelée depuis tête du soleil» ne serait-elle point une copie de la tête du soleil monté sur ce char et représenté sous les traits d'Alexandre? .Cette tête. a été Digitized by Google ^^6 mSTOIRB DB LA PEIIfTURE. radiée, ainsi que la représentaient les Rhodiena (Voy. D. Chrysostôme, dans son Disc, aux Rhodiens)» On vit aussi de sa main plusieurs figures d'animaux. Il fit un lion ter- rassé; agrippa Tenleva de la yille de Lampsaque, où on l'admirait. Il coula en bronze un cheval très-yanté par les poètes; des chiens et une chasse; peut-être était-ce celle où figurait Alexandre. Enfin cet artiste fécond traita» comme Praxitèle, toutes sortes de sujeto. Parmi les antiques qui nous sont parvenues, et qu'on s'est cru autorisé à regarder comme des copies, d'après ce fameux statuaire, on cite le Cupidon ailé et tendant ou essayant son arc. Un assez grand nombre de répétitions de cet Amour se conservent à Rome et dans les cabinets. Le palais Lanti à Rome en renferme plusieurs. Celui qu'on a ru au musée de Paris est assez mal restauré^et la disposition en est rendue vicieuse; mais ce qui est an- tique, est préicîeux par la vérité et la délicatesse. Le bras :gauche, qui est bien conservé, semble moulé sur nature* Cependant, je ne vois dans cette statue rien qui engage à en attribuer l'original àLysippe en particulier, et l'on peut supposer que nous troiiverions dans quelqu'écrivain une indication positive de cette figure, si elle j&tatt en effet exécutée d'après Lysippe. Pausanias se contente de dire qu'on voit de Lysippe un Cupidon en bronze à Thespies. Winckelmann cite iine statue d'Alexandre du palais Rondinini à Rome. Aujourd'hui on voit au musée de Paris, sous le n"* 684, une figure colossale de ce prince. Cette statue ne nous apprend rien de particulier sur le caractère •des ouvrages de Lysippe, dont elle doit cependant indiqocsr le style. Une grande dignité, une belle imitation de la chair, des formes pleines sans pesanteur, et un grand goftt Digitized by Google STYLE DB l'art EN GllkCE. — 5* PERIODE. 447 dans le tout» tel est le caractère que présente au prime abord celte antique. Mais en la considérant avec plus d'attention, on ne remarque qu'un faible degré de science dans le jeu des parties osseuses, et il est évident que le copiste n'a pas su répéter les finesses mécaniques et ana- tomiqucs dans lesquelles excellait ce maître. IVous igno- rons s'il était défendu aux autres artistes de faire même des copies d'après ]es*Alexandres de Lysippe. Si cette dé- fense eut lieu, il faut croire que les portraits que nous possédons de ce prince, sont des copies faites postérieu- rement au tems où ce règlement fut maintenu en vigueur. Il convient, je crois, de faire ici une remarque. Lysippe fit beaucoup de portraits, et entr'autres ceux de vingt-et- un cavaliers d'Alexandre, morts au passage du Granique. Ces statues, ainsi que celles de divers personnages com- posant le cortège d'Alexandre, avaient, au dire de Pline, le mérite de la ressemblance. Lysippe se serait-il aidé du moy^ pratiqué, dit-on, pour la première fois par Lysis- trate, son élève, qui imagina démouler les visages des per- sonnes dont il entreprenait le portrait ? Cette conjecture n'a rien, je crois, de déplacé. Premièrement, il n'est pas vraisemblable que Lysippe n'employa qu'Un petit nombre d'élèves pour l'aider dans l'exécution du nombre infini de statues qu'il produisit en bronze. Secondement, ce Lysis- trate était peut-être exclusivement chargé de mouler les visages des individus que Lysippe représentait. Cette sup- position n'empêche point de présumer que ces empreintes étaient ensuite soumises aux lois de l'embellissement. Un fragment conservé au musée de Paris, n"" 98, semble être de cette époque, et la physionomie paraît être un por- trait. Visconti a pensé qu'il représentait le fleuve tnopus. Digitized by Google 448 HISTOIBE DB LA. PEINTURE. parce que ce fragment fut trouvé à Délos , de arroaée par ce fleuve. Il me semble plutôt que ce morceau» qui est d'un travail superbe» provient d'une statue iconiqae. Le jet des cheveux, semblable à celui qu'on observe sur les têtes d'Alexandre et de Jupiter, laisserait à penser que ce peut être une copie ou d'un de ces vingt-et-un cavaliers qui périrent au.passage du Granique, ou d'un de ces per- sonnages qui composaient le cortège. de ce prince, ou peut- être même d'Éphestion ou enfin d'Alexandre lui-même. Au surplus, je crois ne pas me tromper en avançant que le travail de ce précieux fragment le fait appartenir k Té- cole deLysippe, et que d'ailleurs il est particulièrement pro- pre à nous donner une juste idée de la manière grande de cette école, qui cependant, on en a la preuve encore dans ce morceau, ne cessa de suivre la nature. L'imitation noble et vraie de la chair et des dessus .est donc portée sur ce fragment grec à un plus haut degré que sur les figures du Parthénon. Si les deux têtes que je viens de citer, l'Alexandre mou- rant et la tête du soleU, sont copiées d'après Lysippe, elles donnent une haute idée4lu style de cet artiste. Une grande noblesse dans l'ensemble et une belle vérité dans l'imita- tion de la chair s'y font admirer; la force, la santé, l'ame et la- dignité dominent dans ces morceaux. Je ne puis m'empêcher, à propos du style de Lysippe, de citer un fragment admirable représentant Bacchus, et que l'on conserve à Naples '. Ce torse, une des produc- tions les plus classiques que nous ayons de l'art antique, serait-il une copie, faîte dans l'école de Lysippe, de son fameux Bacchus que l'on admirait sur le mont Hélicon ? *■ HL Giraud en possède k Paiii une lrè«-bciic cmpreiale. Digitized by Google STYLE D£ l'art £N GRkC£. — 5* PÉRIODE, 449 Dell -on plus raisonnablement l'attribuer à Ëulychide, son élève, qui fit un Bacchus très-vanté ? Ce doute est sans conséquence pour notre étude des styles. Je laisse donc ces conjectures. Néanmoins je ferai observer que dans ce torse nous voyons. clairement l'art tel que je l'ai signalé dans la période oii fleurirent Lysippe et Praxitèle, c'est-à-dire à son état de complément et de perfection. La véHté, la grandeur, la suavité, la belle manière d'exécuter, la grâce enfin, toutes les qualités sont portées à un degré éminentdans ce morceau merveilleux, et si l'on cherchait à lui comparer quelques antiques analogues, ce serait la figure du Nil, qui, par le travail et le principe, s!en rappro- cherait le plus. En un mot les différons fragmens que nous attribuerions volontiers à cette époque de l'art, nous rap- pellent tous combien les grands artistes d'alors savaient )ouer avec la nature et maîtriser le marbre et l'airain. Quoique l'un des deux beaux fleuves du musée du Vati- can n'ait point encore été signalé comme une copie d'après Lysippe, et quoique Pline, qui avait vu ce même sujet du Nil traité en basalte, ne l'ait attribué à aucunr statuaire en particulier, il n'en est pas moins vrai que cette antique fixe à peu près, par le caractère général du style qu'on y re- marque, l'époque où elle fut exécutée. Or cette époque doit être celle de Lysippe et de ses premiers élèves. En efiet, toutes les qualités essentielles qui étaient acquises dans cette période, se retrouvent dans cet ouvrage, et particulièrement cette pureté, cette aisance et ce ^oût grand, simple et d'antique école, goût manifesté dans le style de cet âge. Pline dit donc ( Liv. 56. Gh. 7) : a On n'a 9 jamais tu un plus gros morceau de ce basalte qu'on » trouve en Ethiopie et qui a la couleur et la dureté du TOME II. ' 29 Digitized by Google 45o BISTOIRB DE LA PfillfTUBB. » fer, que celui qui se tronye dans le temple de la Paix, » consacré par l'empereur Yespasi^m Auguste, et où Ton » Toit le Nil avec seize petits garçons qui jouent autour » de lui et qui désignent un pareil nombre de coudées» » pour marquer le plus haut accroissement des eaux de n ce fleuve. » Celte désignation est positive ; il s'agit d'un ouvrage dont la répétition ou l'original nous est parvenu; le nôtre est en marbre blanc, et Lysippe, comme on sait, ne tra- vaillait guère qu'en bronze, ce qui annoncerait déjà que ce fleuve, cité par Pline, n'était pas de Lysippe lui-même. Mais il pouvait avoir été exécuté par un de ses élèves, tel queTisicrate, par exemple, dont on confondait les ouvra* ges avec ceux de son maître, ou plutôt tel qu'Eutychide, fameux disciple de Lysippe, et qui fit une statue du fleuve Eurotas. « Cette statue, dit Pline (Liv. 54* Ch. 8) , était plus » coulante que Us eaux mêmes du fleuve. • Mais Pline (re- marquons-le en passant) copiait cette expression dans quel- qu'auteur grec qui avait vu l'original, et il n'est pas éton- nant que la vue de l'ouvrage en basalte n'ait point éveillé nne idée de comparaison entre ces deux morceaux ches Pline, qui n'avait pu observer l'Enrotas d'Eutychide. Le silence de cet écrivain ne prouve donc point contre notre antique considérée comme ouvrage de cet élève de Ly- sippe. La grosseur unique du bloc de basalte &it supposer aussi qu'il a été employé par une main habile ; car on sait que la qualité de la matière est souvent un indice du mérite de l'artiste, et cet indice est d'un bon recours» comme je l'ai dit, pour distinguer la valeur des camées et des pierres gravées. Qu'est-ce qui empêche donc de {>enser que notre statue, copie ou original de celle que Digitized by Google STYLE DE l'art ER GRkC£. — 5* PÉHIODE. 4^1 Vespsfsien fit transporter d*Ëgypte, fut exécutée sous les Ptoléméesparun des élèves de Lysippe, tel qu'Eutychide» par exemple, ces élèves ayant porté leur art dans cette contrée, après la mort d'Alexandre ? Cette conjecture sur Fauteur original de la statue du Nil, m'a parue très-forlifiée par l'examen d'pne pierre gravée que plus tard je remarquai dans Ficoroni , tab. 6 . Elle représente un fleuve pi>sé comme celui du Nil. On lit dessous le mot grec Eurotas. Or» comme aucun autre statoaire que notre Eutychide n'est cité pour avoir représenté ce fleuve Eurotas, 11 faut que cette gravure soit la répétition de l'Eurotas, original d'Eu-- tychide» La statue du Nil, presque colossale, nous donne donc une idée fort juste du style de Lysippe et de ses élèves, qui, quoiqu'on ait dit Winckelmann, ne furent pas, ainsi que leurs successeurs, des imitateurs sans invention, eux qui soutinrent et conservèrent l'art dans sa*pureté pendant plus de deux siècles après la mort d'Alexandre. Il est évi- dent que la statue du Tibre, qui lui sert de pendant, fut exécutée à l'instar de la statue du Nil par un ciseau grec, mais inférieur; car la difilérence de mérite dans les deux est sensible. D'ailleurs il se peut que de très-bons sta- tuaires grecs aient exécuté des figures du Tibre, et cela dans leurs ateliers de la Grèce , pour les expédier ensuite à Rome. Ainsi, quoique le pendant qu'on est tenté de croire romain, à cause du sujet, soit moins beau que la figure du Nil, et quoiqu'une figure semblable à ce Tibre, et qu'on voit an Capitole, soit peu remarquée ' , il n'en (a ut pas eonclure que toutes les figures du Tibre, toutes les Roma, ^ On rappelle valgairement Marforio da nom, dit Vasi, da Forum Martis, où elle fat trouvëc. Elle sert de fontaine dans une dcj cours du Capîiole. Digitized by Google /,5t niSTOIBB DR LA PEIIITVRB. tons les groupes de la louve romaine allaitant ses illustres nourrissons soient des ouvrages tout à fait inférieurs» car, ainsi que je viens de le rappeler » quelques-uns ont pu être exécutés en Grèce lors des bonnes époques de l'art» et être très-dignes de notre admiration et de notre étude. Enfin on trouve dans la superbe statue du Nil toutes les qualités des figures duParlhénon» moins transcendan • tes à la vérité et moins vives» et de plus cette souplesse de chair et ce charme harmonieux ajouté» comme je l'ai dit» par Praxitèle. Mais» il faut bien se le rappeler» Lysippe» partisan de la vérité» se rattacha probablement autant à Phidias qu'à Praxitèle. Aristote fut peut-être pour quelque chose dans la conduite de ce grand statuaire. Homère et Phidias étaient les modèles chéris d' Aristote» et Alexandre avait le même goût. On sait que ce prince avait toujours avec lui l'illiade et l'Odyssée» et qu'il les plaçait sous son chevet dans une boite d'or. Je finirai par faire remarquer que le nombre de statues excellentes devait être bien considérable à Rome, puisque ces riches et précieuses figures du Nil et du Tibre fiii- saient l'ornement extérieur de deux fontaines placées à l'avenue du temple d'Isis et de Sérapis. Une autre antique bien célèbre peut sans invraisem- blance être supposée la copie d'un Hercule de Lysippe; c'est l'Hercule Farnèse. D'abord le travail de la peau du lion rappelle le travail d'un ouvrage en bronze. Mais ce qui me porte à croire que Lysippe est l'auteur de l'original sur lequel on a fait l'Hercule Farnèse» c'est le style et l'exé- cution des parties non restaurées dans cette belle statue. Je dois cependant offrir d'autres preuves que celles que je pourrais tirer de ma seule expérience ou d'une théorie Digitized by Google STYLE DE l'ABT EN GïikCE, 5* PÉRIODE. 4^^ qu'il serait fastidieux d'appliquer à tout instant à tel ou. tel ouvrage ; ces preuves sont teé citations fournies par les écrivains. Or nous savons que Lysippe avait plu- sieurs fois représenté Hercule. Pausanias parle particu- lièrement de celui que l'on voyait dans le temple de Ju- piter Néméen. Un autre Hercule d'un pied de dibiension de la main de Lysippe, et qui fut célébré par Sénèque, Stace et Martial, faisait voir, comme on sait, toute la grandeur de ce demi-dieu. Le héros vainqueur du terrible lion de Némée ne pouvait être mieux représenté que par cet artiste habile; non-seulement ce statuaire était enclin vers les sujets grands et énergiques à la fois, mais ses études avaient dû lui rendre familiers le» caractères de la force et ceux de la plus grande puissance physique. Il avait consulté la nature athlétique dans ses portraits de Pyrrhus, de Xénarge, célèbres pancratiates ; de Galli- crate , vainqueur à la course , etc. , etc. Mais il faut se rappeler surtout qu'il avait fait celui du fameux Polidamas, illustre par sa force et sa taille extraordinaire. Aussi sa statue était, dit Pausanias, la plus éminente dans l'Altys. Lysippe avait de plus représenté sur le piédestal de cette statue de bronze les prodigieuses actions de ce célèbre pancratiate. EnGn ce maître si habile dut exécuter avec un grand art la peau du lion terrible devenu le trophée et l'attribut du plus puissant des Héros, car on sait qu'il avait admirablement exprimé en bronze un lion terrassé, dont plus tard Agrippa décora la ville deRome. (Stbabon.L. 1 3.) Winckelmann fait remarquer qu'il se trouve à Florence au palais Pitti une figure d'Hercule d'une moyenne di- mension et semblable à celle de l'Hercule Farnèse. Sur le socle de cette statue, médiocre selon lui, on voit une ius- Digitized by Google 454 HISTOIRE DE LA PEINTURE. criptioQ aolique qui porte le nom de Lysippe. G^est» dit Winckelmaon, une de ces sc^ercheries que se sont per-» mises les anciens. J'ai peu de preuves à tirer de ce fait ; mais il n*est point à délaisser» parce que le nom de Ly— sippe, écrit par un ancien au bas d'une statue traitée dan» un autre style que celui de Lysippe, eàt été une impos- ture grossière ei aussi choquante que si de nos jours nous signions du nom de Raphaël une copie de Rnbens. Quant à l'inscription moderne de l'Hercule Famèse, inscription qui semble désigner Glycon conime l'auteur de cette fi- gure y je dirai que si Winckelmann demandait pourquoi l'Hercule tout semblable du palais Pitti ne porterait pas aussi le nom de Glycon» on aurait pu lui demapder aussi pourquoi l'Hercule Farnèse ne porterait pas le nom de Lysippe. Au surplus» il n'est pas invraisemblable que ce Glycon, qui n'est cité dans aucun auteur» ait été le co- piste de ^l'original si souvent répété de Lysippe» original dont notre Hercule Farnèse est une cofiâ savante et de semblable dimension. C'est ainsi que nous voyons le nom de Ménophante sur une copie que ce statuaire exécuta d'après la Vénus de Troas (musée de Paris» n* igo). Voici comment Winckelmann décrit ce morceau : « Rien de plus capable de faire sentir les qualités de » l'Hercule que nous venons de décrive (il veut parler du . 9 torse du Belvédère)» que d'en faire la comparaison avec » d'autres figures de ce héros» et surtout avec celle da » &meux Hercule Farnèse» dont l'auteur est Glycon d'A- n thènes. Dans cette statue» Hercule est représenté se » reposant au milieu de ses travaux* Le statuaire nous 9 offre ce héros ayant les veines gonflées» les muscles » tendus et élevés par un développement extraordinaire. Digitized by Google STYLE DB L*ABT EN GBkCE. — 5* PÉRIODE. ^55 » Ici neu8 le voyons sie reposer échauffé en quelque sorte » et cherchant à respirer après sa course pénible au jar- » style agréable. » Ce passage de Pline nims frit voir que ce style austère n'était point choisi par Euthycrate pour imposer, mais bien parce qu'il le sentait de préférence h celui de son père, dont le style lui semblait d'une trop grande difficulté, vu qu'il consistait en une très-savante combinaison de l'antique austérité et de la grâce de l'ap- parence. Cet élève aima donc mieux rétrograder, pour ainsi dire, pour frapper plus fort, en s'appuyant sur un point où il ne craignait pas d'être chancelant : et peut> être que les modèles de Polyclète et de Myron le déter- minèrent plutôt que ceux qu'il recevait de son père lui- même. C'est ainsi que se détermina aussi Téléphane de Phocée dont nous parlerons bientôt. Euthycrate exécuta donc avec un grand succès et dans la manière antique Hercule, Alexandre, Thespis chasseur, desThespiades.uB combat équestre, plusieurs Médées sur des quadriges pro- bablement attelés de dragons, un cheval, des chiens de chasse, Trophonius, etc. Quant à son élève Tisicrate, qui suivit davantage le style de Lysippe, Pline ne nous a conservé l'indication que de trois de ses ouvrages : un vieillard thébain ; le roi Démétrius ; et Peuceste, qui avait sauvé la vie à Alexandre. Pour ce qui est de Bédas, autre élève de Lysippe, Pline cite de lui une figure en adoration, ou remerciant les dieux. Elle était en bronze (Voy. ce qui a été dit p. 3i4 sur l'Adorante de Berlin). Yitruve parle d'un Bédas de Byzance ; rien n'empêche de croire qu'il s'agit de celui Digitized by Google STYLE DB l'abT EN GBÈCE. — 5* P^RIOPE. 4^7 dont Pline fait mention et dont il vante aussi le mérite. Vîtruve remarque que c'est faute de fortune que cet ar- tiste n'acquit pas une plus grande célébrité; cependant, grâce à Pline et à l'équité de Vîtruve, le nom de Bédas n'est point resté dans l'oubli. Dahippe, autre élève de Lysîppe» semble aussi avoir voulu imiter le style de son mallre, au moins dans le choix d'une de ses figures; car elle représentait un homme au bain et près de tomber en défaillance. Après ces élèves de Lysippe, on remarque surtout un autre contemporain , c'est Silanion d'Athènes. Ses compatriotes le regardaient comme un statuaire du pre- mier ordre, et le mettaient au même rang dans son art que Parrhasius dans le sien. (Voy. Plut. De Poêt. aud.) Ce passage de Plutarque semble prouver beaucoup en faveur de la peinture des Grecs ; car quand même cette comparaison n'eût porté que sur le style seulement, c'est- à-dire sur le goût et la science du dessin, les statues que nous connaissons de cette époque sont si admirables, bien que nous n'ayions que des copies à contempler, que nous sommes forcés à louer les ouvrages du pinceau pro- duits dans ce même tems. Silanion n'eut point de maître, selon la remarque de Pline (In hoc mirabile, qtiod nullo doctore nobills fuit tpse,) ; mais à cette époque toutes les statues étaient autant de maîtres^ et la surprise de Pline pourrait sembler singulière. Pline cite deux élèves de Sila- nion, Zeuxis et lade. Silanion avait laissé, dit Yitruvc, des traités sur les Symétries : il ne travaillait qu'en bronze, et représenta plusieurs vainqueurs au pugilat. Il fit le por- trait du statuaire Apollodore, dont le caractère était im- patient et emporté. C'est de cette figure que Pline dit Digitized by Google 458 BISTOIBE DE LA PBIRTiniB, qu'elle représeiiUiit moins un homme que la colère elle- même. Il fit aussi la statue d'Achille» statue qui fut très- célèbre. Silanion représenta aussi Sapho; Yerrès s'empara de ce morceau. Il fit les statues de Jocastc mourante» de Corine, de Platon et de Thésée. Tous ees ouTrages ser- virent à l'illustrer. Le musée de Paris possède une statue d'Achille, qu'il est plus naturel d'attribuer à Silanion qu'à Alcamène» ainsi que le fait Yisconti. Le travail de cette statue offre une savante imitation des souplesses de la chair» et ne saurait appartenir à l'époque ancienne ni au style austère de cet élève de Phidias. Au reste» n'est-cC' pas un peu la manie des érudits de ne pas laisser échapper une seule occasion de rapprocher les citations qui ont entre elles quelques analogies ? Un musée nous procure une belle statue d'Achille» et voilà de suite une conjecture hardiment proposée. Pline cite onPentathle en bronze par Alcamène; cette statue» se dit-on» ne serait-elle pas la copie du pentathle d' Alcamène» de ce pentathleen bronze surnommé Encrinoménos? Mais au premier coup-d'œil son travail prouve le contraire : au premier coup-d'œil ce marbre nous indique un tems postérieur d'un siècle ou de deux siècles même au tems de Phidias. Parmi les ouvrages que l'on est tenté de rapporter par analogie de style à l'école de Lysippe» on remarque sur- tout une tête colossale de Jupiter» d'une grande beauté de caractère : elle se voit au musée du Vatican. On croit avec raison qu'elle est le iragment d'une statue entière. Cette tête est réellement admirable. La douceur et la majesté» la sérénité et la bonté d'un dieu sont évidc mment exprimées sur ce superbe fragment La bouche surtout» ainsi que les yeux» o£fre une convenance par&ite. Un Digitized by Google 8TTLB DE l'ABT Blf GBkCB. — 5* PÉBIODB. 4^9 -grand savoir a dirigé cet Oarrage, le plus* vif sentiment l'a soutenu. Les anciens donnaient à Jupiter Tépithète de clément {mansuetus) ; cette tête rend très -bien cette idée. Si le torse du Belvédère est grand, moelleux et élé- gant à la fois, cette superibe tête offre les mêmes qualités. Le front» les joues, la coiffure, le travail large et imitatif de la chair, tout rentre dans ce style que nous cherchons à caractériser ici, et qui fut propre aux artistes qui fleu- rirent vers le tems d'Alexandre. Nous avons vu que Ly- sjppe avait fait pour les Tarenttns un Jupiter colossal haut de quarante coudées : rien ne s'oppose à ce qu'on croie que nous possédons dans ce fî'agment la copie de cet archétype de Lysippe. Au surplus ce statuaire représenta cinq fois en bronze, le père des dieux. Il est vrai que Polyclète avait exécuté en marbre un Jupiter clément (Paus. L. âo C. 20), et peut-être que quelque cabinet renferme une copie de cet ouvrage de Polyclète; mais je ne pense point qu'on doive attribuer à cet ancien statuaire notre buste colossal du Va- tican, à cause seulement de quelques analogies de carac- tère et d'expression. En effet, il n'y a point d'analogie dans l'exécution , les ouvrages de Polyclète étant essentielle- ment austères, vifs et ressentis, et n'offrant pas, comme qualités dominantes, ce moelleux, ce large, cette dispo- sition excellente qu'on acquit plus tard sous Praxitèle, et que Lysippe sut si bien perpétuer. S'il fallait au reste^ si- gnaler une copie du Jupiter clément de Polyclète, il serait plus raisonnable d'indiquer un masque de travail grec qu'on a restauré en Jupiter Sérapis, et qu'on voit au musée de Paris, sous le n® 1 3 : cet ouvrage est en marbre deParos. Mais on objectera peut^re que notre colosse qu'on croit Digitized by Google 46o nfSTOIRE DE LA PEINTUBE. exécuté en marbre de Luni ou fle Carrare % doit être par conséquent une copie faite à Rome assez tard :'o0 objec^ tera que la suaTité qu'on y remarque n'est point copiée d'après Lysippe » mais qu'elle n'est que l'effet du goût ro- main, qui parfois adoucissait et amollissait dans les copies l'austérité des anciens modèles. Ici il est évident que cette suavité n'est point une fantaisie ou un goût surajouté par la manière propre au copiste; cette qualité semble répétée d'après le caractère d'un original. En effet, cette douceur et ces formes toutes de chair sont savantes et empruntées à des modèles naturels d'un grand choix, ainsi qu'elles du- rent l'être par les habiles élèves de Lysippe. Ces formes ne sont point exécutées de pratique et dans la manière un peu conventionnelle qui s'introduisit chez les Romains, manière dont nous trouvons tant d'exemples dans presque ' Yoîcî ce (|Q*on lit dans Yisconti (Notice sar les antiques du muse'e de Paris, article de PApollon da Belvédère) : «c G* est une question parmi y» les antiquaires et les naturalistes de savoir précisément de quelle car- » rière a été tiré le marbre de TApoUon. » Les marbriers de Rome qui par état ont une grande connaissance des marbres anciens, Vont toajoars )ugé un marbre grec antique, quoique d*unc qualité dtfïcrente des ea- pèces les plus connues. Au contraire, le peintre Mengs écrit que celte statue est de marbre de Luni ou de Carrare, dont les carrières étaient connues et exploitées dès le teros de Jules César. Un illustre minéralo- giste (feu M. Dolomieu) était du même avis» et il prétendait avoir trouvé, dans une des anciennes carrières de Luni, des fragmens de marbre qui ressemblent i celui de TApollon. Malgré ces autorités, on peut regarder la cbose comme très-douteuse, les anciens écrivains nous apprenant qu*tl y avait dans la Grèce asiatique, dans la Syrie et ailleurs, des marbres statuaires de la plus belle qualité, dont les carrières inconnoea aojour* d*hui peuvent avoir fourni le marbre de PApolion. ^ On doit, ce me semble, partager le doute du savant antiquaire, et ne pas se fier k des aperçus de cette nature, surtout dans des questions où il s'agit moins de la matière que de l'art« Digitized by Google STYLE D£ l'art BN GR^GB. — 5* PÉRIODE. 4^1 toutes nos collections. Au reste» il en est du travail moel- leux de cette tête de Jupiter clément, comme du traTail de la Vénus Milo ou dekPhryné du Capitole; on ne s'avi-' visera pas de dire» parce qu'elles semblent de chair» que Texécution en est molle» doucereuse et pesante. C'est cependant ce qu'il conviendrait de penser d'un grand nom- bre *de sculptures exécutées sous les Antonins* Sur cette tête colossale le travail de la barbe et des cheveux décèle assez la bonne école grecque» et si nous possédions la statue entière de ce Jupiter» nous la placerions indubita- blement au premier rang et sur la même ligne que le torse du Belvédère. Jt) ne vois donc aucune raison artistique de considérer cet admirable fragment comme une copie faite . d'après le colosse d'ivoire de Pasitèle, qui ilorissait sous Vespasien et plus de deux cents ans après Lysippe. Parmi les statues classiques dont l'âge est resté jusqu'ici indéterminé, la statue dite le Gladiateur Borghèse est cer- tainement une des plus remarquables. La science du des- sin» qui domine dans cet ouvrage» a fait dire à certains critiques qu'il appartient au plus bel âge, de la sculpture» et qu'il est l'ouvrage d'un des plus célèbres statuaires de la Grèce. Cependant le grand mérite que nous trouvons dans cet ouvrage provient de ce que nous ne possédons point de chefs-d'œuvre de la main même des premiers maîtres de l'antiquité. Récemment on a découvert une statue héroïque (musée de Paris» n^ 4^1) ^^^ une ins- cription portant ces mots : a Héraclidès» fils d'Agasias » Éphésien» et Harmatius m'ont fait. » L'auteiir du Gladiateur est très-probablement ce même Agasias d'Ë- phèse» son nom étant écrit tout semblablement sur le tronc de sa statue et sur le tronc de cette statue héroïque. Digitized by Google 46a * HISTOIRE DE LA PEINTURE. (Disons en passant queDiogèncLaërte, liy.5, cite un Hé- raclidès Phocéen» statuaire.) Il reste à savoir maintenant, si le travail de cette statue» sortie du ciseau d'Héraclidès» nous indique et fixe par son style une époque dét^erminée; car, dans ce cas, Fage de son père Âgasias se trourerait à peu près fixé. En considérant donc cette statue héroïque sculptée par Héraclidès et par Harmatlus, on ne remarque rien qui décèle la très-antique école, soit de Policlète, soit même de Praxitèle, et ce serait plutôt dans les dernières périodes de l'école grecque que Ton se déciderait à ranger cet ouvrage assez froid et sans sévérité. D'après cette donnée, l'auteur du Gladiateur appartien- drait à un tems postérieur à celui qui lui est généralement assigné ; il serait plas éloigné qu'on né l'a pensé de l'époque du plus bel âge de l'art. Toutes ces considérations sem- blent rentrer un peu, il est yrai, dans de vaines conjec- tures chronologiques; mais en général il serait bon de prévenir les observateurs, que très-postérieurement à Ly- sippe, je yeux dire dans le tems où l'art faiblissait, cer- tains statuaires qui font exception, ont pu reprendre pour leurs études l'art d'un peu plus haut, et aimer mieux, comme je l'ai déjà dit, adopter certaines manières particu- . iières et sûres des anciens, que de suivre précisément l'art, en partant du point de complément où ils le trouvaient parvenu. D'ailleurs peu à peu l'inclination naturelle de chaque artiste a dû prévaloir sur oet ordre régulier dans la marche progressive de l'art, lorsqu'il commençait à dé- croître. Si donc le Gladiateur Borghèse rappelle par son style une des belles époques de la sculpture, ce n'est qu'une Indication, mais il ne frappe point par un caractère d'art bien déterminé. Cette statue doit être supposée du Digitized by Google STYLE DE l'aaT EN GR^GE* — 5* PÉAIODE. 4^3 second ordre, soit qu'on la compare aux merveilles des Polyclète ^ des Scopas et des Praxitèlo , soit que Ton tienne compte du silence des écriyains qui ne font nulle- ment mention des ouvrages et du talent de son auteur : ou bien, si elle est l'ouvrage d'un de ces maîtres qui vinrent un siècle après Lysippe, et à cette époque où l'art, selon Pline, brilla d'un éclat secondaire, elle est alors fort re- marquable, vu surtout la grande vérité des formes et la profonde étude du mécanisme humain qu'on y retrouve. Or c'est probablement à ce tems qu'il faut en fixer l'exé- cution. Cet Héraclidès et cet Harmatius n'étaient peut^ être pas fâchés de se recommander du nom de leur maî- tre ou de leur père, vu la médiocrité de leur propre talent; et ce maître a pu être fort considéré. Mais encore une fois, ce ne serait qu'à une époque à laquelle les artistes ne sem- blaient pas aussi dignes qu'autrefois d'être vantés par les écrivains. Tout ce que je dis ici n'est point avancé pour afiaiblir par un paradoxe la considération qu'on doit perpétuer pour cet ouvrage précieux, mais bien pour déterminer à peu près le rang qu'il aurait pu tenir jadis parmi les pro- ductions de l'art grec. Ce qui me confirmerait dans mon opinion, c'est que le mérite de cette statue, qui est origi- nale, nous frappe surtout par rapport au mérite d'autres statues qui ne sout que des copies. Cellei-ci est réellement sortie de la main d'Agasias luinnême, et si nous n'en con- naissions qu'une copie, sans connaître l'original, notre estime pour le maître copié décroîtrait considérablement.' De même si nous connaissions des originaux dePolyclète, de Myron et de Praxitèle, nous serions bien plus détour- nés encore de l'idée de placer cette statue au premier rang. Digitized by Google 464 HISTOIBE DE LA PEINTUfiE. Une aulre considération critique qui doit persuader que cette statue n'est pas l'ouvrage d'un des très-célèbres ar- tistes du bel âge de l'art, c'est l'extrême tension» et l'on pourrait dire la violence exagérée dans tout le jet de cette figure. Le sculpteur ne semble ~t -il pas avoir poussé à l'excès cet allongement et cette tension des membres et des os ? Quel autre mouvement peut opérer facilement un individu ainsi allongé? Et cet individu^pour reprendre son état ordinaire, n'éprouverait-il pas'une certaine difficulté? Enfin cette pose qu'on retrouve sur plusieurs bas-reliefs antiques n'yest point représentée aussi forcée, et les mo- dernes, mêmes, qui l'ont empruntée pour leurs tableaux, ont craint de la répéter avec ce jet longitudinal et cet élancement outré, étranger ce me semble à l'aisance et à la souplesse , conditions respectées dans les plus belles statues des maîtres de la Grèce, qui au surplus étaient loin d'être insoucians dans leurs ouvrages sur les qualités d'énergie et de vivacité. Finissons par une observation relative à la dénomination de béros donnée à cette fi- gure iconique. Tous les caractères individuels, exprimés avec tant de particularité sur chaque point de cette image, ne suffisent -ils pas pour nous persuader que le sculpteur s'est proposé la ressemblance exacte d'un indi- vidu représenté dans une action qui lui fut propre et per- sonnelle, et qui lui mérita peut-être l'honneur de cette statue? Il me semble donc qu'on ne saurait voir dans ce personnage un héros, mais bien une image individuelle, un portrait : la tête et la poitrine l'indiquent assez. A quelle époque fixerions-nous donc aussi, dans l'his- toire des styles de l'art grec, cette autre figure prétendue de Gladiateur mourant ,conservée au musée du Capitole? Digitized by Google STYLE DE l'art EN GRÈCE. — 5* PiRIODE. 4^5 Le travail en est assez Daïf» et l'imitation très-individuelle. Irons-nous rapporter cet ouvrage aux tems illustres de Polyclète» lorsqu'il parait évident que cette statue déco- rait à Rome quelque monument élevé par un vainqueur des Gaulois, et qu'elle a été peut-être exécutée sous Gér- manicus ? II ne suffit pas qu'un ouvrage fasse voir (jlu soin» de l'étude anatomique et une certaine vérité, pour que nous soyons autorisés à l'attribuer aux anciens maîtres austères qui disaient tant avec si peu, et qui à la naïveté' alliaient toujours le nerf et la vivacité : nous devons au contraire suspendre notre jugement tant que nous ne pou- vons pas l'asseoir sur des comparaisons et des confron- tations immédiates et scrupuleusement établies entre les monumens d'âges souvent si diiTérens. Enfin, par ce que je viens de dire, je' désire avoir dé- montré que notre antique célèbre, que nous avons appelée Gladiateur, n'est point l'ouvrage d'un des plus fameux statuaii^s grecs, mais qu'il est seulement celui d'un des bons artistes de l'avant-dcrnière période de l'art, laquelle précéda l'influence du goût romain sur le style grec, et je dis cela, malgré l'espèce de sévérité et de vivacité qu'on remarque dans ce bel ouvrage. Âgasias a pu, je le répète, s'attacher exclusivement à l'exactitude par une préférence de sentiment, étant peut-être dans le cas de ces artistes dont j'ai parlé et qui suivirent leur goût pour des études sévères, sans céder à la corruption qui menaçait l'art do leur tems. Rappelons-nous encore ce que nous dit Quin- tilien sur Démétrius (Liv. 12. Ch. 10) : « On peut lui re- » procher de s'être plutôt montré rigide observateur de > l'exactitude, que partisan de la beauté, j» Or Quintilien cite ce statuaire Démétrius après Praxitèle et Lysippe. TOME II. 3o Digitized by Google . 466 HISTOIRK DE LA PEINTURE. Pourquoi cette statue, peut-oo encore ajouter» est-elle restée à Rome et n'est-eUe pas allée décorer, comme tant d'autres y un palais s'ibs n'^alèrent pas ceux des artistes précédons, furent » cependant applaudis. 9 Et il cite Anthée, Callistrate, Polyclès, Athénée, Callixène, Pythoclès, Pythias, et Ti- moclès. Qu'est-ce qui empêche de croire que, si nous ne trouvons point dans les écrivains les noms des auteurs de l'Apollon et du Gladiateur, c^est que leur mérite, quoiqu'il nous paraisse surprenant, n'égalait point encore celui des artistes de cette 2* classe que Pline distingue de la 1'*. Une statue originale d'un habile maître du 5* ordre, parait, comme je l'ai déjà dit, et est réellement supérieure à toutes les copies répétées par des sculpteurs ordinaires d'après les célèbrqs modèles des plus grands artistes. Yoici la description que Winckelmann nous a laissée du torse du Belvédère : « Mutilée au dernier point, sans » bras et sans jambes, la statue d'Hercule, telle qu'on la » voit aujourd'hui, se présente à ceux qui savent pénétrer V dans les mystères de l'art, avec un éclat qui décèle son ■ ancienne beauté. L'auteur de ce chef-d'œuvre nous y offre dans son ouvrage la plus sublime idée d'un corps Digitized by Google STTtB JDB L*ART EN GBkCE.— 6* pAbIODB. 4^9 B dominant au-dessus de la nature humaine, d*une consti- » tulion parvenue h tout le développement de Tâge fait, et 9 d'une nature élevée jusqu'au degré qui caractérise le » contentement divin. Hercule parait ici au moment oh » il vient de se purifier par le feu des parties grossières de » l'humanité, à l'instant où il obtient Timmortalité et une t place parmi les dieux. C'est ainsi que le peignit Artémon. » Il est représenté sans besoin de nourriture et sans être » obligé de déployer davantage la force de son bras. Vous » n'apercevez point de veines : son corps est fait pour t jouir et non pour se nourrir, étant rassasié sans pléni- » tude. Il est à présumer que dans son altitude de repos, t qui suppose que ses regards étaient dirigés vers le ciel, » on voyait exprimé sur sa physionomie le contentement » que lui inspirait le souvenir de ses grands exploits. C'est > ce que semble aussi indiquer son dos courbé comme 1 celui d'un homme occupé de méditations profondes. Sa » poitrine, puissamment élevée, nous offre bien cette poi- > trine contre laquelle il étouffa'le géant Géryon. La force t et la longueur de ses cuisses nous représentent l'homme > agile qui poursuivit, qui atteignit le cerf aux pieds d'ai- » rain ; elles nous donnent une idée d3 ce héros infatigable » qui, traversant des pays sans nombre, porta ses pas jus- 9 qu'aux confins de Tuuivers. Que l'artiste admire dans t les contours de ce corps la transition successive d'une » forme h l'autre, ces traits cadencés dont la marche on- » doyanlc ressemble aux vagues qui se haussent et se V Laissent, puis s'engloutissent les unes dans les autres : » il trouvera qu'en dessinant cet étonnant morceau, on » ne peut jamais s'assurer en avoir saisi la justesse; * car la convexité, dont on croit suivre la direction, s'é- Digitized by Google 4go aisToiu j>b la feiutto^* carte de sa marche» et» prenant un autre tour» déroula VœU et la main. Les 08 paraissent revêtus d'une épi* derme nourrie; les muscles sont gros» sans suporAuHé, et îi n* j a point de figure ^i soit aussi bien de chair que celle-ci. L'on peut dire que cet Hercule s'approche encore plus du bel âge de Tart» que TApollon même. > Je commence à me figurer aussi tous les autres mem- bres qui manquent à cet admirable tronc. Tous ses membres me sont présens; ils se reproduisent et se ras- semblent... Je les Tois tous subitement restaurés.. .La vi- gueur de Tépaule m'indique celle des bras qui ont étouffé l'affroDx lion de la forêt de Némée» et mon œil cherche à se figurer ceux qui ont lié et emmené Cerbère. Ces cuisses et le genou qui est nu» donnent une idée de ces fortes jambes qui ne se lassaient jamais. Mais un artlike secret» en nous faisant parcourir tous les exploits de sa force» nous retrace l'image de sa grande ame. Le torse est en effet un monument que les poètes ne lui ont jamais éloTé : tous n'ont chanté que la force de ses bras; l'ar* tiste a fait beaucoup plus qu'eux. Ce que l'on voit de son héros ne rappelle aucune idée de violence ou d'a« mour effréné : le calme et le repos du corps est l'ex* pression de l'ame supérieure et tranquille; on reconnatt l'homme que les poètes proposent comme un parlait modèle de vertu; le bieniaiteurdu genre humain» qui par amour pour la justice» s'est exposé aux plus grand$ dan* gers» et qui» partout où il a porté ses pas» a rendu la tran* qoiUité aux pays et aux habitans. Cette forme émioeaie et noble» d'une nature si paHaite»est fondue» pour aiasi dire» dans l'immortalité même; la figure n'en est que renvebppe. Un esprit sublime semble occiq»er la place Digitized by Google •TTLB JDK l'aBT EN GBàCB. 6* PiRIODK. 4^\ » des parties mortelles et s*étre éleoda pour les suppléer. > Ce n'est plus ce corps disposé à combattre te monstres s et les perturbateurs de la paix publique ; c'est celui qui > sur le mont OËta a été pui^ des souillures de rhuma<- • nité, séparées par le feu» et rapproché ainsi de la ressem- • blance du père des dieux. Ni cet Hylas si chéri d'Alcide» » ni la tendre lole n'ont tu ce héros si parfait.. «. C'est a ainsi qu'il faut concevoir dans Hébé l'idée de cette éter- • nelle jeunesse dont l'influence se renouvelle sans cesse. » Son corps n'est pas nourri d'alimens mortels, ni de a parties grossières ; c'est l'aliment des dieux qui le sou<- » lient; il parait jouir sans besoin Ah ! que ne puis» » je voir cette image dans la grandeur et dans la beauté > avec lesquelles die s'est montrée à l'imagination de l'ar^ s tiste, pour pouvoir dire seulement sur ce qui nous reste» » ce qu'il a pensé et ce que nous devons penser ] Le plus » grand bonheur, après le sien, serait de décrire digne-» 9 ment cet ouvrage. Hais, comme Psyché pleura l'Amour» • lorsqu'elle eut appris à le connaître, ainsi je regrette » vivement la perte irréparable de l'ilercule d'Apollonius, » après être parvenu à force d'étude h la connaissance de • ses beautés. • On no reprochera pas àWinckelmano de s'être enthousiasmé pour une produeiion vulgaire. Depuis Michel-Ange jusqu'à Canova, toujours ce torse antique a causé l'admiration des statuaires et dés peintres. Son grand caractère joint à une souplesse imitatrice, sa poésie et sa grande justesse de représentation , un grand savoir et un sentiment animé, toutes ces qualités réunies au même degré dans ce fragment superbe» en font un des plus pré^ âeux modèles échappés de l'antiquité. Cependant le style des fij^ires diiPkirthénon (nous avons dë§à indiqué ce rap-^ Digitized by Google 4g 9 HISfOIBE DE LA PEINT VBB. procbement) a plus de franchise et de nerf» plus d'élo- quence'naturelle et de Terdeur; le groupe de Ménélas semLIc traité plus virement et avec plus d'enthousiasme; et le torse inimitable du Bacchus de Naples offre une fi- nesse, une douceur, un naturel et une grâce qui le font disputer de mérite à ce torse fameux, le plus bel orne- ment peut-être du musée Vatican. On lit ces mots sur le rocher où est assis cet Hercule : c Apollonius, 'fils de Nestor, athénien, la faisait. » Un Apollonius de Rhode est cilé par Pline au sujet d*un groupe d'un seul bloc qui représente Zéthus et Amphion attachant leur mère Dircé aux cornes d'un taureau fu- rieux. Notre torse du Belvédère n'a rien qui ressemble, quant au style, à la copie antique de ce sujet de Dircé qu'on voit à Naples. Ce groupe a, selon Vasi, treize pieds de haut et neuf pieds huit pouces de large. On le voyait autrefois à Rome dans la cour du palais Farnèse d'où il a pris son nom. Au surplus, Pline ne dit pas Apollonius, fils de Nestor, athénien ; mah il dit Apollonius de Rhode et Tauriscus, son frère, etc. Winckelmann cite, d'après Pirro Lîgorio, le torse d'un Hercule ou d'un Esculape exé- cuté par ce même Apollonius, athénien. Ce morceau, qui avait appartenu à l'architecte San Gallo, a disparu. On a de la peine à croire à un tel abandon au sujet d'un mor-* ceau qui portait le même nom d'auteur que notre très- célèbre torse du Belvédère. L'Apothéose d'Homère, bas- relief fait à Rome et que possède la galerie Colonna, porte le nomd'ArchélaîisdePrienne,fils d'Apollonius. Un autre Apollonius a mis son nom sur une pierre gravée repré- sentant Diane des montagnes. Enfin, un Apollonius fut poète et bibliothécaire de la fameuse bibliothèque d*A- Digitized by Google STYLE DE l'aBT EN GR^CE. 6* PÂBIODE. 493 lexandrie» après Éralhoslhènc; etc., etc. Mais reFenoos à notre revue des styles de TarL ^ Clcomène^ aoteiir de la Vénus Hédicis, était fils d'un Apollodore ; quand même ce ne serait pas de ce mémo Apollodore colère et imilé par Sllanion» ce Cléomène dont nous allons parler peut très-bien trouver ici sa place par la naturo de son style et de son talent. Les antiquaires regardent comme authentique le nom de Cléomène qu'on est parvenu récemment à lire sur l'an- cien socle de cette statue : or, quel autre Cléomène pour*» .niit*ce être, sinon celui dont parle Pline, et qui excellait è un haut degré dans la représentation des femmes ? *' Cet auteur nous raconte qu'un chevalier romain devint amoureux d'une de ses figures : c'était une Thespiade, statue qui fut transportée à Rome avec d*autres sembla- bles par le consul L. Mummius. Indépendamment de cette indication qui s'accorde avec l'excellence de notre Vénus, il s'en présente une autre assez favorable à cette conjecture, c'est qu'un fils de ce Cléomène a mis son nom sur une statue que nous connaissons, musée de Paris, n* 71s, et que cette statue, par son travail et par son caractère enfin, décèle l'élève ou le fils de ce Cléo- mène dont nous connaissons et admirons le talent. Cette statue est celle que l'on a nommée à tort Germanicus ; elle représente probablement un personnage romain sous les traits de Mercure, dieu do l'éloquence. Céphissodoto, ' M. Hcync, dans sa Dissertation sur les clifîérentes manières de repré- senter Ve'nus, dit : » Il Tant qu*îl j ait eu un tems où Ton a singulière- » ment abus^ du nom de Cléomène. Dans la collection du comte de » Pembrock à W'iltonhouseï il y a quatre morceaux avec son nom : » une Eiiterpe, une Amaaone, un Faune et un Amour; cependant M. » Kennedy ne s*aTise pas de douter de la vétiié de ces inscriptiona. * - Digitized by Google ^g4 BISTOIRJS DB LA PEIlfTUBE. 4|ui, selon Pline, imitait si bien la chair, fit etk bronxe un orateur tenant la main lerée; notre statue en est peut- être une copie exécutée en marbre par ce Cléomène* On doit remarquer combien ce prétendu Germanicus» ouvrage du fil» de Cléomène, test propre à caractériser l'état de Tart à cette époque, c'est-à-dire, i5o ans avant notre ère. Il est évident que les artistes d'alors s'atta- chaient surtout à amollir le marbre et à exprimer cette suavité, ce poli, ce fondu de la chair, conditions précieu- ses et complémentaires de l'art ajoutées par Praxitèle. Mais il est évident aussi que cette grande application ^ l'expression des dessus et de la superficie, détourna peu à peu les artistes secondaires d'alors de l'étude forte, aus- tère et primitive des dessous; en sorte que de cette figure si naturelle, mais si froide, de Cléomène, il n'y avait qu'un . pas au style des figures bien plus lourdes, bien plus frot* demeut fondues d'Antinoiis et d'autres, tandis qu'il j avait déjà bien loin de là au style des Polyclèle et des Scopas. De tels exemples, et des preuves aussi palpa* blés éclaircissent, ce me semble, tellement l'histoire de l'art, sous le rapport des styles, que notre exposé doit paraître moins un système ou un tableau romanesque qu'un portrait représenté d'après la réalité. Je dirai aussi de la Vénus Médicis, que cette sculpture prouve très -évidemment que l'art avait atteint depuis long-tems son complément à l'époque où on l'exécuta, et qu'elle ne saurait, être ni antérieure à Praxitèle ni posté- rieure aux Antonins, tems de la dégradation de l'art. En effet, on y remarque toutes les conditions de la sculpture, si pourtant la convenance, quant au caractère de divinité, est bien observée. Cette antique peut donc être critiquée Digitized by Google STYLE DE l'aJIT EN CRkCB.— 6« PiBIODE. i^ m ce point, vu surtout le caractère individuel de la tête cl de quelques autres parties. Il est évident qu'on s'est moins proposé d'offrir l'image de Vénus que celle d'uM belle femme sous les traits de cette déesse. Praxitèle, qui avait aussi représenté la belle Phryné, donna peut-être uu exemple dangereux en la faisant voir sous les traiu de Vénus, et l'on sait que Pline reprochait au peintre Are- lîus, qui vint peu avant Auguste, d'avoir conservé la res- semblance des courtîsanesqu'il prenait pour modèles dan« •es représentations de Divinités. Ainsi, qui est-ce qui empo- cherait de croire que Cléomène avait eu en vue dans cette statue les attraits de quelque célèbre courtisane de sou tems, de même que Céphîssodote et Eulycrale, dont nous avons déjà parlé, imitèrent ceux de la courtisane Myro et ceux d'Anyta? Au reste, notre Vénus de Médicis n'offre rien des traits de la Phryné du Capitole, statue si souvent répétée. A cette licence près dans la conve- nance, on peut donc dire que dtfns la Vénus Médicis se tfottfent observées toutes les règles de la statuaire : la justesse et la précision dans l'atlitude; la vérité du mouvement et de la mécanique osseuse , condition si bien et mieux remplie par Polyclète; le charme de l'école de Praxitèle et de Lysippe; le beau travail enfin et le senti- ment qui devaient animer à un si haut degré les ouvrage» de ces deux derniers maîtres. Cependant ces diverses qua- Utés ne sont pas portées dans notre Vénus au même d^ré où parvinrent les seconds maîtres de l'école grecque, en sorte que je pense avec Mengs que cette statue n'est ^r- lie du ciseau d'aucun de ces statuaires si célèbres, mais qu'elle est l'ouvrage d'un artiste du troisième ordre, qui,. pénétré des excellentes maximes de la statuaire, mil Digitized by Google 4g6 HISTOinE DE LA PEINTURE. tous ses soins à cet ouvrage. Au surplus, ce qui rçnd par- dessus tout cette statue remarquable, c'est rimitation des délicatesses de la chair^ Ou trouve eu effet des torses an- tiques de Vénus sur lesquels les grandes données sont aussi belles et peut-être plus vivantes, et plus animées que sur la Vénus Médicis; mais celle-ci offre une recherche, un fini, un soin et un travail si châtié, qu'elle provoque Tat- tention et l'admiration. Cependant combien est autrement vraie de chair et savamment exprimée la Vénus Milo ! Combien la manière grande de cet ouvrage^ fait paraître le travail de notre Vénus Médicis recherché et petit, peiné et doucereux ! L'une semble l'ouvrage d'un statuaire qui ne pourra jamais rien de plus, l'autre semble une pro- duction magique du génie. Cependant, bien qu'Homère soit au-dessus de tous les poètes, l'illustre nom de Virgile ne périra point : de même notre Vénus Médicis, qui est au-dessous des prodiges de l'art grec, causera toujours le plaisir et l'admiration. Le nombre des statues que l'on suppose être des répé- titions de la Vénus Médicis est considérable ; mais ce que j'ai dit de la Phryné de Praxitèle, suffit pour faire penser que ce ne sont au fait que le même mouvement et la même donnée seulement qui se trouvent aussi souvent répétées, et que ce ne sont point précisément ces Vénus qu'on a voulu copier. Aussi quand on nous dit que l'original de la Vénus Médicis se trouve aujourd'hui à Londres chez le marquis de Lansdowne (journal de Paris, 21 mars 1818), et qu'en la voyant Canova fut de cet avis, je n'adopte pas de suite et inconsidérément cette opinion, tout en croyant qu'on a pu découvrir en effet une Vénus plus admi- rable que celle' de Médicis ( II s'agit probablement de Digitized by Google STYLE B£ L^AAT EN GRkCE. — 6" pàBIODE. ^97 celle qu'on a trourée à Naples en l'année 1817, et qui aura été transportée en Angleterre). La petitesse de la tête dans la Vénus Médicis» est regardée comme un défaut par tout le monde, et l'intention de faire un portrait ne justifie le sculpteur aux yeux de personne» Gléomène, Tauteur des charmantes Thespiades » aurait-il fait cette fiiute? J'en doute; j'aime donc mieux l'attribuer à un artiste moins illustre» les erreurs de proportion étant bien rares Abus les excellentes productions des anciens. Faisons encore remarquer ici que la tête du Mercure, dit Germa* nicus, n'est guère plus en harmonie avec le corps que ne l'est la tête de la Vénus Médicis. Était-ce un défaut commun aux Cléomènes, ou était-ce le résultat de quel-^ que Tolonté tyrannique prescrite à l'artiste qu'on obli- geait à répéter certaines proportions individuelles, pour produire des portraits ressemblans? Dans tous les cas, les grands modèles laissés par les maîtres classiques ne nous font point voir de fautes ou de dissonnances semblables. Enfin, une autre remarque nous persuade encore que la Vénus Médicis n'est point une des premières productions de l'art des anciens. Faites copier la Vénus de Gnide ou le Discobole deNaucydès, vous aurez toujours un superbe mouvement : mais faites copier la Vénus Médicis sans qu'on répète les finesses du ciseau et la même étude des détails, TOUS n'aurez rien de très-satisfaisant ( les surmoules usés d'après cette figure en sont la preuve), et cela, parce que cet ouvrage, je le répète, charme plutôt par la délica-. tesse et le fini recherché des chairs, que par la grande donnée et l'excellent jeu du squelette , qualités qui ca- ractérisent, ne craignons pas de le redire encore, tous les statuaires célèbres de la Grèce, et par lesquelles TOME II. 5a Digitized by Google 498 HISTOIRE DE LA PCITTTURE. Cléomène ne put s*éle ver qu'à an certain àef;vé, vu Tétat • ob se trouvait Tart de son temps* Quant à cette délica- tesse du travail et à ce fini des formes» j'ajouterai que des artistes qui ont vu des empreintes de cette célèbre Vénus , faites avant sa restauration , ont affirmé qu'elle était embellie de beaucoup plus de charmea encore» mais qu'ils ont disparu par la maladresse peut-être de ces mémea ouvriers qui de plus lui ont adapté ces bras si ri- dicules et si éloignés des mœurs antiques et nati^elles* Je n,e veux point omettre la description que nous en a laissée Winckelmann» quoique les artistes n'ypuissent rien apprendre de technique ni de nouveau : c La Yénua de » Médicis est semblable à une rose qui parait à la suite » d'une belle aurore et s'épanouit au lever du soleil; elle • entre dans cet âge où les vaisseaux commencent h s'é- > tendre, oh le sein prend de la consistance. Quand je 1 la contemple dans son attitude» je me représente cette » Laîs qu'Apelle instruisait dans les mystères de l'amour; V je me figure la voir comme elle parut» lorsqu'elle se vit » obligée la première fois d'ôter ses vétemens et de se » présenter nue aux yeux de l'artiste extasié. » Il serait à désirer qu'on réunit les empreintes des Yénus les plus célèbres» afin de pouvoir les comparer. On en cite plu- sieurs que les artistes étudieraient avec beaucoup de fruit. Heyne iàit mention de celle de Jenkins» trouvée en 176s; elle est en Angleterre» à Newby » près Rippon en Yorkshire» campagne de M. Wedels. La collection des Dilettanti en aignale^une remarquable» tom. i*'. Nous venons de parler de celle qu'on a découverte à Naples en 1817. Rome et Paris en ofirent plusieurs» etc. Enfin» différens torses» connus par des empreintes» ont déjà beaucoup seiri à l'ins^uction Digitized by Google STYLE DE L*ART EN GRkCE. — 6* PÈBIODE. 49$ dès artistes. L^utilité de noire projet de calcogi^aphie uni- f erselle d'antiques peut encore être rappelée ici. Le groupe de Laocoon est un des plus imposans de tons les monumens conservés et retrouvés dans les ruines. Le riche spectacle qu'offrent les trois figures qui le com- posent » le concours des premiers sculpteurs modernes pour remplacer le bras non retrouvé, sa rare conservation, la description que Pline fait de cet ouvrage (on croit du moins qu'il parle du même groupe que nous possédons) , les grands éloges qu'il lui donne» la place qu'occupait ce mo* nument dans une des salles du palais de Fempereur Titus» le crédit enfin qu'il obtint dans nos écoles» depuis sa dé- couverte jusqu'à nos jours» tout nous porte à considérer ce morceau de sculpture comme une des productions les plus recommandables et les plus précieuses de l'antiquité. Cependant il conviendrait de faire abnégation de plusieurs de ces considérations, et de la juger par rapport à l'art seulement et sans prévention. Je vais d'abord exposer ici Topinion de Mengs sur ce morceau fameux, c Pline, dit-il, qui a fait un éloge ma« 9 gnifique de cet ouvrage, assure que c'était la plus belle » production d'art qu'il connût. On pourrait cependant > demander si Pline était un juge compétent, d'autant plus » qu'il admire surtout les serpens qu'il appelle des dra- ^ gens, et que cette admiration des accessoires ne prouve » pas une girande intelligence, puisque dans ce cas ils » nuisent aux choses principales. D'ailleurs, il reste k » mettre en doute si le groupe de Laocoon que nous pos* » sédons est bien le même que celui dont parle Pline, qui » nous apprend qu'il était fait d'un seul bloc de marbre» ■ tandis que celui que nous connaissons est de cinq mor** Digitized by Google 50O RISTOIRB DB LA PEINTURE. 9 ceaux. Les anciens écrivains ne parlent point d*Agé- 9 sander comme d'un excellent sculpteur, et comme il est » vraisemblable que le groupe de Laocoon n'est pas le • seul ouvrage qu'il ait fait, on peut croire que les éloges • que Pline lui prodigue étaient dictés par d'autres motifs i que la beauté de ce groupe même, tels que son amitié > pour l'artiste, sa complaisance pour l'empereur Titus à • qui peut-être ce monument plaisait beaucoup, ou bien • l'impression que les serpens avaient faite sur son esprit^ • puisque ces serpens sont la seule partie qu'il loue de » prédilection , tandis que l'ouvrage offre tant d'autres » beautés qui méritent d'être admirées. • Mengs ne trouva pas non plus que les figures des deux fils soient exécutées avec la délicatesse qu'on admire dans d'autres antiques. • Voici maintenant la description que Winckelmann nous A laissée de ce groupe. « Le Laocoon nous offre le spec- > tacle d'une nature plongée dans la plus vive douleur, n sous l'image d'un bomme qui rassemble contr'elle toute > la force de son ame. Quoique la violence de ses tour- • mens soit imprimée sur cbaque muscle et semble enfler • tous ses nerfs, vous voyez la sérénité de son esprit briller » sur son front sillonné, et sa poitrine oppressée par une res- » piration gênée et par une contrainte cruelle, s'élever avec > effort pour renfermer et èoncentrer la douleur qui l'a- » gite. Les soupirs qu'il n'ose exhaler, lui compriment le » ventre et Idfi creusent les flancs de manière à nous • faire juger du mouvement de ses viscères. Toutefois ses » propres souffrances paraissent moins l'affecter que celles • de ses enfans qui lèvent les yeux vers lui et qui implo- it rent son secours. La tendresse paternelle de Laocoon 9 se manifeste dans ses regards languissans; on croit voir Digitized by Google STTLB DB l'art EN GBkCE. — 6* PÊBIODE. 5oi » la compassion nager dans ses yeux comme une vapeur 1 troul>le ; sa physionomie exprime les plaintes et non > pas les cris; ses yeux, dirigés vers le- ciel, implorent » Tassistance suprême; sa bouche respire la langueur, et » la lèvre inférieure qui descend, en est accablée; mais » dans la lèvre supérieure qui- est tirée en haut, celte lan- » gueur est jointe à une sensation douloureuse. La souf- » france, mêlée d'indignation sur l'in j ustice du châtiment» > remonte jusqu'au nez, le gonfle, et éclate dans les na- » rines élargies et exhaussées. Au-dessous du front est » rendu avec la plus grande sagacité le combat entre la » douleur et la résistance, qui sont comme réunies en un > point; car pendant que celle-là fait remonter les sonr-' » cils» celle-<;i comprime les chairs du haut de i'œil et les » (ait descendre vers la paupière supérieure qui en est • presque toute couverte. L'artiste, ne pouvant embellir » la nature, s'est attaché à lui donner plus de développe- 1 ment, plus de contention, plus de vigueur. Là même ob » il a placé la plus grande douleur, se trouve aussi la plus • haute beauté. Le cAté gauche, dans lequel le serpent 9 furieux lance son mortel venin par sa morsure, est 1» > la partie qui semble souflrir le plus à cause de la proxi^ 9 mité du cœur, et cette partie du corps peut être regar-» 9 dée comme un prodige de l'art. Ses jambes semblent 9 faire un mouvement pour se soustraire aux maux qu'il 9 endure. Aucune partie n'est en repos» Les traces mêmes » du ciseau paraissent comme autant de rides qui contri* • buent encore à l'expression de la douleur. » Cette description du Laocoon antique est fort belle» mais elle ne porte ni sur le style ni sur l'origiDalité du monument, et rien n'empêche que toute cette expression* Digitized by Google 501l BISTOIAB DE LA rjSIIfTUBB. toute cette poésie ne soit copiée d'après un archétjfpe phis parfait, qui ne nous est point parvenu. Pourquoi ce monument n'est*il pas allé embellir Gonstantinople avec les précieux ornemens des temples et des palais de Rome ? Pourquoi surtout Texécution mécanique de ce morceau est -elle si supérieure à la science et à la sévérité des formes ? Pourquoi le genou offre*t-il des erreurs assez re- marquables contre Tanatomie? Ces chairs si habilement taillées, ne nous plaisent point par celte naïveté, cette sou^ plesse appartenant à la pondération et au caractère varié des corps compressibles et élastiques, comme on les voit sur les fleuves du Vatican, sur la figure de Ménélas» sut le torse même du Belvédère et sur plusieurs autrets anti* ques du premier mérite. Pourquoi ce calcul un peu rou* tinier dans toutes les formes, dont le travail indique beau- coup de luxe dans Toutil, mais peu de retenue et peu de sévérité dans l'imitation ? Pourquoi enfin plu» d'écorce que de pulpe , plus de dehors que de dedans l Le groupe de Laocoon semble donc être une copie fiiite à Rome d'après un original bien meilleur et admira- ble, ainsi que cette copie, par l'expression et le sentiment. On rencontre d'ailleurs des fragmens d'un groupe par^l, et ces fragmens qui rappellent un styl^ bien plus ancien» n'ont pas été par conséquent exécutés d'après celui que nous possédons \ Pline peut n'avoir pas connu l'original de cette copie qu'il admira. D'ailleurs celui qu'il vante et dont il loue les dragons, était peut-être placé dans un^ pièce autre que celle où l'on déterra notre groupe dé- corant nussi le palais de Titus. On peut supposer encore ' On en Toît an entr^antres «a Capitole dtiis U^oor i gtnclie, prêt 1* WiMté Goloiial èm la Konia,'TU>à*vUleMarpliono. Digitized by Google STYLE DB L*ART EN GRkCE. — 6* PÉRIODE. 5o3 qae Virgile aura été fmppé de l'expression de quelque monument plus «ncien que le notre, et représentant cet épisode auquel ce grand poète a donné une teinte si pa^ tbétique dans son Enéide. Voyez sur cette question ce qu*a écrit Lessing. Il paraît que Pline cite le Laocoon en copiant quelque Recueil où il s'agissait d*ou7rages d'un seul bloc, car, a^ant^t après avoir indiqué ce Laocoon, il Indiqae aussi comme étant d'un seul Moc, un ouvrage de Lysias et un autre d'Ârcésilas, puis le groupe dcZélhus, parTauriscus et Apollonius deRhode, se servant de l'ex* pression {exuno lapide) d'une seule pierre. C'est ainsi que Pline réunit aussi les noms des artistes qui ont fait des ou- vrages de très-petite dimension. Le groupe du Laocoon est l'ouvrage d'Âgésander et de ses fils Athénodore et Po- lydore de Rhode : on sait qu'un Polydore travailla en bronze. La chevelure de Laocoon est d'une disposition qui rappelle un original en bronEe. Nous venons de voir que Pline prétend que ce groupe est d'un seul bloc, et ce^ pendant on y reconnaît six pièces aujourd'hui. On répond à cela que les joints n'étaient pas visibles du tems de Pline; une remarque de cette sorte était pourtant de la compét^ice de ce savant naturaliste. Si le torse du Belvédère a été souvent ou mal étudié ou parodié dans l'école de Michel- Ange, la figure du Laocoon a été ou mal sentie ou parodiée par beaucoup de peintres, et statuaires de l'école desCarracd. J'en ai vu une copie exécutée en terre cuite par le célèbre Algardi où il y avait deux fois plus de bosses et de creux que dans l'ori- ginal. J'ai vu des dessins de maîtres, ou pour mieux dire des bavardages de maîtres dans lesquels ce Laocoon était d^iécé, bosselé et boursouflé. On en a donc souvent Digitized by Google 5o4 HISTOIEE DE LA MIIVTUEB. abusé, et, fti l'on a tant Vanté cette sculpture dans les at^^ lien, c*est moins/ je crois» parce qu'elle exprime forte- ment la douleur» que parce qu'elle ressemble» plus qu'au- cune autre production antique» par son goût de dessinv aux figures des écoles lombardes et en général à ''celui des dernières écoles et académies d'Italie. Je n'omettrai pas de rappeler que l'on a signalé arec raison l'analegie qui est à remarquer entre le traTail de cette sculpture ei celui des Centaures des musées du Capitole et de Paris. Il est évident que le défaut de simplicité dans les formes,' et quelque chose de cahoté et de ressenti avec affecta- tion» rappelle dans ces sculptures» exécutées au ted» d'Adrien» les ressources d'artistes éloignés déjà- des éco-- les austères et naïves du haut tems de l'art. Quant à. ces traces du ciseau» qui contribuent» dit-on» à l'expression de la. douleur physique» ou qui forment ce travail brut» grenu et semblable à la peau d'un homme sain» ainsi que le dit ailleurs Winckelmann» ce sont de véritables rôvwies. On voit» en examinant ce morceau avec attention» qu'il a reçu par quelque main ignorante des coups d'Ërifloi? sûr quelques parties» et ces traces» loin d'être l'effet de la science» sont des accidens étrangers à l'intention de l'auteur. Tout ce que je viens de dire ici (car je suis obligé de m'expliquer de nouveau)» n'est point avancé dans l'in^ tention de hasarder une opinion étrange. Je prétends sentir autant que tout autre» ce que cette sculptupe a de pathétique» de fort et de touchant» mais je crois devoir sacrifier tout ce qui me semble préjuge au désir d'éofaû- rer la théorie de l'art et de rétablir l'ordre véritable dans les maximes. Je pense donc que le groupe que nous po&-r Digitized by Google STYLB DB l'art EN GBkCE. — 6' PÉRIODE. So5 •édoDS n'est qu'une copie qu'on voyait dans te palais de Titus d'après l'original beaucoup plus ancien et juste- ment admiré dans le même palais. c Que dirons-nous maintenant» continue Mengs, des I plus belles statues antiques qui nous restent, telles que 9 celle de l'Apollon Py thien du Belvédère ? La regarde- » rons-nous comme un de ces ouvrages qui ont immorta- • lise leurs auteur; ? Si sa beauté nous faisait croire qu'elle > doit être placée dans cette classe» il fiiut remarquer ce- » pendant qu'elle est de marbre Garara ou Séravezza '» » et. si l'on prétendait qu'elle a été exécutée en Italie par » quelque grand artiste des plus beaux siècles de la Grèce» a je pourrais objecter que les carrières de Lunes ou de 9 Garara venaient d'être nouvellement découvertes du » tems de Pline» de sorte qu'il est probable que cette sta^ » tue fut faite sous le règne de Néron et placée à Nettuno » où elle a été trouvée. Il est à croire aussi que- son au* » teur n'a pas eu autant de talent que les autres statuaires » employés par cet empereur à ses édifices de Rome où » devaient nécessairement se faire les plus belles choses » par les plus habiles artistes. Il est à croire que l'endroit » où l'Apollon fut découvert a été la villa qu'Adrien avait » à Anzio» où» suivant Philostrate» cet empereur avait dé- • posé un livre et plusieurs lettres de ce philosophe» et il » ajoute que cette villa était de toutes les maisons impé- • riales celle où Adrien se plaisait le plus. » Maintenant écoutons Winckelmann. « De toutes les » statues antiques qui ont échappé à la fureur stupide des 9 barbares et à la puissance des tems» la statue d'Apollon » est sans contredit la plus sublime. L'artiste a composa > Voyfi la note J« la page 4^o. Digitized by Google 5o6 HISTOIRE DK LA PBINTtRB. cet ouTrage sur l'idéal et n'a employé de matière que ce qu'il lui en allait pour exécuter et représenter son idée. Autant la description qu'Homère a donnée d'A- pbllon surpasse les descriptions qu'en ont faites après lui les poètes, autant cette figure l'emporte sur toutes les figures de ce même dieu. Sa taille est au-dessus de celle de l'homme, et son attitude respire la majesté. Un éternel printems, tel que celui qui règne dans les champs fortunés de l'Elysée» revêt d'une aimable jeu* nesse son beau corps et brille a?ec douceur sur la fier» structure de ses membres. Pour sentir tout le mérite de ce chef-d'œuvre de l'art, tâchez de pénétrer dans l'empire des beautés incorporelles, et devenez, s'il se peut, créateur d'une nature céleste; car il n'y a rien ici qui soit mortel, rien qui soit sujet aux besoins de l'hu* manité. Ce corps n'est ni échauffé par des veines, ni agité par des neris. Un esprit céleste circule» comme une douce vapeur, dans tous les contours de cette figure admirable. Ce dieu a poursuivi Python, contre lequel il a tendu pour la première fois son arc redoutable. Dans sa course rapide il a atteint le monstre, et il lui à porté le coup mortel. De la hauteur de sa joie, son augmte regard perce comme dans l'infini et s'étend bien au- dclè de sa victoire. Le dédain siège sur ses lèvres. L'in- dignation qu'il respire gonfle ses narines et monte jus- qu'à ses sourcils; mais une paix inaltérable est em- preinte sur son front, et son œil est plein de douceur, comme s'il était au milieu dés Muses empressées à le caresser. Parmi toutes les figures de Jupiter, vous ne verrez dans aucune le père des dieux approcher de la grandeur, avec laquelle il se manifesta jadis à l'intelU- Digitized by Google 8TTLB DE l'aBT EN GE^CB. — 6* PÉBIODE. Soj gence d'Homère, aussi bien que dans les traits que tous of- fre ici son fils. Les beautés individuelles de tous les autres dieux sont réunies dans cette iigufe comme dans celle de Pandore. Ce front est le front de Jupiter renfermant la déesse de la Sagesse; ces sourcils, par leur mouve-» ment, annoncent sa volonté; ce sont les grands yeux de la reine des déesses, et sa bouche est la bouche même qui inspirait la volupté au beau Branchus. Semblable aux tendres rejetons du pampre, sa belle chevelure flotte autour de sa tête, comme si elle était légèrement agitée par Thaleine du Zéphir; elle semble parfumée de Tessence des dieux , et attachée négligemment par la main des Grâces. A Taspect de ce chef-d'œuvre j'ou- blie tout l'univers; je prends moinnême une attitude noble pour le contempler avec dignité. De l'admiratioA je passe à l'extase. Je sens ma poitrine qui se dilate et s'élève, comme l'éprouvent ceux qui sont remplis dQ l'esprit des prophéties. Je suis transporté à Délos el dans le bois sacré de la Lycie, lieux qu'Apollon hono- rait de sa présence; car la figure que j'ai sous les yeux parait recevoir le mouveknent comme le reçut jadis la beauté qu'enfanta le ciseau de Pygmalion. Mais com-^ ment pouvoir te décrire, ô inimitable chef-d'œuvre! Il faudrait pour cela que l'art même daignât m'inspirer et conduire ma plume. Les traits que je viens de crayon- ' ner, je les dépose à tes pieds ; ainsi ceux qui ne peuvent atteindre jusques à la tête de la divinité qu'ils adorent, mettent k ses pieds les guirlandes dont ils auraient voulu la couronner. » Que critiquer après une pareille description ? Quels doutes proposer au sujet de ce prétendu chef-d'œuvre des Digitized by Google So8 HISTOIRB DE LA PEINTURE- chefs-d'œuvre? Cependant , poarqtioi Tamourde la vérité céderait -il ici à une vénération peu raisonnée, et pourquoi n'étudîerions-neus pas cette très -belle statua dans Fintention de la. juger, de la classer et non unique* ment de nous extasier, sur ses perfections. • ! Michel- Ange s'est dit élève du torse; mais personne ne s'est dit élève de l'Apollon. Sous Bouchardon, les crayon- neurs d'atelier donnaient même à cet Apolbn le nom trivial de navet ratissé ; et cette critique» bien que faite lors dti mauvais goût des écoles, n'est pas à rejeter.. Rubens, dans son Apollon de la galerie de Paris, semble avoir voulu, comme nous le dirons ailleurs, donner une leçon au statuaire ancien en peignant avec souplesse et une certaine mollesse les chairs de l'Apollon de son ta- }>leaui : mais malheureusement Rubens échoua dans cette critique, qui toute fondée qu'elle était, sortait de la com- pétence de son pinceau. Mengs n'hésite pas à dire que cette figure n'a pas la morbidesse qu'on remarque dans quelques autres ouvrages antiques. Touk le- monde* sera de son avis. Qui oserait nier que cette statue d'Apollon ne soit noble» animée et divine ? Qui ne sent pas qu'elle représente la colère superbe d'un dieu ? Qui n'admire et l'élégance de son. corps, et la jeunesse de ses jambes, et la beauté de ses pieds et de sa chaussure? Mais il ne s'agit pas de cela, et ce n'est point en montant sur son trépied qu'on admi- rera mieux ce dieu. Cet ouvrage ne serait pas en marbre de Carare, il serait en marbre penthélique que je dirais : cette statue est la copie d'une belle figure grecque, ajustée à la romaine. Le statuaire qui fit cette copie était plein de sentiment. Digitized by Google 8TYLB BE L*AHT EN GEkCE. — 6* FifilOBE. Sog de Terve et de belles idées ; mais il n'appartient pas k i- i- cole grecque pure et des tems fameux de VarU Les formeSi; le jeu des os et des grandes parties est exprimé de sen^ timent, il est vrai, et dans un caractère ou mode conve- nable; mais l'artiste manquait de ces études» de cette métbode sévère de la statuaire, études par lesquelles on jrend la vérité dans tous ses caractères, par lesquelles on est très-correct en faisant beau, précis et poétique à la fois, enfin cbâtié et tout naturel en paraissant inspiré et brûlant d'enthousiasme. Quant à cette chevelure que Winckelmann parfume de l'essence des dieux et qu'agite légèrement le'zéphir, dlle devrait peut-être moins voltiger dans cette poésie sculptée, et je croirais qu'Ole n'«xcite pas l'admiration de tout le monde, malgré l'adresse de l'outil, qui au surplus montre très-évidemment dans cette chevelure une exécution non pratiquée lors des plus belles époq^ies de l'art, et qui, soit dit en passant, pourrait peut-être servir à prouver qu'elle est répétée d'après un bronze, vu la fragilité qui résulte de tant de mèches de cheveux isolées et toujours assez solides quand elles sont exécutées en métal. On doit aussi se méfier, je le sais, de l'analogie qu'elle offre avec les coiffures déplaisantes du siècle de Louis XIY, et il tàui considérer pour quelque chose le dégoût que peut causer cette impression. Malgré tout, je crois devoir per- sévérer dans mon opinion. ' Pour ce qui est de la pantomime et du geste, on aper- çoit dans cette figure un certain aprét, un certain étalage et un calcul un peu recherché dans son mouvement; contraste qui, bien que conforme aux règles et à l'expres- sion, rappelle les tems de luxe et d'apparat, ainsi que la Digitized by Google 5lÔ HISTOIRE DB LA PEINTURE. pompe théâtrale des Rombins. Au surplus, eonoaissons- nous l'historique de toutes les antiques? N'aurait-on pas, sous les Antoninsy exigé certaines copies d'ouvrages clas- siques avec des changemens ? N'auralt-on pas influença les artistes par quelques volontés capricieuses et un peu contraires à l'art ?..•• J'ai déjà fait part de cette conjec- ture. Mais» disons encore» au sujet de la pantomime de l'Apollon du Belvédère» qu'il est essentiel de se rappeler ici combien est grande l'altération que subit l'expression» lorsqu'on change en plus ou en moins certaines parties d'une figure. Aussi on ne doit point s'étonner, par exem- ple» que les bras modernes de la Vénus Médicis en aient fait une figure coquette. De même» ce théâtral que nous remarquons dans l'Apollon et qui n'existait probablement point dans l'original» est pent-étre l'ouvrage du copiste qui travaillait à Rome '• U convient encore de propotor à ce sujet une remarque que j'étendrai à son lieu ; c'est que dans cette période» où l'art commençait à être influencé par le goût romain» il sem- ble que les artistes aient recherché avec qudqu'afFectation les pantomimes développées et calculées dans leur signi- fication. Était-ce pour dédommager l'art de ce qu'il per- dit du côté de la perfection des formes et de l'imitation de la vie ; ou bien cette recherche était-elle le résultat de l'influence des théâtres de Rome ? Je laisse à résoudre cette question. Ce qu'on ne saurait nier» c'est que les bas-reliefii et les monnaies mêmes de ce tems» nous frappent par une certaine énergie un peu factice qui fait ressortir davantage et qui fait regreter l'éclat et la simplicité pure de l'art * J*«i eu occasion de dire quelque chose, ptg. Sj, concernant les restaarations q«*a sabies PApolion du BcU*édére. Digitized by Google STYLE DB l'art EN CRkCE. 6* PÉRIODE. 5l 1 attique. Là Diane à la biche» statue dont nous allons par- ler, of&re une preuve de ce que j'avance ici. U existe des ouvrages postérieurs à Adrien qui peuvent soutenir la comparaison, quant au travail et à la science» avec celte statue célèbre d'Apollon. Prenons» par exem- ple» certains portraits» et un entr'autres trouvé à Gables (musée de Paris» n"" 97)» et représenta Jkt Géta» frère de Caracalla. Ce buste antique est sain comme s'il sortait de l'atelier de l'artiste» et nous pouvons en raisonner. Je dirai d'abord que la draperie de ce buste» ainsi que celle de Septime-Sévère» qui lui sert de pendant {idem 99 ) » ne le cède en rien à celle de l'Apollon et sous aucun rapport. Quant au nu de ce Géta» la tête est pleine de vie et de vérité» les plans sont vrais autant que dans l'Apollon. Une harmonie excellente règne dans le tout. Le tour du col sur le buste» et de la tête sur le col est tout aussi habilement traité» dans son genre» que celui de l'Apollon. Même fini» même douceur d'outil» mais aussi même froideur de plans» même routine de métier. Étranger à cette vive méthode grecque qui faisait arriver au fini par la Traie science des formes et de l'anatomie» l'artiste n'a pas su mépriser l'espèce de poli qui n'est pas le résultai de l'imitation. Les finesses qu'on apperçoit au flambeau sur l'Apollon, me semblent même prouver l'époque de son exécution. On fit sous Adrien des statues très-finement travaillées; mais les formes auraient du être franches, libres» tirées, comme je viens de le dire, de la connaissance immédiate des plans» et pnissées toujours dans la nature. Dans TApoUon ces finesses paraissent timides» sans vivacité et sans variété. Tous les petits plans des muscles 7 sont Digitized by Google 5l« niSTOIRB DB LA PEIITTURE. indiqués» ti est frai, mois comme si l'artiste les y ayait ajouté^» non en bâtissant le tout, mais pardessus, ifolé^ ment» et comme pour faire voir un grand soin. 'Or» fat sculpture grecque des plus beaux tems de Tarty-ne se traitait pas ainsi» puisque lés finesses étaient les consé- quences de beautés premières et fondamentales» et qu'elles étaient homogènes avec ces beautés. ; N'osant pas critiquer l'Apollon» on vous dit qu'il aété altéré par devant» et que» n'ayant pas été retouché par derrière» il offre de ce coté un plus admirable travail. On veut absolument que ce soit un ouvrage du premier ordre» et d'un des plus fameux statuaires qui aient existé. Or» voici le vrai moyen de se convaincre de la vérité. Placez le torse de l'Apollon à coté du torse de Bacchos de Naplcs ou de la Vénus Milo ou des figures du Parthé- non : vous verrez bientôt que c'est la pantomime de ce bel ouvrage et l'élégance des proportions surtout qui vous séduisent» mais que la vie» la vérité et la souplesse du mécanisme osseux n'y sont pas exprimées au même degré que dans ces morceaux classiques. D'ailleurs cette chair si jeune» si divine dans cet Apollon» est loin d'être aussi vraie que dans les plus belles Niobés qui» bien qu'elles ne représentent pas des divinités». sont traitées dans le style de la haute beauté. Si donc on veut trouver qu'elle est parmi les statues d'Apollon citées par les écrivains» celle de laquelle le nôtre pourrait bien être la répétition» on peut admettre la supposition qu'il a été imité d'après celui dé Briaus qui devait fleurir presque en même tems que Praxitèle. Nous avons vu que S* Clément d'Alexandrie» en parlant de cet ouvrage» qu'on voyait à Daphné» l'appelle admi- Digitized by Google STYLE DE l'art EN GftkCE. — G' P^AIODIS. 5l5 rable et inimitable. Le dieu était représenté lançant ses flèches contre le serpent Pjthon. Si donc l'original de i* Apollon du Belvédère est de Bryaxis, il est évident que son copiste qui travailla sous Néron« près de 4oo ans plus tard, ou peut-être sous Trajan, n'a pas atteint le degré de savoir et de naïveté qui était propre à presque tous les ouvrages fameux des écoles qui brillaient au tems de Philippe et d'Alexandre. Je ne puis m'empécher ici de dire un mot sur la belle statue de Diane que possède la France depuis plus de deux siècles, et dont le vrai mérite semble cependant avoir été méconnu jusqu'ici. Aujourd'hui on la croit exécutée par l'auteur de l'Apollon du Belvédère. Cette conjecture n'a rien que de très-raisonnable» car on y voit même vivacité d'expression» même élan» même contraste» même fierté. Je me garderai bien de dire qu'elle est plus belle que TApoUon; mais j'assurerai que la contemplation de cette statue excite en moi d'aussi vib sentimens d'admiration que le fameux marbre du Belvédère. Je trouve de plus que les jambes de cette statue» et qui sont la plus con^ sidérable partie du nu» sont d'un travail plus savant, plus vrai et tout aussi beau que celui de l'Apollon. Ce qui me parait remarquable surtout dans cette belle fi- gure» c'est le caractère de chasteté qui y est exprimé avec une unité» et» si je puis dire ainsi» avec une Intensité merveilleuse. Rien de voluptueux» rien d'amoureux dans cette imagQ de la chaste sœur du dieu du jour. Une aus- tère pudeur semble préserver cette vierge de toute at- teinte. Elle impose même et commande le respect» tant les mœurs de la déesse sont manifestées avec force et propriété dans cette admirable sculpture. Combien les copies mo- TOI[£ II. 33 Digitized by Google 5l4 ' HISTOIIIE DE LA PEINTURB. dernes qu^on en a faites et qu'on a touIu rendre aimables, font valoir cette savante et antique qualité I Cependant, malgré cette image des mœurs, malgré la grâce et Fagilité de ces jambes élégantes, malgré cet excellent goût de dra- perie, je reconnais, non un original des plus belles périodes de Tart, mais une précieuse copie faite dans le commen- cement de son déclin. Et, quand même cette figure serait un original, on doit dire à son sujet, qu'un statuaire peut dans toutes les époques et en tout pays faire briller une verve ardente, une imagination exaltée et expanaive; mais que c'est dans le bel âge des Grecs seulement, c'est^ à-dire, lors des merveilleuses écoles grecques, qu'on a offert les véritables modèles que peuvent produire la sculpture et la peinture parvenues à leur perfection. Chez les Romains le retour vers l'antique sévérité dévenait donc de plus en plus difficile. L'art de pro- duire beaucoup avec peu était perdu ; cette force, obte- nue par les grâces toutes naturelles,, n'était plus à la portée des artistes, et ils durent faire dans les écoles d'alors un mélange singulier de l'ancien style et d'un goût somptueux, lourd, recherché, insipide quelquefois et sans éclat '. * G*««t «v^ ime f|;ninde Mtisfactîoii qoe f 9Î remarqué la même o|â- nîon ches le célèbre DaTÎd, rhomme le plus conpéUot rar ce« matières. II regarde aussi la Vénus Médicîs, plutôt comme on portrait de courti- sane que comme une image déîfîe'e de Vénus ou comme un archétype grec du i«r ordre. L'ApoUon du Belvédère ne lai parait paanoa phif k morceau le plus admirable de Tantiquîté : il y recoanatl la g«4t des ar- tistes do tems d'Adrien et l*assaisonnementqui fut imaginé pour suppléer à cette force de simplicité grecque si naYve et si savante. En conrersant avec ce chef illustre de Técole du 19* siècle, sur ces belles questions, en présence des chefs- d*œnvre du mutée de Paris, je le«aîe compte de sas remarques sur plusieurs signes caractéristiques du style ^ye dfum lea lu- Digitized by Google STYLE D£ l'art EN GRkCE. — G* PÉRIODE. 5l5 Pour finir rexamen de la période qui nous occupe ici, citoni encore quelques artistes : Sopyioa et Dionysiua» peintres établis à Rome, jouissaient d'une grande réputa- tion. Les Pinacothèques étaient remplies de leurs ouvri^^es; ils excellèrent dans le portrait. Dionysius, qui ne repré- sentait que des figures d'hommes, était appelé pour cela Anthropographe. Cependant ces deui^ artistes yoyaient payer un plus haut prix que les leurs, les tableaux en mi- niatures de Lala deCysique, femme peintre, qui exécut9it des portraits de femmes avec beaucoup de célérité. J0 remarque cette préférence» parce qu'elle semble indiquer encore le déclin de Fart. Pasitèle de la grande Grèce, mais établi à Rome ok il fut reconnu citoyen Romain, était un artiste sf^vant et studieux. Outre ses ouvrages en or el en ivoire, et outre te Jupiter colossal en ivoire qu'il fit pour le temple de Mé- tellus, il parait qu'il apporta des perfectionnemens dans l'art des modèles en Argile. Pasitèle composa cinq livres précieux sur les chefs-d'œuvre qui se trouvaient dans la monde entier \ On le surnomsia A\Uodidactoê, c'es|;4i- dire, qui s^instruit soi-même; parce qu'il n'avait paa eu de maître. Oq prétend qu'il fit les premiers miroirs en argent. II cisela sur argent le portrait du jeune Roscius, qu'une flamme céleste environne dans son berceau. On croit aussi qu'il s'occupa d'encaustique. Cet artiste célèbre, do^t op voyait beaucoup d'ouvrages à Rome, n'exécutait toct du Discobole, du Mëleagre, etc. Qae ne doit- je pas À ce célèbre maître dont je me fois fait an devoir de reeoeiilir les bantes leçons, ^oit dans son école, toit i^ns ses entretiens |HirtîB. SsS L'an 1 45 ûTa&t J.-C. » on lit au Capitole lés premiers pla- fonds dorés. 4a ans aprës, Scantua bâtit pour quatore-vingt mille personnes un théâtre qui ne devait durer qu'un mois, et trois mille statues le décorèrent. Ce Scaurus forma le pre- mier une daûtyliothèqoe ou collection de pierres gravées. Sylla dépouille Athènes en Tan 86»et en 75yerrè8 compose sa fameuse galerie. Enfin vers ce tems on prit goût pour les perles, les pierres précieuses, les vases Murrhins, etc. Une dactyliothèque fut consacrée au Capitole. Les triom- phes de César étalèrent des images d'argent, d*écailie, d'ivoire» représentant des villes conquises. On revétissait déjà les maisons de marbre» et on les^ décorait avec des colonnes de marbre de Caryste et de Luni. Ce fut à cette époque que LucuUus enleva d'ApoUonie un Apollon de trente coudées. Mus tard, Jules César enrichit de peintu- res grecques plusieurs temples de Rome dans lesquels il les consacra. Il avait formé une belle galerie ou pinacothè^ que, et consacra six collections de pierres gravées. Nous savons de plus qu'il acheta pour la sommé de quatre cent trente-deux mille fVancs rAjax et la Médée de Timomaque. Auguste exposa publiquement deux peintures qui. repré- sentaient. Tune la victoire d'Actium, et Tautre son propre triomphe^ II fit aussi placer dans le temple de son père adoptif Jules César, un tableau des Dioscures et un autre de la Victoire. Dans la salle du sénat, il fit appliquer sur le mur une peinture représentant la forêt de Némée per- s et des louan- geurs ignorans qui dans leur obstination trouvaient plus fiicile d'applaudir aux écarts fastueux de leurs contem- porains que de vanter la sagesse et la vertu des ouvra- ges des anciens; exemple imposant, qui devrait rallier aux anciemies doctrines tous nos artistes et tous eaux qui peuvent influer sur les arts. Digitized by Google STTLE DB l'aBT BOMAIN. — 7* PàBIODE. &2J Les mœurs des Romains s^opposaient rnoii» qu'on ne pense aux succès de la peinture et de la scupture, et sans avoir tous les avantages dont jouirent les Grecs» ils étaient suffisamment fayorisés» Il est vrai que les artistes furent beaucoup moins considérés à Rome qu'à Athènes , mais ce n'est point là la véritable cause de leur infériorité. Les Romains étaient grands admirateurs des chefs- d'œuvre; ils les aimaient passionnément; et chez eux ce goiit même devint un luxe qui fut porté au plus haut degré, c La peinture, dit Winckelmann» consacrée aux dieux et aux monumens publics» servait chez les Ro- mains d'ornement aux temples; quelques-uns de ces temples formaient des pinacothées» ou galeries de ta- bleaux» à rinsiar de celui de Junon à Samos. A Rome, on appendit dans les galeries supérieures du temple de la Paix les peintures des meilleurs maîtres» et il y avait pareillement dans les thermes de Dioclétien une salle ou galerie oh l'on admirait les plus belles productions en peinture et eu sculpture; elle subsiste encore au- jourd'hui» et fait même une des plus belles églises de Rome. Yespasien attira auprès de lui et encouragea par ses gratifications les poètes et les artistes. Après avoir fait bâtir le temple de la Paix » il le décora d'une partie des statues que Néron avait fait venir de la Grèce; il y fit exposer surtout les tableaux des plus célèbres peintres de tous les tems; de sorte que ce fut là» comme l'on dirait aujourd'hui» la plus grande galerie publique de peintures. Il parait pourtant que ces peintures n'é- taient pas placées dans le temple même» mais dans les salles d'en-hant» auxquelles on montait par un escalier conservé jusqu'à ce jour, s Digitized by Google &9.H HISTOIRE DE LA PEIIfTVRE. Le goût des Romains pour les tableaux semble a?oir été porté à Texcès. « Que voulez -vous que je réforme pre- » mièrement, écrivait Tibère au sénat ? Sera-ce vos palais » et vos maisons de plaisance qui occupent quelquefois • des provinces entières? Sera-ce ce nombre infini de » valets, distingués par nations ? Sera-ce la vaisselle d*or • et d*argent, et la fureur pour les tableaux et pour les > statues» etc » (Tacite.) L'attachement du peuple pour les chefii-d'œuvre était même extraordinaire. Pline raconte le fait suivant : c La » statue de Lysippe» représentant un homme au bain et • qui se frotte» plut tellement à Fempereur Tibère» que • ce prince» qui sut se commander à lui-même dans le » commencement de son règne» ne put résister à la ten- » tation de l'enlever des bains d'Âgrippa où celui-ci Ta- » vait consacrée» et de la faire transporter dans sa cham- > bre à coucher. Il y substitua une autre figure; mais » l'obstination du peuple était si forte» qu'il demanda à » grands cris» dans l'amphithéâtre» que le baigneur {&t » replacé. L'empereur» quelqu'attaché qu'il f&t è cette » statue» la fit remettre à sa place. > Personne n'accusera les écrivains d'exagération» lors- qu'ils parlent de la grandeur des idées» de la magnificence et du luxe des Romains en général. Leurs monumens sont encore là pour attester cette extrême magnificence» et le seul aspect des ruines immenses qui couvrent encore le sol de l'ancienne Rome» suflit pour nous donner une idée de ce peuple géant. Il est encore debout ce Colysée dont notre œil embrasse à peine la vaste enceinte» ce Colysée aux dépens duquel des palais ont été bfitis» et qui suflirait presque à la construction d'une ville. Ces basiliques» ces arènes» Digitized by Google STYLE DE l'art ROMAIN. — 7* PÉRIODE. 829 . ces aqueducs» ces arcs triomphaux, ces temples, ces co* lonnes, ces théâtres que leur immensité protège contre tous les ravages, contre les fureurs de la guerre et contre les efforts du tems, sont encore debout. Il semble que^ Famour pour le colossal fut pour les Romains un besoin. Néron Qt exécuter son portrait sur une toile haute de cent vingt pieds. Pline qui vit ce tableau l'appelait une folie de son siècle {nastrœ œtatis insaniam); ce tableau fut brûlé par la foudre. Les fragmens énormes de statues colossales en bronze et en basalte même, ne sont pas rares à Rome. Un petit doigt appartenant à la main d'une statue colossale en marbre blanc, se voit à Rome aur l'escalier du palais Altiéri; il porte de hauteur plus de trois pieds. Quant au luxe de l'art à Rome, il faut considérer que les Romains ne le cédèrent à aucun peuple en raiBnemens. Des détails positifs nous attestent leur extrême sensualité et leurs sub- tiles recherches. Citons au hasard deux exemples. L'im-* pératrice Popée se faisait suivre dans ses voyages par une troupe d'ânesses, pour se baigner dans leur lait. Les pages des riches Romains étaient assujétis à des précautions par- ticulières pour la conservation de leur teint; souvent un masque de mie de pain mouillée leur couvrait le visage > pendant la nuit. Ainsi il est à croire que ce qui avait été imaginé de plus recherché en Asie était devenu peu à peu une habitude et un besoin pour ce peuple jadis couvert de fer et nourri d'alimens grossiers. Si l'on veut tenir compte de l'influence du climat, on reconnaîtra que celui de Rome et de toute l'Italie était très-favorable aux arts. Les jardins délicieux et les villa des Romains étaient propres à entretenir le charme de leurs idées et toute la fraîcheur de l'imagination. Ce . TOMB II. 34 Digitized by Google 55o niSTOIRB DB LA PBINTUBE. qu'on' nous raconte de la beauté de leurs campagnes passe, pour ainsi dire, toute croyance. Enfin, comme les Grecs, les Romains avaient sous les yeux des'G^tnnases, des fêtes superbes, de beaux individus pour modèles ' et des esclaves de toute espèce à leur disposition. Que manquait-il donc aux artistes pour devenir de nou- veaux Âpelles, de nouveaux Protogènes ? des écoles et des préceptes sévères. Les efforts des inspirés étaient vains, à cause de la corruption des doctrines. Le goût las- tueux étouffait insensiblement le génie et les idées na-> turelles. Ce goût fut élevé, il'est vrai, et les Inventions des artistes étaient souvent magnifiques; mais les ouvrages étaient souvent pauvres et privés de ce nerf et de cette vie qui en eussent fait des chefs-d'œuvre. Les Romains cher- chèrent constamment des dédommagemens à cette pau- vreté et à cette froideur, cependant Técorce seule s'em- bellit; les dehors devinrent trompeurs et sortirent de la convenance. Les alléchemens, la profusion d'ornemens et la quantité, devinrent pour eux un besoin et une routine, et ils. s'accoutumèrent à préférer au goût pur et simple de l'Attique leur goût national et composé. Leurs mœurs, cor- rompues parles conquêtes de l'Asie, se retrouvèrent dans leurs arts : la pompe romaine dicta des lois à la sculpture et à la peinture; et, malgré les philosophes et les savans, qui allaient étudier à Athènes, comme les Athéniens étu- diaient autrefois à Memphis eiàThèbes, le goût fastueux Do Icms même de talot Jcan mentis inhœrentem). Myron, qui savait renfermer dans • se» figures en bronze l'ame et la vie de ses modèles Digitized by Google 534 HlëTOlBfi DS LÀ P£15TUA£. * {Qui penè hûnUnutn animas ferarumque œre compre- * henderat), n*eut point d'héritiers. Mais de notre tems, B enfoncés dans les plaisirs de la table et de la débauche, » nous ignorons ces mêmes beaux-arts et nous critiquons 9 les productions des anciens. L'argent fait tout» et un » lingot d'or paraît bien plus beau que toutes les pro- » ductions de Phidias et d'Âpelle, que nous appelons de » petits Grecs qui n'en savaient pas bien long. » Quant à Pline, voici comment il s'exprime au sujet de la peinture (L. 3S. G. i) : « Get art était autrefois très-noble» » dit-il» lorsque les rois et les républiques l'honoraient à 9 l'envi et qu'on n'était dans l'usage de peindre que des » personnes dignes de la postérité. Mais aujourd'hui» ce > même art est expulsé par la manie des marbres et quel- » quefois remplacé par l'or même... Les portraits aujour- 9 d'hui représentent moins l'effigie vivante des personnes » que leur luxe et leur opulence {id. id.). La molesse » des mœurs a perdu les arts» et» parce qu'on négligea p l'image de l'ame» on a négligé aussi celle des corps (Ar^ » tes desidia perdidit : et qvumiaim animarmn imagines » non stmt» negliguntur eti{mt oarparum). » On trouve çà et là dans les auteurs des expressions de regrets sur cet état de l'art. G'est ainsi que Plutarque dit que sous Domitien où gâta à Rome» en les voulant polir» des colonnes de marbre pentélique travaillées à Athènes. Enfin» malgré quelques exceptions» on doit recon- naître que chez les Romains le caractère général de l'art consiste principalement dans la disposition tou- jours calculée pour produire un certain luxe de parure» une certaine élégance pompeuse et trop souvent magni- fique. Tout ce calcul dans la disposition et dans l'arran- Digitized by Google STYLE PB l'art BOMAIM. — 7* PÉRIODE. 535 gement, outre qu'il est itop apparent, semble n'avoir été acheté qu'aux prix de la naïveté et des finesses naturelles. Les Grecs cherchaient la grâce dans la vie et dans la sim- plicité : les Romains paraissent n'avoir cherché la grâce et le beau que dans les combinaisons optiques, en sorte qu'on vit Rome surchargée de sculptures molles et arron- dies; sculptures belles, il est vrai, par l'arrangement, et gracieuses par la superficie; sculptures pleines, douces et moelleusement polies, mais dénuées de ce nerf altique qui jadis vivifiait jusqu'à l'épiderme, qui faisait respirer le bronze et semblait rendre l'art plus vivant que la nature. Les ouvi'ages des Grecs étaient fins et savans, vifs et délicats : les ouvrages des Romains furent savans avec parade; chauds, mais d'une chaleur artificielle; vigou- reux, mais toujours trop ronflans; en sorte qu'on peut exprimer toute cette différence en disant que les Grecs passèrent de l'anatomie, de la mécanique et de la géomé- trie au beau optique et à la parure de l'aspect, mais que les Romains commencèrent par l'extérieur et par cette parure de l'aspect, sans avoir ensuite la force de remonter aux longues, aux fortes études de l'anatomie, da mouve- ment ou de la mécanique du corps humain et de la science des plans. C'est cette disposition toujours belle, toujours noble, si souvent convenable dans les ouvrages romains, qui a fait penser qu'il n'y avait d'autre clifi'érence entre l'art grec et l'art romain, que celte finesse, cette naïveté qui tenait, dit-on, aux mœurs et à la différence des artistes. Mais tout observateur édairé reconnaît que ces statues grecques, si vives, si charmantes par le naturel, ont été mesurées cent fojs d'après la nature, ont été exécutées avec un scrupule -savant; que, voulant le fond et non la siiper^ Digitized by Google 536 HISTOIBB DB LÀ PBINTUBB. ficie seulement, roulant le dessous et non Técorce, les artis- tes grecs parTenaient, à force de méthode et de savoir» à rendre animés le marbre et l'airain , tandis que les Romains n'aspiraient qu'à paraître grands et imposans au dehors par la belle disposition et le travail suave des formes. Aussi tous les critiques ont -ils raisonné à peu près comme Winckelmann» qu'il nous faut citer ici : c Les ar- » tistes romains» dit-il» peuvent néanmoins se glorifier d'à- » voir conservé leur grandeur» même dans les tems où « l'art était le plus sur son déclin. Le génie de leurs pères » ne les avait pas entièrement abandonnés. On voit des » ouvrages médiocres de ces derniers tems» travaillés en- > core d'après la maxime des grands maîtres. Les airs de » tête conservent l'idée générale de l'antique beauté. La » position» l'attitude» l'ajustement des figures» déeèlent > toujours les vestiges d'une beauté pure et simple. Cette 9 élégance recherchée» cette grâce affectée et mal enten- » tendue» cette souplesse contournée et outrée» dont sou- • vent les meilleurs ouvrages des sculpteurs modernes ne » sont point exempts» n*ont jamais été capables d'éblouir • l'esprit des anciens. Nous trouvons même quelques sta- » tues excellentes qui sont du troisième siècle» à en juger » par l'ajustement des cheveux» et qu'on peut regarder » comme des copies faites d'après des ouvrages plus an- » ciens. Il se trouvait donc des artistes capables de bien » copier les belles figures des premiers mattres. > Il n'est pas^hors de propos de faire remarquer qu'on dut le plus «eurent» pour les copies» faire choix d'originaux d'un bel ensemble et dont le bon effet pût subsister malgré Tin- correction du copiste» les statuaires devant redouter de répéter les originaux sévères des Polyclète et des Myron. Digitized by Google STYLE DB l'aBT ROMAIN. — 7* PÉRIODE. 537 Le style de l'art à Rome peut se diviser en plusieurs périodes, mais je ne crois pas que cette subdivision soit très-utile aux artistes. Si l'étude des nuances de l'art à cette époque est instructive, c'est par l'examen seule- ment des défauts qui corrompaient l'art de plus en plus à Rome» et non par l'étude de quelques nouvelles qualités, puisque les Grecs avaient rendu l'art complet. Cette subdivision des caractères de Fart à Rome me semble donc appartenir plutôt à l'archéologie qu'à la théorie de l'art. Cependant je ne doute point qu'une étude appro- fondie des monumens romains ou exécutés à Rome, ne iasse*parvenir un jour quelque savant à distinguer nette- ment les nuances de ces styles qui doivent offrir en effet des caractères sensibles; ces classifications serviront pro- bablement plus tard à enrichir l'histoire de l'art. Outre les indices généraux fournis par l'art proprement dit, tels que le style, la méthode de choisir et d'exprimer les mouvemens et les formes, l'anatomie, etc. , moyens que nous venons de considérer dans nos observations précé- dentes, on peut encore reconnaître el distinguer des âges différons dans les ouvrages d'art faits à Rome, en remar- quant soit la manœuvre du statuaire, telle que la méthode de fouiller le marbre, de traiter les cheveux, la barbe, etc. , de conduire le ciseau sur le nu et d'exécuter les plis, soit la £siçon de rendre certaines parties que la matière doit exprimer par des procédés conventionnels et plus ou moins arbitraires, comme les yeux, les prunelles, les pau- pières et quelques accessoires enfin. Toutes ces métho- des ont dû être diversement et généralement adoptées à certaines époques. Les connaisseurs savent à l'inspec- tion du stylé des coiffures, à la forme de certains accès- Digitized by Google 538 nisToiRs os la pbintube. soires, aux draperies, etc., distinguer une antique du 3',. du 3* ou du 4"" siècle, comme les lexicographes distinguent l'âge des manuscrits. Mais ces recherches, qui sont fort étendues, appartiennent à la sculpture et à l'archéologie. Cependant, je vais extraire de l'histoire de Winckel- mann quelques observations relatives à ces questions que personne, je crois, n'avait abordées avant lui. 9 Sous B Adrien, dit-il, le style devint plus fini, plus pur, plus re- » cherché que sous les premiers empereurs. Les cheveux » sont plus travaillés, plus unis, plus détachés; les cils » sont relevés ; les pupilles sont indiquées par un trou pro- » fond, usage rare avant ce prince et fréquent après lui... » Le style, sous Adrien, perdit de ce sublime qu'on avait » appris chez les Grecs ; mais étant grand néanmoins, il » a eu des admirateurs. De même, on préfère quelquefois > Pline à Gicéron, Yelléius à Tite-Live. L'art continua » sous les Antonins et diminua sous Sévère. On voit ce- » pendant d'excellentes têtes sous Garacalla. On faisait » alors plus de bustes que de statues. Sous Tibère et sous 9 Glande, le mérite des portraits va en diminuant. Enfin » sous Alexandre Sévère commence une nouvelle manière » qui tombe dans le grossier. Les pupilles sont plus creu- 9 sées ; les fi*onts sillonnés; les figures des femmes et des 9 enfans sont sèches et languissantes. L'art déclinait » donc et tombait insensiblement. » Selon Yisconti, on peut dire, au sujet d'un buste de Pupien, ouvrage du 3* siècle et qu'on voit au musée de Paris, n"* 79, que c'est le dernier portrait excellent dans la série des empereurs. Il y aurait bien des r^exions à faire au sujet de ces diverses assertions; la matière est nouvelle, et peu d'an- tiquaûres, je le répète» sont assez familiers avec le tech- Digitized by Google 8TYLB DB l\bT BOXAIN. — 7* P^BIODE. 559 nique de Tart, pour prononcer précisément sur cesdirers points particuliers. Je ne puis m'empêcher de donner ici une idée du malentendu fâcheux que produit si souvent cette ignorance de la vraie théorie et de la technie des beaux-arts. Je crois donc devoir signaler l'étonnement qui se propage chez tant de curieux en antiquités^ au sujet de la prétendue beauté et perfection des bustes romains, perfection qu'ils désignent indiscrètement dans leurs éloges par les mots de travail précieux» fini parfait, etc. Ik prodiguent aussi ces éloges, au sujet des médailles, des pierres gravées et des camées exécutées dans le même tems que ces bustes. La cause de cet étonnement, selon eux, c'est l'état de décadence des arts sous les empereurs ; décadence qu'il me semble inconséquent de leur part d'a- vouer, mais qu'il leur serait trop difficile de contester. Winckelmann leur sert d'autorité, et cependant toute la raison qu'il donne de cette prétendue excellence, c'est que c le tems étant venu où l'on fi^t moins de statues nou- » velles, à cause du grand nombre des anciennes, la prin- » cipale occupation des artistes fut de sculpter des têtes » et des bustes (Hist. de l'Art. L. 4- C. 6). » Caylus et d'autres cherchent encore, hors de la vérité, la cause de cette perfection; j'emploie ce mot, puisque ces admira- teurs emploient celui de prodiges d'exécution, prodiges de l'art, beauté parfaile, etc. à propos de certains bustes, par exemple, deLucius-Verus, de Marc-Aurèle, etc. D'autres, après Caylus , voulurent pénétrer plus avant dans cette cause prétendue. Ils rappelèrent donc l'usage où étaient les Romains d'orner leurs bibliothèques, leurs bains, leurs jardins, leurs chemins de bustes, de thermes, d'hermèsde toute espèce. Jusque là cette admiration assez vague' ne Digitized by Google 54o HISTOIRR DE LA PEINTURE. produit que peu de dommage à l'art; mais une asserlioD précise de Winckelmann n'est-elle pas funeste? c Peut- » être» dit-il, que Lysippe n'aurait pas mieux fait la tête » de Garacalla-Famèse : toute la différence qu'il y a» c'est » que le maître qui fit ce buste n'aurait pas été capable > de faire une figure comme Lysippe. » Or je prétends et j'affirme que Lysippe eût bien autrement fait, je reux dire qu'il eût fait infiniment mieux cette tête de Caracalla. Mais n'en restons pas à ce rapprochement sans nous expliquer encore. D'oii yient cette préyention, si ce n'est de ce que ces critiques n'ont pas acquis l'idée distincte des conditions de fini» poli, soin de l'outil, finesse ou té- nuitéy délicatesse ou minutie sans caractères ? Gomment se fait-0 que ces mêmes curieux qui blâment tous les jours les personnes dupes de ce poli, de cette ténuité sur des ouvrages modernes souvent si misérables, si peines et si mesquins, soient dupes eux-mêmes, à propos d'ou- vrages romains, par cela seul qu'ils offrent une conve- nance qui satisfait, une dignité qui impose et une dispo- sition toujours belle? Ils savent pourtant que quatre' coups d'un ciseau éloquent en disent souvent plus que la râpe ou la ponce. Et d'ailleurs ces critiques n'ont-ils pu, à propos de peinture, comparer la touche animée et significative de Téniers, au poli monotone de Miéris ou à la propreté toute de glace de Wanderwerf ? Con- sidérons donc les indications émises par Winckelmann^ comme dès aperçus propres à nous donner l'éveil et à nous exciter vers cette étude, sur laquelle nous n'avons vu faire jusqu'à présent que des réflexions générales. C'est ainsi que M. de Châteaubriant dit avec beaucoup de justesse : « Tout ce que les empereurs ont touché à Athènes se rc- Digitized by Google STYLE DB L*ABT BOMAIK. — ']'' PàBIODB. 54l » connaît au premier coup-d'œil et forme un disparate » sensible avec les chefs-d'œuvre du siècle de Périclès. » Toute cette critique que nous Tenons de faire du goût romain en faveur du goût grec, nous a donc paru d'autant plus nécessaire que la grandeur et la magnificence de Tart romain semblent le mettre à l'abri des attaques que les observateurs pourraient lui porter '• Maintenant citons quelques monumens. Voici ce que Winckelmann dit de la statue long-tems appelée l'Anti- noîis du Belvédère» figure en marbre de Paros, trouvée à Rome «ous le pontificat de Paul III, qui la jugea digne d'être placée au Belvédère du Vatican, près de l'Apollon et du Laocoon. Ce fut elle que Poussin, à ce que les livres répètent, étudia sous le rapport des proportions : f Cette » figure, qui représente plutôt un Méléagre, est mise » avec raison au nombre des stetues de la première classe, » plus néanmoins pour la beauté de he& détails, que pour ' ARome, an premier coup-d'œîl^lVtraoger distingne les monamens antiques des modernes, non par lenr état de raine, mais par cette gran- deur ino^posante qni forme an disparate seosibie ayec les ^ifices mo« dernes , en sorte que, si poar mîeaz observer ce spectacle, on se place sur le mont Janicale, non loin de la magnifique fontaine Pauline, auprès de laquelle toutes les fontaines publiques de Paris ne paraîtraient que de misérables rolnncts, on n*est frappé que des masses antiques dn temple de la Paix, da Golysëe, de la voûle du Pandiéon,' etc. Ce sont des geans, et les palais Famèse, Barbiîrini, les églises St-André, S^-Pierre même, semblent autant de Pygmées enjolivés. Maïs où en sommes-nous donc en France, par exemple ? Rome moderne, comparée à Paris, est une ville magnifique par ses églises, par st% palab, auprès desquels les hâtels da fau- bourg S^Germain sont de tristes et monotones casernes, et nos plus belles églises de cbétifs monumens. Que de Paris on aille ensuite faire des comparaisons à Rouen, à Lyon et dans presque toutes les villes de France; quelle dégradation ! Et cepend^t Tbèbes, Memphis, Babylone, impo- saient encore plus qu'Athènes, qui eUe-méme éteit si supérieure à Rome. Digitized by Google 54s HISTOIRE DB LÀ PBINTURB. la perfection de rensemUe. Les jambes et les pieds, ainsi que le bas-ventre, ne répondent point, quant à la forme et à Texécution, an reste de cette figure. La tête est, sans contredit, une des plus belles têtes de jeune homme qui nous soit parvenue de l'antiquité. La fierté et la majesté régnent sur le visage de l'Apollon; mais la physionomie du Méléagre nous ofire l'image des grâces de l'aimable îeunesse et de la beauté du bel âge, accom- pagnée de l'innocence qu'anime une douce sensibilité sans mélange d'aucune passion capable d'altérer la paix de l'ame et l'harmonie des parties. La position et toute l'attitude de cette noble figure marquent ce calme profond, cette jouissance de soi-même, effet d*an re- cueillement tel, que les sens ne paraissent plus avoir rien de commun avec les objets extérieurs. Ses yeux ont la courbure modérée de ceux de la déesse des Amours; ils expriment la candeur et l'innocence et ne montrent aucun désir. Sa bouche, qui réunit une juste petitesse et la forme la plus agréable, inspire une quantité d'é- motions sans paraître les ressentir. Ses joues, nourries et embellies par les Grâces, forment un heureux accord avec son menton glein et saillant, et terminent le con- tour gracieux de ce bel adolescent. Cependant son firent indique plus qu'an jeune homme; semblable à celui d'Hercule jeune, il annonce le héros futur par la gran- deur imposante avec laquelle il se développe. Sa poi- trine élevée présage la force. Ses épaules, ses cotes» ses hanches sont d'une beauté achevée, mais ses jambes n'ont point cette belle forme qu'exigerait un tel corps. Ses pieds sont d'une exécution grossière et le nombril est à peine indiqué, i Digitized by Google STYLB BB l'art ROMAIN. — 7* PÉRIODE. 54$ Ce qui a déterminé Winckelmann à choisir cette figure pour sujet d'une description poétique, c'est qu'elle offre lin bel aspect» c'est que la donnée en est excellente et bien conservée» et que la morbidesse, le grandiose des formes» le poli éclatant de l'ouvrage, ainsi que sa grande dimen- sion» produisent un effet imposant. Cependant il y a une observation à faire ici» c'est que si l'on n'écoutait jamais que son propre goût et ses propres sensations pour faire ■n choix parmi. les monumens» on préférerait toujours les productio|}s où les qualités dont nous venons do parler sont très-évidentes; mais quand il s'agit d'étudier l'art, il faut pourtant se servir aussi d'un autre moyen surajouté BU sentiment» et ce moyen c'est celui de la connaissance des parties de l'art. Ainsi» Winckelmann qui ne cite point avec le même éloge le célèbre groupe du Méléagre du même musée» semble avoir été séduit par un espèce d'ap* pât qui l'attachait à la première de ces deux figures. Je dirai donc en passant que cette figure de Méléagre ayant la bure du sanglier à ses côtés et à ses pieds le chien fidèle» est une des plus belles productions que nous ayons de l'art grec; qu'elle est plus simple d'exécution» c'est-à-dire moins chargée» moins arrondie que le Mercure» dit l'Antinous» dont Winckelmann vient de faire la descrip- tion; qu'elle est même plus vraie» plus fine et plus dans le goût attique que l'autre» tout en offrant une composi- tion aussi heureuse et aussi agréable. Je pense enfin que ce groupe doit être une fort bonne copie antique d'iqirès un très- célèbre original. Cette statue en marbre du mont Hymète» existait à Rome sous Paul III; c'est Clément XIV qui la fit placer au Vaticad. Nous ne connaissons aucune citation qui puisse nous indiquer l'auteur d'une figure de Digitized by Google 544 HISTOIBB DE LA PEINTURE. Méléagre en repos. CependanlPline cite plusieurs statuaires qui avaient représenté des chasseurs : Euthycrate» élèfo de Lysippe, fit la statue du chasseur Thespis. Protogène représenta Jalysus» etc. La donnée de ce dernier groupe n'est pas indigne de ce grand peintre et a du rapport avec le style qu'on peut supposer aux artistes de son tems. Je citerai encore le Mercure ou Ântinoîis du Gapitole» connu long-tems en France sous le nom de T Antin. Je crois essentiel de rappeler cette figure, parce qu'elle est tous les jours ofierte comme modèle dans les écoles, et que les empreintes en sont très-multipliées. Il n*y a pas de doute que c'est la plénitude des formes et une assez grande har- monie dans cette figure fort simple qui Font fait autant considérer. Cependant, indépendamment de la certitude que l'on avait que cette statue du favori d'Adrien n'était point un ouvrage des beaux tems de l'art grec, on aurait dû y reconnaître une certaine pesanteur et quelque chose de froid et d'engorgé qui s'éloigne du goût vif et très- animé de l'école grecque. Cette figure est loin d'ofirir tous les signes ostensibles de la vie et d'indiquer avec propriété l'aptitude aux fonctions d'un parfait adolescent. Peut- être a-t-on voulu exprimer une certaine langueur indo-. lente dans cet individu. Mais si l'on se représente ce jeune homme au milieu des jeux, déployant ses membres arron- dis dans les brillans exercices de son fige, on ne retrouve pas ce mécanisme harmonieux, cette liberté des articu- lations, ce jeu naïf et libre de la tête sur le cou et du cou sur la poitrine, etc. L'artiste s'est encore arrêté à l'écorce, à la plénitude, à la rondeur; et il a négligé le dessouset la vie. Les joues toutes belles et toutes virginales qu'elles . soient, ne sont pas, à beaucoup près, aussi vraies que les. Digitized by Google STYLE DB l'art BOMAIN. 7* PERIODE. 545 joues de la mère des Niobés» ni que celles de sa pFus jeune fille. Yisconti a dit : « Annoncer un portrait d'Antinous, » c'est annoncer un ouvrage de mérite. » Cette assertion ne serait pas du goût de tous les connaisseurs en antiques. Ailleurs, au sujet du bas-relief d'Antinous de la villa Al- banie si remarquable par sa dimension et son beau poli, il dit : € C'est un des plus beaux ouvrages qui nous restent 9 dans le genre des bas-reliefs; la pureté des formes y est » alliée au style le plus gracieux et relevée par le plus p beau fini. Ce bas-relief faisait le plus bel ornement de » la villa Albani. » Je répéterai donc, au sujet de cette opinion et de cet éloge peu motivé» que si la sculpture, sous Adrien, offre en effet des ouvrages dont la disposition produit un beau spectacle, dont le grandiose est imposant, dont le travail suave et moelleux a quelque chose de séduisant par son beau poli, il n'en est pas moins vrai que, depuis Praxi- tèle jusqu'à l'influence du goût romain, ces mêmes qua- lités n'étaient jamais seules dominantes, et que la correc- tion, la vivacité et la science du nu et des plans, science provenant des exemples de Phidias , de Polyclète , etc. , étaient réellement les ornemens principaux de tous les ouvrages peints et sculptés. Ainsi j'ose affirmer que la tête des Niobés, et, pour remonter au style si imposant des écoles très-antiques, que les têtes mêmes des Dioscures de Monte-Cavallo sont au fait plus vraies et plus grandes de caractère, et tout aussi finies, que ces Antinous dont le style est, il faut le dire, pesant, pour être grave; lisse et froid, pour être chfitié; et plein d'enflure enfin, pour pa- raître sain et vigoureux. TOME II. 55 Digitized by Google 546 HISTOIRE OB LA PEIKTURE. Pausanias est plus réseryé sur ce point que nos anti- quaires modernes, car il avait une occasion de témoigner son admiration pour des images d* Antinous» et cependant il en parle sans louanges. « A Mantinée, dit-il (L. 8. C. g)» 9 il y a une maison où Ton conserve des statuas d*AnU* » noiîs; cette maison est à voir pour la beauté du marbre » dont elle est ornée et pour ses peintures. Antinous y est » peint en plusieurs endroits sous la forme de Bacchus. » Pausanias ne nous cite point le nom du peintre et ne parle point du caractère artistique de ces peintures» qui au surplus devaient être toutes semblables aux statues que nous avons de ce By thinien , statues qui , comme nous venons de le dire» sont grandioses» moelleuses et d'une belle décoration» mais que Polyclète eût appelées des làn* tomes sans existence et sans naturel. Encore une remarque. Quelques bustes de Lucius-Veriis» sculptés un demi-siècle après ces Antinous» font voir un luxe d'outil et une exécution particulière très-recherchée» ainsi qu'une rare dextérité dans l'imitation des cheveux et de la barbe. La villa Borghèse possédait une tête caustère. Peu à peu on ajouta dans ces images, presque toutes mythologiques» plus de justesse de mou- vement et plus de similitude aToc les formes naturelles. L'art tendait à ce perfectionnement si essentiel, lorsque Phidias s'en empara. A cette même grandeur il allia une savante vérité. Polyelëte était déjà plus stricte encore, plus sévère, et peut-être plus vif et plus parfait dans l'art de la ressemblance. Il trouva une partie de la grâce dans la justesse de représentation, et l'expression de la vie dans l'exacte imitation : les statues iconiques des vainqueurs favorisèrent cette étude, mais il fallait conserver les grandes données premières. Zeuxis, Parrhasius ne s'é- cartèrent jamais de ce principe. Tous ces artistes, et plus tard Âpelle, se sentant forts par la science du dessin, vou- lurent se distinguer par la plus grande simplicité, q^i, alliée au vrai savoir, produit la magie et la noble puis- sance de l'art. Praxitèle parut. Il voulut, pour ainsi dire, que la vérité fbt parée de la main des Grâces, c'est-à-dire qu'il recon- nut si bien la constitution morale et physique des hommes, pour qui les arts sont faits, qu'il imagina, afin de mieux leur faire sentir l'harmonie et les accoutumer au beau par tous les moyens de l'art, d'épuiser les combinaisons, qui étant elles-mêmes dans la nature, pouvaient devenir la pa- rure de la statuaire sans la corrompre. Il ne s'écarta point de la majesté antique; il conserva la vie dans les images et rendit cette vie encore plus attrayante; il charma par l'ex- pression des douces élasticités de la chair, mais il n'offrit cette vérité qu'au milieu d'un spectacle enchan teu r, à l'aide des anciennes règles qui avant Phidias avaient produit Digitized by Google 55d niSTOIRE DE LA PEINTtRE. Tordre, la symétrie et une certaine austérité dans la dis-, position des figures. II parrint donc à trouyer la théorie complémentaire du beau, et il en fixa les principes. Il plut à la fois aux yeux, à Tesprit et au cœur ; enfin ses images, ainsi que celles des Apelle, des Euphranor et des Ëchion, furent de yéritables enchantemens qui derinrent utiles à la religion et aux mœurs. Lysippe et ses successeurs res- pectèrent le même principe et perpétuèrent la même théorie. Mais peu à peu ces charmes extérieurs, faciles à con- server et à faire briller dans les ouvrages, parce qu'ils sont le résultat de combinaisons positives à la portée de tous les artistes intelligens, furent cause, par cela même qu'ils étaient faciles à obtenir, que Ton négligea les hautes et antiques qualités fondamentales et les secrets primitifs. L'art enfin en était à ce point ou à cet état de chancelle- ment, lorsque les Romains le subjuguèrent et lui impo- sèrent des lois. Bientôt leur goût national, qui devint un goût de parade et d'ostentation, accéléra l'abandon et l'ou- bli des hautes et précieuses maximes de Phidias, de Po- lyclète et de Protogène. Le mal augmenta de plus en plus. En vain les critiques rappelaient aux documens primitifs et à l'école antique, séparée déjà de quatre siècles des ar- tistes d'alors ; c'était une autre éducation qu'il eût fallu donner aux artistes, c'était toute une révolution dans les arts qui seule eût pu de nouveau les vivifier. Malgré son enflure à Rome, l'art s'appauvrit donc ; il languit et tomba enfin dans un état duquel il ne pouvait plus sortir, car les seuls moyens qu'on eût voulu epi- ployer, pour le relever, eussent été des moyens étrangers aux documens et à la théorie. En effet, il ne put devenir à Digitized by Google PBINTBfiS, SCULVT. ET GRA¥. DB l' ANTIQUITÉ. 553 la fin DÎ plas noble» malgré la magnificence de Constantin» ni plus austère ou plus yrai» malgré la sainteté de la reli- gion chrétienne. Cependant il faut le remarquer» la tige primitive de Tart grec existait toujours en Orient» et là il ne se cor- rompit point dans son dépérissement et dans sa langueur extrême. La simplicité attique semble môme TaToir cons- tamment préservé. Il fallait donc la chute et Tentier anéantissement de l'empire» pour qu'il fût lui-même anéanti. Mais si l'art périt en Orient» ce fut en conservant jusqu'à la fin sa dignité; et» de même que le dernier des Constantins» assailli et forcé de succomber sur les murs escaladés de Bysance» déposait avant de périr son man- teau et ses ornemens royaux» pour qu'ils ne fussent point souillés par les hordes de Mahomet» de même on vit l'art grec s'éteindre sans se laisser flétrir et sans jamais aban^ donner son antique majesté. CHAPITRE 60. CONSIDÉRATIONS SUR LA LISTE CHRONOLOGIQUE DES PEINTRES, SCULPTEURS ET GRAVEURS DE L'ANTIQUITÉ. V^N a multiplié à l'infini les biographies et les listes des peintres et des sculpteurs modernes» mais on s'est rare- ment occupé d'oi&ir la liste générale des peintres et des sculpteurs de l'antiquité. Aucune raison cependant ne pouvait rendre indifférent sur ce moyen d'instruction» qui même aurait dû être regardé comme indispensable. Con- vaincu de la nécessité de ce moyen» j'ai donc entrepris Digitized by Google S54 HISTOIAE DE LA PBIHTUBE. de composer cette liste, malgré les nombreuses difficultés qui dans un tel travail proviennent des incertitudes» de» obscurités et même des contradictions assez firéquentes qu'on rencontre dans les écrivains sur ce sujet. Depuis que j'ai exécuté cette liste» de véritables sa- vans se sont occupés et s'occupent encore d'études sem- blables, et quelques-iûis ont publié leurs recberches. Les lumières de ces savans m'ont été d'un grand seconrs, et je me suis trouvé heureux, quand je suis revenu sur mes pas à l'aide d'aussi bons guides. La table que M. le comte de Clarac a annexée à sa description des antiques du musée de Paris , offre un ordre chronologique qui m'a paru devoir être suivi. Puissent les élèves dont on entretient si rarement l'ému- lation en les instruisant des belles inventions et des esq^res* sions admirables des peintres grecs, sortir enfin du cercle bannal où l'art moderne est resté si long-temps circons- crit I Puissent-ils, en jetant un coup-d'œil sur ce nomJ>re assez grand, quoiqu'incomplet, d'habiles artistes d'autre- fois, et sur la liste plus incomplète encore de leurs pro- ductions, remonter à des comparaisons imposantes, et entrevoir dans leur art de nouvelles grâces et de nou- velles perfections! Digitized by Google 555 Liste chronologique des peintres, sculpteurs et grc^ çeurs de lantiçuiié, depuis Dédale qui florissait i4oo ans avant ntdre ère, jusqu'au tems de l'em^ pereur Constantin, l'an 3oo environ avant J,-C, ABRÉVIATIONS Dès noms d'auteurs eUés dans ettU Liste, AàÀ^AAàèe. A«l.^Aaiaaiu. An. Mare.— Ammioa Uaroélliii. Antï. Gr.— Anthologie Grecque. Apal.— Apolée. AriiUM.'-ArMlantee. Arirtopb.— Aristophane. Aristot.— Ariftote. Amob.—* Amobe. Ath énag.— Athèaagoru. Aihéu ^AthinAe. A«ct. ad htT,-^jtmciQns mi hÊreniùmm. Ccdr.— CeâréoM. Cbron. 4*AI.— Chroniqwe d* Alexandrie. CI^. Al.— CUacnt d'Aleundrif . Celoa.— Cofaunelle. DéfliAt.'-^Démétrîas. De*. d'Haï.— Dénie d'Halicamam. Diod. de SiCd— Diedon de Sicile. Diog. L.— INogène de Laëroe. Dion. C.— Dion ChrjioètAmc. Dfd^— Djdiae. Et. de Bjiw— Etienne de Byaance. Sas.— Ensilie. Enat.'EasUthe. Fcst.— Fettns. Gai Grég. Na. —Grégoire de Nasjan Héren .—I I érenni ns . llcrod.— HéredoU. Nctjrch . — Hef ychion . Hipp.— HippocraU. D. Bjir.— D. Hyironjmns on St.-Jcréme. Jnl. Cap.— Jnles Gapitolin. Jnl.— ^nlianna imperalor. JnT.>^aTenal. Lttci..^Lacien. Jjucil* — ^Lncilius. Hacr.— Uacrobe. Marc. Yict.— Marcns Yictorinns. Martd— Martial. Max. de T. — Maxime de Tyr. Menrt.— Meurtins. Nioephi— Nicepliofe. Ovid.— Otide. Paul, diac.-~Panl, diacre. Pans.-ii-PanMniaJ. Philoct.— Pnilostrate. Phot.— Photios. Fiat.— Platon. Plin^— Pline. Plnt.— Fhitarqne. Pol.— Polybe. Porphyr.— Porpfajre. Pracnp.— Procope. Prop«— Properce. Pnbl.-V.— Pabtins-Victer. Qnint.^^inti]ien. Sdiol. în Aret.— Le Scholiasle d'Aretre. Scbol. in Plnt. Ariatoph. — Le Scholiaste tnr le Plntns d'Aristophane. SénêqH— Sén^ne. Serr. Fnld.— Senrins Fnldensis. Sin.— Simonide. Stac- Digitized by Google 556 HISTOIRE DB LA PBlNTtRE, Stob.— Jmb SCttbAe. Théo.— Théophile. Strab.— ^traboo. Théophr. — Théophraite. Slrom. — Stromatct, de St.-Cléamt Taet.— Tietxfrt. d'Al«iMidrie. Saét.— Suétone. Tal. Hax.— Yalér« Masine. Said.— Saida*. Varr. — Marco» Varron. Symm.— Symmaqne Vell. Pat.-^VeUctBi Pateicolai. Syn.— Synésiof. Vet. Schol.— Anciew Seboliasies. Vit.— VitniTo. Tat.— Tatien. Vom.— Vomîm. Tert.— Tartallien. Th. Soph.^—Théoû le Sophiste. Zéooph.— Xèoophon. Thém.— Théodstiuf. Il paratt qvc les dénomioatiooa élève, fit, ■'emplojaÎMt indîftinctirmwtt parmi 1» artistei do Tantiquité. l'^PÊBtODB. — INTEBVALLB DE 7OO ANS. Anncrtav. J.-C. i4oo. DÉDALB, d'Athènes, oo DÉDALE l'ancien, statuaire et arehiteetc, fib d'Eupalamna et petit-filf d'Erecthée, roi d'Athènes. Paos. 1. 7. c. 4. Plato in Ion.—— Minerve, stat. à Gnosse. Paub. 1. 9. c. 4o.~ tJn chcrar de danses, è Gnosse. Paus.1. 9. c.4o. — Herculéen bois, prèsdeMéga* lopolis. Paos. 1. 8. c. 35.—Hercàle en bois,à Thèbes. Paos. I.9. c.4o.— Trophonias, à Labadée. Paos. I.9. c.4o. — Britomazzis, à Olunte. Paus^ 1. 9. c. 4o. — Un siège pliant dans le temple de Minerve Poljade, à Athènes. PAos.l.i.c.a7. — Hercule en bois, k Gorîntbe. Pacs. I. a.c.4. — Hercale, stat. en poix. — Uneitatne, à Omphace. Paos.LS.c.46. — Vènns, stat. en bois, à Délos. Paos. 1. 9. c. 4o. — Le fameux Laby- rinthe, près de Gnosse, dans llle de Crête. i35o. BRI AXIS l'ancien, statuaire, La statue d'Osiris en Egypte. Cette sta- tue, commandée par Sésostris, était composée de matières riches et variées. Clém.Al. 1270. EPÉUS, statuaire, ingénieur et arehiteete, fils de Panopée. Plato In Ion. ——Le fameux cheval de Troie. Plin. Paos. 1. i.c. a3. et 1.9.0.19. Athéit. AiisTOT. Plat. Fsst. etc. etc. — Mercure, statue en bois, dans le temple d'Apollon Lycien, à Argos. JÉMÉLIT7S. Il fit le fauteuil arrondi, entièrement d'ivoire et d'argent, sur lequel s'asseyait Pénélope. Odyssée. 1. 19. vers Sy» TYGHIUS et IGMALIUS, ouvriers en armes. HoMàai. ALEXANOR, fils de Machaon, statuaire et arekUeete. Paus. 1.4a.c. 11. — Esculape et le temple de ce dieu, à Titane. Plat. Paos. 1. i5.c. a. On ne pouvait pas distinguer de quelle matière était cette statue, qui d'ailleurs éuit couverte d'une tunique et d'un manteau. Paos. I. S.C. 11. * 900. GLÊANTHE,de Corinthe, peintre, un des inventeurs de la peinture. Plut. 1. 35.C.3. Neptune offrant un thon à lupiter enfant. DiMtr.l.ô. ATHiir.1.8. — Diane portée sur un dauphin. Stbab.1.8. Digitized by Google LISTE CHBON. DES PEINT., SG. ET GR. DE l'aNT. — 2*p£b. SSn IV. J.-C. ' SAURI AS, de Samos, pêiutmj an dea ÎDTenteun de k peÎDtare. Aniiirio, /a têgtU, pro CkrUtian. €RATON, de Sicyone, pwdrë, an des ioTentean de U peinture. Ath^h&g. PHILOGLÈS, d'Egypte, peintre, an dee inTenteon de la peinture. Vux I.35.C.3. DIBUTADE, de Sicyone, plmiîeUn. Uo médaillon en terre cuite, à Gorinthe. PuH.On attribue à ta fille l'invention du dessin. TÉLÉFHANE, de Sicyone, peintre, an des inventeurs de la perspective linéaire. PLnv.l.35.c.3. ARDIGÈS, de Gorinthe, un des inventeurs de la plastique. Plir . 1. 35. c.3. «5o. HYGléMON,p« c. 35. (^oy. Anthermus.) POLYGLÈTE l'ancien, maître de Ganacchus. GALLON, d'Egine, statuaire, élève de Tectée et d'Angélion. Paos. 1. 3.C.18. et 1. 7. c. 19. Un trépied orné de bas-reliefs, représentant Proserpine, à Amyclée. Paos. 1. 3. c. 18. — Minerve Sthéniade, statoe en bois, à Trézèoe. Paos. 1. a. c. 33. — Proserpioe, à Amyclée. Gallon et Egésias travaillaient dans le goût toscan. Qoikt. 53a. GHRYSOTHÉMIS, d'Argos, statuaire. Paos. 1. 6. c. 10. Les statues de Démarate, vainqueur, dans l'Altys. Paos. 1. 6.C.10. Ces statues por- taient une inscription indiquant qu'elles étaient l'ouvrage de Cbryso- thémis et d'Entélidas, d'Argos. Paos. 1. 6. c. 10. EUTÉLIDAS, d'Argos, statuaire. Paos. 1. 6. c. 10. (Foy. Ghrysotbémis.) Digitized by Google LISTE CnROTf. D£S PEIlf T. , 8C. ET GR. DE l'aNT. — 3* PÉR. 56 1 Années av. J.-C. 5a5* GARAGHUS, de Sicyone, ttatuahey éléwt de Polyclète l'ancien. Plut.!. 36. c. 5. Paos. 1. 6. c. i5. Gic. in Brato. Gic. de ClarU Orat. c. i8. Yabh. — La aUtue de Byeellus, de Sicyone, premier enfant vainqueur an pugilat. Plus. l« 6. c. i3. ^- Apollon, istnénien, statue en bois de cëdre, i Tbèbes. Paci. 1.9.0. 10. — Apollon, statue en bronse, è Brancfaidcs. Plus. L 9. CIO. — Apollon, DU, samommé Philésius, statue qu'on ▼oyait à Dyndime ; elle était en bronze égynétique. Pliu. 1. 34. c. 8. — Un cerf pris dans des filets et cherchant à s'échapper par tous les efforts imagîoablesy ea bronie. Pliii. I. 34* c. 8« Pline cherche à eipUquer les mouTemeos de cette figure.— Des enfaas coorans, en bronze* Pun. 1. 34* c. 8. — Diane Loutrophorè, à Sicyone» statue d'or et d'iYoire. Paos. 1. a. c. 10. — Dix statues de héros, à Delphes. Paos.1. 10. c. 9. Ges statues, ainsi que celle d*Epesnicas, ftirent exé- cutées en société avec Patroclès. — Une Vénus assise» à Goriothe. Paus. 1. a.c. 10. Gettc statue d'or et d'ivoire était très-cé]èbre.-^Une Muse. Âimi.Ga.l.4*t. la. Ganacbns a fait aussi des ouvrages en ttarbre. PLIX.1.36.C.5. ARISTOGLÈS, de Sicyone, ttatmairt, frère de Ganachns chef de l'école de Sicyone et maître de Synnoon. Paus. 1.6.0.9. -——Une muse. Ahth.Gs. 1.4.t. la. Pausanias le dit presque égal en mérite «t en célébrité à son frère Ganachas. AGÉLADAS on AGÉLADÊS, d'Argos, ite- Anocfaus, vainqueur à la course, dans l' Altys. Paos. 1. 6. c. i4. — Des chevaux d'airain et des captives, à Delphes ou à Tarente. Paob. 1. 10. c. 1 1. — Jupiter, à Ithome. Paos. l. 4- c. 33. — Hercule, è Mélite. Aareioiv. Cfoméd'. des Greo.— Timasithée, athlète, statue, dans l'AItys. Paos. 1. 4* c. 8. —Troitf mutes citées dans l'Antho- logie grecque. 5i6* IfBNOEGHMB, de Naupacte, statualm. Une génisse en bronze tom- bant sur ses genoux, et la tête jetée en arrière. Pliiï. I. 34- c. 8. — . Diane Laphria en habit de «basse, statue d*or et d'ivoire, à Pâtra. PAO8.L.7.C. 18. Eo société avec dotdas. SOIDAS, de Naupacte, ttaludire» Diade Laphria, en habits de chasse, statue d'or et d'ivoire, & Pfttra. Paos. 1. 7. c. 18. Eo société avec Me- neobmus. Ge statuaire fameux avût écrit sor sdn art. Paos. Pliu. 1. 34- C.8. PATROGLÈS, de Grotone, lUtuaire,' fils de Gatyllos. Paos. 1. 6. c 90. Plir. i. 34. O.S. -^-^-^Apotton, dans l'AItys. Paûs. 1. 6. c 19. Cette statue était de buin, la tête était dorée. ^ï)es athlètes, des chasseurs et des TOME II. 56 Digitized by Google 562 HISTOIBE DB LA PEINTURE. sacrificaleurs, «Utucf de bronw. Pliju l. 34- c. 8.— DU sUtoesd« héros, à Delphes. P Aos. 1. lo. c.9. Il les fit en société arec Caoschus de Skyonc. LAPHAÈS, de Phliasie ou de PUunte, tiattudre fort célëhre. Paw. 1.7. c. aô, Un Hercule en boU, k Goriothe.Picos.l.a.c. 10.— Un Hercule, sUtoecolosMle en bois, iiSicyone. Piw. l. 7.0. a6.— Apollon, à £gyre, statue coloisale «n bois d'une grandeur prodigieuse. Paus. 1. 7.C. a6. ANTÉNOR 00, selon Wiockelmann, AGÉIfOB, d'Athènes, statuaire. Plusieurs statues d'hommes illustres, dans le Céramique. Pacs. 1. 1.C.8.— Harmodius et Arîstogiton, statues célèbres. PYTHODORB, de Thèbes, staîtatire. Paos. — -Junon portant des Sy- rëoes sur sa main. Paos. 1. 9. o. 54. ENDŒUS, d'Athènes, ou ENDYRTJS. Athinag. statuaire^ élève de Dédale l'ancien. Pads. 1. i.c.a6. Une Minerve colossale en bois. Elle tient un rameau et porte sur la tête un Gnome. Cette sUtne se ▼oyait è Erythrès.pADS.1.7.c.5. — Une autre Minerve assise : on la ▼oyait dans la citadelle, à Athènes. Paus. 1. 1. c. a6. —Une Minerve Aléa, statue toute d'ivoire, & Rome, à l'entrée du forum. Paus. 1.8. C.46 ou 47. Athénagoras cite une Diane è Ephèse. Les artistes suivans fleurirent de cinq cents à six cents ans avant J.-G. On manque de renseignemens pour leur assigner une époque plus précise.. BYSÈS, de 111e de Naxi, iiatuaire et ûrchlteete. Plusieurs sUtues, à Nau.PAus.l.S.c. 10. EURIPIDES, ^sînfre. Il était peintre avant que d'être poète. Mosco- POLDS m Viiâ Eurlpldis. Suidas. POLYSTRATtJS, d'Ambracie, ttatuaire, Le tyran Phalaris dévorant les enfans arrachés du sein de leurs mères, statue effrayante par sa ' vérité. Tat. adv. Grœcot* IPHIGRATE, statuaire, Plin. Une lionne sans langue, à Athènes. Pua. 1.34.C.8. Statue de bronse érigée par les Athéniens en l'hon- neur de la courtisanne Léœna. POTHAEUS, stafiia«r«.PAU8. Il travailla au trésor des Carthaginois, près Sicyone, en société avec AntiphUe et Mégaclès. Pads. L 6. ANTIPHILE, statuaire, Paos. — *— Le trésor des Carthaginois, (^sy. Pothaeus.) Paus. 1. 6. MÉGACLÈS, sculpteur et aràiitecU, {Voy. Pothaeus.) Le trésor des Carthaginois. Pads. 1.6. PYRRHUS, statuaire. Plik. Hygie.PuH. 1.54. «•8. —Minerve. Pu». 1.34.0.8. -*Le trésor de Selinonte : Laeratès et Hermon, fils de Pyrrhus, y travaillèrent avec luL Paos. 1.6. Digitized by Google LISTE GHRON. DES PEINT. , SC. ET €R. DE l'aNT. — 0^ P£R. 563 fST.J.-C. LAGRATÈS, teuipteur, {Foy. Pjnlias.) HERMON. ( Foy, Pyrrhus. ) Cet Hermon est probabiemeDt le même qa'Hermon de Trésène, qui fit uue statue consacrée par Auliscus, et les statue» en bois de Castor et Pollux, citées par Paosauias. 1, a. c. 33. GLÉOETAS, statuaire, fils d'AristocIès.pADS.1.5.c.4. Sa propre statue. Pads. L 6. c. ao. — Une statue d*athléte en airain ; les ongk-s étaient d'argent. — Il construisit la barrière d'Olympie qu'Aristides perfectionna après lui. Pàus. 1. 6. c. ao. SYNNOON, statuaire, éléwA d'AristQclès, de Sicyone. Il fut maître de Polychus. Pacs. 1. 6. c. 9. 491- BlOKkS, psinire. yAa».1.8« ARIMNA, /ye/nfr0. yAJim.1.8. MIGON ou M£G0N..Faijs.1.6.c. la. Aaisioni. in Lysistrat. Pliif.l.S5. C.9. peintre- et statuaire, Paijs. 1. 6. c. 6. Fils de Phanochus et père d'Onatas. Amistoph. in Lysistrat. Il peignit des Satrapes. Sopatib. eontrovers. — Butés, personnage représenté placé sous une montagne, de manière qu'on ne lui voyait que la tête et les yeux. {Proverb, grcse, appendix Fatic, Ceniurim primœ, Proverb, la). — Astéropée et Antinoé, filles de Pélias. Paus. 1. 8. c. 11. Leurs noms étaient écrits au bas de ces portraits. — Le combat des Athéniens contre les Amazones, le combat des Gentaures et des Lapithes,fort belles peintures, à Athènes, dans le temple de Thésée. Pacs. 1. i.c. i5. Ahistoph. — -Un tableau qui ne fut jamais terminé, k Athènes. Paus.1. i.c. i5« — La bataille de Marathon. — Gastor et Polluz, tableaux en pied. — Le combat des Argonautes, dans le temple des Dioscures, k Athènes; on distinguait surtout- Acaste et ses chevaux. Pun. 1. 1. c. i8. (Foy, Polygnote.) — Diverses peintures, au Pœciie. Paus. 1. 1. c. i5. Plui. 1. 35. c.9. — Gallias Pancratiaste, vainqueur^ statue, dans l'Altys. Paos. 1. 6. c. 6. Vaxb. 1. 8. PoLLux. 1. a. c. 4« ( Foy, aussi sur cet artiste Mxoas. atti. leet, 1. i.c. la.) Il y eut an autre Micon de Syracuse^ fils de Nico- maque, et qui travailla pour Hyéron. Pline 1.3. c.9. cite un autre Hicon, peintre. ( Foy, encore JElien an sujet d'un rïicon qui parait bien être le même que Micon. De Animalib, 1. 4* c. 5o. et 1. 7. c. 38.) HÉGIAS, d'Athènes, statuaire. Puv. Paos. I. 8. c. 4a- ou ÉGÉSIAS. QoiHT.l. la.c. 10. Minerve. — Pyrrhus. — Des enfans à cheval. — — Gastor et Pollux. — Hercule, qu'on voyait & Parium. Puir. 1. 34. 0.8. Toutes ces statues étaient de bronze. Pausanias ne confond point Hégias avec Égésias. ( Foy, Gallon d'Égyne. ) GLAUGIAS ou GLAtJGIAS, d'Égyne, stafiiaîre. Paos. 1. 6. c. 10. Le char et la statue de Gelon, et près de ce char la statue de Philon. — L'athlète Glaucus. — Théogéne jeune, vainqueur. On voyait ces statues de bronze dans l'Altys. Paos.I.6.c. 10. D AMÉAS, de Grotone, statuaire, Miion de Grotone, statue de bronze. Paus. 1.6. Cl 4. Digitized by Google 564 HISTOIEB DB LA PEI9TQBB. Annîctav. J.-C. STOMiUS, fiaiuaire. Ïaob. — Hyéronyme, ▼tioqnear ma penUtIhe. Pacs.1.6.c.i3. SOMIS, siaiuaire. Le feane Proclès, d' Andria, lutteur. Paos. 1.6. c. U- 484. SIMON, d-Égyne, statuaire. Ptiw. TJn cbcTal et an palfrcnîer le tenant par la bride, ii Olympîe. Ce cheval qui avait la queue coupée, ce qui le rendait un peu difforme, attirait le» chevaux naturels. Pao». 1.5. c.a;. — Un archer. Puir. 1.34- c.8. — Un chien. Dioo. L. 1. ii. Tous ces ouvrages étaient de bronze. SIMON, fils d'Eupalamus, statuaire, Statue de Morychus, à Athènes. GlAm. Al. in Protreptie. GLAUGUS, d'Argos, statuaire. Amphitritc.— Neptune. — Vealm. On voyait ces statues daaa TAItys. Paos. 1. 5. o. 96. DYONISIUS, d'Argoa, statuaire. On peut l'appeler l'ancien. Un groupe* dans l'Altys. Paot. 1. 5. c. 56, —Un cheval et un palfrenier le tenant par la bride, groupe semblable à celui de Simon d'Égyne ; le cheval était peu estimé. — Bacchas. — Orphée. — Jupiter, dans TAItys. Paos. 1.5. 0.37. ARISTOMÈDEou ARISTODÈME, de Thèbcs, statuaire. Cibèle, à Thèbes. Paus. I.9. c. a5.— Statue de marbre blanc, faite en société avec Socrate de Thèbes. ASGARUS, de Thèbes, statuaire.VAv%. Jupiter couronné de fleon et tenant un foudre, chez les Éléens. Pads. 1. 5. c. a4* A6EN0R, «(oliuiîr». (Koj. Anténor.) MANDAS, de Paros, on HENDŒUS, de Pœonie, statuaire. Une Victoire élevée sur une colonne, chei les Doriens. PAns.1.5. HYPPIAS ou» selon Dion Gbrys. Orat.55, HIPPUS, statuaire, mettre de Phidias. Dnris, feune vainqueur au pugilat, dans l'Altys. Pacs. I.6.C. i3. 480. ON AT AS, d'Égyne, statuaire, fils de Micon. PA(rs.l.8.c.49. Ido- ménée, statue qu'on voyait dans l'Altys. Pacs.1.6.c. la. — Gérés, en bronse, imitée d'un ancien ouvrage détruit. Pausanias dît (1.8.0.4*) qu'il vint exprès à PhygaUe pour l'admirer.— Apollon, déjà adulte, statue en bronze, à Pergame. Ants. Ga. 1. 4* Pausanias appelle admira- ble cette statue. 1. 8. cit.— ht char de broute d'Hiéron, à Olympîe. Paus. 1. 8.c.4a. Les hommes et les chevaux étaient deGalamls. — Her- cule, statue colossale en bronze, de dix coudées, à Olympie. Pacs. 1. 5. c. a5.— Mercure ; il est casqué et velu d'une tunique et d'un manteau, et porte un bélier sous son bras : ouvrage fait en société avec Callitèles, •on élève. Paos. 1. 5. c. 97. — Plusieurs statues de héros è pied et è cheval, parmi lesquels était représenté Opls, blessé et mourant, et Phalunte ayant près de lui un dauphin. — Les statues des dix-neuf guerriers désignés par It sort pour combattre Hector après son défi ; en face on voyait Nestor jetant leurs noms dans un casque : ces belles Digitized by Google U8TE CHBOII. DES PEINT. 9 5C. ET GB. DE l'ANT. — 3* P^B. 565 IT.J.-C. •utoesy dit PauMnitf (1.5.0.95), te voyaient dans l'Altys. Paimniaa appelle Onatas excellent statuaire. Il ne le croit inférieur k aucun de ceux qui sont sortis de l'école d'Athènes depuis Dédale. G AL AMIS, d'Athènes, gUtiuairû. Paos. 1. lo. Et gnamur. Puh. 1. 33. c. la. — Les cheTanz et les enfans qui accompagnent le char d'Hyéron. Le char est d'Onatas d'Égyoe. Pavs. 1.6. c. la. — De jeunes enfans qui tendent les bras pour implorer le secours du ciel, h Olympie. Paos. 1. 5. c. 1 a. — Une victoire sans ailes, dans TAltys. Pads. 1. 5. c. a6. — Des enfans k cheval. Paus. 1. 6. — Bacchus. Selon Paosanias (1. 9. c. ao), on voyait cette très-belle statue k Tanagre. — Mercure. Pads. 1.9.0.30. — Ammon, k Thèbes, dans le temple de cette divinité. Pads. 1. 9. c. i6. — Vénus, k Athènes. Paos. 1. 1. c. a3. Statue placée près de la lionne Léœna. — Apollon Alexicacon, è Rome, dans les jardins de Servilins. Paus. 1. 1. Plik. 1. 36. c. 5. — Un Esculape imberbe, tenant un sceptre d'une main et une pomme de pin de l'autre. Cet ouvrage, en or et en ivoire, se voyait k Sicyonne. Pads.I. s.c. 10. — Apollon, libérateur, k Athènes. Paus. 1. i.c. 3. — Eurydame, è Delphes. Paus. 1. 10. c. 16. — Hermione. Paos. 1. 10. c. 16. — Apollon, statue colossale, à Rome, an capitole, transportée d'Apolloniepar Lncnllus. Stxab. 1. 7. — Sosandre, à Athènes, dans la citadelle. On admirait son sourire malin et son ajustement pittoresque. Luci. m Imag. — Un quadrige, ouvrage parfait. Puh. 1. 34. e. 8. : Praxitèle en fit plus tard l'écoyer. — Alctaoène. Pline vante la noblesse de cet ouvrage. — Deuxcoopes singulièrement estimées par Germanicus-Gésar. Pur. 1. 34. c. 8. {Voy. Zénodore, pein- tre. ) Properce a rappelé le talent de Galamis dans le vers suivant : EaoaetU Caiamù te miki jaeiat equis, Pline ( 1.34.C.8) dit aussi qu'il n'avait point d'égal dans la représentation des chevaux. Denis d'Ha- iicamasse dit que son style avait de la grftce et de la légèreté, comme celui de Callimaque, son contemporain, qui n'était jamais content de ses ouvrages. GALYN THUS, statuaire. Quelques statues équestres et pédestres, k Delphes. Paos. 1. 10. c. i3. Il fit ces statues en société avec Onatas d'Ëgyoe. Alf AXAGORE, d'Êgyoe, statuaire. Dioc. L. 1. 11. Jupiter, k Olym- pie. Paus. 1. 5. c. a3. — Il écrivit sur la perspective des théâtres. Vit. ARISTQCLÊS, fils et élève de Glœotas, statuaire. Jupiter Gani- mède, dans TAltys. Pads. 1. 5. c. a4. AMYGLAÉUS et DIYLLUS, statuaires. Apollon et Hercule se dis- putant un trépied, k Delphes. Paus. 1. 10. c. i3. (Un bas-relief du musée de Paris, n* 168, offre ce sujet ; il est d'ancien style.) — Le devin TelUas fait en société avec Diyllus. DIYLLUS on DRYLLUS, de Gorinthe, statuaire. 11 a fait des sta- tues avec Amycltéos, qui était anssi de Gorinthe. Pads. 1. 10. c. iS, (r^y. Diyllus.) Digitized by Google 566 mSTOIBB BB LA PEIlTTt&E. ÀnncM ar. J.-C. ARI8T0MBD0N, d'Aral ttAitmirt. Paot. Plotieiin itatoe*, che« les Phoeéens. Pivs. 1. lo.c. i. — Le devin Tellia». GHIONIS, de Corinthe, «telitaîre. Paos. 1. lo.c. i3. Mineire, DUne et LaCone, «ppaisaot Apollon et Hercnle qui se disputent nn trépied; Pav8.Lio.c.i3. — Le dcTÎn Tellias. Vit. /n Prœmw. 1.3. en parle comme d'un très^élèbre statuaire. 80CRATE, de Thèbes, statuaire. Vaw. Cîbèle, k Thèbes. PADS.hg. c. aS. Selon Pausanias il fit cette sUtue en marbre blanc avec Ariato- mëde de Thèbes. PTOLICHUS, de Corcyre, statuaire, élève de Gritias d'Athènes, et mattre d'Amphion. Paus. l. 6. c. 3. POLYCHUS, d'Egyne, statuaire, fils et élère de Synnoon. Pads. 1.6. Théogoète enfant, vainqueur à la lutte, et le jeune Epicndinsy vainqueur au ccste, dans l'Altys. Pads. 1. 6. a. 9. et 10. SERAMBUS, d'Egyne, statuaire.?uK, Le jeune Agiadas, vainqueur an ceste. Paos. l. 6. c. 10. PYTHAGORE, de Rhégium, « raTÎssans, un maintien majestueux; vâtoe d'habits royaux, elle » était assise sur un trône d'or. • Martial célèbre ainsi la môme statue (épig.89. I.io.) : « O Polyclète! cette Junon, le miracle de • ton art, cet heureux titre de ta gloire, la main de Phidias l'enTierait » à ton ciseau : sa beauté a quelque chose de si iiAposaot, que sur le > mont Ida, Pftris, sans balancer, lui eût donné la préférence aor les • déesses forcées de s'avouer vaincues. Polyclète, si Jupiter n'eût aimé » sa Junon, il eût aimé la tienne. » — Deux Ganéphores en bronze de la grftce la plus exquise, k Rome. Gic. 1. 4* <» v«rrsm. SmiiAcuos. L 1. Cpist. a3. Fbst. dû CanephorU, Sghol. in ArUtoph, jichamensis, — Jupiter Melichius ou le Clément, en marbre blanc. Pâus.1. a.c. lO. — Gérés, Proserpioe et Bacchus un flambeau k la main. On Toyait ces statues k Athènes, hors de la ville. PAns.l. uc. a.— Apollon, Latone et Diane. Pausanias dit ( 1. 3. c. a40 ^U^ ces statues en marbre blanc se voyaient entre Argos et Tégée. — Vénus, à Amyclée. Paos. id. — Al- cibiade. Les mains de cette statue étaient mutilées. Dioa.C.Orat. 57. — Gyniscus, jeune enfant, vainqueur au pugilat, dans l'AItys. Pacs. 1.6.c.4> — Aotipater, de MUet, vainqueur entre les enCans. — Un Do- riphore ou guerrier portant une lance, statue célèbre qui fut appelée la Règle. Puir. 1. 34. c. 8. Gic. Omf . ad Brut'um, Gal. 1. 1. et 1 i . Loci. de Sallat. — Un jeune homme ceignant sa tête, statue qu'on surnomma Diadumenos. Plht. l. 54. c. 8. Luci.in Phiiop,— Pythoclès Pentathle, dans l'AItys. Pato. 1. 6. c. 7. — Un athlète qui se frotte avec le strigUe. On donna k cette statue, qui fut transportée k Rome, le nom d'Apoxio- menos. Pliu. 1. 34- <^* S* — Un joueur d'osselets. Puir. id. — Deux jeunes garçons jouant aux osselets. On les nomma Astragalisontes, à Rome, dans le palais de Titus. Puv. id, •— Un Mercure, statue en bronze, à Lysimachie. Pua.iV. — Hercule tuant l'hydre. Gic. 1. 1 1.1^0 Orat, Pua. L34. cS.*— Salmooéns. AjiTH.Ga.l.5.et4» îiestatne dePolixène.•tf.l.4.-' Hécate, bronze qu'on voyait à Argoe.PA0s.l.t.G.aa.— Xénoclés, lutteur. Paos. 1. 6. c. 9. — Un théâtre et une rotonde, k Epidaure, ouvrages très-vantés.PAos.l.a.c.ay. — Un faoal fort estimé en Perse, kimàtu 1. 5. c. 9. — Polyclète excellait dans la représentation du torse. Aut. Bhd. adEer. Il passait pour avoir perfectionné U toreutique, après Phidias. Pua. 1. 34. c. 8. Max. ob T. 45o« GALLOII, d'Éfis, iiaiuairû* ——Statues eabtonie des trente-cioq enbus messénieas qui périrent dans un naufrage avec leur maMre de musique et leur joueur de flûte, à Olympie. Pai». 1. $4 c* aS. — Mercure tenant le caducée, chez les Elécns. Paos.1. 5.e. a5. MYRON, d'Eleuthèce, tiaiaait^ élève d'Agékdas, d'Argos. Pkm.U Si- ed. •— — Une vachcy célèbre ouvrage en bronzée^ Puvz 1. 34» o.8*et une foule d'écrivains de l'antiquité. •— Un chien, ^n^id, — Un Diaoobele, ouvrage très-vanté. PLfH.1.34.c.8. Qoimr.l. u.c. i3. LocumPhHop, Digitized by Google LISTB CHRON. DES PEIKT., SC. KT GR. DE l'aNT. — S^PÉR. 56^ âT. J.-C, — Penée. Puir. 1. 34. c. 8. — Des ooTiien en action. — Un satyr j qui contidère des flûtes. Plih. id, — Mioerte. Plir. id, — Des Peotatbies et des Pancratiastes, k Delphes. Plih . id. — Deaz stataes de Lycînus qu'on Toyait dans l'Altys. Pavs. 1. 6. c. a. — Tîmanthe Gléooien, pancratiaste, k Rome. Paus. 1. 6. c. a. — Hercule couronné d'olivier, à Rome. Plih. 1.54. c. 8. Poik-V. Gfc. m r«r. 1. i. — Une statue que Pausanias ( 1. 6. c. i3.) cite k propos de Ghlonis, Tainqnenr. — Le Jeune Azan, vainqueur au ceste. Paus. Û. c. i4* — Une vieille ivre ; ce chef-d'œuvre était de bronze et se voyait à Smyrne. Plir. 1. 56. c. 5. — Bacchus, ouvrage en bronze qu'on voyait sur le mont Hélicon ; il passait pour être le plus bel ouvrage de Myron, après son Erectée. Paos. 1. 9. c. 5o. Ajith. 1. 4* — Un veau sur lequel il plaça une Victoire. Tat. ado, grae. — Jupiter, Hercule et Minerve, belles statues qu'on voyait k Samos et qui étaient placées sur le même piédestal. Stbab. 1. 14. — Hercule, chez les Ma- mertins. — Apollon, chez les Agrigentins. Gic.ik fVr. 1.4* — Lucius enfant, propre fils de Myron, portant un raae d'eau lustrale, statue de bronze. — Persée au moment de son exploit contre Méduse (peut-être Je même qui est cité plus haut).Ges denz statues se ▼oyaient k la cita- delle d'Athènes. Paos.1. i.c. a4. — Hécate, k Egyne. Pads.I. a.c.3o. — Erectée, ouvrage qui se voyait k Athènes et qui était presqn'aussi estimé que son célèbre Bacchos. Paus. 1. 9.C.30. — Des cigales et des sauterelles. Plir. I.34.C.8. — Deux niches en métal précieux. Paus. 1. 6. c. 19. — Gibèle, à Thèbes, statue en marbre blanc. Lucien dit {in tomn,) que Myron fut un de ces artistes qu'on adorait avec les dieux; il excellait dans la représentation des athlètes. Auct. Hhet, ad her. Pline (I.34.C.8.) lui reproche d'avoir représenté grossièrement les cheveux et la barbe, comme dans la haute antiquité. Il dit ailleurs ( 1. 34. c. 3.) que Myron, condisciple de Polyclète, employa toujours le bronze d'Egyne, et que Poljelète employait toujours le bronze de Délos. Un Myron, cité dans l'Antbologie grecque, et qui fit la statue du conroor d'Alexandre, ne doit pas être confondu avec le célèbre Myron. On trouve encore un Myron c il est de Syracuse et eut pour père Ifi- cocrate. GALLIMAQUE, de Gorinthc, ttatuaire, peintre et arehittete, Plir. Vit. ' Jooou assise ; on Ja voyait k Platée. Paus. 1. 9. c. 3, — Des Lacédé- moniens dansans. Get ouvrage en bronze était sans défauts, dit Pline (1.34.C.8.}, mais une correction trop sévère y avait fait fuir toutes les les griices ; aussi a-t-on surnommé Gallimaqne Kakizotechnos, ou g&te chef-d'œuvre. — Une lampe d'or qui se voyait à Aihènes auParthénon. Paus. 1. i.c. 36. — On loi attribue un bas relief conservé k Rome au Gapitole, représentant un Faune nu et trois Bacchantes drapées. Get ouvrage porte le nom de Galiimaque.Wiockelmann le croît une copie. Il fut le premier qui sut fouiller le marbre. Get artiste est l'inventeur du chapiteau corinthien Vit. Quoique moins habile que les premiers artistes, il les surpassait tous par une grande finesse d'exécution. Pavs. TOME II. 07 Digitized by Google 5^o . niSTOIRE DE LA PEINTURE. Aiin«c> av. S.-C. . j ^ ■ • 1. 1. c.a6. Denis d'Halicaroassc le dit contemporain de GaUmu, dont il compare le style k celui de GalUmaque. GRITIAS, d'Athènes, statuaire, maître de PtolyCus, de Gorcyre. Pu». I.34.C.8. PAD8.1.6.C.3. Des statues d'hommes illustres dans le Géramique. Pabs. 1. 1. c. 8. — La statue de Findare. GALLITÉLÈS) ttatualrt, fils et élève d'Ooatas, d'Egync. Il tra- vailla au Mercure d'Onatas d'E^yne. PAos.l.S.c.ay. NAUG YDÈS, d' ArgoB, Hatuaire. Paps. EUd. 1. 6. c. 1 . Plih. l. 34. c. 8. fila de Mothon. Pacs. l.a.c.aa. et frère de Pérlclèle. Paos. id. On voyait de lai dans l'Aliys k statne d'Euclès de Khodcs, Tainqocnr au pugilat. Pads. U6.c.^. — Il fit aussi deux statues de Ghimon athlète. Selon Pausanias (1.6,0.9.), ces statues étaient deux chefs-d'œuvre: l'une se voyait à Olympie, et l'autre passa d'Argos a Rome, où elle fut placée dans le temple de la PaU. — Une Hébé en or et en ivoire; elle se voyait à Gorinthe. Paus.Ls.c. 17.— Hécate^ statoe en bronae qui, selon Pausanias (1. 3.c. as), était k Argos. — La himense Brinne de Lesbos, femme poète ; stator de bronte. Tat. ad Grec, — Bacis, vainqueur k la lutte. Paub. 1. 6. c. 8. Plih. 1. 34. c. 8. — Un Mercure, un Discobole, un homme sacrifiant un bélier : ces trots statues, citées par Pline (U34.C.8.), étaient de bronzé. IV*PÈBIODE. IlftERVÀLLE bB 100 ANS. 443. PHIDIAS» d'Athènes, ftatiuure et /leÀnlr». Gafcn. Na. Oralt. 34. filade Gharmidaa. Paos. l.S.c.io. et nondeCharminua. Stsab. I.10. llfntifclève d'Eladas ou d'Agèladas. Tzar. Stf». ou bien encore d'Hippiaa on Hippus. Dior G. Oraf.55. Le célèbre Jupiter 01ym)>ien «t tes bas-reUefs qui décoraient oe monument d'or et d'ivoire. Paos. 1.5. c. 10 et 11, — Minerve, au Parthénon ; statue d'br et d'ivoire, hante de s6 coudées. Paus. 1. 1. c. a4. Pliit,!, 56t. c aS. -^ Minerve, dans la citadelle d'Athènes. Gette atatue, qui était la pins grande de tmites les statues, de Minerve, érait en bronate. Paos. 1. i«Ct a& Phidias avait ciselé sur le bouclier de la Minerve, haute de 96 coudées, le combat des Amazûoes, et en dedans du même bouclier, la guerre ddif dieux et des géants. Sur la chaussure il avait ciselé Je combat dos GeAtaorea et des Lapythcis, et sur le piédestal la naissance de Pandore et celle de vingt autres divinités, parmi lesquelles on xemarqnsât surtout la Vic- toire. Les cunn,aisseur« admiraient le serpent au miUeu duqociposc la lance de la déesse. Plih. 1. 85. c. 8. — Minerve Lemienne, a la citadelle d'Athènes, t^ausanias ne dit point comme des deux précédentes, qu'elle était colossale ; il ne dit pas non plus en quelle matière elle était exé- cutée, mais il dit qu'elle est Je chef-d'oeuvre de Phidiaa ( 1. ibC. aS). — Minerve Aléa. Gette statue, qui était à Platée, était dotée, k Pexeep- tion du visage, des mains et des pieds, qui étaient de plua bem marbre. Elle était presqu'anssi grande qne In Minerve de bronie qn'oft Digitized by Google LISTE CHRON. DES PEINT. , 8G. ET GR. BE l'aNT. — 4' P^R. 57 1 •T. J.-C. ▼oyait d«Dt la citadelle d' Athènes. PAi7t.l.8.c.4« — Minerre, statue d'or et d'ivoire, à la citadelle d'EIîs. Phidias avait orné d'un coq le catqae de la déesse. Pads. 1. 6. c. a6. — YéDus Céleste, en or et en ivoire, k Elis ; elle a un pied sur ane tortue. Plus. 1. 6.c. aS. — L'Oc- casion. Aus. — Yénus-Uranie, statue de marbre, * Athènes. Pacs. 1. 6. C.4* — l'a mère des dieux, à Athènes. AaïAH. m Peripto, Pont, Eux, — Apollon Parnopius, statue en bronze, 4 Athènes. Pâcs. 1. 1. c. 94* ^-Pallas Lemnienne, k Lemnos. Paus. 1. 1 . c. a4* ^oci. — If émésis, statue en marbre de Paros, à Rhamnus, près d'Athènes; sa couronne était ornée de Victoires et de cerfs. Pads. 1. i.c. 33. — Pantarcès, la tête ceinte d'nn bandeau ; statue en bronze, et le seul athlète que Phidias ait représenté. Paos. 1.6. c. 4. — Un Jupiter, * Olympie; statue com- mencée en société arec Théoscomus, et qui ne fut pas terminée. Paus. 1. 1. — Esculape, à Epidaore. AthAhac. Leg.pro Christi. — Une Ama- lôoe. Cette statue, qui était à Bphèse, fut jugée laférieore k celle de Polycléte. Val. Max. 1. 1. ci. Éxcmpi. «Dfrd.S. Pliit. I. 54* c. 8. ~ Minerve, statue en or et en ivoire, près Pellène. On croît, dit Pansa- nias, que Phidias fit celte Minerve avant celle qui est dans la citadelle d'Athènes, et avant celle qui est k Platée ; sons son piédestal on avait établi une fosse, afin qne l'humidité put contribuer à conserver l'ivoire. —Minerve, statue en bronse, surnommée la belle par excellence. Plih. 1. 54. c. 8. ~ Mercure, k Thèbes, statue en marbre. Paus. 1. 9. c. 10. — Minerve, Apollon, Miltiades, Erecthée, Cécrops, Pandion, Léos, An- tiochus, Egée Acammas, Godrus, Thésée, Philéus; statues qu'on voyait k Delphes» dans le temple d'Apollon. P a «s. 1. 10, c. 10. — Véons, statue en marbre d'une grande beauté« k Rome, dans les portiques d'Octavie. Pua. 1. 36. c. 5. — Minerve, dans le temple de la Fortune. Pua. 1.34* c. 8. —Un Gliduchus ou porte-massue, deux figures drapées, un colosse no. Pline appelle ces trois statues, qu'on voyait k Rome, PaUiatae (1. 34. c. 8). — Un autre ouvrage. Paocop. y.sur ce graveur Paop. 1. 3. Elêg, 8. MAar. 1. 8. Bpig. 33. M axt. 1. 8. Epig. 5o. Mau. 1. 14 • m Apophoret, n*" 93. ) PANŒNUS, d'Athènes, ou PANŒUS, ou PLISTŒNETUS, peînin, frère de Phidias. Plpt. On voyait de lui sur les compartîmens de U balustrade qui entourait la statue de Jupiter Olympien, Atlas suppor- tant le ciel et la terre, et Hercule qui se prépare à le soulager de ce fardeau; le fils d'Alcmène est accompagné de Thésée et de Pirilhoiks. Paos. 1. 5. c. 11. Il fit pour le même temple les sujets suivans (Paos. 1. 5. c. 1 1 .) : la Grèce et Salamine personnifiées ; Saûmine tenait en ses mains un ornement composé de rostres ou proues de navires.— Hercule combattant le lion de Némée.— Gassandre après llnjure qu'elle reçut d'Ajax.— Hyppodamie avec sa mère ŒnomaOs.— Prométhée chargé de chaînes, et Hercule prêt i^ le délivrer. — Pcnthésilée rendant le dernier soupir dans les bras d'Achille.— Enfin deux Hespérides portant les pommes d'or. Panœnus peignit aussi dans le Poecile la bataille de Marathon, tableau dans lequel les Athéniens croyaient reconnaître leurs Digitized by Google LISTE CHROR. DBS PEINT. » SG. ET GR. DE l'aNT. — A' Péfi. S^S proppes chefs et ceox des eonemb : da côlé des Giecs, Miltiades, Gallimaque et Gyoégire ; da côté des Pênes, Datés et Artaphenie. P41JS. 1. 5. c. 1 1 . Pur. 1. 35. c. 8. Il orna aussi de peio tores l'intérieur du boQclier que Golotès exécuta pour la Minerve de Phidias. Ce fut du tenu de Pancenos qu'on institua un concours de peinture k Gorinthe et à Delphes. Panœnus disputa le premier le prix à Timagoras de Ghalcîs an concours des jeux pythiques, et il fat vaincu. Ge peintre. est appelé fameux par Plutarque. A6LA0PH0N» de Thasos, peintre. Puh. 1. 35. c. 9. père de Poljgnote. Alcibiade phis beau qu'une femme et assis sur les genoux de la courtisanne Némée qui lui prodigue les plus tendres caresses» ATHiir. Plutarque attribue ce tableau k Aristophon. — Alcibiade de retour d'Olympie k Athènes et couronné par Pylhias et Olympias. AthAv. 1. ia.c.9. — Une Victoire d'abord aÛée, puis déponillée de ses ailes, (^oy. Meurs. Leet. attie* 1. 1. c. ao. ) — Une cavale parfaitement bien peinte. Œli. JRu. c. 1 7. Myrmécide arait la prétention de rivaliser avec Phidias et même de l'emporter sur lui. JuL. imp. Oral, 3. Yoy. aussi Suidas, au sujet de ce passage de Julien, Œlien dit-il (c. 17.) que Gallicratede Lacédémone arait travaillé aux ourrages de Myrmécide, et que ces deux artistes eurent la vanité d'y inscrire leurs noms en lettres d'or. Yoy. aussi Gic. 1. 4- aead, quœtt. GALLISTRATE, de Lacédémone. (rcry. Myrmécide.) GRITIAS NÉSIOTE, «faCuair». Pur. 1. 34. c. 8. Des statues de Ty- ran nicides. Lcci. en Phiiopteud, — Un vainqueur à la course. On le voyait dans la citadelle, k Athènes. Pacs. 1. 1 . c. a4. Il y a eu un autre Gritias. (Foy. Nestoclès.) NBSTOGLÈS, statuaire. Pur. 1.34. c.8..Gedoyn ditqull est le même , que Gri:ias Nésiote, dont le nom a été changé par les copistes, en cclni de Nestoclès. DIOnYSODORB, statuaire, élève de Gritias Ifésiote. Il travaillait en broute et en argent. Pur. 1. 34. 0. 8. SCYMNUS, deGhio,ftat«mr», élère de Gritias Nésiote. Une statue d'Esculape, k Sicyone, en or et en ivoire. Plir. 1. 35. c. 8. MIGON le jeune, /»acti^.PuR.1.55.c.9. TIM ARÊTE, peintre, fille de Micon le jeune. Plir. 1. 35. c. 9. Diane, k Ephèse. Pur. 1. 35. en. MOSGHUS, statuaire.Vhni. LADAMAS, statuaire. Pur. ENGADMUS, statuaire, maître d'Androsthène.FAus.l. 10. c. 19. Digitized by Google 574 HISTOIRE DE LA PEINTURE. AnncfiiaT. J..C. GOLOTÈS« êlaiuaire, élève de Phidias. Pliit. 1. 34 et 35. c. 8. il fit Etea- lape, statue admirable en or et en ivoire, 4 Gyllène, chez les Eiéens. Stiab. 1.8. Eo8TATH.4iy. Polyclète. ) * AGRA6AS, graveur, Plif. 1. 33. On Toyait de lui, è Rhodes, dans le temple de Racchus, des coupes ornées deGentaures et de Raccbantes. Puir. 1. 33. c. 1 a. Il grava encore sur des coupes une chasse ; cet ouvrage lui fit une grande réputation. Plih.1.33.c. la. GTÉSILAS ou GRÉSILAS, statuaire. Plik. L 34. c. 5 et c.8. Dana le temple de Diane, k Ephèse, une très-belle Amazone blessée. Pua. 1. 34. c. 5. (yoy, Polyclète. )— Une statue en broute, surnommée Dory- phore, et représentant un guerrier armé d'une lance. Plih. 1. 34* c. 8. . — Une Amazone blessée, statue de bronze. Plik* 1. 34. c. 8. — Un homme prêt à mourir d'une blessure, statue en bronze et pleine d'ex- pression. Plift. 1.34. c.8. — Périclès l'Olympien, autre célèbre statue en bronap. Gtésilas travaillait aussi en argent. BO£THUS,deGarthage,«ta 4a4. PÉRIGLÈTE, statuaire, frère de Naucydèsd'Argos et élève de Polyclète. Pacs. 1. a. c. aa. id, 1. 5. maître d'Aristophane. 4 19. ANTIPHANE, d'Ares, statuaire, élève de Périclète. Paub. 1.5. A Delphes, les statues d'Elatus, d'Aphidas et d'Erasus. Paos. 1. 10. c. 9. — Gastor et PoUux, k Delphes. Paos. 1. 10. c. 9. — Et chez lea Laeédé- moniens, un cheval de bronze en imitation du cheval de Troie. PHRYLLUS, peintre. Pliit. 1. 35. c. 9. PAUSON, peintre. AniVTWc.de Poeticâ. c. a. ou PASON. Loci. in Demostk. Encomio. Un cheval. Plotazcb. car Pythia, etc. JEu. Far. ffist, i4 et i5. Ldci. m Demosth. Encomio. Aristote recommande l'étode des ouvrages de Panson sous le rapport de l'expression des mceun. PoKtie. I.8.C.5. DIONYSIUS, de Golophon, peintre. JEli. Far. Hist. l. 4. c 3. ( Voy. au sujet de ce peintre ce que disent Plutarque in Timoleoni., Aristote de Pœtic. c. a. et .£lieo. ) NICANOR, de Paros, peintre. Des ouvrages k l'encaustique. Pliii. 1. 35. c. 11. ARGESILAUS, peintre. Vus, 1.35.C. 11. Léosthène et aes eafiins, tableau qu'on voyait k Athènes. Pads. 1. i.c. 1. LYSIPPE, d'Egyne, peintre. Des peintures k Egyne. Plik. 1.35.c.ii. ARISTOPHON,/>ein>Qoiirr.l. lO.G. i.etl. is.c. lo. Fur. 1. 35. c.ii .Pline ▼ante la fécondité de Farrbasius, et dit qu'il écrivit sur les proportions et sur le coloris (l. 35. c. 1 1). Il cite aussi les perfection nemens nom- breux que cet artiste apporta dans son art« perfectioonemens que re- connurent aussi Xénocrate et Antigonus (1. 35. c. lo). Grégoire de Naaiance dit que ce peintre ne produbait que des cbefs-d 'œuvre. Orat. 34. Théophile {ÀeU Sîmoerat, Bpist. 6.) appelle ses peintures des réalités. Une foule d'autres auteurs le citent avee éloge. Selon JElien, Théophraste dit que Parrbasias, qui était d'un caractère irriuble, avait la coutume de se délasser par le chant des fatigues de son art (I.9. c^ 11). (Fay^êuT ce peintre Fr. Junios») 4o5. LYSON, itatuaire.^— Des athlètes, des hommes armés, des chasseurs et des sacrificateurs, toutes statues de bronae. Flir. 1. 34. c. 8. — Une statue du peuple^ à Athènes. Faos. 1. i . e. 2^. ALYPB, de Sicyone, tUAuahre, élève de Naucydès d'Argos. Sjm- naque athlète ; NéoUidas enfant, vainqueur au pugilat ; Arcliidame enfant, vainqueur à la lutte. Faos. 1. 6. c. 1. — Ethymène athlète, sUtue en bronze, dans l'Altys. Facs. I.6.C.8. On voyait à Delphes, de ce statuaire, sept statues des chefs alliés qui avaient remporté avec les Lacédémoniens, commandés par Lysandre, la victoire d'^gos-Pota- mos, sur les Athéniens. Faos. 1, 10. c. 9. ARIST ANDRE, de Paros, tiatualre. Paus.1.5. A Amyclée, un tré- pied d'airain, sur lequel il avait représenté Sparte tenant une lyre : ce trépied fut consacré, après la victoire des Lacédémoniens à JEgos- Potamos. ATHÉNODORB, êlaîumrû, de l'école de Polyclète. {Voy. Damées.) DAHÉAS on DAMIAS, de Gtitore, statuaire, de l'école de Polyclète. Faus. Diane, Neptune et Lysandre. Facs. 1. 10. c.9. Fur. 1.34. c. 8. Fansanias le cite avec Athénodore de Glitore. Us travaillèrent ensemble à l'occasion de la victoire d'JEgosFotamos. TISANDBE, statuûirû. A Delphes, dans le temple d'Apollon, onze statues des chefs alliés vainqueurs à ^gos-Potamos. Faos. I. io.c. 9. GAN AGHUS. Un Canachus, statuaire» fit aussi les statues des vainqueurs à jlEgoS'Fotamos. AMFHION, de Gnosse, statuaire, fils d'Acestor, élève de Plolîcfaos et . maître de Pison de Galaurée. A Delphes, Battus sur an char; Gyrène conduit le char, et la nymphe Lybie couronne Battus. Paos. 1. 10.C.15. Digitized by Google LISTE GHRON. DES PBINT., 8G. ET GR. BE l'aNT. — 4'p£r. figl Les artistes suivaos fleurirent de cinq cents à quatre cents ans avant J.-G. On noianque de renseignemens pour leur assigner une époque plus précise. G ALLIGLÈS, de Mégare, statuaire, fila de Théotcomos.^— Ls «tatae de DUgoras, Taioqueur au combat du ceste ; celle de Gnaton, autre jeune ▼ainqueur au même combat. Pausanias cite cea statues dans l'Allys (L6.C.7). — Des statues en bionxe représeotant des philosophes. pLiH. 1. 34. c. 8. Pausanias fait un grand éloge de ce statuaire. LOGRUS, de Paros, f te/aaiiv.— — Une Minerve, à Athènes. Pads. 1. 1 . e.8. GALLIGRATE, de Lacédémone, sculpteur, le même que GaitLitrate, page 573. Des fourmis en îToire et d'autres insectes si petits qu'à peine l'oeil pouvait en saisir les détails. Plin, l. 7. c. ai. Plin. 1. 36. c.5. ^Li. Plut. — Le char qu'il fit en société avec Myrmécide et qui était si petit qu'il aurait pu être couTert par l'aile d'une mouche, ou être traîné par elle, était en fer au dire de Ghœroboscus. Voy. Varron, iElien, Pline, etc., cités au sujet de Myrmécide. STIPAX, de-Ghypre, statuaire- Un splanchoopte ou jeune esclave soufflant le feu pour faire rûtir des viandes, stat. en bronac. P1.15.I.34.C.8. PHILOTIMUS, d'Egyne, statuaire, Xénombrote, statue équestre, dans l'Altys. Pàus.1.6.c. 14. CÉPHISODORE, peintre. Plik. 1. 35. c. 9. LAGON, statuaire, Plik. 1. 34. c. 8. Ge Lacon est peut-être Leucon, dont l'Anthologie grecque vante un chien célèbre, (^oy. Leucon. ) DJÉMÉTRIUS, d'Alopée, statuaire, Dioc. L. 1. 5. Lysimaque, prêtresse de Minerve, statue en bronze. Plin. L34.C.8. — Minerve, dite la Musicienne, statue en bronze. Plin. 1. 34» c.8. — L'écuyer Sarmenès ou Simon, et Pelichus d'Alopée : ces deux ouvrages étaient aussi de bronze. Plih. 1.34. c.8. Loci.cn Philop, Quintilien reproche à Démétrias (Lia.c. 10.) de s'être montré plutôt rigoureux dans l'exactitude, que partisan de la beauté. DIODOTE, statuaire. On attribuait à Diodote la Némésis d'Agoracrite, statue qu'on voyait à Rhamnas, et qui ne le cédait en rien aux ouvrages de Phidias quant à la noblesse et à la grftce. Stbab. 1. 9. IDŒUS, peintre et sculpteur, — -^ Des ornemens de cheval : ils étalent parfaitement travaillés. X^iiora. Hist, 1. 4< MIGON, de Syracuse, statuaire, fils de Ificocrates.PADs. I.6.c. 12. On voyait à Olympie deux statues de Hiéroo, l'une équestre et l'autre pédestre, consacrées par ses fils. Paus. 1. 6. c. 19. Des athlètes en bronze. Plih. 1.34* c.8. (f^oy. If icostrate^ peintre. ) SIMONIDES, peintre, Plir. Agatharcus et Mnémosyne. Plik. 1. 35. c. 1 1. Peintre du second ordre. Plir. 4oo. ZEUXIS, d'Héraclée, peintre, élève de Déroophilc d'Himère, ou de Digitized by Google 58s HISTOIKB VE LA PEIIITUKE. Aancti av. J.-C. NéfUs de Thaiof. ^— Une ccotmirelle avec ms petits. Loci. «n Zcujb. ve/ ^alÂocfco. — Péoéiope, tableaA dans lequel il arait peint les mœars de cette priacesse. Pliu. 1. 55. c. 9, — Ud athlète. Plui. 1. 55. c. 9. Pline fait aa sujet de cet ouvrage une observation qui semble devoir s'ap- pliquer aussi à Apollodore. {^oy* ApoUodore. ) — Jupiter assis sur son trône et entouré des dieux. Plui. L 35. c. 9. — Hercule enfant étouflant deux serpens en présence d'Amphitrion et d'AIcmène qui pâlit d'ef- froi. Pur. 1.55. c. 9. ^ Hélène, un Marsyas lié : ces deux tableau étaient à Rome dans le temple de la Concorde. Pliu. 1. 55.c. 10. — La fameuse Hélène, cbes les Grotoniates, consacrée dans le temple de Junon Lavinienne. Pus. 1. 55. c. 9. — Le dieu Pan ; Zeoxis en fit don au roi Archela&s. Pur. 1. 55. c. 9. — Alcmène et Amphitrion, tableau qull donna aux Agrigeotins. Pur. 1, 55. c. 9. — Des peintures monochromes. Pur. l. 55. c. 9. — Les Muscs, exécutées en argile, à Rome. Pur. 1. 55. c. 10. — Un enfant portant des raisins. Pur. 1.55.C. 10. — Ménélas, ouvrage très-célèbre. Timj.Chiid.S. H'uL 196. et 198. — Un Cupidoo couronné de roses, tableau exposé dans le temple de Véous, à Athènes. ScHOL. in Aehamens, AmiSTora. Sdid. in Artemon, — Un Triton. — Autoborée. Loci. m Timon. — Le portrait d'une vieille. Fxst. ( Foy. G. Oati, Vies des peintres de l'antiquité. Foy, Zeuxipe.) TIMANTHE, de Githoos.QoiRT.oo de Sicyone.EosT., peintre, Un Gyclope endormi et des Satyres qui mesurent son pouce avec leurs thyrses, très-petit tableau. Pur. 1. 55. c. 10. — Un héros dans le temple de la Paix, à Rome, ouvrage parfait. Pu5.l.55.c. 10. Timanlhe, dît Plutarque {jm Arai,)^ illustra par son pinceau l'action d'Aratus repre- nant Pellène sur lesEtoUens.— Le sacrifice d'Iphygénie. Pur. 1.55. c. 10, Cic. de Perfeet, OmI.Val. Max. 1.8. c. 11. (ExempLtxtem, 6.) TxiT. Chil.S. JETâr. 198. Eost. ad vers. i65. Iliad. Édit. rom. Quin- tilien dit que Timanthe, par ce tablean, l'emporta sur Golotës de Téos, avec lequel il conconrut. (Orai.Inst, 1. a.c. i5.] — Le meurtre de Pa- lamède, à Ephèse, tablean qui fit une vive impression sur Aiexandre- le -Grand. Phot. ex Pîotom. Hephut, nov, ad, Var. trudit. Bitt. I. 1. Tut. ChîLS. Hiii, 198. Soin. A.^tkMCê de mmgni At€œa»d,axpêdii, — Ajax disputant àUlysie l'armure d'Achille.Timanthe, par ce tablean, fut vainqueur de Parrhasius dans un concours, à Samos, d'après le juge- ment du peuple. Pur.1. 55. c, 10. Ath^r.I. 10. c, 11. JEu, Var. Biti. 1. 9. c 1 1. EosT.ai/ vert, 545. Odyst, 5.édit. rom. AG LAOPHON, ^smtrs.PuR. 1. 55. c 9. Get Aglaophon n'est pas le même qu'Aglaophon, père de Polygnote. MIGGION, peintre, élève de Zeuxis. Luci. m Zeuxid. ISIGOSTRATE, peintre, JFAîen (1. 14.C.47), en parlant de l'Hélène de Zeuxis, cite un mot de Nicoatrate. Gelui-ci, entendant quelqu'un parler avec indifférence de ce tableau de Zeuxis, dit à ce spectateur : Prends mes yeux, elle te semblera admirable. Digitized by Google LISTE CHRON. DES PELNT. , SC. ET GR. DE L*ANT. — 4' ^t^- 583 GOLOTÈS, de Téos, peintre. Qoirt. 1. a.c. i3./fif(if. Le sacriBce d'Iphigéaie. Il concourut avec Timaotbe qui l'emporta sur lui. ANDROGIDE, de Gizique, peintre. Puw. 1. 35. c. 9. Une bataille, à Thèbea. Purr. Symp. 1. 4- quest. a et 4» — Monstres marins entourant Scylla. Athénée dit (1.8.0.5.) que ce tableau était peint avec un art merreilleux. Pline le dit rirai de Zeuxis. EtJXéifIDAS, de Sicyone, peintre^ mattre d'Aristide. Pur. 1. 35. c. 10. PATROGLE, statuaire. Plis. POLYÉIDUS, peintre.Dion.M Sic. PANTI AS, de Ghio, statuaire, Pausanias dit qu'il fut le septième dans la succession des élèves d'Aristoclès. ^. SGOPAS, de Paros, «toluaire.STaAB.ardiîfecf0.PAOS.1.8.c.45. Plu- sieurs statues en bronze représentant des philosophes. Plin. L 34. c. 8. — Vénus Tulgairc, à Elis ; elle était assise sur un bouc. Paus. 1.6. c. a5. — Escolape et Hygie, à Tégée. Pads. 1. S. c. 47. —Un autre Esculape et ^yS>6> ^ Gortys : ces deux ouvrages étaient en marbre pantélique. PA0S.1.8.C. 18. — Minerve, statue en marbre, à Thèbes. Paus. I.9. c. 10. — Diane Eucléa on la Glorieuse. Paus. I.9.C. 17. — Vénus, le Désir, PhaétOB, à Samothrace. Pu5.1.36.c.5. — Apollon palatin; à Rome, dans les jardins de Servillus. Une Vesta et deux de ses compa- gnes assises, ouvrage très-estimé. Pua. 1. 36. o. 1. De semblables figures dans les roonnmens d'Asinlus PoUion, où l'on voyait encore de Scopas nneGanéphore* Puii. 1.36. c.5. —Au cirque flaminien, à Rome, les sta- tues suivantes : Neptune, Thésée, Achille, des Néréides assises sur des daophins, sur des baleinés et sur des chevaux marins ; des Tritons, le troupeau de Phorcus, des monstres marins et beaucoup d'autres figures marines, suite d'ouvrages admirables, selon Pline (1.36. c.5). — A Rome, au cirque flaminien. Mars assis, statue colossale. Pu5. 1. 36. c. 5. — Dans le même cirque, une Venus nue trés-vantée. Pux. 1. 36. c.5. — Niobée mourante, avec ses enfans. Pun. 1.36. c.5. On la voyait à Rome ; on doutait, dit cet auteur, si cette statue était de Scopas ou de Praxitèle. — Un Janus, statue apportée d'Egypte ; un Gupidon tenant un foudre : on avait ce même doute au sujet de ces deux ouvrages. — A Guide, les statues de Minerve et de Racchus en marbre pantélique. Pluc. 1.36. c.5. — A Mégare, dans le temple de Vénus Praxis, l'Amour, l'Appétit et le Désir. Paus. 1. i.c.43.— AGorinthe, dans leGymoase« Hercule, statue en marbre. Paus. 1. a. c. 10. — A Argos, Hécate, statue en marbre. Paus.I. a. c. ai. — Une Racchantc furieuse, en marbre de Paros. Galust. AiiTH.Ga. I.4* c.3. Paus.I. a.c. la. — Une statue de Mercure. Pads. 1. a.c. 12. — Deux Euménides, à Athènes. Gléh. Al. — Diane. Luci. — La statue de la Fortune dans le temple de cette déesse, à Mégare. Paus.1. i.c. 43. — Latone tenant son sceptre. — Ortygie tenant entre ses bras Apollon et Diane : ces statues se voyaient i Ephèse. ^ Apollon Sminthien, à Ghiysa : un rat est sous son pied. Stiab. 1. 13. Digitized by Google 584 niSTOIRB DB LÀ PEINTURE. Ann*M av. J.-C. EusT. ad vert, 39. Scopas oonstraÎBÎt le temple de Blinerre Aléa, à Tégée, et l'orna de scalptares, parmi lesquelles on remarquait, dit Pausanias (I.8.C.45), celles des deux frontons. Sur celui de deraDf, cesUtuaire avait représenté la chasse du sanglier deCalydon, dont Pau- sanias cite les douze ou treize personnages qui y figuraient ; sur le fronton de derrière, on voyait le combat de Théléphus et d'Achille dans la plaine du Gaîque. Il travailla aussi au tombeau du roi Man- sole. pAus. 1. 8. c. 5. Scopas est cité avec éloge par Gicéron (éûDivinat, 1. 1), par Horace (î. 4* Ode 8), et par Martial (Li.Ept^. 39). Gallistrate vante la vérité des ouvrages de Scopas (m Baecho), SAMOLAS, d'Arcadie, ttaiuaire. IPkv», Les statues de Triphylus et d' Azan, & Delphes. Paos. 1. to. c. 9. ASTERION, ttaiuaire, fils d'Eschyle. Ghéréas enfant, vaioqneur au pugilat, dans l'Altys. Paus. 1. 6. c. 3. PISON, de Galaarée, ttatuaire, élève d'Amphion. Paos. 1. 10. Pics. 1.6. c. 3. Abas, devin de Trézène, i Delphes. Paus. 1. 10. c. 9. Son école a produit une certaine suite de maîtres. Paus. 38o. DÉDALE, de Sicyone, ttatuaire, fils et élève de Patrocle. Dans - l'Altys, Timon et son fils, vainqueurs des Lacédémoniens : ce dernier était représenté à cheval. Paus. 1. 6. c .a. — Aristodéme, vainqueur è la latte. Paus. l. 5.c. 3. — Naicydas, fils de Damaratus, lutteur. Paos. 1. 6. c. 6. Gcs deux ouvrages étaient dans l'Altys. — La statue d'Eupo- lême éléen, vainqueur à la course. Paus. 1. 6. c. 3. — Hercule, statue, à Thèbes. Paos. 1. 6. c. 9. — Une Victoire. — Arcas, à Delphes. Paos. 1. 10. c. 9* — Trophonius, statue, à Labadée. Paos. 1. 6.c. 9. — Deux en- fans au bain se frottant avec le strigile, ouvrage en bronze. Plik.1.34. c. 8. — Une Victoire, chez les Arcadiens. Paos. 1. lo. et un trophée consacré par les Eléens, dans l'Altys. Paos. 1. 6. c. a. DÉDALE, deBithynie,ftatifacr6. Jupiter Stratius 00 dieu désarmées, à Nicomédie. AaiAifos. EosT. PAUSANIAS, d'Apollonie, ttatuaire. Apollon et Gallistho, statues, à Delphes. Paos. 1. 10. c. 9. DÉMOGRITE, de Sicyone. Pli«. 1. 34. ou DAMOGRXTUS, ttatuaire, élève de Pison de Galaurée. Paos. 1. 6. c. 3. Paos. L 10. Des statues de philosophes, ouvrages en bronze, Pun. 1. 34. c. 8. >-Hyppon enfant, vainqueur au pugilat. Paus. 1. 6. c. 3. Le cinquième dans la succession des élèves de Gritias. GANTHARE, de Sicyone, ttatuaire, fils d'Alexis et élève d'Entychides. Paos. l. 6. c. 3. Plin. 1. 34. c. 8. Le jeune Gratious d'Egyne, le plus beau et le meilleur athlète de son tems. Paos. 1. 6. c. 3. — Alexinicus d'Elide, lutteur et vainqueur au palestre entre les enfans, dans l'Altys. Paos. 1. 6. c. 17. Ganthare travaillait en bronze et en argent. Plin. I. S4. c.S. {Voy, Alexis.) Selon Gédoyn, Pline dit (à l'article Ganthare) que Digitized by Google LISTE CHRON. DES PEINT, , SC. ET GR^DE l'anT. — 4*PÉB. 585 Anoce^av. J.-C, ce statuaire travaillait également toud ses ouvrages, maù qu'il n'cD porta aucun & la perfection. {Voy. l'art. Ganthare dans Pausaoiae.) GI^ÉOf*f, de Sicyone, statuaire, élève d'Antiphane. Plusieurs statues de bronïe représentant des philosophes. Pliw. 1.34.C.8. — Admète, ouvrage Irésvanté. Pliit. U35. c. 1 1. — Le jeune Dinolochus, vainqueur à la' course. Paos,1.6.c. i.— Critodame, athlète. Pals. 1.6. c. 8.— Le jeone Xéuoclès, vainqueur h la lutte. Paus. 1. 6. c. 9. — Le jeune tj- cinus, vainqueur à la course. Paus. 1.6. c. 10. — Deux statues de vain- queurs» Pad»w 1*5. c. ai. Tous ces ouvrages se voyaient dans l'Allys. — Vénus, à Olympie, statué debronze. Paus. 1.5. c. 17. — Deux statues de Jupiter, ôurragefl en bronze. Paus. 1.5< c. ai. — Hysmon éléen, pentalthle, dane l'Altys. Paos. 1: 6. c. 3. — Alcétus, vainqueur au ccste, dans TAItys. Paus. L 6, c. 9. EU POMPB, de Sicyone, /winc imn^r.), la chevelure de cette déesse était peinte avec beaucoop d'art. — Le peuple athénien personnifié, ubleau qu'on voyait au Céramiqne. Pwh. 1.34. c«ii.Raos.I. i.c,3. — La Démocratie personnifiée ; on le voyait aussi au Céramique. Paus. 1. 1. c. 3. — Un général «mettant son èpée dans le fourrean. Pu». 1.35. c. 11. On voyait cet ouvrage à Ephèse. Citons les statues d'Euphranor; elles étaient toutes en bronze.— Uo Paris, duquel Pline (1.34.C.8.) dît que l'on reconnaissait dans cette atatue le juge des trois déesses, l'amant d'Hélène et le meurtrier d'Achille, — Minerve catuHeoBe, à Il©me.PLiîi.l.54.c.8.Cctte statue fut dédiée par L. Catnlus et placée au bas du Capitole. — Le Bon 8accès, OQ Bonus Eveniut. Il fient de la main droite une coupe, et de la gauohe un épi et un pavot. Plih. l. 34- c. 8. — Latonc, portant Apol- lon et Diane qu'elle vient d'en£anter. Qn f oyait cet ouvrage daot le petit temple de ladoQcordç, & Aome. Pun . L 34. c 8, — ^Dea quadriges. Plin. 1. 34^ c. 8.— Des chars è qimtre et à deux chevaux. Pue. L 54. c.S.^La Vertu„ bronze colossal. Puir.l. 34. ç. 8. -^ La Grftce, entre bronze colossaL Pun. U 34. ç. 8. — Une adorailt% Pue. 1.34.C.8. — Philippe sur un quadrige. Pun. 1. 34. c. 8. — - Alexandre sur un quadcige . Plw, L 34. c. 8. — Ynlcain* Diae C, Orêt. 37. ^4>es vases. Pue, L 35. c. 11. — Un Clidu^n on héros armé d'une jnasAie, statue d'une grande beauté. Pline et Quintilien nous paclent d'Euphcaaor comme d'un artiste également admirable dans la peinture et dans la atitueire; Pline nous appreed aussi que cet artiste avait écrit sur les proportions et sur le ço^is ; QuintUicn le regarde comme ayant porté l'art à son plus haut d^ré de perfection ; Plutarque le compte an nombre des . phis célèbres Athéniens. ( Nous avons parlé, i^l'article EopfaratMT, de la critique. qbe l'on fit de ses figuies, sous le rapport de U groaseur dea tètes et de la sveltesse des corps. ) ARISTODÈME, de Carie, peUUrei maître de Nicomaqae.PLiii.L35.c. 10. PeiLOST. in prétmio ieon» Ce peintre était très-célèbre. GLAUGIOrr, de Corinthe, peintre, Plix.1.35.c. 11. ARISTOLAUS^ d'Athènes, peintre, fils et élève dcPaurias. ^Thésée. — Epaminondas.-~Périclè8«-~Mçdéè. — La Vertu. — Le peuple d'A- thènes personnifié. — Un sacrifice de boeufs. Plin. 1. 35. c. 1 1 . Aristo- laQs, dit Pline, était un peintre très-sércrc. Ses.tableauX^ ordinairement d'une seule figure, excellaient par le dessin. MÉCHOPANE, peintre, élève de Pausias. Pline, dii de ce peintre (1.35. Digitized by Google UST£ CHBON. DES P£INT., 8C. ET GB. DE l'anT. — 4*P^R* «^8g Aaairs av. J.-('. c. 11.) qu'il-avait de la dureté daoB la couleur, mais qu'U réparait ce défaut par uoe grande exactitude. GALLIGLÈS9 pêinUt. Pur. L 35. c. lo. Varroo dit que les tableaitt de CaHîolèâ, quoique de trèf*petite dîmeDaioD (ila n'avaîeot que quatre doigts de haut), dooaaleot à peoaer que ce peiotre aurait pu dans de plus grandes compositions s'élever à la hauteur mftme d'Enphraoor. NiGIAS, d'Athènes, peij^tre, fils de Nicomëde et élève d'Antidote. Des peintures qui décoraient on magnifique tombeau de marbre blanc, qu'on voyait près de Tritia. Une jeune personne d'une grande beauté, dit Paosanias (1. 7. c. aa. ), est représentée assise sur une chaise d'ivoire ; à côté d'elle e^t uite de ses femmes lui tenant une espèce de parasol au-dessus de la tète ; de l'autre côté est un jeune garçon im- J»erbe, veto d'une tunique et d'un manteau de pourpre ; près de ce |«one homme 00 voit 00 esplave qui d'une main tient des javelots, et de l'autre des chiens de chasse qu'il mène en lesse. Pausanias dit que ce monument était plus précieux encore par ses peintures que par ses sculptures. — Hyacinthe, à Alexandrie. Pux. 1.55. ci 1 . Pads. 1.3. Après la prise d'Alexandrie, ce tableau fut transporté à Rome par César Au- guste, et fut ensuite placé par Tibère dans le temprte qu'il fit élever à ce priftce. — Diane, i Alexandrie. Paos.I.S. Puv. I.35.C. 11.— Ulysse évoquant les ombres des morts, à Athènes. PLiif.l.35.c. 11. Piirr.SfOB. Ilîcîas,qui était très-riche, refusa 60 talons ou 270000 fr. que le roi Attale lot offrit pour ce tsrblean d'Ulysse, et préféra en faire don à m patrie. — La forêt de Némée personnifiée et assise sur un lion, à Rome. Pios.l. 35.c. it. — Bacchus, à Rome, dans le tem- ple de4a Concorde. Pliw. 1. 55. c. 11.-7- ^' peintures ornant le tom- beau de Mégabise, prêtre de Diane, à Epbèse. Pi.nr. 1. 55. c 1 1. — Ca- lypso ; lo et Andromède, grandes figures. Plin. 1. 55. c 11. — Calypso, assise» à Rome, au portique de Pompée. Puh. 1. 35.C. 11 . — Alexandre, ouvrage d'une grande beauté» à Rome, au même portique. Nicias, dit Pliae (1.55. G. 11.), peignit les femmes avec soin. 11 exoeUait à pein- dre les animaux et les obiens. Ce fut lui qui le premier se servit de l'ochre trouvée par hasard. Puiv. 1.55.C.6. Nicias enduisait d'un cireunUmiilo les ouvrages de Praxitèle. Plin. Dans les ouvrages de cet artiste, les lumières et les ombres étalent scrupuleusement obser- vées; il s'attacha surtout i donner du relief aux objets. Pliii.1.35. C. ii.Plutarque (Beltone an paee) le met au nombre des plus célèbres peintres athéniens. KfiTlUOTBf peintre, élève d'Euphranor. Un luUeur. — Un joueur de flûte. -^ Un guerrier combattant et se servant dé son bouclier: ouvrages très-vantés, & Athènes. Puy. I.35.C. 11. Ce peintre, dont le coloris était très-sévère, produisait peu d'onvrages» mais ils étaient très-cbâtips. CARMAMJ)^?, peintre do 3« or4rc, élève d'Euphranor. Pua. 1.55.c.3i. Digitized by Google 5gO BISTOIEB BB LA PEINTVBE. âT. J.-C. ATHÉNION» de lUronèe, pdnîrty élèYe de Glaocioa de Corinthe, ou d'Eaphrenor.—^ Ulysse découTrant Achille déguisé sons des habits de femme. Puir.l.35.c. ii.--Uiie prooession de {eoDes fiUes. Pl». 1.35.0.11.— Um «ssemMée de famille, Plih. 1.35. c. u.— Un pal- {renier avec un cheval, dans le temple de Gérés Bleusiee. Puv.t. 35.C. II. Ce tableau fut celui qui lui fit le plus d'honneur. — Phi- larque. Puir. 1. 35. c. ii. —Diverses figures daos un Ubleau très- rente. Athénien fut très^élébre et on le préférait quelquefois même à Ni- oias. Il avait «n coloris austère et mettait de l'érudition dans ses ta- bleauz. Pline dit que sll n'éuit pas mort à la fleur de l'âge, aucun peintre n'aurait pu lui être comparé. NIGOMAQUB, pwHr; fils et élève d'Aristodême. Il peignit le tombeau du poète Teleste, à Sicyone. Pur.1.35.c. ii. Get ouvrage, qui lui fut demandé pat Aiistratus, tyran de Sicyone, fut cKéeuté avec autant d'art que de célérité. Plu. 1. 35. c. ii. — Scylla, à Rome. Puw. 1. 35. c. II. — L'Eolèvemeot de Proserpine, à Rome au Gapltole. Puh. 1. 35. c. 11. — La Victoire s'élevant sur un quadrige, tableau placé an capitole par Lucios-Marcus Planons. PLiii.l.35.c. ii. — Apollon. — Diane.— La mère des dieux, assbe sur un lion. Puif.l.35.c ii. — Ulysse, qu'il imagina le premier de représenter coilTé (probablement du Pilidion). Puir. 1.35. o. to. et ii. Samv, Fuld. ad vert. 44- !• n* Enéid, Mbobs. MUcel. laçons 1. 1 . c. 1 7. — Des bacchantes et des satyres : ouvrage très-estimé qu'on voyait à Rome, dans le temple de la Con- corde. Puir. U35. 0. 10. — Tyndaridas. Plth. 1. 36. c. ta. Tableau resté imparfait par la mort de Nicomaque ; aucun peintre n'osa achever ce tableau. Fa. JvRios. Cet artiste qui n'employait que quatre couleurs, n'en est pas moins au rang des premiers peintres. Plutarque et d'antres écrivains louent surtout son extrême iacUité. ASGLÉPIODORE, d'Athènes, ptUitre. Les douxe grands dieux, ta- bleau payé par le tyran If nason, à raison de 1 soo fr. par figure. Plih. 1. 35. c. 10. Pline dit aussi ( 1. 35. sect. 36. parag. ai) qu'Asclepio- dore le cédait à Apelle dans l'art de la symétrie. Plutarque Je range parmi les plus illustres peintres d'Athènes. THÉOMNESTE, de Sardaigne, êtatuaire, Agelès de Ghio, enfant vainqueur an pu^Iat, ouvrage en bronxe, dans l'Altys. Pads. 1.6. c. i5. — Des athlètes, des hommes armés. — Des chasseurs et des sacrifica- teurs. Pl.». L 35. c. 8.— Des statues de héros. Flin. 35. c. 10. Le tyran If nason lui payait chacune de ces statues de héros 100 mines ou 4ooo 1. Suidas rapporte des choses admirables de cet artiste. MÉLANTHE, peintre, élève de Pamphile. Le portrait d'Aristratus, tyran de Sicyone. 11 était représenté sur un char accompagné de la Victoire et de toute sa cour. Plct. m Jrato, Quiirr. Oral. L a. c. 10. Institut. Pua. 1. 35. c. 7. et 10. Mélanthe, selon Diogène Laërte ( av. J.-C. au de Praxitèle— Vénns et Phryné, à Thcsples, statues en maibrc. PAU8.I.9.C. 37. Trophooiiis, à Labadéc. Paos. I.9.C.39. Cette stafuc resMmblaiC à celle d'Bscalapc. — Phryné, ft Delphes, statue dorée. Ce fnt Phryné eUe-même qui en flt présent à ApoUoil. ( Fay, Hémdote d'Olynthe.) — L'EoIèTement de Proscrpioe, très-bean groupe en bronze. Pua. 1. 34. o. 8. — Proserpine ramenée des enfers, ou Proserpine Cala- guse. Pliit. 1; 34* c* S. Tréa-bel ouTrage en bronze. — Baechos, belle fltatne en bronae. Puif.l.34*c.dé L'iTrease, oiiTrage en bronze. Puir. 1.34.0.8.^ De très-bellet statues en bxonie devant le temple de la Félicité. PuM. 1.34.C . 8.— Vénus. Plih . L34. O.S. Cette ttatne en bronse égalait en beauté les plus beaux ourrages en marbre de oet artiste. Elle périt dans un incendie sous le règne de Glaudius. — Une até- pfause en bronze, on une femme qui tresse des couromies. Plw. 1. 34. c. 8. — Une vieilie. Plim. l. 34. c. 8. — Un cenophorus, on homme qui porte du vin. Puw» 34. c. 8.— Harmodins et Aristogiton, menrtiiers des tyrans. Puir. 1. 34. c* 8. — Un {enne Apollon appelé Sanroetooos on tueur de lézard. XI gnette «vec une flèche un lézard qui se gUsse auprès de lui. pLiir.i. 54.0.8.^ Uuc matrone qui plenre. Puii.l.34.c.& -* Une ooQrtisanne-ezprimant la joie. Pur. 1. 34.C.8. (Oo-crolt qw* c'est Phryné.) Totls les ouTriges qu'on Tient de citer étaient en bronae. — La fameuse Yéaus, à Guide» ouvrage en marbre. Pu». 36. c. 5. — Vénus, A Paros. Cette statue était vêtue. Plih. 1.36.0. 5. —Copîdon, à Thespies. Il était représenté vêtu. Cet ouvrage en marbre pente - lique, est aussi célèbre que la Vénns de Qnide, el attirait les adnM- rateurs à Thespies. Pufl.l.36.c.5« — Cic./n verrem. Dû scgws. (1.4*) Paus. I.9.C. 17. Stsab. 1.9. Arth. Gai -^ Cupidon,' à Paros, repré- senté nu, en marbre. Pline dit encore, au sujet de cet onvrage» qnll égalait en beauté la Vénus de Gnide (I.35.C.5). — Flore» A Rome. — Triptolême, à Borne. — Cérès, statues en marbre, dans les jar- dins de Servilius. — Le Bon Succès et la Bonne Fortune, au Capitofe. — Des Ménades, des Thyades, des Cariatides, ou jeunes filles, sacri- fiant à Diane Caryatides ou de Caryas. — Des silènes (vantés dans l'Anthologie Grec^e). Tontes ces statues en marbre se voyaient à Rome. Plir. L36.C.5.— Apollon et Neptune, statues en marbre, à Roine, dans les monnmens d'Asinius PoUioo. Pua. 1.36.0. 5.— Un satyre, dans un temple, sur le chemin dit les Trépieds. Paos.I. i.c.ao. Les Grecs appelaient cette statue Périboctos ou le Fameux. C'était l'ou- vrage qu'aflcctionnait le plus l'artiste. —Un amour, donné par Phryné à Thespies, sa patrie. — Danaë, des nymphes^; ouvrages très-vantés dans l'Anthologie gr.— Un satyre portant une outre. — Un cavalier près de son cheval, sur le chemin dti Pyrée à Athènes. PAds.l. uc.a.— Cérès, à Athènes, dans le temple de la Déesse. — - Un Bacchvs qui porte im' flambeau. — Diane brauronlenne, à Athènes, dans la ci- tadelle. Pacs. I. i.c. a3. — Apollon, Diane, Latone avec ses enfans, et plusieurs antres belles statues : elles se veyaieDt à Mégaie, dans le Digitized by Google LISTB GHBON. DES PBINT., 8C. BT GB. DB L'AIfT. — 5*»£b. 5q3 temple d' Apollon. Pads.I. i.c.44* — l^n satyre, dao« an temple de Bacchus» à Mégare, statoe en marbre de Paros. Paus.I. i.c.43. — LatODè, à Argot. Paus. 1. a.c. ai. — Les doose grands dleaz, dans on temple de Diane» à Mégare. Paus. 1. 1. c. 4o. — Deaz cheyaoz, à Athè- nes, au-dessus de la porte du Panthéon* — Bscalape, dans le bois sacré de Trophonîus. — La déesse Pitho, ou la Persuaston; la déesse Pa- rigore, ou la Consolation ; ces deaz ourrages étaient à Mégare, dans le temple de Vénus Praxis. Pius. 1. 1. c. 43. — L'aurige, ou l'écuyer du quadrige exécuté par Galamis. Puir. K 34* c. 8. — Diverses statues, à Rome, aux portiques d'OctaTie. Pur.K36.c.5. — If iobé mourante, avec ses enfaos, ouvrage attribué aussi à Scopas, ainsi qu'un Janus et un Gupidon tenant un Tondre, (^oy. Scopas. ) Praxitèle travailla au tom- beau de Mausole.YiT.în prœmio I.7. Praxitèle excellait à représenter les visages. AxaiTia. Sattiig. in deteriptlone pukknD^ et à l'occasion dHme Diane. 11 excellait surtout dans limitation des bras. Hiasii.1.4* Le marbre s'animait sous son ciseau. Dios. Sic. m Eehg.tœ hiiUUb, 36. Pline dit (1. 34* c. 8. ) que Praxitèle fut plus heureux en marbre quVn bronze. Quintilien (1. 11. c, 19. /fuf«.) parle de la supériorité avec laquelle il travaillait le marbre, et il dit (1. ia.c.10.) que Lysippe et Praxitèle ont le plus approché de la vérité. LYSIPPE, de Sicyone, ttatuaire, Plih. — Un apoxionmène« ou un athlète se frottant avec le strigile. Plih. 1.34. c 8. -- Une joueuse de flûte, dans l'ivresse. Puh. 1. 34. c.8. — Des chiens et une chasse. Puir. 1.34.0.8.^ Un chien léchant sa blessure,^ Rome. Plu. 1. 35. c. 7. — Le soleil sur un quadrige et radié, tel que le représentaient les Rho* diens. Plix. 1.34. c.8. —Plusieurs statues représentant Alexandre, à commencer de l'enfance de ce prince. Plin. 1.34. c.8. Néron fit dorer celle qui offrait le portrait d'Alexandre enfiint, mais on enleva ensuite l'or qui cachait les finesses de l'art. — Ephestion. Plih. 1. 34. c. 8. Vau Max. 1. 4.C. 7. Selon Pline, cet Ephestion de Lysippe fut quelquefois attribué à Polyclète. Pline a soin de critiquer une telle supposition. — Ghilon Achéen, lutteur célèbre par dix couronnes, dans l'Altys. Pacs. I. 6. c. 4» — * Polydamas, pancratiaste fameux par sa force et par sa sta- ture gigantesque ; sa statne était la plus éminente de l'Altys. Ses pro- digieuses actions étaient représentées sur le piédestal. Pacs. 1. 6. c. 5. — Pyrrhus, vainqueur aux jeux olympiens. Paus. 1. 6.c. i. — Xenargès, pancratiaste, statue dans l'Altys. Paus. 1. 6.€. 1 . — Pythès, jeune vain- queur au pugilat. Paus. 1.6. c. 14. -— Gallicrate, vainqueur à la course. Paos. 1. 6. c. 17. — Un Gupidon, à Thespies, ouvrage en bronze. Paus. 1. 9. c . 37. — Bacchus, sur le mont Hélicon, bronze. Paus. 1. 9.C. 3o. — Une chasse d'Alexandre, à Delphes. Plizi.I.34.c.8. — Un groupe de satyres, à Athènes. Plim. 1.34. c.8. — Les divers personnages compo- sant le cortège d'Alexandre. Pu5.L34*c.8. Ces statues transportées è Rome par Métellns, après la conquête de la Macédoine, étaient toutes d'une extrême ressemblance. — Des quadriges de plusieurs es- TOXfi II. 40 Digitized by Google 594 HUTOIRB DE LÀ PBIKTUBB. AnaccB «t. J.-C. pèccf . PtiH. 1. 34* c. 8. ^ Un lion terraisè, à Lamptaque, et traniporté à Rome par Agrippa. Stiab. U i5. — Dionysus et Hercnte, ouTrage eo bronze. Luci. m /0v. — Neptune, en bronze. Luc. m /oi;. — Hercule, à Gorînthe, statue de bronze. Pads. L a. c. 9. — Junon, à Samoa. Gion. Edii, reg. -«Le poëte Praxillaa, ouvrage en bronze. Tat. Adven, Grœe. — A lezandre-le-Graud, statue en bronze. Anth. Ga. 1. 4. c. 8. — Un Jupiter colossal haut de 4o coudées, chez les Tarentins. Pu5. 1.34.C.7. Ldcios. Satire. 1. 16. -- Hercule chez les Tarentins. Puir. 1.34. c. 7. Get ouvrage en bronze fut transporté an Gapitole par Fabius Vamicosua. Stbab. 1.6. — Hercule aflligé de se voir dépouillé de tes armes par l'Amour. Akth. Ga. — Une autre statue d'Hercule, dans l'Aicananie, transportée ensuite à Rome. Stbab. 1. 10. —Un petit Hercule en bronze^ haut d'un pied. SiaàQ. Stac. Mabt. — Socrate tenant en main la coope où il but la ciguë, à Athènes. Diog. L. 1. 1 i.in Soerat, — Eaope. Axis. Ga. — L'Occasion sous la figure d'un adolescent. Arth. Gb. 1. 4. c. 14. — Stbatios. Codifie a43.GALfciST. Tzbt. ChiL 8. Hitt,ioo,ChH,io, Hitt, oaa. 3a3. Aos.£/>i^. la. — Les statues de vingt-un cavaliers d'Alexandre, mortsan passage du Granique» transportées à Rome par Metelloa leMa- cédonique. Ybll. Pat. 1. 1. c. 1 1. Abbiabos. 1. 1. De mag, Alex.eaeped, — Jupiter et les Muses, à Mégare, ouvrage en bronze. Paus.1. t.c.43. — Jupiter, statue en bronze. Pa us. l. a. — Une antre statue de Jupiter, en bronze. Elle était à Gorinthe, sur la place publique. Pacs. ^. a.c. 9. — Un cheval en bronze. Artb. Ga. Stac. —Une statue d'Hercule, prèa du temple d'Apollon Ljcien. Pads. 1. a. — Jupiter fféméen, dans le temple de ce dieu, à Argos, ouvrage en bronze. Paos. 1. i.c. ao. — Un pancratiaste, à Olympie. Paos. 1. a. c. ao. Lysippe disait que Je canon de Folyclète avait été son guide dans l'art. Gic. De elar, oraL Lysippe é^it le seul statuaire auquel Alezandre permit d'ezécuter son portrait. Fuir. L7.C.37. Ge statuaire, le plus fécond de tous ceui de l'antiquité, était cependant grand observateur des proportions ou de la symétrie, et l'on remarquait une finesse de travail qui lui était propre, jusque dans les moindres choses; il parait enfin qu'il savait obtenir de «a sé- vérité même la plus grande élégance. THRASON, staiumire, Plik. 1. 34. c 8. Dea athlètes, des kommea armés, des chasseurs et des sacrificateurs. Païa. L54« c.8. Ouvrages en bronze. — Hécate, la fontaine de Pénélope, la vieille Euxiclée. Cet troia ouvrages étaient à Bphèse, dans le temple. Sraia* 1. 14* MÉNESTRATE, ttatuaire. Hercule, à Ephèse, dans le temple de Diane ; Hécate, dans le même temple : ces ouvrages étaient très- admirés. Fur. 1. 56. c. 5. Pline parle du grand éclat qui rejaillissait de ces statues {marmone radiât io). — La statue de Léarchides. APELLE , d'Ephèsa , originaire de Golophon. Paos. , on de 111e de G os. Plim.Ovio., peitUre^ élève d'abord d'Ephorua d'Ephèse. Sam. et ensuite de Pamphile d'Amphipolis. Pi.ui.Plut.Soi9.— Le portrait Digitized by Google LISTE CHBON. DES PEINT. , SC. ET GR. DE l'anT.— 5* PÉr. 5q5 de la princeMc Cyoîaca, à Oïympîc, dans ]c bob sacré; elle était re- préseotée appuyée sur une balustrade de marbre. Pad8.1.6.c. i.— Une Grâce vêtue, 4 Smyrne, dans le lieu destiné 4 la musique. Pads. 1. 9. c. 35. — Plusieurs portraits d'Alexandre-le-Grand et de Philippej •on père. pLiif.L35.c. 10. On sait qu'il n'était permis qu'à cet artiste de peindre Alexandre — Alexandre tenant un foudre, à Epbèse, dans le temple de Diane : les doîgU semblaient saillanset le foudre sortir du tableau. Piih.I.SS.c. 10. — Le roi Antigone à cheval. PLiif.1.35. c. 10. C'était un de ses tableaux les plus estimés.— Diane au milieu d'un chceur de vierges qui lui sacrifient. Puh. 1. 35. c. 10. Apelle dans ce tableau paraissait avoir surpassé les vers d'Homère, qui dé- crit le même sujet. — Vénus anadyomène ou sortant de l'onde. — Gampaspe, maîtresse d'Alexandre. — Une Vénus restée imparfaite : elle était destinée pour llle de Cos; la mort empêcha Appelle de la terminer, et aucun peintre n'osa achever cet ouvrage. — Il peignit différens tableaux représentant des personnes expirantes. Pliit. i. 35. c. 10. — La pompe sacrée de Mégabyse , pontif de Diane, à Epbèse. Pliu.I. 35. c. 10.— Glitus partant pour la guerre; son écoyer lui présente son casque. — Habron, personnage efféminé, à Samos. Pliii.1.35.c. 10. — Ménandre, roi de Garie, à Rhodes. Pliu. 1.35. c. 10. — Gorgosthène, le tragédien, à Alexandrie. Pliit. 1. 35. c. 10. — Les Dioscnres, à Rome. Plih. 1. 35. c. lo. — Ancée, à Rhodes. Pliit. 1. 35. c 10. — La Victoire et Alexandre, à Rome. Plih. 1. 35. c. 10. — Belione représentée les mains liées derrière le dos et attachée au char triom- phal d'Alexandre, à Rome. Pliit. 1. 35. c. 10. — On lui attribue l'her- cnle vu par le dos, conservé au temple d'Antonin, ouvrage où la pers- pective semble promettre encore plus qu'on ne voit. Plik. 1. 35. c. t o. — Un héros nn. Pline dit (1. 35. c. 10.) que dans cette peintutts il provoque la nature elle-même. — Le fameux tableau de la Calomnie. Pliit. 1. 35. c. 10. — Un cheval : il fit hennir les chevaux naturels. Pliit. 1. 35. c. 10. — Néoptolème à cheval, combattant contre les Perses. Plik. 1. 35. CIO. — ArchélaQs accompagné de sa femme et de sa fille. Pliit. 1. 35. c. 10. — Antigone à cheval et cuirassé. Pline dit (1. 35. c. 10.) que les connabseurs préféraient ce tableau à tous les autres de ce maître. — Cet artiste peignit anssi des effets qui excèdent les bornes de l'art, tels que la foudre, les éclairs, les éclats du tonnerre, et on appela de ces mêmes noms ces tableaux. Vue. I. 35. c. io« Apelle réussissait parfaitement dans les portraits ; il fut du nombre des peintres qui avec quatre couleurs seulement ont produit des chefs d'oeuvre. 11 écrivit sur son art des livres qu'il dédia à son élève Persée, et qui contri- buèrent beaucoup, dit Pline, aux progrès de la peinture. Les titres d' Apelle à la célébrité se trouvent consignés dans une foule d'écri- vains de l'antiquité. Aucun peintre ne mettait autant de grflce dans ses ouvrages. Enfin Pline dît qu'il est le premier parmi les peintres passés et à venir. Digitized by Google 5q6 HISTOIBB DB la PBIRTtl&B. •».^.-r.. ARISTIDE, de Thèbei» peintre, élèTe d'Baxéiiidat. Puh. 1.35. c.ao. Un fameux ubleaa repréieaUDt, daos une ville prise d'assaut, une mère blessée et mourant«, et auprès d'elle son enfant. On remar- quait l'inquiétude de cette mère expirante, qui craignait que aon enfant ne suçât au lieu de lait le sang de sa blessure. Ce tableau, chef- d'œuvre d'Aristide, fut transporté à Pella par ordre d'Alexandre. — Un suppliant. Puii.l.55.c. lo. On dit qu'il ne lui manquait que la Toix. — Des chasseurs et leur gibier. Plih.1.55.c. lo. — Un malade* Plu. 1. 55. c. 10. On ne tarissait point en louanges au sujet de ce ta- bleau.— Le peintre Léontion. — Bacchus, tableau fameux enlcTé de Corintbe par Mnmmius. — Des quadriges en course. Plih. L 35. c. lo. Biblis mourant d'amour pour son frère Gaunus. Plik. 1. 55. c. lo. — Bacchus et Ariane, à Rome, dans le temple de Gérés. Puh. 1. 55. c. lo. — Un tragédien accompagné «d'un jeune garçon, à Rome, dans le temple d'Apollon. Plu. 1.55. c. lo. Ge tableau fut gâté par un peintre qui Toulut le nétoyer. — Un Tieillard montrant à un enfant à jouer de la lyre, à Rome, dans le temple de la Foi. Plih. 1. 55. c. io. — Iris; • la mort empêcha Aristide de terminer ce tableau. Plin. 1. S5. c lo. — Un combat contre les Perses. Puzi, 1.55. c. lo. Ge tableau oh il y avait environ cant figures fut payé 117 5oo francs de notre monnaie, par le tyran Mnason. Pline, en reprochant à Aristide de la dftreté dans le co- loris, dit qu'il excellait dans l'expresûon des mœurs et des passions. ARISTIDE, pôintn, fils et élève d'^Aristide de Thèbes. Un satire portant une coupe sur sa tète. Plia. 1. 55. c. 10. ANTIPHILE, d'Egypte, peinif, élève de Gtésidème. Puk. Un tableau représentant un enfant souflant le len» ouvrage plein de vé- rité : on admirait la bouche de cet enfant et la lueur du feu qui lais- sait apercevoir de riches appartemeos. Plin«1.55.c. 11. — Un faune avec la peau de panthère ou la pardalis. Ge faune célèbre fut surnom* mé apesco^vonta. Plih.L55.c. 11. — Hésione, tableau très-ranté, à Rome. Puh. 1. 55. c. 10. — Minerve, Bacchus : ouvrages qu'on voyait à Rome. Plim. 1. 55 .c. 10. — Hippolyte saisi d'effroi à la vue du mons- tre envoyé contre lui, à Rome.PLia«L55.c. 10. — Gadmns, Europe, à Rome. Pux. l»35»c. 10. —Philippe, Alexandre enfant : tous ces ta- bleaux se virent à Rome. Plih. 1. 55. c. 10. — Aleiaodre-le-Grand, Philippe et Minerve^ à Rome. Plih. L 55. o, 10. — Un tableau représen- tant une fabrique d'ouvrages en laine, oti des femmes se hAlent d'ex- pédier lenr tâche. — Des grylli» espèces de caricatures. pLia.l.55.c. 10.— La chasse du roi Ptolémée. Pijiv.l.35.c.io. Antiphile était attaché â la cour des Ptolémées, et lorsqn'Apelle y vint, il chercha à le perdre. QoiotlUen (I. ia.c. 10.) dit qui! avait dans le travail une extrême facilité. Théoo le sophiste rapproche Antiphile d'Apelle et de Protogène. Varron le rapproche aussi de Lysippe, Antiphile est cité aussi par Lucien. \ Digitized by Google LISTB CHEOIV. DB^PBIKT. » 8C. BT 6B. DE L AIIT. — S' PÉB. Su? AGASIAS, d'Ephèse, tatioo des chairs. Les doigts, dit Pline, j paraissent imprimés plutôt dans nn vrai corps que dans du marbre. Plih* 1. 56. c. 5. — Latone, statue en marbre, à Rome, dans le temple du mont Palatin. Pus. L 56. c. 5. — Escnlape et Diane, statues en marbre, à Rome, aux por- tiques d'Octavie. Plih. ]. 56. c. 5. — Des statues de philosophes, ouTragcs en bronze. Pur. I.54*c.8.— Bellone, exécutée, dit Pausanias, par les fils de Praxitèle. 1. 1. c. 8. — Un autel d'une rare beauté, à Athènes, dans le temple de Jupiter sauveur. Pmr. 1. 1 . c. 8. — Mercure nourrissant Bac- chus enfant, ouvrage en bronie. Puir. 1. 1 . c. 8. —Un orateur en bronze; il a la main élevée. Plih. — La coortisanne Myro. PUne appelle Cé- pbissodote, l'héritier des talens de son père. XÉNOPHON, d'Athènes, statuaire. Pius. 1. g.c. i6. — — Diane, conser- vatrice, et la ville de Mégalopolis, k MégalopoUs, dans le temple de Jupiter. Pads. 1. 8.c. 5o. Ouvrage en marbre pentélique, fait en société avec Géphissodote d'Athènes. GALLISTONIGUS, de Thèbes, statuaire. THÉRON, de Béotie, statuaire. Gorgus pentathle, dans l'Aitys. Pads. 1.6. c. i4. EUTHYGR ATE, statuaire, fils et élève de Lysîppe. Plih. 1. 54. c. 8. Tat. p. i8a. — Hercule, à Delphes. Plih. 1.54.C.8. — Alexandre. Plih. 1. 54. c. 8. — Le chasseur Thespis ; les Muses, à Thespies ; Trophonius ; plusieurs Médées snr des quadriges ; un cheval muselé; des chiens de chasse ; Mnésarchis, femme éphésienne ; un combat équestre. PUne indique ces divers ouvrages (1. 54.C.8). — La courtisanne Anyta, ou- vrage fait en société avec Géphissodote. Tat. — Penteuchis, fille en- ceinte des suites d'un viol : cette statue était en bronae.PuH.1.54* c. 8. PUne dit qoe le style d'Euthyorate fut en général plus austère qu'agréable (1.54.C.8.). GHARÈS, de l'Inde, statuaire, élève de Lysippe. Plih. Le célèbre colosse de Rhodes, haut de 70 coudées. Pl». 1. 54« c. 7. — Une tète co- lossale. Plih. 1.54- c. 7. Gette sUtoe, très-estimée, fut contactée dana le Gapitole par le consal P. Lentulos. LAGHËS, de l'Inde, statuaire. Il termina le colosse de Rhodes, que le mort de Gharès empêcha qu'il ne finit. Arth.Gh. Ep.De Simomiée. (Peut-être Lâchés de l'Inde, n'est-il autre que Gharès de riode.) STHÉNIS, d'Olynthie, sMiiaire.Pux.l.54.c.8. La statue de Pyt- talus, vainqueur au ceste, dans l'Altys. Pads. 1.6.c. 16. — Charilns, vainqueur au pugilat, dans l'Altys. Pads. 1. 6. c 17. — Gérés, Jupiter et Minerve, statues en bronze, à Rome, dans le temple de la Concorde. Plih. 1.34. c. 8. — Des femmes éplorées, ouvrages en bronze. Plih. 1. 34. C.8.— Des femmes en adoration et faisant des sacrifices : ouvrages Digitized by Google LISTE CBBOII. DBS PBINT. p SC ET GB. DB L ART. — 5* PAR. Sqq «V. J.X. CD broDM. PLiir.].34.c.8, — Antolycus, fondateur de la TÎUe de Si- Dople ; très-bel ouvrage transporté à Rome par LocuUas après la prUa de Sioople. Stiab. 1. 1 a. Plut, m vit, LucultL TISIGRATE, de Sicyone, tlatuaire, élève d'Eutychrate. Puh. 1. S4. c. 8. Un Tieillard thébain ; le roi Démétrius ; Peuceste, qui avait sauvé la rie à Alexandre ; un char à deaz cbevauz, en bronze. Plin . 1. 34. c. 8. {yoy» Piston.) On pouvait à peine distinguer ces ouvrages de ceux de Lysippe. SILANION, d'Athènes, tiatuain. Puh. 1.34. c.8. Satyms, vain- queur au pugilat, dans l'Altys. Pacs. 1.6.C.4* — ^ {eune Télestas, vainqueur au pugilat. Pads. 1. 6. c. i4. — Achille, statue célèbre, en bronze. Plin. 1. 34* c. 8. — Démarate enfant, vainqueur au pugilat, dans l'Altys. Pads. 1. 6. c. i4. — Le portrait du statuaire Apollodore. Pline dit (1. 34. c. 8.) que Silanion exprima sur ce portrait les emportemens ordinaires de son modèle, en sorte que ce morceau représentait moins nn homme que la colère elle-même. (^oy. Apollodore.) — Sapho, statue en bronze, probablement celle qu'enleva Verres. Gicéron {In ferr,) en parle avec éloge. Tat. Advmgrœc, — Gorinne. Tat. Aév^gfœe, Jocaste mourante. Plot. Dû poetU auditnd, — Thésée. Plut. Dt poeiit audiend, — Pluton, statue consacrée dans l'académie par Mitridate de Perse. Diog. 1. 3. in vitâPiaionit»-^ Un inspecteur des jeux exerçant des athlètes. Pun . 1. 34. c. 8. Pline dit que Silanion ne travaillait qu'en bronze, et que cet artiste est remarquable, parce qu'il devint célèbre sans aucun maître (1. 34. c. 8.). SelonVitruve ( préface du 1. 7), Silanion avait laissé un livre de préceptes sur la symétrie. Plutarque dit ( De poetit audisnd.) que les Athéniens donnaient à cet artiste le même rang parmi les statuaires, qu'à Parrhasius parmi les peintres. Il est eité par Thémisthius. Omf.5.p.64. ZEUXIS, modeleur, élève de Silanion. Puir. 1. 34. c. 8. An». JADES, statuaire, élève de Silanion. Puh. 1.34. c.8. JON, ttatuaire. Puir. 1. 34. c. 8. GRONIUS, graveur, Tberpsycore debout, à Rome. Bbacci. pi. 56. Pliv. 1« 37. c. 1. On croit que cette figarea été répétée depuis par Onésas et par JÈUua. Il grava aussi les sceaux de l'état, à Rome. Gronius est un des quatre graveurs cités par Pline, et probablement de l'époque de Pyrgotèle. EUTYGIIIDE, de Sicyone, êtatuaire, élève de Lysippe. Pu*. 1. 34. c. 8. Le fleuve Eurotas, bronze ; figure plus coulante, dit Pline, que les eaux mêmes du fleuve (lt34.c.8.). — Bacchof, ouvnge très-vanté, à Rome, dans les monumens d'Asinins Pollion. Plia. L 36. c. 5. — La Fortune, à Antioche, statue que les Syriena avaient en grande vénéra- tion. Paos. 1. 6. c. a. — Uq diea des jardina. Aura. Ga. — h^ statue de Démosthéne. — Timosthène, vainquent an stade, dans l'Altys. Paos. L6.C.3. Digitized by Google 600 . niSTOIRB !)£ LA PEINTVBfi. Années av. J.X. LAUYPPE» de l'école de Ljaîppe. Tlli ARQUE, «ta SC. ET GB. DE l'aNT. — 5*p£r. Luc. {Fey, l'écrit de Manni.} 54. ZÉNODORE, peintre, statuaire, eifeUur. Descolosacsplus grands que tous ceux qu'on avait exécutés jusqu'alors. —Mercure, colosse en bronze, en Auvergne. Pu». —Néron, peinture sur toile, haute de 1 ao pieds, dans les jardins de Maia. Cette folie de notre siècle, dit Pline, fut eonsuinée par lir foudre. Zénodore fut pendant 10 ans occupé au colosse d'Au- vergne. Dans l'art de la sculpture et de la ciselure, il ne le cédait, dit Pline, à aucun maître de l'antiquité. 11 copia deux coupes, ciselées par CalamiSy et on confondait ces copies avec les originaux. MÉNODOREouMONODO&B,d'Athènes,«.* AMMONIUS, ciseteuK Qacna. — Un faune. Rasm. pi. 39, n* 43 ao. 4o5. AMPHION, de Grosse» statuaire. 388 58o 33i. AMPHION, peintre. 597 4ooà3oo. AMPUISTRATE,- statuaire. 601 Digitized by Google LISTE ALPH^B. DES PEINT. » SC. ET GB. DE l'anT. 6i 7 av. J.-C. P*g« dn vnl. 9. — AMPHOTERUS, graveur. Tête d'an jeane homme, ceinte d'une bandelette. Biaggi. pi. 17. — Tête de Rhoëmitalus, roi de Thrace. Museom fiorentinum. tom. a. tab. 10, n« 3. 54.* AMULIUS, peintre. 611 480. ABiYGLAÉUS, statuaire. S6S 480. ANAXAGORE, ttatuaire. 565 3ooà3oo. ANAXANDRA, punire. 6o4 — ANAXAIfDRE, peintre dn troUième ordre. Puh. 1. 55. c. ii. — ANDRÉAS^ d'Argos, statuaire, — Lysippe enfant, Tainqneur à la lotte. Pau8. L6. C.16. — ANDROBIUS, peintre. — - Scyllis coupant les ancres des ▼aisseaux des Perses. Pline (1.35. c. 11.) le classe parmi les peintres du second ordre. • ~ ANDROBULE, statuaire, Des statues en bronze représentant des philosophes. Selon Pline (L34* c.8.), Androbule eicellait dans ce genre de représentation. — ANDROGLËS. (Fby. Mandroclés.) 400. ANDROGYDE, peintre. 583 160.* ANDRON, statuaire. 6i5 4»5. ANDROSTHÈNE, statuaire. 678 — ANGÉLION. (Fby.Tectée.) — ANRIAIITUfi, âteleur. BtAcci. 5i6. ANTSNOR, statuaire. 56a 100 à 100* ANTÉROS, graveur. 6i3 aoo. ANTHÉE, statuaire. 6o3 573. ANTHERMUS,deGhio, statuaire. 556 559 6ooi5oo. ANTHERMT7S. Pline semble indiquer un autre Anthermus, sculpteur et fils du précédent. 35a. ANTIDOTE, peintre. 398 589 aa4. ANTIGONE, statuaire. 369 6o3 iisoo.« ANTIGONE, graveur. 61a — ANTIMAQUE, statuaire. Des statues de femmes illustres, ouvrages en bronze. Pliit. 1.34. c.8. 100 • soo.» ANTIOGHUS, graveur. 6i3 — ANTIOGHUS, d'Athènes, statuaire. On lit son nom gravé sur la base d'une Minerve de la villa Lodovisi. — ANTIPATER, graveur célèbre selon PUne (1. 33). ^4ia. ANTIPHANB, d'Argos, statuaire. 5;8 600 k 5oo. ANTIPHILE, statuaire et anhiieeie. BG2 53i. ANTIPHILE, d'Egypie, peintre. 479 ^^ TOME H. 45 Digitized by Google fil 8 HISTOIRB DE LA PEIWTDRE. A-«i«.T.J..C. P.g«d«,n!.,^ i38.' ANTONlIf, peintre. 6i5 4ooà3oo. ANTORIDES, peintre. 6oa — APATURIUS, peintre. Il peignit les décorations du théâtre dcTralIes, ^Ue de Lydie. Vit, 1. 7. c. 5. On les critiqua comme peu convenables an lien de la scène. 35i. APELLE, peintre, 47a— a3o— aai-.a4o 5^4 ~ APELLE, graveur. Un masque foéniqne. Milux. DieL Bijkcci. VïSCOHTI. 437. APELLES on APSLLAS, iîaiuaire. 5yi 44. APHRODISIUS, êtatuaire. 6io 4i5. APOLLODORE» d'Athènes, /Demfr*. 365 577 4ook3oo. APOLLODORE» ttatuaire. 4^7 601 — APOLLODOTE, graveur. Minerre. Baicci. — Othryades mourant. Bbagoi. DsMoaa. Une des pins anciennes pierres graréet représente ce sojet : on la voit dans Nattier. Milliv. Diti, 3ooisoo. APOLLONIDE, graveur. ^«4 i64. APOLLONIUS, ûls de Nestor d'Athènes, tîatumrc» auteur du lorte da BelTédère. 3i-.488 606 48. APOLLONIUS, de Rhodes, êialuaire. i^t 609 48. APOLLONIUS, de Prienoe, statuaire, 49> ^10 — APOLLONIUS, d'Athènes, êtatuaire, fils d'Arcfaias. On lit oe nom sur une tète d'Auguste, en bronze, du musée Portici. (Foy. le i«« toU des Attt.d'Hercuûnum, pag. a. — APOLLONIUS, êtatuaire. On Ut ce nom sur un Hercule couché sar le côté. Gmonm. Inteript, — APOLLONIUS, graveur, cité par Winckelmann. — APOLLONIUS, graveur, Diane des montagnes le fiambeau à la main, améthyste du cabinet de Naples. Stosch. Bracci. Milux. Dict. — AQUILAS, graveur, Une Vénus au bain. Rask. Milux. Diet. — Jupiter. BaAcci. 5o4. ARGÉSILA9, peintre. 600 4ia. ARCÉSILAUS, peintre. SyS 67. ARGÉSILAUS, statuaire et plast'œiem. 5i6 607 looàrani. ARCÉSILAUS, statttaire. 610 — ARGHÈLAUS, de Prieone. (Fby. Apollonius, de Prienne.) ^ ARGHENNUS. {Voy. Anthermus.) 164. ARGHÊSITAS, statuaire. 60G — ARGHION, graveur. Pfttc antique de la collection du comte Thoms, achetée par le prince d'Orange. Dsinma. 900. ARDIGES, pfaslicicn. SSy Digitized by Google LISTE ALPHAB. DES PEINT., SC. ET GE. DE l'anT. 619 ÈMuée»av.J.-C, Pige» du vol f. — AREGON, de Gorînthe, peintre, — Le mc de Troie ; U nûsMoce de Diane, tableaux, dans un temple près de Pise. Strab. 1.8. 48. ARÉLIUS, peintre, GoS — ARETHON. (f^oy. Alphie.) 4a5. ARGIUS, statuaire. Bjy — ARGUS, Uatuaire, Janon, à Tiriotbe. DAmét. Cl*». Al. m Proirepi, aégènteio 491. ARIMNA, peintre. 5o4 563 5ooi4oo. ARISTANDRE, de Paroi, />«fi(reMitfnf9ae. Pads. 4o5. ARISTANDRE, ttatuaire. 58o — ARISTARÈTE, femme, peintrej fiUe et élèTe de Néarqoe. — Esca- bipe..PLiiT. 1.35. c. II. ' 117.* ARISTÉAS et PAPIAS, ttatmires. 6i3 4t5. ARISTIDE, de Sicyone, statuaire. 577 33 1. ARISTIDE, de Tbèbes, /mmIiv. (tom. 4, p. 45o.) 4;$ 596 353. ARISTIDE, frère de Nîcomaqae, peintre» 591 33 1. ARISTIDE, ûls d'Aristide de Tbèbes, f)e«n«i«. 596 460 à 3hi ARISTIPE on ARISTON, peintre. — ARISTOBULE, de Syrie, peintre dn troisième ordre. Puii. L 35. c. 1 1 . 6i3. ARISTOCLÈS, de Sidonie, on l'ancien, statuaire. 558 5a5. ARISTOCLÈS, de Sicyone» frère de Canacbos, ttatuaire. 56i 480. ARISTOCLÈS, ais de Clèoétas, statuaire. 565 33i. ARISTOCLÈS, pemtre. 597 — ARISTOCLIDES, peintre. Plnâeon peintures dans le temple d'Apollon, à Delpbes. Plir. 1.35. c. 11. S60. ARISTODÉME, statuaire. Z^ 585 35a. ARISTODÉME, de Carie, ^inlM. 588 911.' ARISTODÉME, peintre. 3ooà>oo. ARISTODÉME, peintre. Plir. — ARISTODOTE, statuaire. La courtisane Myrtides.TAT. a4v. sfœc. 353. ARISTOGITOK, statuaire. 586 35a. ARISTOLAUS, peintre. IgS 588 — AR ] STOM AQUE, statuaire. Les sUtnes des courtisanes Pbémonoé, Ménécrates et Prazo. Aan. Ga. 484. ARISTOMÈDE, «tafiuiire. 564 480. ARISTOMÉDON, statuaire, ' 566 — ARISTOMÈNES, peintre. Vit. 400 .300. ARISTON, peintre. 6oa — ARISTON, de Lacédémone, statuaire. Plui. 1.34. c.8. Jupiter, statue colossale, en bronze, baute de diz-bnit pieds; ouvrage fait en Digitized by Google 6aO HISTOIRE DE J.A PEINTUBB. Année* st. J.-C. Page* an vol. iociétd avec son frère Télcstas oaTélëtas. Cet artiste travaillait i en argent. Pmh . 1. 5. c. 8. — ARISTON, de Mitylëne, eUeleur, Puir. — ARISTONIDAS, peintre du troisième ordre, père de BiDasitime. Puit. 1.35. 0.11. — ARISTONIDASy ttatuaire, — - Atbamaotes Tenant de précipiter son fils Léarchas, à Thèbes. Plih. 1.34. c. i4* On dit que ce staluaire mêla da coiTre rouge dans la fonte, pour exprimer par cette coulenr la rougeur de la honte sur le visage. — ARISTONIDAS. (f>y.OphéUon.) — ARISTONUS ou ARISTONOUS, d'Egync, ttatuaire. Jupiter cou- ronné de lys, tenant un aigle d'une main et un fondre de l'autre, à Olympie. Paos. 1.5. c. aa. 4ia. ARISTOPHON, peintre, Z6j SjS 1 a ioo.« ARTÉMIDORE, peintre. 6ia 48. ARTÉMON, statuaire. 6io 3o*«9oo. ARTÉMON, peintre. 6o4 — ARUNTIUS-PATERGULUS , ttatuaire. Un cheval d'airain, à Sg7*t«» ^ l'instar du tanreau de Phalaris. Aaisno. 1. 4- Italicon. Puit. 484. ASGARUS, ttatuaire. , 564 35a. ASGLÉPIODORE, peintre. 590 — ASGLÉPIODORE, ttatuaire. Des «tatues en bronze représentant des philosophes. Pline dit (1.34. c.8.) que cet artiste excellait dans ce genre de représentation. 4a3. ASOPODORE, ttatuaire. Sjj — ASPASIUS, graveur. Nom inscrit-sur une tète de Minerve. Srosca. pi. i3. — Tète de Jupiter. Baicci. pi. 8. Millir. Dict. — ASSALEGTUS, ttatuaire. Selon W inckelmann, on lit ce nom sur uoe statue d'Esculape du palais Vérospi. — ASTÉAI. On lit ce nom sur un vase peint. 395. ASTÉRION, ttatuaire. 5^4 69.* ATÉRltlS-IiABÉO, peintre. 6xa aoo. ATHÉNÉE, ttatuaire. 6o5 35a. ATHÉNION, peintre. 4oi 590 •— ATHÉNION, graveur. Jupiter foudroyant les Titans, camée du cabinet Farnèse. Baicci. MiLuir.Dccf. — ATHÉNIS. (F0y. Anthermus de Ghio, pag. 559.) 4o5. ATHÉNODORE, ttatuaire. 58o 4a5. ATHÉNODORE, de Glitore, ttatuaire. S-jy 48. ATHÉNODORE, fils d'Agésandrc, ttatuaire. 5o3 610 100 à 3oo.« ATTALUS, d'Athènes, ttatuaire. 6i5 Digitized by Google LISTE ALPHAB. DBS PBINT. , SC. BT GR. D£ l'aN T. 62 1 •aces «T. J.-C. P>g«* au Yot. 9. — ATTALUS. (f>y. Tains.) — ATTIGIANUS, d'Aphrodisium, ttatuaire. On lit ce Dom sar une Muse de U galerie de Florence. (Foy*. Ifas.flor., tom.3» pl.aa et 8a.) 67. AULANIUS EVANDER, statuaire. 608 — AU LUS, graveur, Un cavalier grec ; an quadrige ; one tête de Diane ; un Escolape (collect. de Stroaû). Stosch et Baagci. — T£te de Pto- lémëe.Philop. — Vénus et l'Amour; l'Amour lié à un trophée; un autre Amour enchaîné, bêchant la terre; le devant d'un cheval; télé de Faune, d'Hercule jeune, de Laocoon (BibUroy.) ; et une autre tête inconnue. Bracci. Dimubr et Millir. ino a I. AULUS ALEXA, fils ou frère de Quintus Alexa, graveur. Pâte de verre de la collection Barbérini. — AUTOBULUS, femme, peintre, élève d'Olympias. Plir. 1.35. c. 11. — AXÉOGHUS, graveur. Un faune jouant de la lyre près d'un enfant. BaAcci. pL43. Stosgh. pi. ao. Millïk. Diet. 48. BATHRAGHUS, statuaire. 608 56o. BATHYGLÈS, statuaire, (tom.5. pag.4o4.) S60 — B ATTON, statuaire, Des athlètes, des hommes armés, des chasseurs et des sacrificateurs. Puk. 1. 34* c 8. — Apollon et Junon, à Borne, dans le temple de la Concorde (bronxe). Puic. 1.34. c.8. 3o4. BÉDAS, statuaire. iSj-^ZiS 600 — BÊDAS, de Bysance, statuaire. Vit. i55o. BÉSÉLÉEL, sculpteur hébreu. — BION, de Hilet, sculpteur. Polémon. Dioc. L. 1. 4. — BION, de Ghio, sculpteur. Dioc. L. 436. BOÉTHUS, statuaire. 548 576 — BOISGUS, statuaire. La courtisannc Biyrtidcs. Tat. adv. groec. 4i3. BRIÉTÈS, peintre. 579 — BROTÉAS, fils de Tantale, statuaire. La mère des dieux. Paos. 1. 3. cas. i35o. BRY AXIS l'ancien, statuaire. 556 35a. BRYAXIS, d'Athènes, statuaire. 39a— 5i3 587 700. BU L ARQUE, peintre. 979 557 540. BUPALUS, statuaire. 56u — BYZAS, statuaire. 600 à Soo. BYZES, statuaire. 56a — CAÉGAS,^mvsifr.—- Un soldat. Rsacci. Sroscn. 384. GALAGiSouGALADÈS,/>einlre. 6o5 48o. GALAMIS, statuaire. ^ni 565 Digitized by Google 692 HISTOI&B DE LA PEI1ITUB£. Année» «v. J.-C. P«S« «>» *oï- « • — GALLIADÈ9, peintre, Lcci. — GALLIADÈS, flaftiAÎre. La coartisanae Néroc. Tat. adv. grœe, pag. i83. LoGi. Cet artiste travailla eo bionae et eo^ argeot. Pua* C.8. — G ALLIAS, teulpiùur. Fuir. £00 • 400. GALLIGLÈS, de Mégare, statuaire. 58i 35a. GALLIGLÈS, peintre. $89 5ooà4oo. GALLIGRATE, de LacédémoDe, sculpteur. SS\ — GALLIGRATE, peintre. F.Jdnids. TbAopbilactus. Simocratus. Bp.S, 45o. CXLLlVLA.QV'Ey de Corinihe, sculpteur, peintre et arebileete» 3i4 $69- — GALLIMAQUB, sculpteur. Nom inscrit sur un bas-relief da capitole. -> GALLIPHON, ném d'uo peintre grec ÎDScrit sur un vase peint. 3o4. GALLISTONIGUS, statuaire. 59S aoo. GALLISTRATE, statuaire. 6o5 — GALLISTRATE, de Lacédémone, sculpteur. {Fay. Myrmécide, p. 5j3.) 45o. GALLITÉLÈS, statuaire. Syo 300. GALLIXÈNE, statuaire. 6o5 54u. GALLON, d'Egyne, statuaire. 3i6 56o 45o. GALLON, d'Elis, statuaire. 568 — GALOS, statuaire, Une Eaménide, à Athènes. GlMm. Al. 480. GALYNTHUS, statuaire. 565 3o4. GALYPHON, peintre. 600 — GALYPSO, femme, f70iiilre. UnTieilIard; Théodore l'Empirique. pLiir. 1.35. c. 11. 535. GANAGHnS,de Sicyone, seci//if0ur. 387 56i 4o5. GANAGHUS, statuaire. 58o 38o. GANTHARE, statuaire. S8i looii GARBILIUS, peintre. BaAcci. 353. GARMANIDÈS, peintre. 589 — GARPUS, graveur é Bacchus et Ariadne sur une panthère, grarè sur jaspe rouge (du cabinet du grand duc de Toscane). Stosck. pi. 33. BaAcci. pi. 46. — Hercule et lole. Rasm, n* 6019. (Foy. encore Millin et Demurr. ) 311.* GARTÉRIUS, peintre. 6i5 — GARYSTIUS, de Pergame, peintre. Il fat le premier qui représenta la Victoire avec des ailes. (Aaisrora. Cam.dês Oiseaux.) 284.* GASTORIUS, peintre. 6i5 — GENGHRAMIS, sculpteur. Des statues de philosophes, en bronze. Pliw. 1 34. c. 8. v5ou:.4oo. GÉPHISSODORE, peintre. S81 Digitized by Google LISTE ALPHAB. DES PEINT. , SC. ET GR. DE L*ANT. GsS Années ar. J.-C. Pagct du vol. a. 4a5. GÉPHISSODORE, peintre. SjS 553. GÉPHISSODORE, tcuipfêur. $87 5o4. GÉPHISSODOTE, fib de Praxitèle, ttatuain. 4ia— 49^ 598 600. GÉPHISSODOTE, d'Athènea, ëculpteur. 600 4ooà3do.GHAÉRAÉRAS, ttaiuaire. 601 — GUAÉRÉMON, graveur, Une tête de faane. Milli». l/VincKiLMAivir. — GHAÉRÉPHANES, peintre. De» femmes et des hommes livrés à la débaoche. Plut. — GHALGOSTHÈNES, statuaire et plattkAen. Des statues d'atblètes, de comédiens et de philosophes, en bronze. Pun. 1.34* c. 8. Oo Toyait an Géramiqae différens antres ouvrages en bronze de cet artiste. , Pline dit (1. 35. c. is.) qu'on estimait weê modèles en terre cuite. ttatuairt. 698 peintre. SSy statuaire, S$g statuaire. 585 sculpteur. Biacci. statuaire. 566 — GHOÉRILUS, d'OIynthe, statuaire. Sthénis éléen, vainqueur au pugilat. Paus. 1. 6. statuaire. 56o peintre, peintre, (c.aa5. secl. a. tom.6.) 557 - Des cavales en bronze, à Athènes, ^li. Far. 3o4. GHARÈS» 850. CHARMIDAS, 688. GHÀRTA, 36o. GHÉIRISOPHUS, I àioo.* GHIMARUS, 48o. GHIONIS, 53a. GHRYSOTHÉMIS, 5oo à 400. GIDI AS, 85o. GIMON, de Gléone. — GIMON, statuaire. - Hist. 1.9. c.3a. GLAUDIU9, statuaire, 6i5 GLÉANTHE, de Gorinthe, peintre. 556 — GLÉOGHARÈS. (r^y. Léocharès.) GooàSoo. GLÉOÉTAS, statuaire, 565 164. GLÉOMÈNE, statuaire. igi 606 GLÊOMÈNE, fils de Gléomène, statuaire. 495 606 G LÉON, de Sicyone, statuaire. 585 CLÉON, ^ravear. Apollon Gytharède. Rsacci. GLÉON, peintre. Gadmus. Pline (1.35. c. 11.] le range parmi les peintres du second ordre. GLÉOPHANTES, peintre. SSy GLÉSIAS ou GTÉSIAS, statuaire. 6o5 GLÉSIDÉME, peintre, 591 Sooâaoo. GLÉSIDÈS, peintre, 6o4 ,00 il. GNÉIUS, (graveur, 610 a84.' 900. i46. 58o. 654. 384. 356. Digitized by Google 624 HISTOIRE DE LA PEIRTUBE. Anncei ar. J.-<^. P«g«» *■ ▼ol. ». looà I. GOÉMUS ou QUINTUS, graveur. 610 100 à I. GOÉNUS, p^ntre. Portraits de ftmille. Puk. 1. 35. c. 1 1. 443. GOLOTÈS, statuaire, élève de Phidias. 35o Syi 48. GOLOTÈS, de Paros, statuaire. 608 4oo. GOIiOTÈS, de Thèos, peintre. 585 — GOPONIUS, statuaire. — — Qaatone statues représentant des nationa qui environnent la statue du grand Pompée, à Rome. Y aie. Fliv. 1.36. C.5. ^ GORlfELIUS-DASSUS, sculpteur. Baicci. 69.* GORNELIUSPINUS, peintre. 611 164. GORNBLlUS-SATURNINUS,sfalttmr«. 606 33 1. GORYBAS, peintre. 597 — GRATÉRUS, graveur. Diane d'Ephèse, cornaline da cabinet de Stosch. 48. GRATÉRUS, statuaire. 610 -* GRATÉRUS ou GRATINUS, peintre du second ordre. Pus. 1. 35. c. 1 1 . Il peignit, à Athènes, des portraits de comédiens, dans le Pom- péium, qui était un lieu où Ton conserrait les vases qui n'étaient en usage que les jours d'apparat. (Miuas.) Le 4* volume des peintures d'Herculanum offre de semblables sujets. — GRATINUS. (roy.Gratérus). 900. GRATON, de Sicyone, peintre. SSy — GRÈS, statuaire. Le dieu Pan, bronae célèbre. Aim. Ga. 45o. GRITIAS, d'Athènes, statuaire. 570 443. GRITIAS NÉSIOTE, statuaire. SyZ — GRITON et NIGOLAUS, statuaires. Athéniens, dont les noms se lisent sur les canépbores, caryatides de la villa Albani. (f^^y.Winckelmann.) 3o4. GRONIUS, graveur. 599 — GTÉSIAS. (roy.Glésias.) — GTÉSIGLÈS, statuaire. La statue de Samus, en marbre deParos. Athénée dit (I. i3. c.8.) que cet ouvrage fit une vive impression sur GléisophoS'Selimbriacus. 436. GTÉSILAS, statuaire, Sj6 — GTÉSILAUS ou DÉSILAUS, statuaire. Pur. 33i. GTÉSILOQUE, peintre. 697 33 1. GTÉSIOGHUS, peintre. , 697 356. GYDIAS, peintre. 585 456. CYDON, statuaire. Sjù Digitized by Google LI8TB ALPH4B. DES PEINT. , SC ET GR« DE l'anT. 6)1 5 amim av. J.'-C. Page* du vol. >. — D AGTYLIDÈS, tiatuaire. La lUtiie de Pythiai, à Rome, deni lec jardins de SerTilioa. Plw« 1. 35. c. 5. — DABIION, sULtuairô. — — Des atatoes de philoMphet, en bronse. Puv. 1.34.0.8. 33i. DAÉTONDAS, siaiuairt. Sgy — D AIPH RON, ttaiutûn. Des statues de philosophes, en bronze. Pliu. L 34. e. 8. (ooà3oo. DAIPPUS, ttatua^û. 45; 603 — D AL ION, graveur, Un cbeTal marin et une femme, sur améthyste. (Foy. Demorr.) 4^1. DAMÉ AS, de Grotone, staioaire, 563 4o5. DAMIAS, de CUtore, êtatuaire. S80 984* DAMOPHON, staiuaire. 60S — DÉGIUS, itatuaire. —Une tète colossale en bronze, consacrée dans le capitole par le consul P. Lentnlos. Cet artiste, au dire de Pline, n'uTait qu'un talent médiocro. 4nmi38oDÉDALE l'ancien, ttatuaire. 277 556 38o* DÉDALE, de Sîcyonê, statuaire. 584 612. DÉDALE, tîaiuaire. 558 ^ 38o. DÉDALE, de Bithynie, statuaire. 584 ~ DÉLIADÈS, statuaire, Pline dit (L34. c.8.) que cet artiste traTaillait en bronze «t en argent. 5m 4400. DÉMÉTRIUS, d'Alopée, statuaire. 465 58i 4.* DÉMÉTRIUS, d'Bphése, eiie/0iir. 611 — DÉMÉTRIUS, peintre. Vit. 38o. DÉMOGRITE, statuaire. 584 4s5. DÉMOPHILE et GORGASUS, peintres, piastieiens, etc. 578 •— DÉMOPHILE, d'Himère, peintre. Plih. DERGYLIDES, statuaire. Des athlètes, dans les jardins de Servi- — lins, à Rome. Pua. 1.36. c.5. DÉSILAUS. (roy. Gtésilaûs.) — DEUTON , peintre. Il rei^résenta avec beaucoup de Tenté des escaliers. — DIADUMÉNOS, sculpteur. On lit ce nom. en latin sur un beau bas- relief du musée de Paris, n* 149. 900. DIBUTADE, statuaire. 55; 85o. DINIAS, peintre. SS7 4a5. DINON, statuaire. Sjy — DIOGLÊB, graveur. — Tète d'nn jeune faune, graTée sur jaspe rouge (du cabinet de Stosch). Baicci. tom. a. DiHoaB. — DIN0MÈDE8, statuaire. Puh. TOME II. ■ 44 Digitized by Google 6s6 BI8T0X1E BE LA PEINTURE. Années ■T.J^C. Pige* du roi.». 400 k 3oo. DINOMÈNBS, statuain. 6ot — DIODORB, ciseUur. — — Un satyre endormi, ea argent. — DIODOHB9 pemfrê. Le portrait de Hènodotns. Ce portrait est critiqué dans l'Anthologie. 5ooà4oo. DIODOTE, statuaire. 38i r- DIODOT^ êeulpteur, WiircKiLHâav. 3oo • 900. DIOGÈNE, pùntre, 6ôS 48. blOGÈNE, seatptéur rt!t artkiteete. .609 i38.* DIOGNÈTB, pwUn. 6i3 — DIOMÈDES, graveur. Gauma. Inteript. — DIONYSIODORE, sculpteur. Bbacci. 484. DIONYSIUS, d'Aigos, . sculpteur. 564 4i3. DIONYSIUS, de Golophon,/»0fn DIPHILUS, graveur. Un Tase orné de deux masques (pâte de ▼erre). Mium. DsMoaa. — DISGORIDE, de Samos, peintre et mosOSciite, On fit ce nom sur une mosaïque de Pompéi. Wiuclelmajut. 480. DIYLLUS, statuaire. 365 — DOMES, graveur. Jupiter. BaAcci. .--Jonon, Apollon, Mereore, etc. ( Calcédoine du Gab . de Stoscb) . Wuckil. p. 39. 56o. DONTAS, statuaire. S60 — DORDONOS, moseûeisU. VVuicuuiAVif. 54.* DOROTHÉE, cintra. 548 611 56o. DORYGLIDAS, statuaire. 56o — DURIS, peintre, cité par Diogène Laërce, écrifit sor la peintnre. a84. DURIS, de Samos, statuaire. 6o4 35a. DYONISIUS, statuaire. 586 356. BGHION, peintre. 391 585 — ELADAS. (roy.Agéladas.) — EMILUS. (roy.Smili».) Digitized by Google LISTE ALPHAB. BBS PEINT. , SG. BT GB. DE L*ANT. 6^7 ENGADHUS, siatuairt. Sjl BNOCEUS, fiaiuairé. 56» BNELPI8TUS, graveur. Tête de Soerate, avec éiren embftmea. (Foy. Demurr.) SNTOGHUS, ttûtuaire. — r- L'Ooéan. -- Jupiter, itatiMt en marbra, à Rome, dani Its-mooQmeni d'Aatniqfl PolKoo. Puv. K56, c. 5, BPÉU8, «Iflliidtfv. 556 ». EPHORB, peintre. 6oi BPI60NE, statuaire. — Des femmeteo adoratioD, des femmes iUiu- trea, des Tieilles, des eomédieos, des orateurs, des philosophes, des athlètes, un homme soonant de la trompette, uo enfaot prodiguaut les caresses aa corps inanimé de sa mère. Ce statuaire traTaillait en bronze. Pliit. 1.54. c.8. BPINTHYNGHANUS, graveur. 609 ERATON, sculpteur. Nom gravé sur un Tase de la villa Albani. Wirck. Stosch. p. 167. BRIGONEl, peintre. 604 EURIUS, statuaire. 597 BUBOLIS, statuaire. Pur. EUBULIDES, d' Athènes, statuaire. Pios« ou EUBOLIDES. PLiif.1.34. C.8. père d'un Euchir. Un Apollon. Pius. 1. 1. c. a.^— Un homme i|iit compte avec ses doigts, ouvrage en bronze. Pliv. 1.S4* 0.8. BUBULUS, statuaire, fils de Praxitèle. Ce nom se lit sur une tèCe de la villa Negroni. Wirgolmahr. Bist. de l'art. EUGHIR ou EUNUGHIR, d'Athènes, statuaire. Bis d'EubuHdes. Mercure, statue en marbre, chez les Phénéates. Pavb. 1.8. c. i4. ^ Des athlètes, des hommes armés, des chasseurs et des sacrificateurs, statues en bronze. Puh. I.S4. c.8. EUGUYR, de Gorinthe, plastiden. SSy EUGIiIDES, statuaire. 585 BUGLIDE8, d'Egyne, statuaire, père de Smilis, contemporain de Dé- dale. Plus. 1. 7. Junon, à Samos. GUm. Al. EUGLIDES, peintre. Un char attelé de deux chevaux et surmonté d'une Victoire. Artiste du second ordre. Plih. 1.35. c. 11. EUDORUS, peintre et statuaire. Des décorations, des statues de bronze. Peintre du second ordre. Plih . EUGRAMMUS, plasticien. SSj EUHARE, peintre. SSj * EUMÉLIUS, pàntre. 6i3 EUNIGUS, statuaire et ciseleur. PHne dit que cet artiste était en grande répotatioo, et qu'il travaillait en bronze et en argent (1.33. c. 11. et 1.34. c. 8.). Digitized by Google 6a8 HISTOIRE DB LA PEINTURE» — EUPHORE, peintre, Puv. — EUFHORION» graveur. Ftine dit (1.34« c.8.) qa*U traTaiilait ea or et «n argent. Tbéocrite vaote les coupes ciselées de sa maio. Mtf. a. V. 1. 35s. EUPHRANOB, peintre ttttatimre* 331—396—471 ^87 4ooà3oo. EUPHRONIDES, ttaiuaire. 601 — EU PLUS, gravettr, Amoar sur un daufihin. Beacci. Milliv. Diet. 38o. EUPOMPE, peintre. 390 SâS 600 i 5oo. EURIPIDE, peintre. S6% — EURYGION, graveur, Viaciu. Çum bonus Buryeion, muUo eœknerai auro. Bnéid. 1. 10. vers 499* 533. EUTÉLIDAS, statuaire, 56o — EUTHIMÈDES, peintre dn second ordie. Selon Pline, élève d'Héra- clides de' Alacédoine. — EUTHUS, graveur. Silène assis au milieu de petits Amoun qui jouent de la lyre et de la double flftte. Milliit. Beacci. 3o4. EUTHYGRATE, tfaticaîre. iSS-SU 698 — EUTYGHàS, de Bitbynie, teuipteur d'un monument sépulcral ooniacré au capitole. WiRcaïuiâxir. Hitt. de fart. »àioo.* EUTYGHES, graveur. 61a 3o4. EUTYGHIDES, statuaire. 4^0 699 — EUTYGHIDES, de Hilet, graveur, fils de Zoïlus. Il promettait d'égaler Praxitèle (peut-être est-ce Pyrgotèle] ; mau la mort le moissonna à la fleur de l'ftge. Gairma» Jneeript. — EUTYGHIDES, peintr&. Pliv. — EUTYGHUS, peintre. AiiTB.Ga. 4oo. EUXÊNIDAS, peintre. 583 — EVANTHÈS, peintre. Andromède. — Prométhée enchaîné. Titiah. 1.3. 436. EYENOR^ peintre. 5yS 98. ^ EVODUS, graveur. 61a 3o4. FABIUS-PIGTOB, peintre. 5ao— 5a4 600 — FABULUS, peintre. (Voy. Amulius.) — FE L IX , graveur, élèTe ou affranchi de Galpumius-Sévèie. Dîomède enlevant le Palladium. Stosch. 36. Baicci. ^ FULVIUS, peintre. Hoaici. 1. 1 x. satyr. 7. Plih. — 6 AL ATO, peintre. Il avait peint Homère vomissant , et les antres poètes s'empressaot de humer ce qu'il vomit. JEu. Far. Biet. Lia. c. aa. Plir. 1.37. C.5. I à soo.« GAURANUS, graveur, fils d'Anicétos. Gombat d'un chien contre Digitized by Google U8TB ALPHAB. DBS PBINT.» SC BT GB. DB l'aKT. 629 AT. J.<^ P«B^ dn Tol. y . an sanglier. Stosch. Bbàcci. Od • peut-êcre pris le change, et ces deux noms se rapportent pent-être au chien vainqueur du sanglier. 700. 6ITIADAS, de Sparte, êiaiuairê, a8o SSj •^ GL AGUS, de Lemnos, àaeteur. Il est appelé par Etienne de Bys. artiste distingué. 491. GLAUGIASouGLAUGIAS» ste^uotr*. 565 -* GLAUGIDES, sUdualre. Des statues d'Athlètes, d'hommes armés, de chasseurs et de sacrificateurs, ouvrages en bronse. Pua. L 34* c. 8. , 35a. GLAUGION, ptintre. 588 590. 6LAUGUS, de Gbio, ttatuahre. 559 484. GLAUGUS, d'Argos, tiaiuair: 564 aoo. GLYGON, tiatuaire, 454 6o5 — 6LYG0N, gravsur.^— Vénus sur un taureau marin, entourée d'Amours. (Bibl. roy.). 67. GNAIUS, tMiuUr^ 608 — GOMPHUS, stafi p* 38i . — ISIDORE,slaf itatrtf. Hercule, à Paros. Puir.1.34. c. 8. ouvrage vanté. a84. ISIGONE, Haitiaire. 6o3 •^ ISMÉNIAS, peintre. Pliji. 3o4. Smà4oo. 6aoà5oo. 445. 48- 3o4. lOO. 5i6. 654. 35a. 5ooà4oo. Booàaoo, 33i. 33i. 35a. 425. LABÉON ( Atérius). LAGHÈS, LAGON, LACHATES, LADAMAS, LSDUS, LiEIUS, LAHIPPE, LALA, LAPHAÈS, 5m à4oo. itatuaire* 598 statuaire. 58 1 ttatuaire. {Voy. Pymis.) 56a ttataaire. Sj'h eiuUur et peintre, 609 teulpteur. Tzbt. statuaire, 600 peintre. 606 statuaire. 56a LASIMOIT. On lit ce nom sur un vase peint. LÉARQUE, de Rhégiam, statuaire. 558 LËOGBARÈS^ statuaire, Ge nom se Ut sur la base d'une statue de Ga^ Dimède, à la Yilla-Médîcis. Wiaca. Sga 586 LÉOGRAS, statuaire. Plih. LÉON, statuaire. Des athlètes, des hommes armés, des chasseurs, des sacrificateurs. Puir. 34. c. 8. LÉON, peintre. Puh* 1. 35. c. i 1 . LÉONIDÈS, peintre. LÉONTiON, peintre. LÉONTISGUS, peintre. LÊOPHON, statuaire. Vun. LESBOGLÈS, peintre tt ciseleur tn argent. Pur. 1.34. c.8. LKSBODOGUS, statuaire. LESBOTHMIS, statuaire, Une muse tenant une espèce de harpe, à Mityléne. krnin. 1. 14. c. 4. LEUGON. (^oy.Lacon.) LEUGON, graveur. Ge nom se lit sur une pAte antique do cabinet du prince d'Orange. {Foy. Demurr. ) LINAX, seuiptcur, "B^kcci. LOGH^US, statuaire, Plik. LOGRUS. statuaire, 58i 6o4 5/7 Digitized by Google 632 HISTOIRE DE LÀ PEINTURE. Années av. J.-C. Pages an ▼•!. 9. — IiOPHON, statuaire. Des athlètes, des hommes armés, des chas- sears, des sacrificatears, bronzes. Plir.1.34. c.8. 4.* LUC (S»), peintre. 611 — LUGIUS, graveur. —La Victoire sur nu bîge (cornaline) . ( Toy. Bracci, Stosch et Demorr. ] — LUGIUS MALLIUS, />eînfr« distingoé. Mica. SÀTuaH.l.ii.c.a. 764. LUDIUS, d'EtoUe, peintre. S57 48. LUDIUS (MARGUS), peintre. , 5a4' 608 — LYGAOFf, graveur, y iRGitK. — LYGISGUS, statuaire. La jenne Sagon, bronze. Piu. 1. 34* c 8. — LYGHUS» statuaire. Un enfant, en bronze. Fuir. 1. 34. c. 8. 4a5. LYGIUS, statuaire. i6 Sjy — LYDUS, statuaire.VLVi. — XTSANIAS, fils d'Antiochns, statuaire. Ce nom est inscrit sur la base d'un Bacchns. Wxrck. — LYSAON. ^ looàrani.LYSIAS, statuaire. 611 41 a. LYSIPPE, d'Égine, peintre. 578 33i. LYSIPPE, de Sicjone. 435-436—528 595 33 1. LYSISTRATE, de Sicyone, «fafitaifv. 44? 597 4o5. LYSON, statuaire. 5&> -— LYSUS, de Macédoine, statuaire. Grianias, ▼ainqnenr à la conrse, armé d'un bouclier ; dans l'Altys. Paos. 1.6. c. 17. — MAGHATAS» sculpteur. Baicci. 600. MALAS, de Ghio, sculpteur. 558 -- MALLIUS. (fVy.Lucius.) 800*700. MAMURIUS-VéXURIUS, me/sur. Il fit sons Nnma les anciles ou boucliers sacrés. D'après Publias Tictor, il parait qu'on lui consacra une statue dans la 6* région de Rome. 484. MANDAS, de Paros, statuaire. 564 35a. MANDROGLÈS ou ANDROGLÈS, peintre et architeeU. 591 — MARON, père de Virgile, potier. a38.^ MAXALAS, graveur. 6i3 — MAXIMUS. Sur un Tase peint du musée Vellétri, on Ut en grec Masûimus pinmit. {Voy. le a* toI. des peintures d'Hetculanum. pi. a.) 35 a. MÉGHOPANE, peintre. 395 588 56o. MÉDOIf, statuaire. 56o fiooàSoo. MÉ6AGLÈS, statuaire. 56a 35a. MËLANTHE, peintre. 4oa 590 Digitized by Google LISTE ALPHÀB. DES PEINT», SC. ET GB. BB L^ANT. 633 ■T. J.-C. Pagcn au vnl. 3. 600 ■ 5oo. MEHNON SYONITE, statuaire. Diod. di Sic. 1. i. p. u. Plik. ( Foy. aussi Saimasins. ) Ces aateun Tanteot l'exceUence da talent de cet artiste égyptien, qtti a fait la plas grande statue qu'il y eût dans tonte l'Egypte. On la Toyait à Thèbcs, à l'entrée d'un temple, avec deux autres statues de sa main. _ BIÉNÉGRATK, sculpteur. Plir. ^ MÉNÉDÈME, peintre, Dioo. L. làtoo • MÉNÉLAS, statuaire, Plik. 1 • loo. * MÉNÉLAUS, statuaire. 613 _ MEND^US. (Fcy. Mandas.) — MÉNESTHÉUS, d'Halicarnasse, statuaire, fils de Hénesthéas. Giorria. Jnseript. 35i. MÉNESTRATE, statuaire. S^ — MÉNESTRATE, peintre. Deacalîoo, Phaéton, peintures critiquées dans l'Anthologie grecque. — MÉRIPPE, peintre, Dio«.L. eoe JpoUodoro, 1.6. in Menippo. — MÉNIPPE. Diogéne Laërce distingue trois statuaires de ce nom. — MÉNIPPE. Diogéne Laërce distingue six peintres de ce nom. 54.* MÉNODORE, statuaire. 548 611 — MÉRODOTE, sculpteur. WmcuLMAaa. 5i6. MENOEGHME, statuaire. 56i -. MÉROGÈNES, statuaire. Il fit des quadriges en bronze. Plin. 1. 34.c« 8. 4Mà3oo. MÈNOPHARTE, statuaire. 6oi 436. MENTOR, graveur. Sy6 — MESTRIAS-MAR1INU8, peintre. Gaoma. Inscript. 170. MÉTRODORE, d'Athènes, peintre. 481— 5a4 6o5 600. MIGCIADÈS, de Chio, statuaire. ^Sg 491. MIGON, père d'Onatas, peintre tt sculpteur. i56— 3o4 563 443. MIGON le jeune, père de Timaréte, peintre. 573 33i. MIGON, élève d'Antidote, ^nfw. 697 500&400. MIGON, de Syracuse, statuaire. 58i 4oo. MIGGION, peintre. 918 58a — MIDITJS, ^rav0ifr. On lit son nom sur une pierre gravée du cabinet du loi, représentant un griffon mordu par un serpent. — MITH, peut-étie MITHRANE ou MITHRIDATE, graveur. Une tête de cheval. Baicci. (Fay. Oemurr.) — MNASITHÉUS, de Sicyone, peintre du troisième ordre, selon Pline (1.35. en). — MNASITIME, peisOre du troisième ordre, fils et élève d'Aristonidas. Pua. 1.35. cil. TOMB II. 4^ Digitized by Google 634 HISTOIIIE DE l^h PEINTVI^Br Annres.v. J.C. Pagwda ^ol. ». 56o. MNÉSARQUE, ^raweicr. 660 — MNE3THÉE, peintre. Pua. — IfOSGHION, uuipteur, Braccu 443. MOSGHUS, statuaire. SyS — MUSUS, statuaire. Jupiter, statue posée sur ud piédestal, ouvrago eu bronze. Pios. 1.5. c.a4. — MYAGRUS, pbocéen, statuaire» Des statues d'athlètes, d'hommes armés, de chasseurs et de McriQoatean, ouvrages en bronze. Pu*. 1.34. C.8. -— MYGON, graveur. On Toît son nom sur un jaspe rouge représentant une tête de vieillard un peu phaqYe^ Biacci. DanjpRa. — MYDON, peintre. Puif. — MYIAGRUS, statuaire, fuM. — ^YDOCl, de Spléc, peintre, élève de Pyrom^que. pUne (1.35. c.8.) le classe parmi les peintres de troisième ordre. 443. MYRMÉGIDB, sculpteur. Sj^ 45o. MYRON, d'Elcpthère, statuaire. 3i6— 533 568 — MYRON, graveur. On Ut soq nom sur une cornaline représentant nne tête de Muse. Demurr le croit des derniers siècles de l'antîf uité. 33 1. MYRON, statuaire. 597 — MYRON, statuaire. On Ht ce nom sur un buste du palais Gorsini. Ce doit être un autre que le célèbre statuaire de ce nom, -- MYRTON, graveur. Léda sur le cigne. Stoscb. Bbacci. Miuuiv. 443* MYS, graveur. Sja — NAUGERUS, statuaire. Un lutteur, statue de bronze. Plih. 1. 34. c. 8. 45o. NAUGYDÈS, d'Argos, statuaire. 3»; Syo a5a. IVéALCÈS, peintre. 4o3— 4o5 6o4 — NÉ ARQUE, peintre, père d'Arislarètc. Pu». 1.3. eu. — NEISUS, graveur. Jupiter. BaACcr. t. a. p. a84. — NEISOS. Jupiter, sur une pâte de verre, (^oy. Demurr et Mariette. ) — NJIOGLÈS, peintre, maître de Zenon. Pun. 1. 35. eu. ( Fay. ZénoQ.) — NÉRON, graveur. ( Foy. F. Junius. ) 4a5. KÉSÉAS^ peintre. Sjy — NESSUS, fils d'Habron. Pline ( 1. 35. eu.) range cet artiste parmi les peintres du troisième ordre. 443. NESTOGLÈS, statuaire. 5;3 — NEVANZIOS, graveur, — >- Le coin d'une médaille do Sidonie» en Grctc. — NIGAEUS, de Rysance, peintre. Plih. 1. 7, ci a. Digitized by Google LISTE ALPIIAB. CES PEINT., se. ET GR. DE l'aNT. 655 Anncr»av. J -C Page» du vol. a. Eà i«o. * NICANDRE, graveur. 61a — NICANDROS, 4ia. HICANOR, peintre, Sy8 3oo à aoo. NIOÉ ARQ0E, peintre. 6o5 — NIGÉPHORÉ, graùeur. Mercure (ColleclioD de Hesae-Caaael). MiLLiR. Dict. 1 à «oo* HICÉRATOT, ttaiuaire, 61 a 400 i 3oo. HIGÉROS, peintre, 601 35a. mciAS, peintre. 399— 4ao 589 435. KIGODŒMUS, statuaire,, 577 75. WIGOLAUS, tiatuaire. 607 35a. NICOMAQUE, peintre. 4oi 590 — JliOOMAQUI, ^ra«-Uu enfant soufflant le feu. Plih. 1. 35. c. 1 1. — PHILISGUS, statuaire. Apollon. —Diane. —Lalone, & Rome, aux portiques d'Octavie. — Vénui . — Apollon nu. — Les neuf Muses, à Rome, dans le temple de la Paix. Plik. 1. 36. c. 5. On croit que les Muses qu'a possédées le Musée de Paris sont des copies de celles qui sont citées ici. Ge Philiscus est supposé contemporain de NicolaQs, statuaire. — PHI LOGH ARES, /)e(nfre. Un rieillard et son fils, la ressemblance de leurs traits, malgré la diflGferenca d'Age, les faisait reconnaître comme étant père et fils ; un aigle enlère un dragon an*dessus de leurs têtes. Plih. 1. 35. c. 4. — PHILOGLÈS, d'Atramitènes, /»smIe de ta Concorde. ¥tin, 1. 34. c. 8. statuaire. S95. PISOIV, statuaire. 584 4ooà3oo. FIS'fON, statuaire, 60» 3oo a »oo. PITOCLÈS, statuaire. — PLAGIDI ANUS, peintre. Hcxacs. 1. 1 1. Satyr. 7. Pu*. — PLAUTIUS, cfWeur.WiNcaBLMAN». — PLOCAMUS, seulpicur^Ji^LCci. — PLOT ARQUE, graveur. On Ut ce nom suf une sardoine représentant mr Amour porté sur un lion et jouant- de la lyre. La manière de ce gravear, dit Mîllin, peut Taire présumer qu'il était antérieur à Auguste. Millin en dit autant de Teucer. DeoMirr le croit eondisciple de Trypboa. ( Foy. Stosch. Bracci.) — ÉLYSTHENÈTE, frère de Phidias, selon Plutarque. 400 • 3oo. POLÉUON, . peintre. 609 — POLIS, êiaittàiré^ ^-^^ De» athièles^ des hotnmes armés^ des ctiMSflors, de» 4aeiifitiitenft, staftoes ev branie» Ptoi i L 34. c. 8. i46. POLYGHARME, statuaire. 469 G06 480. POLYGUUS^ d'Egine, statuaire. 566 164. POLYGLÈS,filsdeTimarchide,«ta(tfarre. 468 6o5 t46. POLYGLÈS (les fils dey, ffafiiulfef. éoS 540. POLYGLÈTB l'ancien, statuaire. 56o 459. POLYCLÈTE, deSicyone, statuaire, (roy.t.6.p.95.)a70— 3ao— 459 567 Digitized by Google LISTB ALPHAB. 0£S PEINT. , SG. RJ CE. PB h ANT. 6hQ Uarn •▼. J.-C. P*S» da roi. 3. 457. POliYGLÈTE, d'Argos, statuaire. Sji -. POLYGLÈTE, graveur. - — Diomèdc çoleTant le Palladium. Stoacm. Baicci. — POLYGRATES, statuaire, Plih. — POLYGRATES, statuaire. Des athlètes, des hommes armés^ des chasseors, des sacrificatears. Statues en bronze. Plih. 1. 54. c. 8. 44. POLYDEGTE, statuaire. 6io 48. POLYDORE, statuaire, 5o3 6io — POLYDORE, statuaire, Des athlètes, des hommes armés, des chas- seurs, des sacrificateurs, bronze. Plih. 1. 54* c 8. — POLYEIDUS, 4oo. POLYEIDUS, a84. POLYEUGTE, 436. POLYGNOTB, CooàSoo. POLYSTRATUS, 48. POSIDONiUS, 67. POSIS, GooâSûoPOTH^EnS, 459. PRAXIAS, 53 1. PRAXITÈLE, 35i. PRAXITÈLE, fib de Praxitèle. 75. PRAXITÈLE, 75. PRAXITÈLE, — PRHYGILLUS, graveur, Un amour sortant d'un œuf. (Kvy.Raspe et Winckelmann.) 4 13. PRHYLLUS, peintre. SyS — PRODO RUS, peintre et eiseteur en argent. Pur. 1. 54. c. 8. 559. PROTOGÈNE, peintre et statuaire, 4o5~544 591 4a5. PTOLIGHUS, de Gorcyre, statuaire, 678 480. PTOLIGHUS ou POLIGHUS, d'Egyne, statuaire. 566 ieoâr«iii.PUBLlUS, peintre. 611 -- PYGMALIOII. «— Galatée, statue d^Toire dont il devint épris. Otid. 1, 10. — Un olivier parfaitement imité, à Gades, dans le temple d'Her- cule. PaiLOST. De vite ApolUmU TiantBi. lih. 5. eap. 1. {Voy, aussi Glém. d'Alex. f'n Pitrfre/»., et Arnob. lib,ù.ad». gentes.) 55 1. PYRGOTÈLE, graveur. 469 597 — PYRI L A MPES, de Messène, stofciaifv. Kénon, Tainqueur à Ta course. — Pjrilampes d'Ephèse, qui remporta le prix du stade doublé. — Azé- mon, vainqueur an Pugilat, statues dans rAlt7s.Pii;s.l.6.c.5. 5o4. PYROMAQUE, statuaire. 600 peintre. Diod. di Sic. peintre. 583 statuaire. 6o5 peintre. 371-559-561 5;4 statuaire. 56a statuaire et ciseleur. 609 plasticien. 608 statuaire. 56a statuaire. 567 statuaire. 66-409 591 xitèle. 598 peintre. 607 ciseleur. 607 Digitized by Google 64o HISTOIEB DE LA PEIlfTVKE. 400 à 3«o. PYRRHO, peintre. 60a 600 à 5oo. PYRRHUS, ttatuaire. 569 48o. PTTHAGORR, de Rbégmm, «tofiMcfv. 187 566 43s. PYTHAGORB, de Samot, «fafiitftiv. 576 — PYTHA60RE, de Léontiam, «M^Maûv.Pun. — PYTH A60RE, de Samos, peintre, Pios. — PYTHÉAS9 de Rare, peintre. Il peignit des mar«iUe« à Philo, et an éléphant à Pergame. 48. PYTHIAS, graveur. 609 35a. PYTHIS, statuaire. SS7 aoo. PYTHOGLÈS, statuaire. 6o5 i46. PYTOCRITB, statuaire. 606 4i5. PYTHODICUS, peintre. Syy 5i6. PYTHODORE, de Thèbet, statuaire. 56a 44. PYTHODORB et GRATÉRUS, statuaires. 610 44. PYTHODORB et ARTÉMON, statuairu. 610 — QUINTILLUSy graveur. «^-^ Ifeptnne tiré par deux cheTaux maiina. Aigue-marine de la GoUect. de Stofch« Milliii. BaAcci. tooàl'Mi.QUlNTUS ALBXA, graveur, 611 100 à ran i.QUINTUS PÉDIUS, peintre. 610 61a. RHiEGUS» statuaire. 558 — RHÉGION, graveur, cité par M. Monges. — RUFUS, graveur. Portrait de Ptolémée VU. Ras». — L'Amoar condoisaot UD quadrige, [^oy. Killin. Dict.) Pierres graTéesd'Orlèana. » RUFUS9 peintre. Artx. 6a. 1. 3. c. 56. — RUPILIUS SÉRAPIOX. (roy.Sérapion.p.64i.) ^ RUTUBA, peintre. HotAci. Plui. — SALIMANTB. — 8ALPION9 sculpteur. •^— Un trét-grand Tase en marbre de Parot, oné de belles sculptures et portant le nom de cet artiste. Selon Gratter. Inscript. 67. Ge Tase aurait été conserTé à Galette. 395. SAMOLAS, statuaire. 584 — 8ATURÉIUS, statuaire. Arsinoé. L'Anthologie Grecque Tante cet ouvrage et place l'artiste au rang de Zeuxis. Franoîscos Junius l'appelle graveur. ( Tciy. Demurr.) a84. SATYRION, graveur. 6o3 5oeà4oo. SATYRUS. Digitized by Google LIBTB ALPHàB. DBS PEINT. , SC. BT fil* DE L*ANT. 64 1 uuécs aT. J.-C i^age* da vol. 2, ^. SAURIASy de Samos, peînire, 557 90. SAURON, êkHoahû. 608 — SGAÉUS, graveur. Uoe figure bécdEqae tnr une algae seriae. Winckelmaon croit cet ooTrage étnuque. 395. SGOPAS, statuain. 38o 583 — 8GYL AX, graveur, Une tète d'aigle. Stomb. Milliit. Dict. ^Hercale musagète. Bbâcci.— Tète de Satyre sor aaeaméthiateda cab.de Stroiû. (^ay. Bracci et Demnrr.) 58o. SCYLLIS (Toy. Dipœnns.) — SG YMNU8, peatirê. Hiroeain. Epidem. aeqt* 84* K i. 443. SGYMNUS, de Chîo» «tafiiaôw. 575 — SBLEaGUS, graveur. Une tète de SUène. (Gonallae.) Miunr. Stosch. BaAcci. 480. 8ÉRAMBU8, $Utaaù^ 566 a84. SÊRAPIOir» paimi^. 6o5 — SiRAPIOir (Rvpîlîat), siaimù% kcnutiit dea yens dtna leaatttoe». Sfwr, Uiaoell. aect. 6. p. a39« 3o4. SILAIflOlf, siaittaire. 457 599 -^ 8ILLAX, de Rliégiani, peinire. Il a peint le portiqae Polémarqae, à Philunte. ArmÉ». 1. 5. c. i3.«0 Simonid. et Spieharm. — SIMlIf US, itafiMura. ^— Des athlètes» des hommes armés» des chassenrs et des sacrificatenn. OuTrages en bronze. Pua. 1. 35. c. 8. 4S4« SIMON, d'Egyne» statuaire, 564 484. SIMON fik, d'Eapalamns, statuaire. 564 5ooi4oo. 8IM0NIDES, peintre. 58t a84.* SIMPLIGIEN, statuaire. €i3 ^ SIMUS, peintre. Un tablean représentant un jeane homme se repe- sant dans l'atelier d'an foulon. Plim. 1. 34. c.8. — Un homme qnî fsit les Instrations le cinquième jour après les Ides. — Némésis, fort belle peinture. Pline le cite comme un peintre du deuiième ordre* — SIMUS, statuaire, S\js de Thémistocrate, de Salamine. Ge nom se fit sur une inscription du musée de Paris, n* 676. 6oo. SMILIS, d'Egyne, statuaire. 558 48o. 80GRATE, de Thèbes, statuais^. 566 459. 60GRATE, d'Athènes, statacôv. 567 — 80GRATB, peintre, Escnlape aeeonpagné de ses filles Hygie, Eglée, Panacée et Lasa. Pua.1.35. «.S.— Ocnos ou le négligeant. C'était un homme filant une corde de jono qu'un ftne rongeait à mesure que cet homme la filait. Plin. 1. 34. e. 8. 5i6. SOIDAS, statuaire. 56i TOMB II. 46 Digitized by Google 642 1 AoBcei V9 . J.-c. 48. SOLON, — SOLON, 49«. SOMIS, 459. S0PHR0NI8CUS, — SOPOLIS, 100. SOPYLON, HISTOIBE BE LA PEINTUBE. Pages 4a >t»1. 3. 608 564 567 459. >84. graveur, MculpUur, WurcuLMARn. statuaire, ttatttalre* peintre. Plir. peintre. 5i5 606 SOSIBIUS,scu//>ftfify*. Od Toit au Blnaée de Paris, sou le d*SS3, un Tue OFDè de figures, portant le nom de Sosibiut. Ce Tase provient de U villa Borghèse. SOSTHÈNES ou SOSOGLÈS, graveur, Une tête ailée de Médnse. Collection de Strozu. {^oy. Bracci. Stosch. Demarr et Millin. ) SOSTRATE, de Gbio, itatuaire, 667 SOSTRATE, graveur, Biéléagre présentant à Atalante la tête do sanglier de Galidon. (Agathe de deux conleurs.) Hiixiir. SOSTRATE, graveur, Une Victoire dans un bige. (Gamée du cab. de Naples. ) Raspb. — Gupidon qui dompte deux lionnes attachées à nu char. ( Agathe de deux conleurs. ) Btosoi. Bbacci. — ^Une Héréîdetsoa- chée sur un cheTal marin, en relief, sur une agathe onyx du cab. d'un amateur de Rome. DiHuaa. — La Victoire sacrifiant un bœuf : gravée sur une pAte de verre. Dkmuxx. (Gab. deStoch.) L'original est dans le cab. dn duc de Bevonshire, à Londres. SOSUS, de Pergame, mosatcltte, 6o5 SPURIUS GARVILIUS, statuaire, Jupiter, statue colossale, faite avec les dépouilles enlevées aux Samnites. On la voyait an Gapitole. Plir. 1. 34. c. 7. 60S Goa 610 598 58i 564 60S 060 577 6o3 5 16 607 «7 6i3 565 170. STADIAEUS, statuaire. 4ooà3oo. STADIUS, peintre. — STADIUS. 100 k Pan I. STÉPfi ANUS. itatuaire. 3o4. STHÉNIS, statuaire. — STHÉNONIS, sculpteur, Bracci. ikKià4oo.8TIPAX, statuaire. 491. STOMIUS, statuaire. aoo. STRATON, statuaire. 4>5. STRATONIGUS, statuaire et graveur. a84. STRATONIGUS, statuaire et ciseleur. 67. STRONGYLION, statuaire. 688. SYADRA, statuaire. a84.* SYMPHORIEN, statuaire. ôfloàSoo. SYNOON, statuaire. Digitized by Google LISTE ALPHAD. DBS PEITfT.ySC. BT GE. DB l'aNT. 643 «▼. J.-C Pa«e.« ilu vul. a. — TALUS ou ATTALUS. On le suppose nereu de Bédale l'ancien. — TALÉIDÈS. On Ut ce nom sur un vase peint. On le croitle plus ancien des peintres dont le nom soit inscrit sur des vases. — TAURISGUS, de Gysiqne, graveur, artiste vanté. Plih.1.33. c. i». 44. TAURISGUS, de Traites, statuaire. 610 — TAURISGUS, peintre du deuxième ordre. Un Discobole. ^Glytem- nestre. — Un panbqne. — Polyntce redemandant le trtoe. — Gapaoéa. PLIII.1.3â..C.ll. 56o. TEGTÉE et AN6ELION, statuaires. 387 55 65o. TÉLÉGLÈS, statuaire. 558 900. TÉLÉPHANE, de Sycione, peintre, SSy 3o4. TÉLÉPHANE, de Phocèe, statuaire. 179—487 600 — TÉLÉS ARGHIDES, statuaire. Un Hiermès à quatre têtes, au Géra- mique. Eosx. aif« //m<(. t. 333» — l^LÉSIUS, d'Athènes, statuaire. Neptune.— Amphitrite. Sutues hautes de 9 coudées, à Tenus. Clém. d'Al. — TÉLÉTAS, statuaire. ( fVy. Ariston de Laoédémone. ) — TÉLOGH ARES. ( Fay. Leocharès. ) làioo.* TEUGER, graveur. Hercule et lole. Sroscn. Bbacci. — Un faune. — Achille. BtÂGCi. SxoiCH. — TEUGER, gravaar.VtM. — THALÈS, de Sycione, peintre. Thoa.L.Li. — TB AMYRUS, graveur. Un sphinx qui se gratte, gra vèsur cornaline. SxoscHbBaACGi. 56o. THÉOGLÉS^ statuaire. SS^ — THÉODORE, d*Athènet, peintre. Dioc. L. 1. i. ih vità Theodori. Un homme se frottant d'huile en sortant dti bain. Puii.1.55. c. 11. — Glytemnestre tuée par Oreste. — Egisle. Pun. L 35. o. 1 1 . Peintre du deuxième ordre. Plih.^ 61a. THÉODORE, de Samos, statuaire* 558 400 &3oo. THÉODORE, de Samos, peintre. 6o« — THÉODORE, de Milet, itolifaîre. ( ^oy. Théodore de Samos. ) — THÉODORE, d'Ephèse, peintre. Duos. L. 400 à 3oo. THÉODORE, peintre. Pun. — THÉODORE, de Thèbes, statuaire. Dioo. L. in vit. Theodor.. 35a. THÉOMNESTE, statuaire. 590 400 à 3oo. THÉOMNESTE, peintre. Pum 4m «300. THÉON, de Samos, peintre. ^ 60a 565. THÉOPROPUS, statuaire. 5^9 4a5. THÉOSGOME, statuaire. ' 578 Digitized by Google 644 butoub ojs la pbintvbb» ^aéei*Y.J.-C. Pagada^ol.*. - THÉBAPiS, «pylK fMiMif* M pùntm^Un. 5ooi4oo. THÊRIGI^, ^itÊiimmu¥.J9ta9ê* 356. THÉRIMAQUE, ^êUUfê, 586 3o4. THÉROIf» st0im»re. 5^ 33i. THRASON, statuaire. 594 i46. THRASIMÈDE, ttgtuaîfê. 6o6 — THYLAGUS, ttaismâ^ Pau. 1. S. c. a5. ( Foy. OmÛm.) — THYMILUS, statuaire, Un Gapidoo placé prêt d*aii Bacdntt, à Atktaet, dans le temple de DjonyMua. Pavs. L i.c. ao* — TIMABNÈTE, peintre. Ua athlète, à Athèoea ; od Toyait cet oa- ▼rage dao» la citadelle, et dana k iiéèn* lîeo fM Iti peiatores de Polfgaote. pAus.l. i. c. aa. 459. TIMAGORAS, peUUre. 56j 4oo. TIMANTHE, de Gythooa, /^«mlre. (t.4*Pk449*) 37S— ta» SS% 35a. TIMARGfllDES» siatmùre. S96 443. TIMARÈTB, ^ainlM. 57S 3o4. TIMARQUJ; êtûtmùhe. 600 ii6. TIMOGLÈS» statuaire. 606 67. TIlf01ffAQUB,^inilM.ks(mAi. 5% — TURNU8. 69. • TURPILIUS, peintre. * 611 laTO. TYGHIUS et IGMALIUS, staâmbes. 556 — TYMMNETUS, 3o4. XIÎNOGRATB, ttatueire. 3% 600 Digitized by Google LIftTB ALPHAB. DX9 VBIHT. , 8C. BT «1. DB L*ANT. 64^ ■«v«T. J.-C Pages du vol. 3. — XJÊHOGRATE, fiêmtM* Fuji. 33 1. XÉIfOGRlTE, de Thèbes» itaiiudrê. 597 — XÉNON, peinirê. Puii. ao€K XÉNOPHILB, ttaiitaire. 6o5 3o4. XÉNOPHON et GALLISTONIGUS, tMuwêt. $98 — XÉNOPHON» de Pvos, statutiire. Dioa. L. 1. a. m vUà XenophontU. — ZÉNAS, teutpteur.'B^ccu 54.* ZÉNOOORB, pêmtrt tt tiaiumn. 611 98.* ZENON, de Staphb, suauatrt. 61s — ZÂNON, de Sycione, ^mIm» élève de Néoolèf. Plu. 1.5S. c 11. artiste do tro^ième ordre* ( Fay» Bnicci. ) 98.* ZENON, d'Aphrodisioni, ttaiuaire, 611 3o4« ZEUXIPPUS, ttatuatre, •^— A Bysance, m mitien des bains publics, oq Tojsit on colosse en bionie représeatuit le soleil; sur se base était inscrit le nom de Zeaxippas. {Foy. Ghroniq[oe d'Aleundrie. a44* Olympiade ; vay, aussi F. lanios. ) 4oo. ZECrXIS, pemfrs. (t.S.p.4o7.— t.6.p.55.) idx— 918 58i 3oi. ZBUX18, moéOutr. 599 48. ZOPIRUS, grmwtr. 609 Digitized by Google 646 HUTOIKB DE LA PBINTV&E» CHAPITRE 62. IlfDlGATIOIf ALPHABÉTIQUE DES ANTIQUES], SOIT KIT PEINTURE, SOIT EN SCULPTURE ET EN GRAVURE, DOUX IL VIENT D'ÊTRE FAIT MENTION DANS CE VOLUME. J^*iNDiGATiON que nous ayons cru convenable d'a|outer ici n*offre point un caractère complet : pour qu'il le fût» il aurait fallu réunir non seulement cette nomenclature indicative des monumens consultés dans ce Yolume, mais de plus Tindication des autres renseijgnemens, notes et dissertations artistiques qui ont été publiés relativement à ces mêmes monumens et relativement à d'autres encore» Un extrait même de ces dissertations eût été, il est vrai, très- intéressant; mais ne serait-ce pas procurer déjà un grand moyen d'instruction que de signaler tous les écrits relatifs à quelques antiques en particulier? ' Nous ne pré- tendons offrir dans cette liste que la nomenclature des statues, des peintures, etc. , que nous avons cru devoir considérer dans ce traité sous le rapport historique et ' Le catalognt des estampes publiées d'tprès Tantique, caCalogae qui a été placé an Tolome i*', fait connaître un asseï grand nombre d'où- ▼rages dans lesquels les auteurs ont disserté sur les monumens antique» répétés par la graTute. Notre catalogue des auteurs qui ont écrit sur la peinture, fait connaître aussi quelques écrits relatift à l'art expliqué par les monumens. Quant aux collections d'antiques existant anjoordl&ai, nous avons cm devoir s jonter à la suite de ce catalogue d'estampes (toI. !•') un extrait de l'itinéraire de Rome par Vasi, qui signale les princi- pales anUques qu'on admire aujourd'hui dans cette capiulejdes*arts. Nous avons de plus cité les collections on cabinets d'antiques^Ies plus connus en Europe aujourd'hui. Digitized by Google ANTIQUES CITÉES DANS CE TOLUXE. 647 Uiéorique de Fart : d'autres après nous consulteront, il faut l'espérer, les monumens instructi& que nous n'avons pas été à même d'étudier, et ils en tireront de nouvelles lumières, ainsi que de nouvelles preuves du savoir infini des anciens. Puissent donc les vrais amis de la peinture» qui se trouveront placés sur la voie à l'aide des essais qui leur sont ofierts ici, poursuivre des recherches si intéres- santes pour les progrès de l'art, et si dignes d'ailleurs d'occuper les loisirs de tout artiste zélé et instruit I Page* eu Tol. 9. Achille, statue du musée de Paris. l^bS Adorante, bronze du musée de Berlin. 3i4 Alexandre, statue du musée de Paris. 44^ Alexandre. (Masque d'Alexandre mourant.) 44o — 44S Amour grec. 4^3 Amour tendant son arc. 44^ Antinous du Gapitole. 544 Antinous, bas-relief de la villa AlbanL 545 Apollon du Belvédère. (t.4.p.485.) 57-355-393-5o5-5i4 Apollon Sauroctonos. l^i6^i5o Apolline de Florence, dit l'Apolline, (t. 6.p. 354* ) 4 1 6 Apothéose d'Homère, bas -relief du palais Golonna, à Rome. 49> Astragalizontes de Polyclète. 270—- 3s5 Autel triangulaire de la villa Borghèse. 3o8 Baccante furieuse, bas-relief. 387 Bacchus d'Ecouen, au musée de Paris. (t.4*p*49o0 4^5 Bacchus Torse, du musée de Naples. 448 Bas -relief, égyptien, du temple de Jupiter, à Cranak. (t. 5. p. 4io.) Digitized by Google 648 msTOim£ db la pbihtvkb. Bas-relief choragiqoe. Su Bas-relief représentant la mort de Méléagre. (t.4.p.665.) Bas^relief représentant Pérsée et Andromède. (t.&.p.4o8.) Bas-relief du temple d'Aglaure. iSy Bas-relief de la Tour des vents. ^* 349 Bas^relief de Tare de Titus. 38 Bas -reliefs et sculptures du partliénon, Vcj. leTliésée duparthén.(t.5.p.468.t.6.p.46.) 5i-i57-3o5-335-S4o Bas-reliefs de la colonne Tra jane et Antonine. 4 > 8^547 Bas-reliefs et métopes du temple de Thésée. i56 Cariatides ou Ganéphores de la rilla Albani. i^i Castor et Pollux» groupe de S* Ddephonse. (t 4* p* 170 et 666.) 998 CérèSy colossale, du Vatican. «98 Chasse au sanglier, peinture du tombeau des Nazons. S2i Chiron et Achille, peinture antique. 479 Colosses, de Monte cavallo. 994 ConaJ>at des Amazones, sarcophage de marbre gris, du musée de Vienne. 558 Combat des Centaures et des Lapithes, panture publiée par Mirri, et grarée par Carloni. (t. 4* p- 678*) Dame romaine, statue copiée aux Tuileries. 309 Danseuses, peintures d'Hercuianum (t. 4- p* 8480 i54 Diadumènos, de la villa Farnèse. 5s5 Diadumènos, de Polyclète, bas-relief de fa villa Sini- baldi. 3a5 Diane, de Paris. 5iS Diane et Endymion, peinture de la collection d*Hercula- num. (t. S. p. 409*) Digitized by Google ANTIQUES CITÉES DANS CE YOLUHE. 649 Pages du tul. t. Diane surprise par Actéon» bas-relief. 46g Diomède enleyaiit le Palladium, pierre gravée. 273 Discobole, peinture, de la collection d'Herculanum. (t. 6. p. 17.) Discobole de Myron, statue. 01g Discobole de Naucydès, statue. SsS— 54g Doigt colossale du palais Altieri. 52g Ecuyer près de son cheval, pierre gravée. 4^4 Enfans, statues du fronton du Parthénon. 343 Enfant à Toie, de Boëthus. 548 Enlèvement de Ganimède, groupes du musée Yatlc. 3g2 Esculape, statue de la villa Albani. 5g3 Eurotas (le fleuve), pierre gravée. 45o Faune de Praxitèle. l^ii Faune endormi, statue du palais Barberini. 367 Faune ivre, portant un vase. Petite statue en bronze. 434 Faunes (Jeunes) jouant de la flûte, statues du musée de Paris. 39g Figures de femmes drapées, statues du fronton du Parthé- non. 345 Figures de Persépolis. i3o Flore Farnèse, statue. 326 Génie ailé, de la villa Borghèse, statue. 272 Génie du repos éternel, statue. 433 Germanicus (statue dite le). 49^ Géta, buste. Su Gladiateur Borghèse (statue dite le). /^6i Gladiateur mourant (statue dite le). 4^4 TOME JI. 47 Digitized by Google 65o HISTOIRE DE LA {^EIKTCRE. ' P«gf» do vol. a. Groupe de Ménélas et Patrocle. 35 1 Hercule enfant, étouffant des serpens, peinture d'Iiercu- lanum. 375 Hercule Farnèse. (t. 4* P- 483.) 56 — 57 — 70 — 45> Hercule du palais Pitti. 4^4 Hermaphrodite de la yilla Borghèse. 56^4^8 Ilissus» statue du fronton du Parthénon. 349 Inopusy fragment du musée de Paris. 44? Jason» statue (dite Gincinnatus). 4^ Joueuse d*osselets , statue dite aussi Vénus à la co- quille. ^71 — SsS Julien l'apostat, statue. 548 Jupiter Sérapis, tête coloss. du musée de Paris. 4^9 Jupiter Mansuétus, tête coloss. du musée Yatic. (t. 5. p. 524. ) 458 Jupiter Yérospi, du musée Vatican, statue. 545 Jupiter tenant la foudre, peinture du cabinet d*Hercula- num. 476 Laocoon. (t. 5. p. 53*i. ) 5i — 499 Lucius Vérus, tête colossale. 47 — SSg — 546 Lutteurs, groupe du musée de Florence. 384 — SgS Marc-Aurèle, buste. 47—S39 Mars assis, statue de la villa Ludovisi. 387 Marsyas et Olympus, peinture antique. 364 Marsyas lié, statue du musée de Paris. 377 Méduse, du palais Rondinini. (tom. 5. p. 534.) Digitized by Google ANTIQUES CnitS DANS Gfi VOLUME. Goi Pages du vol. 9. Méléagre, groupe du Vatican. 543 Melpomène, statue colossale du musée de Paris. 398 Mercure dit TAntin, du Gapitole. 541 Mercure dit le Méléagre ou rAntinous, du Vatican. 544 Mercure d'Herculanum, bronze. SaS Minerve au colier, statue. 348 Minerve, buste colossal de la villa Albani. (Musée de Paris.) 346 Minerve Hygiéa, bas-relief sur un candélabre du musée Vatican. 54? Minerve dite la Pallas de Vellétri. 346 Minerve de très-ancien style, statue du mus. de Paris. 5o8 Minerve, pierre gravée par Aspasius. 347 Néréides, bas-relief. 387 Nil (le) et le Tibre, statues. 449 Niobé ( le jeune) , dont le regard est dirigé vers le ciel. 383 Niobés (les statues de), (t. 5. p. 533.) 38i Niobés, bas-reliefs du musée Vatican. 38 1 Noces Aldobrandines ( les ) , peinture antique. 5o — 1 54 i56— 246 — 247—248—269 Pan et Olympe, groupe du mus. de Florence. 365—395 Pasquino de Rome, fragment. 352 Peinture de Diane et Endymion. 238 Peinture d'un Faune et d*une Nymphe. 238 Peinture de Diane et Actéon. 238 Peintures égyptiennes. 1 1 6— 117—123 Peintures étrusques. i43— 144 Peintures du tombeau des Nasons. 235 Peintures des noces de Thétis et Pelée. 238 Digitized by Google 652 HISTOIBË DE LA PElNTtKK. Page» d a vnl. a. Penthésilée ou Phéa, pierre gravée. 357 Pupien, buste. 558 Rome ou Pallas, peinture antique du palais Barberi- ni. «37 — 269 Septime sévère, buste. 5ii Sextus Pompée (statue dite de). hl\^ Silène portant Bacchus enfant, statue. Ifi'j Soleil (tête de). 445 Statue héroïque, par Héraclidès. Ifii Statue égyptienne de vingt-deux pieds. 117 Statues (deux) semblables sur le pallier du musée de Paris. 549 Statues trouvées à Gabies. 54? Taureau Farnèse, groupe. 49^ Tête de cheval. (Statue équestre de Marc Àurèle.)' 344 Tête de cheval du fronton du Parthénon; 344 Tête des chevaux antiques de Venise. 344 Thésée, vainqueur du Minotaure, peinture antique, (t. 4. p. 262. 468. 670. ) 270 Thésée, statue du frontODP du Parthénon. 54 1— 543 Tireur (le) d'épine, statue de bro^ize. 388 Torse, du Belvédère. 342-.488 Tydée, pierre gravée d'après TApcxiomènos de Poly- clète. 325 Vase Médîcis. 4^7 Vase grec représentant le sujet d'une peinture de Ni- cias. 4oo Digitized by Google ANTIQUES CITÉES DANS CE VOLUME. 653 Pa;e*Uii vol. s. Vénus Anadyomène, statue. 240 — 475 Vénus au bain» dite accroupie, statue. 469 Vénus Barberiûi» peinture antique. 56—269 Vénus du Gapitole» ou Phryné, statue. (t.4.p*4840 4^4 Vénus ou Phryné, tête du musée de Paris. 4^5 Vénus de Médicis. ( t. 4* p- 484* ) 56—493 Vénus Parienne. 433 Vénus Milo. 428—- 496 Vénus du musée britannique, statue. 43o Vénus de Gnide. (t. 4. p. 484. ) 66— 1 93—585— 420 Vénus du marquis de Lansdowne. 496 Vénus (diverses). . 49^ FIN DU DEUXIEME VOLUME. Digitized by Google Digitized by Google TABLE DU DEUXIÈME VOLUME. HISTOIRE DE LA PEINTURE CHEZ LES ANCIENS. CHAPITBES. 1. VJ PtBc** OHSiDBtÀiiOHS sur le but qu*on s'est pro- posé dans cette histoire» i a. Naissance de la peinture, 3 3. De rantique, i3 4* De quelle manière et en quel état les monu- mens antiques nous sont parvenus, . . 17 5. Du mérite respectif des monumens antiques, a8 6. Des bas^reliefs, 33 7. Des camées, 3^ \ 8. Des pierres gravées, des médailles et des monnaies, 41 9. Dea portraits antiques, 45 10. Des ,^ raotèrcs des styles ; utilité et importance de cette question, 149 Idées confuses des écrivains sur les différons styles de Tart, chez les anciens, .... ^SS 47. Des écoles antiques, ........ 260 48. Classîûcation des styles antiques par époques ou périodes, , • . . 965 AstragallzoDtes de Polyolète, 270 Joueuse d^osselets du musée de Paris, 271 Joueurs d'osselets du palais Barberini, . . lifid. Joueurs d*osselets de. Polygnote, .... léid. Génie allé de la villa Borghèse, 379 Diomède enlevant le palladium (pierre gra- vée), Ihid. 49. Des sept périodes qu'il parait nécessaire de distinguer pour la classification du style de Fart chez les anciens. — 1'* période, depuis Dédale, qui florissait 1400 ans environ avant notre ère, jusqu'à Bularque, peintre ^ui fleurit 700 ans environ avant notre ère ( intervalle de 700 ans). — a* période, de« puis Bularque jusqu'à Dipœnus et Scyllis, sculpteurs et chefs d'école, 58o ans avant notre ère (intervalle de lao ans). — 3» pé- riode, depuis Dipœnus et Scyllis jusqu'à Phidias, 4^0 ans environ avant notre ère (intervalle de i5o ans). — 4* période, depuis Phidias jusqu'à Praxitèle, 536 ans avant notre ère (intervalle de 100 ans envi- ron). — 5* période, depuis Praxitèle jus- qu'au pillage de Coriothe par les Romains, vers l'an 146 de notre ère (intervalle de aoo ans environ ). — 6* période, depuis le pil- lage de Gorinthe jusqu'au commencement Digitized by Google TABLEi CHirPITHES. p^^. de notre ère, époque où riofluence da goût romain sur le styie grec est le plus remar- quable (intervalle de iSoans environ). — Et 7* période; peinture chez les Romains, de- puis le commencement de notre ère> ius- qu'au moyen âge ou au temps de Tempe- reur Constantin ( intervalle de 5oo ans environ), . , 374 5o. I" période (intervalle de 700 ans environ). — Caractère du style de l'art en Grèce, de- puis Dédale Tancien, qui fiorissait 1400 ans environ avant notre ère, jasqu^à Bularque, peintre (700 ans environ avant notre ère), 375 5i. a* période (intervalle de lao ans environ). — Caractère du style de l'art en Grèce, depuis Bularque, peintre, qui fiorissait 700 ans environ avant notre ère, jusqu'à Dipœ- nus et Scyllis» statuaires et chefs d'école (58o ans avant notre ère), 379: 5a. 3* période (intervalle de l5o ans environ). ^< Caractère du style de l'art en Grèce, depuis Dipœnus et Scyllis, statuaires et chefo d*é- coïe, 58o ans environ avant notre ère, jus- qu'à Phidias, qui fiorissait 43o ans avant notre ère, a85 Trois qualités remarquées dans le style de cette période : i"" Élévation et simplicité de •tyle , . aSg Colosses de Uontecavallo, 294 Groupe de Castor et PoUux, de S*-Ildephonse, ag8 Cérès, statue colossale du musée Vatican, . Ibid. Uelpomène, statue colossale du musée de Paris, : . . . Ibid. a* Distinction faite par les artistes entre les. Digitized by Google TABLE. CHAPITRES. p^^, différena caructères de« figures ou des iudi- f tdos modèlesy 3oa 5* Manière d'exprimer on dlmiter les formea, 3o3 Caractère du style égynétique et choragi- que, 3o8 Grand autel triangulaire du musée de Paris, liid. Minerve de très-ancien style, . . . .* . I6id. Calamis, 3i4 Adorante, bronze, do musée |ie Berlin, . . I6id. Tireur d'épine, bronxe, 5i5 — 388 Myron, 3i5 Discobole de Myron, ' 319 Polyolète, 3ao Canon de Polyciète, Z%% Cariatides ou Canéphores de la villa Albani, . 3i5 Tydée ou Apoziomènos, de Polyciète (pierre gravée), /éirf. DIadumènos, bas^elief de la villa Senibaldi, I6id. Flore Farnèse, 3a6 Mercure, bronze d'Heroulanum, .... liid. Naucydès, d'Argos, 327 Discobole, du musée VaUcan, 3a8 53. 4* période (intervalle de 100 ans environ). — Caractère du style de Tart en Grèce, depuis Phidias, 43o ans environ avant notre ère, jusqu'à Praxitèle, qui florissait 336 ans avant notre ère» 339 Phidias, lUd. Scnlptures du Parthénon, .... 335 — 34o Métopes du temple du Parthénon, . . 3o5 — 335 Tètes de chevaux, do Parthénon, .... 544 Digitized by Google TABLE. CHAPITBES. p.,e». Jupiter Olympien, < 545 Jupiter Vérospi, statue du musée Vatican^ . I6id. Pallas de Vellétri, 348—349 Minerve Hygienne, sur un candélabre du Yatican^ 347 Minerve au oollier, 34B Agoracrite, 349 Alcamène, 35o Ménélas et Patrocie, groupe» 35 1 Pasquino, de Rome, 35a Pannœus, 357 Penthésilée (pierre gravée), lind. Combat des Amazones, sarcophage en marbre gris, du musée de Vienne, 358 Polygnote, léid.^ Pan et Olympe, peinture d'Herculanum, et groupe en sculpture du même sujet, . . 364 Apollodore, • 365 Faune Barberini , 367 Aristophon et Pauson, I6id, Deoys, de Golophon, Ihid, Parrbasius, ^. 368 Zeuxis, . . ^ . . . . >, 37a Qercule enfant, étouffant des serpens, pein- ture d'Herculanum, 375 Marsyas, lié, statue du musée de Paris, . . 377 Timanthe , ; . . . 378 Scopas, 38o Les Niobés, 38i Groupe de lutteurs du musée de Florence, 384 — ^^ Digitized by Google TABLE. CHAPITRES. jiîp^ Histoire des Niobés, bas-relief sur un sarco- phage, du musée Yaiican, . « . . . . 58 1 Mars assis, statue de la villa Ludovisi, . . 387 Bacchante, bas -relief^ I6id. Néréides, bas-relief, I6id, Alype, de Sicyone, 588 Pamphile , 3go Echion , 391 Léocharès , 39^ Enlèvement de Ganimède, statue du Yaticao, Ibid» Briaxis, I6id. Aristodëme, 393 Groupe de Pan et Olympe, du musée de Florence, léid. Pausias, 394 Aristolaûs , 395 Méchopane, liid. Euphranor, 396 Antidote, 398 Jeunes faunes jouant de la flûte, .... léid. Nicias, 4^0 — 399 Vase grec, représentant une peinture de Nicias, 400 Athénien, * . . . . 4^1 Nicomaque, 368 — 4^^ Mélanthe, • 4<^3 Protogëne, 4o3 54. 5* période (intervalle de aoo ans). — Carac- tère du style de l'art en Grèce, depuis Praxi- tèle jusqu'au pillage de Corinthe par les Ro- mains, i5o ans environ avant notre ère, . 40^ Digitized by Google TABLE. CaAPITR£S. P.gM. Praxitèle^ 4o8 Faune ou Périboëtos, de Praxitèle^ . . . 4^^ Vénus de Gnide^ 4^û Ténus du Gapitole ou Phryné, 4^4 Yénus MilOy 4^8 Apollon Sauroctonosy 45o ApoUîno, de la galerie de Florence^ . 4^6 — 43< Torse de Tamour grec, 4^3 Génie du repos éternel, I6id. Ténus Parienne, Ibid, Écuyer près de son cheval (pierre gravée). . 4^4 Géphissodote, 384 — 4ia — 4a8 Lysippe, 4^^ Masque d'Alexandre nnourant, 44o Tète de soleil, 44^ Amour tendant son arc, 44^ Alexandre, statue du musée de Paris, . . Ihid, Inopus, fragment du musée de Paiis, . . 447 Bacchus, torse du musée de Naples, . . . 448 Le Nil et le Tibre, statues du Vatican, « . 449 Le Fleuve Enrôlas (pierre gravée), .... 4^^ Hercule Farnèse, 4^^ Japîter Mansuetus, tète colossale, ^u Vatican, 4^8 Gladiateur Borghèse, 4^i Statue héroïque, par Héraclidès, .... Ibid. Jason dit Gincinnatus, statue, 466 Silène Borghèse, portant Bacchus enfant, . . 467 Polydès, 468 Statue d'hermaphrodite couchée, .... léid. Digitized by Google TABLE. CHAPITRES. P.je,. Polycharme, 4^ Yénufl au bain, léid. Apelle, 47^ Vénns Anadyomène» 47 ^ Jupiter tenant le fondre, peinture d*Herca- lanum, 47^ Aristide, de Thèbes, 4yS Chiron et Achille, peinture d^Hercalanam, . 479 Antiphile, Ihid. Aëtion, 48i . Uétrodore , Ihid. Théon de Samos, 482 55. €* période (intervalle de i5oan8). — Carac- tère du style de Tart en Grèce, depuis le pil- lagede Corintbe, {usqu^au commencement de notre ère, époque ob l'influence du goût romain proprement dit sur le style grec, est le plus remarquable, . . ^ 4^ Télépfaane de Phocée, 4^7 Torse du Belvédère, 4^8 Taureau Farnèse, ^9 Apothéose d*Homère, bas-relief de la galerie Golonna, à Rome, /^^* Cléomène, 49^ Vénus Hédicis, IM- Germanicus ( statue dite le ), ^^^' Vénus du marquis de Lansdowne, . . . • 49^ Laocoon, 499 Apollon du Belvédère , . . . 59a — 5o5 Diane, de Paris, 5i3 Pasitèlc, 5'^ Digitized by Google TABLE. CHAPITBES. p«,t„. Timomaqtie^ 5 16 56. 7* et dernière période (iutervalle de 5oo ans). — Caractère du style de Part, depuis Fiu- fioeDce du goût romain» sur le style grec, vers le commencement de notre ère jus- qu*à Constantin ou au moyeu âge, l'an 3oo environ avant J.-C.» 817 57. Histoire du style primitif de Tart romaiPy . 5 19 Ludius d'EtoliCy . léid. Fabius Pictor, 5a4 — ^>o Très-ancienne statue colossale iVApollon, en bronze, placée au Capitolc, 5 20 Pacuvius, 5ïi4 — 5^1 Turpilius, 5'Ji Tableaux apportés à Rome par Biummius, . 5a a Ludius, peintre de marines et de paysages (sous Auguste), ............ 5a4 58. Caractère du style de l'art romain, ... 5a 5 Division par périodes du style de Part, k Rome, 557 Uercure, statue dite PAntinoùs du Vatican, . 54» Méléagre, groupe du Vatican, . . . . ^ 54^ Mercure dit TAntin du Capitole, ... . . 544 Antinous, bas-relief de la villa Albani, . . 545 Lucius Vérus, tête colossale, 546 Bas-reliefs des colonnes Trajane et Antouine, 547 Statue de Sextus Pompée, I6id. Enfant à l'oie, statue, ^548 Statue de Julien, l'apostat, léid* 59. Conclusion relative aux différens styles de l'art chez les Grecs et chez les Romains^ jusqu'au moyen âge, 55o 60. Considérations sur la liste chronologique des iu»£ II. 49 Digitized by Google TABLE. CHAPITRES. * P,j„ pfiintrcii, sculpteurs et graveurs de Tanti- quitéy 553 6i. Considéra tîoDS sur la liste alphabétique^ et générale des peintres , sculpteurs et gra- veurs qui ont fleuri depuis la haute anti- quité |usqu*au moyen âge, 6i4 $«. Indication alphabétique dtê antiques, soit en peinture, soit eu sculpture et en gravure, dont il vient d'être fait mention dans ce volume, 6/iS FIN DK LA TABLE DU DEUXlkNR VOLVMK. ^806 027 'v Digitizedby Google 55: Si.. ^^ Digitized by Google Digitized by Google